Les informés de l'éco 16.12

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Taux d’intérêt : attention danger ?

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00:00 (Générique)
00:07 Il est l'heure de retrouver les informés de l'écho sur France Info, la radio et la télévision, le canal 27,
00:13 avec le Cercle des économies. Chaque samedi, débat autour des sujets qui font l'actualité économique et sociale.
00:18 Avec vous Emmanuel Kuini. Bonjour Emmanuel.
00:19 Bonjour Jean-Rémi, bonjour à tous.
00:21 Et nos invités cette semaine, Anne-Sophie Alsif, enseignante en économie à la Sorbonne,
00:25 chef économiste de la société d'études BDO France, et à vos côtés, Christian de Boissieu,
00:31 vice-président du Cercle des économistes. Merci à tous les deux d'être là.
00:35 Au programme cette semaine, Emmanuel, pouvoir d'achat, crédit, consommation,
00:39 est-il temps, ne serait-il pas temps d'ailleurs, de baisser les taux d'intérêt ?
00:44 Alors c'est effectivement toute la question, car malgré le repli de l'inflation,
00:48 et puis on va dire une légère accalmie sur le plan économique,
00:51 voire une légère amélioration à temps du côté de la croissance,
00:54 eh bien je dis, ni la Fed, la réserve fédérale américaine, ni la Banque centrale européenne
01:00 n'ont touché, n'ont baissé les taux d'intérêt.
01:03 Alors des taux, on le sait jusqu'à présent, très élevés, qui handicapent évidemment l'économie,
01:07 ça renchérit l'investissement pour les entreprises,
01:09 ça pénalise le crédit immobilier pour les particuliers.
01:12 Alors si le président de la Fed, Jérôme Powell, a laissé entendre que 2024
01:17 serait très probablement la période d'amorce de baisse des taux d'intérêt,
01:22 rien de tel en Europe, la présidente de la Banque centrale européenne,
01:26 la madame Christine Lagarde, a même déclaré que le sujet n'avait absolument pas été abordé,
01:31 le sujet de la baisse des taux, pas abordé jeudi lors de la réunion à Francfort.
01:35 Alors Christine Lagarde, droite devant l'inflation, très droite aussi devant son pupitre.
01:40 Le Conseil des gouverneurs a décidé aujourd'hui de maintenir inchangé les 3 taux directeurs de la BCE.
01:50 Alors que l'inflation a chuté ces derniers mois,
01:52 elle est susceptible de repartir temporairement à l'août, sa court terme.
01:55 Selon les dernières projections des services de l'eurosystème pour la zone euro,
02:01 l'inflation devrait diminuer progressivement au cours de l'année prochaine,
02:06 avant de se rapprocher de l'objectif de 2% en 2025.
02:11 Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, jeudi à Francfort.
02:15 Donc rigueur à tous les niveaux, quand tu nous tiens, d'accord, mais jusqu'à quand et jusqu'où ?
02:20 Anne-Sophie Alcif, pourquoi les banques centrales,
02:23 puisqu'on le rappelle c'est elles qui décident des taux d'intérêt,
02:27 ce qu'on appelle les taux directeurs,
02:28 pourquoi est-ce que les banques centrales ne baissent pas les taux d'intérêt ?
02:31 Alors déjà les banques centrales ne paient pas les taux d'intérêt
02:33 parce qu'il faut rappeler que leur mandat, c'est notamment en Europe, c'est 2%.
02:36 Et comme on l'a très bien dit, on n'est pas revenu à un niveau d'inflation autour de 2%.
02:41 Tout à fait.
02:42 Donc ça reste leur premier mandat, on l'a oublié,
02:44 parce que c'est vrai qu'on n'avait pas d'inflation avant la crise Covid,
02:46 mais ça reste leur premier mandat,
02:47 donc c'est tout à fait normal que tant que ce mandat n'est pas atteint,
02:51 qu'il n'y ait pas de baisse de l'inflation, c'est...
02:53 Juste peut-être un point d'explication, c'est quoi la corrélation ?
02:57 En quelques mots, est-ce que c'est possible d'expliquer la corrélation
02:59 entre les taux d'intérêt et l'inflation ?
03:01 Pourquoi est-ce qu'on dit que les taux d'intérêt ont un rôle à jouer sur l'inflation ?
03:04 En fait, quand vous les augmentez, vous allez avoir un impact sur l'économie,
03:07 donc comme on l'a dit, vous allez avoir moins de crédit, moins de croissants,
03:09 donc vous allez baisser l'activité, baisser la demande,
03:12 et donc forcément, c'est un impact sur l'inflation qui va elle aussi baisser.
