Les informés de l'Europe 3.12

  • l’année dernière
L'UE face au terrorisme et au défi climatique

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00:00 (Générique)
00:07 Bienvenue sur le plateau des informés de l'Europe, comme chaque dimanche de 9h40 à 10h,
00:12 les informés à la radio France Info et sur le canal 27,
00:16 le rendez-vous où nous décryptons l'actualité européenne avec François Bodonnet.
00:20 Bonjour François. - Bonjour Jean-Rémi.
00:21 - Rélecteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions,
00:24 éditorialiste, qui sont nos invités cette semaine ?
00:26 - Eh bien deux invités ce matin, Marc Semot, spécialiste des questions internationales,
00:31 collaborateur au journal Le Monde et au magazine Challenge,
00:35 et Louise Bodé, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
00:38 et plus particulièrement au Pôle Europe.
00:41 - L'Europe qui s'est réveillée avec cet attentat à Paris, la France qui fait la une
00:46 suite à l'attaque au couteau hier soir qui a conduit à la mort d'un touriste allemand.
00:49 La presse allemande en parle évidemment, on y reviendra dans quelques instants,
00:53 mais cette attaque au couteau dans la rue d'une grande capitale européenne,
00:56 ça n'est malheureusement François, pas une première.
00:58 - Alors même si l'Europe effectivement n'est pas le continent le plus touché d'ailleurs par les attentats,
01:03 mais oui il y a en particulier récemment, il y a eu deux attentats en Europe.
01:08 En France bien sûr, le 13 octobre dernier, où un ancien élève du lycée Gambetta-Carnot d'Arras,
01:16 qui était fichier S pour radicalisation, a poignardé mortellement un professeur,
01:21 on s'en souvient Dominique Bernard.
01:24 Il avait posté une vidéo de revendication au groupe Etat islamique, ça c'était le 13 octobre.
01:30 Et puis un peu plus récemment, trois jours après, le 16 octobre, en Belgique,
01:34 une fusillade qui avait eu lieu à Bruxelles, quand un homme armé d'un fusil d'assaut avait tué deux supporters suédois.
01:41 On se souvient, c'était un match entre la Belgique et la Suède et il avait tué deux supporters suédois.
01:47 Et là aussi, il avait fait allégeance au groupe terroriste Etat islamique.
01:52 - Marc Semos, ce qui est frappant à chaque fois, à Bruxelles, à Paris comme ailleurs,
01:56 c'est que c'est un homme seul qui s'en prend, ici à Despassant, ici à un professeur.
02:02 Depuis 2015, on voit que le terrorisme islamiste en Europe a changé de mode d'action.
02:06 - Oui, mais c'est à la fois à chaque fois un homme seul, mais en même temps,
02:10 vous le disiez tout à l'heure, au moins pour les deux cas précédents, il avait fait allégeance à l'Etat islamique.
02:14 Là, on ne sait pas encore où on en est exactement, mais il n'y a jamais tout à fait d'homme seul.
02:18 Il y a d'abord des facilitateurs via Internet qui le poussent, qui le radicalisent, qui l'exaltent,
02:24 qui l'encouragent, voire plus, effectivement, s'il fait allégeance à un groupe type Etat islamique.
02:30 Donc, il y a toujours autour une nébuleuse, sans compter ce que Gilles Kepel avait défini
02:35 dans une formule au Monde qui avait eu pas mal de succès, le djihadisme d'atmosphère,
02:39 c'est-à-dire tout un truc autour qui crée un climat où quelqu'un qui peut déjà être fragile psychiquement,
02:45 voire clairement un cas psychiatrique, est encore encouragé dans sa radicalisation,
02:51 parce que ce n'est pas deux choses antinomiques.
02:53 Ensuite, ce genre de terrorisme est totalement imparable.
02:57 Donc, à ce niveau-là, parce que même s'il était fiché S,
03:00 s'il était fiché S et qu'il n'y avait pas suffisamment de charges pour l'arrêter ou ouvrir une instruction,
03:05 donc vous ne pouvez pas suivre tous les fichés S.
03:09 C'est impossible, faute de moyens.
03:11 Donc, à partir de là, c'est un type de terrorisme absolument imparable.
