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"Scenes from a Memory" est le cinquième album studio de Dream Theater, sorti en 1999. Il s'agit d'un album concept qui raconte une histoire complexe mêlant amour, tragédie, et réincarnation. L'album est acclamé pour ses compositions progressives, sa virtuosité instrumentale, et ses transitions fluides entre les morceaux. Chaque piste contribue à l'ensemble narratif, créant une expérience immersive. Avec des éléments de rock progressif, metal, et des touches orchestrales, l'album est considéré comme l'un des points culminants de la carrière de Dream Theater.

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Concept Narratif Révolutionnaire : "Scenes from a Memory" est un tour de force conceptuel de Dream Theater qui redéfinit les normes du rock progressif. L'album explore une histoire intrigante à travers des séances d'hypnose, capturant l'imagination des auditeurs avec un récit dense et captivant.

Virtuosité Instrumentale Inégalée : Chaque morceau de l'album est une vitrine éblouissante du talent instrumental exceptionnel de Dream Theater. Les solos complexes, les changements de signature rythmique et les nuances subtiles créent une expérience auditive dynamique qui séduit les connaisseurs de musique progressive.

Diversité Musicale Exemplaire : "Scenes from a Memory" embrasse une diversité musicale impressionnante. Des riffs de metal progressif intenses aux passages plus mélodiques et émotionnels, l'album explore un éventail de styles, démontrant la polyvalence exceptionnelle du groupe.

Cohérence Narrative et Musicale : Chaque piste contribue de manière significative à l'ensemble narratif, créant une cohérence narrative rare dans le monde du rock progressif. Les transitions fluides entre les morceaux renforcent l'immersion de l'auditeur dans l'histoire captivante que le groupe souhaite raconter.

Moments Emblématiques : Des moments emblématiques parsèment l'album, tels que la complexité instrumentale de "The Dance of Eternity" et l'émotion poignante de "The Spirit Carries On". Ces instants définissent l'essence même de "Scenes from a Memory" et contribuent à son statut légendaire.

Impact Durable sur le Genre : "Scenes from a Memory" n'est pas seulement un album, c'est un catalyseur qui a laissé une empreinte durable dans le paysage du rock progressif.

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Musique
Transcription
00:00 Alors oui, sans des légendes comme Led Zeppelin, Iron Maiden, Pink Floyd ou Genesis, le metal
00:04 progressif moderne n'existerait tout simplement pas.
00:07 Formé en 1985 au Berklee College of Music par le bassiste John Mayong, le guitariste
00:12 John Petrucci et le batteur Mike Portnoy, qui a quitté le groupe en 2010 mais qui vient
00:16 d'annoncer son retour en octobre 2023, Dream Theater est sans aucun doute l'un des groupes
00:21 les plus influents de ces 30 dernières années.
00:23 Et c'est aussi un de mes groupes préférés tout court, et c'est aussi celui que j'ai
00:26 le plus vu en concert.
00:27 Alors je vais essayer d'être le plus objectif possible, mais franchement je vous promets
00:30 rien.
00:31 Alors le metal progressif c'est quoi exactement ?
00:33 Et ben c'est un mélange de musique métal, c'est à dire pour faire simple, du gros
00:36 hard rock comme les Metallica ou Judas Priest des années 80, avec du rock progressif, c'est
00:41 à dire non conventionnel, avec des morceaux longs, de nombreux changements rythmiques
00:45 et harmoniques, un peu dans le style de certains morceaux de musique classique ou des géants
00:49 du prog comme on l'appelle, que sont Yes, Rush et King Crimson.
00:53 Naturellement, presque chaque album de Dream Theater, y en a maintenant 15 à l'heure
00:56 où je tourne cette vidéo, présente une facette différente du groupe.
00:59 Or qu'il s'agisse de la fraîcheur pure d'Images and Words, des morceaux ambitieux
01:02 et complexes de Six Degrees of Inner Turbulence, du son très lourd de Train of Thought ou
01:06 des délires d'artistes sur Octavarium, ou voire même de l'espèce de comédie musicale
01:10 qu'est The Astonishing, chaque album a permis de développer une discographie éclectique,
01:16 extrêmement intéressante et qui surprend l'auditeur non seulement à chaque sortie
01:19 d'album, mais aussi à chaque écoute.
