• il y a 2 ans
Lucien Rapp est agrégé des Facultés de droit, professeur à l’Université Toulouse 1 Capitole Expert des secteurs de l’aéronautique et du spatial depuis de nombreuses années, il est régulièrement classé parmi les meilleurs spécialistes mondiaux du droit de l’espace et des communications.
Transcription
00:00 Je m'appelle Lucien Rapp, je suis professeur d'université, j'enseigne à la fois à l'université
00:09 Toulouse-Capitole, à la faculté de droit, et puis à HEC Paris, où je suis depuis de
00:15 nombreuses années professeur affilié.
00:17 Je suis également un praticien du droit puisque je suis avocat depuis de nombreuses années
00:25 et j'exerce une particularité au barreau de Paris, où j'ai construit une vraie notoriété
00:32 et une vraie pratique internationale dans des cabinets internationaux, essentiellement
00:37 américains et aujourd'hui anglais, et dans les domaines des infrastructures, des télécommunications,
00:47 des activités réglementées, aussi des contenus, c'est-à-dire que je travaille aussi pour
00:52 des radios, des télévisions, j'ai fait un peu de cinéma, enfin voilà, je fais beaucoup
00:57 d'internet.
00:58 Alors, quel a été votre parcours d'étudiant ?
01:02 Eh bien, j'ai fait mes études à l'université Toulouse-Capitole, j'ai donc fait mes études
01:08 entièrement à Toulouse, où j'ai fait de manière combinée une licence, puis une maîtrise
01:19 en droit et le diplôme de l'institut d'études politiques de Toulouse, dont j'ai été très
01:25 occupé pendant mes années d'étudiant, puis en maîtrise j'ai passé le CAPA, qui est
01:31 le Certificat d'aptitude à la profession d'avocat, donc à Bac+4 j'ai été suspect
01:37 d'exercer mon droit, et puis ensuite j'ai décidé de continuer mes études, j'ai fait
01:45 deux DEA, ce qui correspond aujourd'hui au Master 2, et dans la foulée de mes DEA j'ai
01:51 commencé une thèse, trois ans plus tard je la soutenais en 1982, et puis l'année suivante
01:58 ma thèse je me suis présenté au concours d'agrégation et j'ai été reçu, de telle
02:01 sorte que je suis rapidement devenu professeur.
02:03 Alors, quel a été votre parcours professionnel ?
02:07 Et bien, à l'issue du concours d'agrégation, 1983, je n'avais pas de poste dans mon université,
02:15 donc comme j'étais bien classé, j'ai pu néanmoins exercer mon choix, et je suis allé
02:21 dans une université qui était la plus proche possible de mon domicile et de ma vie de famille,
02:26 qui était l'université de Montpellier, où j'ai passé cinq années à la faculté
02:31 de droit, ce sont cinq magnifiques années, un très bon souvenir pour ce qui me concerne,
02:36 j'ai pu vérifier que la région Occitanie avait deux jambes, Toulouse et Montpellier,
02:42 et qu'on faisait aussi des choses très importantes à Montpellier, et puis au bout
02:45 de cinq ans j'ai eu l'opportunité de revenir dans mon université, et je n'ai pas quitté
02:50 mon université dans l'exercice de mes activités académiques, évidemment.
02:55 Après, je me suis partagé, je continue de me partager pendant près de 40 ans entre
03:01 Toulouse et Paris, et donc je suis très souvent à Paris, quasiment toutes les semaines, et
03:09 j'enseigne à l'université de manière tout à fait classique, sans avoir manqué
03:14 une heure de cours et sans avoir sacrifié mes étudiants, c'est ce dont je suis le
03:18 plus fier.
03:19 Alors quels sont vos domaines de recherche ?
03:23 Alors, je travaille beaucoup dans le domaine du droit international économique, qui est
03:30 une discipline très ouverte, je suis publiciste, je suis agrégé de droit public, mes centres
03:36 d'intérêt c'est essentiellement le droit des entreprises publiques et du commerce international,
03:43 tout ce qui touche au marché et à sa régulation, j'ai beaucoup travaillé à un moment donné
03:48 sur les privatisations, sur les nationalisations aussi, je suis plutôt un financier dans le
03:57 profil qui est le mien, quand j'aborde par exemple les questions liées au contrat public,
04:03 au contrat administratif, c'est l'angle financier qui me retient, c'est tout ce qui
04:09 touche au PPP, au partenariat public-privé, au contrat de concession, à tout ce qui touche
04:16 aux indemnités, au cas de résiliation, vous voyez c'est ce genre de choses.