03:15 Et je pense, alors bon, là, vous allez me dire que c'est l'exemple mal choisi,
03:18 mais c'est vrai que je pense que la surréaction médiatique est quelque chose qui, en réalité, est extrêmement dangereux,
03:23 parce qu'elle contribue à exalter un certain nombre d'individus susceptibles de passer à l'acte,
03:29 parce qu'il est sûr qu'il y aurait une énorme résonance pour son acte criminel
03:34 et parce qu'il y a aussi souvent, dans ce genre d'individus, une espèce aussi volonté narcissique de protagonisme et tout.
03:43 Donc, je pense qu'il faut faire aussi très attention à ça.
03:45 C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de cacher les choses,
03:47 mais entre ça et faire comme si c'était un événement majeur, il y a une marge.
03:52 Sachant que ça ne manquera pas, comme souvent, de tourner aux débats politiques.
03:57 En France, comme ailleurs en Europe, c'est souvent le cas.
04:00 Sauf que là, Louise Baudet, on se rend compte que ça n'est pas, entre guillemets,
04:04 enfin, on a connu d'autres profils. Là, c'est un profil, c'est un Français qui est né en France.
04:09 C'est effectivement, de fait, très compliqué d'empêcher ce type de passage à l'acte.
04:14 En tout cas, on peut vous faire référence tout à l'heure, François, à ce qui s'est passé à Bruxelles le 16 octobre.
04:20 À ce moment-là, effectivement, c'est un homme d'origine tunisienne qui s'en est pris à des supporters suédois.
04:25 Il avait été expulsé de Suède en 2010 et après, on avait un peu perdu sa trace,
04:30 il avait réussi à circuler dans d'autres pays européens.
04:32 Là, on peut peut-être parler de faille du système de surveillance.
04:37 Un système, d'ailleurs, que l'Union européenne a essayé de renforcer depuis les années 2000.
04:42 Il y a quand même des choses qui sont faites en termes de coopération des 27.
04:46 Coopération en matière judiciaire, le mental arrêt européen,
04:49 le registre PNR des passagers sur les vols aériens, on en avait beaucoup parlé, ça a été adopté en 2016.
04:54 Europol, la police européenne, dont le mandat a été vraiment renforcé en termes de lutte contre le terrorisme.
05:01 La lutte contre la diffusion en ligne de contenus à caractère terroriste.
05:04 On voit, l'Europe essaye de se doter d'un dispositif de prévention.
05:08 Maintenant, dans le cas présent, cet homme, on vient de le rappeler, était français.
05:15 Compliqué, compliqué, et surtout, est-ce que ça se passe au niveau européen ?
05:19 Pas vraiment, sauf à considérer que l'Europe peut mettre en place quelque chose, vous savez,
05:24 qu'on voit dans le film Minority Report de Steven Spielberg.
05:28 C'est un film qui date du début des années 2000, où en fait, on peut savoir à l'avance ce qui va se passer.
05:33 D'ailleurs, le film date de 2002, ce qui est intéressant par rapport à la temporalité des attentats au début des années 2000
05:40 et à l'attaque des Google Trade Center.
05:42 Voilà, à partir du moment où Minority Report, ça ne peut pas exister.
05:46 Est-ce que là, on est dans le registre d'une faille européenne ? Je ne le pense pas.
05:51 François Boddenet, comment est-ce que c'est perçu dans les institutions européennes, ces attentats, malheureusement, répétitions en Europe ?
05:57 Alors, c'est suivi, évidemment, de très près et en particulier à Bruxelles.
06:01 Bruxelles, qui est à la fois la capitale des institutions européennes, et Bruxelles, qui a été touchée en 2016 par des attentats.
06:09 Des attentats très meurtriers, on s'en souvient, à l'aéroport de Zaventem,
06:13 puis ensuite dans une station de métro qui se trouve au pied des institutions européennes.
06:18 Donc à Bruxelles, quand vous parlez d'attentats, j'ai envie de dire, les gens ont ça presque dans le sang.
06:24 Ils savent ce que c'est d'être victime des attentats.
06:27 Donc depuis Bruxelles, on regarde ça avec beaucoup d'intérêt.
06:30 Il y a effectivement des choses qui ont été mises en place.
06:32 Louise Boddet parlait, par exemple, d'Europol. Europol a été renforcé.
06:36 Vous savez qu'il y a au minimum une fois par mois une réunion à Bruxelles des ministres de l'Intérieur
06:41 qui vont donc parler très régulièrement de ce problème d'attentats,
06:44 parce que ça reste quand même un problème européen.
06:48 Et puis se pose, je crois aussi, un problème politique.
