Le témoignage de Jean-Pierre, atteint d’un cancer du poumon, qui ne peut plus payer son traitement

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00:00 J'ai commencé à avoir un cancer des poumons en 2006.
00:08 - Alors vous faites...
00:10 - Ensuite j'ai fait de la chimiothérapie,
00:12 après je me suis fait opérer du poumon gauche en grande partie.
00:18 Ça s'est bien passé, j'ai refait de la chimio.
00:23 Deux ans après, c'est reparti dans le poumon droit.
00:27 Donc on a dit on va faire un traitement par cachet.
00:30 Un cachet qui s'appelle Iressa.
00:32 - C'est ça, Iressa 250 mg.
00:35 - Voilà.
00:37 - C'est un médicament fabriqué par le laboratoire AstraZeneca.
00:41 - AstraZeneca.
00:42 - Radine connaît bien.
00:43 - Donc depuis, j'ai toujours pris ce médicament que j'ai très bien supporté.
00:47 Pas de problème.
00:50 Les nodules, tout ça, sont restés, sont stabilisés.
00:54 Donc je prends toujours ce cachet-là.
00:57 Arrivez, si vous voulez, je peux m'expliquer.
01:00 - Allez-y.
01:02 - Le 1er avril, c'est pas un poisson, mais tant pis.
01:07 Je vais à la pharmacie, la pharmacienne me dit voilà, oui, c'est bien,
01:12 je vous le commande puisqu'il faut toujours le commander pour pouvoir l'avoir.
01:16 Puis quand ça passe dans l'ordinateur, elle me dit,
01:19 moi je veux bien que vous le preniez, mais il faut payer 635 euros.
01:23 Je lui commande un âme.
01:25 Oui, c'est plus remboursé dans sa totalité, voilà.
01:30 Donc je peux vous commander le générique.
01:33 D'accord, j'ai essayé une sorte de générique.
01:37 J'ai pris le générique.
01:39 Pas de chance, j'ai pas supporté le générique.
01:42 Maux de tête, maux et vomissements, saignements de nez.
01:46 Je tenais plus de boue, plus rien.
01:48 J'en ai essayé une deuxième sorte, un deuxième laboratoire, Maylan.
01:53 Impossible.
01:55 Donc que faire ?
01:58 J'ai dit c'est comme ça, j'arrête.
02:00 Je ne prends plus de médicaments, voilà.
02:02 Donc je suis retourné voir mon pneumologue,
02:04 qui m'a encore dit, là j'ai eu encore une ordonnance.
02:07 Et pour un autre laboratoire, un générique qui se rapproche le plus possible,
02:12 je dirais ça.
02:14 Je fais plusieurs pharmacies, je n'ai fait à Beauvais, je fais chez mon ami.
02:18 J'en ai fait chez moi en Lorraine.
02:21 Pas de médicaments, introuvable.
02:23 Rupture de stock, il n'y en a pas.
02:26 Donc depuis, j'ai écrit au député, envoyé un mail.
02:30 Il a envoyé une lettre à Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé,
02:37 et toujours aucune réponse.
02:40 Donc voilà.
02:41 Et du jour au lendemain, on me dit, ben oui.
02:44 Ensuite, mon médecin a fait une lettre à la Sécu, à la Sécurité sociale,
02:54 pour demander si j'ai le bon médicament.
02:58 Aujourd'hui, vous faites comment Jean-Pierre ?
03:00 Aujourd'hui, je ne prends plus rien.
03:02 Depuis combien de temps ?
03:05 J'avais une boîte d'avance pour le mois d'avril,
03:07 donc ça fait 3-6 ans depuis le mois de mai.
03:10 Mai, juin, juillet ou septembre, octobre, novembre, ça va faire 6 mois.
03:14 C'est pas possible ça Jean-Pierre ?
03:15 Si, c'est possible.
03:16 Non mais vous ne pouvez pas faire ça, il faut qu'on trouve une solution.
03:18 Comment trouver la solution ?
03:21 La réponse de la Sécu a été claire.
03:25 Je l'ai là.
03:28 La réponse de la Sécu a été, bon, ce médicament est placé sous tarif forfaitaire,
03:33 d'un tarif de remboursement unique.
03:35 Voilà, voilà.
