« Les ressources en eau vont fortement diminuer dans les années à suivre » déclarait Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’INRAE.
25 janvier 2023, se tenait au Sénat une table-ronde sur le thème de la résilience hydrique en France. Elle a réuni plusieurs acteurs chargés d’imaginer et de mettre en œuvre des solutions pour la gestion de l’eau : Olivier Thibault, directeur de l’eau et de la biodiversité au ministère de la Transition écologique, Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’INRAE, Tristan Mathieu, directeur des affaires publiques, du développement durable et de la RSE à Veolia eau France, et Anne Du Crest, directrice des opérations pour Veolia.
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25 janvier 2023, se tenait au Sénat une table-ronde sur le thème de la résilience hydrique en France. Elle a réuni plusieurs acteurs chargés d’imaginer et de mettre en œuvre des solutions pour la gestion de l’eau : Olivier Thibault, directeur de l’eau et de la biodiversité au ministère de la Transition écologique, Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’INRAE, Tristan Mathieu, directeur des affaires publiques, du développement durable et de la RSE à Veolia eau France, et Anne Du Crest, directrice des opérations pour Veolia.
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NewsTranscription
00:00:00 -M. le président, mesdames, messieurs les sénateurs,
00:00:02 merci pour cette invitation.
00:00:03 Pour présenter brièvement mon introduction
00:00:07 en tant que directeur scientifique environnement d'Inrae,
00:00:09 j'ai dans mon portefeuille de compétences
00:00:12 le pilotage pour l'établissement de 4 grands domaines
00:00:14 qui sont très interconnectés
00:00:15 et qui font écho à vos préoccupations.
00:00:17 Le 1er, c'est celui de l'adaptation et de l'atténuation
00:00:21 face aux changements climatiques,
00:00:22 notamment pour le domaine agricole,
00:00:24 mais aussi pour les écosystèmes forestiers,
00:00:26 qui sont un objet d'importance pour Inrae.
00:00:29 Le 2d, les questions de biodiversité,
00:00:30 parce qu'on ne peut pas imaginer une dynamique d'adaptation
00:00:33 sans intégrer les dimensions de biodiversité.
00:00:36 La gestion durable des ressources en eau et en sol,
00:00:38 ça fait partie du débat d'aujourd'hui.
00:00:40 Et puis un point un peu transversal
00:00:43 sur l'évaluation et la gestion des risques,
00:00:45 notamment liés au phénomène naturel,
00:00:47 mais aussi aux pressions anthropiques.
00:00:49 Alors pour un institut comme Inrae,
00:00:50 qui, vous le savez sans doute, est né il y a maintenant 3 ans,
00:00:54 le 1er janvier 2020, par la fusion de l'Inrae et d'Irstea,
00:00:58 on a réussi à réunir dans un même établissement
00:01:00 des compétences qui nous permettent d'aborder
00:01:02 la question de l'eau depuis, finalement,
00:01:04 les précipitations qui tombent à la surface des terres émergées,
00:01:07 jusqu'aux écoulements vers la mer,
00:01:09 ce qu'on appelle souvent l'eau bleue.
00:01:11 Et puis, bien sûr, la dimension eau verte,
00:01:13 qui vous intéresse particulièrement
00:01:14 dans le propos d'aujourd'hui,
00:01:15 qui est cette eau, finalement, qu'on va retrouver
00:01:17 via les précipitations dans les sols
00:01:19 et qui, au travers des plantes, va repartir vers l'atmosphère
00:01:22 par un phénomène qu'on appelle l'évapotranspiration.
00:01:24 Et c'est ce cycle de l'eau via les plantes
00:01:27 qui permet la photosynthèse et la production de matières vivantes
00:01:30 qui est à la base de tous les écosystèmes.
00:01:32 Bien sûr, les agroécosystèmes,
00:01:34 pour Inrae, c'est un sujet très important,
00:01:36 mais aussi l'ensemble des écosystèmes naturels.
00:01:38 S'il n'y a pas de flux d'eau, il n'y a pas de vie, bien sûr,
00:01:41 ça, tout le monde le sait, pas de photosynthèse
00:01:43 et pas de production alimentaire, notamment.
00:01:45 Donc, dans ce contexte de tension sur les ressources en eau
00:01:49 et de possible, voire probable diminution de ces ressources
00:01:53 à des moments critiques de la production,
00:01:55 pour nous, l'enjeu principal, il est de mieux comprendre
00:01:58 le cycle de l'eau et de mieux, j'allais dire, le modéliser.
00:02:01 Vous avez évoqué, M. le Président,
00:02:02 les projections, notamment sur le futur,
00:02:05 et je vous réciterais ici,
00:02:07 peut-être on y reviendra, un exercice mené
00:02:09 avec le ministère de la Transition écologique
00:02:11 et d'autres partenaires sur ce qu'on appelle Explore 2,
00:02:14 sur la projection de la disponibilité
00:02:16 des ressources en eau, les écoulements
00:02:18 à l'échérence de la moitié du siècle.
00:02:19 Et ce projet est en cours,
00:02:21 c'est une revisite d'un exercice antérieur,
00:02:23 et il démontre qu'a priori, les ressources en eau
00:02:26 et les écoulements vont profondément diminuer
00:02:28 dans les années qui viennent.
00:02:30 Le 2e point, c'est penser l'agriculture de demain,
00:02:33 reconcevoir l'agriculture et les systèmes agricoles
00:02:35 pour à la fois s'adapter aux conditions nouvelles
00:02:38 liées au changement climatique, et contribuer,
00:02:40 puisque c'est aussi une des missions de l'agriculture,
00:02:42 à l'atténuation du changement climatique
00:02:43 en réduisant les émissions liées aux activités agricoles.
00:02:47 Et pour cela, notre établissement s'appuie en grande partie
00:02:52 sur les outils de l'agroécologie,
00:02:54 c'est-à-dire reconcevoir les systèmes,
00:02:56 ne pas, dans un grand nombre de cas,
00:02:59 persister dans un système qui a atteint ses limites,
00:03:01 notamment du fait, mais pas uniquement,
00:03:03 de la raréfaction des ressources en eau
00:03:05 à certaines phases critiques du cycle des plantes,
00:03:06 notamment en été,
00:03:08 pour pouvoir à la fois favoriser l'infiltration de l'eau,
00:03:11 ralentir le cycle de l'eau qui permet
00:03:13 d'augmenter la réserve utile en eau des sols,
00:03:16 de diversifier les productions agricoles
00:03:17 à l'échelle des bassins et des territoires,
00:03:19 pour avoir notamment des pratiques et des récoltes
00:03:23 ou des cultures qui soient plus économes en eau,
00:03:26 et aussi de repenser l'ensemble du système alimentaire,
00:03:29 la chaîne alimentaire,
00:03:30 puisque l'adaptation de l'agriculture,
00:03:31 notamment par rapport au changement climatique,
00:03:34 ce n'est pas qu'une question de production,
00:03:35 il ne faut pas se limiter à ce qui se passe dans les parcelles,
00:03:37 dans les exploitations,
00:03:38 c'est l'ensemble du système alimentaire,
00:03:40 l'ensemble des chaînes de valeur qui doit s'adapter.
00:03:42 Et donc, au travers à la fois des outils de l'agroécologie,
00:03:45 de la transformation des systèmes de production,
00:03:48 ce n'est pas une simple adaptation incrémentale,
00:03:49 on parle de reconception des systèmes,
00:03:52 c'est aller vers des systèmes qui soient plus économes en un temps,
00:03:56 notamment en eau, mais pas uniquement,
00:03:57 c'est aussi le cas des phytosanitaires et des engrais,
00:04:00 dont on sait qu'il y a une forte dépendance
00:04:02 pour ces derniers par rapport au commerce international,
00:04:04 et puis aussi être capable de se projeter
00:04:07 dans un avenir différent,
00:04:09 parce qu'il y aura des régions de France,
00:04:11 il faut quand même s'y attendre de manière très forte,
00:04:12 où la disponibilité en eau sera fortement réduite,
00:04:15 et donc l'agriculture telle qu'on la connaît,
00:04:17 les activités telles qu'on les connaît
00:04:18 ne pourront pas se perpétuer indéfiniment.
00:04:21 Donc il faut anticiper,
00:04:22 et c'est pour ça qu'on travaille avec les acteurs,
00:04:24 qu'ils soient des acteurs académiques,
00:04:26 comme nos collègues du BRGM, du CNRS,
00:04:28 des acteurs de terrain,
00:04:30 comme les chambres d'agriculture, les instituts techniques,
00:04:32 mais aussi des agences de l'Etat,
00:04:34 agence de l'eau, l'Office français de la biodiversité,
00:04:36 pour se projeter à l'échelle des territoires
00:04:38 sur ces futurs possibles dans un monde
00:04:40 où la ressource en eau est devenue plus rare,
00:04:43 et donc de travailler aussi avec nos collègues
00:04:46 des pouvoirs publics sur l'appui aux politiques publiques
00:04:50 pour notamment imaginer les scénarios de partage de l'eau.
00:04:55 L'eau est un bien commun
00:04:57 que l'on peut, à un moment donné, capter pour un usage privé,
00:05:00 mais il faut qu'à un moment donné,
00:05:01 ce retour vers le bien commun se fasse,
00:05:04 et donc imaginer des transitions où chacun trouve son compte.
00:05:07 Et peut-être pour terminer mon propos, M. le Président,
00:05:09 si vous voulez, je continuerai après s'il y a des questions,
00:05:12 imaginer en fait que...
00:05:15 On ne peut pas continuer comme on l'a fait jusqu'à présent,
00:05:18 et puis qu'il y a des clés,
00:05:20 il y a aussi des possibilités de développement nouveau
00:05:23 associées à cette nouvelle façon
00:05:24 de voir la gestion des ressources en eau,
00:05:26 des transitions à l'échelle des territoires
00:05:28 qui doivent concerner tout le monde,
00:05:29 et il ne faudrait pas imaginer
00:05:31 qu'on puisse continuer sans qu'il y ait, à un moment donné,
00:05:35 une transition. Et la transition,
00:05:37 elle peut être, on va dire, vécue et anticipée collectivement,
00:05:42 mais elle peut malheureusement être subie
00:05:43 sous le choc de catastrophes,
00:05:45 et là, si on n'a pas anticipé,
00:05:46 on est vraiment dans une situation critique
00:05:48 et qui serait, à mon avis, dommageable
00:05:50 pour l'ensemble de la société et pas uniquement pour l'agriculture.
00:05:53 Je m'en tiendrai là pour ces propos introductifs.
00:05:56 -Merci. M. Thibault.
00:06:01 -Merci, M. le Président.
00:06:04 Mesdames, Messieurs les sénatrices et sénateurs.
00:06:07 D'abord, merci d'avoir organisé cette table ronde.
00:06:09 Et sur ce point, c'est un enjeu hyper fort
00:06:12 pour la direction de l'EU et l'université.
00:06:13 Et un des premiers enjeux, c'est d'arriver à en parler
00:06:15 autour de nous.
00:06:17 Et vous l'avez très bien dit dans votre introduction,
00:06:19 on a du mal à sensibiliser nos concitoyens
00:06:22 sur le fait que le sujet de l'eau est un vrai sujet
00:06:25 et que ça va devenir de plus en plus un sujet.
00:06:27 Et l'été 2022, avec la crise sécheresse,
00:06:30 ça a été une sorte d'électrochoc
00:06:32 pour un certain nombre d'entre nous et de nos concitoyens.
00:06:36 Si je le dis de façon très simple,
00:06:39 ça a été une crise presque inconnue jusque-là,
00:06:42 mais qui ne fait que préfigurer ce qu'on va voir
00:06:45 dans le domaine hydrologique dans quelques années.
00:06:48 Donc après, les scientifiques le disent vachement mieux que moi
00:06:50 avec des courbes, des chiffres, etc.
00:06:52 Mais ce qu'on a vécu cet été
00:06:54 et ce qu'on va vivre de manière récurrente
00:06:56 en termes de disponibilité en l'eau d'ici 15, 20 ans.
00:06:59 Et donc, c'est une alerte qu'il faut prendre
00:07:03 pour nous aider à nous adapter.
00:07:05 Et là, il y a un mot important, l'adaptation.
00:07:07 On n'est plus dans l'atténuation seule,
00:07:09 c'est-à-dire que nous n'avons pas réussi au niveau mondial
00:07:11 à prendre les mesures et les décisions qu'il fallait
00:07:13 pour bloquer le changement climatique.
00:07:15 Donc le changement climatique, il arrive,
00:07:17 pas que à l'autre bout du monde dans 50 ans,
00:07:19 mais chez nous aussi.
00:07:21 Et on commence à voir les manifestations.
00:07:23 Et un des premiers effets du changement climatique,
00:07:25 c'est sur l'eau.
00:07:26 Et donc, il faut qu'on apprenne à adapter nos modèles
00:07:29 pour faire face à ces changements.
00:07:31 Cet été, 700 communes,
00:07:34 on a près de 36 000 communes en France,
00:07:35 700 communes ont été en rupture d'eau.
00:07:38 Ca nous fait redécouvrir des choses qu'on avait oubliées.
00:07:42 Que quand on ouvre l'eau du robinet, l'eau, elle coule,
00:07:44 elle est potable, il n'y a pas de problème.
00:07:46 En fait, cette eau, elle n'est pas infinie.
00:07:49 Et la gestion de l'eau en été,
00:07:51 ce n'est pas qu'un sujet agricole,
00:07:52 c'est bien un sujet pour l'ensemble des usages.
00:07:54 Et là, on retrouve et il faut reprendre conscience
00:07:58 que cette ressource, elle est finie.
00:08:01 Il faut la partager.
00:08:02 Et l'objectif, c'est pas de partager de l'eau qui n'existe pas,
00:08:05 mais bien de partager l'eau qui existe
00:08:08 et donc d'être sur des vrais chiffres
00:08:09 et d'organiser la façon dont on va organiser au mieux
00:08:13 l'ensemble de nos usages pour faire face à ces besoins.
00:08:16 Donc 700 communes en rupture d'eau.
00:08:18 Alors, c'est pas forcément 700 communes
00:08:19 où il n'y avait plus d'eau au robinet,
00:08:21 parce que comme on a des opérateurs
00:08:25 très bien organisés et des communes
00:08:27 qui ont fait le travail qu'il fallait,
00:08:30 en fait, on a eu beaucoup de camions
00:08:31 qui se sont baladés sur nos routes cet été
00:08:33 et qui ont rempli les châteaux d'eau
00:08:35 pour éviter que les gens puissent avoir de l'eau au robinet.
00:08:38 Mais donc 700 ruptures d'alimentation sur des communes,
00:08:41 toute ou partie des communes,
00:08:43 avec au passage, monsieur le sénateur,
00:08:44 une corrélation très forte avec les communes
00:08:46 qui ne sont pas rentrées dans des intercommunalités.
00:08:50 On a les chiffres, on pourra vous les présenter.
00:08:53 Et c'est un point important.
00:08:54 C'est pas que c'est moins bien quand on est une commune toute seule.
00:08:56 C'est que quand on n'a pas fait de travaux d'interconnexion
00:09:00 ou de sécurisation ou de fiabilisation,
00:09:02 quand on a un problème, on sait pas réagir
00:09:04 ou on réagit pas pareil.
00:09:05 Et le seul moyen, c'est de mettre des camions sur la route
00:09:07 pour transporter cette eau.
00:09:09 Et ça, c'est un point important.
00:09:10 C'est pas pour le plaisir qu'on porte le sujet
00:09:13 du transfert à la hausse de PSI et à fiscalité propre.
00:09:15 C'est un moyen aussi d'être plus résilient.
00:09:19 Bon, je fais la parenthèse, mais voilà.
00:09:23 Oui, c'est un sujet sensible, mais je veux dire,
00:09:24 on est aussi là pour dire les choses
00:09:26 sur lesquelles il faut qu'on travaille.
00:09:30 Ce que je voulais dire aussi, c'est que nos systèmes,
00:09:31 il a tenu bon cet été.
00:09:33 Je veux dire, je pense que cette crise,
00:09:35 la même crise, on l'aurait eue il y a 10 ans.
