«50 ans après l’Archipel du Goulag, le cri de Soljenitsyne résonne toujours»

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Le coup d’œil d’Eugénie Bastié" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 - Oui, d'abord le clin d'œil du lundi de Eugénie Bastien. Bonjour Eugénie. - Bonjour Dimitri.
00:04 - Alors ce matin vous voulez nous parler d'un livre publié il y a tout juste 50 ans et qui a changé, il faut le dire, la face du monde.
00:10 - Oui, il y a tout juste un demi-siècle, en décembre 1973, par essai en russe à Paris, un livre dont on peut dire qu'il a fait l'histoire.
00:18 Ce livre c'est "L'archipel du goulag" d'Alexandre Solzhenitsyn.
00:22 Écrit dans le plus grand secret, cet essai d'investigation littéraire, comme il l'appelle,
00:26 réunit les témoignages de plus de 200 zèques, ces prisonniers du goulag, ainsi que l'expérience de l'auteur lui-même.
00:32 Le monde découvre alors l'histoire cachée du bagne communiste.
00:36 Rappelons quelques chiffres effrayants.
00:38 Au moment de la mort de Staline en 1953, 5,5 millions de personnes sont dans les camps soviétiques, soit 3% de la population totale.
00:46 En tout, ce seront 17 millions de personnes qui passeront par le goulag,
00:50 auxquels il faut ajouter les 1 million de fusillés par Staline qui n'atteindront jamais le goulag.
00:54 Solzhenitsyn nous raconte cette histoire, l'histoire d'un système carcéral inouï.
00:58 Ces goulags déportés dans la taïga, loin de tout point d'eau, ces morts d'épuisement, de froid et de tuberculose.
01:04 Ces cadavres pelotonés sur une épluchure dans une cuisine.
01:07 Il nous raconte l'histoire de cette détenue, par exemple, qui, ayant dit à voix haute du bien d'un prisonnier évadé,
01:12 est condamné à rester au garde-à-vous dans un froid glacial pendant plus de 20 heures,
01:17 sans avoir le droit de battre des pieds pour se réchauffer.
01:20 Solzhenitsyn écrira "jeune fille, je te le promets, le monde entier entendra parler de toi".
01:26 Ce livre est cette promesse.
01:28 - Alors justement, comment est-il reçu à sa sortie, ce livre ?
01:31 - Alors ce fut un électrochoc, notamment en France, qui déchira l'intelligentsia,
01:35 qui fumait encore à l'époque l'opium du communisme.
01:38 Alors oui, des récits circulaient déjà sur le goulag, et ceux qui voulaient bien voir avaient déjà vu.
01:44 Mais on considérait toujours qu'il fallait distinguer le stalinisme de la révolution socialiste.
01:49 Ce que montrait Solzhenitsyn dans ce livre, c'est que le système concentrationnaire
01:53 était indissociable de l'utopie mensongère du communisme.
01:56 Alors évidemment, le parti communiste français lança une campagne pour peindre Solzhenitsyn en réactionnaire.
02:02 Mais rien n'y fit. Ce livre fut, selon la belle expression de Georges Niva,
02:06 "le cri qui déclencha l'avalanche" et précipita la fin du communisme,
02:10 d'abord chez les intellectuels occidentaux, puis en URSS.
02:14 Deux mois plus tard, Solzhenitsyn fut arrêté, déchu de sa nationalité et expulsé de Russie.
02:20 Il passera 20 ans en exil en Occident.
02:22 - Alors c'était donc il y a 50 ans, "L'archipel du goulag". Est-ce que ce livre est toujours d'actualité, Eugénie ?
02:27 - Alors ce livre n'a pas pris une ride, il faut le lire.
02:29 Et d'ailleurs, il y a une version, je vous montre, "L'archipel du goulag", 50 ans après,
02:33 qui vient de sortir chez Fayard et qui rassemble des morceaux choisis d'une oeuvre
02:36 qui est absolument colossale, évidemment, que je vous conseille.
02:39 Alors, il faut le lire parce que d'abord, il nous rappelle la cruauté et l'horreur des crimes communistes
02:43 que certains voudraient toujours occulter ou relativiser.
02:46 Ensuite, parce qu'en Russie, aujourd'hui, Solzhenitsyn n'est plus lu.
02:50 Certains réclament même qu'il ne soit plus étudié à l'école.
02:52 Le régime poutinien voudrait oublier cette mémoire du goulag au profit d'une nostalgie de la Russie soviétique.
02:58 Enfin, il faut lire Solzhenitsyn parce qu'au-delà de la dénonciation d'un système politique,
03:03 c'est une oeuvre littéraire, en même titre que celle d'Omer, de Dante ou de Primo Levi.
03:08 C'est un poème sur la fabrique de la violence qui nous rappelle que le bourreau peut sommeiller en chaque homme.
03:14 C'est une description minutieuse également de la fabrique du mensonge
03:18 qui nous parle encore aujourd'hui à l'heure où certains refusent toujours, par idéologie, de nommer le réel.
03:24 Voilà, lire ou relire aussi de Solzhenitsyn, si je vous le permettez, Eugénie Bastier, son discours à Harvard en 78.
03:31 Cinq ans plus tard.
03:33 Le déclin du courage, peut-être le trait le plus saillant de l'Ouest écrit Solzhenitsyn à l'époque.
03:39 Lisez ça, ce texte est assez court.
03:41 Ça n'a malheureusement pas pris une ride.
03:43 Signature Europe 1, Eugénie Bastier. Merci beaucoup Eugénie.

Recommandée