Fin de vie : «L'État ne devrait pas se mêler de tout», estime Robert Ménard

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos
Robert Ménard, maire divers droite de Béziers, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l’affaire de l'agression au couteau d'une enseignante par une élève de 12 ans à Rennes, de l’hyper violence des jeunes, de l'immigration et de la fin de vie.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 ...
00:03 -Place à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:06 Bonjour, Robert Ménard. -Bonjour.
00:08 -Vous êtes le maire d'Hiverdroit de Béziers.
00:10 Robert Ménard, la collégienne de Rennes a été hospitalisée.
00:14 Hier matin, sa télève a menacé une enseignante
00:17 avec un couteau pendant un cours.
00:19 Le procureur a dénoncé qu'elle voulait faire comme à Arras,
00:22 faisant référence à l'assassinat du professeur Dominique Bernard,
00:26 mais c'est l'aspect psychiatrique qui est mis en avant.
00:29 C'est une mineure de 12 ans,
00:31 12 ans avec une lame de couteau de 17 cm.
00:35 Est-ce qu'on est démuni, Robert Ménard,
00:37 face à des enfants de cet âge-là ?
00:39 -Je suis comme vous, j'étais abasourdi.
00:42 En plus, ce n'était pas la première fois, manifestement.
00:45 -Elle avait des antécédents. -Avec un couteau.
00:48 Je ne me prononce pas sur l'affaire,
00:50 car je n'en sais rien.
00:51 Ça ne doit pas aller très bien dans sa tête
00:54 pour dire et faire des choses comme ça.
00:56 -Qu'en pensez-vous de cette gamine ?
00:58 En plus, elle a moins de 13 ans.
01:00 Il y a une réponse qu'éducative.
01:02 -Que des mesures éducatives.
01:04 -Dans un certain nombre de cas,
01:06 il faut des mesures éducatives.
01:08 Je pense que tous les cas sont différents.
01:10 Je pense qu'on devrait laisser aux juges...
01:14 Je ne suis pas dans le genre à trouver
01:16 que tous les juges sont laxistes.
01:18 Ceux que je connais ne sont pas tous,
01:20 ce sont des généralités qui finissent par être des bêtises.
01:24 On devrait laisser, chaque fois qu'il y a des gosses
01:27 de moins de 13 ans,
01:28 aux juges la possibilité de ne pas suivre la loi aujourd'hui,
01:33 qui vous oblige à n'importe quelle réponse qu'éducative.
01:36 Je ne parle pas d'elle, je ne sais pas.
01:38 -S'il y a discernement...
01:40 -Voilà. Et il y a un certain nombre de cas.
01:42 Vous avez vu le policier à Nice.
01:48 Ils avaient 12-13 ans, un certain nombre.
01:51 -Policier réserviste qui a été reconnu.
01:53 -Oui, et ils ont tiré au mortier.
01:55 Tu peux tuer quelqu'un.
01:57 -Et qui est réfugié au commissariat.
01:59 -Vous avez vu même les gamins qui ont été,
02:02 qui ont en gros vendu Samuel Paty
02:06 puisque c'était pour de l'argent.
02:08 Tu ne peux pas te dire face à ça qu'ils sont tous pareils.
02:11 Malheureusement, on est dans une société où,
02:14 c'est une violence de plus en plus jeune,
02:16 de plus en plus radicale.
02:18 Avant, c'était beaucoup de garçons,
02:20 maintenant, c'est des garçons et des filles.
02:23 C'est pour les moins de 13 ans.
02:25 Mais même le principe de minorité
02:28 qui fait que vous coupez la peine en deux systématiquement,
02:32 entre 16 et 13 ans,
02:34 dans un certain nombre de cas, il ne faudrait pas.
02:37 -Certains pointent la responsabilité des parents.
02:40 Le ministre de l'Intérieur dit que cette famille d'origine mongole
02:43 n'avait pas de problème,
02:45 il n'y avait pas de radicalisation religieuse.
