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Comment partir du territoire pour imaginer des projets en coopération ?
Quelles dynamiques collectives entrepreneuriales peuvent réunir des acteurs d’un même territoire ?
Comment s’allier à d’autres acteurs locaux pour construire des nouvelles activités répondant aux besoins du territoire ?

Sophie Aouizerate, consultante, formatrice de projets participatifs et communautaires, nous décortique les démarches et méthodes de coopérations réunissant des acteurs d’un même territoire.
Transcription
00:00:00 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à ce dernier épisode des RMFNOS,
00:00:07 qui sont des Rencontres Nationales de la France.
00:00:09 Ce sont plusieurs ateliers pour vous apporter inspiration,
00:00:14 initiés par la Fédération Nationale de l'Offre de Services,
00:00:17 afin d'acculturer l'économie sociale et solidaire,
00:00:20 et de connecter aussi au monde de l'OSS,
00:00:22 de découvrir aussi les différents outils et méthodes qui existent
00:00:26 dans le champ de l'économie sociale et solidaire.
00:00:28 Alors, ces Rencontres Nationales de la France,
00:00:30 c'est une contribution de l'ensemble de la direction de l'Offre de Services
00:00:34 pour se mobiliser collectivement pour l'ensemble des adhérents.
00:00:38 C'est aussi une action qui a été impulsée par la FNOS
00:00:41 pour accompagner au développement des projets et structures de la MSA.
00:00:46 La FNOS qui fédère les têtes de réseaux créés par la MSA,
00:00:49 dont l'AVMA, la ZER Employ, Solidèle, Présence Verte et FN Marpa.
00:00:55 Alors, pour cet atelier, comment mettre la coopération au service du développement rural,
00:00:59 nous accueillons Sophie Aouzirat,
00:01:01 qui est consultante, formatrice des projets participatifs et communautaires,
00:01:06 qui nous décortiquera les démarches et méthodes de coopération
00:01:09 réunissant les acteurs d'un même territoire.
00:01:12 Sophie, je vous laisse la parole.
00:01:14 Merci, merci Issa.
00:01:16 Bonjour à tous, bonjour à toutes.
00:01:18 Donc, en effet, on se retrouve là pour une heure ensemble
00:01:21 pour parler de la coopération au service du développement du monde rural.
00:01:26 Juste un brouhouis pour compléter ma présentation.
00:01:28 Donc, en effet, je suis consultante, formatrice
00:01:30 sur ces questions de coopération et de projets participatifs.
00:01:33 Je travaille principalement avec le monde associatif et les collectivités
00:01:37 sur ces questions-là pour les accompagner à mettre en œuvre des projets
00:01:40 qui vont impliquer toutes les personnes concernées par ces projets.
00:01:44 Je suis en lien avec l'Institut des Territoires Coopératifs.
00:01:47 C'est par ce biais-là, d'ailleurs, qu'on s'est rencontrés,
00:01:50 qui est un institut qui produit de la connaissance
00:01:53 et accompagne aussi des collectifs sur ces questions de la coopération.
00:01:57 Donc, ensemble, là, ce matin, on va regarder un petit peu plus en détail
00:02:02 le concept de coopération en le liant avec un exemple très concret,
00:02:08 très opérationnel, de façon à lui donner aussi un peu de réalité
00:02:12 à ce concept de coopération.
00:02:14 On va regarder aussi le lien avec la question de l'économie sociale et solidaire.
00:02:18 Et puis, on va pointer des pratiques, des compétences, des outils
00:02:22 qu'on a déjà, qu'on sait déjà faire, pour justement faire grandir
00:02:26 ces attitudes, ces gestes de coopération.
00:02:30 Alors, déjà pour…
00:02:34 Issa, du coup, est-ce que vous pouvez passer les…
00:02:36 Voilà, merci.
00:02:37 Encore une fois, et ce sera parfait.
00:02:41 Sur la slide suivante.
