Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
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00:00 sur Europe 1, Catherine Ney, comme tous les vendredis. Bonjour Catherine.
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Alors Gabriel Attal, superstar de la politique cette semaine,
00:08 il attendait les résultats du test PISA,
00:11 qui ont bien révélé que la France est en train de perdre la guerre de l'éducation,
00:15 pour lancer lui son plan de redressement et les syndicats,
00:18 évidemment son vent debout Catherine.
00:20 Oui, loué par ses pairs, apprécié des députés,
00:23 admiré dans le pays, Gabriel Attal a ce don rare
00:27 de plaire naturellement, qu'en tant d'autres au contraire déplaisent.
00:30 Il possède ce je-ne-sais-quel charme que d'autres n'ont pas.
00:33 Le jeune ministre savait que le test PISA serait très déprimant pour le pays,
00:37 alors il s'y préparait depuis sa prise de fonction,
00:39 d'où l'annonce substantielle de son plan d'en compter les grandes lignes,
00:43 révision des programmes, recours à la méthode Singapour pour les matres,
00:46 retour du brevet pour passer en seconde, redoublement, etc.
00:49 Ce matin, le Figaro note qu'une majorité de Français estime qu'il va y arriver,
00:55 lui, à faire passer ses réformes.
00:57 Il faudrait tout de même le prévenir, il est dans la fosse au Lyon.
01:00 - Mais vous voulez justement nous raconter une histoire.
01:02 - Que je tiens de Gilles de Robien, ministre de l'Éducation nationale de Jacques Chirac,
01:06 qui constatant les grands retards de lecture des petits Français,
01:08 publiait une circulaire.
01:10 La méthode dite globale, disait-il, devait être abandonnée au profit de la méthode syllabique,
01:15 qui faisait tant ses preuves jadis et avec laquelle j'ai appris à lire moi.
01:18 Vous voyez, exemple, P-A-P, P-A-P, alors papa,
01:21 Do, D-O, Do, Do, Do, papa fait dodo.
01:24 Vous voyez, eh bien, ce qui crée, tous les neurosciences le disent,
01:27 les circuits de la mémoire dans le cerveau.
01:29 Mais, après mai 68, les pédagogues de la rue de Grenelle,
01:33 les pédagogos, disait Claude Allègre, ont jugé que cela était tellement bébête
01:37 qu'ils l'ont remplacé par la méthode dite globale.
01:39 On doit mémoriser le mot comme s'y lire.
01:42 C'était d'abord deviner, mais on a fabriqué une génération de Français qui ont perdu l'orthographe.
01:46 Alors, le ministre s'était rendu à Dijon devant un IUFM,
01:50 là où on forme les maîtres pour dire aux futurs enseignants
01:52 qu'ils devraient choisir la méthode syllabique.
01:54 Des questions, une dame avait levé le doigt.
01:56 Non, monsieur le ministre, on n'appliquera pas votre circulaire.
01:59 Et pourquoi donc ? Parce que nous avons la liberté pédagogique.
02:03 Nous faisons ce que nous voulons dans nos classes.
02:06 Et le ministre de récorder tout de même, la loi Fillon est explicite,
02:09 la liberté des professeurs s'applique dans le cadre des instructions données par le ministre.
02:15 - Autrement dit, cause toujours.
02:16 - Oui, et Gilles de Robien l'a constaté.
02:18 Un ministre peut bien réunir les recteurs, les inspecteurs généraux,
02:21 les faire rocher de la tête, l'ennui c'est que la machine ne suit pas.
02:24 Les profs sont inspectés tous les 7 ans,
02:26 parfois les inspecteurs les punissent d'appliquer la méthode préconisée par le ministre,
02:31 vous voyez, et aujourd'hui les élèves apprennent avec une méthode mixte,
02:34 mi-syllabique, mi-globale, dont toutes les études les plus récentes
02:38 démontrent que ça ralentit la vitesse de lecture et la compréhension des élèves.
02:42 Alors des parents s'inquiètent de leur retard,
02:44 on leur dit "mais il faut ramener l'enfant chez l'orthophoniste, ça ne marche pas".
02:47 Bon, allez voir un psy, puis ça finit par dire
02:49 "c'est que l'enfant n'est pas bien dans sa famille", voyez on en est là.
02:52 - Mais on en est toujours là en 2003.
02:54 - Et oui, en 2017, 11 ans après Gilles de Robien,
02:57 le ministre Blanquer, Jean-Michel Blanquer, ancien recteur,
03:01 recommandait de privilégier la méthode syllabique
03:04 en raison de la nocivité des méthodes globales et semi-globales,
03:07 dont celui d'accroître la dyslexie, le niveau des gringolats en maths,
03:11 il disait qu'il allait falloir s'intéresser à la méthode Singapour,
03:15 celle que préconise justement Gabriel Attal.
03:17 - Et puis Jean-Michel Blanquer, on connaît l'histoire,
03:19 est remplacé par Papel Gaillet.
03:20 - Et oui, mais à peine arrivé, le ministre à la voix frêle préconise quoi ?
03:23 De revenir à la dictée, à une pratique de la rédaction manuscrite,
03:27 à la méthode syllabique, à la lecture.
03:29 Aussitôt, le syndicat majoritaire du primaire se rejambe
03:32 contre ce ministre qui reprend toutes les marottes de Blanquer.
03:34 Et puis quoi, une dictée ?
03:36 Dictée, ça vous fait penser à quoi ? A dictature, bien sûr.
03:38 Il est loin le temps où Jules Ferry disait,
03:41 "lundi matin à 10h, tous les écoliers de France sont en dictée".
03:46 Gabriel Attal voudrait labelliser l'Emmanuel scolaire,
03:49 les mêmes pour tous les professeurs.
03:50 Vous savez ce qu'ils ont dit les syndicats ?
03:52 Ils ont dit, "on n'avait jamais vu ça depuis le régime de Vichy".
03:56 - Évidemment.
03:57 La méthode Singapour, la méthode Ferdinand Buisson, devrait-on rappeler.
04:01 C'était français à la base, ça, Catherine Ney.
04:03 - Très bien, je l'apprends.
04:04 - Et bien voilà, mais on en apprend tous les jours à l'école,
04:07 malheureusement, peut-être un peu moins qu'ailleurs.
04:09 Les Grandes Voix, on vous retrouve évidemment tous les samedis,
04:11 Catherine Ney, sur Europe 1, de 10h à 11h,
04:13 en compagnie de vos camarades Gérard Carrérou,
04:17 Charles Villeneuve et Michel Cotta, autour de Pierre de Villenocé,
04:20 tous les samedis sur Europe 1 à 10h.
04:21 Et comme je le disais la semaine dernière, ça cartonne,
04:23 vous êtes plus de un demi-million à les écouter,
04:26 nos Grandes Voix sur Europe 1 tous les samedis.