01:21 Cependant s'il y a un truc qui fait consensus, c'est que c'est le cinquième album du
01:24 groupe, Metropolis Part 2 Scenes from a Memory, qui est leur meilleur.
01:28 Sorti à l'automne 1999, cet album-concept déborde de virtuosité, que ce soit au niveau
01:33 de l'écriture, des compos, de la narration, de la créativité scénique aussi, pour former
01:37 un ensemble profondément cohérent et intemporel.
01:40 Il s'agit non seulement du plus grand chef-d'œuvre de Dream Theater, mais aussi de la plus grande
01:44 œuvre de métal progressif de tous les temps.
01:46 Et ouais, c'est ça savoir être objectif.
01:48 Allez, je vous explique pourquoi cet album m'a marqué, maintenant.
01:50 Alors, je vais pas vous faire un historique du groupe, ça sera le sujet d'une vidéo
02:01 future, vous pouvez me faire confiance.
02:03 Juste pour remettre les choses dans leur contexte, faut savoir qu'en 1992, quand sort l'album
02:07 Images and Words, Dream Theater inclut une chanson assez épique qui s'appelle Metropolis
02:11 Part 1, The Miracle and the Sleeper, dont les paroles ont été écrites par le guitariste
02:16 John Petrucci.
02:17 A l'origine, le texte devait évoquer la mythologie romaine et l'histoire de Rémus
02:20 et de Romulus, mais au final, il s'est tourné vers une sorte de triangle, ou plutôt un carré
02:24 amoureux, entre plusieurs personnages, le Miracle, le Sleeper et deux anonymes, qui
02:28 seront identifiés plus tard sous les traits de Nicolas et de Victoria Page.
02:32 Ce premier morceau évoque aussi un thème central de son successeur, la réincarnation,
02:36 et sur la forme aussi, le lien est évident.
02:38 La chanson originelle se concentre sur trois « danses », la mort, l'amour et la tromperie,
02:42 et de nombreuses paroles se font écho entre cette chanson et l'album.
02:45 Cette première partie était musicalement super dense avec des passages épiques, mais
02:49 c'est vrai que les paroles étaient vachement floues et on savait bien qu'il manquait
02:52 quelque chose.
02:53 Point commun entre Images and Words et Scenes from a Memory, ils signent tous les deux le
02:56 début d'un nouveau membre au sein du groupe.
02:58 Pour le premier, c'est James Labrie qui arrive au champ pour remplacer Charlie Dominici,
03:02 alors que pour le second, c'est le clavieriste Jordan Rudess qui remplace Derek Cherignan,
03:06 qui lui-même avait transformé l'essai de remplacer Kevin Moore en participant au
03:09 side project Liquid Tension Experiment.
03:11 Alors l'histoire de cet album est simple en apparence, mais vous allez voir, y'a
03:15 quelques subtilités et rebondissements.
03:16 On a cet homme, Nicolas, qui se rend chez un hypnotiseur, ou hypnothérapeute, parce
03:21 qu'il veut comprendre et explorer certains de ses rêves qui l'obsèdent.
03:24 Dans ses rêves, il voit une femme, Victoria, qu'il pense avoir été dans une vie antérieure.
03:28 Il a un pré-sentiment, ou plutôt un post-sentiment du coup, que Victoria a été au cœur d'un
03:33 triangle amoureux avec deux frères, Edward et Julian, triangle dont l'issue serait
03:37 fatale.
03:38 Pour mettre ce petit bordel en images, le groupe a fait appel à Dave McKeen pour la
03:41 pochette de l'album, et il en a fait un petit chef-d'oeuvre.
03:44 L'image représente le visage d'un homme, Nicolas, composé d'une multitude de photos,
03:48 de souvenirs, qui capturent le parcours psychique du jeune homme sous forme visuelle.
03:52 Et c'est franchement fort, parce qu'on dit souvent que ce que l'on naît aujourd'hui,
03:55 c'est la somme de tous nos souvenirs.
03:57 Et ben cette pochette, c'est exactement la représentation de cette pensée.
04:00 Alors évidemment, une histoire un peu mystérieuse et une pochette intrigante, c'est bien,
04:04 mais la raison pour laquelle on achète et on écoute un album, c'est pour la musique.