00:02:42 Voilà, comme je n'ai pas la main, du coup, on fait un duo avec Issa
00:02:46 sur le passage des diapos.
00:02:49 Donc, l'exemple dont je voulais vous parler pour illustrer cette question
00:02:52 de la coopération, c'est le projet alimentaire territorial
00:02:55 d'une communauté de communes.
00:02:57 Donc, ce projet alimentaire territorial, c'est en fait un dispositif national
00:03:01 qui existe sur l'ensemble du territoire, qui est proposé par l'État.
00:03:05 Et ce sont les communautés de communes qui peuvent s'en emparer,
00:03:09 ou bien les pays, ou même les parcs nationaux aussi.
00:03:12 Et ce dispositif va permettre de rassembler l'ensemble des acteurs
00:03:16 sur un même territoire concernés par la question de l'alimentation.
00:03:20 Donc là, j'ai en effet fait apparaître plusieurs acteurs concernés
00:03:25 par cette question sur cette communauté de communes,
00:03:28 qui est à la fois urbaine dans le sens où la ville-centre est urbaine.
00:03:33 Par contre, tout l'espace autour est plutôt concerné par des villes
00:03:39 et des villages, puisqu'en fait sur cette communauté de communes,
00:03:42 80% du territoire, ce sont des espaces verts et des espaces agricoles.
00:03:46 Donc, on est vraiment dans une ambiance rurale sur cette communauté de communes.
00:03:51 La question alimentaire, elle concerne des acteurs qui sont extrêmement différents,
00:03:55 qui ne se connaissent pas.
00:03:57 Les filières ne sont pas forcément structurées, existantes même,
00:04:01 puisqu'il va y avoir la grande distribution.
00:04:03 Donc, dans la grande distribution, il y a à la fois des enseignes nationales,
00:04:07 mais il y a aussi des opérateurs beaucoup plus locaux.
00:04:11 Il va y avoir aussi les producteurs.
00:04:13 Donc là, je les ai mis tous dans la même case avec la question
00:04:16 de la reprise des exploitations.
00:04:18 Mais en fait, chez les producteurs, il y avait aussi des questions
00:04:21 très différentes entre les agriculteurs traditionnels, par exemple,
00:04:24 les agriculteurs biologiques, sur l'alimentation, sur les enjeux,
00:04:29 des questions assez variées.
00:04:31 Il y a aussi des populations assez précaires et qui du coup ont du mal
00:04:35 à accéder à une alimentation de qualité sur le territoire,
00:04:38 pour des raisons économiques, mais aussi pour des raisons d'accès
00:04:43 à ce type d'alimentation, même d'un point de vue culturel,
00:04:47 j'ai envie de dire.
00:04:48 Et puis, il y avait aussi les acteurs qui travaillaient justement
00:04:52 à rendre accessible l'alimentation, que ce soit les associations
00:04:55 caritatives du territoire, qui proposaient des distributions
00:04:58 très variées sur le territoire, mais aussi les initiatives
00:05:01 d'économie sociale et solidaire, que j'ai rajoutées,
00:05:05 ensuite, voilà, parfait, avec des entreprises ou des associations
00:05:11 qui, par exemple, récupéraient des invendus, transformaient
00:05:14 des matières premières pour les revendre ensuite à des prix
00:05:17 assez attractifs.
00:05:19 Dans le cadre de ce projet alimentaire territorial,
00:05:22 on a travaillé les liens entre ces acteurs, avec différents
00:05:26 temps de rencontre, donc là j'ai mis un extrait du planning,
00:05:29 en fait, de la concertation sur cette question du projet
00:05:33 alimentaire territorial.
00:05:35 On a cherché à chaque fois à faire en sorte que les personnes
00:05:38 se rencontrent, puissent se connaître, puissent identifier
00:05:42 aussi les différents objectifs, enjeux que les uns et les autres
00:05:45 portaient pour créer des relations qui allaient permettre
00:05:51 ensuite d'échafauder ensemble les axes stratégiques de ce projet
00:05:55 alimentaire territorial.
