Manquera-t-on d’eau un jour ? Poser cette question aurait été saugrenu il y a une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, à l’heure des sécheresses extrêmes et de la consommation à tout-va, l’eau se raréfie. La France est-elle prête à faire face à cette réalité ? Entre politiques de l’eau et changement du modèle alimentaire et agricole, les solutions sont sous nos yeux - et à l’étranger !
Avec :
Pierre Ribaute, directeur général Eau France chez Veolia
Lionel Alletto, chercheur en agroécologie, directeur de recherche INRAE
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00:26 Bienvenue, si vous nous rejoignez, vous avez sans doute remarqué qu'on est pour cette 12e édition de Futurapolis Planète en configuration Agora.
00:33 C'est-à-dire que vous aurez la possibilité de poser vos questions au terme de cette session en allant sur menti.com et d'entrer le code 5602-3504 ou tout simplement en flashant le QR code.
00:43 Alors on aborde tout de suite, et vous l'aurez compris, ce sera un petit peu la thématique de ces deux jours, une autre question existentielle, grande sécheresse, la France est-elle prête ?
00:52 Manquera-t-on d'eau un jour ? Poser cette question aurait été saugrenu il y a une cinquantaine d'années.
00:57 Aujourd'hui, à l'heure des sécheresses extrêmes et de la consommation à tout va, l'eau se raréfie. La France est-elle prête à faire face à cette réalité ?
01:05 Entre politique de l'eau et changement du modèle alimentaire et agricole, les solutions sont sous nos yeux et à l'étranger.
01:12 Merci de réserver un bel accueil à Pierre Ribotte, qui est directeur général Offranches et Veolia, Lionel Aleteau, chercheur en agroécologie, directeur de recherche à l'Inrae, et Nicolas Bastuc, journaliste au Point.
01:21 Bonjour, bonjour et merci d'être là pour ce nouveau débat.
01:34 Sécheresse, la France est-elle prête ? Avec deux invités très avisés pour développer ce thème.
01:43 Pierre Ribotte, d'abord. Bonjour, monsieur Ribotte et merci d'être là.
01:47 Vous êtes le directeur général de l'eau chez Veolia en France et vous avez fait toute votre carrière dans l'eau.
01:52 Si j'ose dire, vous êtes chez Veolia depuis 2008.
01:55 Vous êtes polytechnicien et vous êtes à la tête de cette entreprise, de ce groupe qui emploie 12 400 collaborateurs et dessert 23 millions d'habitants.
02:07 C'est assez énorme.
02:09 Et puis, à vos côtés, Lionel Aleteau, directeur de recherche à Inra, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
02:19 Votre spécialité, monsieur Aleteau, c'est la transition agroécologique et plus précisément, le rôle du sol comme élément majeur de cette transition.
02:28 On va voir ça dans un instant. Mais d'abord, les phénomènes des périodes de sécheresse intense, plus longues qui peuvent débuter très tôt dans la saison et se prolonger loin dans la saison d'automne.
02:41 Des pluies qui finissent par arriver, mais trop tard et surtout trop intense pour pouvoir s'infiltrer, recharger les nappes et faire face à nos besoins.
02:50 Des dégâts parfois considérables dans les habitations et les cultures. Ce scénario climatique sur lequel la plupart des experts s'accordent.
02:58 Eh bien, on en a eu un avant goût à concentrer cette année. Est il amené à se répéter? Et la sécheresse va-t-elle devenir endémique?
03:07 Alors, je me tourne vers vous d'abord, monsieur Aleteau. Est ce qu'on peut? Est ce qu'on peut faire des prévisions et lire dans la boule de cristal, en tout cas pour les prochaines années?
03:17 Alors, je ne sais pas si c'est une boule de cristal, puisque les outils que mobilisent nos collègues climatologues ou météorologues ou les collègues membres du GIEC ont aujourd'hui des outils qui sont avec une confiance, peut être, j'espère en tout cas meilleure que dans une boule de cristal.
03:34 Et du coup, les projections qu'il nous donne et qui nous présente régulièrement confortent le fait que ces phénomènes que l'on a observé, qui s'accélèrent depuis quelques années, vont devenir la norme.
03:46 À savoir des sécheresses et pas même pas une sécheresse. On va avoir des épisodes de sécheresse qui vont apparaître à des périodes de l'année où on n'en avait pas l'habitude d'en avoir.
03:54 Donc, la sécheresse estivale pouvait être en particulier dans le sud de la France relativement connue. Mais les sécheresses automnales, hivernales ou printanières sont nouvelles et amènent à réellement à repenser notre gestion agricole des territoires.
04:10 Et ces chèvres sont souvent associées à des phénomènes thermiques forts. Donc, en plus d'avoir peu d'eau, on a des températures élevées. Donc, on a besoin de réfléchir, effectivement, à repenser nos systèmes parce que ça va devenir la norme assez rapidement.
04:27 Alors, monsieur Ribot, vous dirigez l'activité de Veolia. Est ce que vous avez les mêmes informations que nous sur ce qui risque de se passer et de se reproduire plus précisément dans les prochains temps ?
04:38 Oui, mais pardonnez cette question naïve, mais est ce que ces changements ont un impact sur votre stratégie, sur votre activité, sur votre manière d'envisager l'avenir ?
04:50 Je partage complètement les éléments de mon collègue. Effectivement, ça fait quelques années que les rapports du GIEC annoncent l'augmentation des températures, la perturbation du cycle de l'eau du fait du dérèglement climatique.
05:07 Et si on ne sait pas précisément regarder vers le futur, on sait en revanche assez précisément regarder le passé. Et quand on regarde le passé sur les 20 dernières années, qu'est ce qu'on constate ?
05:18 On constate que si on place les années les unes après les autres sur un graphe avec deux axes, moins chaud, plus chaud, plus humide, moins humide, on voit que si on fait des paquets de 5 années, ces paquets se déplacent vers la zone qui est plus chaude, plus sèche.
05:38 Donc, l'histoire que prédisent les modèles produits par le GIEC et toutes les études sur le couplage et le cycle de l'eau que produit le monde scientifique, l'histoire qu'ils racontent, c'est l'histoire qu'on a vécu.
05:56 Donc, il faut se préparer à une accélération de cette mécanique. Ça, c'est le premier élément. Le deuxième élément, par rapport au cycle de l'eau, très probablement, l'eau ne sera plus exactement là où elle était, là où on l'a connue, là où nos parents l'ont connue, nos grands-parents, etc.
