Comme tous les jours, BFMTV répond à vos questions.
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00:00 Allez, le PISA nouveau est arrivé, ça se mange bien avec les oeufs mayo.
00:02 Exactement, c'est un peu comme le Beaujolais nouveau, comme disent certains.
00:06 C'est le programme international pour les suivis des acquis des élèves.
00:11 Il est attendu, donc c'est le PISA.
00:14 Il évalue les connaissances et les compétences des élèves de 15 ans
00:18 en mathématiques, en compréhension de l'écrit et en science dans 80 pays,
00:23 7000 élèves testés en France, 690 000 partout dans le monde.
00:27 Et Jeanne demande, le niveau de nos quatrièmes a baissé,
00:30 est-ce le cas chez nos voisins aussi ?
00:32 C'est vrai qu'on l'avait compris avec Gabriel Attal,
00:34 qui commentait les résultats des tests de rentrée et qui attendait d'ailleurs
00:37 les résultats de ce fameux test PISA pour dévoiler de nouvelles mesures.
00:40 Donc ça se confirme, Véronique Fève, ce cru 2022 n'est pas bon.
00:46 Non, il a un goût amer.
00:47 Il a un goût amer pour tous les pays de l'OCDE,
00:50 parce qu'il y a une baisse inédite des résultats en mathématiques
00:54 qui est la dominante cette année.
00:55 C'est là, c'est sur les maths que les élèves ont le plus planché.
00:59 La moyenne de l'OCDE, c'est 472 points, c'est moins 15 points par rapport à 2012,
01:04 qui est l'année référence en maths et la France enregistre une nouvelle chute
01:07 bien plus importante, moins 21 points en maths par rapport à 2012,
01:11 moins 19 points en compréhension de l'écrit.
01:15 Reste qu'on est au 23e rang, on gagne même deux rangs.
01:18 On est toujours dans la moyenne.
01:20 En fait, c'est pas mieux.
01:21 C'est pas mieux par rapport aux autres.
01:24 Ce qu'on peut dire quand même, c'est que d'autres chutent davantage que nous.
01:27 L'Allemagne, par exemple, qui avait pourtant fait son fameux choc Pisa,
01:31 baisse de 39 points.
01:32 C'est énorme.
01:33 Elle est juste au-dessus de nous dans le classement.
01:36 Mais on a des pays qui font bien, bien mieux.
01:39 L'Estonie, par exemple, qui est le premier pays européen.
01:42 Vous avez également le Royaume-Uni, l'Irlande, qui ont beaucoup augmenté.
01:47 Donc tout le monde, ils ont beaucoup augmenté dans le classement.
01:51 Bon, tout le monde baisse.
01:52 Pourquoi ?
01:53 Évidemment, c'est le Covid, mais on verra plus tard.
01:55 Il y a plein, plein, plein d'autres raisons.
01:59 En tout cas, c'était une baisse qui était...
02:01 On savait qu'il n'y aurait pas de miracle.
02:02 Pourquoi ?
02:03 Parce qu'en France, en 2016, on a eu la réforme du collège.
02:06 Là, on teste les élèves de 15 ans.
02:08 Donc, on savait que c'était un peu cette réforme qu'on allait évaluer.
02:13 Et cette réforme, elle a été plutôt rejetée.
02:15 Et le gouvernement a préféré plutôt se concentrer sur le primaire
02:20 et sur la réforme du bac.
02:23 Donc, ce qu'on va attendre, c'est vraiment l'édition d'après
02:26 pour mesurer les dédoublements, notamment.
02:30 Et puis, la formation des plans français et des plans maths,
02:33 la formation des professeurs à l'école primaire.
02:35 C'est seulement là qu'on verra si c'est efficace.
02:39 Mais là, voilà, on ne s'attendait pas à faire des miracles.
02:42 Oui, bon, il y a pire, mais il y a mieux.
02:43 Bon, c'est un peu la leçon de tous ces résultats.
02:46 Alors, avec nous aussi, Estelle Collard.
02:48 Estelle Collard, aka @wonderwumat sur TikTok.
02:53 Vous avez aussi un compte Instagram.
02:55 Merci beaucoup d'être avec nous, Estelle.
02:56 Alors, vous diffusez pour nos audits, pour nos téléspectateurs,
02:59 vous diffusez en fait des petites vidéos pour s'émerveiller,
03:02 des mathématiques, du théorème de Pythagore qui vous permet de maroufler
03:06 au plus serré dans votre cave en faisant des triangles de papier peint.
03:09 On apprend aussi avec vous d'où vient le zéro.
03:11 Là, c'est quasiment philosophique.
03:13 On apprend aussi à comment faire son sapin en tasseau de bois.
03:16 Combien il faut de tasseau ?
03:17 Bref, vous essayez de nous donner goût aux élèves aux mathématiques
03:22 parce que dans le civil, vous n'êtes pas juste une influenceuse mathématicienne,
03:25 mais dans le civil, vous êtes prof au Collège Nikit Sinfal à Nancy.
03:30 Est-ce que ça vous étonne, ces résultats, ces mauvais résultats ?
03:35 Ça m'étonne, oui et non, parce que ce constat du chute de niveau de mathématiques,
03:42 ça fait très, très longtemps qu'on le constate.
03:45 Et les réformes n'ont peut-être pas été suffisantes pour essayer de rattraper tout ça.
03:52 Et surtout que les réformes s'attardent surtout sur qu'est-ce qu'on enseigne en classe.
03:58 Mais il y a aussi, je pense, un choc à avoir à l'extérieur de l'école.