02:48 Elle n'était même pas connue des services de police.
02:51 Mais est-ce qu'on pointe une responsabilité dans l'éducation ?
02:54 Où est-ce que ça ne va pas ?
02:57 -Je ne sais pas, madame.
02:59 Il y a des familles où tout va à volo
03:02 et tu te dis que tu les retrouves dans la rue.
03:05 Ils font toutes les conneries du monde.
03:07 Dans les rappels à l'ordre, je leur fais une morale.
03:10 Les pires ne viennent jamais,
03:12 car ils n'en ont rien à faire.
03:14 Les parents n'en ont rien à faire.
03:16 Et l'idée de l'horreur berger,
03:18 je trouve que ce n'est pas si mal...
03:20 -Sur les parents défaillants. -Défaillants.
03:23 Ensuite, il y a des familles qui sont
03:26 non seulement dépassées, mais certaines complices.
03:29 Je le vois dans certains quartiers de Béziers.
03:32 Le trafic de drogue, ça ne nourrit pas, si j'ose dire,
03:35 et ça ne donne pas de l'argent que de l'argent de poche.
03:38 -Vous avez la même analyse que la mère de Roman Surizer,
03:42 qui parle d'un modèle économique familial.
03:44 -Bien sûr. Vous rigolez ?
03:46 Ça fait vivre une partie de ces familles-là.
03:49 Tout le monde le sait.
03:50 Le problème, c'est comment on répond ça.
03:53 En plus, les réponses qu'on nous propose...
03:56 Par exemple, le maire que je suis
03:58 a la possibilité de virer des logements sociaux.
04:01 Les familles en question...
04:03 "Mais attendez, madame, ça, c'est ce qu'il y a écrit."
04:06 Le mettre en oeuvre...
04:08 Mais enfin, c'est dingue, compliqué,
04:10 on n'y arrive même pas à le faire.
04:11 Il y a un certain nombre d'annonces.
04:13 Je trouve que c'est bien ce qu'elle a dit.
04:16 Je ne vais pas la critiquer.
04:18 Elle a dit qu'il y a des réponses.
04:19 Mais comment, concrètement, on va le faire ?
04:22 -Il y a les grandes déclarations, fermeté, affiché,
04:25 choc d'autorité, si on peut dire,
04:27 mais sur le terrain, vous, qui l'éprouvez,
04:29 vous dites qu'il y a une montagne de normes et de complications.
04:33 -On vous dit qu'il faut qu'il soit condamné,
04:35 mais il faut qu'il soit condamné définitivement.
04:38 Vous savez le temps qu'il faut entre le moment
04:41 où se passe quelque chose, je pense à des cas dans ma tête,
04:44 des gens qu'il aurait fallu virer tout de suite
04:47 pour que les voisins comprennent un truc tout simple.
04:50 Un an après, ils auraient dit qu'ils font ça,
04:52 c'est des trafiquants de drogue,
04:54 la mère, elle avait l'argent et la drogue,
04:57 donc on la sanctionne.
04:58 On ne la sanctionne pas un an.
05:00 Un an après, tous les faits pédagogiques,
05:02 je ne sais pas comment dire, la menace pour dire
05:05 que si on fait des conneries, on va le payer, on le perd.
05:08 Honnêtement, je n'ai pas de réponse.
05:10 -Comment on fait pour ne plus renvoyer cette image d'impuissance ?
05:14 -C'est un truc agité, Robert Ménard.
05:16 Emmanuel Macron ne veut pas d'une dissolution,
05:19 ni d'un 49-3 sur le texte, ô combien important.
05:22 Immigration, qui touche aussi à la sécurité des Français.
05:25 Elisabeth Borne poursuit les négociations avec la LR.
05:28 Bruno Le Maire dit qu'il faut en revenir au texte d'Ursie,
05:31 telle que sortie du Sénat.