03:36 Pour irrer ça, ce tarif a été fixé à 645,65 euros
03:41 par le comité économique des produits.
03:43 Enfin voilà, reste à charge environ 635 euros.
03:47 Alors voilà, je vous invite à prendre contact avec le médecin-prescripteur.
03:54 Voilà.
03:56 C'est insupportable.
03:57 C'est ça qui me rend fou dans ce pays,
04:00 parce que moi je veux bien aider tout le monde, il n'y a pas de problème.
04:02 Mais Jean-Pierre, vous avez travaillé dans votre vie ?
04:04 Oui, j'ai travaillé toute ma vie.
04:06 Vous avez travaillé toute votre vie ?
04:07 Oui, j'ai eu le cancer à 52 ans.
04:09 Toute votre vie, vous avez cotisé ?
04:10 Oui.
04:11 Toute votre vie, vous avez été là quand vous avez rien demandé à personne ?
04:13 Non.
04:14 Là, vous avez besoin de la France.
04:15 Il faut que les politiques voient ça.
04:16 Vous avez besoin de la France, vous avez besoin qu'on vous aide pour un médicament à 600 euros.
04:19 Et on vous dit non.
04:20 Et 600 euros, c'est non.
04:21 Vous avez une retraite, vous ne pouvez pas vous permettre de mettre 600 euros, je suppose.
04:24 C'est énorme.
04:25 Et voilà où on en est.
04:26 Voilà où on en est.
04:27 Voilà la France.
04:28 La France, elle en est là, aujourd'hui.
04:29 Un monsieur qui vient, qui a un cancer du poumon, il ne peut pas se soigner, il ne peut pas
04:32 acheter un médicament à 600 euros.
04:34 Oui, on l'abandonne.
04:35 On l'abandonne.
04:36 On lui dit, ce n'est pas grave, tu as travaillé, tu as cotisé, crève.
04:38 Et d'un autre côté, on va m'expliquer qu'il y a des gens qui ne foutent rien du tout,
04:42 et on va leur dire, on va te soigner de A à Z.
04:44 Ça, ce n'est pas possible.
04:45 Je ne peux pas entendre ça, moi.
04:46 Ce n'est pas possible.
04:47 Il fait quoi ? Il fait quoi ? Il fait quoi ? Il attend de mourir.
04:49 Il fait quoi ?
04:50 Le pire, Cyril, c'est que l'État taxe à mort les cigarettes, donc ça fait un maximum
04:55 de baisse sur les cigarettes, mais après, ne rembourse pas ceux qui sont victimes des
04:58 cigarettes.
04:59 Donc, c'est incroyable.
05:00 Je n'ai pas eu de cancer du poumon.
05:03 Ça n'a pas diagnostiqué cancer du poumon.
05:06 Attention.
05:07 Voilà.
05:08 Parce que je ne fumais pas, ça fait 40 ans que je ne fumais pas.
05:11 J'ai fait comme tous les gamins, j'ai fumé étant jeune durant 20 ans, et puis après,
05:15 terminé.
05:16 Ce n'est pas le problème.
05:17 Vous avez travaillé toute votre vie.
05:18 Je ne vois pas pourquoi, en fin de mois, vous n'avez pas besoin de faire ça.
05:19 Je ne vois pas pourquoi, à la fin de votre vie, comme ça, en retraite, vous êtes malade,
05:22 il vous arrive un pépin.
05:23 Je ne vois pas pourquoi on vous dirait ce médicament à 600 euros, on ne vous le donne
05:26 pas à vous, et on va rembourser des gens à qui on va donner.
05:29 C'est très bien de rembourser les gens.
05:30 Il n'y a pas de problème.
05:31 Mais avant de rembourser les gens, il faut vous aider, vous.
05:33 C'est ça qui tourne par en haut.
05:35 On veut mettre les gens, on va le mettre là, on va le garder en santé, on va le faire
05:39 vivre, etc.
05:40 Mais il n'a rien fait.
05:41 Il a rien demandé.
05:42 – Moi, je vous dis quelque chose.
05:43 On ne peut pas créer une cagnotte pour…
05:45 – Non, mais je ne fais pas la mendicité.
05:49 – Non, mais je ne fais pas la mendicité, c'est que vous êtes malade.
