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L'ultradroite dans la rue. Après la mort de Thomas, tué lors d'un bal à Crépol samedi au dimanche 19 novembre, les actions de groupes identitaires se multiplient.

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Transcription
00:00 différence entre extrême droite et ultra droite ? Écoutez la réponse de Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, Fondation Jean Jaurès.
00:10 L'ultra droite, c'est un terme qui a été forgé par les services de police et les services de renseignement intérieur pour décrire tout ce qui est à droite des partis Rassemblement National et Reconquête
00:24 et qui agit en dehors du cadre parlementaire par petits groupes qui depuis les dissolutions de Génération Identitaire, du Bastion Social, d'un certain nombre d'autres mouvements
00:36 ont essémé dans la plupart des métropoles françaises, de plus en plus aussi dans des villes petites et moyennes avec des effectifs qui varient d'une dizaine de militants actifs à une cinquantaine, c'est plus à Lyon par exemple.
00:49 Benoît va même plus loin dans cette question, notre téléspectateur, il nous dit "les militants ultra de Lyon sont issus des rangs de l'extrême droite, non ?"
00:59 Qu'est-ce qu'on lui répond Éric Pouliat ? Est-ce que dans l'extrême droite il y a un vivier pour cette mouvance ultra ?
01:04 Aujourd'hui l'extrême droite au sens politique du terme, comme ça a été bien rappelé par M. Camus, effectivement l'extrême droite c'est le champ démocratique
01:11 et l'ultra droite c'est ce qui se place en dehors du champ démocratique et l'extrême droite aujourd'hui a plutôt tendance à dresser une cloison entre l'ultra droite et l'extrême droite
01:19 puisqu'elle est en recherche de banalisation, en tout cas de dédiabolisation comme on l'a dit.
01:26 Vous parlez là du Rassemblement National ?
01:28 Par exemple, donc les gros bras de l'ultra droite aujourd'hui elles préfèrent les laisser généralement loin.
01:32 Alors quel est le positionnement des individus qui relèvent de l'ultra droite ? Quelles sont leurs idées ? Écoutez Jean-Yves Camus.
01:38 Ce sont des gens qui sont hostiles à la démocratie en général, qui ne cachent pas leur xénophobie, qu'il se passe quelque chose comme ce qui s'est produit à Crépeaule ou pas d'ailleurs
01:53 et qui sont de plus en plus, et ça c'est très intéressant et un peu nouveau, dans une optique consistant à réagir immédiatement à des faits d'ultra violence.
02:04 Et puis le second problème c'est que quand on regarde les réseaux sociaux de ces groupes, on s'aperçoit de plus en plus qu'ils sont dans une conflictualité avec les forces de l'ordre.
02:12 Et voici comment cela se traduit en slogan, c'était hier soir à Paris.
02:17 Français répétez-moi, tu es ici, chez toi !
02:24 Tarakaï en prison, clandestin dans l'avion !
02:32 On est chez nous ! On est chez nous !
02:44 Eric Pouliat, ils ont quel âge ces manifestants d'ultra droite ? Ils vivent où ? Est-ce qu'on peut dresser un portrait ?
02:51 Je me méfie toujours des profils types, mais on peut dire qu'il y a des grandes familles.
02:55 Il y a une véritable porosité entre ces familles aujourd'hui.
02:58 Mais dans les grandes familles historiques, il y a les identitaires, ceux qu'on a vu par exemple hier à Paris,
03:02 qui sont plutôt dans une logique de conflit de civilisation, d'identité, de sauvegarde d'une certaine forme d'identité française telle qu'ils le conçoivent.
03:11 Il y a ce qu'on appelle les nationalistes, plutôt issus des mouvances néo-nazis.
03:17 Les identitaires sont plutôt des jeunes, très réseaux sociaux, d'ailleurs ils ne sont pas forcément toujours violents, comme on le voit.
03:23 Ils sont plutôt dans les sens activistes, au sens premier du terme.
03:27 D'ailleurs, ils n'hésitent pas à piquer un peu des fois les codes de l'ultra gauche ou des sociétaux,
03:32 parce que si ça marche, pourquoi pas le faire nous aussi.
