SMART IMPACT - Emission du mercredi 20 décembre

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Mercredi 20 décembre 2023, SMART IMPACT reçoit Alexandre El Harouchy (Cofondateur et président, Remma) , Françoise Lareur (Présidente, Fondation MACIF) , Caroline Véran (Fondatrice et dirigeante, Croissance Bleue) et Rémi Marlin (Président, Vignerons Engagés)

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Transcript
00:00 [Générique]
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:10 Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:14 Et voici le sommaire du jour.
00:15 Mon invité, c'est Françoise Larreur, la présidente de la fondation Massif,
00:20 fondation d'entreprises dotée d'un budget d'un peu plus de 3 millions d'euros
00:24 qui s'engage notamment dans l'économie sociale et solidaire.
00:27 Le débat de notre émission, il porte sur les impacts du réchauffement climatique sur la santé,
00:33 les conditions de travail dans la filière viticole,
00:36 comment travailler en période de canicule, de forte chaleur,
00:39 et puis aussi comment l'association Vignerons en développement durable s'engage
00:43 pour faire évoluer leur métier, réponse tout à l'heure.
00:46 Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups et co-responsables,
00:49 je vous présenterai REMA, c'est une plateforme spécialisée dans le matériel médical de seconde main,
00:56 économie sociale et solidaire, viticulture santé, 3 univers et 30 minutes pour les explorer. C'est parti !
01:02 [Générique]
01:08 Bonjour Françoise Larreur, bienvenue !
01:10 Bonjour, merci !
01:11 Vous êtes donc la présidente de la fondation Massif, créée en 1993
01:17 et dotée d'un budget de 3,4 millions d'euros.
01:22 Quel est le rôle, quelle est la mission de la fondation Massif ?
01:25 Alors vous venez de le dire, la fondation Massif a 30 ans cette année,
01:28 nous l'avons fêtée le 15 novembre, mais aussi tout au long de l'année 2023.
01:35 Alors nous sommes une fondation qui agit, la fondation Massif agit sur l'innovation sociale dans le territoire
01:42 pour apporter des réponses à des besoins non couverts en matière de mobilité, de santé, d'habitat et de finances solidaires.
01:50 Et donc c'est une fondation qui est atypique ou originale dans le milieu des fondations,
01:56 c'est que nous intervenons vraiment à l'émergence des projets que l'on détecte sur les territoires,
02:01 donc on a vraiment un véritable travail de proximité avec les citoyens sur les territoires,
02:06 les citoyens qui se mobilisent, avec les acteurs du territoire, pour justement,
02:11 donc on intervient à l'émergence, une fois que l'action innovante se traduit en action concrète,
02:19 nous accompagnons cette structure et nous allons jusqu'à l'aider à son développement, à son changement d'échelle,
02:31 voire à son essaimage sur d'autres départements, d'autres régions ou sur l'ensemble du territoire.
02:37 - Du territoire national. Ça suppose un maillage territorial assez fin, comment ça fonctionne ?
02:42 Comment les projets remontent jusqu'à vous en quelque sorte ?
02:45 - Alors nous avons cette particularité d'avoir un ancrage territorial très fort,
02:50 c'est-à-dire que nous sommes implantés sur l'ensemble du territoire métropolitain,
02:56 avec une équipe de chargés de mission, nous avons 10 chargés de mission sur l'ensemble du territoire,
03:01 qui connaissent bien le territoire, parce que de fait de notre expérience,
03:06 qui connaissent bien les atouts des territoires, qui connaissent bien leurs difficultés,
03:10 qui captent justement les besoins nouveaux qui s'expriment,
03:16 et qui connaissent bien également les acteurs du territoire,
03:20 autant les financeurs que les collectivités territoriales,
03:23 les acteurs comme les chambres régionales, l'économie sociale et solidaire,
03:27 et donc ils arrivent à capter ces besoins, et surtout ces associations de citoyens,
03:34 qui parce qu'ils sont confrontés à un besoin, montent une association,
03:39 montent un projet innovant pour apporter des réponses aux besoins.
03:43 - On est dedans, allez-y.
03:45 - Et donc ça nous permet justement d'avoir cette proximité avec les territoires,
03:52 et d'être connus et reconnus, et donc y compris les projets viennent facilement à nous,
03:57 donc sur les quatre thématiques que je vous ai citées.
04:00 - Oui, on pourra prendre quelques exemples.
04:02 Donc on est vraiment au cœur de l'économie sociale et solidaire,
04:05 ce sont des projets associatifs ou des projets d'entreprise ?