04:20 Alors avez-vous une rencontre particulière durant votre parcours d'étudiant ou professionnel
04:27 qui vous a influencé pour vous orienter sur une carrière d'excellence, sur votre carrière
04:33 d'excellence ? À la vérité j'ai rencontré beaucoup de
04:37 gens de très grand standing, de très grande qualité, j'ai eu des professeurs merveilleux,
04:42 excellents, j'ai fait ma thèse avec l'un d'entre eux, Pierre Delvolvet qui me paraissait
04:46 être le personnage le plus proche de ce que je souhaitais faire, au Barreau j'ai rencontré
04:54 de très grandes figures, j'ai fait un bout de chemin avec un jeune avocat avec lequel
04:59 à Paris nous avons vécu une aventure phénoménale, la création d'un cabinet naissant et puis
05:06 nous avons été rachetés par un magnifique, un énorme cabinet américain dont je suis
05:10 devenu l'associé et puis quelques temps plus tard j'ai reconstruit un cabinet anglais
05:17 à Paris et donc oui j'ai rencontré des gens de nature et d'origine très diverses avec
05:25 lesquels je me suis toujours très bien entendu et qui ont toujours été pour moi des sources
05:28 d'influence et puis il n'y a pas que les professionnels, il y a aussi les étudiants,
05:34 je suis beaucoup enrichi à leur contact et je sais que les étudiants eux aussi sont
05:39 très attachés à ce que des professeurs s'impliquent dans leur formation.
05:43 Alors pouvez-vous nous présenter la Chaire Sirius ?
05:48 Oui, la Chaire Sirius c'est une initiative très originale, elle a été créée il y
05:54 a 10 ans désormais en 2013 à l'initiative de trois acteurs majeurs du secteur spatial
06:01 mondial qui sont l'Agence Spatiale Française, le CNES et deux opérateurs Airbus Defence
06:10 and Space qui est l'opérateur spatial du groupe Airbus et puis TASS Thales Alenia Space.
06:17 Ces trois opérateurs m'ont fait confiance, ont souhaité que je m'associer à une équipe
06:23 de recherche émergente au sein d'une grande école toulousaine, TBS, Toulouse Business
06:29 School et nous avons commencé à fonctionner en travaillant sur les aspects liés aux entreprises
06:37 du secteur spatial davantage que sur les grandes questions juridiques internationales
06:42 qui prévalaient jusqu'alors, c'est-à-dire toutes celles qui touchent aux traités internationaux.
06:46 Et donc c'est cet attelage original qui s'est prolongé au fil du temps pendant
06:52 10 ans et là nous sommes en passe de renouveler pour 5 ans de plus le contrat que nous avons
06:58 initialement conclu avec ses sponsors et je suis heureux de pouvoir vous dire à cette
07:04 heure que le renouvellement est acquis, nous sommes en train de signer les conventions
07:10 d'ici la fin de ce mois et nous allons repartir pour 5 ans de plus ce qui est une belle aventure
07:14 parce que les sommes mises à disposition sont considérables, sont significatives et
07:19 que bien évidemment le soutien de l'industrie est absolument essentiel.
07:23 Alors pouvez-vous nous faire part d'un petit rappel historique concernant le droit
07:31 spatial, les fameuses grandes lignes ?
07:34 Oui, alors bon le droit spatial s'est construit en 1967 et dans les années suivantes sur
07:41 5 grands traités internationaux.
07:43 Ces 5 grands traités internationaux concernent essentiellement l'exploration et accessoirement
07:51 l'utilisation de ce que l'on appelle dans le jargon des traités les corps célestes,
07:57 y compris la Lune.
08:00 Le principal de ces 5 grands traités est le traité qui a été conclu en 1967 qui
08:06 est toujours en vigueur et qui est toujours d'une grande actualité parce qu'au lieu
08:10 de mettre en place des dispositions très prescriptives, très normatives, les auteurs
08:16 de ce traité ont voulu construire un certain nombre de principes d'application générale
08:21 concernant l'exploration et l'utilisation, l'exploitation dit-on aujourd'hui de l'espace.
08:27 Et le principe est très simple, il repose sur quelques mécanismes fondamentaux.
08:32 D'abord la sanctuarisation de l'espace, c'est-à-dire qu'on considère que l'espace
08:36 n'appartient à personne, il est le patrimoine commun de l'humanité.
08:40 Dans la version anglaise on parle de province de l'humanité tout entière, dans la version
08:48 française on dit que c'est un appanage au sens médiéval du terme de l'humanité
08:54 tout entière, donc personne n'en est le propriétaire, tout le monde a accès à
08:57 l'espace, il doit pouvoir avoir accès à ses bénéfices.
09:01 Et puis on a posé le principe de la responsabilité des états, c'est-à-dire que comme l'espace
09:10 n'appartient à personne, la responsabilité éminente pèse sur les états qui doivent
09:15 organiser les conditions d'accès à l'espace selon des principes qui sont prévus dans
09:21 le traité, et évidemment le traité insiste sur la nécessaire coopération entre états,
09:26 sur la nécessité d'une exploitation égalitaire de l'espace, une exploitation qui permette
09:33 y compris aux populations, aux peuples qui n'ont pas techniquement les moyens d'accéder
09:38 à l'espace, de pouvoir bénéficier des retombées positives de l'exploration spatiale.
09:44 Donc ça c'est ce qui s'est passé en 1967.
