• il y a 7 mois
C'est la deuxième menace terroriste après l’islamisme : l'ultradroite. Elle rassemble 3.000 militants répartis dans toute la France. Des mouvements nationalistes, identitaires qui diffusent de plus en plus une idéologie xénophobe, antisémite et homophobe. En 7 ans les actes de violences ont augmenté de 17%. Pendant plusieurs semaines, une équipe de Ligne Rouge a infiltré plusieurs de ces groupuscules, notamment à Lyon, devenue en 15 ans la capitale de l’ultradroite en France. "L'infiltré, au coeur de l'ultradroite", c'est une enquête exceptionnelle signée Michaelle Gagnet, Régis Desconclois et Jean-Baptiste Arnaud.

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Transcription
00:00Au mois de janvier, un message sur les réseaux sociaux nous alerte.
00:04Les remparts recrutent et cherchent de nouveaux militants.
00:08Pour ne pas éveiller la tension, un de nos journalistes crée un faux compte Instagram et répond à cette annonce.
00:15« Bonjour, je suis intéressé pour venir à votre réunion de recrutement. Comment m'inscrire ? »
00:21Cinq jours plus tard, un premier message lui parvient.
00:25« Pour l'inscription, il nous faudrait ton nom, prénom, âge, numéro de téléphone et ville. »
00:31« Pour le recrutement, nous ferons une réunion où nous présenterons les remparts, le militantisme et notre communauté. »
00:39On lui demande alors d'envoyer une carte d'identité, condition sine qua non pour être accepté.
00:46L'adresse du rendez-vous ne sera communiquée qu'au dernier moment.
00:50Les militants craignent la police et les infiltrations d'opposants.
00:56Le jour même de la réunion, nous recevons un message sur Instagram.
01:00Elle a lieu à La Traboule, le local des remparts.
01:07À l'entrée, deux militants montent la garde.
01:12Notre journaliste infiltré doit confirmer son identité.
01:17Les téléphones sont interdits. Aucune image ni son ne doivent être enregistrées.
01:23À l'intérieur du bar, 15 nouvelles recrues.
01:28Dès que la réunion commence, la porte est verrouillée par les militants.
01:34« La Traboule, c'est la maison de l'identité lyonnaise.
01:37C'est un galop qui permet à toutes les personnes de venir voir et de parler de politique
01:44sans essayer de se faire juger ou d'accuser. »
01:50Trois cadres du groupe vont se succéder devant les nouveaux militants.
01:57« Nous nous interagissons dans un combat éculturel.
02:00Même à Lyon, depuis les années 60, nous, on évolue dans un combat culturel de droite. »
02:05Sur ce diaporama, ils vont passer en revue les symboles et personnalités de la ville de Lyon qu'ils se réapproprient.
02:12Sainte-Blandine, martyre catholique tué à Lyon.
02:16L'aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry.
02:19Paul Bocuse, symbole pour eux de l'identité française.
02:23« Paul Bocuse, je pense que vous connaissez un peu tous.
02:26Comme on l'a dit, notre combat est aussi culturel.
02:28Au lieu d'aller dans un cheval, par votre action individuelle,
02:32vous pouvez aller dans un bouchon lyonnais, dans une boulangerie, acheter un jambon-beurre.
02:37Le but, c'est vraiment d'essayer de nous vivre selon nos traditions. »
02:42« Si je peux me permettre, je pense qu'on pourrait juste rajouter un truc sur les gâteaux,
02:46c'est de ne pas manger à l'âge.
02:48Par exemple, j'ai fait une compétition de footboxing,
02:50j'ai reçu du à l'âge ensemble.
02:52On m'a demandé de chercher des sandwichs, je suis allé dehors. »
02:55Les responsables mettent aussi en avant leurs actions sur le terrain.
02:59Collage d'affiches avec des slogans haineux,
03:02hommage à des Français tués par des étrangers,
03:06ou encore des actions contre l'installation de camps de migrants
03:10ou contre les sans-papiers.
03:15« Oui, on a des idées qui ne sont pas acceptées par la majorité de la société,
03:18mais on n'a pas peur, on sort, on les affiche et on les défend.
03:22C'est une des meilleures expériences de jeunesse qu'on puisse avoir.
03:24Je vous jure que ce n'est pas une blague,
03:26ça vous permettra vraiment de vous rendre compte
03:28qu'ici, on masque plein de blancs et de noirs. »
03:30« Juste une petite question, comme vous nous avez checké un peu avant qu'on arrive et tout ça,
03:34je voulais savoir si dans l'idée, vous vouliez que les gens soient des gens sûrs
03:38ou si on pouvait ramener nos potes à l'occasion ? »
03:40« On est très prudents là-dessus, on fait une sélection qui est repentieuse,
03:43donc on veut des gens sûrs.
03:45C'est sûr que ce qu'on voit, ils sont là-dessus, on peut compter. »
03:48« Très bien, merci les gars. »
03:50« Merci à vous. »
03:54« Ce qui me frappe le plus, c'est que parmi les nouvelles recrues, il n'y a que des hommes.
03:58Vraiment, aucune femme n'est présente.
04:00Les nouveaux sont très jeunes, ils ont tous entre 17 et 25 ans.
04:04Certains sont étudiants, mais la majorité travaillent déjà.
04:07Ils sont peu diplômés.
04:09D'ailleurs, la plupart sont issus de milieux très populaires.
04:11En revanche, parmi les militants les plus ancrés, les plus anciens,
04:15certains sont issus, eux, de milieux bourgeois et catholiques. »
04:18Cette réunion de recrutement est en réalité un premier test pour les nouveaux venus.
04:23On les informe qu'ils ont entre six mois et un an pour faire leur preuve.
04:29En attendant, les cadres des remparts les abreuvent de conseils
04:32pour devenir de bons militants, en commençant par dénigrer le rap.
04:38« Il y a parfois des points idéologiques, tu vois,
04:40genre par exemple, est-ce qu'on peut, en tant qu'identitaire,
04:44compter du NAPS au premier degré ?
04:46Bon, voilà, la réponse c'est non.
04:48Le second degré, c'est en tout cas le dossier.
04:50Faut pas que ça devienne évident et que ça te lave pas.
04:52C'est un univers mental, c'est pas pareil. »
05:09L'auteur qu'il conseille, Dominique Vénère,
05:11est considéré comme le gourou de l'extrême droite moderne.
05:14Complotiste et antisémite,
05:16il défend une conception ethnique de l'identité.
05:21En 2013, il se suicide d'une balle dans la tête
05:24dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
05:26Il voulait réveiller les Français face au risque du grand remplacement.

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