06:17 Et là où le monde tel qu'on le vit, avec ses infrastructures, pour la partie qui nous concerne, de potabilisation, de collecte, de traitement, ont été construits.
06:28 Donc, on a un enjeu de variabilité du cycle de l'eau. Vraisemblablement, les précipitations seront en quantité équivalente. Ce qui va changer, c'est la répartition dans le temps.
06:42 Et donc là, effectivement, dans notre pays, qui a un gentil climat tempéré avec de la neige en hiver, des pluies en automne au printemps et puis moins de pluie et des temps chauds, on va dire plus ou moins chauds en été.
06:54 C'est ça qui va changer. Et donc, qu'est-ce qui se passe quand les infrastructures, pour la partie qui nous concerne et qui concerne nos clients collectivités, qui sont en charge de la production, la distribution de l'eau, de la collecte et du traitement des eaux usées domestiques,
07:08 liées à l'habitation urbaine humaine ? Qu'est-ce qui se passe lorsque ces infrastructures sont soumises à trois mois de pluie relativement intense et puis quasiment plus rien le reste de l'année ?
07:21 Ce qui peut se passer dans certaines régions, par exemple, dans laquelle on est. C'est ça le sujet. Effectivement, ça a un impact sur la façon dont nous, les services qu'on fournit aux collectivités, vont devoir être adaptés.
07:36 Pourquoi ? Parce que le cycle de l'eau, la réalité physique du monde sur laquelle on a construit des infrastructures qui permettent d'assurer un service en France de qualité en continuité, va être secoué.
07:47 Donc se pose la question de ces infrastructures pour la partie qui est la nôtre. On discutait de l'interaction avec le monde agricole. Comment ces infrastructures, soumises à un stress qui va être très probablement croissant parce que l'histoire passée nous dit que c'est croissant.
08:02 Ça va être plus chaud, plus sec et ça va continuer. Comment ces infrastructures réagissent ? Il faudra très certainement adapter aussi les infrastructures à cette nouvelle zone climatique.
08:16 Alors on va y revenir. Donc le même volume d'eau, globalement, en tout cas à court terme, mais des périodes sans eau plus longues et peut être plus inattendues et qui pourront nous prendre par surprise.
08:30 Est ce que la France, malgré tout, vous venez de répondre en partie à la question. Est ce que la France, malgré tout, est assez privilégiée par rapport à d'autres régions du monde ou d'autres pays en Europe?
08:42 Est ce qu'on a des atouts? Est ce qu'on sera un peu plus à l'abri et moins exposé à ces changements climatiques que d'autres régions?
08:50 Oui, je commence par quelques éléments. L'Europe est globalement plus exposée que d'autres régions du monde aux effets du changement climatique.
08:59 En tout cas, les effets se manifestent fortement et on va dire l'Europe au sens large. Donc la France étant dans l'Europe, malheureusement pour nous, j'allais dire, on a déjà des effets forts.
09:10 Et a priori, les modèles climatiques convergent sur le fait que l'Europe est une zone sur lequel des effets seront importants.
09:16 Donc, l'adaptation est plus que nécessaire. J'entends complètement ce qui vient d'être dit et donc il est temps d'agir puisque l'anticipation est courte.
09:26 Maintenant, on a quelques décennies d'alerte qui ont déjà été mentionnées et donc, c'est comment on se met en marche pour apporter des solutions?
09:35 Parce qu'heureusement, il y en a, mais on n'est pas. On n'est pas plus privilégié ou plus épargné que d'autres pays.
09:43 Simplement, je dirais qu'on a la chance d'avoir des infrastructures et un modèle économique qui nous permet de nous adapter peut être plus facilement que d'autres pays.
09:51 Et c'est en cela qu'on a une possibilité et aussi un devoir d'action. Alors nous sommes prêts. C'est le titre, mais il faut y ajouter un point d'interrogation.
10:01 Sommes nous prêts pour faire face à ces changements, à ces périodes de sécheresse qui seront plus longues, plus plus intenses?
10:08 Alors, sommes nous prêts au regard de nos infrastructures? Est ce que les consommateurs se sont déjà préparés à cette nouvelle donne?
10:16 Est ce que la ressource sera suffisante? Vous avez deux minutes.
10:23 C'est une grosse question que vous posez. Je ne sais pas trop me disperser, mais alors d'abord, les infrastructures, peut être.
10:30 Les infrastructures sont existantes. Et alors la question, effectivement, il faut s'adapter, adapter les infrastructures aussi.
10:41 Mais pas seulement. Il y a aussi des modes productifs dans lesquels il faut intégrer le fait que l'eau en France va subir quelques.
10:51 Le cycle va subir quelques modifications et donc on va avoir de la variabilité.
10:55 Comment on gère cette variabilité? Probablement en étant aussi en embarquant une sobriété qui est nécessaire dans les usages,
11:05 parce que sinon, si l'abondance est la base de conception de notre monde, lorsque la variabilité est là, ça ne marche plus.
11:14 Et je pense qu'il n'y a pas grand monde ici qui sait vraiment ce que c'est qu'une journée pendant laquelle ou un mois,
11:24 une journée en général, mais une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois sur lesquels, par exemple, je ne sais pas,
11:30 une période de deux heures à six heures l'après midi, il n'y aurait pas d'eau.
11:36 Donc, on imagine le choc. Nos compatriotes de Mayotte en ont fait la mère expérience.
11:40 Oui, effectivement. Donc voilà. Et effectivement, la question, une question importante, c'est comment l'expérience des uns sert aux autres.
11:47 Bon, là, ça, c'est ça semble. C'est un sujet. C'est un sujet délicat parce que à quoi ressemble la France des 20 prochaines années dans 20 ans?
11:57 Au raison des 2050, on le sait, les scientifiques nous le disent. La France aura une grosse approximation, mais c'est juste.
12:08 C'est une bonne représentation. L'Espagne de la France de 2050, c'est l'Espagne d'aujourd'hui. L'Espagne d'aujourd'hui.
12:15 Les Espagnols ont commencé à s'adapter. Donc la bonne nouvelle, c'est que les solutions existent. Un groupe comme Veolia possède ces solutions.
12:22 Nous les maîtrisons et ces retours d'expérience et ces retours des groupes internationaux extrêmement utiles et des situations diverses sont extrêmement utiles.
12:29 Et nous, ce qu'on voit, c'est que dans les pays qui sont soumis à un stress hydrique très important et où il y a eu des réactions, rarement de l'anticipation,
12:37 mais des réactions, on voit bien que la façon de penser l'eau et le rapport à l'eau est très différent.
