Ecoutez l'interview du maire Horizons de Reims, également président de la Fédération hospitalière de France.
Regardez L'invité de RTL du 18 décembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez ce matin Arnaud Robinet qui est maire de Reims et président de la Fédération Hospitalière de France.
00:15 Maire horizon de Reims, je le précise, vous êtes un proche Arnaud Robinet et d'Edouard Philippe
00:19 et vous venez donc ce matin défendre l'AME, l'Aide Médicale d'État, qui permet, on le rappelle à nos auditeurs,
00:24 aux étrangers en situation irrégulière d'avoir accès aux soins
00:29 gratuitement. C'est l'un des points de crispation de ce projet de loi immigration.
00:32 L'ELR et l'ERN souhaitaient sa suppression. A priori,
00:36 cette Aide Médicale d'État devrait finalement faire l'objet d'un texte à part, un projet de loi au mois de janvier. C'est ce qu'aurait promis
00:43 Elisabeth Borne aux élus Les Républicains. Gérald Darmanin l'a d'ailleurs confirmé hier.
00:47 Que dites vous ce matin Arnaud Robinet ? C'est un bon compromis, une sage décision ?
00:52 C'est un bon compromis. L'AME n'avait rien à faire dans une loi immigration.
00:57 Je ne dis pas que l'AME ne doit pas être réformée, elle doit évoluer bien évidemment,
01:02 mais il fallait la sortir de ce sujet.
01:04 Et je dis aussi aux français, moi je le comprends parfaitement, qui peuvent se poser des questions sur le sujet, ceux qui payent des impôts,
01:10 des cotisations, qui parfois ont du mal à se faire rembourser,
01:12 je peux comprendre leur intervention. Elle se fait soigner tout court ?
01:15 Mais je leur dis voilà, il ne faut pas se romper de sujet, parfois arrêtons un peu les fantasmes autour de l'AME. L'AME c'est 0,5%
01:23 du budget de la santé, un peu plus d'un milliard d'euros, et sa suppression
01:28 aurait des conséquences dramatiques
01:30 sur le système de santé français, pour les hôpitaux publics, mais en termes de santé publique également. Et ça veut dire quoi ? Que
01:36 si on supprimait cet AME, c'est un danger pour nous tous, chacun des français, chaque individu ?
01:42 Mais malheureusement, un virus ou un microbe ne connaît pas les frontières.
01:46 Et que le vrai sujet c'est comment
01:49 protéger aussi la population française
01:51 en soignant des personnes qui sont venant de l'étranger, qui sont certes en situation irrégulière,
01:56 mais pour éviter qu'il y ait une propagation des contagions.
01:59 Mais très concrètement, ça voudrait dire le retour de certaines maladies ? La tuberculose par exemple ?
02:03 Prenons l'exemple de l'Espagne. L'Espagne avait supprimé l'AME.
02:07 Et un rapport qui a été fait a montré qu'on avait une augmentation de 15% des décès, une augmentation
02:13 notamment de la tuberculose. Et d'ailleurs l'Espagne est revenue dessus, remettant une AME
02:18 qui avait évolué, mais est revenue sur ses décisions de suppression. Donc oui, nous avons besoin de protéger la population française
02:24 et en termes de prévention également, puisque imaginer une personne en situation irrégulière,
02:30 une personne étrangère sur le territoire français, qui n'est pas pris en charge,
02:33 en termes de complications, ça coûtera beaucoup plus cher au système de santé français. Donc voilà, je dis, soyons "pragmatiques"
02:40 Il faut
02:43 qu'il faut que cette AME puisse évoluer, bien évidemment. Est-ce que l'AMU, l'aide médicale d'urgence, qui avait été votée par les sénateurs,
02:49 est une bonne avancée ? C'est une façon de faire évoluer ?
02:53 Oui, alors moi je ne veux pas mettre de côté l'AMU et la maladie d'un revers de la main. Je dis juste que dans le cadre de la
02:59 loi immigration, on n'a pas eu le temps d'étudier cette évolution de l'AME. Moi ce que je demande, c'est qu'il y ait une
03:06 concertation dans le cadre du projet de loi annoncé par Gérald Darmanin et Elisabeth Borne, une concertation avec les hospitaliers,
03:12 le personnel soignant, pour qu'on se rende compte, en tout cas, de l'utilité de l'AME
03:16 aujourd'hui, même si elle doit évoluer. Parce que le risque, il est pour nous tous, il est pour les hôpitaux. Pourquoi est-ce qu'il est pour les
03:22 hôpitaux le risque ? Parce que si on supprime l'AME, plus de financement, on va dire, de l'État,
03:27 mettez-vous à la place d'un médecin hospitalier.