04:07 Et là, je crois qu'on peut le dire, Dream Theater touche aux sublimes.
04:10 La tracklist est divisée en deux actes et neuf scènes, et elle commence avec un morceau
04:14 très théâtral qui met en place le concept de régression du héros dans son subconscient.
04:18 Alors le morceau commence par le tic-tac d'une horloge, qui oscille en stéréo, ce qui est
04:27 un clin d'œil évident à l'œuvre de Pink Floyd.
04:29 Sur ce tic-tac hypnotique, le docteur demande à Nicolas de fermer les yeux et de se mettre
04:33 dans un état d'esprit zen le plus détendu possible.
04:36 Et alors qu'il continue son compte à rebours, les premiers accords de Petrucci à la guitare
04:40 acoustique viennent accompagner la voix chaude de James Labrie, une voix qui raconte la manière
04:45 dont Nicolas plonge doucement dans son passé.
04:47 Et au moment où Petrucci gratte le dernier accord, Labrie, ou Nicolas, dit "So glad to
04:52 see you my friend", et on comprend alors que lui et Victoria se sont déjà rencontrés.
04:57 Du coup, on veut en savoir plus.
04:58 Comme les morceaux d'ouverture de comédie musicale, ou encore comme dans l'album à
05:09 venir à Six Degrees of Inner Turbulence, Overture 1928 condense les thèmes principaux
05:14 qui seront développés dans les différents morceaux de l'album.
05:16 Les arrangements mélodiques sont complexes, avec des allusions à Metropolis Part I, et
05:20 chaque mesure est un régal.
05:22 La batterie de Mike Portnoy et la basse de John Mayung innovent à chaque instant, proposant
05:26 des syncopes et des rythmes de toute beauté.
05:29 En parallèle, la guitare de Petrucci et le clavier de Rudes échange des motifs hypnotiques,
05:33 pour rester dans le thème de l'hypnose, l'un après l'autre, et propose des variations
05:36 de dynamique qui font penser à des montagneuses russes musicales.
05:40 Le morceau est plein de vie, les solos sont expressifs, et au final, le cliché de James
05:44 Theodore qui balance de la musique sans âme est mis à mal dès le début de cet album.
05:48 Là, c'est l'inverse.
05:49 Chaque passage fait vraiment du bien, et le seul truc qu'on veut à ce moment-là, c'est
05:53 de continuer.
05:56 C'est la première vraie chanson de l'album, avec un Labrie en grande forme, dans l'émotion,
06:03 un peu de retenue et beaucoup de non-retenue, avec des harmonies très haut perché.
06:07 Les paroles racontent donc l'histoire de Nicolas dans des couplets relativement simples,
06:11 au cours desquels il dit qu'il est attiré dans ses rêves vers une maison et une fille.
06:14 Sur le pont, c'est intéressant ce qu'il fait d'ailleurs Labrie, il passe en mode
06:17 falsetto pour imiter la voix de Victoria lors d'un refrain un peu plus apaisant, où elle
06:22 nous dit espérer trouver quelqu'un à qui parler de son histoire.
06:25 Musicalement, le son commence à devenir un peu plus agressif, avec des riffs tranchants,
06:29 bien rock, et très progressif, avec cette mesure en plus qui n'a que des harmonies,
06:34 et ces refrains qui sonnent très pop et mélodiques.
06:36 Puis après un court interlude au piano de Rudes, Nicolas reprend la mélodie de Victoria,
06:41 et en terminant par "I thought I always knew", il conclut avec la promesse de trouver la
06:45 vérité vraie.
06:46 La vérité vraie.
06:47 L'histoire se développe de façon claire et convaincante, et en cela, "Scenes from
06:50 a memory" est un peu plus facile à appréhender que pas mal d'autres albums concerts.
06:54 La troisième scène commence par une balade, qui est en fait une longue intro pour le morceau
07:04 suivant.
07:05 On a un piano subtil, tranquille, qui permet à Labrie de monter avec brio, comment Nicolas
07:10 s'adresse à Victoria avec intérêt, compassion et un soupçon de culpabilité, car il sait
07:14 maintenant de quelle manière ils sont liés.