12:46 Je vous donne un exemple en France pour une activité économique et touristique de type les golfes.
12:54 C'est un sujet qui peut vous intéresser aussi en France. Si vous voulez arroser un golf avec des eaux recyclées, c'est à dire des eaux usées qui ont été traitées,
13:05 que vous affinez éventuellement pour améliorer encore la qualité, vous devez demander des autorisations. L'Espagne, c'est différent.
13:14 L'Espagne, c'est vous ne pouvez ouvrir un golf que si vous l'arrosez avec des eaux recyclées. Donc, on voit bien, c'est on regarde les choses de façon complètement différente.
13:24 Donc, ce que vous voulez dire pour répondre à votre question, on a les technologies. Un groupe comme les nôtres les maîtrise.
13:32 C'est on part d'une situation qui est favorable puisqu'on a un niveau d'infrastructure qui est tout à fait correct. Alors il est hétérogène en fonction des.
13:41 Je vous interromps sur ces infrastructures. J'ai interrogé ma consœur Géraldine Vosner, qui au point est la spécialiste de ces questions d'agriculture, d'environnement.
13:51 Elle me disait quand même qu'en France, on a un peu fait la politique de l'autruche sur les infrastructures.
13:55 Elles ne sont pas en si bon état que ça. Il y a notamment cette question des fuites. 30 30 % de pertes dues à un mauvais état des infrastructures.
14:04 Vous confirmez ces chiffres ? C'est très variable. Oui, vous avez des réseaux qui sont très bien maintenus, entretenus.
14:12 Donc, vous parlez de 30 % de suite. Le rendement de réseau des clients qui sont les clients de Veolia, c'est à plus de quatre.
14:18 C'est plus de 80 %. Donc, on est à 83 84 %. Donc, il y a des réseaux qui sont 90 91 % de performance, de rendement de réseau.
14:30 Donc, c'est très, très hétérogène. Donc, est-ce qu'on peut faire mieux sur le rendement des réseaux ?
14:35 Évidemment qu'on peut faire mieux parce qu'il y a des collectivités qui ont des réseaux en très mauvais état, avec des rendements de 50 60 %,
14:43 qui sont la conséquence en particulier d'un sous-investissement chronique. Donc, mais cette solution, mais on peut le faire.
14:52 Le savoir faire existe. Les technologies existent. Les capacités humaines et matérielles dans notre pays existent.
14:59 On peut le financer aussi parce que quand vous regardez, je reprends. C'est très intéressant de mon point de vue, de regarder ce qui se passe chez les autres pour essayer d'apprendre un petit peu.
15:08 L'Espagne a réussi jusqu'à présent, même s'il rencontre des difficultés encore incroyables sur le manque d'eau à titre d'information.
15:17 Barcelone est en train de regarder pour amener de l'eau par tanker de l'eau du Rhône pour alimenter la population, malgré des investissements dans des usines de dessalement d'eau de mer,
15:29 malgré de l'investissement massif dans du recyclage des eaux usées. Le taux de recyclage des eaux usées en Espagne est aux alentours de 15 %.
15:37 En France, nous sommes à moins de 1 %. Il n'y a pas de raison de se fouetter. Voilà un flagellé sur le sujet. On était dans un climat tempéré qui donnait suffisamment d'eau de façon relativement régulière.
15:53 Mais ça change. L'Espagne a su financer cette transition. Le PIB moyen par habitant en Espagne est 30 à 40 % en dessous du PIB français.
16:01 L'Espagne a su financer cette transition. Il n'y a aucune raison pour que notre pays ne soit pas capable de financer cette transition en trouvant notre modèle.
16:09 Je ne dis pas qu'on doit copier exactement ce qu'on fait dans l'Espagne. On doit trouver notre chemin. Mais les solutions existent. La capacité à financer ce que l'Espagne fait, je pense qu'on est capable de le faire.
16:19 On a une infrastructure de partage d'informations autour de la thématique de l'eau. C'est structuré en France, le discours sur l'eau. On peut l'améliorer, évidemment, comme tout. Mais on a déjà une bonne base.
16:35 Et là, maintenant, le sujet qui est sur la table, c'est chaque année qui passe où on ne prend pas une décision sur quelques thématiques que ce soit améliorer le comptage parce qu'on a besoin de mieux compter l'eau,
16:49 donner de l'information aux usagers pour qu'ils puissent avoir un comportement responsable de maîtrise de leur consommation. On ne travaille pas sur le rendement de réseau.
16:56 On ne travaille pas sur le recyclage des eaux et d'autres thématiques. Il y a toutes les thématiques de l'agriculture que vous avez évoqué. C'est une année qu'on ne va pas rattraper.
17:06 Et pendant cette année là, le dérèglement climatique, lui, va pas nous attendre. Il va continuer à avancer. Donc, on a urgentement besoin de faire des pas, même des micro pas, mais de les faire les uns après les autres dans la bonne direction.
17:20 Une question très rapidement qui nous intéresse tous le prix de l'eau. Est ce qu'il faut s'attendre à une augmentation dans les 5, 10, 20 ans qui viennent?
17:27 Est ce que l'eau va devenir sinon un produit rare, en tout cas un produit plus cher?
17:32 Qu'est ce que c'est que le prix de l'eau? Le prix de l'eau? Il finance un service. Donc, il finance des infrastructures éventuellement qu'il faut construire de la maintenance de ces infrastructures.
17:45 Il finance des gens qui exploitent et entretiennent ce réseau là. Donc, la transformation écologique, le besoin d'adaptation, il va aussi nécessiter plus d'infrastructures et il faudra investir.
18:00 Donc, ça aura un coût. Voilà maintenant quand on le ramène sur et les normes.
18:07 Ça, c'est sur l'aspect quantitatif. On ne discute pas qui est l'aspect qualité de l'eau, qualité de la ressource, qui est un sujet extrêmement important aussi, parce qu'il y a des enjeux de préservation de la ressource et aussi de traitement à court terme.
18:20 Mais je reviens sur le sujet. Nos voisins espagnols qui ont un PIB par habitant moins élevé que celui de la France ont réussi à financer et à créer les conditions qui leur permettent d'avoir un tourisme attractif, une industrie attractive, une agriculture qui quand même approvisionne beaucoup de nos marchés en France et en Europe et une vie.
18:48 Chacun d'entre nous, quand on a pu aller en vacances là bas, éventuellement, si on a été ou si on a de la famille ou des amis, on voit bien que ces gens là vivent et ne subissent pas des ruptures de services majeurs.