00:09:37 Je suis pas sûr qu'on aurait tenu pareil.
00:09:40 On avait anticipé la gestion de crise.
00:09:43 On avait des cartes.
00:09:44 On a partagé très tôt depuis le mois de mai, juin
00:09:47 sur les cartes d'anticipation.
00:09:49 Les préfets avaient préparé des arrêtés préfectoraux,
00:09:52 cadres, sécheresses.
00:09:53 Enfin, le système était pas parfait,
00:09:56 mais il a tenu bon, et donc, c'est un truc qui marche.
00:09:59 Par contre, enfin, moi, ce que je dis maintenant
00:10:01 souvent autour de moi,
00:10:02 c'est qu'il faut qu'on fasse un peu attention
00:10:03 aux syndromes nucléaires.
00:10:05 C'est-à-dire qu'on est persuadé que tout va bien
00:10:06 et que tout ça va tenir,
00:10:08 et que donc, il n'y aura jamais de problème.
00:10:10 En fait, on joue un peu avec le feu dans le domaine de l'eau.
00:10:15 C'est-à-dire qu'on a fait des investissements énormes
00:10:17 après-guerre, jusque dans les années 80 sur l'eau potable,
00:10:19 jusque dans les années 2000 sur l'assainissement,
00:10:22 avec un patrimoine qui est très important
00:10:25 et un patrimoine que nous n'entretenons pas assez.
00:10:28 Je dis "nous" au niveau global.
00:10:31 On a une sorte de tyrannie du prix de l'eau qui s'exerce
00:10:34 où un élu est considéré comme meilleur
00:10:37 s'il a un service minimaliste avec un prix de l'eau faible
00:10:40 plutôt qu'un vrai service
00:10:42 avec un prix de l'eau un peu plus élevé.
00:10:44 Et donc, du coup, ça nous conduit tous à sous-investir
00:10:47 et sous-entretenir dans le patrimoine.
00:10:49 Ça se voit pas au début, comme sur le parc nucléaire,
00:10:52 ça se voit pas. On peut retarder un certain nombre de choses,
00:10:54 et puis, un jour, ça collapse.
00:10:56 Et donc, le but, c'est que ça ne collapse pas
00:10:58 dans le système de l'eau.
00:11:00 Et donc, aujourd'hui, on a un moment où il faut
00:11:02 qu'on recommence à investir plus
00:11:05 dans l'entretien de notre patrimoine.
00:11:07 Donc après, on peut le prendre par le bout des fuites,
00:11:10 les rendements des réseaux,
00:11:12 mais en fait, le vrai sujet, c'est comment on entretient
00:11:14 ce patrimoine extraordinaire
00:11:15 qui nous permet d'avoir de l'eau aux robinets.
00:11:17 Alors, votre question, c'était sur les solutions.
00:11:21 Alors, en quelques mots, il faut connaître.
00:11:25 Pour être solide sur nos décisions,
00:11:27 pour pouvoir investir, il faut connaître.
00:11:29 Donc, il faut...
00:11:30 C'est vrai pour les réseaux, c'est vrai pour les fuites,
00:11:32 mais c'est vrai aussi pour le partage de l'eau.
00:11:35 Donc, on a quand même fait des gros efforts de connaissance.
00:11:38 Après, c'est à lui qu'il faut poser des questions
00:11:40 sur Explore 2, Explore 2070, les rapports du GIEC.
00:11:43 Enfin, je veux dire, il y a quand même plein de choses
00:11:45 qui nous permettent de savoir s'il y a plus d'eau, moins d'eau,
00:11:48 de l'eau moins disponible, de l'eau répartie pas pareil.
00:11:52 Mais en fait, une disponibilité, au moment où on en a besoin,
00:11:54 qui baisse, et c'est ça qu'il faut retenir.
00:11:56 Donc, il faut connaître et il faut s'appuyer
00:11:58 sur ses connaissances.
00:11:59 Après, il faut planifier.
00:12:02 Donc, dans le domaine de l'eau,
00:12:04 on a quand même une longue histoire de planification.
00:12:06 Donc, tous les bassins ont fait des plans d'adaptation
00:12:09 au changement climatique.
00:12:10 On a un système qui s'appelle ESDAGE,
00:12:12 Schéma directeur d'aménagement et de gestion de l'eau
00:12:14 par grand bassin versant porté par les agences de l'eau,
00:12:17 qui permet tous les 6 ans de regarder l'eau qu'on a
00:12:21 en quantité, en qualité,
00:12:23 de se fixer des objectifs 6 ans après
00:12:25 et de regarder ce qu'il faut faire pour y arriver.
00:12:27 Et donc, ESDAGE, c'est le socle qui nous permet de voir
00:12:32 ce qu'il faut faire et comment faire.
00:12:35 Puis là, très récemment, on a lancé les chantiers
00:12:37 de planification écologique.
00:12:39 C'est la 1re mise qui a lancé
00:12:40 les chantiers de planification écologique.
00:12:42 Le 1er chantier dans ces chantiers,
00:12:44 c'est le chantier de l'eau.
00:12:46 On a eu une très large concertation
00:12:48 pendant les 4 derniers mois
00:12:50 au sein du comité national de l'eau,
00:12:51 dans les comités de bassins,
00:12:54 des réunions de restitution.
00:12:56 Et donc là, maintenant, tout ça est dans la main des ministres.
00:12:59 En tout cas, ce que je peux vous dire,
00:13:00 c'est qu'il y a eu plein de propositions
00:13:03 dans tout un tas de domaines
00:13:04 et qu'il y a du travail devant nous
00:13:06 pour mettre en oeuvre l'ensemble de ces choses.
00:13:08 Mais vous comprenez bien que ce n'est pas moi
00:13:10 qui vais annoncer quoi que ce soit maintenant.
00:13:13 Après, sur les solutions,
00:13:16 en quelques mots clés,
00:13:17 et puis vous poserez des questions
00:13:19 sur ce qui vous intéresse.
00:13:21 Le 1er point, c'est que l'eau n'est pas un sujet national,
00:13:24 c'est un sujet territorial.
00:13:26 Et il faut qu'on fasse attention aux vraies fausses bonnes solutions
00:13:29 du genre, il y a autant d'eau en tout sur la France,
00:13:33 donc il suffit de la stocker pour l'amener au bon endroit.
00:13:36 Vous avez des parties du territoire
00:13:37 où il y aura moins d'eau et en été et en hiver.
00:13:41 Et donc moins d'eau tout court.
00:13:43 Vous avez des endroits où il y aura trop d'eau l'hiver,
00:13:46 ce qu'il faut à peu près l'été.
00:13:47 Enfin, vous allez voir toutes les situations.
00:13:50 Et puis, si vous avez de l'eau qui est au nord de la France,
00:13:52 vous n'allez pas réussir à l'utiliser
00:13:53 dans le bas de la France ou inversement.
00:13:55 Donc c'est un sujet territorial.
00:13:57 Et donc, il faut s'organiser au niveau territorial.
00:14:02 Ce qu'on dit, nous, au ministère aujourd'hui,
00:14:05 un territoire, une gouvernance.
00:14:07 Ce système, il est transversal.
00:14:11 Donc il n'y a pas une eau agricole,
00:14:13 une eau pour l'eau potable, une eau pour l'industrie,
00:14:15 une eau pour l'énergie.
00:14:17 C'est bien une ressource en eau.
00:14:19 Et quand on fait aujourd'hui la somme des besoins exprimés,
00:14:22 c'est supérieur à l'eau réellement disponible
00:14:25 en tout cas à certaines parties de l'année.
00:14:27 Et donc, il faut que chaque territoire s'organise
00:14:31 pour choisir ce qu'il veut faire dans les territoires.
00:14:35 Moi, mon sentiment là-dedans,
00:14:36 c'est que les élus ont un rôle essentiel dans ce système.
00:14:39 Ca doit pas être celui qui a le plus d'argent
00:14:42 ou celui qui est le plus fort qui va obtenir l'eau qu'il veut.
00:14:45 C'est bien les élus qui doivent organiser leur territoire
00:14:50 et organiser ce partage de l'eau
00:14:51 et puis définir ce qu'on a envie de faire de ce territoire.
00:14:54 Histoire des bassines, je veux dire,
00:14:56 quand c'est pas accepté dans le territoire,
00:14:59 je veux dire, c'est quand même le bazar assez vite.
00:15:01 Donc, un sujet territorial, transversal,
00:15:06 et il faut une gouvernance dans chaque territoire.
00:15:08 Après,
00:15:09 je l'ai déjà dit, mais je le redis,
00:15:13 il faut répartir l'eau qui existe.
00:15:16 Un de nos problèmes aujourd'hui dans le domaine de l'eau,
00:15:18 c'est qu'on fantasme encore sur les autorisations théoriques
00:15:21 qu'on a pu donner il y a 20 ans,
00:15:24 notamment dans le domaine agricole, mais pas que.
00:15:26 Donc, si on autorise des volumes qui n'existent
00:15:31 que quand tout va bien se passer,
00:15:34 qu'il va y avoir plein d'eau, plein de précipitations,
00:15:37 et que c'est le seul moment où on aura cette eau,
00:15:39 et donc, en fait, on aura la quantité disponible,
00:15:41 en fait, quand on n'en aura pas besoin,
00:15:42 parce que l'eau sera tombée par ailleurs naturellement,
00:15:45 et que derrière, on ne répartit pas l'eau réelle
00:15:49 qu'on a dans les territoires 8 années sur 10,
00:15:51 en fait, on est conduit à gérer l'eau par la crise.
00:15:56 Et c'est un peu ce qu'on fait aujourd'hui.
00:15:57 C'est-à-dire que vous délivrez des autorisations théoriques d'eau
00:16:01 selon la situation la meilleure possible,
00:16:04 et après, chaque fois, on constate que dans la vraie vie,
00:16:07 ce n'est pas tout à fait ça, et donc, on gère par la crise,
00:16:10 par des arrêtés sécheresses, de restrictions à l'aval.
00:16:12 Et ça, c'est quelque chose qui n'est pas bon,
00:16:14 parce que si vous voulez vraiment vous organiser et vous adapter,
00:16:18 vous avez besoin de lisibilité sur la quantité d'eau
00:16:21 que vous allez pouvoir utiliser, au moins 8 années sur 10.
00:16:23 Et donc, ce qu'on essaye de faire
00:16:24 avec nos systèmes de gestion structurelle de l'eau aujourd'hui,
00:16:27 c'est de garantir une eau 8 années sur 10,
00:16:30 ce qui permet d'investir, ce qui permet d'avoir des prêts,
00:16:33 ce qui permet d'avoir un modèle économique,
00:16:35 et on ne gère en période de crise que 2 années sur 10.
00:16:41 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
00:16:42 Je veux dire, on a la moitié des territoires français
00:16:44 où vous avez des arrêtés sécheresses 10 années sur 10.
00:16:48 Donc, ça veut dire qu'on, un peu par facilité,
00:16:53 on attribue plus d'autorisation que ce qu'on a vraiment
00:16:56 et on gère par la crise à l'aval.
00:16:58 Et ça, c'est un sujet qui est vraiment important.
00:17:01 Deuxième chose, il faut penser au modèle économique.
00:17:04 En fait, l'eau, c'est une partie d'un modèle économique.
00:17:06 Et imaginer qu'il suffit que les autres investissent
00:17:09 pour que moi, j'ai l'eau gratuitement,
00:17:11 c'est un truc qui marche un petit moment,
00:17:13 mais n'est pas durable dans le temps.
00:17:15 Et donc, l'eau en elle-même est gratuite.
00:17:18 Et c'est bien le service pour la rendre portable,
00:17:20 l'amener, la transporter, la rendre disponible que l'on paye,
00:17:23 que ce soit pour l'eau potable ou pour les autres usages.
00:17:26 Il faut le prendre en compte.
00:17:28 Et je fais encore une parenthèse pour le monde agricole,
00:17:31 mais je veux dire, si vous êtes à plus de 40 centimes du médicume
00:17:34 pour l'agricole, ça ne marche plus dans le modèle économique
00:17:35 et l'agriculture.
00:17:36 Donc, dire on va faire des retenues et puis ça va leur coûter
00:17:38 5 euros du médicume, je veux dire, votre modèle économique,
00:17:41 agricole ne tient pas.
00:17:43 Donc après, on peut dire, c'est la collectivité qui va payer
00:17:46 pour que l'agriculteur ait l'eau gratuitement.
00:17:48 Pourquoi pas ?
00:17:49 C'est un choix politique que l'on doit faire dans nos territoires.
00:17:52 Et vous voyez, si on oublie la partie économique,
00:17:57 en fait, on ne se comprend pas et on oublie une donnée du problème.
00:17:59 Et donc, il faut qu'on assume collectivement
00:18:02 que si on veut certains usages à certains endroits
00:18:05 et que pour ça, il faut de l'investissement
00:18:08 sous forme de retenue ou d'autre chose,
00:18:10 il faut qu'on prenne en compte ces coûts
00:18:12 et qu'on valide et qu'on assume la façon
00:18:16 dont on va répartir ces coûts
00:18:17 entre ce que fait la puissance publique,
00:18:19 ce que fait la collectivité,
00:18:20 ce que font les activités économiques dans le territoire.
00:18:22 Et ça, c'est un point très important
00:18:23 qu'on a du mal à partager souvent.
00:18:26 J'ai encore 2 idées, après, je m'arrête, M. le Président.
00:18:31 La 1re, c'est, il ne faut pas opposer
00:18:33 ce que certains appellent créer de la ressource en eau,
00:18:35 enfin, en tout cas, mobiliser, et des économies.
00:18:38 Il va falloir faire des économies.
00:18:39 Aujourd'hui, comme on n'a pas assez d'eau
00:18:42 par rapport à l'ensemble des usages,
00:18:44 il faut que cette eau, elle soit le plus utile possible.
00:18:47 Et donc, on ne peut pas la gaspiller,
00:18:49 quel que soit l'usage.
00:18:50 Et donc, il faut que dans tous nos modèles
00:18:51 et toutes nos utilisations,
00:18:53 on soit le plus efficient possible.
00:18:55 Et donc, souvent, j'entends...
00:18:57 Enfin, on a envie de séparer.
00:18:59 Soit on fait des économies, on a l'impression que ça va rester sûr,
00:19:00 ça ne suffira pas, soit on va créer des retenues
00:19:04 et ça va résoudre tous les problèmes.
00:19:05 Ce n'est pas vrai non plus.
00:19:06 Mais il faut bien partir sur ce panel de solutions en parallèle
00:19:10 et les faire ensemble.
00:19:12 Et la dernière chose, et je m'arrête là pour l'instant,
00:19:15 c'est les solutions fondées sur la nature.
00:19:20 L'idée derrière, on a eu un...
00:19:23 Alors, moi qui suis ingénieur, ça me parle,
00:19:25 mais on a longtemps pensé qu'on était plus forts que la nature,
00:19:29 on pouvait s'exonérer de la nature.
00:19:32 Et donc, vous manquez d'eau,
00:19:34 vous allez faire des retenues, vous avez des inondations,
00:19:37 vous allez faire des barrages ou des digues et puis ça va bien se passer.
00:19:40 Vous avez un seul tropeau, vous allez mettre des engrais,
00:19:43 vous avez des bestioles qui bouffent les trucs,
00:19:45 vous allez mettre des pesticides, etc.
00:19:46 Et en fait, la nature se rappelle à notre bon souvenir,
00:19:49 quand même régulièrement.
00:19:50 Et le changement climatique n'est qu'un moyen parmi l'ensemble
00:19:53 pour se rappeler à notre bon souvenir.
00:19:55 Et donc, vivre contre la nature ou indépendant de la nature,
00:19:58 n'est pas un système qui est durable.
00:20:00 Et je crois qu'on le voit tous les jours aujourd'hui.
00:20:01 Et donc, l'idée, c'est de réapprendre à vivre avec la nature.
00:20:05 C'est ce qu'on appelle nous, sur les solutions fondées pour la nature,
00:20:07 c'est recomprendre comment fonctionnent ces écosystèmes
00:20:11 et utiliser ces écosystèmes pour ce qu'on a envie de produire.