09:47 1967 c'est un contexte très particulier puisque c'est la guerre froide et que, évidemment,
09:53 on ne parle à l'époque que d'exploration, on parle peu d'exploitation.
09:56 Alors après, il faut arriver à la fin de la première décennie de ce siècle, 2008,
10:03 pour voir se développer une nouvelle industrie du secteur spatial que l'on appelle aujourd'hui
10:09 le New Space, c'est-à-dire l'entrée aux côtés des acteurs traditionnels, de l'état,
10:14 des entreprises publiques, d'acteurs privés et au-delà de ces acteurs, de fonds d'investissement,
10:21 d'acteurs financiers très importants.
10:23 Et puis, dans la période la plus récente, nous venons de vivre au cours de la décennie
10:32 2010 et puis surtout au début de cette décennie, l'arrivée des plateformes numériques, des
10:39 acteurs du numérique dans le secteur spatial, les GAFAM et C, où ce sont des personnages
10:45 aussi importants que Jeff Bezos, Elon Musk, dont on parle beaucoup évidemment, Richard
10:52 Branson, qui vont progressivement dominer tout le secteur spatial.
10:56 Mais nous avons en France un magnifique tissu industriel et c'est un vrai bonheur de le
11:02 voir se développer.
11:03 C'est pour ça qu'on a créé Sirius, le sous-titre de Sirius, c'est "Space, Business
11:08 and Law", c'est-à-dire que nous, ce qui nous intéresse, c'est l'approche micro,
11:11 c'est-à-dire qu'on est du côté des entreprises existantes ou qui rentrent dans le secteur
11:17 spatial, les entreprises du New Space, davantage que dans l'analyse classique des grands
11:22 traités ou du rôle des états dans l'ordre international.
11:25 Alors qu'est-ce qui a permis et qui permet l'évolution du droit spatial ?
11:33 Trois choses importantes.
11:35 D'abord, l'évolution des techniques.
11:37 Nous venons de vivre plusieurs révolutions importantes dans le secteur spatial et d'une
11:42 manière générale dans le domaine des technologies.
11:44 Nous en vivons encore avec l'intelligence artificielle et sans doute battons vers des
11:48 modifications encore plus importantes.
11:50 Et cette révolution technique, c'est un premier facteur très important.
11:54 Ensuite, il y a la révolution économique, c'est-à-dire que la révolution technique
11:58 entraîne généralement une transformation de l'écosystème et notamment de l'écosystème
12:04 industriel.
12:05 Et le fait que l'on ait vu arriver des entrants de jeunes pouces qui rentraient dans le secteur
12:13 spatial et qui continuent de rentrer, nous avons beaucoup de start-up dans ce secteur
12:17 d'activité, était un indice très favorable.
12:19 Et puis, le troisième facteur important, c'est l'évolution de la société.
12:23 C'est au fond l'appropriation par la société des retombées de l'espace.
12:28 Le fait que le GPS soit devenu une composante essentielle de la conduite automobile.
12:33 Aujourd'hui, plus personne n'imagine conduire un véhicule sans avoir soit les moyens de
12:39 connecter son téléphone mobile, soit un système GPS intégré au véhicule.
12:45 Et au fond, on ne peut plus se diriger dans une ville que l'on conduise ou pas sans son
12:50 téléphone mobile et sans un système qui permet le repérage.
12:55 Même chose en matière de météorologie, plus personne n'imagine qu'on ne puisse pas
12:59 anticiper l'évolution du temps, interroger son téléphone, suivre les programmes de
13:04 météo à la télévision.
13:07 On ne comprendrait pas que le journal télévisé du soir ne soit pas précédé d'une émission
13:10 météo, émission météo qui n'est possible que parce que les satellites sont là.
13:15 Et je pourrais multiplier les exemples et montrer comment et pourquoi le secteur spatial
13:21 est en train de devenir un élément essentiel de nos vies quotidiennes.
13:25 Donc l'appropriation par la société de tous ces usages est un indice évidemment
13:30 tout à fait déterminant.
13:31 Donc vous le voyez, l'évolution de la technique, l'évolution de l'économie, l'évolution
13:36 de la société elle-même sont des facteurs déterminants.
13:39 Alors, quelle est la place de la France et de l'Europe sur l'amélioration et le développement
13:45 du droit spatial, dit autrement, sur son écriture et son application ?
13:50 En effet, la France a été incontestablement leader sur de nombreuses situations exceptionnelles,
13:56 comme l'écriture de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le fameux
14:01 26 août 1789.
14:03 Mais en même temps, la France a été rudement critiquée sur son application.
14:08 Alors dans le domaine spatial, la France a une place éminente, comme l'Europe l'a
14:15 également à cause précisément de la complémentarité des États européens et des efforts conjoints
14:21 qu'ils poursuivent au sein de l'agence spatiale européenne.
14:24 La France a une place éminente.
14:26 La France est l'un des membres, des premiers membres de ce qu'on appelle le club spatial
14:33 dans les années 67, 68 et suivant évidemment, tout au long des années 80 et 90.
