À seulement 17 ans, Clémence Walti est déjà gérante de Crémence Pâtisserie . Elle nous a ouvert les portes de sa boutique pour nous faire découvrir ses créations gourmandes.
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00:00 Vous êtes apprentie ici ?
00:01 Je réponds... Non, je suis la patronne.
00:03 Le jour où j'ai ouvert la pâtisserie, j'avais 16 ans.
00:05 Je suis née en 2006.
00:06 C'est une grosse responsabilité, c'est comme un petit bébé.
00:08 Il faut l'entretenir régulièrement.
00:09 On a eu beaucoup de passages de stars à la pâtisserie.
00:12 Soprano, Tarek Bouddhali, Médine.
00:14 J'aime bien faire des gâteaux, mais je ne mange pas tous les gâteaux que je fais.
00:17 C'est ma passion, c'est quelque chose que j'adore faire.
00:20 Quand je fais de la pâtisserie, je ne pensais à rien d'autre.
00:21 C'est comme un médicament, ça m'a redonné le goût à la vie, clairement.
00:23 Depuis que je suis petite, on m'a toujours dit "tu ne rentres pas dans les cases, pourquoi ?"
00:27 Et là, je me dis "en fait, j'ai réussi ce que j'ai fait".
00:29 Si les gens sont choqués, c'est que c'est quelque chose de beau.
00:34 Ici, on est dans mon labo à Amiens, au 65 rue des Chacobins.
00:37 J'avais 15 ans, je réfléchissais dans mon sommeil que je pouvais le faire.
00:41 Et un matin, je me suis dit "bon, je vais le faire".
00:43 Et tous les matins, je venais ici.
00:44 J'avais un cadre précis dans ma tête.
00:46 J'ai des carleurs à poser le carrelage, je faisais le placo, je ponçais, je peignais.
00:50 Et moi, je ne voyais qu'un trou. Je me suis dit "mais dans 5 ans, ce sera toujours un trou".
00:55 Je ferais ça pour mes 20 ans.
00:56 Et en fait, plus le temps passait, je me suis dit "mais c'est bientôt".
00:58 J'avais peur, je me suis dit "mais il faut que je trouve du personnel, je ne vais pas travailler toute seule".
01:02 J'ai fait beaucoup d'entretiens, j'ai dû en faire plus de 50.
01:05 J'étais avec mon père, il pensait que j'étais stagiaire,
01:07 il pensait que ce n'était pas moi qui allais gérer la chose.
01:10 Je me laissais un peu marcher dessus.
01:12 Mais plus le temps passe, plus je reste assez calme.
01:14 S'il y a un problème, on en parle.
01:15 Il y a 8 pâtisseries, plus une, c'est les Pounettes, la spécialité de la pâtisserie.
01:20 C'est un brownie enrobé d'un chocolat blanc avec un glaçage rose
01:23 et des paillettes pour ce moitié pour octobre rose.
01:25 J'aime beaucoup les paillettes.
01:27 La Pounette, c'est mon surnom dont j'étais plus jeune.
01:29 C'est ma mère qui m'appelait Ma Pounette.
01:31 Il manquait de spécialité, ce sera mien.
01:33 Et je me suis dit "mais pourquoi pas faire une spécialité, quelque chose de facile à manger".
01:37 Ça plaît beaucoup aux enfants et aux adultes d'ailleurs.
01:39 Tous mes amis sont à l'école.
01:41 Ils m'ont dit "mais attends, il te reste 3 ans au lycée, tu feras ça après".
01:45 Et même pendant les vacances scolaires, ils me disent
01:47 "on fait une soirée, pendant 2-3 jours, tu veux venir ?"
01:50 Et je travaille.
01:51 J'ai déjà eu le cas de figure où j'ai dû m'éloigner de certaines personnes.
01:53 J'avais un copain et c'était trop compliqué avec le travail.
01:56 En fait, il faut trouver un rythme.
01:57 Ils me soutiennent beaucoup et ils savent qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde,
02:01 que je travaille et eux, ils sont encore dans leur adolescence, dans leur période lycée.
02:06 - Toi, t'es plus dans ton adolescence ?
02:08 - Un petit peu, mais plus trop.
02:11 Pendant le confinement, j'ai fait un burn-out.
02:13 J'étais en surinvestissement scolaire.
02:15 Je vais arrêter toute activité physique, toute activité.