00:20:15 Et donc, en vrai, dans le domaine de l'eau,
00:20:19 c'est des choses un peu évidentes, mais je pense qu'il faut le redire.
00:20:23 C'est penser qu'en rectifiant les rivières,
00:20:29 en drainant, accélérant les flux et l'envoyant plus vite à la mer,
00:20:33 ce sera mieux.
00:20:34 Ce n'est pas vrai.
00:20:35 Il faut plutôt retenir l'eau, l'infiltrer, donc avoir des surfaces
00:20:41 d'infiltration, donc des infrastructures à voie écologique,
00:20:45 des haies, des bandes enherbées, des rivières qui méandrent pour
00:20:48 que l'eau puisse descendre, des zones humides.
00:20:51 Ça stocke l'eau quand elle tombe, et notamment en hiver, et ça la
00:20:54 restitue quand il y en a moins.
00:20:56 Et donc, si on veut avoir des plantes qui poussent l'été,
00:21:00 vous avez intérêt à stocker l'eau en hiver.
00:21:02 Et la meilleure bassine, c'est celle qui est sous nos pieds,
00:21:04 parce que ça ne s'évapore pas quand elle est sous nos pieds et ça
00:21:07 se restitue progressivement.
00:21:09 Et donc, réapprendre que l'écosystème vivant est plus résilient et
00:21:14 nous permet de mieux nous adapter, ce n'est pas complètement évident
00:21:17 au premier abord, mais c'est quand même ça qui nous permet de trouver
00:21:19 des solutions.
00:21:20 Et donc, vivre avec la nature, c'est une part de la solution
00:21:24 hyper importante si on veut s'adapter à l'évolution de notre climat.
00:21:27 Merci, Monsieur le directeur.
00:21:30 Je vais donner la parole à Monsieur Mathieu.
00:21:31 Merci, Monsieur le Président.
00:21:35 Bonjour, Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs.
00:21:40 Je suis accompagné d'Anne Ducrest, qui est la directrice des
00:21:44 opérations de Veolia eau France, qui pourra vous donner, et on a
00:21:47 pensé que c'était important, vous donner quelques retours
00:21:51 vraiment de terrain de ce qu'on a vécu cet été.
00:21:54 Alors, dans notre propos liminaire, d'abord, vous remercier de
00:22:00 l'invitation qui est faite à Veolia d'intervenir dans cette commission.
00:22:04 Veolia eau France distribue l'eau pour un Français sur trois.
00:22:08 On a 15 000 salariés sur le territoire.
00:22:11 On gère plusieurs milliers d'usines de traitement d'eau et on est
00:22:16 évidemment très concerné par tous ces sujets de la politique de l'eau.
00:22:21 Moi, je partage complètement le diagnostic qui a été posé par
00:22:25 les solutions qui ont été évoquées par les deux prédécesseurs,
00:22:30 Olivier Thibault et Thierry Caquet.
00:22:32 On a eu un été qui a été, en effet, très, très difficile et qui
00:22:39 annonce les suivants.
00:22:39 Parce que quand vous regardez ce que disent les experts, on peut
00:22:44 penser à Météo France et à d'autres, dans un horizon d'une vingtaine
00:22:49 d'années, l'été 2022, ce sera la représentation d'un été sur trois
00:22:53 en France.
00:22:54 Et donc, on va arriver dans un, si on voulait renforcer la
00:23:00 sensibilisation du public, on aurait presque envie de dire on va
00:23:02 arriver dans des températures et dans des climats semi-arides.
00:23:06 Ce que nos voisins européens, en tout cas, on pense à ceux du sud
00:23:09 et notamment à l'Espagne et un peu à l'Italie, ont vécu quelques
00:23:12 années avant nous.
00:23:13 Donc, nous, notre conviction, et je laisserai Anne développer ce
00:23:19 qu'elle a vécu et ce que ses équipes ont vécu en gestion de crise
00:23:22 cet été, elle est qu'en effet, il y a une nouvelle donne, que la
00:23:29 prise de conscience des citoyens est en train de s'opérer.
00:23:33 Parce qu'il est évident qu'on ne peut pas passer des étés, déjà,
00:23:36 l'été qu'on a vécu, plus regarder les JT tous les jours qui nous
00:23:41 parlent de l'eau sans une prise de conscience.
00:23:44 Les Français, il y a une vingtaine d'années, il y en avait à peu près
00:23:47 un sur trois qui craignait un manque d'eau dans sa région.
00:23:50 Aujourd'hui, ce n'est plus du double.
00:23:52 Donc, cette prise de conscience, elle est importante et c'est pour
00:23:55 ça qu'il est important pour toutes les parties prenantes de la
00:23:58 politique de l'eau de la renforcer et de trouver les bonnes solutions.
00:24:01 Alors, on est évidemment très satisfait de voir que dans les
00:24:06 plans du gouvernement, le premier plan qui a été annoncé,
00:24:10 on l'attend avec impatience, évidemment, et celui qui concerne
00:24:13 l'eau.
00:24:14 La contradiction, elle est multiple.
00:24:17 Elle est que, d'une part, il faut évidemment réinvestir sur les
00:24:20 services publics d'eau et d'assainissement.
00:24:21 On l'a fait insuffisamment.
00:24:24 Il y a eu le critère d'alerte qui a été celui du renouvellement
00:24:27 des canalisations.
00:24:28 Vous, peut-être, connaissez ce chiffre qui dit que 0,7% des
00:24:31 canalisations sont renouvelées chaque année, ce qui est l'équivalent
00:24:34 de durée de vie théorique des canalisations d'à peu près 150
00:24:37 ans.
00:24:38 Donc, ça, ce n'est pas une réalité, mais c'est surtout une vision
00:24:41 du sous-investissement.
00:24:42 Et une fois qu'on a cette alerte sur le sous-investissement,
00:24:46 la réponse n'est pas il faut partout et en tout temps multiplier
00:24:50 par deux ou par trois les investissements.
00:24:53 Elle est beaucoup plus ciblée.
00:24:54 Olivier Thibault a eu 100 fois raison de souligner que ce sont
00:24:58 des sujets locaux et temporels, très importants.
00:25:01 La temporalité, elle n'est pas assez prise en compte dans les
00:25:04 lois.
00:25:05 Si vous regardez, par exemple, l'interdiction de faire des
00:25:09 tarifications dégressives de l'eau.
00:25:13 Vous allez voir en zone de ZRE, on ne peut pas faire de
00:25:15 tarification dégressive et c'est évidemment souhaitable.
00:25:17 Mais ça ne dit rien de la temporalité.
00:25:19 Et comme l'a dit Olivier, parfois, il y a trop d'eau et puis,
00:25:22 parfois, il n'y en a pas assez.
00:25:23 Et puis, on pense qu'il faut réinvestir.
00:25:28 Il faut aider les collectivités à le faire.
00:25:32 C'est un grand sujet.
00:25:32 C'est-à-dire comment est-ce qu'on déclenche l'acte d'investissement?
00:25:35 Il y a une forme de tyrannie du prix de l'eau, en effet,
00:25:38 dont il faut réussir à se sortir.
00:25:42 Et puis, il faut aider les collectivités, certainement,
00:25:44 avec plus de programmation publique locale.
00:25:46 Peut-être qu'on vit aussi aujourd'hui les effets retours
00:25:51 du retrait des DDA, des DDE, de l'ingénierie publique,
00:25:56 qui fait que les collectivités sont moins accompagnées dans
00:25:59 leurs investissements.
00:26:00 Et quand on parle d'interconnexion des réseaux, il y en a beaucoup
00:26:03 qui se sont faites à cette époque-là, parce qu'il y avait
00:26:05 un intérêt à mailler le territoire.
00:26:08 Et puis, dernier point, on pense qu'il faut développer
00:26:11 la culture de la responsabilité.
00:26:13 C'est indispensable.
00:26:14 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, comme on est avec une ressource
00:26:16 qui est limitée, chaque acteur qui va prélever sur la ressource
00:26:21 doit s'engager à quelque chose.
00:26:24 C'est-à-dire qu'on voit bien l'engagement qu'on peut attendre
00:26:27 du monde agricole, qui est à la fois, d'ailleurs,
00:26:30 de mieux compter l'eau, de faire évoluer les processus
00:26:35 de culture, de mieux irriguer, d'être plus précautionneux,
00:26:38 d'avoir plus de sobriété.
00:26:40 Le monde industriel est aussi sous pression.
00:26:44 On a eu beaucoup de retours d'industries après l'été,
00:26:48 qui sont venues nous voir, ou d'activités économiques diverses.
00:26:52 On peut parler des golfs, des activités de tourisme,
00:26:55 des activités de kayak, qui sont venues nous voir en disant
00:26:57 comment est-ce qu'on va faire pour continuer à développer
00:26:59 nos activités ?
00:27:00 Comment est-ce qu'on va faire pour continuer à implanter aussi
00:27:02 les territoires, les industries dont la France a besoin ?
00:27:05 Et donc, la culture de responsabilité,
00:27:07 elle est dans tous les acteurs, et y compris les acteurs
00:27:10 de la gestion, et on le prend pour notre compte,
00:27:14 de la gestion des services publics d'eau et des collectivités.
00:27:16 Là aussi, évidemment que l'alimentation en eau potable
00:27:20 est un prélèvement prioritaire dans les nappes.
00:27:23 On ne peut pas dire autre chose, mais ça oblige quand même.
00:27:26 Et ça oblige notamment à limiter les pertes en eau.
00:27:31 Aujourd'hui, Anne en parlera, mais vous savez qu'il y a un litre
00:27:34 sur cinq qui est perdu.
00:27:35 Ce n'est pas une mauvaise, il faut le dire,
00:27:38 ce n'est pas un mauvais rendement comparé à nos voisins européens,
00:27:40 mais on peut faire beaucoup mieux.
00:27:41 Et on peut faire beaucoup mieux, notamment dans des zones où il y a
00:27:45 encore 50 % de fuite.
00:27:46 Et donc, j'ai envie de dire, quand il y a 50 % de fuite,
00:27:49 on a quand même du mal, en période de sécheresse,
00:27:51 à aller évoquer la priorité absolue du service public d'eau
00:27:55 par rapport à d'autres.
00:27:56 Donc, ça oblige aussi à progresser.
00:27:58 Il y a beaucoup de réformes qui vont aller dans ce sens-là.
00:28:01 -Bonjour, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs.
00:28:05 Je suis Anne Ducrest, en charge de la direction des opérations
00:28:08 pour Veolia eau France.
00:28:10 Je peux vous dire quelques mots sur l'été que nous avons vécu
00:28:13 et puis les solutions technologiques que nous travaillons
00:28:15 avec nos collectivités clientes.
00:28:17 La première chose, c'est que cet été a été effectivement
00:28:20 un été très différent des précédents,
00:28:22 beaucoup plus intense, ce qui éveille chez nous
00:28:24 une vraie inquiétude pour l'avenir.
00:28:26 Nos équipes ont été extrêmement mobilisées sur les crises,
00:28:29 cet été.
00:28:30 Nous avons été amenées aussi à faire des supports
00:28:32 entre nos équipes régionales, d'une région à l'autre,
00:28:34 pour pouvoir faire face à cet été particulier.
00:28:37 J'ajouterais aux questions de disponibilité de ressources
00:28:42 et de risque de rupture d'eau, les incendies,
00:28:44 qui mobilisent quand même l'accès à l'eau.
00:28:46 Et...
00:28:48 Pardon.
00:28:49 Les incendies... Enfin, voilà.
00:28:50 Ce que j'ajouterais, les enjeux que nous avons rencontrés,
00:28:54 c'est d'une part l'accès à la ressource,
00:28:56 la disponibilité de l'eau,
00:28:57 mais aussi, je tiens à le dire, la qualité de l'eau.
00:29:00 Parce que lorsque les débits des fleuves baissent,
00:29:03 eh bien, les polluants sont concentrés,
00:29:05 plus concentrés, plus difficiles à traiter.
00:29:07 Lorsque la température de la ressource augmente,
00:29:09 les polluants sont plus difficiles à traiter,
00:29:12 et nous avons besoin de mettre beaucoup plus de réactifs
00:29:15 et des effets secondaires sur la qualité de l'eau derrière.
00:29:18 Donc, une vraie inquiétude sur, non seulement la disponibilité,
00:29:22 mais la qualité du traitement de l'eau par la suite.
00:29:25 Alors, pour aller très vite, quelques éléments de solution.
00:29:28 Olivier Thibault a cité les sujets d'interconnexion
00:29:31 qui permettent de secourir un territoire avec un autre.
00:29:35 Et c'est important, puisque, comme vous le savez,
00:29:37 l'eau est territoriale et n'est pas nationale,
00:29:39 et donc, on n'a pas de flux simple.
00:29:42 Les autres solutions, la 1re chose,
00:29:43 c'est de travailler sur le rendement de réseau.
00:29:45 Tristan Mathieu l'évoquait.
00:29:47 Aujourd'hui, la moyenne du rendement de réseau
00:29:49 est autour de 79 à 80 % nationalement.
00:29:52 Dans nos services, on attend 82 %.
00:29:55 Ces 3 points de rendement de réseau,
00:29:57 ça représente 150 millions de mètres cubes chaque année.
00:29:59 Ce n'est pas négligeable.
00:30:01 On n'ira jamais à 100 %,
00:30:03 mais on peut atteindre des niveaux jusqu'à 82 %
00:30:06 en mobilisant de la technologie,
00:30:09 des solutions digitales qui nous permettent de suivre en temps réel
00:30:12 et d'identifier plus facilement les zones
00:30:14 où des fuites sont à réparer.
00:30:15 Évidemment, il faut faire des investissements derrière.
00:30:18 On mobilise aussi d'autres types de technologies
00:30:19 avec de la recherche de fuites par satellite, par exemple,
00:30:22 mais on mobilise aussi des solutions,
00:30:25 ce que je qualifierais de fondées sur la nature,
00:30:27 en tout cas en utilisant la capacité des chiens, par exemple,
00:30:30 à repérer des fuites dans certaines situations.
00:30:33 Donc on cherche des solutions technologiques et humaines
00:30:36 pour arriver à résoudre, et c'est un premier enjeu.
00:30:38 Le deuxième enjeu, c'est la sobriété,
00:30:40 la sobriété des usagers.
00:30:43 L'année dernière,
00:30:46 nous équipons, aujourd'hui, Veolia en France,
00:30:49 c'est près de 3,8 millions de compteurs
00:30:53 qui sont télé-relevés ou radio-relevés,
00:30:55 ce qui permet de suivre les consommations des personnes
00:30:58 et de leur donner la capacité à repérer leurs fuites.
00:31:01 Et par nos équipes,
00:31:02 nos équipes aussi signalent ces fuites aux usagers.
00:31:05 L'année dernière, ce sont 72 000 fuites
00:31:08 qui ont été signalées chez des usagers,
00:31:10 ce qui a permis d'économiser quand même 4 millions de mètres cubes.
00:31:14 Donc on a des solutions aussi en mobilisant les usagers
00:31:17 et en les accompagnant avec de la technologie
00:31:19 comme le télé-relevé.
00:31:21 Et puis une autre solution, c'est chercher les ressources alternatives.
00:31:24 La réutilisation des eaux usées,
00:31:25 nous avons lancé l'année dernière un grand plan de mobilisation
00:31:28 sur une centaine de sites que nous avons identifiés.
00:31:31 Sur cette centaine de sites,
00:31:33 en mettant en place des solutions de réutilisation des eaux usées
00:31:35 à la maille du site,
00:31:37 on imagine pouvoir déjà économiser 3 millions de mètres cubes.
00:31:40 C'est toujours ça,
00:31:41 mais il faudrait aller beaucoup plus loin
00:31:42 sur la réutilisation des eaux usées.
00:31:44 Là, on est sur des usages locaux.
00:31:46 On pourrait travailler sur la réutilisation
00:31:49 vers de l'agriculture ou vers d'autres usages.