03:35 Donc ils utilisent les réseaux à leur compte.
03:37 Les nationalistes et tout ce qui est véritablement néo-nazi, sont plutôt dans le coup de force.
03:47 Et puis, n'oublions pas, dans l'ultra droite, il y a toujours un petit fond royaliste,
03:51 qui est plutôt des gens de CSP+, traditionnalistes, éduqués, très éduqués,
03:56 et qui est plutôt même une porte d'entrée parfois pour l'ultra droite.
03:59 Alors vous êtes co-auteur d'un rapport parlementaire sur l'activisme violent,
04:02 dans lequel on peut lire que l'ultra droite en France, c'est 3300 individus.
04:07 Fanny, est-ce que ce chiffre, on peut le mettre en perspective ?
04:10 Est-ce que c'est beaucoup ? Est-ce que c'est peu ? Qu'est-ce qu'on peut dire ?
04:13 Regardez déjà la composition de ces 3300 personnes, identifiées comme appartenant à l'ultra droite.
04:19 Les renseignements français, les identifiez en plusieurs catégories,
04:23 il y en aurait parmi eux 1300 identifiés comme violents, et donc fichés S.
04:28 Les 2000 autres seraient, selon les termes de renseignement, des personnes qui feraient office de caisses de résonance.
04:34 Dans un rapport parlementaire que vous évoquiez, qui est publié récemment,
04:39 on voit que par exemple, on est beaucoup moins nombreux dans ces mouvances d'ultra droite
04:45 que lors de la guerre d'Algérie, quasiment deux fois moins.
04:48 Regardez, 3300 aujourd'hui, on le disait, c'était 7000 lors de la guerre d'Algérie.
04:53 Et puis regardez, cela reste tout de même, ça aussi c'est mis en perspective par ce rapport,
04:57 très important par rapport à un passé plus récent, aux années 2000,
05:01 puisque par rapport à 3300 individus aujourd'hui, il n'y en avait que 2500 jusqu'au début des années 2000.
05:09 Et le rapport parlementaire estime d'ailleurs que le risque lié à l'ultra droite augmente.
05:14 Merci beaucoup Fanny. Vous écrivez effectivement que ce risque de l'ultra droite augmente.
05:18 A quel point ? Quelle est l'ampleur de la menace ?
05:21 Il ne faut pas oublier qu'on ne parle quand même que de 3000 personnes.
05:24 Alors elles sont certes ultra violentes, mais c'est quand même une population
05:27 qui comme on l'a vu reste assez stable malgré tout.
05:31 Les bataillons, on va dire, nouveaux sont plutôt sur l'ultra gauche et les sociétaux.
05:37 Et d'ailleurs, c'est ce qu'on dit dans le rapport,
05:40 le risque à venir est peut-être d'ailleurs plus de ce côté-là en termes de violence
05:43 qu'aujourd'hui dans l'ultra droite. Mais le risque actuel, c'est l'ultra droite effectivement,
05:47 qui elle, elle profite aussi d'un contexte, d'un moment,
05:50 où la violence se banylise, où l'extrême droite monte dans notre pays
05:55 et donc elle se décomplexe et aujourd'hui elle se montre un peu plus à visage découvert.
05:59 Mais quand on parle du risque de l'ultra droite, c'est une menace pour qui ? Pourquoi ?
06:03 En fait l'ultra droite a un projet et aujourd'hui, ce que vous avez rappelé tout à l'heure,
06:08 elle a une tendance, un moyen de faire qui s'appelle l'accélérationnisme,
06:13 c'est-à-dire qu'elle veut accélérer le combat civilisationnel,
06:16 le conflit entre ce qu'ils appellent eux le camp dans lequel ils se mettent,
06:22 c'est-à-dire le camp occidental blanc et les autres.
06:25 Donc ils veulent accélérer ce conflit, ce conflit direct,
06:29 donc il y a un vrai risque de guerre de rue, d'affrontement physique immédiat
06:35 et d'agression même aux personnes.

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