18:58 Donc, la France peut s'adapter. On a les moyens de s'adapter. Alors, monsieur, ce que ce que nous dit monsieur Ribot, c'est qu'il y a les technologies, il y a les savoirs faire, les infrastructures.
19:08 Mais il y a aussi nos comportements et c'est la clé. D'abord, est ce que vous partagez ce point de vue et puis votre spécialité, c'est l'agriculture. Il y a le comportement des agriculteurs.
19:18 Il ne s'agit pas du tout de les stigmatiser, mais vont-ils devoir revoir leur pratique, abandonner des cultures pour en favoriser d'autres, travailler autrement, laisser les sols se reposer?
19:27 Enfin, qu'est ce que vous pouvez dire là dessus? Alors, c'est évidemment une vaste question et toute la difficulté actuelle, c'est quand on aborde cette question.
19:37 On a un peu tendance à ne voir que des solutions dans un sens ou dans un autre sens. Et récemment, j'étais avec des collègues sur cette question de l'eau à discuter.
19:46 Un collègue a fait une réflexion qui m'a plu et que je porte, c'est de dire aujourd'hui, il faut oser l'outrance de la nuance, plutôt que d'être extrême d'un côté ou d'un autre, apporter de la nuance.
19:57 Et je pense que c'est particulièrement important quand on s'intéresse aux aspects d'eau, parce qu'on a des approches qui sont à l'échelle de territoires et chaque territoire se ressemble pour partie, mais diffère profondément.
20:08 Et notamment sur le climat, le climat local, la distribution de l'eau, la dynamique des aquifères ou des eaux superficielles.
20:16 Et donc, forcément, la solution unique et miraculeuse qui viendrait et qui nous permettrait de dire on règle tous les problèmes sur tous les territoires, elle n'est pas adaptée.
20:25 Et donc, ça, c'est particulièrement important parce que ça nous amène, nous, à repenser aussi nos façons d'approcher cette question de l'eau, y compris avec des collectifs d'agriculteurs et autres usagers de l'eau à une échelle de territoire.
20:36 Donc, c'est quand même ce qui est fait à l'échelle française par l'organisation en bassin versant ou en structure supra à chance de bassin.
20:44 Mais l'idée est bien là, et bien de résonner à l'échelle de territoire.
20:47 Et pourquoi apporter des éléments de réponse à votre question ?
20:50 On a pour habitude, quand on approche des questions complexes, de mobiliser un cadre qui est un cadre ESR pour nous, pour efficience, substitution, reconception.
20:59 C'est des niveaux de degrés de rupture plus ou moins forts, on va dire, dans les pratiques.
21:03 Et très clairement, sur certains territoires, on peut améliorer la gestion quantitative et qualitative de l'eau.
21:09 Parce que j'entends bien aussi cet argument. On a des grosses problématiques en lien avec le changement climatique d'érosion des sols qui amènent des matières en suspension dans les eaux.
21:15 Donc, il faut les gérer. Il faut éviter que les sols s'en aillent.
21:18 Et donc, par des pratiques déficientes, c'est-à-dire on change peu de choses, on améliore le fonctionnement, on comprend mieux ce qui se passe dans l'agro-système, c'est-à-dire la gestion de la parcelle, du territoire.
21:27 Ça passe.
21:28 C'est ce que vous appelez les stratégies d'esquive.
21:30 Par exemple, décaler des dates de semis, pas bouleverser fondamentalement la stratégie que met en oeuvre l'agriculteur.
21:38 Ça peut se passer dans certains territoires sur lesquels les contraintes sont peut-être pour l'instant encore mineures.
21:44 Et dans d'autres territoires, des stratégies plus radicales s'imposent.
21:48 Alors, est-ce que vous pouvez nous donner des exemples ? Est-ce qu'il faut renoncer à certaines plantations, à certaines cultures ?
21:54 J'étais encore hier avec des collègues des Pyrénées-Orientales. On va prendre un département dans lequel on est encore très largement en déficit hydrique de la région Occitanie.
22:01 Oui, la question se pose de remplacer certaines cultures parce qu'on a des temps d'action qui sont parfois longs quand on parle de plantes pérennes, donc l'arboriculture ou la viticulture.
22:10 Bon, la vigne se comporte plutôt bien face aux stress hydriques, mais on a quand même des décrochages.
22:15 Il y a quand même des événements qui nous amènent à penser que certains cépages seront plus adaptés.
22:20 Et en arboriculture, c'est très marqué.
22:22 Il faut repenser tout cela parce qu'agir maintenant sur un arbre, c'est avoir les effets dans 10 ou 15 ans.
22:27 Donc forcément, il faut qu'on projette. Sur des cultures annuelles également.
22:31 Alors, dans le coin, on a souvent entendu parler du maïs. Effectivement, c'est une plante qui porte un petit peu l'emblème de l'abondance de l'usage de l'eau.
22:39 Très consommatrice.
22:41 Oui, encore une fois, c'est une plante qui va être consommatrice à des moments où il y a peu d'eau.
22:45 Après, on a aussi des rapports de quoi dire. C'est une plante qui est assez efficiente pour produire de la biomasse quand il y a de l'eau qui lui est fournie.
22:54 Donc, dans certains territoires où l'eau n'est pas encore un facteur limitant, le Pays Basque, le Béarn, on a encore des pluies suffisantes.
23:00 Il ne faut pas remettre en question fondamentalement cette culture pour cet aspect là.
23:04 Il peut y avoir d'autres aspects, mais pour l'eau, ce n'est pas forcément la bonne entrée.
23:08 Par contre, dans d'autres territoires, je pense à des vallées alluviales, l'Ariège, dont on avait une alimentation pour l'irrigation qui était principalement issue de ressources issues de la fonte des neiges, issues de retenues dans les Pyrénées,
23:20 où la ressource se fait plus rare et en plus, elle doit être partagée.
23:24 Donc, ça, c'est un enjeu. C'est un bien commun partagé, l'eau.
23:27 Comment on fait ? Et là, clairement, il faut reconcevoir. Il ne faut plus que substituer.
23:32 Il faut reconcevoir des systèmes en allant chercher de nouvelles espèces que l'on réinsère intelligemment.
23:37 Mais ça, je fermerai ma question. Mon propos en disant ça amène évidemment des questions à d'autres échelles, des échelles de filières.
23:44 Il faut que les filières soient présentes pour que ces agriculteurs produisent quelque chose, une production qui leur est achetée.