04:09 - Non, la fondation Massif, une fondation est au service de l'intérêt général,
04:17 donc on soutient des structures qui développent de l'intérêt général,
04:22 et donc c'est surtout les secteurs associatifs,
04:25 on ne peut pas soutenir des entreprises, ni des scopes, ni des coopératives.
04:30 - Même si elles sont dans cet univers de l'économie sociale et solidaire.
04:33 - Même si elles font un travail énorme.
04:35 - Et parfois un travail pour l'intérêt général d'ailleurs.
04:37 - Et bien sûr, le travail pour l'intérêt général,
04:39 mais c'est surtout des structures associatives que l'on soutient,
04:44 et donc qui développent des projets, qui apportent des solutions concrètes
04:49 à ces besoins d'accès à la mobilité, d'accès à la santé, d'accès à un logement décent.
04:54 - Avec une orientation emblématique chaque année, c'est ça ?
04:57 Alors c'était quoi en 2023, ça sera quoi en 2024 ?
05:00 Quelle est l'idée derrière ça ?
05:02 - En 2019, nous avons fait le choix d'avoir deux orientations emblématiques.
05:07 La première, c'était sur les mobilités et l'accessibilité aux services essentiels,
05:11 qu'on a fait de 2019 à 2021, et la deuxième de 2022 à 2023,
05:16 mais qui va se poursuivre un petit peu en 2024,
05:19 c'est sur habiter durablement, habiter autrement pour mieux vivre ensemble.
05:23 Et nous avons fait ce choix de mettre 50% de nos ressources sur ces deux orientations,
05:28 parce qu'il nous semblait important d'inscrire une dynamique dans le temps,
05:34 c'est-à-dire de prendre le temps d'expérimenter avec d'autres acteurs
05:38 des projets communs autour des mobilités, des mobilités solidaires,
05:42 des mobilités durables, de la mobilité inversée aussi,
05:45 c'est-à-dire de dire quand la personne ne peut pas accéder aux services,
05:49 c'est le service qui va à elle, c'est les épiceries itinérantes,
05:53 c'est les camions de soins itinérants, c'est les bricobus itinérants
05:57 avec les compagnons bâtisseurs par exemple.
06:00 Donc ça c'est d'expérimenter, de regarder comment ces expérimentations
06:06 apportent des choses utiles à la transformation des territoires,
06:10 et utiles aux citoyens, et en particulier aux citoyens les plus fragiles.
06:15 Ça nous permet de capitaliser, et donc de regarder c'est quoi les freins,
06:20 c'est quoi les atouts, qu'est-ce qu'on peut faire pour que d'autres
06:23 puissent saisir de ces expérimentations.
06:26 - D'où l'importance de la durée, ça ne peut pas être trois mois.
06:29 - Ça ne peut pas être trois mois. Sur les mobilités, on a fait ça pendant
06:31 deux ans et demi, ça ne veut pas dire qu'on ne travaille plus sur les mobilités.
06:35 - Oui, oui, puisque vous nous l'avez dit, et vous travaillez aussi
06:38 sur la santé et la finance solidaire, ce n'est pas parce qu'il y a deux
06:42 orientations emblématiques que vous ne travaillez pas sur le reste.
06:45 - On a fait ces deux focus parce que ça nous permet vraiment de capitaliser,
06:48 de donner plus de visibilité, c'est question d'accès à la mobilité,
06:52 par exemple, d'accès aux services essentiels à travers différents types
06:56 de mobilités, différents types de mobilités accessibles au plus grand
07:00 nombre, et d'abord accessibles aux personnes les plus fragiles.
07:05 Je peux vous citer un exemple...
07:07 - Oui, c'est ce que j'allais vous demander, un exemple.
07:09 - Un exemple que je trouve assez extraordinaire, mais il y en a plein
07:13 à la Fondation, c'est le réseau des garages solidaires, par exemple.
07:17 Nous avons soutenu, il y a maintenant plus d'une dizaine d'années,
07:20 la création d'un garage solidaire qui s'appelle Apreva en Gironde,
07:24 à côté de Bordeaux. C'est un garage solidaire qui répare, remet en état
07:29 des voitures qui leur sont données, soit par des villes, soit par des
07:33 collectivités territoriales, des administrations, des entreprises,
07:36 des flottes de voitures d'entreprises, ou des dons de particuliers.
