Alexis Poulin sans réserve - Émission du 15 décembre

  • l’année dernière
Avec Marc Chesney, professeur de finances mathématiques à l'université de Zurich et ex-doyen à HEC ; Edouard Durand, ex-président de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.

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##POULIN_SANS_RESERVE-2023-12-15##
Transcript
00:00 [Musique]
00:07 Et bonjour à tous, on est sur Sud Radio jusqu'à 13h ensemble pour Poulain sans réserve.
00:14 Aujourd'hui, nos invités Marc Chesney, professeur de finance à l'université de Zurich et ex-doyen d'HEC
00:20 pour parler de la COP 28 sur le climat et du rôle des banques également dans ces grands sommets internationaux
00:27 et cette transition vers une énergie décarbonée.
00:30 Et puis en deuxième partie d'émission, nous aurons avec nous le juge Durand qui était ex-président
00:36 de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
00:41 Débarqué par le gouvernement, il viendra nous expliquer pourquoi c'est Poulain sans réserve.
00:46 Vous pouvez nous joindre au 0826 300 300. On est ensemble sur Sud Radio jusqu'à 13h. A tout de suite.
00:53 [Musique]
00:55 C'est Cécile de Ménibus, je vous souhaite de joyeuses fêtes avec Sud Radio.
00:59 Bonne fête avec Sud Radio.
01:01 Sud Radio, parlons vrai.
01:03 Alexis Poulain, sans réserve, l'invité.
01:08 Et notre invité aujourd'hui c'est Marc Chesney, vous êtes professeur de finance mathématique à l'université de Zurich
01:13 et aussi ex-doyen d'HEC. Vous êtes avec nous pour parler de la COP 28 qui vient de se terminer.
01:19 Alors, on a appris que l'objectif c'était de s'éloigner des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques
01:25 d'une manière juste, ordonnée et équitable en accélérant l'action dans cette décennie cruciale
01:30 afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques.
01:36 Ça c'est le texte de la COP. Et puis tripler bien sûr le renouvelable, sortir du charbon
01:41 et mettre le nucléaire aussi au centre du débat. Pour vous, quel bilan tirer de cette COP 28
01:46 sur la transition climatique et la sortie ou pas du pétrole ?
01:50 On peut parler vrai sur cette chaîne, n'est-ce pas ?
01:52 Ah bien sûr, oui c'est le but.
01:53 Alors allons-y, on ne va pas s'en priver. On a eu affaire à la COP du monde de l'hypocrisie.
01:58 Ce sommet a pué le pétrole, le gaz, le charbon ainsi que le fric et la vénalité, pour être clair.
02:08 Les copains se sont retrouvés, ça faisait longtemps, pour signer des contrats
02:14 et puis il faut savoir que de nombreux lobbyistes des énergies fossiles ont participé à ce sommet.
02:22 Qui était à Dubaï, c'est ça ?
02:24 Qui était à Dubaï. Alors bien sûr, toutes les émissions de CO2, on peut les imaginer,
02:28 pour la Dubaï on n'y va pas en train, ni en chameau, ni en bicyclette.
02:31 Donc des avions, des avions, des avions. On doit être au moins à 200 000 tonnes d'équivalent CO2.
02:37 Au bout du compte, qu'est-ce qu'ils font tous ces gens-là ? Ils font semblant.
02:42 Donc, bon, on a affaire à un appel. Ils ont lancé un appel pour s'orienter vers une sortie,
02:52 comme ils disent, des énergies fossiles.
02:55 - 2050, on se presse pas.
02:57 - Mais à qui lancent-ils cet appel ? À eux-mêmes.
03:01 Ils s'exhortent en quelque sorte à respecter des appels ou des accords qu'ils ont signés ou lancés
03:09 il y a un an, deux ans, trois ans. Mais qu'ils les respectent au lieu de lancer des appels qu'ils le fassent.
03:13 Il ne s'agit plus maintenant de parler, il s'agit de faire.
03:15 - Justement, toutes ces COP, ces sommets pour le climat, on se rappelle du sommet de Paris,
03:20 il y en a eu quand même quelques-unes, c'est la 28e, on a l'impression que c'est tout le temps la même chose.
03:25 Avec à peu près tout le temps le même texte pour dire "on est d'accord, chaque mot a été sous-pesé"
03:30 pour dire "finalement, c'est toujours la date de 2050, c'est toujours à peu près les mêmes trucs",
03:34 mais rien ne change.
03:35 - Non. Donc, ce qu'on observe au-là des belles déclarations des uns et des autres,
03:40 c'est que les températures augmentent, les températures moyennes, et que les émissions de CO2 en font autant.
03:46 Donc c'est ça qu'il faut stopper. Parce que là, si on continue comme ça,
03:49 on va arriver vers la fin du siècle avec +3, +4 degrés, et ça c'est une catastrophe.
03:53 Pour nous, pour les enfants, les petits-enfants, et pour des personnes qui ne sont pas encore nées.
03:57 Donc on a une véritable responsabilité. Alors cessons de faire de... il faut qu'ils cessent,
04:01 parce que c'est ni vous ni moi, il faut qu'ils cessent de faire de belles déclarations, il faut qu'ils agissent.
04:06 Et c'est là où ils ne le veulent pas.
04:07 - Est-ce qu'il n'y a pas un peu un problème de dissonance cognitive terrible ?
04:12 Parce qu'on a eu quand même ces derniers jours le chef Raoni, le chef indien,
04:17 vous savez, avec son plateau dans la lèvre,
04:19 qui a déclaré qu'Emmanuel Macron était potentiellement son fils spirituel.
04:23 - Le pauvre.
04:23 - Comment on en arrive à ce genre de déclaration ?
04:27 Est-ce que vous pensez que quelqu'un comme Emmanuel Macron est un leader
04:30 qui est plus en amont sur les questions écolo ?
04:32 Ou est-ce que c'est du greenwashing comme les autres ?
04:34 Ou est-ce que la France n'est pas en pointe par rapport à d'autres pays ?
04:37 - Non, elle n'est pas en pointe. Tous les pays sont en retard.
04:40 - Pourtant on a eu la sobriété, on a eu le baisse-détache-décale.
04:44 - Avec, on voit le déplacement des ministres en tchèque privée ou publique,
04:48 on les voit rarement dans le train.
04:51 Non, non, il y a beaucoup de greenwashing là aussi.
04:53 Bon, bien sûr les intérêts de la France sont liés au nucléaire,
04:55 qu'on présente comme une énergie propre, etc.
04:57 C'est une plaisanterie, c'est une mauvaise plaisanterie,
04:59 avec tous les dangers liés au nucléaire.