03:15 Si vous voulez, au contraire, dans une période où il n'y a pas du tout d'inflation,
03:18 vous essayez plutôt de les augmenter pour essayer de rebooster l'économie.
03:22 Donc c'est un petit peu ça la corrélation,
03:24 et là, l'idée, c'est que c'est vrai, on a une croissance qui tient,
03:26 on n'est pas en récession comme par exemple en Allemagne.
03:28 La zone euro a une croissance excessivement faible qui a ralenti,
03:31 mais on n'est pas encore en situation de récession.
03:33 Par contre, c'est quoi la difficulté ?
03:35 C'est de se dire, si on commence déjà à réaugmenter les taux,
03:38 eh bien on ne va pas finalement juguler cette inflation qui n'est pas revenue à 2%.
03:43 – Christian de Boissu, vous faites la même lecture, la difficulté de continuer l'inflation.
03:47 – Moi, j'ai vu une différence quand même intéressante des deux côtés de l'Atlantique,
03:52 c'est-à-dire, effectivement, les deux banques centrales,
03:54 Réserve fédérale et BCE, n'ont pas touché à leur taux,
03:57 simplement à Washington, la Réserve fédérale a laissé entendre
04:02 qu'il y aurait trois ou quatre baisses de taux d'intérêt en 2024,
04:06 alors que, comme l'a dit Emmanuel Cuny, du côté de la BCE,
04:09 Mme Lagarde est extrêmement prudente.
04:12 Bon, je crois cette différence quand même, que je souligne,
04:16 cette différence, elle tient différence de mandat,
04:19 c'est-à-dire que du côté européen, la Banque Centrale Européenne,
04:22 par le traité de Maastricht, donc ça c'est dans son statut,
04:26 doit se préoccuper à titre principal de la stabilité des prix,
04:30 essayer de revenir à 2% d'inflation par an,
04:33 et quand vous regardez les projections, 2% d'inflation par an,
04:36 ça sera pas avant 2025 probablement.
04:38 Et j'ajoute, c'est un point qu'il faut quand même évoquer,
04:42 c'est que, quand vous faites des prévisions d'inflation,
04:45 vous avez d'énormes aléas sur les prix énergétiques et alimentaires.
04:48 Bon, et donc, ça explique la prudence des deux côtés,
04:52 l'atlantique, mais encore plus forte du côté européen.
04:55 Alors, je termine du côté américain, la Réserve fédérale,
04:58 par son statut, a un mandat un peu plus large,
05:00 elle s'occupe certes de stabilité des prix,
05:02 mais il faut qu'elle regarde l'économie réelle,
05:04 c'est-à-dire la croissance, l'investissement, l'emploi.
05:06 - Christian Boissieu, vous voulez parler de...
05:08 - Juste pour compléter, c'est vrai qu'on parle d'une explosion des taux, etc.
05:11 Il faut aussi faire attention, aux Etats-Unis,
05:13 on a des taux qui sont plutôt à 7-8%,
05:15 nous, on est, par exemple, en France, à 3-4%,
05:18 et la situation d'avant-crise, où on avait des taux à 1% sur 20 ans,
05:21 c'est pas une situation aussi normale,
05:23 on avait des taux qui étaient historiquement trop bas.
05:25 - En tout cas, on n'a pas aujourd'hui des taux historiquement très hauts.
05:28 - Exactement, on est plutôt dans une normalisation,
05:30 plutôt que dans une explosion des taux.
05:32 - On s'est habitué à avoir des taux extrêmement bas.
05:34 Emmanuel, Christian Boissieu parlait de la prudence,
05:36 est-ce que, néanmoins, derrière la prudence,
05:38 il peut y avoir un peu d'attentisme ?
05:40 Et la question qui se pose, c'est, est-ce que les banques centrales,
05:42 qu'on parle de la Banque Centrale Européenne ou Américaine,
05:44 est-ce que le risque, c'est pas d'intervenir trop tardivement ?
05:47 - Alors, effectivement, bon, il y a toujours des risques inflationnistes qui demeurent,
05:50 d'ailleurs, Christine Lagarde le dit,
05:52 il y a l'évolution des salaires, l'instabilité géopolitique,
05:54 avec le Proche-Orient, avec tout ce qui se passe au Moyen-Orient,
05:57 et puis les événements météorologiques majeurs,
05:59 qui, d'après la BCE, pourraient entraîner encore une forte inflation,
06:03 enfin, tirer vers le haut, en tout cas, les prix des denrées alimentaires.
