Olivier Saviet, directeur de l'ADMR 76

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00:00 France Bleu Normandie.
00:02 L'INSEE a publié hier les résultats de sa dernière étude.
00:07 En 2021, en Seine-Maritime, entre 6 et 9% des personnes âgées de 60 ans ou plus étaient
00:13 en perte d'autonomie chez elles.
00:15 Moins de 6% dans l'heure.
00:17 Marianne, nous sommes avec le directeur général de la Fédération Départementale de l'ADMR
00:22 en Seine-Maritime.
00:23 L'ADMR, réseau associatif de services à la personne, notamment en situation de dépendance.
00:27 Bonjour Olivier Saviez.
00:28 Bonjour à tous.
00:29 Un Français sur trois aura plus de 60 ans en 2030.
00:33 C'est un chiffre saisissant non ?
00:34 C'est une vague.
00:35 Une vague ?
00:36 Une vague qui arrive, on le sait depuis pas mal d'années.
00:39 La vague ça se prépare et ça se prépare aujourd'hui.
00:42 Donc je pense que tout le monde doit être au courant de cette vague et c'est maintenant
00:46 que ça se prépare.
00:47 Quand vous dites vague, est-on prêt justement à cette vague-là ?
00:52 Non.
00:53 Non.
00:54 Alors aujourd'hui, on arrive à prendre en charge les personnes âgées.
00:58 Il n'y a pas de sujet.
01:00 L'ADMR s'y prépare, que ce soit en termes de prévention, avec un pôle prévention important.
01:06 Donc on fait 600 activités par an pour prévenir, accompagner les personnes avant qu'elles
01:10 soient en perte d'autonomie, pour reporter la perte d'autonomie.
01:12 Deuxième sujet, on est à des services autonomies.
01:15 Donc c'est du domicile renforcé pour accompagner beaucoup plus longtemps les personnes au domicile
01:21 et les accompagner et coordonner tout ce qui se passe autour d'elles.
01:24 J'entendais tout à l'heure Jadine qui était perdue dans ses démarches administratives.
01:28 Aujourd'hui, il faut prendre nos seigneurs par la main, sinon ils sont perdus dans tout
01:32 ce micmac qu'il y a autour d'eux.
01:34 Et donc c'est possible de vivre à domicile.
01:36 Des non-ingénieurs et des centenaires, on a des milliers en Seine-Maritime qui vivent
01:41 à domicile.
01:42 Mais pourquoi vous dites "non, on n'est pas prêt" ? Qui n'est pas prêt ? L'État ?
01:45 Le département ?
01:46 Je parle de la vague qui va nous arriver.
01:47 Aujourd'hui, on arrive encore à recruter.
01:50 Quand on parle de rester au domicile ou de bien vivre, c'est qu'il faut des ressources
01:55 humaines.
01:56 Les ressources humaines, il faut les avoir.
01:58 Aujourd'hui, si je fais un constat sur les services à domicile et même les acteurs
02:02 globaux, beaucoup se plaignent de ne pas arriver à recruter.
02:05 Aujourd'hui, on a la chance d'être un peu atypique sur la Seine-Maritime avec la
02:10 DMR, puisqu'on recrute 350 CDI, qu'on est en croissance d'activité parce qu'on
02:14 arrive à recruter.
02:15 Donc on a des savoir-faire qui marchent.
02:18 Par contre, je dis juste, attention, la vague va nous arriver.
02:22 Donc est-ce qu'on arrivera toujours autant à recruter dans les années à venir ?
02:26 Je fais juste répéter ce que l'on sait depuis des années.
02:30 Aujourd'hui, on a déjà des acteurs du service à domicile qui n'arrivent plus à recruter,
02:34 qui n'arrivent plus à prendre en charge des personnes âgées, parce que ça veut
02:37 dire être capable de prendre en charge des personnes, mais 7 jours sur 7.
02:41 Elles ne peuvent plus rester au domicile s'il n'y a plus personne.
02:44 Ce sera au domicile ou en établissement, du reste.
02:48 Des structures périclites, parce qu'elles n'ont plus les ressources humaines, ou alors
02:52 parce qu'il y a derrière un volet financier qui ne suit pas.
02:55 France Bleu Normandie, nous sommes avec Olivier Saviez, notre invité, directeur général
03:00 de la Fédération Départementale de l'ADMR en Seine-Maritime.
03:03 Mais alors vous dites, nous à l'ADMR en Seine-Maritime, on s'en sort au mieux qu'ailleurs.
03:07 C'est quoi la raison du fait que vous arrivez plus à recruter qu'ailleurs ? C'est les salaires ?
03:11 Il y a plusieurs sujets.
03:13 Un, la marque employeur, ça c'est important.