05:01 Mais ça c'est un tabou, que ce soit de la gauche ou de la droite,
05:03 on ne discute pas le nucléaire en France.
05:05 Mais tout de même ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a deux types de gouvernements.
05:09 Il y a ceux qui font semblant, et puis ceux qui s'en moquent complètement.
05:13 Donc ceux qui s'en moquent complètement, on a l'extrême droite.
05:17 En Europe ou ailleurs, on a les Trump, on a les Orbán,
05:21 on a les Trump qui vont peut-être revenir au pouvoir.
05:24 Donc eux ils s'en moquent complètement.
05:26 On a le nouveau président en Argentine, on avait les Bolsonaro.
05:28 Donc voilà.
05:30 Et là on est confronté à un problème,
05:31 parce que, encore une fois, les températures augmentent,
05:34 ce sont des catastrophes, il y a des gens qui meurent avec les vagues de chaleur l'été.
05:37 Il faut tout de même faire attention, c'est une responsabilité.
05:39 Donc en fait, c'est la mise en danger de populations.
05:42 Alors que les gouvernements sont censés protéger les populations,
05:45 ils les mettent en danger.
05:46 Donc ça c'est un vrai problème.
05:48 Et est-ce qu'il y a une solution, parce que finalement,
05:51 se dire qu'on va mettre des énergies renouvelables,
05:54 on voit qu'il y a une limite à ça aussi.
05:55 Le besoin d'énergie de la planète ne fait qu'augmenter,
05:59 avec l'augmentation de la population, mais aussi les échanges.
06:01 Et les pays plus gros pollueurs par le passé,
06:05 qui eux font des efforts, sont loin derrière.
06:07 Des pays comme la Chine qui vont continuer de faire usage du charbon,
06:10 de la vente, l'Australie ou d'autres,
06:12 qui auront bien du mal de toute façon à suivre ces textes.
06:15 C'est ça.
06:16 Le problème c'est qu'on est dans la logique d'un système
06:19 qui fait du business avec le réchauffement climatique.
06:22 On va prendre l'exemple de l'Arctique.
06:24 Ils font des glaces très bien, on fait du business,
06:27 vous avez des forages énormes.
06:28 La nuit dans l'Arctique, si vous prenez les données satellitaires,
06:30 il y a plus de lumière qu'à Paris.
06:31 Vous vous dites "pourquoi ?"
06:32 Il y a peu de gens qui habitent là-bas.
06:33 Pourquoi ? Forage à grande échelle.
06:35 Pas seulement du côté russe, du côté canadien, en Alaska aussi.
06:38 Donc vous avez Dubaï, on lance des appels historiques,
06:42 et d'ailleurs l'histoire retiendra l'hypocrisie hilsunisme de ces appels.
06:46 Et puis en même temps, forage à grande échelle en Arctique,
06:50 déforestation en Amazonie, etc.
06:52 Total en Ouganda.
06:53 Bon, la liste est longue.
06:54 Et puis, vous parlez de cette hypocrisie et du business,
06:58 du changement climatique ou du moins de la transition.
07:02 Il faut savoir que les banques ne sont pas en reste.
07:05 C'est 1 000 milliards quand même qui ont été mis en 7 ans
07:09 dans le financement des énergies fossiles.
07:11 Les entreprises pétrolières et gazières qui financent leur activité
07:14 avec des émissions d'obligation, avec l'aide de grandes banques.
07:18 On va regarder par exemple les grandes banques françaises,
07:20 que ce soit BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Crédit Mutuel,
07:24 ont assuré 48 milliards de financement rien qu'en 2022,
07:28 donc 15,7 milliards pour le développement de nouveaux projets fossiles.
07:32 Donc on est dans un mensonge en réalité.
07:36 Et une hypocrisie, un cynisme.
07:39 Il faut savoir que toutes ces banques font partie de réseaux divers,
07:44 durables, de chartes, signent des chartes,
07:47 lancent des appels, etc.
07:49 Donc voilà, une véritable hypocrisie.
07:52 Donc ce sont une trentaine de grandes banques mondiales
07:54 qu'on retrouve un peu partout.
07:55 En tête, les banques américaines.
07:56 Oui, mais bon, c'est les banques dites systémiques.
07:59 Donc les trois en France que vous venez de mentionner,
08:01 il y en avait deux en Suisse, il n'y en a plus qu'une,
08:03 avec la faillite de Crédit Suisse.
08:05 Bon, les banques américaines, on trouve d'autres.
08:08 Elles financent le charbon, le pétrole, le gaz à grande échelle,
08:13 et en même temps, font de belles déclarations.
08:15 Mais est-ce qu'il y a aujourd'hui,
08:17 on a l'impression qu'on essaie de gagner du temps avec ces COP,
08:21 en espérant que la température n'augmente pas plus que les 1,5°C,
08:27 avec aussi une certaine idée de défaitisme,
08:30 en disant "bon finalement, on n'est peut-être pas...
08:32 on ne va peut-être pas y arriver tout simplement.
08:35 Donc on va continuer jusqu'au bout,
08:36 et puis on verra bien où ça nous emmène."
08:38 Mais le bout, c'est la catastrophe.
08:39 Les choses soient claires.
08:41 Donc à un moment, il faut stopper cette marche vers la catastrophe.
08:44 On ne peut pas continuer comme ça.
08:47 À un moment, il va falloir s'arrêter parce qu'il fera trop chaud l'été.
08:48 D'ailleurs, dans certains domaines, dans certains secteurs économiques,
08:51 on ne peut plus travailler.
08:52 Travailler en extérieur, quand il fait 40°C, c'est impossible.
08:55 On va devoir s'arrêter parce que l'air va être trop pollué.
08:58 Donc arrêtons-nous et réfléchissons.
09:01 Où va-t-on ?
09:01 Pour nous, et pour encore une fois, les nouvelles générations,
09:04 des gens qui ne sont pas encore nés.
09:06 On a une véritable responsabilité qui pèse sur nos épaules aujourd'hui.
09:09 - Alors, on a en ligne avec nous un auditeur,
09:13 Hakim, qui est en Seine-Saint-Denis.
09:15 Bonjour.
09:16 - Bonjour.
09:16 - Vous souhaitez réagir sur le sujet
09:18 et peut-être poser une question à notre invité Marc Chesnet ?
09:21 - Oui, parce que moi, je me dis qu'on n'entend pas parler
09:24 de tous les métaux rares et les terres rares
09:27 dont on va avoir besoin pour toutes ces soi-disant transitions écologiques.
09:31 Moi, ça me fait doucement rigoler toutes ces COP.
09:33 C'est un tel gaspillage d'argent.