14:40 Arianespace est le symbole de ce que peut-être tout à la fois le succès européen, le succès
14:45 technologique européen et la construction européenne, puisque au fond on a souvent
14:51 comparé les succès d'Arianespace à Airbus, et ce n'est pas indifférent qu'Airbus
14:57 est donc un département Airbus Devent and Space.
15:01 Nous avons donc des ingénieurs de première qualité qui nous sont régulièrement débauchés
15:07 d'ailleurs et qui nous sont enviés par l'ensemble des États du monde.
15:10 Donc nous avons de très bons éléments.
15:13 Nous nous sommes dotés d'une loi spatiale qui s'appelle la loi sur les opérations
15:18 spatiales, à l'élaboration de laquelle j'ai participé, j'ai fait partie du groupe
15:22 de travail qui a rédigé les dispositions de la loi du 3 juin 2008.
15:26 Et ce que je peux vous dire c'est qu'aujourd'hui cette loi est une référence internationale
15:32 et que non seulement la loi mais surtout ses textes d'application sont aujourd'hui
15:36 aux avant-postes de ce que l'on peut souhaiter dans le domaine de la réglementation des
15:42 activités spatiales internationales.
15:44 Alors évidemment les Américains, les Chinois sont aujourd'hui en position de co-leadership
15:50 dans le domaine spatial comme dans d'autres domaines.
15:52 Évidemment l'Europe est parfois désunie mais c'est sain cette compétition entre
15:59 les États et il arrive que l'Allemagne et la France ne soient pas toujours sur la
16:03 même longueur d'onde.
16:04 Mais je reste personnellement très confiant et je pense que l'addition de toutes ces
16:11 intelligences européennes peut, si on les coordonne, si on parvient à les mettre vers
16:17 un même objectif, peut constituer quelque chose de très significatif au plan mondial
16:23 et sans doute quelque chose de supérieur.
16:25 Alors ces dernières années on a vu se développer en France et en Europe ce que l'on appelle
16:31 le "new space" dont vous avez fait allusion, c'est-à-dire l'instauration d'une nouvelle
16:35 aventure spatiale et technologique où se sont développés de nombreuses startups,
16:39 notamment dans le domaine du spatial et de l'aéronautique.
16:42 Certaines se sont faites d'ailleurs, soit dit en passant, pleinement remarquées par
16:47 des projets très innovants et des levées de fond conséquentes.
16:51 Dans ce nouveau contexte, comment se placent les spécialistes du droit spatial et aérien
16:58 en considérant deux choses essentielles ?
17:00 Premièrement, les retombées positives en dehors bien entendu de la communication spectacle
17:07 à l'américaine et deuxièmement, dans le contexte des retombées possiblement négatives,
17:14 c'est-à-dire les échecs possibles, étant donné que la culture française est totalement
17:19 différente de la culture américaine concernant notamment différents points comme la dynamique
17:26 des entreprises, la dynamique des financements, la considération des échecs d'un point de
17:33 vue culturel, le fonctionnement des entreprises avec un management à l'américaine et à
17:39 la française différent, bien qu'on est les deux sur le territoire.
17:42 Bref, l'ensemble, différentes situations à considérer.
17:48 C'est une longue question, mais à laquelle je vais essayer de répondre de manière succincte
17:55 et si possible cohérente et bien évidemment aussi complète que possible.
17:59 C'est une longue question en effet qui me contraint à vous rappeler l'évolution,
18:06 on peut même dire la révolution que les juristes intéressés au secteur spatial sont
18:12 en train de vivre.
18:13 Ils ont longtemps vécu, et mes prédécesseurs en particulier, en droit spatial, ont longtemps
18:19 vécu dans l'idée que le droit spatial c'était les cinq traités fondateurs que j'évoquais
18:24 tout à l'heure.
18:25 Et donc ils procédaient à l'analyse de ces traités, l'essentiel de leurs écrits
18:29 ou de leurs articles, de leurs ouvrages portés sur le commentaire de ces traités, qui restent
18:37 toujours en vigueur et dont l'importance est toujours aussi déterminante.
18:40 La nouveauté qui est liée à l'arrivée de nouveaux acteurs dans le secteur spatial
18:48 est que nous avons vu apparaître deux autres sources de réglementations très importantes
18:56 et qui aujourd'hui sont parfois prévalentes.
18:57 Il y a d'abord eu ces législations nationales que les États ont dû élaborer, dont ils
19:02 ont dû se doter, et tout cela est très récent puisque je le rappelais tout à l'heure,
19:06 la France s'est dotée d'une loi spatiale en 2008, c'est-à-dire il y a un peu moins
19:15 de 15 ans maintenant.
19:18 Et donc ces lois spatiales sont importantes parce qu'elles vont organiser l'accès
19:26 au marché des activités spatiales.
