La chute de la maison Macron, le sourire de Marine Le Pen et la fureur de la presse de gauche

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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, il revient sur les articles évoquant l'adoption de la loi Immigration cette nuit.

Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2
Transcript
00:00 - Et oui, laissons place à Olivier Delagarde pour la revue de presse d'Europe 1.
00:03 Olivier, évidemment... - En chef de gare.
00:05 - Chef de gare, ça vous va très bien, je vois bien avec la casquette.
00:08 Tous les gros titres concernent ce matin, Olivier,
00:11 eh bien cette adoption psychodramatique de la loi immigration.
00:15 - Et pour vous donner le ton, Dimitri, d'abord un coup d'œil sur la presse régionale,
00:18 traditionnellement moins éruptive que la presse parisienne.
00:21 C'est le séisme pour la Provence de Marseille,
00:24 le séisme en Macronie, précise le Medi Libre.
00:27 La Macronie fissurée, annonce le Républicain Laurent,
00:30 la Macronie sur le point d'imploser, titre encore le Dauphiné libéré.
00:34 Ensuite, pour bien comprendre ce qui s'est passé,
00:36 prenez le temps de lire le récit de la journée d'hier.
00:39 Elisabeth Borne se doutait-elle des ravages qu'elle s'apprêtait à provoquer
00:43 lorsqu'à une heure du matin, dans la nuit de lundi à mardi,
00:46 elle a topé avec Bruno Rotaillot sur l'APL,
00:49 écrivent par exemple Olivier Beaumont et Pauline Théveniot,
00:52 du Parisien Aujourd'hui en France.
00:54 Au fond, la Première ministre sait bien qu'il y a un hic,
00:58 mais c'est Emmanuel Macron qui a insisté auprès d'elle lors d'un échange au téléphone.
01:02 « Je veux un texte, je veux un vote ! »
01:04 martèle alors le président au bout du fil.
01:07 Ce texte, il l'aura donc.
01:09 Commission mixte paritaire conclusive.
01:11 - Donc ça, on est hier, début d'après-midi,
01:13 et c'est là qu'intervient le coup de théâtre.
01:15 - « Un timing impeccable », raconte Paul Lobacher du Figaro.
01:19 Le sourire aux lèvres, Marine Le Pen pénètre dans la célèbre salle
01:22 des quatre colonnes de l'Assemblée pour y déclarer que le RN va voter le texte.
01:28 Mais ce n'est pas tout, elle ajoute que ce texte est une victoire idéologique.
01:31 « Oui, c'est le baiser qui tue », résume Cécile Cornudet dans les échos.
01:36 Déjà très tendue, l'ambiance dans la majorité vire au psychodrame.
01:39 Sept ministres, dont Clément Beaune, laissent fuiter qu'il pourrait démissionner.
01:43 Un député de la majorité pleure au téléphone,
01:46 et en coulisses, certaines grandes figures de la Macronie se lâchent.
01:49 C'est une honte !
01:50 Libé va titrer « Le RN sauve Macron et borne »,
01:54 c'est dire soit dit en passant ce qui inquiète les députés de la majorité.
01:57 - Justement, la une de libération ce matin, c'est quoi Olivier ?
01:59 - C'est encore pire pour le camp présidentiel.
02:02 En une, Libé a choisi deux citations, pleine page,
02:05 lettres blanches et rouges sur fond noir.
02:07 La première est d'Emmanuel Macron.
02:10 « Vous m'avez élu pour faire barrage à l'extrême droite, ce vote m'oblige »,
02:14 c'est ce qu'il avait déclaré le soir de sa réélection.
02:16 L'autre phrase, c'est celle de Marine Le Pen hier.
02:19 Donc pour le RN, la loi immigration signe une victoire idéologique.
02:24 Parce qu'alors ça, ça, ça ne passe pas, mais alors pas du tout à gauche.
02:29 En attendant le monde cet après-midi, Libération est pris d'une véritable rage.
02:33 Dans son éditorial, Paul Quignot dénonce une déchéance,
02:36 une faillite macroniste et une bérésina démocratique.
02:40 Depuis le baptême de Clovis, on a beau savoir qu'il faut brûler ce que l'on a adoré,
02:44 on écarquille quand même les yeux en lisant, quatre pages plus loin,
02:47 le papier de Thomas Legrand.
02:49 « Le macronisme, une substance molle, flasque, sans caractère ni conviction »,
02:54 écrit-il, « une sorte de liquide, de sombre liquide,
02:59 facilitateur pour l'extrême droite », fermez les guillemets.
03:02 Alors autre ton évidemment à la une du Figaro,
