IVG : "Pourquoi on serait les seules à se sentir coupables ?"

  • l’année dernière
Sandra Vizzavona est avocate. Elle a vécu deux avortements, le premier à 16 ans puis le second 10 ans plus tard. Deux expériences qu'elle décrit comme très différentes, mais encerclées par le même tabou.
Elle a ensuite regroupé plusieurs témoignages dans un livre : "Interruption : l'avortement par celles qui l'ont vécu" aux éditions Stock.

#IVG #avortement #feminisme #droitsdesfemmes
Transcription
00:00 Il y a une femme que j'ai interviewée dans le livre qui m'a dit "j'ai culpabilisé de ne pas culpabiliser".
00:04 Je me suis dit que ça n'était pas normal et que je devais être un monstre.
00:07 Alors que non, en réalité, elle n'avait aucune raison de culpabiliser mais elle se sentait mal de ça.
00:13 À la lecture de votre livre, ce qu'on a envie de retenir c'est qu'il faut se détacher de ce message
00:17 selon lequel si une femme doit avorter c'est parce qu'elle a fait une faute.
00:20 Non, elle n'a pas fait de faute.
00:22 Elle n'a pas fait de faute, ça peut arriver de diverses manières et puis surtout elle ne l'a pas fait toute seule.
00:26 Alors pourquoi est-ce qu'on serait les seuls à se sentir coupable là où les hommes ne le sont pas ?
00:30 D'ailleurs un médecin que vous avez pu rencontrer vous dit "arrêtons de parler d'accident".
00:35 Oui, c'est un médecin qui s'appelle Philippe Faucher qui dit que pour lui il faut arrêter de considérer
00:39 que l'avortement est un accident dans la vie d'une femme, c'est simplement un événement qui arrive dans la vie des femmes.
00:46 Interruption, l'avortement par celles qui l'ont vécu.
00:49 Un livre chez Stock, une pièce de théâtre aussi au Théâtre Antoine.
00:55 C'est vous qui êtes allée chercher la metteur en scène ?
00:57 Oui, dès le début, avant même que le livre paraisse, j'avais envie qu'on entende toutes ses paroles
01:04 parce que je me disais que ce serait perçu autrement que le fait de l'entendre entouré
01:08 avec les rires, l'émotion qui est partagée, ça donne autre chose.
01:11 Et effectivement, ça donne vraiment autre chose, ça nous permet de toucher beaucoup plus les hommes
01:16 et ça c'est vraiment quelque chose dont on est très heureux, c'est qu'il y a de plus en plus d'hommes qui viennent,
01:20 de plus en plus d'hommes qui nous disent "mais je ne soupçonnais pas une seconde que ça pouvait être vécu comme ça,
01:25 que vous pouviez être jugé, que ça pouvait être difficile ou pas du tout".
01:30 Et en fait, la pièce de théâtre permet de rendre la parole beaucoup plus collective.
01:36 C'est une expérience collective, là où la lecture est une expérience personnelle.
01:40 Et là, il y a des gens qui viennent en famille, il y a des mères qui viennent avec leurs adolescents ou leurs adolescentes
01:44 parce qu'elles n'arrivent pas à en parler aussi simplement.
01:47 Et c'est vachement agréable de voir ça.
01:49 Il y a aussi quelque chose qui est encore plus joli, c'est qu'il y a de plus en plus de femmes âgées qui viennent
01:54 et on se rend compte un peu, comme le disait la femme de Lina,
01:56 que je pense qu'il y en a beaucoup qui n'ont jamais pu en parler,
01:59 qui n'ont jamais pu entendre des paroles aussi libérées sur l'avortement
02:02 et on sent que ça leur fait du bien.
02:03 - Au Théâtre Antoine, les lundis et mardis.
02:06 Et bientôt en tournée ?
02:07 - Oui, à l'automne prochain.

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