19:30 Je le rappelais tout à l'heure, le traité de l'espace pose le principe de la responsabilité
19:36 éminente des États et pour diminuer leur responsabilité, ou tout au moins pour la
19:40 gérer, les États ont donc été contraints de fixer des règles sur leur sol national
19:46 pour organiser l'accès aux activités spatiales, définir les conditions dans lesquelles leur
19:51 responsabilité peut être engagée, définir les actions récursoires, c'est-à-dire les
19:57 actions en retour qu'ils peuvent engager contre les opérateurs, définir les conditions
20:03 d'accès au marché des activités spatiales.
20:06 Et puis on voit apparaître une troisième source qui prend de l'importance, c'est
20:12 celle des contrats que les opérateurs passent les uns avec les autres.
20:17 Et donc la source contractuelle monte en puissance lorsque les traités internationaux
20:22 sont insuffisants, lorsque les lois ne couvrent pas les questions liées aux services qui
20:28 sont fournis en orbite par exemple, et bien ce sont des contrats, ce sont des conventions
20:32 entre opérateurs qui fixent le régime applicable. Et ces conventions, aujourd'hui lorsqu'il
20:37 n'y a pas de référence, sont construites par des juristes, et j'ai participé à
20:42 cette aventure à plusieurs reprises, qui doivent faire preuve de créativité, c'est-à-dire
20:47 de construire du droit. Et donc vous le voyez, la grande transformation pour les juristes,
20:52 c'est tout simplement qu'ils ont dû sortir de l'analyse restrictive des traités internationaux
20:58 pour prendre en compte la multiplicité des lois nationales, nous avons vu leur développement
21:05 se construire au fil des ans, au cours des dernières années, de manière phénoménale.
21:09 Nous avons été obligés, au sein de la chaire Sirius, de construire une base de données
21:14 numériques qui a été la première base de données numériques mondiale, qui contient
21:19 tous les textes applicables, tous les textes nationaux, en plus des textes internationaux,
21:24 applicables aux activités spatiales et qui est d'une très grande utilité pour les
21:29 professionnels, puisque en quelques minutes, ils peuvent mobiliser la documentation qui
21:33 leur est utile pour répondre aux questions juridiques, souvent très subtiles, qu'ils
21:38 ont à résoudre, quel est le régime applicable à un satellite qui a été construit à un
21:41 endroit, qui est lancé depuis un deuxième endroit, qui est opéré par un opérateur
21:45 qui relève d'un troisième régime national, qui va servir des clients qui sont dans un
21:52 quatrième pays. Vous voyez, ce sont des questions très sophistiquées, très compliquées.
21:56 Il y a bien d'autres questions encore plus subtiles. Tout cela pour vous dire que cette
22:04 base de données est utile et s'est révélée nécessaire, qu'elle n'existait pas antérieurement,
22:10 parce que la source législative est importante et donc il faut gérer ces trois sources à
22:15 la fois, le faire en se disant que ce ne sont plus seulement les spécialistes d'endroits
22:22 spatiales qui sont concernés par le développement de nos activités spatiales. Il y a un important
22:27 volet de propriété intellectuelle, par exemple, et les spécialistes d'endroits à la propriété
22:32 intellectuelle peuvent trouver leur bonheur à analyser les questions très subtiles qui
22:37 résultent d'inventions, de créations qui se déroulent dans l'espace. Quand on fait
22:41 vieillir du vin dans la Station Spatiale Internationale, la question se pose naturellement de savoir
22:48 qui en est le propriétaire, est-ce qu'il s'agit d'une invention qui est protégée,
22:56 quel est l'inventeur qui est protégé, comment, etc. On est à 36 000 km, alors s'agissant
23:03 de la Station Spatiale Internationale, on est à 400 km au-dessus de nos têtes. Tout
23:08 cela pour vous dire qu'effectivement, vous le voyez, les questions sont très subtiles.
23:12 Il y a aussi tout le droit financier. Aujourd'hui, on monte des opérations de financement qui
23:17 sont très sophistiquées avec des véhicules juridiques qu'on appelle les SPAC et qui
23:22 vont permettre de lever des fonds. En matière de droit commercial, on voit des conventions
23:30 très subtiles se mettre en place. Il y a toute la question de la protection des données
23:34 personnelles qui trouve à s'appliquer aux activités spatiales. Et comme les activités
23:41 spatiales rentrent de plus en plus dans nos vies quotidiennes, elles rentrent dans la
23:46 vie des agriculteurs qui peuvent déterminer le degré d'hygrométrie de leur champ, c'est-à-dire
23:52 savoir quelle est la quantité d'eau qu'ils doivent répandre pour pouvoir arroser leur
23:56 champ convenablement, la quantité d'engrais qu'ils doivent utiliser. Bref, comme on entre
24:03 très profondément dans toutes ces existences, évidemment, les juristes sont obligés de
24:07 s'adapter et de faire leur propre révolution.
24:09 Pouvez-vous nous donner et définir trois notions clés indispensables pour toute personne
24:16 qui souhaiterait comprendre au minimum ce qui se passe actuellement dans le droit spatial
24:22 français en ce début du XXIe siècle ?