23:50 Et l'une des clés, c'est la diversification. Vous y reviendrez peut être. Alors le temps file. Venons en peut être à quelques solutions.
23:59 D'abord, l'actualité, ces fameuses retenues de substitution, ces fameuses bassines. Vous avez peut être vu que des mules, des militants ultra écolos,
24:09 on peut peut être les qualifier comme ça été jugé cette semaine à New York. Est ce que c'est une bonne solution ?
24:15 Ces bassines, ces retenues de substitution. Monsieur Ribot, vous en pensez quoi ? Que faut il en penser ?
24:21 Je suis un grand spécialiste des bassines qui sont plutôt sur le monde agricole. Je voulais peut être faire un petit point par rapport à ce qui a été dit,
24:31 qui est la notion de temps long que vous avez évoqué sur la thématique de l'agriculture. C'est exactement le même sujet pour l'industrie.
24:39 Oui, l'industrie ou le domestique des infrastructures. Le monde des infrastructures est un monde entre guillemets de temps long.
24:47 Entre le moment où vous décidez, le moment où vous faites un peu de concertation, on finance, on réalise. Ça m'en met 10 à 15 ans.
24:55 Donc le monde des infrastructures de l'eau. Je ne parle que de celui là de 2035. À quoi il ressemble ? Il ressemble au monde de l'eau d'aujourd'hui.
25:03 Donc toutes les variabilités, on va devoir les gérer avec les infrastructures qui sont celles qu'on a aujourd'hui.
25:10 Et c'est pour ça que c'est très important. J'entends ce que vous dites. C'est un parallèle très intéressant complémentaire entre les deux domaines.
25:17 On va dire cette nécessité d'anticipation sur certaines thématiques. On l'a aussi dans le monde de la gestion entre guillemets du petit cycle de l'eau,
25:25 même si des choses peuvent être faites à très court terme dans les solutions qui concernent nos métiers et notamment l'agriculture.
25:35 La thématique agricole, effectivement, je vais laisser parler mon collègue qui est évidemment bien plus expert que moi sur le sujet,
25:43 mais sur les métiers de l'alimentation urbaine, domestique et industrielle. Les principes sont entre guillemets assez simples.
25:53 L'eau est trop précieuse pour être gaspillée. Donc il faut travailler prioritairement sur le gaspillage de l'eau. Gaspiller, c'est d'abord savoir ce qu'on consomme.
26:03 Donc compter, je l'évoquais, donner à l'usager, à l'utilisateur, qu'il soit éventuellement agriculteur, qu'il soit industriel, qu'il soit domestique,
26:12 qu'il soit organisme et qu'il utilise de l'eau, un hôpital, une école, une crèche, des moyens de monitorer et de piloter sa consommation.
26:20 Alors monitorer, pardon, mais vivre en temps réel sur votre téléphone. Voilà. Aujourd'hui, c'est ce qu'on déploie sur la métropole de Toulouse,
26:28 ce qu'on appelle des compteurs intelligents qui sont communiquants, qui, au lieu d'être juste visuel, il faut se déplacer au fond du jardin,
26:34 soulever une plaque, pousser quelques araignées pour regarder. Aujourd'hui, ces compteurs, la donnée vient à vous et notre groupe maîtrise ces technologies.
26:43 On a des technologies propriétaires qui permettent de communiquer de façon fiable parce que communiquer sur un compteur d'eau, c'est pas très simple.
26:49 Souvent, il y a de l'eau. Souvent, c'est loin et souvent, c'est sous terre. Mais on sait le faire et donc on sait amener les habitants de la métropole de Toulouse
26:55 et vivre cette expérience aujourd'hui dans le cadre du contrat qui nous lie à Toulouse métropole. C'est une première partie, donc mesurer, communiquer,
27:04 amener de l'information pour que chacun puisse piloter sa consommation et la maîtriser en conscience sans aller jusqu'au côté punitif.
27:12 Parce qu'aujourd'hui, pour maîtriser la consommation, on prend des arrêtés qui sont nécessaires, mais on laisse pas la possibilité aux gens d'inverser.
27:20 On décide pour eux de ce qui va se passer. Le sujet gaspillé, c'est le rendement de réseau, le travail sur le rendement, les investissements, avoir un patrimoine en bon état.
27:31 Jusqu'à un certain niveau et à partir d'un moment quand le patrimoine est en très bon état, ce qui fait la différence, c'est la qualité d'exploitation et donc la supervision,
27:39 la surveillance de ce réseau et là aussi, la rapidité d'intervention. En gros, dès qu'une fuite apparaît sur le réseau, il faut que je sois capable d'intervenir pour la réparer,
27:47 pour ne pas perdre cette eau, ne pas la gaspiller. Aujourd'hui, ce sont aussi des savoir-faire, des technologies qu'on maîtrise.
27:53 Sur la métropole de Toulouse, nous avons développé et déployé plus de 1600 capteurs sur les 3000 et quelques, 3300 kilomètres de réseau de Toulouse métropole.
28:03 Ce système qui est connecté à une plateforme de supervision qui s'appelle Comet, où nos opérateurs pilotent en temps réel le réseau et ont des informations sur les suspicions de fuite.
28:13 Ces solutions existent et elles sont très efficaces, permettent d'améliorer le rendement de réseau. Pour Toulouse, c'est plus de 88% de rendement de réseau aujourd'hui,
28:23 grâce à notre action, mais celle de Toulouse métropole. Le deuxième sujet, l'eau est trop précieuse pour être utilisée une seule fois.
28:30 Aujourd'hui, on prélève de l'eau en surface ou sur la nappe. On la met, quand elle est sous terre, on la remet à la surface, on l'utilise, usage domestique, industriel.
28:41 On la collecte dans des réseaux d'assainissement. On la traite à des niveaux assez élevés, compatibles avec le rejoin du naturel.
28:49 Et parfois, l'eau qui est rejetée est de meilleure qualité que l'eau de la rivière.
28:55 De la rivière, elle a un usage écologique, agricole, environnemental. Mais quand on est en littoral, cette eau, elle va à la mer.
29:02 Je ne dis pas qu'elle ne sert à rien, mais il faut se poser la question au moment où on manque d'eau. À certaines périodes de se poser la question de comment on gère cette eau dont on pourrait,
29:12 entre guillemets, fermer une boucle au moins pour une partie et donc faire du recyclage. Donc, ces solutions existent.
29:17 Et avec ces solutions là, on règle une très, très, très grande partie des enjeux de l'eau pour les usages domestiques et industriels.