07:16 Or c'est un morceau de transition, très doux, et c'est pas plus mal vu ce qui arrive
07:19 après.
07:20 "Fatal Tragedy" reprend le morceau précédent, avant de se transformer en un truc beaucoup
07:29 plus lourd, avec un tempo lent, des guitares qui sifflent, des sons de clavier qui jotent
07:34 une sorte de malaise.
07:35 C'est Mayang qui écrit les paroles ici, et il nous raconte comment Nicolas s'en découvre
07:38 davantage sur ce qui est arrivé à Victoria.
07:41 Il rencontre un homme plus âgé, qui lui apprend qu'elle est morte, jeune, et que
07:44 ça ressemble fortement à un assassinat.
07:46 Sur le refrain, Petrucci et Portnoy chantent les choeurs, et sur la structure, les arrangements
07:51 deviennent de plus en plus complexes à chaque refrain, avec des mesures à l'embiqué
07:54 notamment.
07:55 Puis les dernières minutes du morceau, je sais pas comment vous dire, cette outro c'est
07:58 plus qu'une claque, comme dirait Bertrand Cantat.
08:00 C'est un délire instrumental à couper le souffle, un riff métal de base bien puissant,
08:05 des solos de guitare et de clavier qui un coup se répondent à tour de rôle, un coup
08:08 sont harmonisés.
08:09 Derrière ces fûts, Portnoy en fait des caisses, en doublant le rythme à la grosse caisse
08:12 notamment.
08:13 C'est captivant, et encore une fois, hypnotique.
08:15 D'ailleurs je me souviens quand j'ai découvert ce passage instrumental, et comment il est
08:25 amené, comme une sorte de bouquet final de feu d'artifice, j'ai vraiment eu la chair
08:28 de poule, et je me suis senti obligé de le faire écouter à tout le monde.
08:31 Et l'album est même pas encore fini.
08:33 Et après ce sublime fatal tragedy, ils enchaînent avec ce riff agressif de Beyond This Life.
08:43 Alors je sais pas comment Mac Portnoy y fait, mais il arrive à sublimer son jeu de batterie
08:47 ici pour le rendre mélodique.
08:49 La brise chuchote ces couplets pour nous raconter le meurtre de Victoria en détail.
08:52 On apprend alors que c'est un des frères Baines qui l'a tué, car elle a quitté le
08:55 premier pour aller avec le second.
08:57 On entend quelques passages acoustiques, et l'ensemble du morceau repose sur un riff
09:00 simple décliné à l'infini.
09:02 Avec du tremolo, en single note, en accord de puissance, harmonisé, etc.
09:11 Et comme sur Fatal Tragedy, c'est la partie instrumentale qui fait tout le sel de ce morceau.
09:16 C'est d'abord Rudez qui prend la main avec un solo impressionnant, suivi par Petrucci
09:20 qui fait crier sa Music Man signature avec sa pédale wah-wah, le tout sur des mesures
09:24 dont la signature change tout le temps, ce qui est non seulement impressionnant, mais
09:27 qui en concert est vachement déstabilisant quand vous essayez de headbanger en suivant
09:31 le rythme.
09:32 Et alors en fait, faut savoir que quand Dream Theater compose, pour se retrouver dans leurs
09:35 compos longs et complexes, ils ont pris l'habitude de donner un petit nom aux différentes sections
09:39 du morceau.
09:40 La section qui suit dans Beyond This Life, elle est surnommée la section Frank Zappa.
09:43 Et pourquoi ? Bah écoutez ça !
09:45 On a un motif extrêmement complexe, joué à l'unisson, qui est en fait un véritable
09:54 hommage au style jazzy et complètement barré de Frank Zappa.
09:58 C'est incroyable de technicité, de talent, de précision, et perso je trouve que ça
10:02 rend fou autant de perfection.
10:03 Through Her Eyes, c'est la cinquième scène de l'album.
10:12 C'est un morceau lent, calme, qui va nous révéler pas mal de trucs sur l'histoire.
10:16 Le morceau commence par la voix de Victoria, chantant comme un ange, à la manière de
10:20 The Great Gig in the Sky de Pink Floyd.
10:22 Puis Labrie prête sa voix à Nicolas pour rendre hommage à Victoria et expliquer qui
10:25 il est vraiment.
