Sous la houlette de Ronan Letoqueux, les vidéos ont séduit 300 000 abonnés depuis 2019.
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00:00 Bonjour Ronan Le Toqueux. Bonjour Céline. Le Vortex compte 300 000 abonnés, il cumule
00:04 20 millions de vidéos vues. L'idée c'est de rendre accessible à des non-initiés comme
00:09 moi des principes scientifiques qui nous paraissent très compliqués. On va prendre un exemple,
00:13 le premier numéro de cette saison porté sur la physique quantique, peut-on la ressentir ?
00:16 Pour répondre à cette question, que personnellement je ne m'étais jamais posée, vous faites
00:21 appel à un vidéaste spécialiste de ce sujet que vous faites dialoguer avec une musicienne.
00:26 L'idée c'est de faire des ponts entre la science et l'art, c'est ça ?
00:30 L'idée principale du Vortex c'est de mettre deux créateurs issus d'internet à fabriquer
00:34 ensemble du contenu. Le but c'est d'essayer de trouver des choses qui étonnamment ne
00:39 pourraient peut-être pas se répondre et de quand même les faire travailler ensemble
00:42 et essayer de trouver quelque chose de créatif là-dedans. Et effectivement un des défis
00:45 de cette saison, de cette nouvelle saison, c'est d'avoir pris des gens qui sont plutôt
00:48 issus de la science, comme Science Click qui est incroyable et qui vulgarise très très
00:52 bien la physique et l'astrophysique. Et de l'autre côté, une musicienne, un pianiste
00:56 qui ne connaît pas du tout ce domaine-là, de les faire rentrer en contact et d'essayer
01:00 ensemble de leur faire créer quelque chose qui va nous permettre de ressentir effectivement
01:04 la physique antique. On ne fait pas des maths, on ne fait pas de l'analyse, ce n'est pas
01:09 pour comprendre fondamentalement la physique antique, c'est extrêmement compliqué, ce
01:12 n'est pas du tout pour justement un peu rendre austère tout ça, mais plus pour essayer
01:15 de la faire ressentir à travers quelque chose qui est assez commun à tout le monde, la
01:19 musique.
01:20 - Et au cours de la saison, il y aura des thèmes qui peuvent paraître un petit peu
01:22 moins pointus, par exemple l'aviation peut-elle être écolo ? À quoi servent les produits
01:26 de beauté ? Comment photographier la création d'une étoile ? Tout ça, on va le découvrir
01:30 au cours de la saison. Les vidéastes qui vous accompagnent, il y en a 23 au total,
01:34 ont leur propre chaîne YouTube, c'est ça le critère ?
01:36 - Alors pas forcément, ils ont tous une chaîne, quasiment ils existent tous sur le web on
01:41 va dire, mais il y a des gens qui sont plutôt issus de Twitch maintenant aussi, qui est
01:43 quand même une plateforme un peu incontournable. Et on a même eu quelqu'un qui était de TikTok,
01:48 en fait plus sa chaîne principale c'est TikTok, mais qui aussi souvent sur YouTube et Twitch
01:52 en général, ils sont un peu trans-plateforme au fur et à mesure. Mais oui, le but c'est
01:56 quand même d'accueillir en tout cas des vulgarisateurs et des vulgarisatrices issus
02:00 d'internet.
02:01 - Mais qu'est-ce que ça leur apporte à eux d'être dans le Vortex, puisqu'ils ont déjà
02:03 leur propre communauté ?
02:05 - Souvent c'est l'exercice, tout simplement, c'est original, c'est quelque chose aussi
02:10 qu'il faut bien comprendre, c'est des gens très isolés souvent, c'est-à-dire ils
02:13 travaillent tout seuls de leur côté, ils font leur contenu en autonomie, et puis là
02:17 on leur propose "tu vas avoir une équipe avec qui tu vas travailler, tu vas être accompagné
02:20 et puis tu vas travailler avec quelqu'un d'autre". C'est ça aussi qui fait l'originalité
02:23 du programme.
02:24 - Ils sont rémunérés en participant au Vortex ?
02:25 - Oui, bien sûr, tout le monde est rémunéré.
02:27 - Comment alors marche la vulgarisation en général sur YouTube ? Est-ce que les algorithmes
02:32 mettent en avant ce genre de vidéos ?
02:33 - Vous pourriez demander à YouTube. Je ne pense pas qu'on soit fondamentalement mis
02:36 en avant, tout simplement parce qu'on n'est pas aussi vendeur que les contenus les plus
02:42 regardés comme le divertissement...
02:44 - Vous ne faites pas des tutos beauté ?
02:45 - On ne fait pas des tutos beauté, dans les produits de beauté on en parlera un petit
02:50 peu, vous verrez. Mais non, le but ce n'est pas forcément de vivre directement des vues,
02:55 c'est qu'on est sur un marché de niche, c'est-à-dire que vous allez vous spécialiser dans un domaine
02:59 et faire du contenu très spécialisé dans ce domaine-là, et le mieux présenté possible.