06:52 On est à six mois des élections européennes, et des attentats qui auront lieu sur le sol européen,
06:59 depuis Bruxelles, on se dit que ça va nécessairement alimenter la rhétorique d'extrême droite,
07:06 une rhétorique d'extrême droite qui est déjà extrêmement, j'ai envie de dire, en vogue,
07:11 puisqu'on a vu que dans un grand nombre de pays européens,
07:13 l'extrême droite est souvent soit carrément la première force politique,
07:18 soit la seconde force politique.
07:20 Donc vu de Bruxelles, il y a tout ça, c'est-à-dire qu'à la fois inquiétude,
07:23 et puis on se dit politiquement qu'elles vont être les retombées.
07:25 Et on la rappelle, la personne qui a été tuée hier soir était un ressortissant allemand, un touriste allemand.
07:31 Et évidemment, en Allemagne, cette question est suivie de près.
07:34 Nathalie Vergeux, vous êtes la correspondante de France Info en Allemagne.
07:38 Quelle réaction il y a-t-il chez nos amis allemands ?
07:41 Il est encore trop tôt pour les réactions politiques,
07:44 même si l'attaque au couteau de la tour Eiffel est en une des sites d'information ce matin.
07:49 Un Allemand tué lors d'une attaque terroriste à Paris, titre par exemple le "Tabloid Bild",
07:54 insistant sur le motif islamiste de l'attaque.
07:57 Le reste de la presse est plus prudent, attend les suites de l'enquête.
08:02 L'attaque intervient dans un contexte sécuritaire tendu outre-Rhin
08:06 depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
08:09 Mercredi dernier, le chef des renseignements allemands
08:12 estimait que le risque de violence avait rarement été aussi élevé dans le pays.
08:17 La semaine dernière toujours, la police a arrêté trois personnes
08:21 soupçonnées de vouloir commettre un attentat contre un marché de Noël et une synagogue.
08:26 Nathalie Vergeux, la correspondante de France Info en Allemagne, pardon, à Berlin.
08:31 François Baudelaire le disait il y a quelques instants,
08:33 François Baudelaire le disait, ça risque d'alimenter une rhétorique au niveau de l'extrême droite
08:38 puisque ça se passe évidemment à peu près dans tous les pays,
08:40 en tout cas dans un certain nombre de pays européens.
08:44 Louise Baudet, il y a aujourd'hui une réunion des populistes européens,
08:48 en tout cas d'une partie de l'extrême droite européenne à Florence.
08:50 Ça fait partie de tout ça des thèmes, la question de l'immigration qui est liée au terrorisme,
08:55 tout ça est un petit peu mélangé à chaque fois, à dessein bien évidemment.
08:58 C'est bien pour ça justement qu'il faut parler assez précisément des faits
09:01 et dire que l'attaque d'hier soir ne relève peut-être pas de la faille européenne en matière d'immigration,
09:10 puisqu'on parle là de quelqu'un qui était français et qui n'était touché par aucune QTF.
09:14 Ceci étant, vous avez raison, cette réunion cet après-midi à Florence
09:20 d'un certain nombre de personnalités issues de l'extrême droite européenne,
09:23 autour de Matteo Salvini,
09:24 Matteo Salvini, Geert Wilders ne sera pas là mais il sera représenté,
09:27 Jordan Bardella sera présent pour le Rassemblement national.
09:31 Et bien évidemment, la question des attaques terroristes fait partie des sujets qui seront abordés.
09:39 C'est une question, c'est l'une des questions phares pour l'extrême droite européenne,
09:47 la question de la protection, protection des frontières,
09:51 protection de ce qui fait aussi l'identité européenne,
09:56 avec souvent le lien qui est fait entre terrorisme, immigration, islam,
10:01 alors que ce sont clairement des questions qui ne peuvent pas être tout le temps mélangées en permanence comme ça,
10:05 sinon on raconte parfois un peu n'importe quoi.
10:07 Les informés, on se retrouve dans un instant juste après le Fil info de Mathilde Romagnol à 9h51.
10:12 Les réactions sont nombreuses ce matin après l'attaque au couteau à Paris.
10:16 Hier soir, nous ne cèderons rien face au terrorisme, a dit la Première ministre Elisabeth Borne sur le réseau social X.
10:23 Emmanuel Macron, lui, présente ses condoléances aux proches de l'Allemand tué.