03:29 Est-ce qu'il va laisser une personne sur le bord du chemin, il ne va pas la soigner ? Donc en fait, les financements vont être assurés
03:34 par les hôpitaux publics. Et derrière, je ne vous fais pas, en tout cas,
03:39 le constat, et c'est le grand travail qui est mis aujourd'hui en tant que plan de la FHF, sur
03:43 l'état financier et budgétaire des hôpitaux publics.
03:46 Le déficit a doublé en deux ans pour atteindre le milliard d'euros. - Un milliard d'euros de déficit ? - Des hôpitaux publics. Donc on va
03:52 accentuer, encore une fois, les déficits des hôpitaux publics.
03:55 Parce qu'il y aura bien une prise en charge qui sera faite in fine. - On entend beaucoup de choses autour de cette aide médicale
04:00 d'État. Certains élus RN, notamment, qui disent que grâce à l'AME, certains
04:04 étrangers peuvent se faire poser un anneau gastrique ou encore se faire recoller les oreilles gratuitement. C'est faux ?
04:09 - Je ne dis pas que c'est faux. Il y a peut-être un ou deux cas. Je ne les connais pas, mais je crois qu'on est aussi dans un
04:13 fantasme. Et puis, vous savez, on confond aussi. On confond AME, CMU et autres, etc.
04:18 Je crois qu'on a besoin de plus de clarté, de visibilité, de transparence sur tous ces dispositifs. - Vous disiez faire évoluer, et vous avez cité
04:24 l'exemple espagnol en Espagne, mais aussi en Allemagne.
04:28 On ne prend pas en charge, par exemple, les maladies chroniques des étrangers en situation irrégulière, si cette maladie s'est déclarée dans leur pays d'origine.
04:34 - Mais vous avez vu les conséquences, parce qu'un rapport précise également qu'en termes de coûts et de dépenses publiques pour ces pays,
04:40 c'est beaucoup plus important que si les personnes avaient été prises en charge dès le début dans le pays.
04:44 - L'autre point de crispation de ce projet de loi immigration, c'est la question de la régularisation des travailleurs sans pied pour les métiers en tension,
04:51 le fameux article 3.
04:52 Est-ce que ça ne serait pas finalement la solution pour combler le manque d'infirmiers et d'aides-soignants à l'hôpital ?
04:58 - Alors, ce n'est pas récent en France. Rappelez-vous l'histoire des infirmières espagnoles.
05:02 Il y a quelques années, si on a un besoin de médecins aujourd'hui et on a un manque de médecins, cela va encore durer une dizaine d'années.
05:10 Donc on a besoin aussi de médecins étrangers.
05:13 Et d'ailleurs, ça avait été retiré de la loi immigration, ce sujet, pour être remis dans la loi Valtou qui a été votée la semaine dernière.
05:21 Mais vous voyez ces articles 3, comme l'AME, ce sont deux articles où on s'est focalisés dessus dans cette loi immigration.
05:30 Moi, je le dis clairement, changerons de paradigme. Arrêtons avec ces lois à répétition en termes d'immigration.
05:36 C'est la 30e loi depuis 1981. Allons vers un système par points à la canadienne où le Parlement choisit et définit chaque année le nombre d'immigrés accueillis sur notre territoire
05:46 en fonction de critères économiques. On a besoin dans tel métier, dans tel secteur d'activité.
05:51 Allons dans ce sens et arrêtons de vouloir faire évoluer de façon permanente des lois.
05:58 Et enfin, même s'il y a une volonté du ministre de l'Intérieur, cette loi ne changera pas grand-chose à terme.
06:03 - Cette loi ne changera pas grand-chose ? - Je le dis, on ne change pas le cadre, on ne change pas de paradigme.
06:07 C'est-à-dire qu'on va continuer à accueillir d'une certaine manière, sans contrôler directement, sans savoir...
06:16 - C'est quoi, c'est l'échec du "en même temps". On ne peut pas faire du "en même temps" sur l'immigration ?
06:18 - Le "en même temps" a ses limites sur le régalien. - Et pourtant, vous faites partie de la majorité.