03:03 C'est vraiment ça qui va compter. Mais effectivement, on va dire que tout le système économique
03:07 qui tourne autour de ça est assez différent de ce que l'on peut avoir sur une chaîne
03:09 classique qui ne va dépendre que des vues.
03:11 - Pour certains, la vulgarisation c'est un gros mot. Quel retour avez-vous des scientifiques,
03:16 des universitaires ?
03:17 - On travaille souvent avec eux. Déjà sur les premières saisons du Vortex, on était
03:20 aussi accompagné par le CNRS qui avait trouvé le programme intéressant. Et en général,
03:25 là on a un autre épisode qu'on a tourné avec l'Observatoire de Paris sur les horloges
03:28 atomiques et ça se passe hyper bien, on voit bien qu'on est intéressé, qu'on connaît
03:31 le sujet. Non, ça se passe vraiment plutôt très bien avec les scientifiques qu'on a
03:36 pu rencontrer.
03:37 - Et avec vos abonnés, qui vous regarde ? Quel est le profil ?
03:39 - C'est une bonne question. On a, je pense, beaucoup de gens qui sont un peu comme moi-même,
03:44 c'est-à-dire des gens qui regardent beaucoup de vulgarisation, qui s'intéressent, qui
03:47 sont curieux, qui sont dans le domaine. C'est un peu une passion pour eux d'apprendre des
03:51 choses.
03:52 - Ils apprennent quand même des choses ? Si ce sont déjà des passionnés ?
03:54 - Peut-être qu'ils le voient d'une nouvelle manière. C'est un peu ce que j'essaye dans
03:57 tout cas dans ce premier épisode de la saison, c'est de leur montrer que oui, on peut faire
04:00 de la science, mais aussi on peut le montrer à travers l'art. C'est une nouvelle perspective,
04:05 c'est un angle qui est rarement abordé. C'est ça qui moi m'intéressait dans cette partie
04:10 art et science. Après, je pense qu'on a quand même aussi un public de personnes qui souhaitent
04:17 simplement apprendre quelque chose de nouveau et qui ne perçoivent pas forcément bien
04:23 la physique quantique. Ça peut être une approche un peu originale qui leur permet
04:26 de plus facilement rentrer dans un domaine aussi complexe que celui-ci. Il n'y a pas
04:31 de maths, il n'y a pas de trucs vraiment horriblement compliqués dans l'épisode, mais par contre
04:35 effectivement on va essayer de plus les accompagner dans la compréhension de cette histoire-là.
04:41 - Et plutôt des jeunes ?
04:42 - Plutôt des jeunes ? Notre public est entre 18 et 40 ans. Donc plutôt des jeunes, effectivement.
04:50 Mais on n'est pas encore sur du pré-ado TikTok, on n'est pas vraiment dans cette tranche-là.
04:55 Mais on en a quand même quelques-uns qui nous regardent. Par contre, une des statistiques
04:59 qui est pas mal sur le Vortex en science, on a 30% de femmes. Ce qui est un bel exercice,
05:04 ce qui est rarement le cas entre 70 et 80% d'hommes. Et ce qui est vraiment pas mal,
05:09 hélas, c'est le maximum qu'on arrive à avoir.
05:12 - On sait que la science, c'est vrai que c'est un domaine plutôt masculin. Justement,
05:15 est-ce que vous arrivez à trouver des youtubeuses de vulgarisation scientifique ?
05:19 - En tout cas, nous, notre but c'est de les mettre en avant au maximum. Il y a autant
05:22 de filles que de garçons dans les saisons du Vortex depuis le début. C'est un critère
05:25 que nous, on a été très précis avec RTD le début là-dessus. C'était vraiment important
05:30 que ce soit de cette manière-là. Donc effectivement, on va avoir des youtubeuses ou des twitcheuses
05:35 qui sont moins connues, mais on va les faire venir parce que c'est elles qu'on veut, parce
05:38 qu'elles ont une expertise. Parce qu'en plus, elles sont très douées très souvent. C'est
05:41 vraiment hyper agréable de travailler avec elles. Et on veut leur donner de la visibilité
05:46 parce qu'elles font un travail de qualité. Donc, c'est pas facile parce qu'il faut bien
05:50 voir que ça ne correspond pas à autant de créateurs que de créatrices. Je pense qu'on
05:55 est à un ratio peut-être de 1 sur 10. Mais dans nos choix éditoriaux, c'est ça qu'on
05:58 a décidé de faire. Vous avez parlé d'Arte. Comment Arte est
06:02 venu dans ce projet ? C'est votre idée à vous ? C'est vous qui avez sollicité la chaîne ?
06:06 C'est l'inverse ? C'est un peu les deux. En fait, on s'est
06:09 rencontrés avec l'envie commune de créer un programme de vulgarisation sur YouTube.
06:14 Un truc un peu expérimental parce que le Vortex a la particularité d'être une chaîne
06:18 indépendante sur YouTube, mais qui n'est pas diffusée sur Arte TV, qui n'est pas
06:21 la télévision. On est vraiment autonome. On est quasiment un peu à part. Et avec l'équipe
06:26 de l'époque, quand on a pensé ça, on s'est dit que ça pouvait être intéressant. C'est
06:29 un peu une expérimentation à la base chez Arte.