05:51 – Moi, ce que je veux, c'est être retenu.
05:53 – Là, il faut que vous preniez votre médicament.
05:54 – Mais peut-être que je n'aurai plus besoin du traitement.
05:57 C'est un risque.
05:58 Mais bon…
05:59 – Oui, mais c'est comme ça.
06:00 – C'est au médecin de le dire, ce n'est pas à vous.
06:02 – Moi, ce que je veux, c'est être retenu.
06:03 Le médecin, il ne peut pas savoir.
06:05 Je fais des examens, je fais des tests, etc.
06:08 – Et qu'est-ce que disent les examens depuis ce mois ?
06:09 – Pour le moment, c'est stable.
06:10 – Qu'est-ce que disent les examens ?
06:12 – Pour le moment, c'est stabilisé.
06:14 Il n'y a pas beaucoup de…
06:16 Ça ne progresse pas beaucoup, pour ainsi dire.
06:19 Mais voilà, moi, ce que je veux, c'est être reconnu.
06:23 Ce n'est pas normal que du jour au lendemain,
06:26 sans me prévenir, sans rien me dire, on dit "paf, c'est fini".
06:30 – Les symptomatiques, ils ne demandent rien.
06:32 La plupart des gens qui sont dans le malheur, ils ne demandent rien.
06:34 Là, on lui propose une cagnotte, il dit "non, j'en veux pas".
06:36 – Mais pourquoi ?
06:37 – La plupart des gens, c'est ça.
06:38 – Pourquoi vous êtes prêt, vous ne bénéficiez pas de la LD ?
06:40 L'infection de longue durée.
06:42 – Mais j'y suis en LD 100%.
06:44 – D'accord, et donc, ils ne prennent pas en charge le 100% ?
06:47 – Non.
06:48 – Sur ce médicament, c'est 60% seulement ?
06:49 – C'est 100%, donc ils me remboursent, ils l'ont bien marqué.
06:52 Le médicament, il coûte à peu près 1 300 euros.
06:55 – 1 400, oui, à peu près.
06:57 – Voilà.
06:58 – Voilà.
06:59 – Et donc là, aujourd'hui, vous allez faire quoi, Jean-Pierre ?
07:03 – Alors, ils m'ont demandé, en plus, à Sécu,
07:05 vous pouvez éventuellement solliciter le laboratoire
07:09 pour une aide à titre exceptionnel.
07:11 – Alors, mon père qui est médecin,
07:16 dit que votre médicament, il est important,
07:20 mais c'est vrai qu'on peut peut-être s'en passer, c'est ce qu'il dit aussi.
07:25 Il dit qu'il peut parfois ne servir à rien,
07:27 il dit qu'il faut vous vérifier à chaque fois,
07:29 vous dites que là, pour l'instant, c'est assez stable,
07:31 mais voilà, ce médicament, voilà, il dit qu'il peut servir à rien parfois,
07:37 c'est ce que vous disiez il y a un instant,
07:39 vous disiez que ce médicament, peut-être que vous n'en avez plus besoin,
07:41 mais c'est quand même inadmissible.
07:43 – C'est vrai ce que dit votre papa, sauf que quand il en a besoin,
07:45 est-ce qu'il a les 600 euros à lâcher ?
07:47 – C'est ça.
07:48 – Et bien voilà.
07:49 – C'est ça le truc, c'est inadmissible qu'il n'ait pas de quoi payer son médicament,
07:54 alors comme tu as dit, il y a des gars, je suis désolé…
07:56 – C'est chiant à dire, et on n'en veut pas à ceux qui profitent
07:59 et qui pleurent du système, tant mieux pour eux s'ils ont les choses,
08:02 mais il faut que ce monsieur-là, il ait les choses,
08:04 si on donne à des gens, c'est l'égalité, il faut donner aussi à tout le monde,
08:07 surtout qu'il a travaillé toute sa vie.
08:09 – Oui, dans la lettre que j'avais écrite, j'ai bien marqué,
08:13 je veux bien que la sécu fasse des économies,
08:17 mais il ne faut pas confondre un Doliprane pour un rhume,
08:21 qu'on peut demander à une pièce d'un euro, ou je ne sais pas combien,
08:26 avec de la chimiothérapie, on ne peut pas confondre.