00:05:57 Donc on voit déjà que sur cette courbe du temps, que ça prend
00:06:00 du temps, justement, de faire en sorte que les personnes
00:06:03 se rencontrent.
00:06:04 Ça demande aussi une conception particulière sur ces temps
00:06:08 de rencontre.
00:06:09 Comment on va faire pour que les personnes puissent être
00:06:11 suffisamment en confiance pour échanger entre elles,
00:06:14 discuter, même si elles ne sont pas forcément d'accord,
00:06:17 en fait, et elles partagent des réalités extrêmement différentes.
00:06:21 Donc ça fait tout de suite écho, là, ce que je vous raconte
00:06:24 sur cet exemple, à la définition de la coopération.
00:06:29 Puisque la coopération, elle démarre déjà par les relations
00:06:34 humaines, c'est-à-dire la prise en compte du fait que la coopération
00:06:38 va s'inscrire dans les relations qu'on a entre nous, que les personnes
00:06:42 ont entre elles.
00:06:43 Alors ça peut sembler tout bête de dire ça, mais si on commence
00:06:46 déjà à prendre soin de ces relations et de ces mises en relations
00:06:50 entre les acteurs, on va être sur le chemin du développement
00:06:54 de la coopération.
00:06:55 Donc là, typiquement, dans l'exemple dont je parlais sur le projet
00:06:58 alimentaire territorial, on a travaillé cet enjeu en acceptant
00:07:03 que les acteurs aient des buts différents.
00:07:05 Ça veut dire qu'on peut ne pas être d'accord et coopérer ensemble.
00:07:08 Et c'est justement ça, en fait, la coopération.
00:07:11 C'est l'art de vivre dans le désaccord.
00:07:14 C'est le fait de se dire, voilà, OK, par exemple, entre un agriculteur
00:07:18 bio et un agriculteur traditionnel, j'ai un souvenir très précis,
00:07:22 une anecdote très précise de discussion entre eux qui était
00:07:25 assez houleuse dans un premier temps, puisqu'ils sont sur des enjeux,
00:07:31 des réalités, des objectifs différents.
00:07:33 Ils ont pu, malgré tout, parler, en fait, ne pas s'ignorer,
00:07:38 découvrir aussi, approfondir peut-être les points de vue de l'un
00:07:43 et de l'autre.
00:07:44 Et puis, surtout, à travers la rencontre d'autres acteurs,
00:07:47 par exemple, des responsables de la cantine, je me souviens,
00:07:53 de l'hôpital de la commune centre, qui avaient des enjeux particuliers
00:07:59 sur la restauration et des approvisionnements en grande quantité.
00:08:04 On a pu ensemble voir qu'il y avait une complémentarité,
00:08:07 en fait, entre ces différents types d'agriculture et qu'on avait besoin,
00:08:11 en fait, de l'ensemble des producteurs sur le territoire.
00:08:15 Et la question n'était pas tant bio ou pas bio, c'était plutôt,
00:08:18 comment ensemble on répond aux besoins du territoire.
00:08:21 Donc, c'est à travers ce type d'échange qu'on a pu travailler
00:08:25 ces enjeux, en fait, de vision différente et, du coup,
00:08:29 de prendre en compte...
00:08:30 Ah, c'est un lé...
00:08:31 Voilà, merci, ça allait un petit peu vite.
00:08:32 De prendre en compte la...
00:08:34 La coopération va permettre de prendre en compte la complexité,
00:08:37 c'est-à-dire la diversité des interactions, des liens qu'on va avoir
00:08:42 les uns avec les autres sur un même territoire ou sur un même sujet.
00:08:46 Et c'est bien cette complexité qui va faire, en fait, la richesse
00:08:49 et les possibles, les solutions qu'on va créer ensemble,
00:08:52 elles partent de cette complexité.