05:33 Pour ceux qui nous regardent,
05:35 ceux qui nous écoutent sur Europe 1,
05:37 quelle image est donnée ?
05:38 -La pagaille.
05:39 -La pagaille ?
05:41 -Ce que je crains, c'est que je ne veux pas mettre
05:44 tous les ministres dans le même sac.
05:46 Mais vu de l'extérieur, personne ne comprend plus rien.
05:50 Essayez de m'expliquer, d'expliquer aux téléspectateurs,
05:53 qu'est-ce qui va se passer, tout. Personne ne comprend.
05:57 Mais en même temps, la seule chose qui m'inquiète,
06:00 c'est qu'aujourd'hui, on a de vrais problèmes.
06:03 Et si, paradoxalement, c'est un truc absolument incroyable,
06:07 l'immigration, c'est ce qui divise le plus la classe politique,
06:11 vous avez vu tout ce qu'on peut...
06:13 Le truc le plus consensuel, c'est les Français.
06:15 C'est l'un des sujets où, vous avez vu,
06:18 je ne vais pas reprendre... -Les sondages sont...
06:21 -Plus de 70 % sur toutes les mesures qui paraissent évidentes.
06:24 Ils ont, par exemple, refusé un truc.
06:26 Je vais prendre un exemple, pour ne pas en prendre 50.
06:30 Il y avait une proposition de la droite
06:32 que je trouve intelligente,
06:34 dans les propositions du Centre, qui disait que si tu t'attaques,
06:37 si tu menaces ou tu tues un policier ou un gendarme,
06:42 on t'enlève la nationalité française,
06:44 quand tu as la double nationalité, sinon, on fait des apatries.
06:47 Qui peut contester ça ?
06:49 Qui peut te dire qu'un type, s'il fait ça à un policier,
06:52 il le menace ou il le tue ?
06:54 On ne va pas t'enlever la nationalité française.
06:56 -Chacun a des intérêts politiciens.
06:59 -Absolument. Il n'y a que ça.
07:01 C'est des logiques... J'allais dire une grossièreté.
07:04 C'est des logiques minables de politique.
07:06 Des logiques minables de politique.
07:09 Alors qu'on pourrait s'entendre...
07:11 Le texte de l'Etat, par exemple, qui n'est pas la discussion,
07:14 c'est un tort, qu'il n'y ait pas pendant 15 jours.
07:17 Ce texte, il est ce qu'il est.
07:19 -De quel texte on parle ?
07:21 -Le texte sorti du Sénat...
07:23 -Est-ce que c'est le texte sorti du Sénat
07:25 ou le texte détricoté par la Commission des lois ?
07:28 -Le texte sorti du Sénat, il m'allait très bien.
07:31 Le texte détricoté, je vais y arriver,
07:33 par la Commission, beaucoup moins bien.
07:36 Mais je pense qu'il fallait quand même partir de ça.
07:39 Moi, je suis d'un pragmatiste total.
07:41 Tout ce qui avance un peu,
07:43 tout ce qui nous permet de régler quelques problèmes,
07:46 c'est mieux que rien.
07:47 -Pourquoi la motion de rejet ?
07:49 Certains ont voulu "le scalp" de Gérard Darmanin ?
07:52 -Ils ont voulu lui faire la peau.
07:54 C'est d'un minable.
07:55 En plus, de voix, moi, dans le gouvernement,
07:58 s'il fallait faire la peau de quelqu'un,
08:00 c'est pas de lui que je le ferais.
08:02 C'est sa majorité qui s'est le plus mal comporté,
08:05 plus que lui.
08:07 Mais lui aussi, la veille, il traite les Républicains,
08:10 il règle des comptes...
08:11 -Je l'avais le matin même.
08:13 Je lui demande si tout était terminé
08:15 avant même le début.