00:31:52 Juste pour se situer,
00:31:53 l'Espagne est aujourd'hui à près de 15% de réutilisation des eaux usées.
00:31:56 Là où en France, nous n'y sommes pas.
00:31:58 Le climat de l'Espagne sera le climat de la France demain.
00:32:01 Et donc il faut nous préparer à cela
00:32:03 et nous investissons sur des solutions de réutilisation des eaux usées.
00:32:07 Nos exploitants s'y forment, nos ingénieurs s'y forment,
00:32:10 nos chercheurs y travaillent.
00:32:12 Et puis le dernier point que je citerai quand même,
00:32:14 puisque Olivier l'a cité,
00:32:16 les solutions fondées sur la nature.
00:32:17 Nous bénéficions aussi de l'expérience d'autres pays
00:32:20 pour utiliser ces solutions.
00:32:22 Bien sûr, il faut faire de la nature notre allié.
00:32:25 Nous ne sommes pas là pour faire de la technologie à tout crin.
00:32:27 Nous sommes là pour assurer que dans la durée,
00:32:30 nous ayons ensemble de la ressource et de la capacité
00:32:33 à fournir en particulier de l'eau potable,
00:32:35 mais aussi les autres usages.
00:32:37 Voilà, je vous remercie pour votre écoute.
00:32:38 Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
00:32:40 -Merci. Je vais donner la parole à Guillaume Chevrolier.
00:32:45 -Merci, M. le Président. Merci aux intervenants.
00:32:49 Cette table ronde sur la résilience hydrique
00:32:51 est parfaitement dans l'actualité,
00:32:52 puisque le ministre présente aujourd'hui,
00:32:55 ou a fait une conférence sur le plan sobriété-eau
00:33:00 du gouvernement face à cet été 2022,
00:33:04 avec ses 700 communes qui ont connu des difficultés
00:33:07 d'approvisionnement en eau potable,
00:33:08 et puis les prévisions du GIEC qui ont été rappelées
00:33:11 avec une baisse du niveau des cours d'eau entre 10 et...
00:33:15 et 40 % d'ici 2050.
00:33:18 Donc il faut agir.
00:33:21 Tout ce que vous avez dit, d'ailleurs,
00:33:24 recoupe beaucoup de propos qu'on peut tenir
00:33:27 dans cette commission sur la nécessité d'investir davantage
00:33:30 dans les réseaux, d'avoir davantage de financement public
00:33:33 et d'accompagnement pour les collectivités locales.
00:33:36 Et on avait d'ailleurs eu l'occasion d'en parler
00:33:38 au ministre dans le débat préalable à la loi de finances,
00:33:43 et avait posé la question sur est-ce qu'il faudra
00:33:46 une nouvelle loi sur l'eau ?
00:33:48 Alors, par rapport à tout ce que vous avez dit les uns et les autres
00:33:51 sur le territoire, la gouvernance,
00:33:54 le ministre a dit que non, pas de nouvelle loi sur l'eau,
00:33:56 mais si on veut politiser le sujet de l'eau,
00:34:02 un débat législatif permet de le faire.
00:34:05 Alors quelle est votre position par rapport à cette question
00:34:09 d'une nouvelle loi sur l'eau pour mettre en oeuvre justement
00:34:13 la planification écologique autour de l'eau
00:34:16 et puis faire en sorte de simplifier ?
00:34:19 Le Sénat lance également les états généraux de la simplification.
00:34:23 Alors, aussi, on a entendu beaucoup de monde,
00:34:25 où il est nécessaire, dans la nébuleuse autour de l'eau,
00:34:29 de simplifier.
00:34:32 J'avais une question pour Veolia, mais vous l'avez un peu abordée,
00:34:36 mais est-ce que vous pouvez développer sur tous les travaux
00:34:39 que vous entreprenez en termes de recherche et développement
00:34:42 pour améliorer l'efficience et le rendement des réseaux
00:34:46 et notamment l'utilisation de nouvelles technologies,
00:34:49 le pilotage informatisé ?
00:34:51 Là aussi, on a besoin d'avoir des informations optimistes
00:34:56 sur ces questions-là.
00:34:58 Et puis, également, ce qui est engagé pour réduire
00:35:03 les nouvelles sources de pollution,
00:35:04 je pense notamment aux microplastiques
00:35:07 et résidus médicamenteux qui inquiètent beaucoup
00:35:11 nos concitoyens et les hullocaux en particulier.
00:35:15 Vous avez évoqué la réutilisation de l'eau.
00:35:17 Je pense que beaucoup de collègues vous interrogeront
00:35:20 sur cette question-là également,
00:35:21 mais je pense qu'il est important que vous puissiez développer
00:35:24 pour qu'en France, on avance sur ces questions-là.
00:35:28 Et puis, pour terminer, pour mettre de l'eau au moulin,
00:35:30 pour reprendre la formule du président,
00:35:32 je voudrais profiter de la présence de M. Thibault
00:35:35 pour évoquer le sujet de la continuité écologique
00:35:38 et pour qu'il nous fasse l'état un petit peu
00:35:40 de sa perception du sujet depuis l'adoption
00:35:42 de l'article du fameux article 49 de la loi
00:35:46 "Climat et résilience" dans le contexte
00:35:49 où la France cherche à intensifier le déploiement
00:35:52 des énergies renouvelables.
00:35:53 Alors, comment, de votre position nationale,
00:35:57 vous avez vu évoluer le dialogue entre l'administration
00:35:59 et les propriétaires d'ouvrages hydrauliques ?
00:36:02 Des difficultés subsistent-elles, je suppose ?
00:36:06 Et est-ce que des études plus approfondies
00:36:09 sur les incidences des ouvrages hydrauliques,
00:36:11 hydroélectriques ont-elles été lancées,
00:36:13 comme le recommandait un rapport que le Sénat avait produit,
00:36:16 d'ailleurs, en mars 2021 ?
00:36:19 Et sur un sujet connexe, le médiateur de l'hydroélectrique
00:36:24 a été nommé le 9 décembre dernier pour la région Occitanie,
00:36:29 qui a pour mission d'aplanir les désaccords et difficultés
00:36:33 concernant une installation hydroélectrique autorisée
00:36:36 ou un projet.
00:36:38 Est-ce que vous jugez que ce type de solution est utile,
00:36:41 sachant que dans la CMP sur les ENR,
00:36:44 il est prévu une extension sur le niveau national ?
00:36:48 Là aussi, est-ce que vous pouvez faire part
00:36:50 de votre observation sur cette question ?
00:36:52 Merci.
00:36:53 -Je vais regrouper un certain nombre de questions
00:36:57 et puis vous répondrez.
00:36:59 Je donne la parole à monsieur Demi.
00:37:00 -Merci, monsieur le Président.
00:37:04 Merci aux différents intervenants.
00:37:07 Moi, je voudrais vous parler de nos agriculteurs,
00:37:10 qui sont en 1re ligne face aux pénuries
00:37:13 et qui, vous le savez, sont garants
00:37:16 de notre souveraineté alimentaire.
00:37:18 Les projections climatiques semblent montrer qu'à terme,
00:37:20 sur l'ensemble du territoire, la diminution des cours d'eau
00:37:22 sera de 10 à 40 % pour une majorité de bassins.
00:37:27 Les conclusions du Varenne agricole de l'eau 2022
00:37:29 ont d'ailleurs souligné l'urgence d'agir
00:37:32 en identifiant l'ensemble des leviers,
00:37:34 dont la création de nouvelles réserves de récupération
00:37:36 des eaux pluviales.
00:37:38 Alors, monsieur Thibault, vous avez parlé d'adaptation
00:37:40 tout à l'heure.
00:37:42 On évoque d'autres ressources possibles,
00:37:44 comme par exemple la réutilisation des eaux usées.
00:37:46 Madame, on a parlé il y a un instant.
00:37:50 Que pensez-vous de cette idée ?
00:37:53 Et d'une façon plus générale,
00:37:54 quelles sont les concertations que vous menez
00:37:58 et les mesures que vous envisagez de prendre
00:38:00 pour mieux inclure les acteurs du monde agricole,
00:38:03 territoire par territoire, je l'ai bien compris,
00:38:05 dans la gestion de cette ressource en eau ?
00:38:07 -Merci. La parole est à monsieur Rojoie.
00:38:10 -Merci, monsieur le président.
00:38:13 Tous les 4, moi, je voudrais vous parler
00:38:16 du prix du mètre cube d'eau.
00:38:19 Après des tarifs relativement stables ces dernières années,
00:38:23 l'eau, comme les autres ressources,
00:38:25 fait face à une envolée des prix.
00:38:27 Au 1er janvier, de nombreuses collectivités et syndicats
00:38:30 ont été obligés de voter des hausses de tarifs,
00:38:33 quelquefois très élevées, sur le prix de l'eau.
00:38:35 Cette hausse est souvent expliquée
00:38:38 par la mise en oeuvre de processus énergivores
00:38:41 dans la partie mécanique,
00:38:42 par exemple, effectivement, le pompage de l'eau,
00:38:44 l'acheminement et l'usage de produits
00:38:47 dont le coût a augmenté
00:38:48 lié avec l'augmentation du coût du pétrole.
00:38:52 Les augmentations qui ont été annoncées
00:38:54 par les différentes collectivités locales
00:38:56 vont de 6 à 12 %
00:38:58 par rapport au prix de référence.
00:39:01 Et en fonction de cette fourchette,
00:39:03 on peut en déduire que, globalement,
00:39:05 une famille moyenne en France
00:39:07 voit le coût annuel de l'augmentation
00:39:10 du prix de l'eau potable aujourd'hui
00:39:11 de l'ordre de 40 à 60 euros de plus.
00:39:15 Alors, vous avez parlé ici d'Explorer.
00:39:18 Enfin, je ne sais pas, votre système qui permet...
00:39:20 Non, c'est pas Explorer, c'est ça ?
00:39:22 Qui permet de projeter l'avenir.
00:39:23 Alors, moi, je vous interroge.
00:39:25 Je voudrais savoir, pourriez-vous nous indiquer
00:39:27 quelle vision prospective vous avez sur l'augmentation
00:39:31 qui va avoir lieu du mètre cube d'eau en France ?
00:39:36 Et la logique, c'est peut-on arriver à une explosion
00:39:40 d'ici 5 ou 10 ans du prix du mètre cube ?
00:39:43 Je n'ai pas trouvé de chiffre pour l'année 2023, évidemment.
00:39:47 2022 non plus.
00:39:49 En 2018, le prix moyen en France du mètre cube d'eau
00:39:54 était de 4,08.
00:39:56 Combien était-il en 2022 ?
00:40:00 Et si vous pouvez nous projeter
00:40:02 ce que ce sera dans 5 à 10 ans.
00:40:06 -Merci. La parole est à M. Gold.
00:40:08 -Merci, M. le Président.
00:40:13 Merci pour les propos des uns et des autres.
00:40:15 Alors, moi, je vais surtout vous parler
00:40:17 rendement des réseaux et puis échelle territoriale.
00:40:20 Chaque année, principalement en période estivale,
00:40:22 on assiste, comme vous l'avez rappelé les uns et les autres,
00:40:25 à de nombreux problèmes d'alimentation en eau potable.
00:40:29 Dans certaines communes ou parties de communes,
00:40:31 on est donc obligés de mettre en place
00:40:32 des rotations de camions-citernes,
00:40:34 ce qui demande évidemment aux élus
00:40:36 une rationalisation de l'eau disponible,
00:40:38 mais aussi le règlement de factures importantes.
00:40:41 Les différents modes de gestion ont engendré
00:40:43 des investissements plus ou moins prononcés
00:40:47 et qui n'ont jamais été à la hauteur des besoins,
00:40:49 ce qui n'est pas sans conséquence, donc, sur le rendement des réseaux.
00:40:52 Aujourd'hui, beaucoup de départements
00:40:54 font le choix de syndicats d'alimentation en eau potable,
00:40:58 donc au niveau territorial, au niveau du département,
00:41:01 ce qui permet d'interconnecter les réseaux
00:41:03 et de bénéficier d'une eau de qualité
00:41:05 et en quantité disponible partout.
00:41:08 Pour certains, cette solidarité est mal vécue,
00:41:12 car il existe un sentiment que les meilleurs élèves
00:41:15 paient pour ceux qui n'ont jamais investi dans leur réseau.
00:41:19 Moi, j'aimerais donc savoir pour vous
00:41:21 quel est l'échelon territorial le plus adapté
00:41:24 à une gestion publique de l'eau,
00:41:27 ou bien y a-t-il des niveaux...
00:41:29 Si vous n'êtes pas capables de me dire
00:41:30 quel est le meilleur échelon territorial,
00:41:32 y a-t-il des niveaux, en tous les cas, à éviter
00:41:34 pour que les investissements soient garantis
00:41:36 avec un rendement, bien sûr, optimal des réseaux ?
00:41:38 Je vous remercie.
00:41:39 -Merci. La parole est à madame Perrault.
00:41:42 -Merci, messieurs. Merci, président.
00:41:46 J'ai quelques réflexions.
00:41:47 Les retenues d'eau douce, les bassines
00:41:50 sont à chaque mise en place conflit entre les habitants,
00:41:53 les agriculteurs, les pêcheurs, les chasseurs.
00:41:56 Pourtant, mon département possède 5 000 hectares
00:41:58 de réservoirs d'eau douce et réservoirs saines et aubes
00:42:02 abritant une très grande biodiversité.
00:42:06 Il existe des territoires comme chez moi
00:42:08 dans plusieurs endroits de France
00:42:10 qui ne demandent qu'à servir d'exemple.
00:42:12 Alors pourquoi l'Etat ne se sert-il pas plus
00:42:15 de ce qu'il possède pour démontrer, prouver, entre autres,
00:42:18 qu'une retenue d'eau deviendra avec le temps
00:42:20 une superbe réserve d'eau,
00:42:23 mais aussi de biodiversité,
00:42:24 et éviter ainsi les conflits
00:42:27 qui ralentissent le développement des territoires ?
00:42:29 Autre chose aussi, les drainages des prairies
00:42:33 pour en faire des terres céréalières,
00:42:34 c'est catastrophique.
00:42:36 C'est catastrophique aujourd'hui pour les plantes,
00:42:38 mais aussi pour le bâti,
00:42:39 car les prairies entouraient les villages
00:42:42 et servaient de tampons,
00:42:43 évitant ainsi des dérangements importants dans le bâti.
00:42:47 Et ça, on le voit de plus en plus.
00:42:49 Et aussi une autre réflexion,
00:42:52 dans mon département, un syndicat d'eau a été créé en 1943
00:42:57 par des élus précurseurs,
00:42:59 et c'est vrai que nous avons quand même une gestion
00:43:03 des réseaux et de la distribution d'eau
00:43:06 qui est quand même de bonne qualité.
00:43:09 -Merci. Et puis pour terminer cette série de questions,
00:43:12 je vais donner la parole à Mme Bonnefoy.
00:43:15 -Merci, président.
00:43:16 Je voudrais remercier aussi nos intervenants
00:43:18 pour la qualité de leur intervention.
00:43:21 Ce jeudi, à Jarnac, en Charente,
00:43:22 mon département a été présenté
00:43:24 la stratégie de résilience à l'horizon 2050
00:43:28 par l'établissement public territorial du bassin
00:43:30 du fleuve Charente.
00:43:32 Le territoire s'organise donc
00:43:34 pour s'adapter au changement climatique
00:43:36 et définir une stratégie de long terme.
00:43:39 Est-ce que vous avez eu connaissance
00:43:41 de cette étude globale
00:43:42 qui fourmille de propositions d'adaptation
00:43:45 et qui répond à ce que disait tout à l'heure M. Thibault ?
00:43:49 -Je tiens donc à saluer cette démarche
00:43:51 qui est une démarche prospective et participative
00:43:54 qui redonne à l'eau son caractère essentiel,
00:43:56 à savoir qu'elle fait partie du patrimoine commun de la nation.
00:44:00 Je suis d'ailleurs très attachée à cette notion
00:44:02 qui est définie dans le Code de l'environnement
00:44:04 quand elle permet de garantir la maîtrise publique
00:44:07 de la gestion de l'eau.