00:08:54 Donc, il va falloir forcément la prendre en compte et la travailler,
00:08:58 cette complexité, parce que c'est là, en fait, qu'il y a les pistes
00:09:01 d'action, de solution, de projet à créer ensemble.
00:09:05 Ça va nous permettre de grandir ensemble.
00:09:07 Là, sur cet exemple-là, avec le projet alimentaire territorial
00:09:10 et les différents types d'agriculture, eh bien, on cherche tous,
00:09:14 en fait, évidemment, à bien manger et à rendre accessible
00:09:17 le bien manger sur le territoire.
00:09:19 Ça, c'était une évidence pour tout le monde.
00:09:22 Maintenant, comment c'est possible ?
00:09:24 Comment on peut le faire tous ensemble ?
00:09:25 Là, on va tous se dépasser, en fait, et réfléchir ensemble
00:09:30 à des solutions qui vont nous permettre de développer des projets
00:09:35 qui vont nous faire grandir collectivement et qui vont aussi contribuer
00:09:39 à ce qu'on peut appeler la création d'une œuvre commune,
00:09:42 parce que coopération, en fait, quand on regarde l'étymologie du mot,
00:09:45 ça veut dire être coauteur d'une œuvre commune.
00:09:49 Coauteur, ça veut dire qu'on va tous agir, qu'on va tous être responsables,
00:09:53 en fait, de ce qui va se produire à travers nos rencontres
00:09:56 et nos discussions et nos actions.
00:09:58 Et puis l'œuvre commune, ça signifie que ce qu'on va produire ensemble
00:10:02 quelque part va nous dépasser, c'est-à-dire va être plus grand que nous,
00:10:05 que le « nous » initial.
00:10:07 Là, en l'occurrence, on l'a vu sur l'exemple du projet alimentaire territorial,
00:10:12 parce que déjà, ce qui était réfléchi comme axe stratégique et comme action
00:10:17 concernait aussi les générations futures du territoire,
00:10:21 mais concernait aussi pas que ce territoire-là,
00:10:24 puisqu'en fait, assez vite, les acteurs se sont rendus compte
00:10:26 qu'il fallait prendre en compte aussi les interactions avec les autres territoires
00:10:30 qui bordaient la communauté de communes,
00:10:32 puisqu'il y avait aussi forcément des échanges économiques
00:10:36 avec les producteurs, avec aussi des populations
00:10:40 qui étaient en proximité de certaines associations,
00:10:42 par exemple, sur un autre territoire.
00:10:44 Donc, on ne pouvait pas non plus tenir compte uniquement
00:10:48 du périmètre de la communauté de communes.
00:10:50 Donc là encore, la complexité intervient dans ce niveau-là,
00:10:54 mais elle relève aussi du territoire vécu,
00:10:58 des réalités humaines qui constituent le sujet et le territoire.
00:11:03 Et la coopération va demander aussi à ce qu'on tienne compte des signaux faibles.
00:11:10 C'était juste encore la slide précédente.
00:11:13 Les signaux faibles, c'est en fait tout ce qui va être
00:11:17 de l'ordre de l'implicite, de l'invisible,
00:11:20 des choses qui vont relever plutôt du ressenti
00:11:23 ou bien des habitudes, des choses qui ne sont pas forcément conscientes.
00:11:26 Et c'est tous ces éléments-là qu'on va devoir prendre le temps d'écouter
00:11:30 pour travailler justement les buts différents,
00:11:33 la complexité, le grandir ensemble, etc.
00:11:36 Donc, c'est de pouvoir prendre en compte ces signaux faibles
00:11:39 pour les interroger, les conscientiser aussi ensemble
00:11:42 et du coup, s'autoriser à faire peut-être un peu différemment
00:11:45 une fois qu'on les a conscientisés.
00:11:47 Je vais revenir après sur ces signaux faibles.
00:11:50 Ce que je voulais ensuite aborder en effet avec vous,
00:11:53 c'était les fondamentaux de la coopération.