10:26 Les paroles sont à la fois tristes et sincères, et les harmonies contribuent à accentuer ce
10:30 passage émotion.
10:31 Car Labrie signe ici une de ses meilleures performances vocales, j'ai pas peur de le
10:35 dire.
10:36 Il est complètement immergé dans son personnage, et livre son texte avec beaucoup de dynamique,
10:39 de précision et de fragilité.
10:41 La batterie est ici d'une boîte à rythme, Mayang joue sur une basse fretless pour ajouter
10:45 un peu de douceur, et Petrucci t'a la guitare acoustique, sauf sur le solo, qui est très
10:49 lent et vraiment mélodique.
10:51 Ce morceau, s'il peut s'apparenter à un filler, c'est-à-dire une chanson juste
10:54 pour remplir, est en vérité essentiel.
10:56 Et accessoirement, il termine aussi l'acte 1 de l'album.
10:59 Si je vous dis que Home, c'est aussi un de mes morceaux préférés, je pense que
11:08 ça va commencer à devenir chelou.
11:09 Et pourtant, qu'est-ce que je kiffe ce morceau.
11:12 Il commence avec un arpège de guitare en drop D, pour donner plus de profondeur et
11:15 jouer donc un peu plus bas, un arpège un peu lugubre qui s'entrechoque avec divers
11:19 effets sonores, et une basse qui joue un riff similaire à celui de Tool sur 46 & 2.
11:24 Dream Theater utilise ici des sons de sitar, des carillons, et d'autres sonorités et
11:42 gammes orientales.
11:43 C'est inquiétant, sombre, et c'est finalement résolu par un riff puissant et vraiment
11:48 addictif avec une grosse wah-wah qui est un vrai banger.
11:51 L'abri prend alors le relais pour parler tantôt en tant que sleeper, puis en tant
11:59 que miracle.
12:00 Alors d'abord dans le rôle du sleeper, il parle de ses addictions qui ont conduit Victoria
12:03 à le quitter pour Edward.
12:05 Puis Edward explique d'un ton assez neutre ce qui s'est passé une fois que Victoria
12:08 a quitté Julian.
12:09 Elle est venue le voir, elle a pleuré tout son sou, et Edward a compris qu'il était
12:13 en fait dépendant de Victoria.
12:15 La suite, c'est un long pont musical à couper le souffle encore une fois.
12:19 Changement d'ambiance par rapport au morceau précédent par contre, on est dans une sorte
12:22 d'exubérance de métal progressif aux sonorités orientales avec des effets sonores qui montrent
12:27 les amants en pleine et bas.
12:28 C'est assez percutant et comme le titre s'appelle Home, on a l'impression un peu malaisante
12:32 d'être dans leur maison en tant que voyeur.
12:35 Dans l'ensemble, la façon dont Home répète des phrases et des mélodies pour déduire
12:38 des liens entre les personnages est un véritable petit bijou d'écriture.
12:42 Et encore une fois, le final est à vous couper le souffle.
12:44 Le tempo accélère franchement et joue à nouveau avec des sons de sitar sur des accents
12:48 qui surprennent.
12:49 Et pour cause, le découpage rythmique est complètement inhabituel, avec des mesures
12:52 en 7/8, d'autres en 4/4, d'autres en 19/16.
12:55 Bref, de quoi garder l'auditeur sur le qui-vive avec ce mélange exotique à tout point de
12:59 vue et on en redemande.
13:01 Et ça tombe bien, parce que niveau variation rythmique, Dance of Eternity se pose là.
13:11 D'après les membres de Dream Theater eux-mêmes, ce morceau instrumental, pour vous situer
13:14 le niveau, c'est celui qu'ils appréhendent le plus à jouer en live, tellement il est
13:17 complexe et dense.
13:18 Pour l'occasion, John Petrucci sort sa guitare 7 cordes, et il va en avoir besoin.
13:22 La chanson représente en quelque sorte les montagnes russes d'émotion que traversent
13:25 les différents protagonistes, via notamment les signatures rythmiques non conventionnelles
13:30 et des polyrythmies complexes, tout en conservant une certaine cohésion mélodique.