06:06 Alors, je rappelle que la Banque Centrale Européenne
06:09 a procédé à 10 hausses de taux consécutives depuis juillet 2022.
06:13 10 hausses de taux, c'est quand même un nombre important,
06:16 et l'inflation en zone euro a été divisée par plus de 4
06:19 depuis le record de 10%.
06:21 Enfin, il faut s'en souvenir, on était même à près de 11%
06:24 en octobre 2022 pour l'inflation.
06:26 Alors, aujourd'hui, l'économie avance,
06:29 tant bien que mal, mais se reprend,
06:31 et l'INSEE nous disait pas plus tard que vendredi,
06:33 eh bien, que la France devrait éviter la récession
06:37 au premier semestre 2024,
06:39 parce qu'après la baisse de croissance en cette fin d'année 2023,
06:42 on va reprendre +0,2 environ au premier semestre.
06:45 Donc, on éviterait la récession.
06:47 Mais c'est souvent, quand l'économie reprend,
06:49 qu'il faut accompagner les entreprises et les ménages,
06:52 justement, pour accompagner le mouvement, la consommation, etc.
06:55 La question à savoir, c'est, est-ce qu'on peut accompagner
06:57 cette reprise avec des taux d'intérêt toujours très hauts ?
06:59 - Moi, je pense que la Banque Centrale Européenne,
07:03 dans le passé, a trop tardé à remonter ses taux d'intérêt
07:07 par rapport à la Réserve fédérale, il y a eu ce décalage dans le temps.
07:10 Alors, du coup, elle en a fait beaucoup pour essayer de rattraper un peu,
07:13 et qu'aujourd'hui, la prudence que nous évoquions
07:17 fait qu'elle risque de baisser ses taux trop tard.
07:22 C'est-à-dire que nous sommes au bord de la récession en Europe,
07:25 l'Allemagne est en récession en 2023,
07:28 la France va peut-être y échapper,
07:30 l'année prochaine, vous regardez les prévisions de croissance,
07:32 un peu moins de 1%.
07:35 Le gouvernement prévoit 1,4%, il est trop optimiste.
07:39 Et le chômage remonte, il a déjà commencé à remonter.
07:42 Donc, il faut faire attention à ce qui se passe
07:44 dans ce que j'ai appelé l'économie réelle.
07:46 Anne-Sophie Elsif, la BSU va attendre de voir ce que font les Américains ?
07:51 En fait, chacun s'observe ce...
07:53 Alors, chacun s'observe, mais la BSU regarde quand même plutôt
07:56 la situation de la croissance en zone euro, et notamment en Allemagne.
07:58 C'est vrai que je serais plus nuancée sur le constat.
08:00 Qu'est-ce qu'on voit notamment pour la France ?
08:02 Très fort ralentissement de croissance, mais pas de risque de récession,
08:04 que ce soit en France ou en zone euro,
08:07 mais une croissance en effet qui est très ralentie.
08:09 Pour la France, certes, les ménages, on est quand même à quasiment 17%
08:12 au départ des ménages, donc on a quand même une capacité
08:15 de consommation, bien sûr les gens consomment moins,
08:17 mais pas trop quand même.
08:18 17% du taux de revenu disponible.
08:19 Tout à fait, oui.
08:20 On n'est pas...
08:21 Donc il y a quand même de l'épargne.
08:23 Par exemple, aux Etats-Unis, on est à 2%, en Allemagne, on est à 12%,
08:26 donc on est à des taux d'épargne qui sont assez historiques.
08:28 Donc c'est pour ça aussi qu'on a une consommation
08:30 qui peut repartir plus qu'étant anticipée,
08:32 on l'avait vu dans nos dernières prévisions.
08:34 Le point plus noir, c'est l'investissement qui, lui, va ralentir
08:37 parce qu'en effet, on a ces hauts taux d'intérêt.
08:39 Et pour les entreprises, on paraît, on n'est pas dans une explosion
08:42 des faillites d'entreprises.
08:43 On est là aussi dans une période de normalisation
08:45 avec les entreprises qui ont été aidées pendant le Covid
08:47 qui n'auraient pas dû l'être.
08:48 Donc certes, il y a des faillites, mais on n'est pas du tout
08:50 à des niveaux historiquement hauts.