00:11:57 Il y en a cinq.
00:12:00 Ces fondamentaux, ça va être vraiment des ressources
00:12:03 pour faire grandir la coopération,
00:12:06 pour faire grandir nos capacités et nos maturités coopératives ensemble.
00:12:10 Je vais vous en parler là rapidement,
00:12:13 mais bien sûr, on pourra revenir dessus ensuite
00:12:16 en fonction des questions que vous avez ou des remarques que vous avez.
00:12:19 La première ressource importante, ça va être la compréhension humaine.
00:12:24 C'est-à-dire, c'est notre capacité à prendre en compte l'autre,
00:12:29 à prendre en compte l'autre aussi dans ce qu'il vit
00:12:32 et pas uniquement dans une compréhension rationnelle, mentale.
00:12:37 C'est aussi une compréhension de l'ordre du ressenti,
00:12:41 de la compréhension de ce que l'autre vit,
00:12:43 de ce que l'autre ressent également.
00:12:45 Là, ça fait écho à ce que je disais sur les exemples
00:12:48 avec les rencontres autour du projet alimentaire territorial.
00:12:51 On a fait en sorte que même s'il y avait énormément de participants,
00:12:55 par exemple, le séminaire de lancement, il y avait plus de 100 personnes qui participaient.
00:12:59 Il faut pouvoir faire en sorte que ces 100 personnes,
00:13:02 à un moment donné, soient dans des relations interpersonnelles,
00:13:05 se parlent de personne à personne, de façon à réellement se rencontrer
00:13:09 et à réellement en ressentir aussi de ce que l'autre vit,
00:13:13 traverse, comprend, etc.
00:13:15 Donc, il y a une animation particulière à ce moment-là,
00:13:18 une mise en scène quelque part particulière à penser,
00:13:20 de façon à ce que les relations humaines puissent se déployer,
00:13:25 même si on est extrêmement nombreux.
00:13:27 Une autre ressource importante, c'est la prise en compte
00:13:33 des interactions entre le jeu, le « nous » et le « dans ».
00:13:37 C'est-à-dire, le jeu, c'est vraiment ce qui se passe entre moi et moi,
00:13:41 le positionnement personnel.
00:13:43 Le « nous », ça va être le groupe auquel j'appartiens.
00:13:47 Et puis, le « dans », c'est notre environnement.
00:13:49 C'est l'environnement, c'est l'espace dans lequel on évolue.
00:13:52 Et on s'aperçoit qu'en fait, il y a des interactions
00:13:55 entre ces trois dimensions-là qui font qu'on va,
00:13:59 au niveau individuel, au niveau collectif, avoir un impact sur notre environnement.
00:14:04 Mais dans l'autre sens aussi, notre environnement a un impact,
00:14:07 a une incidence sur la façon dont je vais me comporter,
00:14:11 concevoir les choses, mais aussi la façon dont nous,
00:14:13 le collectif dans lequel je suis, l'entreprise, le service, etc.,
00:14:18 va aussi se déployer.
00:14:20 Donc, prendre en compte ces interactions, ça nous permet aussi d'être plus justes
00:14:25 dans les propositions et dans aussi le processus de coopération.
00:14:30 Par exemple, la communauté de communes avec laquelle j'ai travaillé
00:14:34 était, comme je vous l'ai dit, donc à majorité rurale
00:14:37 et aussi dans un environnement montagnard.
00:14:40 Donc, on était aussi avec des villages qui étaient difficilement accessibles,
00:14:44 qui étaient assez isolés, surtout pendant l'hiver,
00:14:48 avec des personnes qui, du coup, je repense aux populations précaires
00:14:53 dont j'ai parlé tout à l'heure, dans les villages,
00:14:55 ce n'était pas du tout la même réalité pour ces populations précaires
00:14:58 que dans la ville-centre.
00:15:00 Dans les villages, les populations précaires n'étaient pas forcément très visibles.
