STORY-TAFF - Marine, ma collègue a essayé de me tuer

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Il y a 2 ans, Marine a vécu une expérience professionnelle traumatisante : une de ses collègues a tenté de la tuer... Elle nous raconte cette histoire qu'elle n'est pas prête d'oublier.

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Transcription
00:00 et en fait je vois d'abord son bras plein de sang, elle a essayé de se faire du mal avant.
00:05 Elle a foncé sur moi avec des ciseaux, elle fonçait tête baissée direction mes yeux et mon cœur.
00:11 Moi c'est Marine, j'ai 26 ans et je suis éducatrice spécialisée en CCED.
00:16 Je suis là pour vous raconter la fois où je me suis fait agresser par une collègue de travail en saison.
00:21 Pour pouvoir payer mes études, je travaillais tous mes étés et je faisais les saisons dans des centres de vacances lambda.
00:27 Et là en l'occurrence je ne m'occupais de personne en situation de handicap adulte dépendante.
00:32 J'ai rencontré la collègue qui m'a agressée dans ce cadre-là lors de ma dernière saison il y a deux ans.
00:37 C'est une collègue qui buvait beaucoup déjà initialement et elle pouvait dire qu'elle avait des troubles psy.
00:43 Et elle disait que l'alcool la soignait, du coup dès le matin elle était au Ricard café et puis après elle passait au vin blanc.
00:49 Sauf que elle ne prenait pas toujours son traitement, les effets de l'alcool inhibent aussi les effets des traitements.
00:56 Et du coup ça a fait que petit à petit on l'a vu un peu descendre mais personne n'a vraiment capté vu que c'est un milieu de fête.
01:02 C'était quelqu'un qui, quand elle buvait, est d'ordre général qui était très mélancolique.
01:09 Qui pouvait dire que des fois c'était compliqué, que ça n'allait pas, qu'elle n'était pas à l'aise avec sa maladie.
01:15 On a pu voir en fait petit à petit des moments où elle parlait de cosmos et elle partait complètement en vrille dans la conversation.
01:25 On l'a perdée en fait dans la conversation et c'est vrai qu'on était tellement habitués à la côtoyer
01:31 qu'on n'a pas forcément fait de lien avec sa maladie et le fait que son discours était incohérent.
01:39 Il faut savoir que ce soir-là mon conjoint est venu me voir.
01:42 Du coup je passe la soirée avec lui, je ne la passe pas avec mes collègues.
01:45 Et je reçois un appel vers 20h30, 21h de ma collègue qui me dit "Marine ça va pas du tout".
01:53 Je me suis prise la tête avec une autre collègue à table.
01:58 Je fais "Bon bah ok j'arrive".
02:00 Je vais dans sa chambre, elle m'ouvre la porte et puis elle commence à me dire qu'elle a des idées noires, qu'elle n'est pas bien etc.
02:07 Et en fait elle commence à monter comme ça crescendo.
02:09 Et ayant l'habitude de gérer un petit peu, je sais que d'habitude on l'incite à aller se coucher quand elle commence à faire ça et quand elle n'était pas bien.
02:18 Je lui dis "Va prendre une douche pour dessouler un peu, ça va te faire du bien".
02:22 Et moi je reviens dans 10 minutes.
02:23 Je retourne dans mon gîte qui était au même étage.
02:26 Je préviens mon conjoint qu'il y a une collègue qui n'est pas bien du tout et que je ne le sens pas.
02:31 Donc je ne reste même pas 10 minutes dans mon gîte.
02:33 Et je retourne directement dans la chambre.
02:36 Je toque, c'est fermé à clé, elle ne répond pas.
02:39 J'entends qu'elle titube à l'intérieur et j'entends la poignée essayer de s'ouvrir avec le verrou.
02:45 Elle est en train de galérer à ouvrir le verrou.
02:47 Et là elle sort et je vois d'abord son bras plein de sang, elle a essayé de se faire du mal avant.
02:53 Elle a foncé sur moi avec des ciseaux.
02:55 Elle fonçait tête baissée direction mes yeux et mon cœur.
02:59 J'ai attrapé ses poignées et je l'ai retournée pour essayer de la serrer contre moi avec appui d'eau.
03:06 Je sens un relâchement, je relâche la pression que je mettais sur elle.
03:09 Et là elle recommence et mon cerveau m'a dit "Pleure".
03:12 Je n'étais pas du tout consciente qu'elle essayait de me faire du mal à moi.
03:15 Et en fait mon cerveau m'a dit "Pleure" et à partir de ce moment-là elle a retrouvé son visage mélancolique.