07:39 Ils les remettent en état et ils les permettent de les mettre à la vente
07:44 ou à l'allocation pour lever les freins de mobilité à des personnes
07:49 qui sont en recherche d'emploi ou en retour à l'emploi et qui n'ont pas
07:52 les moyens de s'offrir ou de s'acheter une voiture ou de louer
07:56 par une entreprise traditionnelle.
07:58 - Et donc ça a démarré à Bordeaux et c'est devenu un réseau,
08:00 c'est ce que j'entends.
08:01 - Oui, ça a démarré à Bordeaux, ils sont allés sur le Tarn-et-Garonne.
08:05 Aujourd'hui, il y a 43 garages solidaires sur 11 régions,
08:11 et ce qu'on soutient aujourd'hui à la Fondation, c'est la structuration
08:18 de ces réseaux parce que c'est important de...
08:21 - Ça reste une association.
08:22 - Ça reste une association, c'est une association tête de réseau
08:26 qui structure, fédère les garages solidaires, qui SM aussi
08:30 les garages solidaires sur les autres territoires pour apporter
08:33 justement des solutions de mobilité à ceux qui n'ont pas les moyens
08:36 d'accéder à une voiture. Et donc ce sont des associations
08:42 qui s'impliquent aussi, qui pensent transition écologique,
08:46 donc ils travaillent aussi sur ces questions-là de mobilité durable.
08:49 Donc ils évoluent aussi vers l'apprentissage du vélo,
08:53 la réparation de vélo, comme ils font de la réparation de voiture.
08:57 Et souvent ce sont des entreprises qui sont aussi des chantiers
08:59 d'insertion ou des écoles d'insertion, donc ils forment aussi
09:02 leurs salariés à de nouvelles qualifications ou à des qualifications
09:06 futures pour leur permettre aussi de trouver un emploi plus tard.
09:10 - Alors vous avez lancé le mois dernier, 15 novembre, je crois,
09:13 l'opération La Belle Rencontre. C'est quoi La Belle Rencontre ?
09:16 - Alors La Belle Rencontre, c'est un dispositif, c'est une opération
09:20 de budget participatif pour faire connaître auprès de nos délégués
09:24 et représentants sociétaires, auprès de l'ensemble de nos
09:27 10 000 salariés de la massif, mais aussi de nos 5,7 millions de sociétaires,
09:34 ce que fait la fondation, et de permettre à ces personnes,
09:38 à tous ces salariés élus et sociétaires, de pouvoir rencontrer
09:44 et vivre aussi, et partager ce que font des associations
09:49 sur le terrain, sur le territoire. Là, le thème que nous avons choisi,
09:53 c'est l'habitat. Toutes les structures que nous avons soutenues
09:57 depuis le début du quinquennat autour de notre thématique habitat,
10:01 donc habitat durable, participatif. Il y a 30 projets qui sont prévus
10:07 pour une subvention de 100 000 euros, et on fait rencontrer
10:13 les salariés, nos délégués et nos sociétaires à travers d'une plateforme
10:17 que l'on a un peu piquée à Tinder, donc sous forme de...
10:23 une plateforme dynamique, enfin de moments dynamiques, en fait,
10:27 rapides, où chacun peut cliquer, donner un coup de cœur à travers un clic,
10:33 à l'association qui lui paraît le plus proche de ses convictions,
10:38 de ses attentes.
10:40 – Merci beaucoup Françoise Larreur, et à bientôt sur Bsmart.net.
10:44 Merci d'être venue nous présenter la fondation.
10:47 Massif, on passe à notre débat santé et réchauffement climatique au programme.
10:50 [Générique]
11:03 – Le débat de ce Smart Impact avec Caroline Véran, bonjour.
11:07 – Bonjour Thomas.
11:08 – Bienvenue, vous êtes fondatrice-directrice de Croissance Bleue,
11:10 à vos côtés Rémi Martin, bonjour. – Bonjour.
11:12 – Le directeur général des vignerons de Buxi et le président des Vignerons Engagés,
11:16 quel nom de votre association qu'on va présenter dans un instant,
11:19 mais d'abord Croissance Bleue, Caroline Véran, c'est quoi ?
11:21 – Eh bien Croissance Bleue, c'est une agence qui accompagne les organisations
11:25 sur tous les enjeux RSE de développement durable,
11:27 une agence qui existe depuis 2018,
11:30 mais moi je suis tombée un petit peu avant dans ces sujets-là,
11:32 en amont de Paris Climat, donc considérant que ce qui se jouait
11:36 sur ces enjeux-là était le sens de l'histoire,
11:38 et donc l'agence accompagne les organisations et les filières
11:43 sur tous ces enjeux avec trois activités.
