• l’année dernière
Transcription
00:00 "Bâtiment 5", le nouveau film de Lajli, raconte un sale Noël,
00:03 puisque les habitants d'une cité sur le point d'être démolis et réhabilités
00:08 sont virés de chez eux le 24 décembre.
00:10 [Musique]
00:12 Moi j'habite au Grand Bosquet, donc forcément je suis au courant du projet de rénovation.
00:15 Mais je viens de découvrir qu'il avait complètement changé.
00:17 Les nouveaux logements qui sont prévus, ils n'ont plus la capacité d'accueillir des familles nombreuses.
00:21 J'ai pas le dossier en tête, mais ce que je peux vous dire,
00:23 c'est que la ville fait vraiment de son mieux pour rénover ce quartier.
00:25 Bah non, justement.
00:26 Le film raconte une crise politique dans une ville qui pourrait ressembler à Montfermeil ou à Clichy-sous-Bois.
00:32 Au début du film, le maire de la ville tombe foudroyé pendant qu'un immeuble, justement, est dynamité.
00:38 Il fait une crise cardiaque, il faut le remplacer. Ce sera qui ?
00:40 Bah ce sera un de ses adjoints, qui est joué par Alexis Mananti,
00:44 qui est un pédiatre dans la ville et dont l'étiquette n'est pas très claire,
00:48 mais qui va se révéler un bon vieux facho des familles
00:53 et qui donc va appliquer tout un plan pour virer, en gros, les habitants de cette cité.
01:02 Et on va découvrir qu'une fois que l'immeuble sera réhabilité,
01:04 les gens ne pourront plus y venir, en tout cas ceux qui ont des familles nombreuses.
01:08 C'est le deuxième long métrage de "La Djili".
01:10 C'était prévu pour être le deuxième volet d'un triptyque
01:13 autour des thématiques sociales au sein de la scène Sandy.
01:17 Alors, les misérables, c'était les bavures policières.
01:19 Celui-là, ça devait être une espèce de portrait d'un maire un peu courage,
01:24 très inspiré par Claude Dina, l'ancien maire de Clichy-sous-Bois.
01:27 En fait, il a transformé son film plutôt dans un film consacré à la thématique du mal-logement,
01:32 un thème qui concerne beaucoup de Français et plus particulièrement dans la scène Sandy,
01:36 qui est le département métropolitain le plus pauvre en termes de revenus par habitant.
01:48 Ça démarre très très fort avec une scène assez dingue.
01:51 Une personne âgée est morte au dernier étage de sa tour.
01:54 Et puis, comme d'habitude, l'ascenseur de la tour est en panne.
01:56 Il faut bien descendre le cercueil.
01:58 Et donc, pendant de longues minutes, on voit vraiment les crocs morts à les habitants
02:02 qui se relaient pour descendre le cercueil dans la cage d'escalier.
02:04 La scène est très très forte.
02:05 Malheureusement, ce sera la scène la plus forte du film
02:07 parce qu'après, rien ne va ou quasiment plus rien ne va.
02:10 En fait, tout ce qui marchait dans "Les Misérables", ça ne marche plus du tout.
02:13 Dans "Bâtiment 5", dans "Les Misérables", c'était un film toujours très tendu,
02:16 avec une grande scène d'action.
02:17 Les dialogues étaient quand même bien écrits, sans trop de lourdeur.
02:21 Là, par contre, chaque personnage de "Bâtiment 5" est identifié à une idée,
02:26 et quasiment à une seule idée à chaque fois.
02:27 Il n'existe qu'à travers cette idée-là.
02:30 Là, les dialogues sont ultra lourds.
02:32 Notamment, il y a des scènes de discussion politique entre différents élus.
02:36 Voilà, c'est vraiment une espèce d'explication de la politique du logement pour les nuls.
02:40 Enfin, vraiment, ça ne marche pas.
02:41 Alexis Mananty, qui jouait un des flics, un des baqueux dans "Les Misérables",
02:45 joue cette fois le nouveau maire qui a une sorte de mépris pour sa population.
02:53 Il y a quand même des maladresses terribles.
02:55 C'est-à-dire que le type rentre chez lui,
02:57 lui, il habite du côté bourgeois, il a une jolie maison, il est pédiatre, etc.
03:01 Il rentre chez lui, on a bien compris qu'il allait être le méchant de l'histoire,
03:05 et tout à coup, il sert un apéro, il dit à sa femme "tu veux un cocktail ?"
03:09 et il scoupe des tranches de saucisson.
03:10 Et on se dit, est-ce que c'est vraiment malin, cette espèce de portrait-franchouille
03:16 qui serait symbolisé par la tranche de saucisson, l'apéro-saucisson ?
03:21 Un concesseur de recours sur des immeubles et de changer tout un quartier,
03:23 c'est pour se retrouver avec exactement les mêmes problèmes.
03:26 On parle de quoi exactement ?
03:27 De problèmes sanitaires ?
03:28 Problèmes scolaires ? D'insécurité ?
03:29 Droit d'épargne ? On parle de quoi exactement ?
03:31 On parle de problèmes de personnes qui causent des problèmes.
03:34 On a la plus grosse concentration des trajetos de départements.
03:37 Et à ça, tu rajoutes le record de délinquance.
03:39 Tu vois pas comment ça se passe dehors ou quoi toi ?
03:40 Je mettrais quand même un petit satisfacit pour Steve Siencius,
03:43 c'est un comédien que j'ai bien aimé dans Les Misérables.
03:46 C'est le seul où il y a un petit peu de complexité dans le personnage.
03:48 Il n'est pas réduit à une seule idée ou à un seul courant,
03:52 c'est un type assez ambigu.
03:53 Enfin, il y a un personnage un petit peu complexe
03:55 qui sort un petit peu du manichéisme
03:57 ou de la position peut-être un peu trop tranchée qu'il y a dans Bâtiment 5.
04:01 Évidemment, une très bonne chose que le cinéma français s'empare
04:04 et des banlieues et du mal-logement et de la politique, etc.
04:08 Le problème, c'est que Bâtiment 5 fait irrésistiblement penser
04:12 à un film qu'on a vu il n'y a pas très longtemps
04:13 qui s'appelait Les Promesses de Thomas Kruithof,
04:15 qui était brillamment écrit
04:16 et que du coup, il souffre beaucoup de cette comparaison.
04:19 Bâtiment 5 de La Djili, c'est bof.
04:22 À l'arrivée, Bâtiment 5, c'est bof.
04:24 ♪ Amour ♪

Recommandations