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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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Transcription
00:00 -Vous êtes venu nous parler de votre tout premier enceinte.
00:02 Ca s'appelle comme ça en français,
00:04 mais vous l'avez intitulée "Stand Alone".
00:06 Vous avez choisi un titre en anglais.
00:09 -Parce que tout le monde s'en fout du titre, déjà.
00:11 Dans un one-man show, personne se souvient du titre.
00:14 On dit qu'on a été voir le spectacle,
00:16 mais jamais du titre.
00:18 Et parce qu'il y avait un petit délire,
00:20 on s'est dit qu'un jour, j'allais à Vegas,
00:22 les gens comprendraient.
00:24 Il y avait un petit truc. -Ils sont prévenus à Vegas.
00:26 -Ils sont sur le coup. -Eventuellement,
00:29 oui. En général, un spectacle où on est seul,
00:32 ça parle de soi, mais pas seulement.
00:35 -Non. Ca parle surtout pas mal aux gens qui ont 40 ans et plus.
00:39 Voilà, parce que c'est...
00:41 J'ai remarqué que souvent, l'humour,
00:44 très bien fait par beaucoup,
00:46 s'adresse de plus en plus aux jeunes, aux trentenaires.
00:49 Je me disais, tiens, nous,
00:50 moi, en ce qui me concerne, Kinka et même en dessous,
00:53 on n'est plus tellement traités, ni par la musique ni par l'humour.
00:57 On peut parler de choses que peut-être les moins de 20 ans
01:00 n'ont pas connues. -Justement,
01:02 on va en profiter pour regarder un petit extrait
01:05 consacré aux années 80, les vôtres, j'allais dire.
01:08 -Oui.
01:09 -C'était super, les années 80.
01:12 J'ai adoré cette période-là.
01:14 Même un peu avant, fin 70,
01:16 quand mon père, on était dans sa 504,
01:19 les vitres fermées, puis qu'il fumait.
01:21 Rires
01:22 A 7 ans, au pif, je faisais la différence
01:25 entre une gitane et une gauloise.
01:27 Pour partir l'été, on attendait ma mère,
01:29 qui était en retard, à l'arrière, il y avait moi,
01:32 ma grand-mère, mon frère, mon père qui fumait.
01:35 Ma mère, je ne sais pas pour quelle raison,
01:37 se parfumait avant de monter en voiture.
01:39 Quand elle montait, l'odeur de la gitane,
01:42 l'odeur du parfum, du Sky de la 504 qui avait pris le show,
01:46 plus l'odeur de ma grand-mère...
01:48 Rires
01:50 Pour avoir la gerbe, on était pas mal.
01:53 Alors là, 10 minutes après,
01:55 mon père prenait l'autoroute à 140 sans ceinture.
01:58 Quand on disait "Papa, arrête, on va vomir",
02:01 il se retournait comme ça pour nous tarter.
02:03 Rires
02:04 C'était bien, cette période-là.
02:06 C'était super. Tout le monde fumait.
02:09 Le cendrier de mon père, il le vidait qu'en agglomération.
02:12 Il attendait dans un petit village, il descendait,
02:15 tout le monde faisait ça, c'était bien.
02:17 -C'est vrai, en plus.
02:18 -Quand vous regardez, ça vous va ?
02:20 -Non, je déteste me voir.
02:22 -Parce que moi, je vous regardais pas.
02:24 Je regardais la tête que vous faisiez.
02:26 C'était sévère.
02:28 -Oui, oui, je suis très sévère avec moi-même,
02:30 mais y a de quoi.
02:31 -Un auteur, un comédien,
02:33 mais pour la première fois, vous vous retrouvez seul.
02:36 Pourquoi vous avez fait ce choix ?
02:38 -Moi, j'ai l'impression que c'est là où il faut le faire,
02:41 où on commence à avoir des trucs à raconter.
02:44 Avant, on a souvent tendance à inventer ou à féquer.
02:47 Là, il commence à y avoir un petit vécu
02:49 qui permet de se dire "je peux commencer à rire des choses
02:52 "que j'ai vues ou des choses que j'ai vues,
02:54 "mais je vais même plus loin, William,
02:57 "je pense que pour être un bon acteur,
02:59 "il faut passer 50 ans, avoir un vécu."
03:01 -Ca me rassure, j'ai le temps.
03:03 -C'est votre rêve ?
03:04 -Il l'a fait.
03:05 -Un seul enchaînement, un secret.
03:07 -Très bien, même, d'ailleurs.
03:09 -Vous avez eu un peu d'appréhension, non ?
03:12 -Oui, bien sûr.
03:13 C'est complètement des codes différents d'un théâtre.
03:16 Y a ce qu'on appelle le 4e mur, on regarde pas le public,
03:19 et là, il faut faire le contraire, se mettre face à eux et leur parler.
03:23 C'est très déstabilisant, et on a les jetons,
03:26 parce qu'il y a personne pour te rattraper.
03:28 -Qu'est-ce que vous appelez le 4e mur ?
03:30 -L'espace vide qui sépare le public de la scène.
03:33 Quand le public est là, nous, on joue,
03:35 on les regarde jamais, sinon on les sort de l'histoire.
03:39 Il faut faire comme s'ils existaient pas.