00:44:09 À l'heure où nous connaissons des tensions sans précédent
00:44:11 sur cette ressource,
00:44:12 il est donc impérieux de refonder nos usages
00:44:15 de l'incitation à l'aménagement du territoire.
00:44:18 Prenons par exemple la question de la zéro artificialisation nette
00:44:21 que nous examinerons prochainement.
00:44:24 Ce sujet est étroitement lié à la gestion de l'eau
00:44:26 en matière d'infiltration,
00:44:28 de l'adéquation besoin-ressources
00:44:30 ou encore de la préservation des continuités écologiques.
00:44:33 Donc quel est votre point de vue sur l'artificialisation...
00:44:37 l'articulation, pardon, entre le ZAN et la gestion de l'eau ?
00:44:40 Ce changement de paradigme doit être entendu
00:44:42 par l'ensemble des usagers et des décideurs,
00:44:45 ainsi comme nos collègues de la délégation
00:44:47 à la prospective.
00:44:48 Je suis d'avis de repolitiser l'eau
00:44:50 en redonnant aux élus la capacité technique
00:44:53 d'arbitrer les choix stratégiques
00:44:55 sur la répartition des usages de la ressource en eau.
00:44:57 Sur les usages agricoles, notamment,
00:45:00 si nous voulons éviter les conflits à venir,
00:45:02 je suis pour développer un organisme unique
00:45:05 de gestion collective
00:45:07 qui aurait en charge la gestion,
00:45:10 la répartition des volumes d'eau
00:45:12 prélevés à usage agricole sur un territoire déterminé.
00:45:15 Ainsi, l'accès à l'eau serait recentré
00:45:17 dans une instance décisionnelle unique,
00:45:20 ce qui aurait l'avantage, selon moi,
00:45:21 de replacer au centre de la ressource
00:45:24 un acteur public
00:45:25 et de faciliter une vraie transition agroécologique,
00:45:29 indispensable à une gestion plus économe,
00:45:31 ainsi qu'à une meilleure qualité de l'eau.
00:45:33 Sur ce sujet de la transition agricole,
00:45:35 comment envisagez-vous l'outil
00:45:37 des paiements pour services environnementaux
00:45:39 dont quelques agences de l'eau se sont saisies
00:45:41 pour emmener le tissu agricole
00:45:43 dans un cercle virtueux de bonne pratique ?
00:45:46 C'est le cas, par exemple, pour Eau du bassin Rennet,
00:45:48 que vous devez connaître.
00:45:49 Que pensez-vous de la démarche initiée
00:45:51 par la métropole de Poitiers...
00:45:53 De Poitiers, pardon, de Montpellier,
00:45:56 visant à mettre en place
00:45:58 une bonne tarification de l'eau ?
00:46:00 Le système qui est entré en vigueur
00:46:01 le 1er janvier dernier consiste,
00:46:03 vous le savez certainement,
00:46:05 à préserver gratuitement
00:46:07 les 15 1ers m3 d'eau potable.
00:46:10 Ensuite, le prix augmente en fonction
00:46:12 de la consommation d'eau.
00:46:13 L'idée, c'est de récompenser les familles les plus économes
00:46:16 et de sanctionner celles qui sont
00:46:17 les plus grosses consommatrices.
00:46:19 Est-ce que vous considérez
00:46:21 que cette innovation est une démarche à reproduire ?
00:46:24 Et dernière question,
00:46:26 que pensez-vous de donner
00:46:27 une personnalité juridique à des cours d'eau ?
00:46:31 Merci.
00:46:32 -Je vous propose de répondre,
00:46:35 mais pas répondre chacun à toutes les questions,
00:46:38 de cibler les réponses que vous voulez donner
00:46:41 à mes collègues. Merci.
00:46:42 (...)
00:46:45 (...)
00:46:47 -J'en ai noté un certain nombre pour l'administration,
00:46:49 quand même, de questions, là.
00:46:51 Alors, il y a des choses où je vais être court.
00:46:54 M. Chevrolier, mon ministre, a par nature raison.
00:46:57 Donc, s'il dit qu'il n'y a pas besoin de loi,
00:46:59 il n'y a pas besoin de loi.
00:47:02 Et donc, voilà.
00:47:04 Ce dont je suis sûr,
00:47:07 il y aura des sujets législatifs.
00:47:10 Après, faut-il qu'il y ait une loi spécifique sur l'eau ?
00:47:13 Ca, c'est un sujet politique qui n'appartient qu'à mon ministre.
00:47:16 Mais sur les sujets législatifs, vous parlerez d'eau,
00:47:18 ne serait-ce que dans les lois de finances,
00:47:20 parce qu'il y a des sujets de fiscalité,
00:47:21 des sujets de plafond, des sujets de redevance
00:47:24 qui vont revenir.
00:47:28 Ce que dit mon ministre,
00:47:29 et pour le coup, je pense que c'est important,
00:47:31 c'est qu'il faut agir tout de suite.
00:47:34 Il ne faut pas attendre.
00:47:35 Et donc, imaginez que, lancé maintenant,
00:47:39 un grand débat pour construire une nouvelle grande loi sur l'eau
00:47:42 dans 2, 3 ans,
00:47:43 ça risque de nous freiner ou de nous ralentir
00:47:47 pour 3, 4, 5 ans,
00:47:48 alors qu'en fait, il y a plein de choses à faire
00:47:50 maintenant, tout de suite.
00:47:51 Et donc, son choix, c'est le choix de l'action.
00:47:54 Et donc, c'est aussi ça, la planification écologique,
00:47:56 avec à la fois du moyen et du long terme.
00:47:59 Je pense qu'il y aura des choses législatives quand même
00:48:02 qui viendront.
00:48:03 Mais il faut agir tout de suite.
00:48:06 Et il y a plein de choses qui peuvent se faire
00:48:09 avec le cadre législatif que l'on a aujourd'hui,
00:48:11 en bougeant un peu le cadre réglementaire,
00:48:13 en le simplifiant,
00:48:14 en libérant un peu les territoires.
00:48:17 Voilà la façon dont on va.
00:48:19 Sur la continuité écologique,
00:48:21 bon, c'est un sujet difficile pour nous,
00:48:23 parce que c'est un sujet de conciliation d'usage
00:48:27 qu'on a souvent envie d'opposer alors qu'ils sont liés.
00:48:31 Donc, il y a plusieurs choses derrière.
00:48:34 Il ne faut pas opposer patrimoine et biodiversité.
00:48:39 Donc, ça, c'est quelque chose où on se laisse
00:48:42 assez facilement aller.
00:48:43 C'est soit des moulins, soit du patrimoine ancien,
00:48:46 soit de la biodiversité.
00:48:47 On peut évidemment vivre avec les deux.
00:48:49 Ce n'est pas tout l'un ou tout l'autre.
00:48:51 Et il faut trouver des conciliations.
00:48:53 Et ce qu'on peut se dire aujourd'hui,
00:48:55 c'est qu'on n'a pas trouvé les moyens d'avoir
00:48:56 une politique apaisée de cette continuité écologique.
00:48:59 Je veux dire, ça continue à se taper dessus
00:49:01 dans les territoires sur ce sujet.
00:49:03 Et puis après, il y a le sujet énergie hydroélectrique
00:49:07 versus continuité écologique.
00:49:09 Je rappelle chaque fois que la France,
00:49:11 c'est un grand pays hydroélectrique.
00:49:13 Je veux dire, quand on regarde dans notre mix énergétique,
00:49:16 la force de l'hydroélectricité par rapport...
00:49:19 On n'a pas du tout à rougir.
00:49:21 Et donc là, c'est toujours des histoires de coût-bénéfice.
00:49:25 C'est-à-dire...
00:49:27 Enfin, partout, on pouvait faire des grands barrages rentables.
00:49:30 On les a faits, en fait.
00:49:31 On les a faits il y a longtemps.
00:49:33 Et il ne s'agit pas de les détruire.
00:49:34 Il s'agit plutôt de les optimiser,
00:49:35 parce qu'en renouvelant le matériel,
00:49:37 en fait, on peut gagner quand même
00:49:39 pas mal de puissance installée.
00:49:42 Et donc après, il faut faire attention
00:49:46 pour gagner quelques kilowatts en plus,
00:49:48 ne pas aller détruire des réservoirs biologiques.
00:49:52 Et voilà.
00:49:53 Donc la position de l'administration aujourd'hui,
00:49:55 c'est de dire on a des cours d'eau classés.
00:49:56 Les cours d'eau classés, les soins, c'est 7% du territoire.
00:49:58 Alors on peut dire que c'est trop, on peut dire que c'est pas assez.
00:50:00 Enfin, en tout cas, c'est 7% du territoire.
00:50:03 Et on essaye de sauvegarder ces 7%
00:50:04 de continuité écologique sur ces territoires.
00:50:07 Bon, c'est pas apaisé.
00:50:09 On n'a pas trouvé les bons outils pour le partager,
00:50:12 pour trouver les moyens d'investir, d'accompagner comme il faut.
00:50:17 Donc dans vos questions, il y avait le médiateur.
00:50:19 Moi, je pense que c'est une très bonne chose,
00:50:21 parce que partout, on va réussir à mettre des gens
00:50:23 qui vont permettre à chaque parti, par exemple,
00:50:25 de se parler et de trouver de manière le plus rationnelle possible
00:50:27 des solutions, parce qu'il y en a, des solutions.
00:50:30 Ben écoute, il faut y aller.
00:50:32 Et donc la généralisation de ce médiateur,
00:50:35 ça va arriver un peu plus vite que ce qu'on avait imaginé au départ.
00:50:37 Mais enfin bon, je pense que ça peut pas être une mauvaise chose.
00:50:41 Et pour moi, ce qui est important,
00:50:43 encore une fois, je l'ai déjà dit tout à l'heure,
00:50:44 c'est qu'il faut que les gens aient une visibilité
00:50:46 sur ce qui s'impose et sur les contraintes qu'on a.
00:50:48 Je trouve que le pire, c'est de laisser croire
00:50:51 qu'il n'y a pas de contraintes, laisser investir,
00:50:53 et puis après ramener les contraintes.
00:50:56 Et donc quand on a la visibilité des contraintes
00:50:59 qu'on a sur certaines parties du territoire,
00:51:01 je veux dire, on l'intègre dans son modèle économique.
00:51:03 On sait qu'il faudra faire une passe à poisson,
00:51:04 on sait qu'il faudra faire une rivière-contournement des foies,
00:51:07 on sait qu'il faudra faire attention
00:51:09 à pas turbiner à certaines parties de l'année
00:51:12 quand les aloes descendent, vraiment des choses comme ça.
00:51:16 Et à partir de là, ça permet d'avoir de la visibilité
00:51:19 et donc d'investir. Voilà.
00:51:20 Donc encore une fois, mais ça, vous le savez,
00:51:22 on essaye de pas opposer ces politiques,
00:51:23 on essaye de les concilier, et c'est objectivement pas facile.
00:51:27 Alors après, monsieur le demi, sur l'agriculture.
00:51:31 Là aussi, il faut concilier les usages.
00:51:35 Et l'agriculture est absolument essentielle dans notre système,
00:51:39 y compris pour la biodiversité.
00:51:41 Ça, je le redis souvent aussi.
00:51:42 Je veux dire, aujourd'hui,
00:51:45 on a une biodiversité qui ne va pas bien,
00:51:47 des courbes qui ne sont pas dans le bon sens.
00:51:50 Alors ça ne va plutôt pas trop mal dans les forêts,
00:51:52 moins bien dans les grandes plaines.
00:51:54 Enfin, je veux dire, si je fais un peu caricature, elle est simple.
00:51:57 Donc, ce dont on a besoin,
00:51:59 c'est d'avoir de l'agriculture compatible
00:52:03 avec les enjeux environnementaux qu'on a dans ces territoires.
00:52:06 Et donc, ce n'est pas n'importe où, n'importe où.
00:52:09 Donc aujourd'hui, quand on dit conciliation des usages,
00:52:12 je veux dire, l'agriculture que l'on met
00:52:14 dans nos bassins d'alimentation des captages d'eau potable,
00:52:18 je veux dire, c'est mieux si elle ne pollue pas trop l'eau à l'amont
00:52:21 pour éviter d'avoir à investir des sommes énormes
00:52:24 pour traiter l'eau après.
00:52:25 Ça ne veut pas dire pas d'agriculture dans les captages.
00:52:28 Ça veut dire une agriculture avec moins d'intrants,
00:52:31 de l'élevage extensif, ça marche très bien.
00:52:33 Des systèmes avec des haies, des prairies, ça marche très bien.
00:52:36 De l'agriculture biologique, ça marche bien.
00:52:38 Et donc, on a tout un tas de choses qui sont totalement compatibles.
00:52:41 Et donc, l'enjeu pour nous,
00:52:43 c'est d'avoir les outils d'accompagnement de l'agriculture
00:52:46 pour qu'on tenait la bonne... enfin, la bonne agriculture.
00:52:48 L'agriculture compatible avec les enjeux du territoire dont on parle.
00:52:51 Et donc, on ne va pas dire la même chose dans la bosse
00:52:53 à des endroits où il n'y a pas de sujet d'eau,
00:52:55 à des endroits où on est dans le périmètre de captage,
00:52:58 à des endroits où il n'y a personne,
00:53:00 et donc, il n'y a pas de problème, etc.
00:53:02 Et derrière, et c'est une question qui a été posée derrière,
00:53:05 enfin, plus tard, c'est Mme Bonnefoy,
00:53:10 moi, j'y crois beaucoup, aux paiements pour services environnementaux.
00:53:12 Je pense que c'est une partie de la solution.
00:53:15 C'est-à-dire qu'on a un système pour l'agriculture
00:53:16 avec des mesures agro-environnementales et climatiques,
00:53:18 dans le pilier 2 de la PAC.
00:53:20 Ça, on indemnise une perte de rendement,
00:53:23 et ça marche pour certaines choses quand on veut baisser une...
00:53:27 Je ne sais pas, une fréquence de traitement,
00:53:28 quand on veut forcer à avoir un certain nombre de choses
00:53:30 qui font perdre des rendements.
00:53:32 Les paiements pour services environnementaux,
00:53:33 c'est un truc complémentaire,
00:53:35 et à mon avis, qu'il faut développer plus,
00:53:37 où là, on va rémunérer explicitement des actions
00:53:41 qu'on veut faire porter par des participants
00:53:43 qui peuvent être des agriculteurs
00:53:44 pour faire des choses qui vont être bonnes pour l'environnement.
00:53:46 Et ça, c'est quelque chose qui marche très bien.
00:53:50 Donc, pour le coup, j'ai un attachement particulier
00:53:52 parce que j'ai personnellement participé
00:53:54 à la première notification de ces paiements
00:53:57 pour services environnementaux
00:53:58 quand j'étais à l'agence de Loire-Thoy-Picardie.
00:54:00 On me disait à l'époque
00:54:01 que ça n'intéresserait jamais les agriculteurs
00:54:03 parce que c'était en faire des jardiniers du paysage
00:54:06 ou des choses comme ça.
00:54:07 Ça a super bien marché
00:54:09 parce qu'on arrive à rencontrer notre public,
00:54:12 et puis ça donne du sens à ce qu'on fait.
00:54:13 On ne fait pas semblant de payer par une AME
00:54:15 un truc qui n'est pas une AME.
00:54:17 Et donc, moi, j'y crois beaucoup.
00:54:19 Il ne faut pas que ce soit fait n'importe comment,
00:54:20 et c'est aussi un moyen de rendre compétitif
00:54:24 certains usages qui, sans ça, disparaîtront.
00:54:25 Parce que si, à la fin, on perd notre agriculture,
00:54:28 ça renvoie à la souveraineté alimentaire.
00:54:30 Il faut quand même qu'on arrive à se nourrir,
00:54:31 mais il faut aussi qu'on boive.
00:54:32 Et donc, il faut réussir à concilier tout ça.
00:54:35 Sur la réutilisation des eaux usées,
00:54:38 on est mauvais,
00:54:40 mais il faut faire attention à la comparaison
00:54:42 avec les voisins d'à côté.