11:46 Une activité qui consiste à aider les dirigeants à structurer
11:50 des stratégies en cohérence avec leurs business models
11:53 et mettre en place des gouvernances,
11:54 donc on est vraiment sur la partie structuration de la stratégie.
11:57 Un autre pan d'activité, une fois qu'on a une feuille de route
11:59 et qu'on est solide sur les bases, on va accompagner les entreprises
12:03 en fonction de leurs besoins sur la feuille de route,
12:05 en faisant de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage
12:07 ou de l'exécution de projets.
12:08 Ça peut être sur des volets très techniques, environnementaux,
12:11 ou des volets sociaux, d'ancrage territorial.
12:13 Vous savez, la RSE est tentaculaire, donc on essaye d'aller partout,
12:16 soit en interne, soit en montant des équipes.
12:18 Et puis, en troisième activité, on aide les entreprises
12:22 à construire leur discours de preuve, que ce soit dans le cadre
12:24 d'une labellisation, d'une rédaction d'un rapport intégré,
12:27 et bientôt le rapport durabilité, ou devenir entreprise à mission.
12:31 Voilà, donc c'est assez vaste.
12:33 - Et ça, ce dernier point, il est très important,
12:35 parce qu'on voit même des entreprises qui font des choses
12:37 et qui n'osent pas en parler de peur de se faire attaquer
12:40 sur les engagements et les actions qui ont été prises.
12:43 Les vignerons engagés dans l'étude, j'ai dit vignerons
12:45 en développement durable, je ne sais pas pourquoi,
12:47 mais ça se rejoint. Vignerons engagés, c'est quoi ?
12:49 - Alors, vignerons engagés, d'ailleurs, vous n'étiez pas très loin,
12:52 puisque notre premier nom était vignerons en développement durable.
12:54 - Ah, vous voyez !
12:55 - Au moment où nous avions, en 2007, travaillé et créé un label
13:00 qui, depuis, je dirais, est adossé à ISO 26000
13:05 et audité par un tiers, en l'occurrence, AFNOR.
13:09 Donc, je dirais, c'est le premier label RSE de la filière 20
13:13 de la vigne au vert.
13:15 - D'accord. Qu'est-ce qu'on trouve dans ces engagements ?
13:18 Qu'est-ce qu'il faut faire pour obtenir le label, en quelque sorte ?
13:21 - Alors, on est typiquement dans les engagements du développement durable.
13:25 Vignerons engagés, je dirais, travaillent sur les trois piliers.
13:29 Bien sûr, le pilier environnemental, mais le pilier social-sociétal
13:33 et tout ça dans un pragmatisme économique, donc sur le pilier économique.
13:37 Voilà, c'est vraiment la particularité, c'est qu'on intervient
13:41 sur les trois piliers de la vigne au vert.
13:44 - On va parler, évidemment, santé, c'est vraiment l'axe principal de ce débat,
13:48 mais je voudrais quand même poser une question,
13:49 parce que la santé des travailleurs, c'est aussi la question des produits
13:53 qui sont utilisés dans la vigne, et c'est vrai que c'est un débat
13:57 qui n'est pas facile à trancher quand on est viticulteur.
13:59 Est-ce que les vignerons engagés font forcément du bio pour mettre moins de pesticides ?
14:03 C'est quoi la philosophie ?
14:05 - Alors, on n'est pas obligatoirement bio pour être vigneron engagé,
14:09 mais on peut être bio pour être vigneron engagé.
14:11 Alors là, on est vraiment dans une logique d'amélioration continue.
14:15 - C'est ça.
14:16 - Parce que le monde agricole, les pratiques agricoles,
14:19 ne s'inversent pas du jour au lendemain, et je dirais,
14:23 on est dans une évolution vertueuse et permanente.
14:28 Voilà, on devance même la réglementation dans les engagements que l'on prend.
14:35 - Alors, on va parler de l'impact du réchauffement climatique
14:38 sur la santé au travail dans ce secteur de la viticulture.
14:42 Quelques éléments, c'est l'OIT qui nous donne ces chiffres.
14:46 Au-delà de 33 degrés, un salarié perd jusqu'à 50% de sa capacité de travail,
14:50 et si on se projette vers 2030, les fortes températures devraient,
14:54 vous le voyez, réduire de 2,2% le total des heures travaillées dans le monde.
14:59 Caroline Véran, est-ce que, alors là, on va avoir une démonstration
15:04 que des entreprises s'en saisissent, mais est-ce qu'il y a une prise de conscience ?