09:35 On réunit 70 000 personnes pour ça,
09:37 pour cette espèce de vent qui nous pompe tous les ans.
09:40 Non, mais écoutez, vous avez un moment, moi je veux bien,
09:42 mais les guerres de demain, ça va être pour les métaux et les terres rares.
09:45 - Alors, les guerres de demain, métaux et terres rares,
09:47 d'autres problèmes écologiques avec ces extractions ?
09:50 - Bien sûr, d'autres problèmes.
09:52 Donc, il faut un autre mode de vie.
09:54 C'est clair.
09:55 Donc là, il y a une grande compétition
09:58 pour tout ce qui est terres rares dans différents pays.
10:01 Et c'est tout aussi honteux, destructif.
10:03 - Si on parle de ça, en fait, ça va très loin
10:06 puisque l'idée de l'activité humaine qui serait extrêmement polluante.
10:09 On a eu ces derniers jours, François Gemmene,
10:13 qui est membre du GIEC, qui disait que les animaux de compagnie
10:16 étaient des dangers pour la biodiversité,
10:18 notamment les chats, et terribles pour le climat.
10:21 On a pointé du doigt les vaches aussi, d'élevage,
10:23 en disant qu'elles rejetaient trop de méthane.
10:25 Et puis, il y a la question de la population mondiale aussi,
10:28 où il y a certains qui voudraient revoir des politiques malthusiennes
10:32 pour réduire la population, parce que c'est un problème,
10:34 parce que c'est finalement l'activité humaine qui pollue.
10:37 Est-ce qu'il n'y a pas aussi, à un moment,
10:39 une saturation de ce genre de messages coercitifs ?
10:41 - Oui, il faut faire attention.
10:42 Il n'y aura pas de solution à la question environnementale,
10:44 ou question de la nature, sans solution à la question sociale.
10:47 Vous prenez un super-riche, prenez un milliardaire,
10:51 avec un jet privé, il est déjà à l'équivalent de 2000 tonnes par an.
10:57 Il faudrait qu'on soit à un ou deux selon les accords de Paris.
10:59 Quelqu'un de très pauvre, en Afrique par exemple, va être à 0,5 tonne.
11:03 Il n'y a pas que le jet, il y a beaucoup d'autres choses.
11:05 Donc il arrive à 10 000 tonnes,
11:07 et puis il va dire "il y a trop de monde sur cette planète".
11:09 Doucement, il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles non plus.
11:12 Réduisez votre renvie, arrêtez de circuler en jet privé,
11:16 arrêtez d'aller en vacances sur des yachts privés aussi,
11:18 et puis ça va aller certainement mieux.
11:20 - Mais c'est rare qu'on attaque les yachts, les jets,
11:24 ou les rentes avec ces carburants, etc.
11:27 En revanche, on va faire un marché carbone,
11:30 on va faire en sorte que les gens rachètent finalement leur droit à polluer.
11:33 On va rentrer dans une société du crédit social, non ?
11:36 - Oui, marché carbone, ça ne fonctionne pas.
11:39 On compense, c'est comme les indulgences à l'époque, vous vous souvenez ?
11:42 Bon, alors on achète, on achète une bonne conscience,
11:47 et puis on espère aller au paradis.
11:49 Mais on peut toujours espérer, donc il ne s'agit pas d'acheter des indulgences,
11:51 ces marchés ne fonctionnent pas, il faut être clair.
11:53 Il faut changer de mode de vie,
11:56 et de mode de société, le mode de fonctionnement de cette société.
11:58 - Oui, mais là, c'est un changement qui va prendre plusieurs générations,
12:02 on imagine 2050, ça paraît beaucoup trop rapide pour une transition.
12:05 - Oui, mais d'un autre côté, on n'a pas le temps d'attendre,
12:07 parce qu'encore une fois, +3, +4 degrés à la fin du siècle,
12:09 parce qu'on va dans cette direction tout de suite.
12:12 C'est catastrophique. Au nom de quoi
12:15 n'allons-nous pas permettre à des jeunes,
12:20 dans 30 ans, 40 ans, 50 ans,
12:22 d'avoir tout simplement accès à de l'air pur et à de l'eau fraîche ?
12:24 Au nom de quoi ?
12:26 - Vous, vous travaillez dans le domaine de la finance,
12:30 on a parlé du rôle des banques,
12:32 dans la réflexion politique sur le modèle,
12:35 il n'y a pas aujourd'hui de réflexion à grande échelle
12:38 sur un changement du capitalisme et de l'échange mondial tel qu'il est organisé ?
12:43 - Il faudrait, mais il y a une économie traditionnelle,
12:45 je veux dire une économie académique traditionnelle,
12:47 qui ferme les yeux, qui ronronne,
12:49 qui est en orbite autour du pouvoir et des puissants,
12:51 et puis qui fait semblant.
12:53 Donc non, il faut réfléchir de manière différente,
12:56 il y a une minorité qui en fait partie,
12:58 chacun a son point de vue, son analyse,
13:00 mais fermer les yeux et faire comme si au bout du compte,
13:03 les marchés financiers fonctionnent bien,
13:04 et puis ce n'est pas très grave ce qui se passe,
13:06 au bout du compte, la situation est sous contrôle,
13:08 ça ne débouche sur rien si ce n'est des catastrophes.
13:11 Vous savez, un prix Nobel en économie,
13:13 M. Nordhaus, donc prix décennat en 2018,
13:16 qui a prétendu,
13:18 tant que les augmentations de température moyenne
13:22 ne dépassaient pas 3°C,
13:24 là on en est à environ 1,2°C,
13:26 il ne fallait pas intervenir.
13:28 Donc voilà, il est mis sur un piédestal,
13:30 et ce qu'il nous dit, c'est "il est urgent d'attendre,
13:32 tranquille, tout va bien Mme la Marquise".
13:34 Comment se fait-il que quelqu'un comme ça
13:36 soit mis en avant ?
13:38 Par ailleurs, c'est un supposé prix Nobel en économie,
13:41 parce qu'il n'y a pas de prix Nobel en économie,
13:43 juste au passage, c'est un prix de la Banque de Suède
13:45 en mémoire de M. Nobel,
13:47 qui d'ailleurs, si on veut vraiment respecter sa mémoire,
13:49 ne voulait pas donner de prix en économie,
13:51 mais bon, maintenant c'est comme ça
13:53 que ces prix sont décernés.