03:41 -Au théâtre, ça s'appelle comme ça ?
03:43 Entre jardin et cours ?
03:46 -Non, cours, jardin, 4e mur.
03:49 -Oui, c'est ça, il y est devant.
03:51 Et le public, il a apprécié que vous veniez enfin les voir ?
03:54 -J'ai l'impression.
03:55 Ca se passe hyper bien, je suis hyper ravi.
03:58 J'avais, en rodage, en tout cas,
04:00 dit à mes producteurs, "Bon, si ça le fait pas,
04:03 "on retourne au théâtre."
04:04 -On annule. -Oui, c'est ça.
04:06 Je comprends maintenant que ce soit une drogue dure
04:09 et que tous mes copains célèbres dans le domaine
04:12 aient besoin d'y retourner régulièrement.
04:14 En termes d'égo, c'est génial.
04:16 -Ah oui ? -C'est tout pour soi.
04:18 On est tout seuls, on les regarde, les applaudissements,
04:21 on peut en faire des tonnes, on peut faire des signes,
04:24 puisqu'au théâtre... -C'est pas par hasard,
04:27 vous faites ça. Vous dites "Il a fallu j'attendre
04:29 "40 ans et plus", parce que vous, vous êtes l'homme
04:32 le plus triste du dîner avec vos copains.
04:34 Il disait "Filippe, tu montes sur scène,
04:37 "ce que tu racontes nous fait marrer."
04:39 -C'est beaucoup Gad Elmaleh. On a joué plus d'un an ensemble
04:42 au théâtre, c'est lui qui me disait régulièrement
04:45 "Tu devrais faire ça." -Il vous a donné des conseils ?
04:48 -Il m'a donné des conseils, il m'a dit "Voilà,
04:50 "je peux me voir en rodage." Il a été formidable,
04:53 de toute façon, mais là, en l'occurrence,
04:55 il a été d'un appui quotidien. -Vous avez écrit,
04:58 partant de vraies vannes, de vraies histoires,
05:01 mis en scène, joué, tout. -Oui, aidé par un jeune auteur
05:04 qui s'appelle Arnaud Tarid, qui avait 28 ans,
05:06 parce que j'avais peur de faire trop vieux con.
05:09 Il fallait un homme qui soit là et qui dise "Non, là,
05:12 "il faut pas aller là." Il est vachement doué,
05:15 on a écrit ça. -Vous jouez avec le public ?
05:17 -C'est pas ce que je préfère faire.
05:19 Pour tout vous dire, ça m'exaspère un peu,
05:22 de servir des gens pour les... -Bonne question.
05:24 -C'est pas à eux de faire rire.
05:26 Il y a que des mecs qui font ça super bien,
05:29 et je suis très admiratif, de servir du public pour faire rire.
05:32 -C'est un danger, parce que si tu improvises quand tu fais ça,
05:35 après, il faut se remettre sur les rails du spectacle.
05:38 -Oui, j'ai peur de faire de la peine, moi, tout le temps.
05:41 Parce que souvent, c'est... -La vanne qui blesse.
05:44 -La vanne qui blesse, et c'est pas mon truc.
05:47 -Certains disent qu'aujourd'hui, c'est compliqué de faire rire
05:50 ou de donner son avis. Vous en pensez quoi ?
05:53 -Il faut laisser la trouille aux trouillards.
05:55 On peut faire rire avec tout,
05:57 et il faut dire ce qu'on pense régulièrement.
06:00 Là, on n'a qu'une seule vocation,
06:02 c'est ni d'être moralisateur ni d'être politicien,
06:04 mais c'est de dire, de rire avec les choses
06:07 avec lesquelles on a envie de rire.
06:09 Sinon, ça devient tragique, mais le clientélisme,
06:12 il y a beaucoup à en dire, mais je suis partisan
06:14 à tout ce qu'on a envie de dire, on n'a qu'une seule obligation,
06:18 c'est d'être drôle. -D'accord.
06:20 Après cette tentative, c'est pas mal, j'ai essayé,
06:22 je vais peut-être me refaire un petit coup.
06:25 -C'est drôle que vous disiez ça,
06:27 parce que ce matin, j'écoutais une chanson
06:29 "Alone again, naturally",
06:31 et j'ai dit, prochain spectacle, je pourrais l'appeler "Alone again".
06:35 -Oui, très bien. -Mais oui, là,
06:37 je suis vraiment au démarrage, je suis tellement content
06:40 de faire ça, j'ai tellement envie d'en découdre,
06:43 que j'ai envie de faire que ça, là, en ce moment.
06:46 -Oui. -Oui.
06:47 -Nouvelle carrière, quoi. -Peut-être.
06:49 -Non, mais vous avez l'âge, vous êtes jeune.
06:52 Quand vous ferez "Humorisme pour vieux",
06:54 vous viendrez me voir. -Oui, on viendra vous voir,
06:57 parce qu'on doit avoir toutes les rêves.
06:59 -Oui, je pense. J'espère que vous viendrez.
07:02 -Très, très années 80. -Merci, Philippe,
07:04 de votre passage.
07:05 Ca s'appelle "Stand Alone" au Théâtre de la Madeleine à Paris,
07:09 c'est le 2 décembre, et déjà en tournée,
07:12 un peu partout en France.
07:13 [Musique]

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