29:25 Ça passe trop vite. C'est énervant, mais je voulais quand même, avant que nos amis de la salle puissent vous poser des questions, revenir à l'agriculture.
29:32 Donc, trois possibilités très rapidement. Donc la réutilisation des eaux. Monsieur vient d'en parler les retenues de substitution et puis le travail sur les sols.
29:41 Qu'est ce que vous pouvez dire très vite sur ces trois sujets très importants qui mériteraient un débat à eux seuls?
29:48 Oui, plus de temps. Clairement, on est dans l'illustration de ce que j'évoquais tout à l'heure de la nuance qu'il faut avoir,
29:54 puisque les retenues collinaires aujourd'hui ou les retenues de substitution ont très mauvaise presse parce qu'il y a eu des dérives d'utilisation, de mise en œuvre.
30:02 Alors qu'on a aussi des exemples de gestion concertée intelligente de cette ressource. Quand on regarde ce qui se passe, l'avantage, c'est qu'on peut se dire.
30:11 On voit des solutions qui répondent à plusieurs des enjeux qu'on a traité aujourd'hui. On parle des adaptations aux effets du changement climatique.
30:18 On parle du coup de conséquences en termes de gestion de l'eau. Moi, je vous disais tout à l'heure.
30:22 Pour cela, il faut diversifier pour diversifier. Il faut avoir des filières. Et du coup, ça nous amène en tant que consommateurs à consommer aussi peut être différemment.
30:30 Et je pense que le mix de solutions et la hiérarchisation par territoire des stratégies prioritaires et centrales.
30:37 Je donne un exemple concret. On a aujourd'hui une loi qui est en place, la loi Egalim, qui invite à repenser nos modes d'alimentation avec des projets alimentaires de territoire.
30:48 En parallèle, on a des programmes territoriaux de gestion de l'eau. On pourrait très bien se dire qu'on a une convergence de ces politiques publiques là pour arriver à raisonner.
30:56 Si besoin des retenues de substitution, retenue collinaire intelligemment positionnée dans un territoire avec peu d'impact sur le milieu,
31:02 parce que c'est ce qu'il faut avoir en tête et qui satisfasse prioritairement des besoins pour la population, par exemple de maraîchage.
31:08 Le maraîchage est aujourd'hui largement sous-produit dans nos territoires. Or, je mets au défi la plupart des jardiniers amateurs de produire des légumes sans eau.
31:19 Bon, mais là, on pourrait très bien se dire on a une gestion concertée de cette ressource sur un territoire et prioritairement, on l'affecte à des productions qui servent au territoire.
31:27 Alors, je ne suis pas en train de parler d'autonomie des territoires. Ce n'est pas du tout l'idée, mais bien de se dire on peut arriver à réorienter des usages pour une efficience et une alimentation qui correspondent aussi à des effets d'adaptation au changement climatique.
31:39 C'est sûr qu'on va vous réinviter parce qu'il faudrait vraiment qu'on parle des sols et de la stratégie. C'est votre truc. Et vous avez des solutions. Peut être y aura t il des questions?
31:47 Mais le temps est venu de donner la parole à Boris et aux questions de la salle.
31:52 Oui, alors moi, je me fais que le vecteur de notre public. Déjà, on peut applaudir nos deux invités. Bravo pour la qualité de vos échanges. Nous avons effectivement des questions, mais sur cette session, on a des timides.
32:05 Donc personne n'ose se lever pour la poser. Donc directement, je me ferai leur héros à UTE. Vous avez dit que la France et l'Europe sont plus exposées. Mais pouvez vous nous détailler le pourquoi?
32:16 Alors, je vais avoir vite des limites de compétence sur ce sujet puisque je ne suis pas climatologue, mais quand on regarde en fait les modèles météorologiques et climatologiques, on constate qu'on est dans une zone de point chaud.
32:28 Si je peux dire au niveau planétaire de dynamique atmosphérique qui s'opère et qui font que les effets du changement climatique sont très présents. On a différentes différentes courants de circulation, y compris marins,
32:40 qui font que ce qui faisait qu'on avait un climat tempéré fait qu'aujourd'hui, on a un climat qui se dérègle davantage. Alors, je parlais de l'Europe, mais c'est valable aussi pour le continent nord américain, dans lequel on a finalement des effets un peu équivalents qui s'opèrent.
32:52 Deuxième question, comment pouvons nous faire pour changer nos réseaux d'eau afin de ne plus avoir d'eau potable jetée à chaque chasse d'eau? C'est pour vous, monsieur.
33:04 C'est une bonne question. Alors, effectivement, ça pose la question de l'habitant, puisqu'il y a deux façons de le voir. Il y a l'eau potable qu'on amène dans l'habitation pour les usages domestiques, dont les chasses d'eau.
33:22 Et puis le deuxième, c'est à supposer qu'on ait de l'eau potable qui soit utilisée parce que c'est quand même le cas très majoritairement dans l'habitat en France pour les usages de.
33:34 Pardon, sanitaire et qu'on utilise de l'eau et donc pas des toilettes sèches. C'est tout qu'on récupère, comme on fait pour lui donner une autre vie. Donc, le premier, c'est un sujet de sujet sanitaire.
33:49 Il y a des études qui montrent quand même que qu'amener de l'eau non potable, notamment des eaux grises dans des sanitaires. Il y a quelques expérimentations qui montrent que,
34:02 notamment en Allemagne et aux Pays-Bas de mémoire, qui montre qu'on voit augmenter le taux de gastroenterie dans les foyers où ça s'est passé.
34:10 Bon, donc, il faut quand même regarder ça de façon très, très précise et très précautionneuse. Une fois qu'on a dit ça, il y a aujourd'hui des usages de l'eau qui sont aujourd'hui des usages d'eau potable.
34:22 Il faut qu'on remette en cause le point de départ. Ce serait plutôt la bonne eau pour le bon usage. Est-ce qu'arroser un espace vert, est-ce que le gazon, notamment, par exemple, à l'eau potable, est-ce que c'est est-ce que c'est la pratique?
34:39 La pratique la plus adaptée en 2023 et en 2030? Probablement pas. Est-ce que nettoyer des réseaux d'assainissement, donc des hydros curés?
34:50 Je donne cet exemple parce qu'il est très proche de notre métier à l'eau potable. Il faut s'interroger, c'est à dire mettre, nettoyer des bouchons dans des réseaux d'assainissement à l'eau potable.
35:00 Cette eau finissant dans une station d'épuration mélangée des eaux usées. On sait faire autrement en France. On sait faire autrement. Il y a quelques verrous qu'il faut qu'il faut lever.