00:54:44 Parce que, certes, en Espagne, ils sont à 18 %,
00:54:47 mais quand vous n'avez plus d'eau dans la rivière
00:54:49 et que vous utilisez l'eau d'écession d'épuration
00:54:51 pour aller directement irriguer les épatations agricoles à côté,
00:54:54 en France, on a encore un peu d'eau dans les rivières,
00:54:57 mais on fait de la réutilisation cachée, en fait.
00:54:59 C'est-à-dire que, quand vous regardez
00:55:01 les débits des cours d'eau de nos rivières en été,
00:55:04 vous avez plein d'endroits où on monte à 40 %,
00:55:06 50 % du débit, c'est l'eau d'écession d'épuration.
00:55:10 Et dans le sud, encore plus que dans le nord.
00:55:12 En fait, les agriculteurs, ils pompent cette eau dans les rivières.
00:55:15 On n'appelle pas ça de la réutilisation des eaux usées,
00:55:17 mais si on s'amusait à sortir cette eau
00:55:20 d'écession d'épuration et l'utiliser directement sur l'agriculture,
00:55:24 vous arriveriez, vous devriez supprimer des pompages
00:55:27 qui, aujourd'hui, sont dans la rivière.
00:55:29 Vous voyez ?
00:55:30 Donc, il faut faire un peu attention à ces chiffres.
00:55:32 Une fois qu'on a dit ça, on est à moins de 1 %,
00:55:34 je veux dire, il faut qu'on change de braquet
00:55:36 sur la réutilisation des eaux usées.
00:55:38 Donc, là, derrière,
00:55:39 c'est là encore un sujet un poil compliqué,
00:55:41 parce que dans l'eau, c'est jamais complètement simple,
00:55:44 il y a un enjeu sanitaire fort.
00:55:47 Et aujourd'hui, ce qui nous bloque dans le développement,
00:55:50 c'est les enjeux sanitaires,
00:55:51 c'est... on a appris et on a pris l'habitude en France
00:55:56 de ne pas se poser de questions quand on a de l'eau.
00:55:58 Elle doit forcément être potable pour tout ce qu'on a autour de nous.
00:56:01 Et à partir de là, chaque fois que vous allez autoriser de l'eau,
00:56:04 il faut qu'elle soit potable.
00:56:06 Et donc, c'est ce qu'on a mis derrière
00:56:08 ce qu'on appelle les usages domestiques.
00:56:10 Mais je peux vous donner des exemples qu'on vit tous les jours.
00:56:13 Moi, j'ai des collectivités qui ne peuvent pas arroser
00:56:16 leur pelouse de foot, parce qu'on nous dit que si un gamin
00:56:20 vient lécher la pelouse, il peut tomber malade
00:56:22 si l'eau n'est pas potable.
00:56:23 Donc, il vaut mieux arroser la pelouse avec de l'eau potable.
00:56:26 Je veux dire, c'est des raisonnements comme ça qu'on a.
00:56:29 Et donc là, il faut qu'on réapprenne à se dire
00:56:34 que toute l'eau n'est pas potable,
00:56:36 toute l'eau n'a pas forcément à être bue
00:56:38 et qu'il y a des fois, il faut faire attention.
00:56:40 Et une fois qu'on sait ça,
00:56:41 on peut se permettre des usages non potables.
00:56:45 Et donc ça, c'est vrai pour l'arrosage des espaces verts,
00:56:48 des pelouses, des jardins municipaux,
00:56:50 des pelouses de foot, etc.
00:56:53 Et le sujet aujourd'hui, il est sur cette conciliation
00:56:55 entre la notion de risque sur les usages et...
00:56:59 Après, il y a un petit sujet économique aussi,
00:57:01 parce qu'il y a des endroits où ça ne se développe pas
00:57:04 parce qu'elle est trop chère.
00:57:05 De l'eau usée, retraitée, est bien plus chère
00:57:09 que de l'eau gratuite dans la rivière à côté.
00:57:11 Donc il faut aussi accepter de payer au juste prix
00:57:16 l'eau qu'on utilise.
00:57:17 Et si ce n'est pas l'usager qui le paye,
00:57:19 il faut bien que quelqu'un le paye.
00:57:20 Ça n'a pas de la collectivité, mais ça renvoie
00:57:21 à ce que je disais tout à l'heure.
00:57:24 Alors, monsieur Rougeon, sur le prix de l'eau.
00:57:27 Moi, ça ne me fait pas forcément toujours plaisir,
00:57:33 mais je pense que le prix de l'eau en France
00:57:35 n'est pas aujourd'hui à son juste prix.
00:57:38 Je suis persuadé que si on est rationnel
00:57:44 et si on veut, dans la durée, répondre aux enjeux
00:57:48 qui sont devant nous, il va falloir augmenter
00:57:50 un peu ce prix de l'eau.
00:57:51 Alors, ça ne veut pas dire l'augmenter
00:57:53 pour alimenter des trésoreries ou des grandes entreprises.
00:57:59 C'est...
00:58:00 Le prix de l'eau doit correspondre au service rendu.
00:58:03 Et ce service rendu, ça doit permettre
00:58:08 d'entretenir le patrimoine, première chose,
00:58:11 et permettre de distribuer une eau potable à la fin,
00:58:13 quand on parle de l'eau potable.
00:58:15 Et donc, ce qui me paraît hyper important,
00:58:19 c'est de bien identifier le service qu'on veut avoir,
00:58:24 d'identifier combien ça coûte et d'avoir un prix
00:58:26 qui est cohérent avec ce service qu'on a envie d'avoir.
00:58:28 Et donc, derrière, dans un contexte
00:58:30 de changement climatique, on a besoin d'interconnexions,
00:58:33 on a besoin de solutions de secours,
00:58:35 on a besoin de réseaux en suffisamment bonne qualité.
00:58:40 Et donc, ça, ça a un certain coût.
00:58:42 Et c'est vrai que l'énergie a largement augmenté.
00:58:47 Donc, ça a augmenté.
00:58:48 Une fois qu'on a dit ça, et c'est un point important,
00:58:51 il y a eu la loi Brottes, puis après,
00:58:53 on a élargi le système,
00:58:56 il faut être capable d'apporter des réponses
00:58:59 à nos concitoyens les plus fragiles.
00:59:01 Parce que le vrai sujet de l'eau,
00:59:02 ce n'est pas qu'elle est chère ou pas chère.
00:59:04 Je veux dire, deux tiers des Français
00:59:05 ne savent pas combien ils payent l'eau.
00:59:07 Aujourd'hui encore.
00:59:09 Je veux dire...
00:59:10 Non, mais c'est vrai.
00:59:13 Et puis, c'est cruel, parce que...
00:59:16 Enfin, moi, qui vis dans le monde de l'eau depuis 20 ans,
00:59:17 je veux dire, j'ai l'impression que c'est évident,
00:59:19 mais en fait, non.
00:59:21 Et donc, on ne sait pas. Alors, pourquoi on ne sait pas ?
00:59:22 D'abord, tous ceux qui sont dans les habitats collectifs
00:59:24 ne boivent pas de factures d'eau, donc ne savent pas trop ce que c'est.
00:59:26 Et puis, derrière,
00:59:28 quand vous êtes en dessous de 1% de votre revenu,
00:59:33 en fait, ce n'est pas ça qui va vous contraindre
00:59:34 ou qui va vous piloter dans la façon dont vous allez gérer votre budget.
00:59:38 Si on dépasse les 3%, si on dépasse les 5%,
00:59:42 là, ça devient un vrai sujet.
00:59:43 Et donc, vous avez des populations qui sont fragiles
00:59:45 pour lesquelles le prix de l'eau devient un sujet.
00:59:47 Et donc, là, c'est l'histoire de la tarification écologique
00:59:51 progressive et solidaire.
00:59:53 Donc, il faut que ce soit progressif,
00:59:54 parce que dans notre monde un peu, je veux dire, consumériste,
00:59:59 tout ce qui n'a pas de prix ne vaut rien,
01:00:02 et donc de l'eau gratuite, on la gaspille.
01:00:04 Donc, il faut que ça ait quand même un certain coût
01:00:06 si on veut l'utiliser rationnellement.
01:00:08 Et donc, ceux qui en utilisent beaucoup,
01:00:10 c'est quand même légitime qu'ils payent plus.
01:00:12 Mais après, il faut des forces de rappel.
01:00:14 Donc, c'est la partie solidaire pour que ceux
01:00:17 qui n'ont pas la capacité de le payer puissent avoir une aide.
01:00:20 Et là, c'est au choix des collectivités aujourd'hui.
01:00:23 Les premiers métiers gratuits, c'est une possibilité.
01:00:26 Un chèque eau, c'est une autre possibilité.
01:00:28 Je veux dire, c'est au choix des collectivités.
01:00:31 Par contre, si on ne met pas en place
01:00:32 ces mécanismes de solidarité,
01:00:36 derrière, on va exclure une partie de notre population,
01:00:39 et ça, c'est quand même un vrai problème.
01:00:41 Vous voyez ? Donc, pour moi, le prix de l'eau,
01:00:42 il a plutôt vocation à augmenter un peu
01:00:45 parce que le service dont on a besoin est plus important
01:00:48 que ce qu'on pouvait dire il y a 10 ans,
01:00:50 et il faut des mécanismes solidaires.
01:00:53 -Je trouve, enfin, permettez-moi de vous le dire,
01:00:55 vous ne répondez pas à ma question.
01:00:58 La problématique, nous la connaissons,
01:00:59 mais vous n'avez aucune projection...
01:01:02 -Ca, je vais laisser l'expert...
01:01:04 -Du mètre cube d'eau que les Français vont payer
01:01:06 dans les 5 à 10 ans ?
01:01:08 -Bah, aujourd'hui... Non, mais ça, tu le diras.
01:01:11 Mais il va le dire. Ne vous inquiétez pas.
01:01:14 Mais je pourrais vous le dire. Mais oui, ça va augmenter.
01:01:16 -On va accélérer, parce qu'on a encore 10 demandes de parole.
01:01:20 -Sur le syndicat départemental d'eau,
01:01:23 enfin, pour moi, la question...
01:01:26 Mais je l'ai déjà un peu dit tout à l'heure.
01:01:28 La vraie question, c'est quel service vous voulez avoir.
01:01:30 Aujourd'hui, une commune toute seule,
01:01:34 notamment tête de réseau, qui a une ressource fragile,
01:01:38 est en situation où elle va avoir des problèmes.
01:01:40 On ne sait pas si c'est aujourd'hui, demain, etc.
01:01:42 Donc, il faut construire des solutions plus résilientes.
01:01:45 Et donc, voilà.
01:01:48 Donc, la commune toute seule, pour moi,
01:01:50 c'est en général trop fragile et c'est un problème.
01:01:54 Deuxième chose, il vous faut un service à taille critique.
01:01:57 Un service à taille critique, ça veut dire qu'il vous faut
01:01:59 des gens compétents, que vous êtes capables de rémunérer.
01:02:03 Quand vous avez une commune de 600 habitants,
01:02:05 elle n'est pas capable d'avoir un service rémunéré
01:02:07 à la bonne échelle. Ca, c'est une réalité.
01:02:10 Après, que ce soit un syndicat d'eau,
01:02:11 que ce soit une communauté de communes,
01:02:12 une communauté de rémunération, je veux dire,
01:02:14 ça dépend du territoire, mais il faut la taille critique
01:02:17 pour avoir une capacité d'investissement,
01:02:19 une capacité de réaction,
01:02:21 une capacité à mettre en oeuvre des systèmes de crise
01:02:23 et d'avoir des gens dont c'est le métier...
01:02:27 Le modèle où vous avez l'agent municipal
01:02:30 qui va mettre une pâtille de chlore dans le château d'eau
01:02:32 une fois par semaine, et c'est ça le service d'eau,
01:02:35 c'est un truc qui a marché pendant 50 ans,
01:02:37 qui n'est pas durable.
01:02:40 Que ce soit départemental ou EPCI,
01:02:44 moi, je pense que ce n'est pas à nous de le dire,
01:02:47 dans un département très rural,
01:02:49 ça a souvent du sens d'aller à l'échelle départementale,
01:02:52 dans un département urbain, en général, ça n'a pas de sens.
01:02:54 Et donc, c'est ça qu'il faut regarder.
01:02:56 Et là, encore une fois, c'est les élus qui doivent trouver
01:02:58 le bon système.
01:03:00 C'est vrai que la transition est pénible.
01:03:03 Quand on est une commune qui a investi
01:03:05 et qu'on va se mettre avec la commune d'à côté
01:03:06 qui n'a pas investi, c'est très frustrant.
01:03:08 Quand on a une commune qui a un prix de l'eau bas
01:03:10 et que celle d'à côté a un prix de l'eau plus élevé,
01:03:12 l'harmonisation est un moment difficile.
01:03:15 Mais il faut se dire que si on veut un système
01:03:19 qui tienne dans le temps, il faut avoir la taille qui va bien.
01:03:25 -Je m'arrête. J'ai dit les PSE.
01:03:27 Enfin, j'ai plein de choses à dire encore,
01:03:29 mais je vais vous partager un peu.
01:03:31 -Allez-y. Merci beaucoup.
01:03:32 Je ne vais pas reprendre tous les points qu'a pris Olivier,
01:03:34 avec qui je suis totalement en accord.
01:03:36 Je voudrais, peut-être en préambule, revenir sur un mot
01:03:38 que vous avez utilisé en termes de thématique pour vos travaux.
01:03:41 C'est le mot de résilience.
01:03:43 Je pense qu'on n'en a pas discuté,
01:03:44 mais c'est un sujet sur lequel on pourrait débattre
01:03:46 pendant des heures, parce qu'on n'a pas tous
01:03:47 les mêmes définitions et visions de ce qu'est la résilience.
01:03:49 En tout cas, si je me place du point de vue de l'agriculture,
01:03:52 c'est que Inrae promeut la transition agroécologique.
01:03:55 Une agriculture résiliente, ce n'est en aucun cas
01:03:57 l'agriculture d'hier, même d'aujourd'hui.
01:03:59 L'agriculture, en 2030, elle sera différente,
01:04:01 et elle sera résiliente en ce sens qu'elle continuera à produire,
01:04:05 vraisemblablement différemment,
01:04:06 probablement des quantités différentes,
01:04:08 mais en tout cas, il y a toujours une activité de production
01:04:10 qui se maintient, et on ne vise pas systématiquement
01:04:13 le rendement maximum comme on a pu le faire
01:04:15 pendant des dizaines d'années,
01:04:17 avec des justifications qui, à l'époque,
01:04:19 pouvaient sembler valides, mais elle est plutôt,
01:04:21 et c'est vrai pour l'usage de l'eau, notamment en agriculture,
01:04:23 et j'en viens à la réponse à certaines questions,
01:04:25 c'est de se dire qu'une irrigation indispensable,
01:04:29 on le sait, dans certaines régions d'ores et déjà,
01:04:31 qui va devenir de plus en plus importante
01:04:33 si on veut maintenir, simplement maintenir,
01:04:35 je ne parle pas de maximaliser une activité agricole,
01:04:38 devra viser cet objet de résilience,
01:04:40 donc maintien d'une sécurisation de la production
01:04:44 et non plus d'une maximalisation de la production.
01:04:46 Je pense que c'est un message qu'on essaie de faire passer,
01:04:48 parce que ça veut dire que derrière les systèmes de production,
01:04:51 ils doivent évoluer dans le respect des agriculteurs
01:04:54 et dans le respect du revenu des agriculteurs.
01:04:56 L'idée, c'est quand même que les gens puissent continuer à vivre,
01:04:58 même si actuellement, c'est difficile pour un grand nombre d'entre eux
01:05:00 de leur métier, et puissent contribuer à la production alimentaire.
01:05:03 Donc c'est vraiment un changement profond de visée,
01:05:08 ce n'est pas la maximalisation, c'est la sécurisation.
01:05:10 En tout cas, l'irrigation, pour nous,
01:05:12 est une réelle vue de ce point de vue-là.