00:15:03 L'action publique avait du mal à toucher ces publics-là.
00:15:10 Et donc, ce qui avait été travaillé, c'était de se baser sur les connaissances
00:15:15 du village par rapport à la population.
00:15:19 C'est-à-dire que ce sont des élus qui étaient extrêmement impliqués
00:15:23 dans le village, qui avaient travaillé sur une centrale d'achat
00:15:26 pour pouvoir favoriser l'accès à l'alimentation pour tous,
00:15:30 non pas en stigmatisant les personnes qui étaient plus en difficulté,
00:15:34 puisque tout le monde se connaît dans le village, il y avait peu d'habitants,
00:15:37 donc ça pouvait être assez inconfortable, délicat,
00:15:40 mais en étant plutôt sur une proposition de centrale d'achat
00:15:44 qui allait concerner l'ensemble des habitants du village.
00:15:47 Donc là, on voit bien que la façon dont on va construire des solutions ensemble
00:15:52 est complètement dépendante de l'espace, de l'environnement dans lequel on vit.
00:15:56 Le développement de la souplesse, alors je l'ai nommé comme ça
00:16:01 pour faire écho un peu à ce que je disais tout à l'heure
00:16:05 sur la conscientisation aussi des signaux faibles.
00:16:08 Une fois qu'on conscientise nos pilotes automatiques,
00:16:11 quelque part, on va pouvoir aussi s'en dégager, au moins un petit peu,
00:16:15 au moins essayer de faire un pas de côté pour regarder un peu
00:16:19 comment on peut interagir, se positionner autrement.
00:16:23 Donc là, la souplesse, elle fait écho à des fonctionnements
00:16:27 qu'on peut tous avoir et dans lesquels on peut des fois avoir tendance
00:16:31 à se cristalliser, de regarder aussi le positionnement un peu inverse
00:16:37 ou complémentaire vers lequel on pourrait aller.
00:16:39 C'est ce qu'on appelle les dialogies.
00:16:41 C'est l'idée que ces deux positionnements peuvent dialoguer ensemble
00:16:45 de façon à être un peu dans une souplesse entre les deux
00:16:48 plutôt qu'être uniquement dans un comportement ou une posture
00:16:55 qui va être un peu crispée.
00:16:57 Par exemple, sur le projet alimentaire territorial dont je parlais,
00:17:03 il y a eu plusieurs exemples par rapport à ça.
00:17:06 Je repense notamment au positionnement d'un distributeur bio
00:17:11 qui était extrêmement vindicatif contre la grande distribution
00:17:15 en règle générale et qui était clairement dans un positionnement
00:17:18 de lutte contre la grande distribution pour tout un tas de raisons
00:17:26 qui lui appartenaient.
00:17:29 Au fil des échanges, au fil des rencontres que cette personne
00:17:32 a pu faire sur tous les temps de travail du projet alimentaire territorial,
00:17:38 il y a pu à un moment donné avoir une prise de conscience
00:17:42 sur le fait qu'on pouvait tout à fait entendre qu'il luttait
00:17:46 contre une certaine forme de distribution alimentaire
00:17:49 et d'accès à l'alimentation, mais on pouvait aussi entendre
00:17:52 qu'on pouvait faire ensemble et aller ensemble vers une autre réalité
00:17:57 de l'accès à l'alimentation.
00:17:59 Donc le fait qu'il ait pu discuter avec d'autres acteurs
00:18:03 de la distribution qui n'étaient pas forcément uniquement en bio,
00:18:07 mais qui partageaient ces objectifs sociétaux,
00:18:11 a pu les amener à passer d'une logique de lutter contre
00:18:16 plutôt à une logique d'aller vers.
00:18:18 Et là on voit bien qu'on n'est pas dans le même positionnement,
00:18:21 même physiquement, on ne va pas être dans la même logique
00:18:24 quand on est dans le lutter contre et quand on est dans l'aller vers.