35:12 Est-ce qu'utiliser de l'eau potable pour préparer des produits chimiques qui vont être mélangés à l'eau usée pour faire des traitements?
35:20 C'est ce qui se passe dans beaucoup de stations d'épuration en France. Est-ce que c'est la meilleure chose à faire? Non, etc.
35:27 Le nettoyage des voiries. J'en passe. Et d'autres. Et piscine. Il y en a beaucoup ici.
35:33 Toutes ces questions là. Aujourd'hui, on sait, en fonction du niveau de qualité qui serait demandé, on sait produire à partir des eaux usées.
35:43 Fermer des boucles. Certains pays, dans certains pays, nous avons participé à construire des usines, par exemple, qui peuvent aller jusqu'à la production d'eau potable à partir d'eaux usées.
35:56 Ce n'est pas le cas en France. On n'en est pas là, mais on sait faire toutes les qualités d'eau à partir des eaux usées.
36:05 Donc, on peut aller apporter des solutions très pratiques à ce sujet, c'est à dire substituer de l'eau potable aujourd'hui par une ressource renouvelable locale.
36:17 Parce que l'eau usée a l'avantage d'être une des rares ressources qui croient avec la population et on peut l'utiliser localement.
36:23 Donc, c'est ces éléments là qu'il faut débloquer et réserver l'eau potable pour les usages pour lesquels on se dit collectivement que c'est le bon usage.
36:34 Une question originale est ce que le passage à une alimentation végétale pourrait permettre de régler en partie le problème de l'eau étant donné l'impact de la consommation de viande?
36:42 Alors ça, monsieur Aletto, c'est vous qui allez répondre. En tout cas, donner quelques éléments. Oui, très probablement en partie.
36:50 Oui, aujourd'hui, on a une alimentation qui est exagérément carnée. On peut en débattre longuement, mais c'est par rapport à nos besoins nutritionnels.
36:59 On consomme trop de protéines d'origine animale, donc clairement, en réorientant une partie de notre régime alimentaire, je suis pas en train de dire de supprimer totalement l'alimentation d'origine animale,
37:10 mais en réduisant considérablement en allant vers des protéines végétales, on réduirait considérablement l'utilisation de l'eau pour la production de ces protéines végétales qui servent ensuite aux animaux.
37:21 Et on irait directement à une consommation humaine. En plus, c'est pas tout à fait les mêmes productions. On pourrait envisager, par exemple, pour être très concret, de produire plus de lentilles, plus de pois chiches,
37:29 qui sont des plantes qui sont peu gourmandes en eau et qui nous permettraient effectivement dans nos systèmes de culture d'avoir d'avoir un rééquilibrage et une réallocation de la ressource à d'autres à d'autres usages, par exemple.
37:41 Et quand on s'autoriserait à manger de la viande, choisir une viande qui ne relève, qui ne vient pas d'élevage intensif et non non raisonné.
37:51 Alors là, ça me donne l'occasion de parler un tout petit peu des sols, puisque vous disiez qu'on n'avait pas trop le temps, mais c'est bien l'idée.
37:55 Ce qui est extrêmement important, c'est de repenser les systèmes d'élevage en connexion directe avec le sol. Les systèmes de troupeaux allaitants à l'herbe ou même de bovins laitiers ou au vin.
38:07 Tous les systèmes de ruminants à l'herbe sont apportent des services environnementaux importants sur la qualité de l'eau.
38:12 C'est souvent des endroits où on a de l'infiltration qui s'opère et dans lesquels globalement, les pressions agricoles sont assez faibles.
38:20 Donc on a une bonne qualité de l'eau en tête de bassin versant. C'est important. Et les dérives viennent principalement des systèmes effectivement déconnectés des sols, des bâtiments à production intensive,
38:30 dans lequel on a une consommation importante d'aliments qui vient de l'extérieur. Et donc, on parle souvent d'eau virtuelle quand on parle d'alimentation et de transport d'aliments.
38:39 Donc, on transporte de l'eau en transportant des aliments et quand on les fait venir de différents territoires, voire de différents pays, ça amène à une consommation d'eau excessive.
38:46 Il est nécessaire de repenser et du coup, d'envisager vraiment notre consommation de façon raisonnable en se disant je suis acteur aussi de la production agricole parce que je consomme.
38:59 Les fuites d'eau dans le réseau sont un problème économique. Mais dans quelle mesure sont elles un problème écologique? Les fuites n'alimentent t'elles pas simplement les nappes?
39:08 Sur les bottes, les vertus des fuites. Alors y aurait-il quelques vertus aux fuites des réseaux? C'est un concept un peu. Oui, un peu particulier. La vertu de la fuite.
39:19 La vertu de l'eau, c'est pas que de l'eau, en fait. Donc, il faut la sortir de là où elle est. Il faut la pomper. C'est l'énergie. Il faut la traiter. Mais des produits chimiques.
39:31 Bref, donc, il y a une empreinte écologique environnementale. Le bilan, l'analyse du cycle de vie de la fuite, il est pas terrible, en fait.
39:42 Donc, je pense que quand on revient à des principes simples du bon sens, sans parfois pas besoin. Il faut se méfier aussi, entendu, du bon sens qui peut tromper.
39:53 Mais là, en la matière, le bon sens aide parce que c'est une question. Vous l'apprenez, vous la transportez quand vous prenez de l'eau, de l'eau de surface et que vous avez des fuites.
40:06 Pour votre surface, cette fuite, entre guillemets, si je suis le raisonnement qui est proposé, elle n'a pas une grande utilité. Donc, non, il faut éviter le gaspillage.
40:17 Et c'est un principe. C'est un principe de gestion de bon père de famille. Oui, je vous en prie, monsieur.
40:23 C'est un complément parce qu'on a souvent une réflexion un peu équivalente à celle des fuites des réseaux d'alimentation potable auprès de collectifs agriculteurs qui nous disent.
40:31 Mais moi, finalement, quand j'irrigue, une partie s'en va vers la nappe et finalement contribue à recharger la nappe. Alors pour nous, c'est un vrai souci parce que pour le coup,
40:38 quand on a du drainage qui s'opère en période de culture, on a souvent fertilisé ou traité ces cultures. Et donc, c'est aussi une voie de contamination des eaux.
40:47 Et donc, c'est une fausse bonne idée de se dire qu'on contribue à recharger les nappes quand on a une irrigation qui dépasse un petit peu les capacités de rétention du sol.