13:33 Et je sais pas si c'est dans le Guinness Book des Records, mais y'a plus de 100 changements
13:42 de signatures sur ce morceau, et on alterne entre autres avec du 9/8, 5/16, 7/16, 6/16,
13:48 et j'en passe, ça parlera aux plus musiciens d'entre vous.
13:50 Y'a plusieurs personnes sur Youtube qui se sont d'ailleurs amusées à suivre le morceau
13:53 avec un carton, qui montrent quelle mesure est en train d'être jouée, et c'est hallucinant.
13:57 Et en plus de ça, le tempo varie au cours du morceau, entre 90 et 175 BPM.
14:02 Ça ajoute évidemment beaucoup de dynamique, et ça permet des transitions assez douces
14:06 entre les différentes parties.
14:07 Harmoniquement, c'est tout aussi complexe, on retrouve des gammes mineures naturelles,
14:11 des gammes mineures harmoniques, ou encore des gammes diminuées, avec des passages complètement
14:14 barrés et inattendus, comme cet intermède au clavier qui sonne vraiment boogie woogie.
14:18 Pendant quelques secondes, on se croirait presque au Far West.
14:22 Clairement un des morceaux les plus intéressants, jouissifs et techniques qui m'aient été
14:29 donnés d'antan.
14:30 Après ce morceau intense, One Last Time calme un peu le jeu.
14:39 Nicolas passe en revue toutes les preuves qu'il a pu apercevoir dans sa tête, et conclut
14:43 qu'il manque quelque chose, qu'il y a un truc qui va pas.
14:45 Victoria chante alors le refrain au cours duquel elle dit à Edward qu'ils vont se
14:49 voir une dernière fois, d'où le titre du morceau, suggérant qu'elle a décidé de
14:53 le quitter.
14:54 Nicolas visite alors la maison d'Edward, et là, il trouve de nombreux indices qui
14:57 prouvent que ses soupçons avaient bien lieu d'être.
14:59 Psychalement, le morceau c'est une ballade pop assez simple, qui montre suffisamment
15:03 d'élégance harmonique et de progression narrative pour nous séduire.
15:06 Et surtout, elle laisse entrevoir les rebondissements à venir.
15:09 Alors attention, chef d'œuvre.
15:16 Spirit Carries On ouvre la huitième scène de l'album, et ce morceau c'est l'un des
15:20 tout meilleurs écrits par Dream Theater.
15:22 Rudeus dépose quelques accords au piano, alors que Nicolas se pose des questions existentielles
15:26 sur la morale, le destin et le sens de la vie.
15:29 Ça pourrait être un peu plan-plan, mais ça l'est pas, car il montre qu'il est capable
15:32 d'accepter la vérité et d'éprouver un sentiment d'apaisement.
15:35 Il est maintenant convaincu que la mort ne lui fait pas peur, car il pense sincèrement
15:39 que son esprit restera bien vivant dans un autre corps.
15:42 Les paroles ont été ici écrites par John Petrucci, et l'intro « Where do we come
15:46 from ? Why are we here ? Where do we go when we die ? » font écho au célèbre tableau
15:50 de Paul Gauguin « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Ce même
15:53 Petrucci livre alors un des solos les plus mythiques de sa carrière, j'ai pas peur
15:56 de le dire.
15:57 Il tape juste avec une lente montée dans l'intensité, puis une casquette de notes
16:01 comme autant de choses qui arrivent dans la vie et qu'on contrôle pas, avant de finir
16:04 sur une résolution par un bend long et lent, comme l'apaisement de Nicolas justement,
16:09 une certaine tranquillité enfin atteinte.
16:11 Le solo est une excellente métaphore du morceau, de sa morale et de la vie, puis Victoria intervient
16:15 pour demander à Nicolas de continuer à le faire vivre à travers lui.
16:19 Nicolas revient pour conclure le morceau, évoquant la régression de manière plus
16:22 concrète et en en étant plutôt satisfait.
16:24 Cette acceptation conclut parfaitement ce morceau magique et pourrait presque servir
16:28 de conclusion à l'album.
16:29 Mais c'est sans compter sur Dream Theater pour nous offrir un dernier rebondissement,
16:33 comme dans une bonne vieille tragédie grecque.
16:35 Finally Free, le dernier morceau de l'album, commence avec un speech de l'hypnothérapeute
16:45 qui ramène Nicolas à un certain état de conscience.