15:07 Ou pas forcément, justement.
15:09 - Alors, sur ce sujet, sur l'articulation directe du réchauffement climatique
15:13 sur le travail, la santé au travail, et donc l'enjeu pour les organisations,
15:19 les entreprises de travail, ce sujet en particulier,
15:23 de mon point de vue, il y a un retard au démarrage,
15:26 qu'on peut expliquer pour trois raisons.
15:29 Le premier, c'est qu'en fait, il y a un biais mental qui fait que ce sujet de la santé,
15:35 on sait très bien que quand il fait très chaud dans notre sphère privée,
15:38 on sent que ça nous affecte.
15:40 Donc, le CESE a fait une étude qui a montré ce décalage
15:44 entre la perception que les gens dans la sphère privée ont
15:47 de l'impact du réchauffement climatique sur leur santé, et de 80%.
15:51 Et quand on pose la même question dans le monde du travail,
15:54 ça descend très vite à 30-35%.
15:56 Donc, en fait, on n'a pas la même lecture
15:59 quand on est dans la sphère privée ou la sphère professionnelle.
16:01 - On est au travail, donc c'est normal de souffrir ?
16:03 J'essaye de comprendre ce biais, quoi.
16:05 - C'est souvent, et on retrouve cette dichotomie, en fait,
16:09 qui est paradoxale dans de nombreux sujets, en fait.
16:12 On ne raisonne pas de la même manière dans notre vie privée
16:15 et dans le monde de l'entreprise.
16:17 Et on sait très bien qu'avec ces enjeux de transition environnementale et sociale,
16:20 il faut absolument décloisonner et faire de plus en plus de liens entre les deux.
16:23 La deuxième raison pour laquelle les entreprises ont un petit retard au démarrage,
16:27 de mon point de vue, c'est qu'on parle énormément,
16:31 et c'est tant mieux, du réchauffement climatique.
16:33 Et aujourd'hui, l'effort principal des entreprises
16:36 se concentre sur la question de la décarbonation.
16:38 Donc, il y a cet enjeu de mesurer son empreinte carbone,
16:41 de définir une trajectoire bas carbone,
16:43 de répondre aux accords de Paris Climat, c'est essentiel.
16:46 Et du coup, l'effort des entreprises se concentre sur ce volet-là
16:49 et ne prend moins en compte l'impact du réchauffement sur la santé.
16:56 - Donc, ça, c'est le deuxième, vous en avez un troisième.
16:58 - Mais le troisième m'échappe.
16:59 - Ce n'est pas grave, il reviendra sur moi un peu plus tard.
17:01 C'est toujours comme ça que fonctionnent les idées.
17:04 Est-ce que vous voyez, vous, Rémi Martin, les effets de ce réchauffement
17:07 sur les salariés, les ouvriers agricoles ?
17:09 J'imagine que oui. Et comment vous l'appréhendez ?
17:12 - Alors, on a vu et on est engagé dans toutes les réflexions
17:17 par rapport au changement climatique.
17:19 Et on l'a vu très rapidement, puisque le cycle de la vigne s'est décalé
17:23 au fur et à mesure des années.
17:24 - On vend en jeu de plus en plus tôt.
17:26 - Voilà, on vend en jeu de plus en plus tôt.
17:27 Donc, on a pu trouver des solutions.
17:29 Nos vignerons et leurs salariés vont trouver des solutions
17:31 pour les autres travaux de la vigne tout au long de l'année.
17:34 Il nous reste un problème qui est plus complexe,
17:39 mais c'est l'objet de cette réflexion.
17:42 C'est la période des vendanges.
17:44 Puisque, effectivement, la période des vendanges,
17:47 on ne peut pas mettre les vendanges en pause.
17:50 Quand le raisin est mûr...
17:52 - C'est vraiment un créneau, il faut y aller.
17:54 - Voilà. Donc, c'est surtout sur cette période que se cristallise,
17:58 je dirais, la difficulté.
18:00 - Parce qu'il faut y aller, même s'il fait 35 degrés ?
18:02 - Bien, non, pas complètement.
18:03 Parce que pour rentrer aussi des raisins de qualité,
18:06 il faut les rentrer à une température assez faible.
18:08 Alors, pour ce qui est en vendange manuel,
18:10 on ne peut pas commencer à vendanger avant le lever du jour.
18:13 Et il faut s'arrêter, selon la température, à 13h, à 14h.
18:17 Et donc, il y a aussi un autre volet.
18:20 Nos travailleurs viennent, nos vendangeurs,
18:23 aussi pour faire des journées complètes de travail.