24:24 Alors, je vais choisir trois mots qui me semblent résumer ce qui se passe actuellement. D'abord,
24:30 le premier mot c'est "exploitation". Aujourd'hui, les activités spatiales sont entrées dans
24:36 une nouvelle ère qui est plus commerciale, qui est l'ère de l'exploitation. On évoque
24:40 le GPS, on évoque l'observation de la Terre, la radio, la télévision par satellite, la
24:47 téléphonie par satellite. Bref, on est entré dans une nouvelle étape. L'espace n'est
24:56 pas seulement un objet d'exploration scientifique, c'est aussi de plus en plus une affaire d'exploitation
25:03 commerciale de nos satellites. Et cette exploitation commerciale est sur une très grande échelle
25:09 puisqu'aujourd'hui, une grande partie de nos activités économiques dépendent de
25:13 l'espace. Lesa a voulu à un moment donné montrer l'importance de l'espace en provoquant
25:19 un événement majeur qui aurait été l'extinction de tous les satellites en fonctionnement.
25:27 Elle en a été empêchée, elle s'est bien gardée de le faire parce que la catastrophe
25:32 qui aurait été produite de fusées que pendant 2-3 minutes aurait été terrible. Ce sont
25:38 des feux de la circulation qui n'auraient pas pu fonctionner, donc des accidents qui
25:42 auraient été provoqués, ce sont des conducteurs qui seraient retrouvés au bord de lacs ou
25:48 de précipices parce qu'ils auraient perdu le lien GPS. On peut imaginer ce qui serait
25:53 produit si on avait éteint tous ces satellites. Donc l'exploitation est un mot-clé. Il faut
26:00 bien comprendre que l'espace qui est un objet d'exploration fondamentalement, et
26:04 qui le reste, on fait beaucoup d'expériences très importantes dans le domaine spatial,
26:10 y compris pour des choses très quotidiennes. L'autre jour j'étais dans une réunion,
26:15 j'étais assis à côté d'un monsieur et ce monsieur me dit "je représente l'entreprise
26:20 Essilor". Je lui dis "mais qu'est-ce que Essilor peut avoir à faire avec les questions
26:25 spatiales, nous parlions d'économie lunaire". Et il me répond "la Lune c'est un espace
26:31 qui est mal éclairé, vous savez que l'un des principaux sujets des fabricants d'optique
26:37 c'est la myopie, pour nous c'est un terrain d'expérimentation tout à fait considérable
26:43 et vous voyez le lien qu'il y a entre exploration, exploitation et activité quotidienne. Donc
26:48 Essilor est partie prenante de toutes les aventures sur la Lune, tout simplement parce
26:52 qu'on va faire des progrès à l'optique et que l'on va pouvoir soigner, du moins
26:59 corriger la myopie dans d'excellentes, de bien meilleures conditions que ce que l'on
27:03 a aujourd'hui. Le deuxième mot que j'utiliserai c'est le mot "orbite basse". C'est-à-dire
27:08 que même si le mot est savant, il faut bien comprendre que lorsque l'on dépasse la
27:14 ligne des 100 km, qui est la ligne au-delà de laquelle on perd l'attractivité terrestre
27:19 et on est dans l'espace dit "extra-atmosphérique", le monde de l'espace se scinde en différentes
27:28 catégories. Il y a l'espace proche et puis il y a l'espace profond. L'espace profond
27:35 c'est celui dans lequel on fait de l'expérimentation. L'espace proche c'est celui qui est entre
27:39 100 et 400 ou 500 km, mettons 1000 km au-dessus de nos têtes et qui est un espace qui a été
27:48 récemment conquis et dans lequel on place de plus en plus d'activités. La station
27:53 spatiale est à 400 km et les satellites que l'on met en place actuellement, ceux de la
28:02 constellation Starlink, sont à un peu moins de 200 km au-dessus de nos têtes. Et donc
28:09 vous le voyez, la grande nouveauté de ces dernières années, c'est d'avoir permis
28:17 scientifiquement, techniquement, la conquête de cette orbite basse. On positionnait traditionnellement
28:24 des satellites à 36 000 km au-dessus de nos têtes. Vous voyez que c'était une couche
28:29 très supérieure. Désormais, entre 100 et 1000, dans les 900 km qui se dégagent, on
28:36 peut faire des quantités de choses. Et le troisième mot, c'est le mot micro-satellite.