04:03 C'est pour ça que moi, je propose des outils aux parents dans mes vidéos
04:07 pour comment essayer d'améliorer le niveau de leurs enfants, par exemple.
04:11 Oui, donc c'est ça qui est important aussi pour vous.
04:14 C'est pour ça que vous vous êtes lancé dans toutes ces petites vidéos.
04:16 C'est aussi pour essayer de leur donner goût à relever le niveau.
04:21 C'est ça, parce que là où on souffre en math à l'école, c'est le manque de concret.
04:28 Les élèves manquent de concret.
04:29 On va leur apprendre des choses, par exemple l'algèbre avec la fameuse lettre X
04:32 et la grande question qui revient tout le temps, mais c'est à quoi ça sert ?
04:36 Et c'est vrai qu'en classe, on n'a pas toujours le temps de rentrer dans les détails.
04:39 On va leur donner des exemples concrets qui ne les intéressent pas.
04:42 Et donc moi, j'essaye de prendre le temps de faire ça dans mes vidéos
04:45 pour leur montrer que oui, c'est utile, toutes ces choses-là.
04:49 Véronique Fève parlait à l'instant du confinement,
04:51 qui a peut-être été aussi un moment de bascule quand même, qui a sans doute joué.
04:55 C'est le moment où vous, vous vous êtes lancé dans ces vidéos.
04:59 C'est ça, tout à fait. Le Covid a vraiment été désastreux pour les élèves.
05:03 C'était très compliqué, nous enseignants, de leur faire cours.
05:06 Eux, élèves, de suivre les cours.
05:08 Donc c'est sûr qu'il y a eu un avant et un après Covid.
05:12 Alors Véronique, on a parlé du Covid, évidemment, qui est marquant.
05:17 Mais pour vous, une autre des pistes, il y a d'autres pistes peut-être que le Covid quand même,
05:21 le manque de profs notamment.
05:22 Et oui, on a une crise de recrutement qui touche, il faut le dire, beaucoup de pays.
05:26 On n'a pas seulement la France, d'ailleurs, qui est touchée par cette crise de recrutement.
05:29 Même en Allemagne, on a du mal à trouver des profs,
05:31 même s'ils sont beaucoup mieux payés que nous.
05:34 En France, notamment, par rapport à il y a dix ans,
05:36 on a 67% d'établissements où sont scolarisés les élèves
05:43 qui souffrent du manque de profs.
05:45 C'est 50 points de plus qu'il y a dix ans.
05:48 Donc il faut bien se rendre compte que ce manque de profs,
05:52 ce manque de remplaçants aussi,
05:54 ce problème de recrutement pèse forcément sur la trajectoire des élèves.
06:00 Même les pays comme la Finlande, qui enregistre aussi une baisse,
06:03 eux aussi, ils ont du mal à trouver des profs de maternelle.
06:06 Donc il y a un problème général de valorisation du bétier d'enseignant.
06:11 Après, on a des problèmes structurels en France qui persistent.
06:15 Là, notamment la question de la discipline en classe.
06:17 On a un élève sur deux en France de 15 ans
06:21 qui se plaignent du désordre et du bruit qui l'empêchent de suivre le cours.
06:24 Donc ça, c'est un élément important.
06:27 La discipline.
06:29 - D'autres parents démobilisés aussi.
06:31 - D'autres éléments, c'est aussi des parents qui ont été moins mobilisés,
06:35 qui ont été moins soutenants, qui ont moins soutenu leurs élèves.
06:38 Et puis surtout, ce que disent les élèves en France,
06:41 c'est qu'ils se sentent moins soutenus par leurs enseignants.
06:45 Un élève sur deux, en moyenne, estime que le professeur se préoccupe du progrès
06:49 des élèves et c'est 74% au Japon.
06:56 Donc vraiment, là, il faut bien comprendre qu'on a un enjeu de suivi,
07:01 de formation des professeurs.
07:04 Et ce que nous dit l'OCDE, c'est qu'il va falloir s'attaquer à une grande réforme
07:09 de la formation des enseignants.
07:11 Formation initiale, formation continue.
07:15 En sixième, on a des bons résultats qui commencent à arriver
07:18 parce qu'on a davantage formé les professeurs en français et en maths.
07:22 Sans doute qu'au collège, il ne s'est pas passé à cette chose
07:25 et il va falloir sans doute s'y attaquer.
07:27 - Merci beaucoup Véronique. Merci beaucoup Estelle Colard.
07:30 Vous aussi, vous essayez de faire en sorte que nos élèves soient moins anxieux,
07:32 notamment en maths et essayez de les suivre rapidement.
07:35 - Rapidement Estelle, est-ce que vous avez déjà fait des miracles
07:38 avec quelqu'un de nul en maths et qui finalement devient bon ?
07:42 Moi j'avais des profs super, ils ont tout fait, ils n'ont pas réussi.
07:46 - J'ai fait des miracles, mais vous savez, ce n'est même pas dans mes classes,
07:49 c'est quand je donne des cours particuliers.
07:51 Parce qu'il n'y a pas de secret, quand les classes sont chargées avec 30 élèves,
07:54 c'est vraiment compliqué de faire des miracles.
07:56 Donc à la limite, on peut maintenir leur niveau, éviter que ça chute davantage.
08:00 Mais là où j'ai vraiment fait des miracles,
08:02 c'est quand je me retrouve en tête à tête avec un élève,
08:04 que je peux prendre le temps de lui expliquer,
08:06 que je peux personnaliser mes enseignants.
08:08 Et là oui, le miracle il est possible.
08:10 - Je vais prendre rendez-vous, merci beaucoup.