• l’année dernière
Une centaine de migrants sans papier squattent depuis un an un laboratoire désaffecté du campus Paul-Sabatier à Rangueil. Un rassemblement en soutien est organisé ce 6 décembre, avec des élus, des personnels, des associations et syndicats. Sylvain Cantaloube, ingénieur de recherche en biologie et délégué CGT au CNRS est notre invité.

Category

🥇
Sport
Transcription
00:00 Ici, c'est le 6.9 France Globe Citanie.
00:03 Nous sommes le mercredi 6 décembre et les 8h15 ce matin, Clément, on passe 5 minutes
00:07 avec un enseignant de Paul Sabatier, il soutient des jeunes migrants, ils sont installés dans
00:11 l'université de Toulouse.
00:12 Bonjour Sylvain Cantaloupe, merci d'être avec nous ce matin.
00:15 Vous êtes ingénieur de recherche en biologie, représentant CGT au CNRS et vous organisez
00:19 avec des collègues, des étudiants à midi et demi aujourd'hui un rassemblement à Paul
00:23 Sabatier pour soutenir une centaine de jeunes migrants qui squattent un bâtiment désaffecté.
00:27 Déjà, est-ce que vous pouvez nous expliquer qui sont ces migrants ?
00:30 C'est des jeunes qui sont mineurs, donc c'est des jeunes mineurs isolés qui arrivent en
00:35 France pour diverses raisons et quand ils arrivent sur le territoire français, ils sont
00:41 pris en charge par le conseil départemental qui a pour tâche et pour mission d'héberger,
00:45 de mettre à l'abri ces jeunes.
00:46 Or, il se trouve que le dispositif, le DAOMI, qui est chargé de l'accueil de ces jeunes,
00:53 conteste systématiquement la minorité.
00:55 J'allais vous le dire, le département qui dit qu'ils ne sont pas forcément mineurs
00:57 et que s'ils sont majeurs, c'est à l'État de s'en occuper.
01:00 Comment est-ce que vous pouvez être certain qu'ils sont mineurs aujourd'hui ?
01:02 C'est bien parce qu'on a du recul, ça fait plusieurs années que le problème perdure.
01:06 Je vous explique, quand ils arrivent en France, ils vont au conseil départemental qui conteste
01:12 la minorité et ensuite ils vont devant le juge pour enfants pour faire valoir leurs
01:15 droits.
01:16 Et depuis plusieurs années, on a des statistiques, à 95% ces jeunes sont reconnus comme mineurs
01:21 par le conseil départemental qui, dès qu'ils rencontrent un jeune adolescent, dès qu'on
01:29 a plus de 14-15 ans, on va pouvoir avoir une présomption de majorité de la part du conseil
01:33 départemental.
01:34 Mais en réalité, c'est l'inverse qui devrait se passer, c'est le temps de la procédure,
01:38 ces jeunes devraient être mis à l'abri.
01:39 Il y a un devoir d'hébergement de la part des pouvoirs publics.
01:42 Et pour l'instant, ils sont donc dans un bâtiment désaffecté que vous connaissez
01:46 bien.
01:47 Est-ce que vous pouvez nous décrire un peu les lieux ?
01:48 Alors tout à fait, ce bâtiment est un bâtiment de la fac qui n'est plus utilisé, dans lequel
01:53 on a travaillé jusqu'à il y a peu.
01:56 C'est un laboratoire de biologie où il y a aussi beaucoup de bureaux.
01:58 Donc avec de l'eau, de l'électricité ?
01:59 Alors de l'eau, de l'électricité tout à fait, mais pas d'eau chaude et pas de chauffage.
02:04 Donc ça c'est aussi une des revendications que nous pouvons avoir nous en tant que personnel
02:09 et étudiants solidaires, c'est que l'université fasse un minimum pour améliorer le confort
02:14 de vie.
02:15 Là ils n'ont rien, rien du tout ?
02:16 Ils ont accès à l'eau et à l'électricité, mais le système de chauffage n'est pas actif
02:21 et l'eau chaude non plus.
02:22 Mais vous leur amenez, vous m'avez dit je crois, des couvertures, de la nourriture pour
02:26 les aider ?
02:27 Alors tout à fait, il y a des associations très connues qui s'occupent d'amener à manger
02:31 mais ce n'est pas suffisant et donc il y a un élan de solidarité sur l'université