08:16 Il était fébrile, mais il ne semblait pas y croire
08:19 et pointait la responsabilité sur les LR, Robert Ménard,
08:22 en disant quand même que si le texte ne passait pas,
08:25 certains députés seraient responsables
08:28 de potentiels actes criminels de délinquants
08:30 qui ne pourraient pas expulser avec la loi.
08:33 Est-ce qu'on peut dire ça ?
08:35 -Non, on ne peut pas dire ça.
08:37 D'un côté, il y a un certain nombre à droite
08:39 qui voulaient lui faire la peau,
08:41 ils n'y sont pas arrivés, mais ils ont pensé.
08:44 De l'autre côté, lui, il l'est un peu,
08:46 mais vous avez une majorité d'une arrogance.
08:49 Je ne peux pas négocier avec vous
08:51 si je commence par dire tous les torts que je vous fais
08:54 avec des noms d'oiseaux de temps en temps.
08:56 Tu ne te donnes pas les moyens de le faire.
08:59 -Il faut des caresses et pas que des insultes.
09:02 -C'est la vie, madame. Demandez aux gens.
09:04 Si tu veux trouver un accord, tu te dis qu'il y met les formes.
09:08 Il ne les a pas mis beaucoup.
09:09 -Ils ont péché par arrogance ?
09:11 -Je pense qu'ils passent...
09:13 D'abord, ils n'ont pas compris, ils ont mis un an et demi
09:17 à comprendre qu'ils étaient minoritaires.
09:19 Mais de l'autre côté...
09:21 -Est-ce qu'Emmanuel Macron le comprend ?
09:23 Il faut parler du président de la République.
09:26 Est-ce que c'est votre sentiment
09:28 que tout change pour que rien ne change ?
09:30 Qu'il estime que c'est une péripétie institutionnelle
09:34 ? -Je pense qu'il ne prend pas
09:36 la mesure des choses.
09:37 Il pense que son charme suffit.
09:39 Vous vous rappelez, Sainte-Denis, c'était quand même...
09:42 C'est un garçon qui a du charme.
09:45 Il peut être séduisant... -Et la séduction suffit.
09:48 -Ça ne suffit pas.
09:49 La séduction, sur des choses anodines,
09:53 ça peut fonctionner, mais pas sur des choses comme ça.
09:56 Ensuite, il a quand même une capacité à dire
09:59 ce que son interlocuteur a envie d'entendre
10:02 qui est sidérante.
10:03 Or, là, vous ne pouvez plus.
10:05 C'est trop grave, trop compliqué.
10:07 Il faut avoir du courage.
10:09 Moi, ça m'a déçu, parce que je lui trouve des qualités,
10:13 mais je pensais que, justement,
10:15 comme il n'avait plus à se représenter,
10:18 il aurait le courage de prendre un certain nombre de mesures.
10:21 En plus, elles sont populaires.
10:23 Mais non, il les a pas.
10:25 -Le courage, ce serait quoi ?
10:26 Est-ce que vous imaginez Jordan Bardella
10:29 Premier ministre d'Emmanuel Macron ?
10:31 -Non. -Pourquoi ?
10:32 -Je ne crois pas que ce soit une bonne chose pour la France.
10:36 J'ai rien contre lui, je le connais, on se connaît.
10:39 Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne réponse.
10:42 -Comment on tient, là ?
10:43 C'est un blocage, il y a des textes importants à venir.
10:46 -Si on passe pas là, il n'y aura plus aucun texte.
10:49 -On reste comme ça, hibernatus ?
10:51 -Non, ils vont nous trouver trois textes de société,
10:55 vous savez.
10:56 Attendez, regardez sur la voix.
10:58 -Est-ce que les vraies questions sont posées ?
11:01 -On va voir ce plateau CNews.
11:03 Gérald Darmanin engage un bras de fer avec le Conseil d'Etat.
11:06 Je rappelle la situation.
