Face à la remontée des cas de Covid à l'approche des fêtes, RTL reçoit Antoine Flahaut, épidémiologiste, professeur à la faculté de médecine de l'université de Genève.
Regardez L'invité de RTL Soir du 15 décembre 2023 avec Marion Calais et Aude Vernuccio.
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00:02 Marion Calais. RTL bonsoir.
00:07 RTL bonsoir. La suite avec à présent notre invité face à l'événement, face à la remontée des cas de
00:14 Covid à l'approche des fêtes. Bonsoir Antoine Flahaut. Oui bonsoir.
00:18 Epidémiologiste, professeur à la faculté de médecine de l'université de Genève. Un petit état des lieux d'abord
00:24 de la situation que ce soit à l'hôpital ou dans les cabinets des médecins en ville. Il y a aujourd'hui
00:30 plus de cas, beaucoup plus de cas que les semaines précédentes.
00:33 Alors oui que les semaines précédentes très clairement dans en effet sur tous les indicateurs de santé.
00:40 Ça ne concerne pas que la France, toute l'Europe et dans beaucoup de pays du monde
00:45 également on voit une
00:48 forte vague
00:51 probablement l'une des plus fortes depuis le début 2022. Vous savez quand Omicron est arrivé donc on a une forte vague de
00:59 circulation du virus. Sur le plan des hospitalisations, puisque vous me parliez des hospitalisations,
01:04 il y a une remontée qui est constatée un peu partout y compris en France mais qui reste encore modeste, enfin très inférieure
01:11 bien sûr aux fortes vagues que l'on a pu connaître et à la saturation des hôpitaux qu'on avait pu connaître au début de la pandémie.
01:18 Mais même par rapport à il y a un an on est à un niveau très inférieur à ce que Omicron avait fait.
01:24 On voit bien quand même qu'on bénéficie encore d'une forte
01:28 protection par notre immunité contre ces formes graves qui hospitalisent
01:33 certains patients.
01:34 On est encore sur des formes graves là, c'est à dire des gens qui se retrouvent éventuellement en réanimation, voir qui on meurt encore du Covid cet hiver ?
01:41 Bon alors c'est une très bonne question parce que on ne voit presque plus ces formes graves de
01:48 détresse respiratoire aiguë que l'on a pu connaître au début du Covid avant la vaccination.
01:52 La vaccination mais aussi d'ailleurs l'immunité apportée par les vagues successives de Covid ont
01:59 conféré une protection contre ces formes graves
02:02 tout à fait importante et très solide, qui reste très solide en dépit des nouveaux variants qui émergent.
02:08 En revanche, le Covid n'est pas une maladie bénigne, c'est à dire que c'est une maladie qui vous met au tapis
02:15 y compris quand vous êtes en très bonne santé, vous pouvez pendant deux jours ou trois jours être très affaibli par le Covid et si vous êtes
02:23 quelqu'un
02:24 ayant des très lourdes comorbidités ou d'une personne très âgée ou encore une femme enceinte qui a une immunité un peu particulière,
02:31 alors vous pouvez en effet faire encore une forme grave. Donc il y a des formes graves que l'on peut
02:35 observer où il y a aussi les comorbidités dont je parlais tout à l'heure qui peuvent, comme on dit dans le langage des médecins,
02:43 récompenser, c'est à dire que c'est la petite goutte d'eau qui fait déborder le vase et malheureusement il y a des gens qui vont mourir
02:48 avec le Covid et le Covid aura été cette goutte d'eau qui aura fait déborder le vase de leur précarité
02:55 de santé. Alors quand on dit que les cas augmentent, c'est lié Antoine Flahaut à ce nouveau variant qu'on appelle JN1 ?
03:02 Oui, alors ça c'est aussi une chose qui est un petit peu nouvelle
03:06 actuellement, c'est à dire qu'il est en train d'émerger
03:09 une nouvelle série de variants. Vous savez les variants
03:12 sont par famille, par lignée dit-on dans le langage des virologues. Et la lignée qui précédait c'était la lignée des XBB.
03:21 Il y a eu des surnoms, on les a appelés Eris.
03:23 Ça c'était jusque à l'été. Et puis maintenant survient Pirola, Pirola qui est un nouveau sous-variant d'omicron
03:31 mais qui est une lignée très différente. Il y a plus de 30 mutations par rapport justement à la lignée précédente.
03:37 Donc on est sur une nouvelle
03:39 je dirais génomique du variant, un nouveau type de variant qui a comme caractéristique
03:45 d'échapper à la protection immunitaire vis-à-vis de l'infection. Pas vis-à-vis des formes graves,
03:51 je répète qu'on est très bien protégé contre les formes graves pour la plupart d'entre nous, mais vis-à-vis de l'infection vous pouvez avoir fait
03:58 même cet été je dirais un Covid, vous risquez de refaire un Covid avec ce nouveau variant
04:03 tellement il est transmissible. Il est beaucoup beaucoup plus transmissible par exemple que le virus de la grippe. Donc aujourd'hui si vous avez des symptômes
04:09 par exemple le nez qui coule ou la toux ou de la fièvre et que vous commencez à vous sentir mal,
04:15 malheureusement il y a une très grande chance que ce soit le Covid que vous ayez.
04:18 Alors face à la circulation plus active du virus, face aussi à la grippe, le ministre de la Santé
04:23 Aurélien Rousseau a récemment appelé à un rebond de la vaccination. Les chiffres aujourd'hui en termes de vaccination, ils ne sont pas satisfaisants ?