02:35 où les collègues s'organisent dans les laboratoires, dans les services pour collecter à la fois
02:39 de la nourriture, à la fois des vêtements, d'ailleurs il y a un appel permanent aux
02:43 dons mais aussi de la solidarité pédagogique puisque ces jeunes, il y a des collègues
02:48 ou des bénévoles qui se chargent de leur donner des cours de français ou de maths
02:52 et ça fait aussi partie de la solidarité de maintenir ces jeunes dans l'apprentissage.
02:57 Donc ce que vous nous dites ce matin, Sylvain Cantaloupe, c'est qu'ils ne dérangent pas
02:59 ?
03:00 Absolument pas, ce bâtiment est excentré sur le campus, aujourd'hui il ne sert plus
03:04 qu'à du stockage et ils n'occupent qu'une petite partie et de toute façon c'est un
03:07 bâtiment qui n'a pas de projet pour l'instant pour l'université à court terme.
03:11 Pourtant la justice a quand même dit que le bâtiment était trop vétuste, que c'était
03:15 risqué suite au niveau des installations électriques et c'est pour ça qu'elle a
03:18 autorisé l'université à pouvoir les expulser à partir du 21 décembre.
03:21 La présidence actuelle de l'université met beaucoup d'énergie pour essayer de faire
03:26 sortir ces jeunes de la fac, le problème c'est qu'on peut dire qu'il y a des risques
03:30 mais il y a eu un précédent jugement en janvier qui disait que ces risques étaient
03:32 quand même moins importants que ces jeunes dorment à la rue, vous voyez bien, il y a
03:37 toujours à un moment donné une balance entre avoir un toit sur la tête, pouvoir s'organiser
03:42 collectivement également parce que c'est important ces jeunes ont une solidarité entre
03:45 eux aussi.
03:46 Donc vous dites à la direction ne les laissez pas à la rue, c'est ça que vous demandez
03:49 aujourd'hui ? Nous on pense qu'il y a un devoir d'humanité
03:51 à l'université, ces jeunes ont vocation à un jour être étudiants, l'université
03:56 a des valeurs humanistes, moi en tant qu'ingénieur de recherche je sais que la recherche n'a
04:01 pas de frontière, on est dans le partage, dans l'échange, c'est comme ça que la connaissance
04:04 progresse, on ne voit pas pourquoi ces jeunes qui arrivent en France, qui veulent étudier,
04:09 qui sont souvent des lycéens ou des collégiens brillants ne pourraient pas être accueillis
04:14 par l'université qui a un devoir aussi d'humanité et pas un devoir d'exclusion qui mettrait
04:19 à la rue en plein hiver une centaine de jeunes.
04:21 Il y a un recours juridique ou là tous les recours sont passés ?
04:24 Alors moi je ne suis pas directement en lien avec les avocats mais la procédure juridique
04:29 continue bien sûr.
04:30 Et que vous répond la direction pour l'instant qui doit changer, je le précise à la mi-décembre
04:33 ?
04:34 La direction a une stratégie, elle explique que pour faire pression sur les pouvoirs
04:38 publics, c'est une réalité, il y a un problème avec le conseil départemental qui ne remplit
04:41 pas ses obligations et donc il y a une obligation d'hébergement, donc elle dit pour faire
04:45 pression il faut les mettre à la rue.
04:46 Nous on pense au contraire qu'il faut protéger ces jeunes mais aussi commencer à poser sur
04:53 la place publique la question du manquement du conseil départemental dans son obligation
04:57 à héberger ces jeunes qui sont isolés et sans domicile et donc qui a légalement le
05:05 conseil départemental est hors la loi quand il ne prend pas en charge ces jeunes.
05:08 Merci beaucoup Sylvain Quentin Loub, ingénieur de recherche en biologie représentant CGT
05:12 au CNRS.
05:13 Vous serez donc à midi et demi à ce rassemblement à Paul Sabatier.
05:15 Je précise qu'on a sollicité le département qui nous dit que la plupart sont, qui restent
05:19 sur sa position en disant que la plupart sont des majeurs.

Recommandations