03:14 C'est vrai qu'on a mis aussi une méthodologie, soyons clairs, aujourd'hui, ça ne s'est
03:18 pas fait en Seine-Maritime, c'est 5000 candidatures, et grâce à ces candidatures, on arrive à
03:22 sélectionner 350 CDI.
03:24 Donc c'est toute une méthodologie, des outils qui ont été mis en œuvre, des académies
03:28 ADMR, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, nous recrutons des personnes qui viennent d'autres
03:32 secteurs d'activité, qui ont le savoir-être, par contre on va les accompagner via des académies
03:37 ADMR pour prendre le savoir-faire.
03:38 Alors aujourd'hui, on fait 3, 4 académies ADMR par an.
03:42 Donc ça, ça marche.
03:44 Après, c'est quand même un combat de tous les jours avec les institutions.
03:48 Pour une académie ADMR, on est incapable de se financer 3 mois, donc ça se fait avec
03:54 Pôle emploi, ça se fait avec la région, une formation.
03:56 Si on veut dupliquer les choses, il faudrait que les institutions nous accompagnent encore
04:00 un peu plus.
04:01 Moi je suis prêt à démultiplier des choses qui marchent, il faut juste que les institutions
04:03 nous suivent.
04:04 Alors vous parliez notamment du volet financier du coût de la prise en charge à domicile,
04:09 c'est une vraie problématique.
04:11 Est-ce qu'il explique que par exemple, 59% des personnes âgées sont prises en charge
04:15 à domicile en France, contre 79% aux Pays-Bas par exemple ?
04:18 Alors en effet, 59% des Français restent à domicile, alors que tous les Français
04:22 veulent rester à domicile.
04:23 Il faut se poser des questions si d'autres pays arrivent à mieux faire, donc on peut
04:27 faire bien mieux.
04:28 Alors c'est pas forcément qu'un coup, c'est un volet organisationnel, tout était
04:32 très séparé entre les différents acteurs.
04:36 Je vous parlais tout à l'heure de l'exemple d'Autonovi, les personnes qui sont perdues
04:40 pour la mise en œuvre des aides autour d'elles pour qu'elles puissent rester au domicile.
04:44 Avec un monté escalier par exemple, un système de soins.
04:48 Donc toute la coordination doit se faire avec des professionnels aides de domicile qui sont
04:51 tout à fait capables, via une coordination, d'aller beaucoup plus loin que ce que l'on
04:55 fait.
04:56 Donc c'est une remise en question de nos propres organisations, ce que l'on a fait.
04:59 Donc aujourd'hui, accompagner mieux ces personnes pour qu'elles restent le plus longtemps
05:03 possible au domicile, en embarquant avec nous, on a 500 partenaires qui oeuvrent avec nous
05:07 pour accompagner ces personnes.
05:09 C'est des solutions qui existent.
05:11 On est même plutôt très visible et avec une expérience qui sera déployée je pense
05:19 sur pas mal de fédérations ADMR, puisqu'en Seine-Maritime, Autonovi est le retour d'expérience
05:24 le plus visible du domicile renforcé.
05:27 Donc quelque chose qui marche bien, il faut le dupliquer, mais il faut arriver à le financer.
05:31 Alors justement, dernière question, rapidement, la ministre des Solidarités a promis une
05:37 grande loi sur le grantage.
05:40 On ne sait pas quand, c'est une loi qui a été maintes et maintes fois reportée,
05:43 là il y a eu urgence de cette loi.
05:44 Oui, et puis ça fait des années qu'on en parle.
05:46 On attend toujours une grande loi.
05:48 Donc, eh bien allons-y, allons-y vite, avec des décrets d'application, avec pas d'espardras,
05:54 un vrai sujet.
05:55 On parle vraiment d'un défi, le domicile comme un grand dé, défi avec un grand dé,
05:59 faut tous qu'on y aille.
06:00 La vague, ça se prépare.
06:02 Donc il faut vraiment une loi de programmation avec des sujets vraiment forts, concrets,
06:11 et non pas régler les problèmes avec des PLFSS, des lois de finances, on règle les
06:18 sujets.
06:19 Non, il faut une loi de fonds, on en parle depuis plusieurs gouvernements, on l'attend
06:24 avec impatience et avec un vrai virage domiciliaire pour qu'on arrive à faire évoluer ces 59%
06:30 comme c'est tout d'autres pays l'ont fait déjà.
06:32 Merci beaucoup Olivier Savy, directeur général de la Fédération départementale de la DMR
06:37 en Seine-Maritime.
06:38 Bonne journée à vous.
06:39 Merci.
06:40 On vous retrouve sur francebleu.fr et notre appli ici par France Bleu et France 3.

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