06:31 Une expérimentation qui dure ? Qui marche. On arrive à notre 7e saison.
06:36 A la fin de la saison, on aura bouclé 100 épisodes. Donc, on est assez content de cette
06:40 collaboration. Mais non, c'est né vraiment de cette envie de créer une chaîne en commun.
06:45 Et puis, il fallait quelqu'un capable de la produire. C'était notre société qui
06:49 était peut-être la mieux placée. Parce que nous, on produisait déjà des vulgarisateurs
06:51 de YouTube. Et donc, on s'est un peu bien rencontrés. Et puis, ça s'est fait comme
06:56 ça.
06:57 Et est-ce qu'on peut imaginer un jour une diffusion à la télé de Vortex ?
07:00 Il faut demander à Arte. Moi, si on nous propose quelque chose, on pourra toujours
07:05 en discuter. Mais effectivement, notre cœur de métier, c'est quand même le web, de
07:08 sa liberté, de son ton. Un truc que vous avez problématique ici ou partout, c'est
07:14 les durées. Nous, on s'en fout un peu. On peut faire une vidéo de 17 minutes ou de
07:17 25 minutes. Si c'est la bonne durée, c'est la bonne durée. Donc, c'est un peu différent.
07:20 Mais ça paye bien de faire des vidéos sur la science, sur YouTube ? Ou il vaut mieux
07:23 être influenceur ?
07:24 Non, non. Pour tous les jeunes qui nous écoutent, si vous voulez gagner des thunes en faisant
07:29 du YouTube, ne faites pas de vulgarisation. C'est possible et c'est très dur. C'est
07:33 parmi les disciplines les plus difficiles parce qu'on ne fait pas beaucoup de vidéos.
07:36 Elles demandent beaucoup de temps en préparation, en fabrication, en recherche. La moitié
07:40 des vidéos, enfin, la moitié du temps qu'on fait pour une vidéo, c'est de l'écriture.
07:45 Ce n'est pas de la production du visuel. C'est la preuve qu'il y a beaucoup de
07:48 recherche, qu'il y a beaucoup d'analyse, qu'il y a beaucoup de réécriture. C'est
07:51 très difficile là-dessus. Donc, ce n'est pas forcément le plus facile. Mais c'est
07:55 passionnant.
07:56 Mais comment vous vous financez ?
07:57 Alors nous, Arte, déjà bien sûr. Notre principal partenaire que je remercie chaleureusement.
08:02 On les aime beaucoup. Et puis, on a eu aussi une aide du CNC Talent qui est une aide spécifiquement
08:06 dédiée au web. Et puis, on a Orange qui nous accompagne aussi sur nos lives. Et puis,
08:11 on a eu différents partenaires au fur et à mesure des années qui bouclent ça. Et
08:15 là, normalement, on a demandé une aide au Hauts-de-France pour une autre partie de la
08:20 saison.
08:21 On a eu l'aide des régions, parfois.
08:22 On a eu la région Sud. En fait, on a des subventions. Il y a une particularité au
08:27 Vortex, c'est qu'on n'a pas de publicité. On n'a pas de sponsor. Donc, la vidéo,
08:31 c'est purement un pur service public. Il n'y a aucun placement de produit ou quoi
08:35 que ce soit à l'intérieur. Les vidéos, elles sont gratuites, disponibles sur YouTube
08:39 pour tous.
08:40 C'est important de le dire. La science, ça doit être un terrain de jeu formidable
08:44 pour les complotistes et diffuseurs de fake news, non ?
08:46 Alors, on en a parlé. Dans les premières saisons du Vortex, ces épisodes sont toujours
08:50 disponibles. On a fait quelque chose autour de la pensée critique. On a tout un live
08:54 avec Charlotte qui co-présente avec moi cette saison et que je vous invite à aller voir.
08:57 C'est quelque chose de compliqué. On essaye, nous, d'être le plus honnête possible dans
09:04 notre démarche. La vulgarisation, c'est aussi faire des raccourcis. On n'a pas le
09:07 droit de penser comme ça, c'est la vie. Mais par contre, de le faire correctement,
09:10 de le faire sans dire de bêtises, c'est essentiel pour nous. La plupart des scripts
09:13 sont relus par des spécialistes, par des scientifiques, par d'autres vulgarisateurs.
09:17 Ils peuvent aussi nous donner des idées. C'est ça qui est intéressant. Donc, on
09:20 essaye de mettre le maximum de notre côté pour ne pas dire de bêtises. On n'est jamais
09:24 à l'abri, c'est normal. Mais ça fait partie, effectivement, de cette... On pense
09:29 en tout cas faire de l'émission, je l'espère, de bonne qualité d'informations scientifiques.
09:34 En tout cas, vous êtes très vigilant là-dessus, on l'a bien compris.
09:36 On l'est.
09:37 Merci beaucoup, Renan Le Toqueu, d'être venu sur France Info.