06:23 - Oui, mais vous savez, je suis horizon, donc je suis loyal, mais libre et donc, et maire. Donc, je ne suis pas parlementaire, je dis ce que je veux et ce que je pense.
06:29 Mais comment peut-on avancer sur une loi régalienne telle que l'immigration, en ayant un président de la Commission des lois qui est favorable aux votes des étrangers aux élections locales ?
06:38 - Sacha Houllier, qui voulait les gauches de René Dutroux. - Sacha Houllier, voilà. Et en ayant un ministre de l'Intérieur qui, lui, veut porter une loi ambitieuse.
06:45 - Sur Twitter, vous avez dit la semaine dernière "c'est comme si mon adjoint à la sécurité n'avait pas défendu ma politique de déploiement de la vidéoprotection".
06:51 - Bien évidemment, c'était exactement la même chose. - Ça veut dire que Gérald Darmanin, à vos yeux, veut bien faire, est prêt à durcir les choses, mais on ne lui donne pas les moyens.
07:00 - On ne lui donne pas forcément les moyens et dans la majorité actuelle, notamment à Renaissance, on voit bien que l'aile gauche est assez réticente.
07:09 - Ceux où on sait qui ? Emmanuel Macron ? - Non, je parle des parlementaires. J'ai cité le Prendre la Commission des lois, on connaît ses positions.
07:14 - Ils sont nombreux à partager les positions du Prendre la Commission des lois, donc c'est un peu compliqué.
07:19 - Leur, en même temps, assez limite sur les sujets régaliens. Il faut être clair, net et précis, il faut savoir le dire.
07:23 - Arnaud Robinet, pendant qu'on parle d'immigration, on ne parle plus de la situation de l'hôpital. Vous nous parliez de ce déficit d'un milliard d'euros.
07:29 - Ça veut dire que ça ne va pas mieux qu'il y a quelques mois ? - Non, ça ne va pas mieux. Pourquoi ?
07:33 - Malgré tout l'argent qui a été ingéré ? - De la même manière, ce que je dis à Bruno Le Maire la semaine dernière, je lui ai dit "Monsieur le ministre,
07:39 on a applaudi dès demain les annonces, le Ségur de la santé, la revalorisation des salaires, etc. si c'était nécessaire.
07:44 Sauf que la plupart de ces annonces n'ont pas été financées. Et donc c'est les hôpitaux directement eux-mêmes qui ont financé ces mesures,
07:50 notamment la revalorisation des salaires. Vous y ajoutez l'inflation, le résultat est le suivant, le déficit a doublé,
07:56 et c'est quasi 2 milliards de plus qu'il faudrait pour l'hôpital public, 1 milliard pour l'inflation, et 500 à 600 millions d'euros pour
08:06 compenser les mesures annoncées. - Donc vous voulez dire que le gouvernement n'a pas financé les mesures qui ont été annoncées ?
08:10 - Tout n'a pas été financé intégralement, et avec les conséquences que l'on connaît aujourd'hui en termes d'investissement,
08:15 nos hôpitaux ont besoin de se moderniser. Aujourd'hui, tous les investissements qui avaient été annoncés dans le cadre du Ségur,
08:21 un certain nombre sont remis en question aujourd'hui. - D'un point de vue purement sanitaire, à l'approche des fêtes, vous êtes inquiet ?
08:26 Il y a le plan blanc qui a été déclenché en 2016 ? - Il y a le plan blanc à Strasbourg notamment. Nous faisons face à cette triple épidémie
08:33 de grippe, de Covid et de bronchiolite également pour les enfants. Moi je le dis aux Français, vous savez, l'hôpital public a montré
08:39 sa réactivité, son adaptabilité, et donc c'est le seul établissement qui est ouvert 7 jours sur 7, 365 jours, 24 heures sur 24,
08:47 donc nous assumerons comme nous l'avons toujours fait. - Et vous dites aux Français d'aller se faire vacciner, il y a encore temps ?
08:51 - Je crois qu'il y a encore temps, notamment les plus de 65 ans. Malheureusement, nous sommes en deçà des seuils de l'année dernière
08:56 en termes de taux de vaccination. Il faut se faire vacciner, ça nous protège et ça protège les autres.
09:01 - Merci beaucoup Arnaud Robillard. - Merci à vous.
09:03 - Sur l'objet d'ailleurs de la chronique de Jimmy Mohamed à 8h40, ça va beaucoup mieux.
09:06 [SILENCE]