13:55 Vous parliez de,
13:57 notre auditeur aussi,
13:59 de toute cette dépense d'énergie aussi,
14:01 70 000 personnes, tous ces jets,
14:03 pour ces grands sommets, au final, pour avoir un texte
14:05 qui est à peu près tout le temps le même,
14:07 est-ce qu'à un moment,
14:09 ces COP vont s'arrêter, parce qu'on se rend compte que
14:11 tout le monde fait à peu près la même chose,
14:13 et que ces textes-là
14:15 continuent de préparer
14:17 l'augmentation de la température
14:19 en essayant
14:21 de limiter les dégâts, mais à la marge.
14:23 - Ces conférences ne servent à rien,
14:25 que ce soit clair, vu les résultats
14:27 qui se réunissent sur Zoom.
14:29 Qui utilisent Zoom, il y aura zéro
14:31 émission de CO2.
14:33 Les gens sérieux, il y en a,
14:35 les gens du GIEC, les scientifiques sérieux,
14:37 perdent leur temps quand ils vont là-bas.
14:39 Qui se réunissent entre eux,
14:41 et qui réunissent des gens qui veulent vraiment faire avancer les choses,
14:43 perdent de temps.
14:45 - Vous parliez tout à l'heure du nucléaire,
14:47 vous êtes plutôt contre cette énergie,
14:49 pourquoi ? - Je ne suis pas plutôt, je suis contre.
14:51 Je vais vous expliquer.
14:53 Encore une fois, le sujet semble tabou en France.
14:55 L'énergie nucléaire n'est pas assurée.
14:57 Aucun assureur
14:59 ne veut prendre en considération ses risques.
15:01 Donc, qui assure, c'est vous et moi, contribuables.
15:03 Et pourquoi ? Parce que les risques
15:05 sont démesurés,
15:07 ils ont du mal à les calculer.
15:09 Donc, si cette énergie était saine,
15:11 cette activité serait assurée
15:13 comme à n'importe quel autre type d'énergie ou d'activité humaine.
15:15 On peut assurer le solaire,
15:17 l'éolien... Ils ne veulent pas.
15:19 Donc, c'est déjà un message.
15:21 Secondo, ça ne produit pas de CO2,
15:23 c'est ce qu'on nous dit. C'est une plaisanterie.
15:25 Où est-ce qu'on met les déchets ? Les déchets, donc,
15:27 sous terre, ça génère
15:29 énormément de travaux.
15:31 Ça émet du CO2. Construire des centrales,
15:33 ça émet du CO2. - Mais moins qu'une centrale à charbon ?
15:35 - Oui, mais simplement, on s'engage sur quoi ?
15:37 20 ans, 30 ans, 50 ans ?
15:39 Vous avez vu les risques ?
15:41 Les risques sont énormes.
15:43 On a passé au Japon.
15:45 Alors qu'on a des
15:47 sources d'énergie qui sont,
15:49 aujourd'hui, peu chères. Il faut savoir aussi
15:51 que l'atome,
15:53 comme le pétrole,
15:55 sont subventionnés.
15:57 On nous dit que les énergies renouvelables sont subventionnées,
15:59 mais le pétrole et l'atome
16:01 bien plus. Actuellement,
16:03 au niveau mondial, on a environ 7%
16:05 du PIB mondial,
16:07 entre 6 et 7%, qui correspondent à des subventions
16:09 pour les énergies fossiles.
16:11 En France, EDF est un puissant fond.
16:13 Alors, il n'y a pas de discussion.
16:15 On pourrait peut-être poser
16:17 la question de savoir si le contribuable
16:19 veut continuer à financer EDF.
16:21 - Mais quelles sont les solutions ? Parce que quand on voit le modèle allemand,
16:23 par exemple, qui est sorti du nucléaire,
16:25 ils utilisent quand même beaucoup le charbon.
16:27 Ils ont des problèmes avec
16:29 le renouvelable. Ce n'est pas encore à hauteur
16:31 des espérances sur les énergies renouvelables.
16:33 - Non, mais certainement. Encore une fois,
16:35 au bout du compte, on est dans un système
16:37 qui fait du business
16:39 avec ce qui crée des problèmes.
16:41 On a parlé de l'Arctique, de l'Amazonie.
16:43 C'est cette logique qui est
16:45 néfaste, dont il faut sortir.
16:47 Ça, ce n'est pas du jour au lendemain. Mais si on ne fait rien,
16:49 on va devoir s'arrêter parce que
16:51 la vie va devenir difficile elle-même.
16:53 - C'est déjà le cas dans certains pays.
16:55 De toute façon, avec les réchauffements...
16:57 - Exactement.
16:59 - Autre question,
17:01 après l'horizon d'ÉCOP,
17:03 quels sont,
17:05 selon vous, les pays qui font les bonnes choses
17:07 en matière de transition écologique ?
17:09 Est-ce qu'il y en a ou pas du tout ?
17:11 - Je n'en vois pas, encore une fois.
17:13 J'ai pu faire cette distinction entre ceux qui font semblant
17:15 et ceux qui s'en moquent complètement.
17:17 Ils sont gouvernés par
17:19 l'extrême droite.
17:21 A part ça, je ne vois pas, effectivement.
17:23 A part de belles déclarations, je ne vois pas
17:25 une tendance claire. Je n'en vois pas.
17:27 La tendance est mauvaise, pour être clair.
17:29 Alors peut-être que par rapport à 40 ans,
17:31 c'est moins mauvais.
17:33 Il ne s'agit pas que ce soit moins mauvais.
17:35 On essaye d'aller dans la bonne direction,
17:37 mais il y a une incapacité à le faire.
17:39 Parce qu'il y a de véritables intérêts derrière.
17:41 C'est un message, encore une fois,
17:43 qu'ils se réunissent à Dubaï,
17:45 plutôt que dans un pays où on peut avoir accès en train,
17:47 c'est déjà un message.
17:49 Ils se moquent complètement des émissions de CO2.
17:51 - Oui, ce n'est pas le souci.
17:53 Même si c'est le souci numéro un.
17:55 C'est un business du carbone.
17:57 - C'est ça. Le carbone est devenu un business.
17:59 Il y a des marchés de carbone, etc.
18:01 Les institutions financières
18:03 qui organisent cela récupèrent des commissions,
18:05 font des bénéfices, mais ça ne fait pas avancer les choses.
18:07 - Merci beaucoup Marc Chesnais
18:09 d'être revenu avec nous
18:11 sur cette COP28.
18:13 On en reparlera sans doute,
18:15 évidemment, du climat, c'est un sujet important.
18:17 Et nous, on se retrouve dans un instant
18:19 pour la suite de Poulain sans réserve
18:21 avec le juge Durand, qui sera notre invité,
18:23 ex-président de la CIVIS.
18:25 A tout de suite dans Poulain sans réserve.
18:27 On reste ensemble jusqu'à 13h.