08:52 Donc je dirais qu'on pâtit beaucoup plus d'un fort ralentissement
08:55 de la croissance, qui est très important, en raison de la hausse des taux
08:59 et aussi en raison du ralentissement de la croissance de la Chine
09:01 et la croissance de l'économie mondiale.
09:02 Anne-Sophie Elsive, Christian de Boissieu, Emmanuel Cuny,
09:06 on se retrouve dans un instant.
09:07 Les informer de l'écho, juste après le Fil info de Diane Fershid à 9h50.
09:11 La ministre française des Affaires étrangères au Proche-Orient,
09:16 ce week-end, quatrième déplacement de Catherine Colonna sur place
09:19 depuis le 7 octobre.
09:20 Elle est attendue aujourd'hui au Liban.
09:22 Objectif, appeler à la retenue pour éviter toute extension du conflit
09:25 dans la région.
09:26 Déplacement alors que l'armée israélienne a annoncé hier soir
09:29 la mort de trois otages abattus par des soldats israéliens à Gaza.
09:32 Trois otages israéliens identifiés par erreur comme une menace.
09:36 L'armée de l'air ukrainienne affirme ce matin avoir repoussé
09:39 une nouvelle attaque russe de drones cette nuit.
09:41 Elle dit avoir abattu 30 engins lancés sur plusieurs régions du pays.
09:45 Un homme de 40 ans mis en examen pour l'assassinat de Melody,
09:48 cette mère de famille disparue à Marseille, le 3 novembre dernier.
09:52 Son corps vient d'être retrouvé.
09:53 C'est le suspect, son amant, qui a emmené les enquêteurs
09:56 sur la scène de crime.
09:57 Il a reconnu avoir tiré à plusieurs reprises sur Melody.
10:00 La 16e journée de Ligue 1 de football et en ouverture,
10:03 Lyon s'impose 1 à 0 à Monaco.
10:04 Les Lyonnais qui ne sont plus barragistes ce matin,
10:07 mais provisoirement 16e du classement de rencontres.
10:10 À suivre aujourd'hui, le déplacement de Nice au Havre,
10:12 7 à 17h et Lens Reims, coup d'envoi 21h.
10:15 Les informés de l'Eco, comme chaque semaine avec Anne-Sophie Alcive,
10:29 chef économiste à la Société d'études BDO France,
10:32 et Christian Deboisieu, vice-président du Cercle des économistes.
10:36 Chers amis, nous nous parlons ce matin de la manière
10:38 dont la Banque Centrale Européenne et son équivalent américain
10:41 sont en train de préparer à une baisse de taux d'intérêt,
10:44 ce qui arrangerait en réalité pas mal de monde,
10:47 dont les ménages, par exemple, typiquement, vous et moi,
10:50 ceux qui souhaitent par exemple acheter un logement.
10:52 Ça sent le VQ, ça Jean-Rémi Beaudot.
10:53 Alors, donc, bah oui, effectivement, et clairement, si...
10:56 Mais pas que pour ça, pour les prêts à la consommation aussi.
10:59 Partout, partout, on a tout intérêt à avoir des taux quand même plus faciles.
11:02 Alors, si les taux élevés permettent de lutter contre l'inflation,
11:05 effectivement, ils freinent un peu l'économie,
11:07 mais ils avantagent ou ils arrangent les épargnants,
11:10 parce que des taux élevés, pour les taux d'épargne, c'est pas mal, voilà.
11:13 Mais de l'épargne, c'est de l'argent en moins placé dans l'investissement des entreprises.
11:17 Et aujourd'hui, on sait qu'on a un gros problème, c'est la transition...
11:20 Enfin, problème, c'est une opportunité, la transition énergétique.
11:23 Un enjeu.
11:24 Eh oui, enjeu, transition énergétique, transition numérique, transition démographique.
11:28 Donc, tout ça va demander beaucoup d'argent.
11:30 On a des centaines de milliards d'euros d'épargne,
11:32 et ça a augmenté encore pendant le Covid.
11:35 Donc, voilà, gros problème.
11:37 Les entreprises qui sont confrontées à de nouveaux investissements,
11:40 est-ce que, là aussi, les banques centrales ne sont pas prises finalement entre deux feux ?
11:44 - C'est la question que je vais poser à Christian Boissieu.
11:46 Christian, finalement, il y a des injonctions un peu contradictoires.
11:50 - C'est pas nouveau, hein.