01:05:13 Alors, par rapport à M. De Milly,
01:05:15 qui évoquait effectivement le Varennes de l'eau,
01:05:17 je crois que vous l'avez évoqué, je vais beaucoup participer,
01:05:19 notamment sur la thématique 2, qui était justement
01:05:21 sur le thème des agriculteurs de résilience.
01:05:23 Et en fait, le levier de l'irrigation, le levier des retenues,
01:05:26 il a bien sûr été mentionné, et beaucoup de gens
01:05:28 avaient ça en tête quand ils sont intervenus dans le cadre du Varennes.
01:05:30 Je vous rappelle, avant la récolte de l'eau
01:05:32 et de l'adaptation au changement climatique,
01:05:33 tout le monde a retenu le Varennes agricole de l'eau.
01:05:35 Juste après les assises de l'eau, ça a posé beaucoup de tensions,
01:05:37 d'ailleurs, avec les participants.
01:05:39 Et en fait, on a examiné dans le cadre de ce Varennes de l'eau
01:05:42 un ensemble de leviers qui partent de la génétique,
01:05:45 finalement, animale ou végétale,
01:05:46 jusqu'à la gestion de l'eau à l'échelle des territoires,
01:05:48 jusqu'à un certain nombre de transitions très fortes
01:05:51 de l'agriculture. Et donc, il ne faut pas imaginer
01:05:53 que le seul levier disponible actuellement
01:05:56 est le levier de stockage et usage de l'eau.
01:05:59 C'est un des leviers parmi d'autres qui n'est pas le plus efficient,
01:06:02 pas forcément le plus efficace, qui a un coût, ça a été dit.
01:06:04 Et quand on parle du coût de l'eau potable,
01:06:06 M. Roujeon a parlé du prix de l'énergie.
01:06:08 Le prix de l'énergie, il faut aussi l'intégrer dans...
01:06:10 Et ça a été dit aussi par Olivier dans son introduction,
01:06:12 dans l'eau qu'on va stocker dans des bassines
01:06:14 et qu'on va éventuellement restituer après.
01:06:17 Juste un chiffre, un ordre de grandeur,
01:06:18 dans la vallée du Rhône, dans la Drôme,
01:06:20 et on ne parle pas de bassines, mais d'irrigation,
01:06:21 notamment avec les systèmes Durance,
01:06:23 le prix de l'irrigation a été multiplié par 2
01:06:25 entre 2021 et 2022.
01:06:27 Et ça continue à augmenter parce que l'eau-pompage,
01:06:29 c'est de l'énergie, ça coûte de l'argent.
01:06:31 Et donc, ces leviers qu'on a commencé à identifier
01:06:34 dans le cadre du Varène de l'eau,
01:06:35 on les mobilise actuellement dans un exercice,
01:06:37 notamment de préparation de la prochaine loi
01:06:40 d'orientation agricole, sous l'impulsion de Marc Feneau.
01:06:42 Vous savez sans doute, il y a 3 grands groupes de travail
01:06:44 qui ont été mobilisés, un sur la formation,
01:06:47 l'autre sur la transmission et l'installation,
01:06:49 et le dernier sur l'adaptation de l'agriculture
01:06:50 au changement climatique.
01:06:52 Et donc, on réutilise les travaux du Varène
01:06:54 pour la mise en cohérence des différents leviers,
01:06:56 parce que, et c'est un message que j'essaie de porter
01:06:58 quand j'interviens sur ces sujets,
01:06:59 il n'y a pas un levier unique.
01:07:01 S'il y en avait un, on le saurait et on l'utiliserait.
01:07:03 Donc, c'est des combinaisons de leviers
01:07:05 qui vont être à mobiliser.
01:07:07 Et ça a été une remarque qui a été faite
01:07:08 sur l'approche départementale.
01:07:10 Je crois que c'est Mme Bonnefoy qui l'évoquait.
01:07:13 C'est vraiment à l'échelle des territoires,
01:07:15 des bassins de production que se passent les choses.
01:07:17 Alors, on peut avoir une vision...
01:07:18 Alors, je peux revenir sur le débat
01:07:19 de la nouvelle loi sur l'eau, mais...
01:07:22 Je pense qu'on a déjà un arsenal législatif,
01:07:23 vous êtes bien placés pour le savoir,
01:07:24 qui est très conséquent,
01:07:25 qui n'est pas forcément toujours utilisé ou appliqué.
01:07:27 Et donc, déjà, si on appliquait l'ensemble des dispositifs,
01:07:30 ça pourrait déjà peut-être dégager des solutions.
01:07:32 Mais en tout cas, la prise en main à l'échelle des territoires
01:07:36 de ces exercices de prospective départemental, régional...
01:07:39 Les régions font aussi beaucoup de choses,
01:07:41 notamment Nouvelle-Aquitaine,
01:07:43 pour prolonger par rapport à la Charente,
01:07:45 a fait ce genre de choses depuis très longtemps,
01:07:46 sur l'adaptation du massif de Gascogne pour la forêt, etc.
01:07:49 Et je pense que c'est une des solutions,
01:07:52 il est par l'appropriation de la part des acteurs
01:07:55 et de tous les acteurs, ça a été dit,
01:07:56 pas que les agriculteurs,
01:07:58 tous les citoyens sont concernés,
01:07:59 doivent se sentir concernés
01:08:01 et être effectivement mobilisés par des exercices,
01:08:04 on va dire participatifs, dans le bon sens du terme,
01:08:06 d'échanges et de partage d'une vision commune
01:08:09 pour les territoires.
01:08:10 Et sur la question de l'articulation avec ZAN
01:08:13 et la gestion de l'eau, c'est évident,
01:08:16 je l'ai évoqué rapidement en introduction,
01:08:18 ralentir le cycle de l'eau,
01:08:19 ça a été dit aussi par Olivier Thibault,
01:08:20 favoriser l'infiltration,
01:08:22 avec, par exemple, ces fameuses solutions
01:08:24 fondées sur la nature.
01:08:25 Ce sont des choses qui doivent être considérées
01:08:26 comme des solutions sans regret,
01:08:28 puisque, effectivement, la meilleure eau,
01:08:30 c'est celle qu'on va pouvoir capter sur le territoire
01:08:32 et infiltrer, lorsque c'est possible,
01:08:34 parce que celle-là va être protégée
01:08:36 contre des altérations de qualité,
01:08:37 parce qu'une eau qu'on stocke en plein air,
01:08:39 elle évolue dans sa qualité, elle peut dégrader,
01:08:41 et puis on a aussi des pertes par évaporation.
01:08:43 Donc, vraiment, c'est important.
01:08:44 Le drainage des prairies, madame Perreault évoquait ça,
01:08:47 c'est évident que pour nous,
01:08:48 même si pendant longtemps,
01:08:50 les agronomes ont prôné un certain nombre d'actions
01:08:52 de drainer des prairies et altérer des prairies
01:08:55 ou des espaces culturels, c'est très important.
01:08:58 Enfin, il faut l'éviter, alors pour l'eau,
01:09:00 mais aussi pour l'atténuation du changement climatique,
01:09:02 puisque des prairies qui fonctionnent mal,
01:09:03 c'est aussi des stocks de carbone en moins,
01:09:05 il faut quand même le retenir.
01:09:07 Quant à la question des barrages réservoirs,
01:09:09 effectivement, puis des espaces Ramsar,
01:09:10 qu'on a pu maintenant installer sur des grands lacs
01:09:12 à l'est de Paris, c'est quelque chose
01:09:14 dont on peut faire la promotion.
01:09:15 Après, il faut voir que ces barrages réservoirs
01:09:18 ont été installés dans les années 1960,
01:09:20 si je me souviens bien.
01:09:23 La situation hydrologique à venir,
01:09:24 elle n'est pas du tout la même.
01:09:26 Donc, méfiance par rapport à ce qui pourrait être
01:09:28 une projection.
01:09:29 Et puis pour terminer, puisque sur la réutilisation,
01:09:31 c'était beaucoup balayé par Olivier,
01:09:34 sur la question des retenues et de se dire,
01:09:37 il y a des modèles qu'on peut aller voir ailleurs,
01:09:38 qu'est-ce qu'ils ont fait ?
01:09:39 On parle de la réut, notamment.
01:09:41 On parle beaucoup de l'Espagne, effectivement.
01:09:43 L'Espagne a anticipé, semble-t-il,
01:09:46 un certain nombre de choses.
01:09:48 2 points là-dessus, c'est une démarche
01:09:50 qui a été axée surtout sur satisfaire la demande.
01:09:52 Donc un pilotage par la demande et non pas par l'offre.
01:09:55 Or, là, on est dans une situation où l'offre
01:09:57 va drastiquement se réduire, au moins localement.
01:09:59 Et puis, quand vous regardez les ouvrages hydrauliques
01:10:02 en Espagne, à mon nombre, maintenant,
01:10:04 on a beaucoup de mal à les remplir,
01:10:06 parce qu'une année sur 3, voire 2 années sur 3,
01:10:07 il n'y a pas assez d'eau.
01:10:09 Donc c'est temporairement, peut-être,
01:10:11 je dirais, une solution, mais c'est en aucun cas
01:10:13 une solution qui permet de reconcevoir le système.
01:10:16 Donc c'est temporairement utile, ça coûte de l'argent,
01:10:19 et à long terme, ce n'est pas durable.
01:10:21 Voilà ce que je voulais dire sur ces différentes questions.
01:10:24 Merci.
01:10:26 -Merci, M. le Président. On va se partager
01:10:27 notre temps de parole avec Anne Ducrest.
01:10:30 Je prends un peu les questions dans le désordre,
01:10:32 mais sur le prix de l'eau,
01:10:35 aujourd'hui, le prix de l'eau en France en moyenne,
01:10:37 et c'est le 6PA qui nous le dit, c'est 4,30 €
01:10:40 du mètre cube.
01:10:41 2 commentaires par rapport à ça.
01:10:43 D'une part, l'assainissement, aujourd'hui,
01:10:44 coûte plus cher que l'eau potable.
01:10:45 Donc depuis quelques petites années,
01:10:48 mais on a vu quand même cette montée-là.
01:10:52 2e élément, quand on dit 4,30 €,
01:10:56 il ne faut pas oublier que, pour nos concitoyens,
01:10:58 ça veut toujours dire qu'avec 1 centime d'euro,
01:11:01 on a quand même 2,5 litres.
01:11:04 Et donc, c'est à la fois, j'ai envie de dire, cher
01:11:07 quand il y a une abondance d'eau,
01:11:08 et pas cher quand il n'y en a plus.
01:11:10 Mais par comparaison, ces derniers jours,
01:11:13 il y a eu, par exemple, des annonces à Bruxelles
01:11:15 qui ont annoncé la 2e augmentation de 15%.
01:11:18 Ils ont fait plus de 15% en 2022,
01:11:21 plus de 15% en 2023.
01:11:23 Le prix de l'eau, il va être autour de 6,50 €
01:11:26 du mètre cube.
01:11:27 Quand on va en Allemagne, c'est à peu près les mêmes niveaux.
01:11:29 Quand on va au Pays-Bas, etc.
01:11:31 Donc moi, je partage complètement l'analyse d'Olivier,
01:11:34 qui est de dire que, de toute façon,
01:11:36 il y a des besoins qui vont avoir un impact sur le prix de l'eau,
01:11:38 que ça renforce, ça doit renforcer les aspects
01:11:41 d'aide aux plus démunis,
01:11:42 que ça doit renforcer aussi, peut-être,
01:11:43 le fait de se partager un peu l'effort
01:11:45 et de ne pas tout faire porter non plus
01:11:48 sur le consommateur d'eau.
01:11:51 Un petit clin d'oeil, c'est de rappeler que,
01:11:53 par exemple, la TVA sur l'assainissement
01:11:56 est de 10 ou 11%,
01:11:58 pendant que celle sur l'eau potable est à 5,5%.
01:12:00 Si jamais l'Etat avait la bonne idée d'aligner les 2 TVA,
01:12:04 ça permettrait, à la baisse, évidemment,
01:12:06 ça permettrait de dégager un peu de capacité de financement
01:12:10 pour les collectivités, d'alléger un peu la facture.
01:12:14 Toujours est-il que ça veut dire que,
01:12:16 dans ces moments de tension,
01:12:17 on a besoin de plus de solidarité vis-à-vis des plus démunis
01:12:20 et de plus d'efficacité.
01:12:23 La solidarité vis-à-vis des plus démunis,
01:12:26 on n'a pas d'avis sur les différents systèmes.
01:12:28 -Mme la sénatrice évoquait la gratuité des 1ers m3,
01:12:31 et Olivier Thibault évoquait les chèques eau
01:12:34 ou la tarification sociale.
01:12:35 Une chose est sûre, c'est qu'il y en a une ou deux
01:12:39 qui sont très ciblées et l'autre qui ne l'est pas.
01:12:41 Donc, quand on fait la 1re, la gratuité des 1ers m3,
01:12:44 on ne sait pas vraiment à qui ça bénéficie.
01:12:46 En tout cas, ce n'est pas une mesure sociale,
01:12:48 puisque rien ne dit que c'est redistributif
01:12:50 entre des gens plus aisés et des gens moins aisés.
01:12:54 Et là aussi, il faut se méfier toujours
01:12:56 de ce qu'on peut tirer de la tarification,
01:12:58 parce qu'on n'est pas capable de savoir
01:12:59 ce qu'il y a derrière une consommation d'eau.
01:13:01 C'est-à-dire qu'il y a parfois des familles nombreuses
01:13:04 qui vont consommer plus d'eau,
01:13:05 et puis parfois, des familles ou des foyers mono-personnes
01:13:10 qui vont plutôt gaspiller.
01:13:12 Donc, je crois que ce qui est important
01:13:13 dans la politique de l'eau, c'est de bien cibler.
01:13:16 Nous, on est là pour aider les collectivités.
01:13:18 On a parlé tout à l'heure de la digitalisation
01:13:20 des services publics, du nombre des compteurs communicants.
01:13:23 Ça, typiquement, ça permet, par exemple,
01:13:25 de faire des tarifications saisonnières
01:13:27 qui, dans des périodes de forte tension sur l'eau,
01:13:28 donnent un signal prix pour essayer de faire en sorte
01:13:31 que les consommations soient moindres.
01:13:35 Sur le sujet Ryout, là aussi, complètement d'accord
01:13:37 avec ce que dit le directeur de l'eau.
01:13:41 Et j'ajoute quand même un bémol.
01:13:42 C'est que ce qui nous vient à l'esprit,
01:13:44 c'est qu'évidemment, quand l'eau de la station d'épuration
01:13:48 est rejetée en mer ou dans l'océan,
01:13:50 là, on a quand même tout intérêt à la retenir
01:13:52 une fois de plus sur Terre.
01:13:54 Et donc, quand Veoliao développe, par exemple,
01:13:56 la réutilisation des eaux usées à Bonifacio
01:13:59 pour des activités de tourisme
01:14:02 et que ça représente, en gros,
01:14:04 la consommation de la ville de Bonifacio au mois d'août,
01:14:07 eh bien, je pense que c'est favorable au territoire
01:14:09 plutôt que d'aller rejeter directement cette eau douce
01:14:11 dans une mer d'eau salée.
01:14:13 Et on pourrait dire la même chose de ce qu'on fait à Saint-Maxime
01:14:16 ou peut-être qu'elle nous dira quelques mots du projet Vendée 1.
01:14:20 Dernier point, c'est pas à nous de dire
01:14:22 s'il faut ou non une loi sur l'eau.
01:14:24 Une chose est sûre, c'est que la politique de l'eau,
01:14:26 elle a été souvent trop mise en silo
01:14:29 et qu'il faut la dé-siloter,
01:14:30 c'est-à-dire qu'il faut parler à l'agriculture,
01:14:31 il faut parler à l'urbanisme, il faut parler à l'industrie.
01:14:35 Et que nous, en tout cas, quand vous nous annoncez
01:14:39 un effort de simplification de la législation,
01:14:41 moi, je vois toujours un clignotant
01:14:43 qui est celui, justement, des autorisations
01:14:45 sur la réutilisation des eaux usées traitées.