18:29 Sud Radio, midi 13h,
18:31 Alexis Poulain, sans réserve.
18:33 Alexis Poulain, sans réserve,
18:39 l'édito.
18:41 - Oh la la, l'édito, l'édito, oh my god, oh my god.
18:43 - My god, my god.
18:45 - Vous reconnaissez peut-être l'onglet
18:47 exceptionnel d'Anne Hidalgo
18:49 qui a reçu le prix des visionnaires
18:51 du développement urbain.
18:53 Oui, la maire de Paris a été lauréate
18:55 du prix de l'Urban Land Institute
18:57 des visionnaires du développement urbain.
18:59 C'était hier. Et c'est pour mettre
19:01 en avant, finalement, son travail
19:03 à Paris qui fait que la
19:05 capitale est devenue plus agréable
19:07 à vivre, grâce notamment à l'action
19:09 d'Anne Hidalgo. Alors, selon la coprésidente
19:11 de l'Urban Land Institute,
19:13 Diane Hoskin, grâce à Anne Hidalgo,
19:15 Paris est devenue une ville
19:17 plus saine, plus inclusive et plus
19:19 agréable à vivre. - My god.
19:21 - C'est vrai, c'est vrai, ça c'est incroyable.
19:23 Et toujours
19:25 selon ce remarquable
19:27 institut qui existe depuis les
19:29 années 30, la maire de Paris a
19:31 transformé la façon dont les autres villes
19:33 envisagent les possibilités
19:35 de demain. Et c'est vrai,
19:37 elle est visionnaire, Anne Hidalgo.
19:39 Comme quand elle explique, par exemple,
19:41 au maire de Kiev, en Ukraine, comment reconstruire
19:43 sa ville après la guerre pour faire une grande place
19:45 au vélo. On l'écoute, c'est en anglais.
19:47 - We need plan. If you want to
19:49 rebuild, you need to have a plan.
19:51 Yes, we can help.
19:53 Of course, go from
19:55 a car
19:57 to a bicycle is
19:59 very interesting because
20:01 it's a new model.
20:03 - Un nouveau modèle, oh my god,
20:05 oh my god. Et puis il y a aussi
20:07 la politique de l'habitat, important
20:09 pour avoir une ville socialement
20:11 mixte, la réduction du carbone
20:13 bien sûr, et les espaces verts.
20:15 Je pense que les membres de cet
20:17 institut du développement urbain
20:19 n'ont pas mis les pieds à Paris depuis
20:21 quelque temps ou alors ils sont restés dans certains quartiers
20:23 parce qu'au niveau habitat, hier soir
20:25 j'ai croisé un joli petit
20:27 surmuleau dans le métro de Paris.
20:29 On a eu les punaises de lit, quand même, cet été.
20:31 C'était assez sympa. Et puis, on a
20:33 en ce moment les Jeux Olympiques, des travaux pas finis.
20:35 Il suffit de faire le tour de la ville et vous verrez
20:37 qu'une rue sur deux
20:39 quasiment est en travaux.
20:41 Ça doit être moins quand même.
20:43 Alors, au final, Anne Hidalgo
20:45 va recevoir la somme de 100 000 dollars au nom
20:47 de la ville de Paris et pour les associations.
20:49 Elle s'est dite profondément honorée
20:51 de recevoir cette reconnaissance de la part
20:53 de l'Urbanland Institute
20:55 qui récompense les efforts collectifs
20:57 qui ont propulsé Paris vers un paysage
20:59 urbain plus inclusif, résilient
21:01 et durable. Voilà.
21:03 Pour ce qui est d'être durable, il faut savoir quand même
21:05 que Mme Hidalgo a augmenté les impôts
21:07 des parisiens avec une explosion de 62%
21:09 de la taxe foncière. Et puis la dette,
21:11 on en parlait cette semaine au Conseil de Paris,
21:13 une dette qui a enflée de 40%
21:15 entre 2014 et 2019.
21:17 C'est la Chambre régionale des Comptes
21:19 qui fait cette
21:21 constatation. Et en fin
21:23 2023, la dette de Paris va être de
21:25 8,2 milliards
21:27 et ce sera 8,8 milliards
21:29 en fin 2024. Tout ça pour financer
21:31 certes le changement social,
21:33 les JO et plein d'autres choses. Oh my god,
21:35 oh my god. Merci Anne.
21:37 - My god, my god.
21:39 - Alexis Poulin, sans réserve,
21:41 l'invité.
21:43 - Et on se retrouve tout de suite
21:45 avec notre invité,
21:47 le juge Édouard Durand, qui était
21:49 ancien président de la
21:51 CIVIS, cette commission indépendante
21:53 sur l'inceste et les violences sexuelles
21:55 faites aux enfants. 11 membres
21:57 de cette commission viennent d'annoncer
21:59 leur démission.
22:01 C'était hier pour protester parce que vous avez
22:03 été débarqué tout simplement de ce rôle
22:05 à la CIVIS.
22:07 Pourquoi cette mise à l'écart ?
22:09 Est-ce que vous savez pourquoi ?
22:11 - Non, je l'ignore.
22:13 En tout cas, j'ignore
22:15 les raisons profondes.
22:17 Celles qu'on m'a données
22:19 sont celles qui circulent
22:21 déjà publiquement,
22:23 c'est-à-dire un nouveau souffle.
22:25 Un nouveau souffle, ce n'est pas une raison,
22:27 évidemment.
22:29 Les collègues qui
22:31 se sont exprimés à plusieurs reprises,
22:33 d'abord en envoyant une lettre collective
22:35 à la ministre, qui est restée sans réponse
22:37 il y a plusieurs semaines déjà.
22:39 Puis en publiant
22:41 un communiqué de presse il y a quelques jours
22:43 et enfin hier, ont
22:45 voulu, je crois,
22:47 remettre les choses à leur place.
22:49 Puisqu'il a été dit que
22:51 plusieurs membres avaient fait
22:53 part de leur intention de ne pas continuer,
22:55 ce qui n'était pas le cas.
22:57 - Est-ce que c'est
22:59 votre travail,
23:01 ces trois ans où la parole a
23:03 enfin pu être libérée sur
23:05 les incestes et les violences sexuelles,
23:07 30 000 témoignages
23:09 par jour, est-ce que
23:11 ce sont ces travaux-là
23:13 et votre profil
23:15 qui a gêné le gouvernement d'une certaine façon,
23:17 qui veut changer la mission de la civise ?
23:19 Est-ce que ce n'est pas finalement mettre un terme
23:21 à la mission de la civise que de dire qu'on va
23:23 revoir le périmètre de la mission et donner un nouveau souffle ?
23:25 - Je suis
23:27 certainement le plus mal placé pour répondre
23:29 à cette question.