16:49 Musicalement sur l'intro, on ressent comme un message d'espoir, de la chaleur, avec
16:52 des instruments à cordes et un arpège de guitare acoustique d'abord majeur, puis qui
16:56 se mélange au son d'une voiture qui s'éloigne et qui s'assombrit progressivement.
16:59 On réalise alors en fait que ce qu'on est en train d'entendre, ça va être l'acte
17:02 du meurtre en lui-même.
17:03 Victoria intervient alors et précise que Julian a toujours été son choix de cœur.
17:07 Julian et Victoria se rencontrent en secret.
17:10 Enfin, c'est ce qu'ils croient, parce qu'on entend alors deux coups de feu.
17:12 C'est Edward qui assassine Victoria et Julian.
17:15 Et alors qu'ils sont sur le point de mourir, Julian reprend le refrain de One Last Time,
17:19 qui a une connotation évidemment beaucoup plus tragique ce coup-ci, et c'est après
17:22 un sublime solo de Petrucci qu'on comprend que l'âme de Victoria est transférée à
17:27 Nicolas.
17:28 Celui-ci intervient alors et explique qu'il a appris beaucoup de sa propre vie en vivant
17:31 à travers Victoria, et il est sûr qu'ils se reverront un jour.
17:34 Au même moment, les harmonies derrière sa voix se font de plus en plus pressantes, et
17:38 l'intensité musicale, elle est énorme, avec un porte-noeud qui fracasse sa batterie
17:41 pour accentuer l'aspect dramatique qu'un riff de guitare sombre et répétitif s'efforce
17:45 de souligner.
17:46 Lorsque le passage instrumental part en fade-out, on entend Nicolas arriver chez lui, allumer
17:50 la télévision et se servir un verre.
17:52 On le sent dans une sorte de plénitude, avec la satisfaction que ce mystère ne le tourmentera
17:56 plus.
17:57 Cependant, alors qu'un disque tourne en arrière-plan, l'hypnothérapeute fait irruption dans la maison
18:01 et lui dit « ouvre tes yeux Nicolas ». Nicolas crie, fait dérailler le tourne-disque, et
18:05 on entend des bruits parasites jusqu'à la fin de l'album.
18:08 La théorie la plus vraisemblable ici, c'est que cet hypnothérapeute n'est autre que
18:11 la réincarnation d'Edward, et qu'il avait prévu de répéter tout le cycle depuis
18:16 qu'il avait rencontré Nicolas.
18:17 Et en finissant l'album de cette façon, on comprend aussi que Victoria essayait d'avertir
18:21 Nicolas tout du long, plutôt que de seulement lui raconter son histoire.
18:24 Bref, c'est surprenant, et ça conclut magistralement cet album qui bouleverse l'auditeur autant
18:29 pour ses prouesses musicales que pour sa justesse dans l'écriture.
18:32 Faut aussi mentionner que le bruit parasite qu'on entend à la fin de « Scenes from
18:35 a Memory », c'est aussi le tout début de l'album suivant « Six Degrees of Inner
18:39 Turbulence ». Et c'est pas la première fois que Dream Theater étend ses idées sur
18:42 plusieurs albums.
18:43 On a par exemple la « Twelve Steps Suite » de Portnoy, où il explore la célèbre
18:46 méthode des alcooliques anonymes sur 5 albums différents.
18:50 Aussi incroyable qu'étaient les premiers albums du groupe, sur « Scenes from a Memory
18:53 », on n'a jamais vu un Dream Theater se donner autant à fond pour pondre un ensemble
18:57 aussi cohérent, ordonné, puissant, imaginatif et vraiment satisfaisant.
19:01 L'album s'enchaîne de manière hyper fluide, du premier au dernier morceau, sans
19:05 jamais vraiment faiblir dans sa mission de raconter une histoire triste, classique, mais
19:09 finement racontée et mise en musique par des mecs qui prouvent qu'ils ont vraiment
19:12 plus rien à prouver.
19:13 « Scenes from a Memory » a marqué la carrière du groupe, mais est également devenu un standard
19:16 pour le métal progressif moderne.
19:18 Et pour toutes ces raisons, c'est un album qui m'a marqué.
19:21 [Musique]