11:08 Cet individu ouzbek a été renvoyé du territoire
11:11 parce que proche de la mouvance d'Yadis,
11:13 le Conseil d'Etat épingle le ministre de l'Intérieur.
11:16 Pourquoi ? Parce que l'individu a fait un recours
11:19 auprès de la CEDH.
11:20 Ceux qui nous écoutent disent pourquoi on ne s'éloigne pas
11:24 de la CEDH.
11:25 -Moi, je dis qu'il faut prendre, c'est un terme juridique,
11:28 des réserves.
11:30 Ça existait avant.
11:31 Je vous rappelle qu'il y avait des réserves.
11:33 La France avait dit qu'il y avait tant d'articles.
11:36 L'article 18, je ne l'applique pas.
11:38 L'article 25, je ne l'applique pas.
11:40 Les Etats ont le droit.
11:42 Le Danemark, par exemple, ils l'ont fait.
11:44 Un, est-ce qu'aujourd'hui... Je ne sais pas.
11:47 Je pose la question.
11:48 Est-ce qu'aujourd'hui, c'est la CEDH ou pas la CEDH
11:51 sur les droits de l'homme,
11:53 la Convention européenne des droits de l'homme ou pas ?
11:57 Je pense que c'est jamais comme ça que ça se pose.
11:59 Je l'ai beaucoup utilisé comme patronneur
12:02 pour défendre des gens.
12:03 Je ne suis pas contre le texte comme ça, globalement.
12:07 Mais je pense qu'il y a des réserves à prendre.
12:09 Je vous rappelle que certaines réserves ont été levées.
12:13 On a dit qu'on appliquait tout le reste par la droite.
12:16 -Par la droite. -Oui.
12:17 C'est pour ça que de temps en temps,
12:19 si vous avez un peu de mémoire, vous vous dites
12:22 que c'est un jeu de dupe.
12:24 Parce qu'aujourd'hui, c'est vachement facile,
12:26 dans l'opposition, tu roules des mécaniques,
12:29 tu dis "je vais faire ceci, ceci, ceci".
12:32 Mais moi, j'ai toujours envie de dire "merde, vous étiez au pouvoir".
12:35 -Vous ne l'avez pas fait ? -Pourquoi vous ne l'avez pas fait ?
12:39 -On peut poser la même question au ministre de l'Intérieur.
12:42 Il dit "ce texte est d'une urgence folle".
12:45 -C'est exactement ce que j'ai envie de lui dire.
12:48 Si je me retrouvais avec Gérald Darmanin,
12:50 je lui dirais "d'abord, il y a combien de temps
12:53 vous êtes ministre ? Pourquoi, quand vous êtes arrivé,
12:56 vous ne pouviez pas prendre des mesures ?
12:58 Il n'y a jamais eu aussi peu d'expulsions
13:01 de gens qui doivent être expulsés que la loi."
13:03 C'est ça, la réalité.
13:05 Je veux dire, qui a voté la loi C sur le regroupement familial ?
13:09 Qui l'a élargie aux frères et aux sœurs ?
13:11 "Attendez, pardon, c'était pas avant vous,
13:14 c'était vous, c'était vous."
13:16 C'est ça, la réalité.
13:17 Mais on est dans un jeu de rôle.
13:19 Le problème, c'est que ce jeu de rôle,
13:22 il faut éclater et apporter un certain nombre de réponses,
13:25 parce que c'est une question urgente.
13:27 L'actualité, tous les jours, on revient là-dessus.
13:31 -Je voudrais conclure par une question difficile.
13:34 C'est la une du Figaro ce matin autour de ce qui est appelé
13:37 "la fin de vie". Le Figaro s'est procuré le texte
13:40 avant les arbitrages de l'Elysée.
13:42 Cet avant-projet prévoit ce qui est appelé
13:45 une exception d'euthanasie, d'autrement dit,
13:48 l'euthanasie dans certains cas.
13:50 Je préfère parler de l'aide à mourir.