23:31 Il se trouve que
23:33 c'est une question qui a beaucoup d'importance
23:35 pour moi parce que cet engagement,
23:37 c'est un engagement réel
23:39 pour les enfants.
23:41 Donc j'aimerais bien trouver une réponse.
23:43 On ne peut chercher ces réponses
23:45 qu'en essayant de comprendre ce qui est en train de se jouer.
23:47 Dans le communiqué
23:49 de presse du gouvernement, le 11 décembre,
23:51 il n'y a pas eu un mot
23:53 pour les 30 000 témoignages,
23:55 pour cette multitude
23:57 de femmes et d'hommes adultes
23:59 qui ont fait confiance à la civise. Pas un mot.
24:01 Donc cette parole
24:03 est niée, passée sous silence.
24:05 Ensuite,
24:07 l'émission de cette nouvelle instance
24:09 qui n'est pas la civise, on ne peut pas dire
24:11 que c'est la civise qui continue, ce n'est pas vrai,
24:13 est présentée comme un comité
24:15 de suivi des préconisations
24:17 qui ont déjà été faites.
24:19 Combien de jours par
24:21 semaine ces personnes seront-elles à la civise ?
24:23 Comment
24:25 cette civise sera-t-elle
24:27 une instance en action s'il n'y a personne
24:29 qui y est ? Moi j'étais pendant
24:31 trois ans tous les jours à la civise.
24:33 Je ne peux pas dire ce que j'y ai fait.
24:35 Et justement, quand vous êtes arrivé à la civise,
24:37 quelle était la mission ?
24:39 Pourquoi vous avez été choisi ?
24:41 Et pourquoi finalement,
24:43 au bout de ces trois ans, dire
24:45 "on clôt ce chapitre et on passe à autre chose" ?
24:47 Alors,
24:49 quelques jours avant le 23 janvier 2021,
24:51 on me téléphone,
24:53 et dans le contexte
24:57 dont vous vous souvenez,
24:59 un changement
25:01 à la tête de la commission
25:03 qui ne s'appelait pas encore la civise,
25:05 on me dit "on pense à vous,
25:07 est-ce que ça pourrait vous intéresser ?"
25:09 J'ai quelques heures pour réfléchir, et bien sûr ça m'intéresse.
25:11 J'ai dit
25:13 "je ne peux le faire
25:15 que si je suis à plein temps.
25:17 Je ne veux pas mal faire mon travail
25:19 de juge des enfants, et mal faire
25:21 mon travail à la civise."
25:23 J'ai exigé ça, et ça a été une lutte âpre.
25:25 Et ensuite, il y avait
25:27 une double mission. Recueillir les témoignages,
25:29 faire des préconisations
25:31 de politique publique.
25:33 Avec, pour lier les deux,
25:35 une volonté très affirmée
25:37 de la part du gouvernement,
25:39 parvenir
25:41 à faire en sorte que toutes les violences sexuelles
25:43 faites aux enfants restent un sujet
25:45 public
25:47 constant.
25:49 Qui pourrait dire que nous ne sommes pas
25:51 acquittés de cette tâche convenablement ?
25:53 Le problème,
25:55 c'est que progressivement, il nous est apparu
25:57 évident qu'on ne pouvait pas arrêter.
25:59 Je vais même vous dire le fond de ma pensée.
26:01 Il faudra au moins une génération
26:03 pour s'attaquer
26:05 réellement à ce problème
26:07 aussi impensé
26:09 que le viol des enfants.
26:11 - Parce que c'est un vrai tabou,
26:13 et ça le reste. Au-delà de
26:15 l'OMERTA, toutes ces
26:17 questions-là sont balayées
26:19 par les responsables politiques.
26:21 Et c'est un peu
26:23 ce qui ressort de votre
26:25 mise à l'écart.
26:27 Certes, on a fait ça, maintenant,
26:29 on passe à quelque chose. On va parler
26:31 des nouvelles missions de la civisme.
26:33 Ils veulent s'intéresser aux violences entre enfants,
26:35 et pas seulement sur des prédateurs adultes face à des enfants.
26:37 Il y a quand même des questions
26:39 qui se posent sur ce choix de changement
26:41 de priorité.
26:43 - Oui, c'est ce que j'ai dit déjà.
26:45 Ce qui est
26:47 à craindre, c'est un changement
26:49 dans la doctrine. Une ligne claire,
26:51 une parole claire. Qu'est-ce que c'est
26:53 ces violences ? C'est l'équivoque,
26:55 c'est l'incertitude, c'est le flou.
26:57 Face à cela,
26:59 la civisme a conçu
27:01 une doctrine claire.
27:03 Remettre les choses à leur place.
27:05 Et la deuxième dimension dans la
27:07 question que vous posez, et qui est
27:09 importante pour moi, est que ce problème,
27:11 les violences sexuelles faites aux enfants, notamment l'inceste,
27:13 une société ne pourra s'y attaquer
27:15 que si elle parvient à le penser
27:17 dans sa globalité.
27:19 D'un seul tenant. Il ne faut
27:21 pas découper les problèmes
27:23 en multiples micro-problèmes.
27:25 Les violences sexuelles
27:27 commises par des mineurs contre
27:29 d'autres mineurs, dans nos
27:31 750 pages de rapport,
27:33 nous nous en préoccupons, bien entendu.
27:35 Et quand nous décryptons la stratégie des
27:37 agresseurs, nous la décryptons
27:39 quel que soit l'âge de l'agresseur.
27:41 - On va se retrouver dans un instant
27:43 pour continuer de parler avec vous,
27:45 Édouard Durand,
27:47 de l'avenir de la civise,
27:49 et de ce sujet très important.
27:51 On se retrouve tout de suite pour
27:53 Poulain sans réserve, et continuer avec
27:55 le juge Durand.
27:57 - Sud Radio,
27:59 midi 13h, Alexis Poulain,
28:01 sans réserve.
28:03 Sud Radio, midi 13h,
28:07 Alexis Poulain,
28:09 sans réserve.
28:11 - Et on se retrouve avec notre invité,
28:13 le juge Édouard Durand, ex-président
28:15 de la commission indépendante sur l'inceste
28:17 et les violences sexuelles faites aux enfants.
28:19 Vous avez donc été
28:21 débarqué, d'une certaine façon,
28:23 par reconduit, dans la mission de la
28:25 civise. Il faut rappeler que la civise,
28:27 c'était trois ans de travail,
28:29 acharné, 30 000 témoignages quand même,
28:31 de victimes de ces violences.