02:17 Je ne pouvais plus sortir de chez moi, je suis tombée vraiment bas.
02:20 J'ai vraiment failli me passer.
02:21 La pâtisserie, c'est comme un médicament, ça m'a aidée énormément.
02:24 Je ne pensais pas, j'étais à fond dedans.
02:26 Je passais des après-midi dans la cuisine comme je ne pouvais rien faire.
02:28 C'est vraiment quelque chose qui m'a permis de lâcher prise et de me sentir vraiment mieux.
02:32 Je passe de mon lundi à mon dimanche ici, à peu près 12h par jour.
02:36 Quand tu as 5 ans, tu ne rentres pas dans une case,
02:40 tu as 8 ans, tu es à l'écart, vraiment du harcèlement.
02:42 Ça m'a forgé un mandat le plus dur, je ne me suis pas vengée, je ne me vengerai jamais.
02:46 Je traite les gens comme j'ai envie qu'on me traite.
02:47 J'ai trois salariés avec moi, Camille, Mathilda et j'ai la vendeuse Pauline.
02:53 Tout ce qui est factures, c'est mon papa qui les gère.
02:55 Tout ce qui est devis, c'est un travail de communication qui s'en charge.
02:58 Je sais les faire, mais ça me soulage beaucoup que c'est une tâche en moi à faire dans la journée.
03:04 Moi, je travaille beaucoup avec des coursistes, Théotron, la région Bicarne.
03:08 Mes grands-parents sont agriculteurs, donc je peux me fournir en fruits et légumes assez facilement.
03:12 Donc, j'ai des très bons fruits et des très bons légumes.
03:14 C'est ma maman, elle est là tous les matins de 10h à 13h.
03:18 Elle nous a montré, une fois que tout était fait, franchement, on est tombés d'eau.
03:20 En fait, on disposait d'un local, on a dit à Clémence, si tu veux, on ne sait pas quoi en faire.
03:24 On a un peu jeté une bouteille à la mer, on n'y croyait pas trop.
03:27 C'est la dernière d'une fratrie de cinq, donc nous, on s'est dit, ouais, elle est mature, elle est précoce,
03:32 mais en fait, je pense qu'elle est plus que ça.
03:34 Tous les ans, à l'école, il y avait des problèmes avec l'instinct.
03:36 On se disait, mais ce n'est pas possible qu'elle crée des problèmes alors qu'elle est si gentille.
03:41 D'ailleurs, c'est pour ça que ça s'appelle Clémence, parce qu'on a toujours dit que Clémence, c'est une crème.
03:46 Mais c'est ma pougnette à moi.
03:48 Pour Clémence, c'est très important que visuellement, le client, quand il voit nos pâtisseries,
03:53 que tout soit bien et que ce soit homogène.
03:56 Donc, on fait attention aux petits détails quand même.
03:58 Dans les musiques qu'elle peut écouter, moi, du coup, je n'ai pas les références.
04:02 J'ai toujours l'habitude d'avoir des patrons qui sont plus âgés que moi.
04:05 Elle est hyper mature pour son âge.
04:06 Enfin, je l'aurais trop, trop paniqué si on m'avait dit à 17 ans, tu devais gérer une entreprise.
04:11 C'est des recettes très précises, mais pour un but précis.
04:13 Ce n'est pas pour autant que j'ai une chambre très rangée.
04:15 Je n'ai pas en mettre deux couches pour que ça soit meilleur.
04:18 C'est meilleur quand il y en a beaucoup parce qu'il y en a plus.
04:21 Je fais goûter toutes mes recettes à ma famille.
04:23 Je suis très difficile.
04:24 Je n'aime pas le chocolat.
04:25 J'aime beaucoup les flans, mais un très bon flan, bien fait, avec beaucoup de vanille, ça, j'en raffole.
04:31 Superbe.
04:33 On ne le dit pas, mais on a tout le temps des peurs.
04:34 Qu'est-ce qu'on va faire dans la vie ?
04:36 Je vais acheter une maison, OK, et après, je vais faire quoi ?
04:39 En fait, je pense que la vie, ce n'est pas un long fleuve tranquille.
04:42 Peut-être que dans 10 ans, je vais reprendre un restaurant.
04:45 Peut-être que dans 15 ans, je vais construire quelque chose.
04:47 Mais je pense que la pâtisserie, ça m'assurera toujours autant.
04:50 [Musique]
04:55 [Générique de fin]
04:57 Merci.