13:52 Entre le respect du droit à la vie,
13:54 mais aussi, malheureusement, parfois de terribles souffrances,
13:58 ou alors la fin qui approche et l'envie de partir,
14:01 comment on tranche et qui doit trancher ?
14:03 Ca, c'est aussi un...
14:05 C'est la quintessence du vrai sujet.
14:07 -Je vais vous faire une réponse.
14:09 D'abord, il y a les soins palliatifs.
14:13 D'abord, on soigne les gens.
14:15 D'abord, on en met partout.
14:17 D'abord, on fait que tout le monde ait droit aux soins palliatifs.
14:21 Ca, c'est la première chose.
14:23 La deuxième, je vais vous dire un truc...
14:26 C'est pas que je veux pas répondre à votre question.
14:29 Sur un certain nombre de sujets, je ne pense pas
14:32 que la loi puisse trancher.
14:33 Parce que j'ai une expérience personnelle terrible de ça,
14:37 que je suis catholique, catholique pratiquant,
14:40 et que, des fois, vous vous trouvez dans des situations
14:43 de telle difficulté, de telle horreur,
14:47 de telle souffrance, que même ce que vous pensiez
14:50 sûr dans votre tête, c'est-à-dire "non, je ferai pas ça,
14:54 "non, c'est pas possible", pardon, madame,
14:56 il vous arrive de le faire ou d'aider à le faire.
14:59 -Quand on est confronté soi-même.
15:02 -Très, très personnel au fait que je pense
15:04 que l'Etat devrait pas se mêler de tout.
15:07 Vous savez, aujourd'hui, la loi Leonetti, elle est ce qu'elle est,
15:11 mais chacun se débrouille, se débrouille,
15:14 on trouve quelque chose.
15:16 Alors, on met des soins palliatifs,
15:19 parce que c'est quand même la plus belle des réponses,
15:22 et ensuite, l'Etat, il se tient à distance.
15:25 Mais vous savez ce que je pense ?
15:27 Je pense que quand tu sais pas régler les problèmes de fond
15:30 de ce pays, les problèmes d'immigration,
15:33 les questions de société, comme on dit,
15:35 tu sautes dessus, parce que comme ça,
15:37 d'un coup, tu te donnes une espèce de courage
15:40 et là, il y aura toujours des gens pour dire
15:43 "ils sont courageux, ils ont affronté".
15:45 Je ne suis pas sûr qu'ils doivent s'en mêler,
15:48 et qui commencent à s'occuper des problèmes
15:51 dont ils sont les seuls à pouvoir s'occuper,
15:53 parce que chacun peut s'en occuper un peu,
15:56 par exemple, les questions d'immigration,
15:58 les problèmes de sécurité, les problèmes de politique étrangère.
16:02 Moi, je suis pour l'avortement,
16:04 pour le droit à l'avortement, évidemment,
16:07 mais c'est de la démagogie de l'inscrire
16:10 dans la Constitution.
16:11 Personne ne le remet en cause.
16:13 On n'est pas aux Etats-Unis.
16:15 Aux Etats-Unis, t'as 50 Etats qui peuvent faire ce qu'ils veulent.
16:19 Mais c'est tellement bien, c'est à quoi ?
16:21 A aucun frais. Tu peux faire ça.
16:24 Tu peux, vous savez, se draper
16:26 dans la queue.
16:27 Tu es le type bien, qui est courageux,
16:29 qui défend les femmes.
16:31 Il faut défendre le droit à l'avortement.
16:33 La question qu'il faudrait se poser,
16:36 c'est pourquoi il y a autant d'avortements.
16:38 C'est plus compliqué à résoudre que de le mettre dans la Constitution.
16:42 On va le mettre.
16:44 Vous direz que ça fait du mal à personne.
16:46 Mais on n'a pas d'autre sujet plus important.
16:49 -Merci, Robert Ménard.
16:50 C'était votre grande interview.

Recommandations