08:31 Là-dessus, je n'ai jamais eu de réponse.
08:33 – Monsieur, la situation, elle est non seulement inadmissible,
08:36 mais elle est injustifiable, je ne comprends pas,
08:38 puisque dans le code de santé publique, c'est clair,
08:40 quand vous avez un médicament qui vous convient,
08:42 et qu'on vous propose d'utiliser le générique, vous devez le faire,
08:45 mais vous, vous avez essayé, les génériques ne vous conviennent pas,
08:48 donc on doit vous redonner le médicament.
08:50 – Et le troisième générique, laboratoire…
08:53 – Pourquoi ils ne vous… – Tévin, alors uniquement celui-là,
08:57 un trouvable.
08:58 – Mais donc, pourquoi, c'est incroyable, la sécu vous répond ça,
09:02 mais la sécu n'a pas à répondre ça.
09:04 Là, il faut que vous, monsieur, moi je vous le dis,
09:06 il faut que vous attaquiez la sécu, vous avez raison de faire…
09:09 – Oui, mais attaquer… – Il n'a pas le droit de faire ça.
09:12 – Non, mais il faut l'aider.
09:14 – La sécu, c'est des fonctionnaires, c'est comme tout le monde.
09:16 – La loi, c'est affrangilé, et c'est très bien, la loi, la loi,
09:20 pas de bon sens, c'est la loi, ce monsieur, sans indiscrétion,
09:23 vous avez quel âge ? – 70 ans.
09:25 – 70 ans, tu veux qu'il rentre dans des procédures, il est déjà malade.
09:28 – Il va prendre un avocat, il va faire des réparations…
09:30 – Non, je veux qu'on lui rembourse son médicament.
09:32 – Tu veux qu'il porte blague contre la sécu, il faut qu'il rentre en procédure.
09:34 – Il énerve ce qu'il faut maintenant.
09:36 – Mais c'est illégal ce qu'on lui fait, on le prime de son médicament.
09:39 – Dans le fonctionnement, il y a quelque chose qui ne va pas.
09:41 Si un médecin dit, bon, vous pouvez vous en passer pendant quelques semaines
09:46 et puis vous allez revenir et puis on verra si plus tard,
09:49 il faut reprendre l'usage de ce médicament, très bien.
09:51 Mais là, ce n'est pas le cas.
09:52 Là, c'est la Sécurité sociale qui lui dit sur l'autel du coup,
09:56 non, monsieur, on ne vous rembourse pas 60% du coût de ce médicament.
10:00 Moi, c'est quelque chose qui me heurte, ça.
10:01 – Moi aussi.
10:02 – Que ce soit la Sécurité sociale qui le dise.
10:04 – Jean-Pierre, alors, aujourd'hui, vous voulez quoi ?
10:06 Qu'est-ce que vous voudriez ? Vous voudriez être reconnu, en fait ?
10:08 – Je voudrais avoir mon médicament, au moins déjà, une explication,
10:13 qu'on me dise pourquoi, tout d'un coup, paf, ça tombe comme ça,
10:18 quelle loi qui a été votée, ou je ne sais pas,
10:20 les gens qui nous gouvernent sont irresponsables, ou j'en sais rien.
10:26 Mais voilà, ce que je veux, c'est être reconnu, que ça serve bien pour moi,
10:32 mais je pense que je ne suis pas tout seul dans le cas-là.
10:34 – Merci.
10:35 – Je pense qu'en France, il doit y avoir du monde.
10:37 – Merci Jean-Pierre, en tout cas, d'avoir été avec nous.
10:39 On espère que ça va faire bouger les choses pour vous.
10:41 – Moi, je voudrais bien, mais le député lui-même,
10:44 enfin, pour le moment, il a fait ce qu'il pouvait,
10:47 il a envoyé une lettre au Premier ministre, au ministre de la Santé,
10:52 mais pas de réponse, ça fait plusieurs mois, ça va bientôt faire deux mois,
10:57 aucune réponse.
10:58 – Merci Jean-Pierre, en tout cas, on va suivre ça aussi de notre côté.
11:01 Merci beaucoup.
11:02 – Ah ouais.
11:03 [Musique]

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