28:33 Est-ce que tous ces mots
28:35 qui ont été libérés, toutes ces
28:37 douleurs exprimées,
28:39 vont être rangés dans des petites boîtes en carton,
28:41 sur une étagère, et puis
28:43 on va passer à autre chose, un peu comme
28:45 une manière de donner de l'air du grand débat ?
28:47 - Non,
28:49 je ne crois pas. Parce que
28:51 ce que toutes ces personnes ont montré,
28:53 c'est
28:55 leur détermination.
28:57 Et
28:59 les fruits
29:01 de l'expérience,
29:03 de cette aventure collective qu'aura été la civise.
29:05 J'ai passé
29:07 trois ans à dire "la civise, c'est vous",
29:09 et aujourd'hui ces personnes disent "la civise, c'est nous".
29:11 On ne peut pas nous la prendre.
29:13 Nous avons parlé,
29:15 nous avons créé
29:17 cet espace,
29:19 nous avons relié
29:21 la dimension privée et la dimension
29:23 publique de ce qui nous est arrivé.
29:25 Et donc,
29:27 elles ne rangeront pas leurs paroles.
29:29 Et il ne faut pas qu'elles
29:31 le fassent, parce que
29:33 elles ont subi cet anéantissement
29:35 du silence, de l'indifférence, du déni,
29:37 de l'injustice,
29:39 et aujourd'hui elles sont porteuses
29:41 d'une aventure qui continue.
29:43 - Alors cette aventure continue
29:45 selon les pouvoirs
29:47 publics, avec vos remplaçants,
29:49 Sébastien Bouel, responsable
29:51 associatif, et
29:53 Caroline Ressalmon,
29:55 qui avait démissionné de la civise,
29:57 elle, en 2022, puisqu'elle était
29:59 opposée à la recommandation de l'obligation
30:01 de signalement pour les médecins
30:03 soupçonnant des violences sexuelles commises sur les
30:05 enfants, et Sébastien Bouel,
30:07 qui est responsable associatif, lui,
30:09 plutôt contre l'imprescribilité et
30:11 beaucoup de mesures de la civise. Pourquoi avoir
30:13 choisi, qui a choisi
30:15 d'ailleurs ces deux remplaçants ? Est-ce que vous savez comment
30:17 le processus s'est fait ? Est-ce que vous avez été informé
30:19 de ça ? Puisqu'on a vu
30:21 quand même la vague de démission, on en parlait
30:23 tout à l'heure, et l'incompréhension
30:25 du monde associatif par rapport à votre départ.
30:27 - Non, je n'ai
30:29 pas été consulté
30:31 et pas informé non plus,
30:33 j'ai été informé
30:35 au moment même où
30:37 la nomination de
30:39 Sébastien Bouel et Caroline Ressalmon
30:41 était publiée.
30:43 Donc, je n'en connais
30:45 pas les raisons, et je me garderai bien
30:47 de le commenter, parce que
30:49 je suis le plus mal placé pour le faire.
30:51 On peut,
30:53 évidemment,
30:55 être pour ou contre
30:57 certaines des préconisations de la
30:59 civise, chacun est libre.
31:01 Mais, je le redis,
31:03 la civise c'est d'abord une doctrine.
31:05 Une doctrine
31:07 qui a inspiré confiance
31:09 aux personnes les plus
31:11 concernées, par
31:13 les violences sexuelles, c'est-à-dire
31:15 les victimes elles-mêmes. Et elles ont
31:17 manifesté leur confiance
31:19 d'une manière lumineuse et totalement inédite
31:21 dans notre histoire. C'est certainement
31:23 qu'il y a une raison.
31:25 L'obligation de signalement pour les médecins,
31:27 vous savez, c'est en fait
31:29 sécuriser les médecins dans leur pratique.
31:33 Une exigence, une loi
31:35 claire, et une
31:37 protection intégrale contre les poursuites
31:39 disciplinaires. Il faut choisir,
31:41 sortir des
31:43 injonctions paradoxales.
31:45 Une politique publique, c'est aussi
31:47 sortir des injonctions paradoxales.
31:49 - Le paradoxe,
31:51 il est là quand même, on a l'impression que
31:53 grâce au travail de la civise,
31:55 la société est davantage
31:57 prête à
31:59 bouger sur ces sujets graves, de violences
32:01 sexuelles faites aux enfants, d'incestes,
32:03 là où c'était un tabou, il y a
32:05 de ça quelques années, donc on voit que la société
32:07 a bougé, mais on a l'impression que
32:09 du côté du gouvernement des pouvoirs publics,
32:11 ça reste un déni ou
32:13 du moins une gêne. On a
32:15 une impression de ralentir finalement
32:17 ce sujet qui devrait être
32:19 le sujet numéro un des politiques publiques.
32:21 - Écoutez,
32:23 le gouvernement
32:25 a annoncé en septembre
32:27 2022, si ma mémoire est bonne,
32:29 qu'il entendait mettre en œuvre un certain
32:31 nombre des préconisations de la civise,
32:33 et il vient d'annoncer que
32:35 il entendait mettre en œuvre
32:37 la moitié des préconisations
32:39 que nous avons formulées dans notre rapport,
32:41 soit une quarantaine, j'espère
32:43 que ce sera le cas, et que ce sera
32:45 le cas,
32:47 vraiment,
32:49 une réelle mise en œuvre,
32:51 parce que toutes ces préconisations,
32:53 elles sont inscrites dans un ensemble cohérent.
32:55 Je vous donne un exemple.
32:57 Si on encourage les enfants
32:59 à révéler les violences qu'ils subissent,
33:01 mais qu'on
33:03 n'améliore pas la chaîne judiciaire,
33:05 ça veut dire qu'on encourage
33:07 des enfants à révéler les violences
33:09 et qu'il y aura un classement sans suite
33:11 dans plus de 70% des cas.
33:13 Là, ça pose un problème.
33:15 Il faut que ce soit cohérent.
33:17 Si on encourage les enfants à révéler,
33:19 c'est qu'on est prêt à leur dire "on te crois,
33:21 on te protège". - Ce qui était loin d'être
33:23 le cas, et d'ailleurs, vous le disiez,
33:25 les préconisations de la civisme, c'était un bloc.
33:27 En réalité, chaque préconisation
33:29 faisait réponse à une autre,
33:31 et c'était une suite
33:33 logique. Est-ce qu'il n'y a pas un risque
33:35 de voir, finalement,
33:37 une sorte de
33:39 liste à la prévaire, où le gouvernement,
33:41 la nouvelle civisme, va choisir quelques
33:43 mesures phares qui ne seront pas vraiment
33:45 suivies des faits, parce qu'on ne pourra pas aller jusqu'au bout
33:47 de la chaîne, c'est-à-dire la protection de l'enfant
33:49 et la condamnation, surtout,
33:51 des prédateurs.