40:54 Un pilotage efficace des irrigations, c'est aussi un moyen de limiter les impacts sur la qualité de l'eau. Et ça, il faut aussi le véhiculer comme message.
41:01 Pour là, on a une réponse claire à cette question. Boris, vous avez mentionné le maïs comme une agriculture très consommateur d'eau, consommatrice d'eau.
41:08 Pouvez vous nous rappeler pourquoi, pour qui nous produisons du maïs? Une bonne question. On a beaucoup de filières.
41:16 Le maïs, c'est une plante qui, parce qu'elle est très cultivée, a été très étudiée. Beaucoup de programmes de recherche et de technologies qui sont développées autour de maïs.
41:23 Il y a beaucoup de plastique fabriqué à partir de maïs. On a des usages qui sont vraiment multiples. Donc on a des filières d'alimentation animale.
41:30 Alors en France, les filières de canard, de porc, de bovin en partie, qu'on exporte aussi vers l'Espagne.
41:36 Puis d'autres produits. En fait, il y a énormément de coproduits autour du maïs. Donc c'est une plante.
41:40 Quand on regarde dans le détail ce qu'elle amène, elle amène une diversité de produits qui sont intéressants et qui peuvent en plus contribuer à de la transition écologique également.
41:51 Donc c'est bien pour ça que je ne suis pas en train de dire c'est une plante qu'il faut supprimer.
41:54 Mais c'est un peu ce que je disais au début. C'est un peu ce que je disais au début. C'est un peu ce que je disais au début.
42:01 Donc, c'est un peu ce que je disais au début. C'est un peu ce que je disais au début.
42:04 Donc, c'est un peu ce que je disais au début.
42:06 Donc, c'est un peu ce que je disais au début.
42:08 Donc, c'est un peu ce que je disais au début.
42:10 Donc, c'est un peu ce que je disais au début.
42:12 Donc, c'est un peu ce que je disais au début.
42:17 Clairement, c'est une plante qui, si vous lui faites se priver d'eau de façon importante, elle va avoir une limite de productivité.
42:24 Il y a des efforts de fait aussi en sélection végétale qui font qu'on a des variétés qui sont bien plus tolérantes au stress hydrique que les variétés d'il y a ne serait-ce que quelques décennies.
42:33 Donc, on gagne par le progrès génétique, mais on atteint une limite.
42:36 Et là, la bascule dans la substitution, voire la reconception que j'évoquais tout à l'heure, elle devient importante sur certains territoires.
42:42 Dernière question rapidement, est ce qu'on pourrait s'inspirer de l'Espagne?
42:45 Deux questions qu'on va faire une question en une. Comment on peut pousser notre gouvernement à mettre en place des changements comme en Espagne?
42:50 Et pourrions nous obtenir de nouvelles technologies pour lutter contre la sécheresse?
42:53 Aussi, en prenant exemple sur l'Espagne, l'exemple espagnol, est ce que c'est à suivre?
42:57 Est ce qu'il y a des initiatives qui sont et qui pourraient être transposables en France?
43:00 On en a parlé déjà un petit peu.
43:03 Effectivement, beaucoup parlé. Oui, il y a évidemment des briques de solutions qui sont celles qu'on maîtrise,
43:10 puisque on les déploie dans ces pays qui manquent, qui vivent le stress hydrique avant nous.
43:15 Mais ce qui est important, c'est chaque territoire a des caractéristiques qu'ils partagent, mais ne se ressemblent pas.
43:21 Et donc, ce qui est très important dans le monde de l'eau, c'est quel est le projet autour de l'eau du territoire?
43:28 Quel est le projet du territoire dans lequel l'eau contribue?
43:32 Les briques de solutions ont entre guillemets. On en connaît déjà beaucoup.
43:35 Évidemment, on doit innover encore. On doit améliorer. On doit améliorer l'efficacité énergétique, l'efficacité chimique,
43:41 réduire l'empreinte en eau de ces technologies en matière, travailler sur la recyclabilité, etc.
43:47 Donc, on a encore beaucoup d'étapes d'amélioration.
43:50 Mais les principes de base physique, mécanique, chimique, biologique, ils sont on va dire.
43:56 On sait les explorer et les exploiter de façon efficace aujourd'hui.
44:00 Donc, les briques de solutions, c'est celles qui viennent dans ces pays là et qu'on fait déjà aussi pour partir en France.
44:06 On fait du télé-relevé, on travaille sur le remboursement de réseaux, les capteurs dont je vous ai parlé, le recyclage des eaux.
44:11 On en fait un petit peu. On a déployé Veolia avec ses clients, déployé sur un an depuis l'été de la sécheresse 2022.
44:19 On va dire plus de 50 stations de recyclage des eaux usées.
44:24 Donc, on sait le faire et on a un projet. On a travaillé un projet phare qui est le projet Jourdain porté par Vendéo,
44:31 qui consiste à prendre les eaux de la station d'épuration des Sables d'Olonne qui partaient à la mer,
44:36 faire sur la station d'épuration des Sables d'Olonne une unité d'affinage des eaux pour produire une eau d'une qualité extrêmement élevée.
44:45 Voilà, à travers des principes de filtration, d'osmose inverse, basse pression.
44:49 Cette eau est remontée ensuite dans le cadre du programme Jourdain de Vendéo jusqu'à une retenue,
44:56 le réservoir du Jaunet, qui vient se mélanger avec une ressource naturelle d'une rivière,
45:01 qui ensuite vient alimenter une usine de production d'eau potable.
45:04 Les solutions, elles existent. On commence à en implémenter en France ce dont on a besoin.
45:08 Maintenant, c'est une question de rythme, d'accélération, parce qu'on doit s'adapter.
45:12 Et encore une fois, chaque année où on ne fait pas un pas dans la bonne direction, c'est une année qu'on ne rattrapera pas.
45:18 Merci. On vous applaudit à nouveau. Merci à nos invités. Merci à vous.
45:23 Merci beaucoup pour la qualité de vos questions.
45:26 Je vous rappelle que vous avez accès juste en sortant à Futurapolis expérience,
45:30 un parcours d'expérience immersive en réalité virtuelle et augmentée.
45:33 Ça se passe juste derrière et au muséum. Et il est temps à présent de se sustenter dans la joie et la bonne humeur.
45:38 On retrouve cet après midi. Ce sera question du futur de l'avion, de la fin des propriétaires, de souveraineté technologique.
45:43 On parlera train. On parlera nucléaire. De savoir si faire des enfants menace la planète.
45:49 A tout à l'heure. Bon appétit.
45:50 [Musique]
46:19 [SILENCE]