18:26 Donc, il va falloir...
18:29 - Quels aménagements vous avez déjà mis en place ?
18:32 - Alors, justement, ça a été plutôt des aménagements individuels
18:35 faits par chacun.
18:37 Si l'association Vignerons Engagés, je dirais,
18:40 a décidé de s'emparer de ce sujet,
18:43 et d'ailleurs, ça a été décidé à l'unanimité
18:46 lors de notre dernier conseil d'administration,
18:49 qui était juste après les vendanges,
18:51 vendange qui a encore été marqué par un épisode,
18:54 on va dire tardif de canicule,
18:56 mais qui s'est trouvé en période de vendange.
18:58 Et on a décidé donc de s'engager et d'en faire un projet 2024.
19:03 Donc, c'est pour ça que la réflexion va s'engager.
19:08 On souhaite associer le plus grand nombre de gens
19:11 à cette réflexion, de façon à essayer,
19:14 c'est la méthode Vignerons Engagés,
19:17 on a la chance d'être des producteurs
19:19 de toutes les régions viticoles,
19:21 de partager des expériences, de partager des réflexions
19:24 pour trouver des solutions plus intelligentes.
19:27 - Et comment votre entreprise,
19:30 Comment Croissance Bleue intervient dans ce processus ?
19:33 Et finalement, quel conseil vous donner
19:35 à un secteur comme celui-là,
19:37 qui décide de prendre un bras-le-corps
19:39 à une thématique comme celle-là ?
19:41 - Alors, je vais revenir juste un petit peu en amont.
19:43 C'est vrai que c'était un moment assez important,
19:45 et pour l'agence et pour Vignerons Engagés.
19:47 C'est que nous, ce sujet-là, à l'agence,
19:49 de l'articulation justement du climat sur le travail,
19:52 c'est un sujet dont les entreprises s'en partent très peu.
19:54 On avait cette volonté de porter ce sujet-là,
19:56 et suite aux épisodes dramatiques qu'il y a eu cet été,
19:59 - Oui, il y a eu des morts, on ne s'en souvient pas forcément,
20:02 mais il y a eu des morts dans la Marne,
20:04 il y a eu des morts en Beaujolais.
20:06 - Il y a eu des enquêtes, des enquêtes sont ouvertes.
20:08 L'agence, moi, j'ai proposé au conseil d'administration
20:11 de s'emparer de ce sujet-là,
20:13 en disant qu'il était temps de traiter ce sujet véritablement.
20:18 Et c'est ça qui est important,
20:20 c'est qu'autant il peut y avoir des engagements diversifiés
20:23 selon les piliers de la RSE,
20:25 mais là, en l'occurrence, tout le monde s'est dit
20:27 que le rôle de Croissance Bleue était de mettre ce sujet
20:30 sur le devant de la table,
20:32 et de convaincre les directions de venir s'en emparer
20:35 et d'en faire une priorité stratégique.
20:37 Et maintenant, sur le deuxième temps,
20:39 la question va être de...
20:41 Alors, on a fait une première masterclass,
20:43 qui s'est jouée hier, d'ailleurs,
20:45 c'est le premier acte,
20:47 de commencer à sensibiliser et à parler de ce sujet.
20:49 Ensuite, on va les accompagner à lancer une grande enquête,
20:52 parce que c'est tout l'enjeu, en fait.
20:54 Vous posiez la question à Rémi,
20:56 de... Est-ce qu'il y a déjà des choses qui sont mises en place ?
20:59 La question, c'est que chaque filière a ses spécificités métiers,
21:03 et qui plus est dans le domaine de la véticulture,
21:06 selon les territoires, on n'a pas les mêmes pratiques agricoles,
21:09 et on n'est pas confrontés aux mêmes enjeux.
21:12 Et donc, le but est d'aller faire une grande enquête,
21:15 d'abord quantitative, et ensuite qualitative,
21:18 pour aller récolter le maximum de données terrain,
21:21 et c'est d'avoir déjà une première photographie extrêmement objective
21:24 de qu'elle est aujourd'hui sur la filière 20,
21:27 en prenant en compte les spécificités métiers et la granularité territoriale,
21:31 qu'est-ce qu'on peut retirer comme données,
21:34 et collectivement être d'accord sur ce constat,
21:37 et se mettre collectivement d'accord,
21:39 avec Vigneron, et le but, c'est aussi d'embarquer les autres participants de la filière,
21:42 dire comment on est prêts à changer l'organisation du travail.