11:52 Je veux dire, quand vous êtes banquier central,
11:54 bien sûr, vous vous préoccupez avant tout de la lutte contre l'inflation,
11:57 mais vous regardez, je l'ai rappelé tout à l'heure,
11:59 ce qui se passe quand même du côté de la croissance, de l'activité et de l'emploi.
12:05 Bon, alors, il faut bien quand même rappeler, par rapport à ces problèmes de taux,
12:09 qu'on a eu dix ans, entre 2010 et 2020, de taux d'intérêt proche de zéro,
12:14 où là, c'était l'inverse.
12:15 Les gagnants et les perdants, c'est l'inverse d'aujourd'hui.
12:17 Les gagnants, c'était les emprunteurs, y compris l'État.
12:20 Et les charges d'intérêt de la dette publique ont été très très basses pendant des années.
12:25 Et puis, les perdants, c'était les épargnants.
12:27 Alors, c'est en train de se retourner, et vous avez vu comme moi,
12:30 que les charges d'intérêt de la dette publique sont en train d'exploser,
12:33 et que les charges d'intérêt de la dette privée, parce que entreprises et ménages,
12:38 sont également en train de monter.
12:40 Alors, bon, il y a un effet de ramification...
12:42 – En gros, la charge de la dette, pour rappeler à nos auditeurs, à nos téléspectateurs,
12:44 c'est le coût...
12:45 – Chaque année qu'on paye sur l'emprunt qu'on a contracté,
12:50 et c'est vrai pour l'État, c'est vrai pour les particuliers,
12:53 c'est vrai pour les entreprises.
12:55 Sur l'immobilier, un mot sur l'immobilier,
12:57 c'est vrai que les taux d'intérêt ont remonté, notablement.
13:02 Bon, parenthèse, l'inflation avait remonté aussi.
13:07 Ce qui compte quand même, c'est le coût réel de l'emprunt,
13:11 c'est-à-dire l'écart entre le taux d'intérêt affiché,
13:13 ce qu'on appelle le taux d'intérêt nominal, et le taux d'inflation.
13:16 Bon, donc, on est en train de refaire, en ce moment, de retrouver des taux réels positifs.
13:21 Bon, mais ça prend du temps, et il y a forcément des transitions compliquées à opérer.
13:26 – Ce qu'on comprend, Anne-Sophie, on se le disait un peu tout à l'heure,
13:28 mais finalement, c'est pas si grave d'avoir des taux à 4% ou même à 7%, c'est pas si grave ?
13:35 – Bon, après, peut-être pas 7%, mais en tout cas, moi, voilà,
13:38 je dirais que c'est pas forcément si grave.
13:40 L'autre aussi, élément que l'on a quand on a des taux très bas,
13:42 et on l'a vu pendant cette période-là,
13:44 c'est que vous avez aussi beaucoup de liquidités qui vont sur certains actifs,
13:47 qui peuvent être spéculatifs.
13:48 On parle beaucoup de l'immobilier, hein.
13:49 L'immobilier, comme vous le savez, c'est un poste qui a explosé,
13:52 justement, sur le pouvoir d'achat des ménages,
13:54 avec pas forcément de corrélation avec une création de richesse,
13:57 il n'y a pas de création de brevets, d'innovation, etc.
14:01 Donc, on a vraiment des prix de l'immobilier qui ont explosé,
14:03 qui font que beaucoup de ménages ont beaucoup de mal à se loger,
14:06 ont un poids du logement qui a énormément augmenté
14:09 par rapport aux autres pays européens,
14:11 et qui explique aussi pourquoi on a plus de pouvoir d'achat.
14:13 Pourquoi ? Parce qu'en effet, les taux étant tellement bas,
14:15 et bien c'était excessivement facile d'aller dans l'immobilier.
14:18 Donc là aussi, on voit, quand on a des prix dans l'immobilier qui baissent,
14:22 là aussi, on est peut-être dans un réajustement du marché,
14:25 d'avoir des prix qui sont plus en corrélation avec vraiment la valeur créée.
14:29 Emmanuel Kuni, à quelle échéance est-ce que les ménages
14:31 peuvent espérer une baisse des taux,
14:34 donc ce qui jouera pour le crédit, notamment pour l'immobilier ?
14:38 Alors, c'est la vraie question.
14:39 On a dit tout à l'heure que la perspective 2024,
14:42 c'était d'abord l'amorce de, comment dire,
14:46 la baisse des taux d'intérêt, 4 baisses, disait Christian de Boissieu, selon...
14:49 Aux États-Unis ?
14:50 Oui, aux États-Unis, bien sûr.