28:42 C'est-à-dire que l'une des grandes révolutions de ces dernières années, c'est celle de
28:48 la possibilité de communication, de services fournis à partir des satellites, sur le fondement
28:55 de petits satellites. Un CubeSat, c'est un carré, un cube de 10 cm sur 10 cm. C'est
29:02 donc quelque chose de tout à fait petit. Et le fait d'avoir affaire à des micro-satellites
29:09 produit trois révolutions qui sont importantes. D'abord, une révolution dans la construction
29:13 des satellites. La construction des satellites peut être faite en série. On peut construire
29:17 des satellites à la chaîne. Alors que quand on construisait un satellite que l'on positionnait
29:22 en orbite géostationnaire, c'est-à-dire à 36 000 km au-dessus de nos têtes, il
29:27 fallait plusieurs mois, plusieurs semaines, parfois plusieurs années pour le mettre en
29:31 place, pour le mettre au point, pour le lancer, etc. Aujourd'hui, on le confectionne dans
29:39 un délit relativement bref, en quelques semaines, quelques mois, et on le confectionne à la
29:44 chaîne. C'est-à-dire que quand un satellite est défaillant, on doit pouvoir le remplacer
29:47 très rapidement. Ça ne pose aucun problème. La deuxième révolution, c'est la révolution
29:52 du lancement. Je n'ai plus besoin d'avoir des lanceurs très sophistiqués. Je lance
29:56 mes satellites en grappe et je les lance, soit dans des lanceurs très puissants dont
30:02 j'utilise les capacités en free rider, c'est-à-dire que je suis dans les trous de la coiffe de
30:11 la fusée et je suis lancé en cours de route, étant précisé que le lancement a pour objet
30:18 de mettre en orbite un satellite beaucoup plus sophistiqué, ou je les lance avec des
30:23 lanceurs qui sont très réduits. Et troisième révolution, c'est évidemment une révolution
30:29 dans la mise en place de ces constellations qui vont permettre de couvrir la totalité
30:33 de la Terre dans des conditions qui sont aussi satisfaisantes que celles que permettent ou
30:40 que permettaient des satellites en orbite géostationnaire. Et au fond, cette révolution
30:46 dans les microsatellites se traduit par une conséquence très importante qui est à elle
30:53 seule une révolution, c'est la multiplication des états qui s'impliquent dans l'aventure
30:58 spatiale désormais. Pourquoi ? Et bien parce que l'espace est devenu accessible, très
31:03 accessible techniquement, financièrement, économiquement, on amortit très rapidement
31:10 le coût où on peut construire ou faire construire un satellite par une université pour 50 ou
31:15 60 000 euros aujourd'hui, alors qu'il fallait plusieurs millions d'euros pour un satellite
31:22 géostationnaire. Donc les états entrent de plus en plus nombreux dans le club spatial
31:28 international des états émergents. L'Afrique aujourd'hui a lancé 50 satellites et gère
31:36 en orbite 50 satellites. Nous avons en Afrique déjà des pratiques dans l'utilisation commerciale
31:44 de l'espace qui sont très sophistiquées. L'Afrique a déjà montré l'exemple dans
31:49 le domaine du numérique, elle va le montrer plus encore dans les années qui viennent
31:53 dans le domaine des activités spatiales. Donc tout ça pour vous dire qu'un nombre
31:56 de plus en plus important d'états pénètre. Donc si j'avais à sélectionner trois mots,
32:02 ce sont les mots exploitation par opposition à l'exploration, parce que c'est le nouvel
32:07 âge de l'espace, c'est le mot orbite basse parce que c'est la conquête que nous venons
32:11 de faire au cours des dernières années et c'est le mot micro satellite ou nano satellite
32:17 qui désigne des satellites de petite dimension et qui vont ou qui sont porteurs de promesses
32:22 considérables pour les activités spatiales.
32:25 Alors dans vos domaines de spécialité, quels sont les défis à court et à moyen terme?
32:34 Alors les défis sont pour l'essentiel des défis industriels. Il faut d'abord que l'Europe,
32:43 bon je me place évidemment dans ma situation qui est celle d'un français et par conséquent
32:47 d'un européen, il faut que l'Europe conserve l'accès à l'espace. Or vous le savez dans
32:55 la compétition qui s'est amorcée entre SpaceX et Ariane Group, pour l'instant les
33:01 américains caracolent en tête, les chinois lancent par leurs propres moyens et nous,
33:07 nous sommes, nous européens je veux dire, nous sommes un peu en déshérence, un peu
33:11 orphelins de ce qui s'est passé, de cette épopée magnifique que nous avons connue
33:15 dans les années 90, au siècle précédent, au début de ce siècle là, avec les succès
33:22 d'Ariane 5 qui ont établi pendant de très nombreuses années un monopole de l'Europe
33:29 sur les activités de lancement. Ça c'est un premier sujet et donc il faut qu'on conserve,
33:35 faut que nous européens nous conservions l'accès à l'espace. Puis ensuite un problème
33:39 de souveraineté industrielle, il faut que nous restions très actifs dans ce secteur
33:42 d'activité, dans ce secteur spatial. Je le répète, nous avons la chance d'avoir
33:47 parmi les meilleurs ingénieurs du monde, nous avons désormais une classe d'entrepreneurs
33:51 avec les opérateurs du New Space qui est très dynamique, très entreprenante, très
33:59 désireuse de prendre des risques et d'en mesurer les conséquences. Tout cela doit
34:07 se traduire par une nouvelle place de la France et de l'Europe dans le concert des nations
34:13 et c'est très important. Et donc cette souveraineté industrielle est pour moi quelque chose de
34:17 tout à fait important. Aujourd'hui quand on veut caricaturer on dit l'Amérique inhobre,
34:24 les Chinois la Chine imite donc elle copie et puis que font les Européens ? Eh bien
34:30 ils régulent, ils se protègent en mettant en place des réglementations. Ce n'est pas
34:35 très sain, il faut que l'Europe sorte de cette attitude suiviste qui consiste à réguler.