10:28 Et Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, elle, salue la réactivité des forces de l'ordre.
10:33 Un incendie est en cours en Corse. Près de 120 hectares de végétation ont brûlé.
10:38 Hier, la Corse était en vigilance orange pour vents violents,
10:42 avec des rafales à 185 km/h par endroit.
10:46 Hier soir, 3500 foyers étaient toujours privés d'électricité.
10:50 Et puis en Savoie, plus d'un millier de foyers étaient toujours privés de courant hier soir,
10:54 après d'importantes chutes de neige dans le département.
10:57 Le football et la France connaissent deux de ses trois adversaires.
11:01 Pour l'Euro 2024 en Allemagne, ce sera les Pays-Bas, l'Autriche et le vainqueur des barrages du groupe.
11:06 Un tirage relevé, mais pas insurmontable pour les Bleus.
11:11 [Générique]
11:13 France Info
11:15 Les informés de l'Europe. François Bodonnet, Jean-Rémy Baudot
11:21 Les informés de l'Europe, de retour sur le plateau avec François Bodonnet,
11:26 Marc Semot du Monde, ainsi que Louise Baudet de la rédaction internationale de Radio France.
11:32 On parle climat, on est en pleine COP28 à Dubaï,
11:35 rendez-vous évidemment essentiel pour l'Union européenne.
11:37 François, parce que le climat, c'est la priorité affichée de la Commission européenne depuis le début de son mandat.
11:42 Oui, pacte européen pour le climat, ou encore "Green Deal" en anglais,
11:46 on aime beaucoup les expressions anglaises à Bruxelles.
11:48 On le dit très bien.
11:49 Dès qu'elle est arrivée à la tête de la Commission européenne en 2019,
11:52 Ursula von der Leyen, cette fois c'est de l'allemand, a fixé le cap, un cap ambitieux.
11:57 L'Europe devra être un continent neutre en carbone en 2050.
12:01 Et ce vendredi, avant-hier, donc à la tribune de la COP28,
12:04 devant les dirigeants du monde entier, la présidente de la Commission a voulu montrer que l'Europe était en pointe
12:09 et elle a appelé les autres pays à la suivre.
12:12 Cette COP peut entrer dans l'histoire.
12:16 Je renouvelle l'appel de l'Union européenne à tripler les énergies renouvelables
12:20 et à doubler l'efficacité énergétique d'ici à 2030.
12:25 Et selon Ursula von der Leyen, 116 pays se sont déjà ralliés à cet appel,
12:30 à multiplier par 3 les énergies renouvelables en 2030.
12:33 Et donc l'Union européenne veut montrer qu'elle a, Jean-Rémi, un rôle de leader sur le climat,
12:37 même si nous verrons dans un instant que le verdissement de l'Europe est en train de subir un sacré coup de frein.
12:44 L'Europe, leader sur le climat.
12:46 Louise, dans ce même discours à Dubaï, Ursula von der Leyen disait également que l'Europe avait atteint son pic de pollution,
12:51 qu'elle commençait à baisser. Est-ce que l'Europe est peut-être un exemple, allez, pour d'autres continents ?
12:56 En tout cas, c'est comme ça qu'elle aime à se présenter, comme la championne du climat.
13:01 Ce n'est pas complètement faux. En termes d'engagement, d'abord, on en parlait à l'instant, le Green Deal adopté en 2019.
13:08 C'est quoi ? C'est la visée de la neutralité carbone en 2050, c'est-à-dire ne pas émettre plus qu'on ne peut absorber.
13:15 C'est la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici à 2030. C'est demain, 2030, par rapport à 1990.
13:24 L'Union européenne, c'est vrai, a atteint son pic. Ses émissions diminuent.
13:28 Et ce pacte vert, ce Green Deal, eh bien, il doit mettre concrètement en musique ses engagements.
13:34 C'est là où on va voir que ce n'est peut-être pas si simple que ça.
13:37 Qu'est-ce que c'est le Green Deal ? Des dizaines de textes, de normes environnementales.
13:41 Pas tout d'adopté, on va y revenir, mais quand même, la fin des voitures thermiques en 2035, les quotas d'émissions de carbone.
13:47 Là-dessus, l'Europe est effectivement leader en matière de normes environnementales.
13:51 Mais il y a quand même beaucoup de mais. D'abord, l'Europe exporte une partie de sa pollution, il faut le dire.
13:57 En important et en délocalisant aussi sa production.
