• l’année dernière
Alors qu’elle était éducatrice dans un foyer pour enfants, Liouba a été forcée de dormir avec un collègue qu’elle ne connaissait pas. Elle nous partage son témoignage.
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#storytaff #travail #collègue #témoignage

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Transcription
00:00 Il n'y a été que quelques heures, je me suis mise sur le rebord du lit,
00:03 lui s'est mis de l'autre côté.
00:05 Je n'ai pas fermé l'œil du tout jusqu'à ce qu'il reparte à 10h du matin et qu'il quitte le logement.
00:10 Je m'appelle Duba, j'ai 24 ans et je vais vous raconter la fois où on m'a obligée
00:14 à dormir avec mon collègue sur un camp de vacances.
00:16 Je travaillais en protection de l'enfance dans une MECS,
00:19 donc c'est un foyer pour enfants.
00:21 J'ai fini un contrat et à la fin de ce contrat, j'ai été rappelée par mon ancienne responsable
00:26 pour faire un remplacement d'urgence sur un camp de vacances.
00:29 J'ai été appelée du jeudi pour partir le soir même.
00:32 J'avais un trajet de nuit à faire en bus pour arriver sur place,
00:35 être récupérée par mes collègues.
00:37 Je devais repartir théoriquement dans la journée de samedi.
00:41 J'avais fait déjà un long trajet en bus de nuit, je suis arrivée à 5h du matin sur place.
00:46 J'ai été récupérée par mes deux collègues qui étaient ensemble.
00:51 Au bout de cinq minutes, un de mes collègues me dit en ricanant
00:55 que je vais devoir dormir avec mon autre collègue, qui est un homme d'une soixantaine d'années.
00:59 On va devoir partager le même lit parce qu'il n'y a pas assez de lit ni de chambre pour tout le monde.
01:03 J'étais furieuse, du coup j'ai tout de suite envoyé un message à ma responsable
01:06 pour comprendre c'était quoi cette histoire.
01:09 J'étais en colère et j'attendais qu'elle trouve une solution.
01:12 Elle m'a dit qu'elle appellerait le collègue une fois qu'on serait arrivés sur les logements.
01:17 Elle a effectivement eu mon collègue au téléphone pour gérer la situation,
01:22 sauf que l'information qu'il n'avait pas donnée à ma responsable,
01:25 c'est qu'il avait laissé les jeunes sur les logements, seuls, sans surveillance,
01:28 pendant qu'il avait fait le trajet pour venir me chercher.
01:30 Et que du coup, une fois qu'on arrivait sur place,
01:32 il n'y avait pas forcément possibilité de faire changer les jeunes de chambre.
01:35 J'ai mon collègue qui m'a dit qu'il partageait déjà le lit depuis le début du séjour,
01:39 faute de place.
01:40 Donc j'étais vraiment hyper stressée, j'étais énervée.
01:45 Je ne connaissais pas du tout ce collègue, c'était la première fois de ma vie que je l'ai rencontré.
01:48 Mon collègue me dit "non mais je comprends, ça peut être stressant de dormir avec quelqu'un que tu ne connais pas,
01:53 mais ne t'inquiète, je ne vais rien te faire".
01:55 Donc, sur le coup, je n'étais pas vraiment hyper rassurée.
01:57 Je n'étais pas du tout mise en sécurité, ma responsable n'a pas du tout communiqué avec moi à ce moment-là,
02:02 elle n'a échangé qu'avec lui.
02:03 Du coup, je n'avais qu'une seule version de l'histoire,
02:06 lui ne lui donnait qu'une seule version de ce qui se passait sur place.
02:09 En fait, on n'a absolument pas trouvé de solution.
02:11 Il ne restait que quelques heures théoriquement avant la nuit,
02:13 mais je n'avais pas dormi du trajet, donc il fallait quand même que je récupère un peu
02:16 pour pouvoir m'occuper des enfants le lendemain.
02:17 Ça n'a été que quelques heures, je me suis mise sur le rebord du lit,
02:21 lui s'est mis de l'autre côté.
02:23 Visiblement, il a passé une très bonne nuit, vu qu'il a très bien dormi.
02:27 Je n'ai pas fermé l'œil du tout jusqu'à ce qu'il reparte à 10h du matin avec le véhicule
02:31 et qu'il quitte le logement pour que je puisse prendre le relais.
02:34 Il y a eu énormément de fautes qui ont été commises par ce collègue, en tout cas sur ce séjour-là.
02:38 J'ai vu qu'il y avait eu énormément de négligence sur comment les enfants étaient traités sur le séjour,
02:44 les gamins étaient cloqués sur tout le corps à cause des brûlures du soleil,
02:48 il n'était pas du tout assidu avec ça.
02:50 Les jeunes étaient laissés en surveillance assez régulièrement,
02:53 on partait sur des heures de nuit alors qu'on n'était pas autorisés.
02:56 Et sur le chemin du retour, on a pris la route de nuit également.
03:00 Malheureusement, on a percuté un animal, ce qui arrive souvent dans les zones un petit peu rurales.
03:04 Et en fait, ce collègue a eu l'excellente bonne idée de sortir de la voiture
03:08 et d'aller achever la bête juste devant la voiture avec les pleins phares dessus
03:13 et les huit gamins qui étaient à l'arrière et qui avaient les yeux sur toute la scène.
03:17 Donc c'était assez choquant.
03:20 Ça m'a laissé voir qu'il y avait quand même de gros problèmes de gestion,
03:24 en tout cas là où je travaillais, mais je pense que c'était à petite échelle,
03:27 parce que je pense que c'est des problématiques qui rentrent dans beaucoup d'associations de protection de l'enfance,
03:31 ou en tout cas dans le social.
03:32 Il y a un énorme manque de moyens, les éducateurs et les éducatrices sont débordés,
03:37 les responsables ne savent plus gérer les équipes non plus.
03:40 Et en fait, je pense que j'ai été confrontée à une responsable qui n'en avait vraiment plus rien à faire
03:44 ou en tout cas qui était démunie de moyens pour gérer ses structures.
03:47 Ça m'a rappelé qu'en fait, des problèmes institutionnels peuvent découler des violences
03:51 auxquelles on ne pense pas forcément, le non-respect de la mixité sur l'écran de vacances, ce genre de choses.
03:56 Dans ma situation, effectivement, c'était un peu inédit pour mes collègues,
04:00 en tout cas d'avoir des collègues qui étaient dans ce genre de situation,
04:03 mais c'est vrai que c'est un petit peu mettre le point sur une problématique
04:06 qui est beaucoup plus grosse qu'un trou des zones, finalement.
04:08 Je sais aussi que c'est la dernière mission que je faisais en tant qu'éducatrice,
04:13 parce qu'effectivement, ça m'a vaccinée.
04:15 Ça m'a vaccinée aussi de la manière dont ça a été pris en charge après par les supérieurs.
04:21 J'avais espoir qu'il y ait plus de mesures qui soient prises pour les personnes qui étaient concernées et décisionnaires.
04:27 Et au final, je n'ai pas eu tant de retours que ça.
04:29 Et j'étais un petit peu déçue, alors que beaucoup de mes collègues étaient vraiment sidérés d'apprendre ce qui m'était arrivé.

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