33:53 - Ce serait un risque, en effet.
33:55 Je ne dis pas que
33:57 tout ce travail est à prendre
33:59 ou à laisser tel quel en entier.
34:01 Bien sûr que tout ça demande
34:03 un examen, une procédure parlementaire,
34:05 des débats,
34:07 évidemment.
34:09 Mais c'est un ensemble
34:11 cohérent. La protection,
34:13 c'est une chaîne, et une chaîne ne vaut
34:15 que ce que vaut le maillon le plus faible
34:17 de la chaîne. Si on la renforce
34:19 à un seul endroit, elle n'est pas
34:21 plus solide.
34:23 - Et vous, quelle va être
34:25 la suite pour vous, après la civisme ?
34:27 Vous retournez en tant que
34:29 juge pour enfants, ou vous allez
34:31 continuer ce combat-là
34:33 qui est le vôtre, depuis toujours ?
34:35 Quelle va être la suite pour vous ?
34:37 - Alors, à ce jour, je ne le sais pas.
34:39 J'ai choisi de devenir juge des enfants, il y a 20 ans.
34:43 C'est le plus beau métier du monde.
34:45 Et personne n'aura
34:47 à me dire que
34:49 c'est le plus beau métier du monde, parce que je le sais
34:51 mieux que quiconque. Deuxièmement,
34:53 on me remercie
34:57 au sens de mettre à la porte,
34:59 on ne va pas en plus me dire
35:01 où on veut me caser.
35:03 J'assume les choix que j'ai faits,
35:07 et je veux être libre,
35:09 et fidèle à moi-même, et aux engagements
35:11 que j'ai pris, quelle que soit ma place.
35:13 Donc, je
35:15 voudrais pouvoir prendre un peu de recul,
35:17 pour
35:19 digérer
35:21 cette manière
35:23 dont les choses ont tourné. C'est toujours le messager
35:25 qui paye, c'est toujours le
35:27 messager qui paye, donc ça, ce n'est pas une surprise.
35:29 Je dirais même,
35:31 honnêtement, cher monsieur, que
35:33 progressivement, je pressentais.
35:35 Parce que c'est toujours le messager
35:37 qui paye, et vous savez, le premier
35:39 des messagers, c'est l'enfant victime lui-même.
35:41 C'est le parent protecteur, ce sont les professionnels
35:43 protecteurs. Ici, c'est le pilote
35:45 de la civise. C'est comme ça que la société
35:47 a toujours fonctionné, et c'est ce qu'on espérait
35:49 pouvoir changer. - Oui, ça aurait été normal
35:51 de changer ça, parce qu'au final,
35:53 c'était un travail
35:55 exemplaire, nécessaire, mais est-ce que
35:57 ce n'est pas cette liberté, justement, qui a gêné
35:59 le gouvernement ?
36:01 - Peut-être, je l'ignore, c'est le paradoxe.
36:03 Merci d'ailleurs de dire que
36:05 c'est un travail de grande ampleur,
36:07 et exemplaire, ça m'honore
36:09 de vous entendre dire ça, et
36:11 je crois que les pouvoirs publics disent la même chose.
36:13 Donc, c'est étrange de dire
36:15 "Bravo, au revoir",
36:17 je comprends pas bien,
36:19 mais je ne veux pas
36:21 être dans les sous-textes.
36:23 Les choses peuvent se dire clairement, je crois que
36:25 l'insinuation ne sert pas à la vérité,
36:27 et autant dire
36:29 les choses clairement. Moi, je raisonne à partir
36:31 de ce que j'ai, les informations
36:33 que j'ai. Ce que je peux dire,
36:35 c'est que
36:37 ce que j'ai à dire, je l'exprime clairement.
36:39 - Et est-ce que
36:41 vous avez un message aujourd'hui à faire passer
36:43 à ceux qui vont prendre la suite
36:45 de la civise et au gouvernement ?
36:47 - Ah oui, j'ai un message extrêmement
36:49 clair. Il faut garantir
36:51 que
36:53 à Strasbourg, à Guéret,
36:55 à Lille, à Nantes,
36:57 à Perpignan, partout en France,
36:59 à Saint-Denis,
37:01 à Fort-de-France,
37:03 partout en France,
37:05 quand un enfant dit
37:07 à un professionnel, à un adulte,
37:09 à qui que ce soit,
37:11 "Je suis victime de violences sexuelles",
37:13 il faut que
37:15 la chaîne de protection lui réponde
37:17 "Je te crois et je te
37:19 protège." Voilà.
37:21 Point.
37:23 - Et est-ce que cette expérience en France
37:25 de la civise va
37:27 peut-être faire école aussi à l'international ?
37:29 - Ah, ce serait magnifique.
37:33 Parce qu'il y a quelque chose de profondément inédit
37:35 dans ce que nous avons fait pendant
37:37 trois ans et écoutez,
37:39 Jean-Marc Sauvé,
37:41 Jean-Marc Sauvé,
37:43 a
37:45 déclaré récemment à la presse que
37:47 effectivement le travail de la civise
37:49 était inédit
37:51 et de
37:53 grands apports en ressortaient
37:55 pour la France et le monde.
37:57 Alors, je le cite
37:59 parce que j'oserais le dire moi-même,
38:01 cette parole nous honore, elle nous oblige aussi.
38:03 - C'est ce que vous avez fait
38:05 pendant ces trois
38:07 ans, on espère que ce travail-là ne sera pas
38:09 perdu et que
38:11 bien sûr, ce sujet-là
38:13 va rester en haut de l'actualité
38:15 et c'est pour ça que je tenais à vous avoir
38:17 au micro de Sud Radio aujourd'hui
38:19 Monsieur Durand. - Un grand merci à vous.
38:21 - Merci à vous.
38:23 On se quitte bientôt,
38:25 mais vous restez sur Sud Radio avec la culture
38:27 dans tous ses états, avec Céline
38:29 Alonso et André Bercoff qui reçoivent
38:31 à 13h l'acteur mais aussi
38:33 chanteur Daniel Auteuil
38:35 qui va présenter son album
38:37 "Si vous m'aviez connu".
38:39 Voilà, je laisse la place pour
38:41 la culture dans tous ses états dans un instant avec
38:43 Daniel Auteuil, André Bercoff,
38:45 Céline Alonso. A bientôt !
38:47 [Musique]
38:49 Bonjour à tous, c'est Alexandre Delovane
38:51 et je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année.
38:53 Prenez soin de vous. - Bonne fête
38:55 avec Sud Radio. - Sud Radio
38:57 - Parlons vrai.

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