03:19 Elle a lâché les ciseaux par terre et là en fait j'ai pu l'emmener jusqu'à mon gîte.
03:23 Et je lui ai demandé de m'aider à l'aider parce que je n'avais aucune idée de quoi faire.
03:28 Elle m'a demandé d'appeler un de ses copains.
03:31 Du coup je la laisse retourner dans sa chambre.
03:35 Moi je cours avec les ciseaux dans la main que j'ai récupérés, voir mon conjoint.
03:39 Et je dis à mon conjoint "Essaye de me planter".
03:41 Mon conjoint il est un peu... Il fait "Ouh là mais qu'est-ce qui se passe ?"
03:44 Il est dans le lit, il ne comprend pas trop.
03:46 Donc il se lève et il commence à vouloir mettre ses chaussures.
03:48 Sauf que moi je commence déjà à partir donc il me retient et puis je ne sens même pas qu'il me tient.
03:53 Il me lâche en fait pour pouvoir faire ses lacets et là je me suis barrée pour la retrouver dans le couloir.
03:57 Il y a plein de vacanciers donc c'était hors de question que je la laisse toute seule en soir.
04:01 Donc après je l'ai amenée dans le gîte.
04:03 Elle s'est mise sur le balcon pour qu'elle puisse fumer et qu'elle puisse appeler son copain.
04:08 Parce que c'est le seul endroit où on avait du réseau dans les locaux.
04:11 Et moi mon téléphone à ce moment-là se décharge.
04:13 J'arrive tant bien que mal à récupérer un numéro.
04:16 C'était la collègue avec qui elle s'était embrouillée donc ce n'était pas du tout le bon numéro.
04:19 Et moi j'ai envoyé un message en disant "Elle est en crise, prévient un responsable".
04:23 En attendant qu'il se passait tout ça on l'entendait dire "Je veux voir du sang couler".
04:27 Bon, il va falloir qu'on fasse quelque chose quand même.
04:30 Après il y a les collègues qui se sont échangés, qui ont capté ce qui se passait,
04:33 qui sont allés alerter le responsable, le responsable a appelé les pompiers.
04:36 Moi c'était hors de question que je sorte de la pièce tant qu'elle n'était pas partie avec les pompiers.
04:40 Ça a eu des grosses conséquences chez moi derrière.
04:42 J'ai pris très peu d'arrêt parce que c'était volontaire,
04:44 je voulais continuer à travailler pour rester dedans.
04:46 Mais le retour de saison a été très violent.
04:48 J'ai porté plainte parce que j'ai eu la chance d'avoir mes proches
04:53 et mes collègues de saison qui sont aujourd'hui des amis,
04:55 qui m'ont pris par la peau des fesses et qui m'ont dit "Marine, va porter plainte".
04:58 Je tiens quand même à préciser que je n'en ai jamais voulu à cette personne.
05:02 C'était important effectivement pour être reconnue aussi à un moment,
05:06 je pense victime, mais pas que.
05:09 Ils ont tourné la chose assez bien, ils m'ont dit "Elle aura une prise de soin,
05:13 elle aura une obligation de soin, donc c'est aussi bien pour elle".
05:17 Déjà ça a mis longtemps de m'en remettre.
05:19 J'ai eu des toques, ça a été très traumatisant que ça a réveillé des souvenirs aussi autres chez moi
05:26 que ce souvenir-là parce que j'ai énormément culpabilisé d'avoir vécu ça
05:30 et de n'avoir rien à soigner physiquement.
05:32 Mais ce que ça m'a apporté pur et dur, je dirais beaucoup de stress et de remise en question.
05:39 Il faut savoir qu'à la suite de l'agression, le syndicat n'a pas été appelé.
05:44 Ça a été géré en interne.
05:46 On n'a pas eu de cellules psychologiques pour tous les collègues
05:48 parce que ça a atteint tout le monde, ça n'a pas atteint que moi.
05:51 Et surtout, le soir où c'est arrivé, elle est partie aux urgences,
05:54 elle est ressortie le lendemain matin, redéposée sur notre lieu de travail,
05:59 dès le lendemain, ils l'ont mise à pied, ils lui ont dit de faire ses affaires
06:03 et ils l'ont déposée dans un village proche alors qu'elle ne vivait pas du tout là.
06:07 Donc une personne instable, psychiquement instable, qui fut relâchée comme ça.
06:13 Et je me rappelle juste de cette directrice adjointe à ce moment-là
06:18 qui était désolée de faire ça et qui elle-même était très mal de faire ça.
06:23 Mais ça a été pris en charge nulle part en fait, nulle part, nulle part.

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