01:14:47 Quand vous parlez à des gens sur les territoires,
01:14:49 des élus ou des opérateurs ou des industriels
01:14:51 qui essayent de mettre en oeuvre ce genre de projet,
01:14:55 ils ont en face de 5 ou 6 administrations
01:14:58 où, alors, on passe par la clé,
01:15:00 après, il y a l'ARS, après, il y a le CODERST,
01:15:02 après, il y a le préfet,
01:15:04 et puis, tout le monde se renvoie la balle.
01:15:05 Et c'est ce qui fait qu'on met 10 ans
01:15:07 pour développer ce genre de projet.
01:15:08 Donc, un projet, moi, qui me tient à coeur de simplification,
01:15:11 c'est celui, par exemple, de la création d'un guichet unique
01:15:14 dans les départements qui va être capable
01:15:16 de traiter les dossiers et d'apporter de l'expertise
01:15:18 aux élus locaux qui veulent développer ce type de solution.
01:15:21 -C'est du bon sens.
01:15:23 A vous, allez, 2 minutes.
01:15:25 Et puis après, parce que j'ai encore 10 demandes d'intervention.
01:15:28 -D'accord.
01:15:29 Alors, si je dois faire en 2 minutes très rapide,
01:15:32 juste un mot sur le prix de l'eau.
01:15:33 Vous avez signalé qu'effectivement,
01:15:36 le prix de l'eau augmentait sous l'effet de l'énergie.
01:15:38 Ca nous rappelle qu'il faut de l'électricité
01:15:40 pour produire de l'eau.
01:15:42 Les risques de délestage
01:15:44 dont on a parlé au mois de décembre et en début d'année
01:15:48 sont effectivement aussi évidents
01:15:50 sur les services d'eau et d'assainissement.
01:15:53 Et oui, c'est pour ça qu'il faut aussi travailler
01:15:56 sur l'efficacité énergétique des services d'eau.
01:15:58 Juste quelques mots.
01:15:59 Chez Veolia, nous visons à baisser de 5 %
01:16:01 nos consommations énergétiques
01:16:03 pour les services d'eau et d'assainissement
01:16:05 que nous exploitons, 5 % en 2 ans.
01:16:07 C'est un grand programme pour essayer de travailler
01:16:09 sur notre efficacité énergétique.
01:16:11 Efficacité aussi qui doit se faire sur les produits de traitement.
01:16:14 Sur la réutilisation des eaux usées,
01:16:16 juste quelques mots.
01:16:18 Il y a une valeur agronomique dans l'eau
01:16:19 qui sort des stations d'épuration.
01:16:21 Il n'y a pas qu'une valeur de quantité,
01:16:22 il y a une valeur de qualité.
01:16:23 Et cette valeur agronomique peut être apportée aux agriculteurs.
01:16:26 Il y a un certain nombre d'expérimentations qui existent
01:16:28 et qui montrent que c'est utile.
01:16:30 Et c'est particulièrement utile, l'a dit Tristan,
01:16:32 en zone littorale où il y a effectivement...
01:16:34 C'est dommage que l'eau parte à la mer.
01:16:36 Sur les autres usages,
01:16:38 il y a l'eau industrielle sur site,
01:16:39 et ça, nous l'avons déjà démarré.
01:16:42 Il y a également les eaux de lavage, par exemple, dans la rue.
01:16:46 Il y a également la protection de la ressource elle-même.
01:16:49 L'exemple de Jourdain qui vise à utiliser les eaux usées
01:16:53 pour recharger la ressource.
01:16:55 Après, en passant à une petite zone de solutions fondées
01:16:57 sur la nature également,
01:16:59 pour utiliser la capacité épuratoire du milieu.
01:17:02 C'est un très beau programme
01:17:03 qui permet de travailler sur l'accès à l'eau en Vendée.
01:17:08 Et ce programme se développe.
01:17:10 Et il faut pouvoir développer ce type de programme.
01:17:13 Mais il y a aussi, par exemple, l'utilisation d'eau usée
01:17:15 pour faire une barrière hydraulique
01:17:16 pour protéger, par exemple, les nappes
01:17:18 de la remontée du biseau salé.
01:17:20 Puisque si vous injectez de l'eau,
01:17:21 vous empêchez l'eau salée d'aller polluer les ressources existantes.
01:17:25 Donc on a beaucoup d'options sur la réutilisation des eaux usées.
01:17:29 Et il faut continuer à poursuivre ce développement,
01:17:33 en levant, comme l'a dit Tristan,
01:17:35 les barrières administratives et réglementaires,
01:17:38 sachant que les Français sont prêts,
01:17:40 puisque classiquement, ils pensent déjà
01:17:41 que l'eau qui arrive au robinet
01:17:42 vient directement de la station d'épuration.
01:17:44 Donc rassurons-nous, tout le monde est prêt.
01:17:46 Et la crise de cet été a rajouté
01:17:48 de la capacité d'acceptabilité de ces sujets-là.
01:17:52 Je vais rebondir sur le fait territorial
01:17:53 pour répondre à la question sur la réutilisation des eaux usées
01:17:57 dans certaines situations.
01:17:58 En fait, c'est toujours une solution locale qu'il faut trouver.
01:18:00 Si l'eau n'est pas disponible, elle n'est pas disponible.
01:18:03 L'eau usée n'est pas disponible, il faut trouver d'autres solutions.
01:18:06 Mais vraiment, c'est toujours...
01:18:07 On ne va pas trouver ici des solutions générales.
01:18:09 Ca se regarde vraiment à la maille territoriale
01:18:12 en fonction des situations.
01:18:14 Pour répondre à la question de Mme De Masse
01:18:16 sur la technologie pour les réseaux,
01:18:18 oui, on peut utiliser...
01:18:20 On déploie des capteurs,
01:18:21 des capteurs qui peuvent écouter les fuites,
01:18:23 des capteurs par les compteurs
01:18:24 qui permettent de suivre les consommations.
01:18:26 On a même maintenant des compteurs
01:18:27 qui peuvent repérer les fuites.
01:18:29 Donc on arrive, en travaillant sur l'instrumentation,
01:18:32 donc en investissant sur de l'instrumentation,
01:18:35 à travailler sur les réseaux,
01:18:36 ceci étant croisé avec un traitement des données,
01:18:38 de l'intelligence artificielle, des jumeaux numériques.
01:18:41 Je vous lâche un peu tous ces mots,
01:18:42 mais il y a beaucoup de solutions
01:18:43 qu'on peut continuer à développer
01:18:44 et qu'on développe en solution opérationnelle.
01:18:47 Et ensuite, il faut évidemment des gens pour aller réparer
01:18:50 et l'investissement, on en a déjà parlé.
01:18:52 L'investissement, il doit aussi se faire dans les usines
01:18:55 pour répondre à la question sur les micropolluants.
01:18:57 Une de nos inquiétudes, je l'ai signalée au début,
01:19:00 baisse du niveau des nappes
01:19:03 et baisse des débits dans les fleuves
01:19:05 égale concentration en polluants
01:19:06 et puis l'arrivée de molécules rémanentes
01:19:08 qu'on voit apparaître de plus en plus
01:19:10 et qu'on repère de plus en plus.
01:19:11 Ca nous amène à mettre en oeuvre des traitements.
01:19:13 Il faut penser encore à ça.
01:19:15 Les solutions, on en a.
01:19:17 Les charbons actifs peuvent être utilisés.
01:19:19 On a des solutions de microfiltration,
01:19:22 de nanofiltration, d'ultrafiltration,
01:19:24 voire d'osmosinverse qui permettent
01:19:26 de traiter de plus en plus ces polluants.
01:19:28 Et ça, ça nécessite aussi des investissements.
01:19:30 Et c'est pas toujours de gaieté de coeur
01:19:32 parce qu'on n'a pas forcément envie,
01:19:33 mais parfois, on n'a que cette solution.
01:19:35 Sur la désalinisation, on regarde.
01:19:38 L'équilibre économique n'est pas toujours là.
01:19:40 Je vais pas reciter l'Espagne
01:19:41 qui a des solutions de désalinisation.
01:19:42 En tout cas, ça fait partie des solutions qui existent,
01:19:45 mais il faut qu'on cherche aussi les autres solutions
01:19:47 dans un premier temps.
01:19:48 Sur les usagers, enfin,
01:19:51 en effet, la sensibilisation est importante.
01:19:53 Là aussi, des solutions digitales nous aident.
01:19:55 Je vous donnerai juste un exemple.
01:19:56 On a une application mobile.
01:19:57 Aujourd'hui, nous avons 800 000 abonnés
01:19:59 qui se connectent sur leur application mobile
01:20:01 entre 5 et 6 fois par an pour suivre leur consommation.
01:20:05 Ca, c'est un vrai apport
01:20:06 parce que ça aide aussi les gens à entrer dans la situation.
01:20:09 C'est aussi une solution qui existe.
01:20:11 On a environ 2,8 millions aussi de connexions
01:20:14 sur notre agence en ligne.
01:20:15 Ca fait partie des outils qui aident les gens à bouger
01:20:19 sur la prise en compte de l'eau dans leur quotidien.
01:20:22 Voilà ce que je voulais dire.
01:20:24 -31 minutes pour compléter,
01:20:26 pour répondre sur le sujet aussi des agences de l'eau.
01:20:30 Je dirais même, dans la lignée aussi de l'affichage
01:20:33 et de la demande de la Fédération des entreprises de l'eau,
01:20:36 pour nous, le plafond mordant,
01:20:38 ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle, évidemment,
01:20:40 parce que l'eau a besoin de ressources
01:20:42 et c'est un flux qui manque,
01:20:46 c'est un flux financier qui manque à l'eau.
01:20:47 Donc on s'associe complètement au président,
01:20:51 notamment des comités de bassin, qui en demande la suppression.
01:20:55 Ca nous semble une évidence.
01:20:56 Il n'y a pas lieu, je dirais, de faire la poche
01:20:59 ou les poches des agences de l'eau en ce moment.
01:21:02 On voit d'ailleurs d'un très bon oeil
01:21:04 tout ce qui incite un peu plus
01:21:07 et reconnaît un peu plus la performance des territoires.
01:21:10 C'est-à-dire qu'on a quand même des témoignages d'élus locaux,
01:21:12 vous en avez peut-être également ou certainement également,
01:21:15 qui disent qu'on essaye d'être plutôt dans les bons élèves,
01:21:17 mais on a du mal à être reconnus.
01:21:18 Et finalement, entre une gestion améliorée
01:21:22 ou une gestion un peu dégradée,
01:21:23 on ne voit pas beaucoup de différence.
01:21:25 Et on regarde donc avec intérêt
01:21:28 et on accueille favorablement aussi des projets
01:21:31 qui visent à réinjecter un peu, pas énormément,
01:21:34 mais un peu de performance
01:21:35 dans le calcul des revenus des agences de l'eau.
01:21:37 C'est-à-dire que, oui, ceux qui font des efforts
01:21:38 sur le rendement de réseau, sur les fuites,
01:21:40 sur l'assainissement, ça a de la valeur.
01:21:43 Et pour prolonger le discours d'Anne Ducresque,
01:21:45 on est persuadés d'une chose,
01:21:46 c'est que c'est un ensemble de solutions
01:21:48 qu'il faut mettre en oeuvre.
01:21:49 Et le pire qui accrame la politique de l'eau,
01:21:52 c'est finalement ces confrontations
01:21:53 entre ceux qui diront "c'est les SFN",
01:21:56 les autres qui diront "non, c'est la Rioute",
01:21:58 les 3e, "c'est la Techno".
01:22:00 Non, il va falloir de tout pour faire face
01:22:02 à une situation qui est quand même préoccupante.
01:22:05 -M. le Président, si vous permettez,
01:22:09 je voudrais revenir sur une question
01:22:10 que M. Favreau a posée sur les nappes.
01:22:12 Effectivement, c'est un vrai sujet.
01:22:14 Alors, 2 éléments de réponse à cela.
01:22:16 Si on se projette dans le futur,
01:22:17 les modélisations dont on a parlé
01:22:19 montrent que la recharge des nappes
01:22:20 va être de plus en plus difficile en termes quantitatifs
01:22:23 parce que des cumuls de sécheresse sur plusieurs années.
01:22:25 En fait, ce qui impacte le plus...
01:22:27 Alors, toutes les nappes ne fonctionnent pas de la même façon.
01:22:28 Entre la nappe de Beauce que vous évoquiez,
01:22:31 les nappes qui sont très reliées aux rivières,
01:22:33 par exemple, en Deux-Sèvres, Charentes,
01:22:35 ce n'est pas du tout le même fonctionnement,
01:22:36 mais globalement, les sécheresses cumulées
01:22:39 sur plusieurs années conduisent au fait
01:22:41 que la nappe peut se recharger en hiver,
01:22:44 mais finalement, progressivement,
01:22:45 on a de moins en moins un niveau de nappe qui baisse.
01:22:48 Et il y a le problème de la qualité que vous avez évoqué,
01:22:50 et ça a été dit par plusieurs intervenants,
01:22:51 c'est qu'on va concentrer aussi
01:22:53 un certain nombre de contaminants dans les nappes
01:22:55 qui ont une durée de vie très longue dans les sols.
01:22:57 On retrouve encore à l'heure actuelle des résidus
01:22:59 pour des dérivés de l'athrazine, par exemple,
01:23:01 qui est interdit depuis très longtemps.
01:23:02 Et la déethylathrazine, la déhyzopropylathrazine,
01:23:05 on la retrouve et on la retrouvera encore pendant très longtemps
01:23:07 parce que c'est des produits...
01:23:08 Il n'y a pas de dégradation une fois que c'est arrivé dans les nappes.
01:23:11 Le problème du nitrate que vous évoquez
01:23:12 et d'autres éléments, on pourra en citer beaucoup.
01:23:14 Et donc, non seulement c'est une question de quantité,
01:23:17 mais une question de qualité.
01:23:18 Et donc, une ressource dont la qualité se dégrade,
01:23:22 les usages qu'on peut en faire à coût constant,
01:23:25 il y en a de moins en moins.
01:23:26 Et si on veut faire des usages en consacrant plus d'argent,
01:23:29 ça va être possible, mais ça va coûter de plus en plus cher.
01:23:32 Donc, le niveau des nappes, c'est quelque chose de critique.
01:23:34 C'est une ressource, effectivement.
01:23:36 Donc, favoriser l'infiltration d'eau, on l'a dit plusieurs fois,
01:23:39 c'est vraiment une solution sans regret.
01:23:41 Encore faut-il que ce soit une eau de bonne qualité.
01:23:44 Voilà, il y a un problème de qualité,
01:23:47 mais c'est quand même extrêmement important.
01:23:49 Et ça fait partie du panel de solutions.
01:23:51 Encore une fois, il n'y a pas une solution unique sur ces sujets-là.
01:23:55 -Quelques derniers éléments pour répondre aux questions
01:24:00 que mes voisins n'ont pas complètement répondues.
01:24:03 La 1re chose, sur le moyen des agences de l'eau.
01:24:07 Et puis, derrière, sur ce qui va être annoncé
01:24:09 et qui sera annoncé demain, pas aujourd'hui, donc.
01:24:12 Ce que j'ai envie de dire, c'est, d'abord...
01:24:18 Bon, vous avez une certaine malice à montrer nos contradictions,
01:24:20 c'est le jeu, mais il y a une certaine constance
01:24:23 des gouvernements successifs sur les agences de l'eau
01:24:25 qu'on ne peut que noter aujourd'hui.
01:24:26 Je veux dire, ça fait 4 gouvernements que ça baisse,
01:24:30 qu'il y a un plafond.
01:24:32 Et ce que je note aujourd'hui...
01:24:34 -C'est bien.
01:24:36 -Ah non, mais c'est pas ça que j'ai dit, M. Pointereau.
01:24:39 Ce que je note aujourd'hui et ce que montrent les groupes de travail
01:24:43 qu'on a pu mener sur la planification écologique de l'eau,
01:24:47 c'est qu'on a un moment où on prend conscience
01:24:48 qu'il va falloir changer quelque chose.
01:24:50 (Générique)
01:24:53 ---
01:24:54 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]