34:42 On est très fier de notre DMA, Digital Market Act, très fier de notre DSA, Digital Services
34:48 Act, il faut que l'Europe sorte de cette situation de suivisme, il faut qu'elle lance
34:53 sa propre constellation et qu'elle soit maître de son propre destin. Voilà, comme
34:58 nous avons créé Galiléo en concurrence du GPS qui nous a permis et qui nous permet
35:03 encore d'être totalement autonome, totalement indépendant. Donc tout cela pour dire que
35:09 ces défis sont des défis industriels. Après évidemment de ces défis découlent un certain
35:13 nombre d'autres conséquences et notamment sur le plan économique ou juridique mais
35:19 ce sont des conséquences que nous avons évoquées antérieurement.
35:22 Que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons intéressés par le droit
35:28 en général et le droit spatial et aéronautique en particulier ?
35:33 Alors, bon, je leur conseillerais ce que je conseille à l'ensemble de mes étudiants
35:39 qui souhaitent se spécialiser. D'abord, de ne pas entrer dans ce secteur d'activité
35:44 sans avoir une solide formation générale. On ne peut pas faire du droit spatial si on
35:50 n'a pas de bonne base juridique, une bonne connaissance du droit international, du droit
35:54 national, du droit européen, etc. Et donc tant qu'on n'a pas cette connaissance,
35:59 c'est difficile de parler de spécialisation. Puis ensuite, je leur dirais que c'est une
36:05 matière extraordinairement technique dans laquelle le juriste doit avoir l'humilité
36:10 d'écouter l'ingénieur, se faire expliquer les mécanismes et donc il faut faire preuve
36:16 d'une qualité essentielle qui est la patience. Et pour cela d'ailleurs, je déconseille
36:22 de multiplier les diplômes généraux. Beaucoup d'étudiants ont la tentation de rester à
36:28 l'université en multipliant les formations générales. Non, il faut à un moment donné
36:33 accepter de franchir le pas, d'aller dans le secteur industriel et de se confronter
36:40 au terrain. Et donc, on peut ensuite faire des spécialisations spécifiques, mais il
36:47 faut aller sur le terrain, écouter les ingénieurs et faire preuve à la fois de curiosité
36:51 et d'humilité. Et puis alors, le dernier conseil, c'est tout simplement de faire confiance
36:56 à son destin. S'ils sont portés par une passion, par un intérêt particulier, ils
37:01 vont tout naturellement voir se déployer leur avenir et se construire progressivement
37:08 les perspectives qui s'ouvrent à eux. Donc voilà les éléments essentiels.
37:13 Pour terminer, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour vous une nécessité
37:19 au sein de notre société et pourquoi ?
37:22 Alors, je réponds positivement, évidemment, nous avons tous besoin d'avoir des associations
37:29 professionnelles, techniques qui nous regroupent parce que nous savons qu'à plusieurs, nous
37:35 sommes beaucoup plus forts qu'isolément et surtout dans le monde dans lequel nous
37:38 vivons qui est un monde d'interdisciplinarité et dans lequel le juriste par exemple ne peut
37:44 pas avancer sans l'ingénieur, sans l'économiste, sans le gestionnaire, sans le psychologue
37:51 ou le sociologue, voire l'anthropologue dont la science et dont les connaissances scientifiques
37:57 sont absolument essentielles.
37:59 Et donc je vois deux vertus aux associations techniques et professionnelles. D'abord la
38:06 vertu du partage d'expériences, de connaissances et puis la vertu du regroupement des forces
38:15 et de la possibilité de s'exprimer à plusieurs, de peser par conséquent de manière plus
38:19 importante.
38:20 J'ajouterai un troisième intérêt, une troisième raison qui est liée à la passion.
38:25 Généralement, ces associations fédères regroupent des gens qui partagent en commun
38:30 un intérêt, une passion, des pratiques professionnelles et ceci est évidemment tout à fait positif,
38:39 c'est rencontrer ses semblables, rencontrer des gens qui ont fait des choix équivalents
38:43 à ceux qu'on a fait à un moment donné de sa vie, c'est absolument essentiel.
38:48 Donc moi j'ai un grand respect pour les associations techniques et professionnelles et lorsque j'ai
38:55 la possibilité de les rejoindre, je le fais en se disant que malheureusement on n'a pas
39:01 toujours une grande liberté d'emploi du temps et qu'on ne peut pas être assidu à toutes
39:06 les réunions mais les soutenir au moment important, payer ses cotisations lorsqu'elles
39:10 sont demandées, participer aux événements qu'elles organisent, c'est absolument essentiel.
39:17 Merci.
39:18 [SILENCE]

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