21:46 Ça veut dire que dès l'été prochain,
21:49 pour les prochaines vendanges, il y aura des modifications ?
21:52 C'est votre objectif ?
21:53 Alors, comme le disait Caroline, on a commencé par la première masterclass,
21:57 l'enquête terrain et quantitative en ligne va se dérouler au cours du premier trimestre,
22:04 on bâtira un plan d'action, et on espère pouvoir engager
22:07 quelques actions concrètes dès les prochaines vendanges.
22:09 Dès les prochaines vendanges.
22:11 Est-ce qu'il y a des Vignerons qui sont un peu...
22:15 Vous voyez ce que je veux dire, ce n'est pas la priorité ?
22:19 Non, je crois que tout le monde...
22:21 Il y a autant de façons d'appréhender ces questions que de Vignerons, j'imagine.
22:26 Bien sûr, d'ailleurs, c'est ce que je vous disais,
22:28 c'est ce qui aujourd'hui se pratique,
22:30 et aujourd'hui, je pense que c'est en réfléchissant ensemble
22:32 qu'on peut trouver sans doute des solutions plus pragmatiques.
22:35 Non, le Vigneron, vous savez, le chef d'exploitation,
22:38 travaille avec son équipe, donc il est directement aussi concerné
22:42 par les conditions de travail et réchauffement.
22:45 Il n'y a pas la tentation de la mécanisation face à ça ?
22:48 C'est-à-dire, bon, après tout, on va mettre des machines
22:50 puisque c'est trop compliqué.
22:52 Il y a tout un tas de tâches qui sont déjà mécanisées,
22:55 mais certaines ne le sont pas, et pour certaines,
22:59 on n'a pas encore de solution technique.
23:01 Mais aujourd'hui, je crois qu'on va réellement s'impliquer là-dedans,
23:06 puisqu'en plus, c'est vraiment un sujet transverse
23:09 entre d'un côté notre pilier environnemental
23:11 et notre pilier social-sociétal.
23:13 Donc on va emmener le plus grand nombre de personnes,
23:17 et on espère aussi, à travers notre enquête,
23:19 recueillir l'avis de tous ceux qui ne sont pas encore
23:22 membres de Vigneron Engagé.
23:24 Merci beaucoup, merci à tous les deux.
23:26 Très vite, 10 secondes.
23:28 Le sujet social, il est vaste, et c'est un des enjeux,
23:32 et il y a l'intérêt d'aborder différents enjeux sociaux,
23:36 dont la question de la santé au travail,
23:39 mais la question aussi de l'attractivité des métiers,
23:41 d'articuler les deux.
23:42 Merci beaucoup, à bientôt sur Bismarck.
23:44 On passe à la rubrique Smart Ideas.
23:46 Smart Ideas avec Alexandre El Arrouchi.
23:55 Bonjour, bienvenue.
23:56 Bonjour.
23:57 Vous êtes le cofondateur, le président de REMA,
23:59 créé en juin dernier, avec Boris Bentalla et Cristina Cardova.
24:04 Avec quelle idée ?
24:06 REMA, c'est parti d'un constat d'une histoire familiale.
24:09 Mes parents sont médecins, approchant de la retraite.
24:12 Mon père me dit qu'on va devoir se séparer
24:14 de mon matériel chirurgical.
24:16 Est-ce que tu pourrais m'aider à le vendre ?
24:19 Je me renseigne sur ce qui existe pour passer la main
24:24 sur son matériel chirurgical.
24:26 Je me rends compte qu'il n'y a pas de solution.
24:29 Il y a des plateformes un peu généralistes,
24:31 comme Le Bon Coin, ce qu'on connaît,
24:33 mais pas de solution pour des machines biomédicales
24:36 et chirurgicales qui vont pouvoir trouver une seconde vie
24:41 dans un cabinet d'un jeune médecin
24:43 ou dans un nouvel établissement, un nouvel hôpital.
24:46 L'économie circulaire appliquée au milieu médical,
24:49 ça n'existait pas.
24:51 C'est quoi les contraintes quand on se décide ?
24:55 Ce n'est pas n'importe quel matériel.
24:57 C'est un matériel qui est réglementé.
24:59 On a beaucoup de contraintes au niveau de la réglementation,
25:02 par exemple des germes.
25:04 Une machine doit être complètement désinfectée.
25:07 Pour certaines machines, c'est assujetti à une autorisation.
25:12 Elles peuvent partir d'un médecin A vers un médecin B
25:15 ou d'une clinique A vers une clinique B.