04:31 Alors ça dépend des pays. Si vous êtes en Grande-Bretagne, ils sont très satisfaisants. Les Anglais
04:37 sont très très disciplinés vis-à-vis de la vaccination. Ils ont une grande confiance dans leur vaccin
04:42 et il faut bien que le vaccin protège et donc ils se vaccinent. Plus qu'en France ?
04:47 Surtout bien sûr, oui, oui, oui, beaucoup plus qu'en France. Les personnes âgées sont très bien vaccinées, sont à la cible de ce que
04:53 les pouvoirs publics avaient souhaité. En revanche en France, il y a une progression
04:58 toujours, semaine après semaine, et qui a continué depuis le début du lancement de la campagne.
05:02 Mais on plafonne à quelque chose qui doit être autour de 20, peut-être 25 % aujourd'hui, des personnes de plus de 65 ans qui sont vaccinées.
05:09 Donc ça c'est malheureusement un peu faible parce que les personnes de plus de 65 ans sont victimes de ce qu'on appelle
05:15 l'immunosénécence. C'est un petit peu la myopie du système immunitaire, enfin plutôt la presbytie, je devrais dire, du système immunitaire. C'est-à-dire que
05:22 votre système immunitaire, en vieillissant, perd son
05:27 agilité et ne sait pas bien répondre aux agressions, notamment de virus
05:32 émergents comme le Covid. Et donc, se faire revacciner quand on a plus de 65 ans, c'est vraiment
05:38 prendre une assurance contre ces formes graves qui peuvent faire que, malheureusement,
05:43 on va être hospitalisé pendant l'hiver, voire même qu'on va décéder à cause de ce Covid. Donc oui, la vaccination des personnes
05:50 âgées, mais aussi de toutes celles qui ont des comorbidités,
05:53 de toutes celles qui ont une immunodépression, il y en a beaucoup, il y a 500 000 personnes en France qui souffrent d'immunodépression à cause de leur
06:00 traitement ou de leur maladie. Et puis, les femmes enceintes dont je parlais, parce qu'eux aussi, d'ailleurs, leurs nouveau-nés
06:05 risquent de souffrir particulièrement du Covid, puisque eux n'ont pas, par définition,
06:10 été immunisés par des vagues successives de Covid comme nous. Dans l'idéal, il faudrait être à quoi ? Quatre doses, quatre injections de vaccins, au moment où on parle ?
06:19 Alors, dans l'idéal, on doit avoir une
06:22 dose de vaccins qui ne remonte pas à plus de six mois. On sait qu'après six mois,
06:28 l'immunité conférée par le vaccin décline. Mais surtout, le
06:33 rappel vaccinal de cette année, de 2023,
06:36 est beaucoup plus proche des virus qui circulent actuellement et qui ont beaucoup muté par rapport aux initiaux. Donc, avoir le vaccin de cet automne
06:44 permet probablement de protéger contre l'infection,
06:50 certainement pas à 100%, mais pour une large part, et aussi contre les formes graves, je l'ai dit, mais aussi
06:54 contre les Covid longs. Petite question quand même, si on se teste actuellement, on a des symptômes, on se teste, on s'auto-teste,
07:01 est-ce que les auto-tests détectent le nouveau variant ? Alors oui, ça c'est plutôt la bonne nouvelle, parce que
07:07 c'est pas dépendant de la génomique du variant, c'est juste dépendant de la charge virale que vous avez dans la gorge. Alors, ce qu'on a remarqué,
07:15 c'est que dans le nez et dans la gorge, la charge virale
07:19 a plutôt tendance à augmenter
07:21 au quatrième jour après le début des symptômes, ce qui n'était pas le cas du début de la pandémie.
07:25 Au début de la pandémie, on faisait l'auto-test au moment même où on avait les symptômes,
07:29 le premier jour, et on était positif ou négatif, et en général c'était très sensible. Aujourd'hui, cette sensibilité est maximale
07:36 le quatrième jour après le début des symptômes, c'est-à-dire que,
07:39 dans le fond, si vous avez des symptômes et que vous faites un auto-test et qu'il est négatif, vous avez peut-être quand même le Covid,
07:44 il faudrait refaire trois jours après le test.
07:48 Ce qui est important pour le test, parce que les gens font de moins en moins de tests, c'est qu'il y a des personnes,
07:54 les personnes fragiles dont j'ai parlé tout à l'heure,
07:56 qui, peut-être même vaccinées ou qui n'ont pas été vaccinées, pour 80% d'entre elles, comme je vous l'ai dit, en France,
08:03 elles peuvent se faire un test parce qu'elles peuvent bénéficier d'un traitement,
08:07 notamment par le Paxlovin, vous savez, cet antiviral qui permet justement d'éviter d'avoir des formes graves.
08:12 Donc, ça vaut peut-être le coup de se tester quand on est en tout cas une personne particulièrement fragile.
08:17 Merci beaucoup Antoine Flahaut, vous l'épidémiologiste, d'avoir été avec nous ce soir dans RTL. Bonsoir, bonne soirée à vous.
08:23 Merci, bonsoir.
08:25 Allez, toute autre chose dans un instant. Notre invitée pour te comprendre, on va s'intéresser,
08:29 Isabelle, à la gestion de notre argent.
08:32 Oui, parce que nous ne sommes pas des flèches en éducation financière et savoir compter ses sous, ça, ça prend, vous allez l'entendre.
08:37 On voit ça juste après la pause.
08:39 RTL, bonsoir.
08:41 [SILENCE]