14:01 Et puis, il y a la responsabilité historique de l'Europe avec son industrialisation. On va y revenir aussi.
14:06 Puis enfin, il y a des reculs quand même, parfois, peut-être conjoncturels, mais frappants.
14:11 Je vous donne ce chiffre. La demande de charbon sur le vieux continent a bondi de 8% l'an dernier,
14:16 à cause des conséquences de la guerre en Ukraine sur le marché de l'énergie.
14:20 Louise faisait référence à la responsabilité historique de la pollution.
14:24 Si je schématise Marc Seymour, c'est un peu la pollution chez nous qu'elle a commencé.
14:28 Oui, c'est vrai. La révolution industrielle, c'est chez nous que ça a commencé.
14:31 Mais il s'est passé beaucoup de choses depuis le 19e siècle, notamment au 20e.
14:35 Un certain nombre de pays émergents ont fait des industrialisations à outrance qui ont été dévastatrices pour l'environnement.
14:41 On remarquera que dans la liste de la COP, des pays comme l'Inde et la Chine sont encore classés pays en développement,
14:47 ce qui quand même peut faire sourire.
14:49 Donc il y a aussi cette manière qu'a une partie du Sud, qui par ailleurs n'est pas un ensemble homogène.
14:53 Il n'y a pas grand chose de commun entre un pays sahélien et la Chine,
14:57 de jouer de la mauvaise conscience de l'Europe et de, effectivement, cette Europe qui a raison,
15:03 se veut exemplaire en matière de lutte contre le changement climatique,
15:06 qui a en termes d'affichage un tout bon, c'est impressionnant, l'ensemble de mesures qu'a présentées Ursula von der Leyen,
15:15 notamment à la COP 28.
15:18 Mais il y a aussi la réalité d'opinions européennes qui, de plus en plus,
15:23 renâclent devant ce qu'elles considèrent être une écologie punitive.
15:27 Et les extrêmes-droites, qui ont déjà attisé toutes les peurs sur l'immigration, l'islam, le terrorisme,
15:33 maintenant les extrêmes-droites s'engouffrent là-dedans et font encore plus monter cette espèce de rejet.
15:43 La question de l'écologie punitive a été centrale dans les élections aux Pays-Bas avec la victoire de Gerd Wilder, de l'extrême-droite.
15:50 Elle est centrale en Allemagne où les gens se mobilisent pour défendre leur chaudière à gaz.
15:56 Les voitures thermiques, leur interdiction à partir de 2035, font très peur en France.
16:03 Et donc tout ça nourrit quelque chose qui fait que depuis un certain temps, on s'aperçoit,
16:08 on l'a vu au Parlement européen, avec le rejet du texte sur les pesticides,
16:14 on l'a vu avec le fait d'avoir totalement édulcoré la loi sur la restauration de la nature,
16:20 et donc c'est en train de monter, ça ne va pas s'améliorer dans la future Assemblée.
16:23 Ça ne va pas s'améliorer, François, c'est ce qui fait que peut-être l'Europe est moins allante qu'elle l'était à une époque aujourd'hui ?
16:28 Oui, complètement. Marc Semmel a très bien résumé.
16:31 En fait, depuis quelques semaines, il y a un coup de frein qui est donné sur l'écologie en Europe
16:35 sur un certain nombre de textes qui sont des textes importants.
16:38 On a vu par exemple que l'Europe a réautorisé pour 10 ans le glyphosate.
16:42 Et là, maintenant, toute la question, c'est de savoir ce qui va se passer avant les élections européennes.
16:46 Il est fort probable que sous la pression de l'extrême droite, mais aussi d'ailleurs de la droite,
16:50 en tout cas des conservateurs européens, l'Europe continue à freiner sur l'écologie et sur le climat.
16:56 Donc l'ambition était très forte, mais on verra d'ailleurs par ailleurs si dans les prochaines élections de juin prochain,
17:02 les thématiques européennes pèseront lourd dans le vote des Européens.
17:07 Merci beaucoup aux informés de l'Europe d'avoir été avec nous.
17:11 Louise Bodet, journaliste à rédaction internationale de Radio France, spécialiste des questions européennes.
17:15 Et puis Marc Semmel, collaborateur du Monde.
17:18 Et on vous lit aussi dans le magazine Challenge.
17:20 François Bonnani, on vous retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode des Informés de l'Europe.
17:24 [Musique]

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