14:51 Donc, il faut savoir que les banques commerciales,
14:53 c'est-à-dire les banques, les grandes banques,
14:55 qui ont pignon sur rue et qui nous prêtent l'argent,
14:57 déposent elles-mêmes l'argent à la Banque Centrale Européenne,
15:00 qui avec un taux d'intérêt, leur reporte.
15:02 Donc, voilà, c'est très compliqué, on ne va pas rentrer dans les détails,
15:05 mais tout ça demande du temps à mettre en place,
15:07 il y a les effets conjoncturels,
15:08 et on dit que, alors certains économistes et certains banquiers centraux,
15:11 disent que visiblement, le mois de mars 2024,
15:14 ça pourrait être le bon mois où ça va commencer à baisser.
15:17 Mais il y aura toujours un délai entre la baisse des taux d'intérêt des banques centrales
15:20 et la baisse des taux du crédit, évidemment.
15:22 Donc, il faudra que l'on entende.
15:23 Moi, je pense que la Banque Centrale Européenne va être extrêmement prudente
15:26 au premier semestre 2024,
15:28 parce que pour les raisons d'incertitude sur l'évolution des prix de l'énergie,
15:33 ils ont beaucoup baissé, les prix du pétrole ont beaucoup baissé,
15:36 mais compte tenu de ce qui se passe au Proche-Orient,
15:39 qui peut prévoir la manière dont tout ça va se conclure ?
15:43 Personne, aujourd'hui, n'est prudent.
15:45 Et les conséquences que ça peut avoir sur les prix de l'énergie,
15:47 sur les prix alimentaires également, des incertitudes.
15:50 J'ajoute, par rapport au problème de pouvoir d'achat,
15:52 que même si l'inflation ralentit, baisse,
15:55 deux ans d'inflation, ça fait beaucoup monter les prix.
15:59 Et ça, dans le domaine alimentaire, c'est très important.
16:02 Il faut distinguer le taux d'inflation et le niveau des prix.
16:04 - Anne-Sophie Alcif, dans les signaux qu'on va regarder dans les prochains mois,
16:07 il y aura les indicateurs économiques,
16:08 et il y aura aussi le vocabulaire utilisé par la Banque Centrale.
16:11 C'est toujours un petit jeu que les marchés financiers essaient d'avoir
16:14 quand Christine Lagarde prend la parole.
16:16 Pourquoi c'est si important tout ce vocabulaire ?
16:18 Pourquoi c'est scruté à ce point-là ?
16:20 - Pour les anticipations, en effet, quand vous dites que vous êtes un investisseur,
16:23 que vous êtes sur les marchés financiers,
16:24 de savoir qu'il va y avoir une hausse ou pas, et de combien,
16:27 ça vous permet d'avoir une allocation d'actifs qui peut être différente,
16:30 ou des perspectives à moyen long terme,
16:32 qui peuvent être différentes sur votre portefeuille.
16:34 - Et donc, il y a des mots qui sont utilisés par vous, notamment Christine Lagarde, pour...
16:37 - Voilà, exactement.
16:38 - Pour montrer de la prudence, pour montrer que c'est peut-être possible,
16:41 mais bon, voilà, on va attendre.
16:42 - Il ne faut pas baisser Lagarde, a dit Madame Christine.
16:44 C'est certainement un jeu de mots pour détendre l'atmosphère.
16:47 - Juste pour compléter, je pense qu'en effet,
16:48 les indicateurs macro vont quand même beaucoup jouer,
16:50 notamment la situation en Allemagne,
16:52 qui devrait sortir de récession l'année prochaine.
16:54 Donc moi, c'est vrai que je suis plutôt dans un statu quo l'année prochaine,
16:56 et plutôt une hausse, une baisse des taux,
16:58 qui sera plutôt en 2025 pour l'Europe.
17:00 - On suivra ça, évidemment.
17:01 Merci beaucoup Anne-Sophie Alsif,
17:02 enseignante à la Sorbonne, chef économiste chez BDO France,
17:05 Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes.
17:08 Et faut-il encore vous présenter, Emmanuel Kuini,
17:10 notre spécialiste économie, toutes les semaines, entre autres.
17:14 - Il y en a d'autres.
17:15 - Qu'on retrouve en tout cas tous les matins,
17:17 avec Fanny Guinochet aussi, dans la matinale de France Info.
17:20 Merci beaucoup à tous les informés de l'écho.
17:22 On revient très bientôt.
17:23 [Musique]

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