03:05 où finalement Vincent Trémolet de Villers estime que Macron mérite ce qui lui arrive.
03:09 Longtemps, le président a refusé d'évoquer la question de l'immigration.
03:13 Sous la pression de l'opinion, il s'est trouvé contraint d'y consacrer une loi,
03:17 plutôt que de répondre au consensus populaire.
03:19 Il a cherché à ne pas déplaire au dernier cercle de la gauche morale,
03:23 celle qui crie au racisme quand elle entend le mot « frontière ».
03:26 C'est ce choix mondain, plutôt que politique, qui a rendu cette loi aussi vulnérable.
03:33 Et laissons provisoirement le mot de la fin sur le sujet à Hubert Coudurier,
03:38 l'éditorialiste du Télégramme qui, depuis sa lointaine Bretagne,
03:42 signale que si Macron a perdu, les Français, eux, ont gagné.
03:46 Ils ont été entendus, eux qui approuvent à une large majorité,
03:50 rappelle-t-il, ce projet de loi sur l'immigration.
03:53 - Quoi d'autre dans les journaux ce matin, Olivier Delagarde ?
03:55 - D'abord, le papier cinglant de Stéphane Durand,
03:57 soufflant le très expérimenté chroniqueur judiciaire du Figaro,
04:00 a suivi l'intégralité du procès de Monique Olivier,
04:03 et n'a pas de mots assez durs pour dénoncer un procès raté,
04:07 un président de cour d'assise complètement à côté de la plaque,
04:10 et un procès qui aura surtout mis en lumière les errements
04:13 invraisemblables de la police de Versailles.
04:16 Sur un ton plus dur, il réalisait aussi la chronique de Gaspard Koenig dans les Échos.
04:21 Le philosophe libéral est très agacé par ce gouvernement
04:24 qui nous traite comme des enfants, et qui entend nous expliquer
04:26 comment relever le défi de la parentalité.
04:30 Il a entendu le garde des Sceaux qui souhaite distinguer
04:32 les parents défaillants des parents dépassés,
04:35 pour ne sanctionner que les premiers.
04:37 "Étant parent de deux ados", explique Koenig,
04:39 "excédé, je suis très curieux que l'administration m'explique cette différence,
04:43 "Koenig, qui suggère plutôt de soumettre l'exécutif à ce même traitement,
04:47 "avec la mise en place d'une commission de gouvernementalité
04:52 "qui distinguerait les ministres défaillants, dont la démission suffira,
04:56 "et les ministres dépassés, qui seront condamnés à des travaux d'intérêt général."
05:01 Et puisque l'on parle de parentalité, vous avez des enfants Dimitri ?
05:04 - Absolument.
05:05 - Est-ce que vous aviez demandé à connaître leur sexe avant leur naissance ?
05:08 - Oui, oui.
05:09 - Eh bien vous faites partie des 91% des Français
05:12 qui effectivement ne peuvent pas attendre.
05:14 C'est ce que nous apprend une étude de l'INED que s'est procurée la Croix.
05:18 Ce qui est intéressant, c'est que la proportion de gens qui demandent le sexe avant la naissance
05:22 varie en fonction du niveau d'étude et de la pratique religieuse.
05:27 Moins vous êtes croyant, plus vous voulez savoir,
05:30 et plus vous êtes diplômé, plus vous restez dans l'ignorance.
05:34 Pourquoi ? Eh bien parce que vous êtes plus à même de résister aux normes sociales dominantes
05:38 et que vous êtes aussi plus tolérant à l'incertitude.
05:42 Alors je ne sais pas si Emmanuel Macron aurait demandé à savoir s'il avait eu des enfants.
05:46 - Que dois-je en conclure ? Je ne sais pas. Quel est le message que vous m'adressez aux pieds de la garde ?
05:52 - Prenez-le comme si vous l'envoyiez, au sens d'humour.
05:55 - Comme d'habitude, il y a parfois des exceptions dans toutes ces règles.
05:59 - Oui, oui. Non mais moi je me suis dit "on peut le savoir, eh bien sachons-le".
06:03 - J'ai moi-même demandé pour mes deux premiers enfants
06:06 et la petite dernière, Philippine, je n'avais pas demandé.
06:08 - Mais je note que c'est vrai, ça revient cette volonté de résister à la science
06:16 et de dire "non j'attends le jour donné".
06:18 Et c'est vrai que ça doit être un moment absolument formidable
06:20 de découvrir si c'est une fille ou un garçon.
06:22 - Absolument.

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