25:17 Il y a parfois des contraintes réglementaires
25:19 selon la catégorie de la machine.
25:21 Ensuite, il faut avoir un carnet d'entretien,
25:25 un peu comme un avion ou un robot,
25:28 savoir pendant combien d'heures elle a fonctionné,
25:31 combien de cycles ont été appliqués à cette machine.
25:35 Il y a un élément très important,
25:38 c'est ce qu'on appelle la matério-vigilance.
25:40 Cette machine garde le marquage CE,
25:43 les normes CE,
25:45 de façon à pouvoir continuer à être utilisée
25:47 et respecte la matério-vigilance,
25:49 qui est un élément clé dans la responsabilité juridique
25:53 au niveau de la santé.
25:54 Qui sont vos clients ?
25:55 Des cliniques, privées, des hôpitaux, des médecins ?
25:59 C'est très vague.
26:01 Nos clients peuvent être des cliniques, des hôpitaux,
26:03 des médecins libéraux, des groupes de clinique,
26:05 des fondations qui gèrent des EHPAD, par exemple,
26:09 des institutionnels.
26:11 Ça va être très divers.
26:13 Et nos "fournisseurs", puisque c'est une plateforme,
26:16 ça va être des médecins qui peuvent partir en retraite,
26:19 mais ça peut aussi être des revendeurs
26:21 qui sont spécialisés par branches de métier,
26:23 comme le dentaire, l'ophtalmophobe,
26:25 la dermatologie, l'anesthésie,
26:28 toutes ces spécialités.
26:29 Votre modèle économique, c'est que vous prenez une marge
26:31 sur la transaction entre les uns et les autres, c'est ça ?
26:33 Alors, pas vraiment.
26:34 On prend une marge, une petite marge.
26:37 Là, c'est déjà quelque chose qui est de l'ordre de l'impact,
26:39 et un petit peu de l'éthique, c'est assez personnel.
26:42 Mais je considère que prendre une marge
26:44 sur un flux de machines,
26:46 alors que finalement, cette machine a été financée
26:48 par l'argent public,
26:49 puisque que ce soit chez un médecin,
26:51 dans un hôpital, dans une clinique,
26:52 c'est grâce à l'argent public qu'on fait fonctionner
26:54 cette machine, et donc on a pu la financer.
26:56 Je trouve que c'est un peu cynique de prendre une marge
26:58 et de fonctionner comme ça, donc non.
27:00 On prend une toute petite marge, mais cette marge est capée.
27:02 Donc la marge est de l'ordre de 10%,
27:04 mais elle est capée à 1 000 euros.
27:06 Ce qui fait que si on vend une machine à 20, 25,
27:08 40 000 euros, notre commission sera que de 1 000 euros.
27:11 D'accord.
27:12 Je vous laisse imaginer qu'on est parfois sur des machines
27:14 qui valent 100 000 euros, donc ça représente 1%,
27:17 donc c'est marginal.
27:18 Par contre, on va plutôt gagner notre vie
27:19 en vendant des services à côté.
27:21 Et notre métier est de donner accès à une information,
27:24 de créer de la liquidité sur le marché de la seconde main
27:28 dans ce secteur d'activité, et de venir y associer
27:31 des services pour que ça soit finalement aussi facile
27:34 pour les acheteurs et les vendeurs que du matériel neuf,
27:36 que ce soit un environnement très sécurisant, très fiable.
27:39 Et donc on va vendre des services comme des livraisons express,
27:42 des services de garantie, on applique des garanties
27:45 qui peuvent aller jusqu'à deux ans sur les machines,
27:47 on va gagner notre vie sur les garanties.
27:49 On va aussi proposer des services de financement
27:51 et des services de maintenance,
27:53 parce que le sujet, quand on a un respirateur,
27:55 un anesthésie, c'est qu'il y ait une garantie
27:58 de maintenance et de pièces pendant cinq ans.
28:00 Donc ce sont sur ces services-là qu'on va gagner notre vie.
28:03 - Merci beaucoup d'être venu nous présenter,
28:05 Réma, et bon vent à votre entreprise.
28:08 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:11 Je voudrais remercier Marie Billa à la programmation
28:14 et à la production.
28:16 Marie qui part vers de nouvelles aventures.
28:17 Merci d'avoir participé à cette émission.
28:20 Angèle Jean-Girard à la réalisation.
28:23 Thibaut Gourilafon pour le son.
28:25 Belle fin de journée sur Bismarck,
28:27 la chaîne des audacieuses et les audacieux.
28:29 Salut !
28:30 ...