00:18:27 Et c'est cette prise de conscience et ce glissement
00:18:30 qui va ouvrir la possibilité aussi de coopérer, de faire ensemble
00:18:35 et de penser ensemble des actions, des idées, des solutions.
00:18:40 La considération des signaux faibles, comme j'en parlais un petit peu
00:18:44 tout à l'heure, c'est notre capacité à nous regarder faire,
00:18:48 à me regarder faire individuellement et à nous regarder faire
00:18:51 collectivement. En fait, comment on fonctionne ?
00:18:54 Pourquoi on fonctionne de cette façon-là ?
00:18:56 Qu'est-ce qui prédispose nos ajustements ou nos décisions ?
00:19:01 Est-ce qu'on pourrait interroger ces prérequis-là ou ces impensés ?
00:19:06 Et qu'est-ce que ça pourrait produire de les interroger ?
00:19:09 C'est exactement ce type de questionnement qu'on va favoriser
00:19:12 dans la considération des signaux faibles, de façon à être plus en conscience,
00:19:17 à mieux discerner ce qui se joue pour soi, pour nous, dans l'environnement
00:19:22 et peut-être du coup à réajuster ou à s'autoriser à faire un peu différemment
00:19:26 en fonction de ce qu'on a compris de ce signal faible
00:19:29 et ce qu'on a envie d'en faire.
00:19:31 Donc, par rapport à cette ressource-là de la considération d'un signal faible,
00:19:40 il y a eu plusieurs exemples sur le cadre du projet alimentaire territorial.
00:19:47 Par exemple, au fil des échanges, on a décidé avec l'équipe de direction
00:19:53 de mettre en place des réunions territorialisées à l'échelle des bassins de vie,
00:19:57 parce qu'on s'est rendu compte, on a ressenti le fait qu'on risquait
00:20:02 d'être un peu hors sol, à faire des rencontres entre acteurs
00:20:05 qui étaient surtout thématisées au démarrage du processus de concertation.
00:20:12 On était beaucoup sur des thématiques qui étaient transversales,
00:20:14 donc qui permettaient aussi la réunion des acteurs,
00:20:16 mais qui avaient besoin de redescendre à l'échelle des bassins de vie
00:20:19 pour que les communes puissent aussi reprendre la main sur ces enjeux alimentaires
00:20:26 et puissent exprimer aussi leur singularité, leur particularité,
00:20:29 en fonction qu'elles soient justement en haute montagne ou dans la vallée,
00:20:32 qu'elles soient plus proches de la ville-centre ou au contraire très éloignées.
00:20:36 Les réalités n'étaient pas les mêmes, donc il y avait cette nécessité-là.
00:20:39 Donc, on a croisé les thématiques avec une approche territoriale,
00:20:42 avec ces réunions territorialisées, où certaines communes ont participé plusieurs fois,
00:20:47 puisque les bassins de vie, des fois, rassemblaient,
00:20:49 pouvaient concerner plusieurs communes, et elles se sont apportées ces espaces-là
00:20:55 pour parler aussi de leur point de vue, quelque part.
00:20:58 Il y avait besoin de prendre en compte les points de vue aussi particuliers des territoires.
00:21:03 Et puis, la dernière ressource, c'est le fait de partir du principe
00:21:08 que coopérer est un projet en soi, c'est-à-dire que,
00:21:11 là par exemple, sur le projet alimentaire territorial,
00:21:14 on a animé cette concertation, on a conçu les espaces d'échange,
00:21:20 de concertation, de production.
00:21:23 Ce projet s'est clôturé par une restitution, avec la présentation des axes stratégiques
00:21:29 qui avaient été produites à l'issue de toutes les contributions
00:21:33 qui avaient pu être faites sur tout le processus.
00:21:36 Donc, ça, c'est un projet en soi, qui a un début et une fin.
00:21:40 Mais il y a un autre projet, en fait, qui est travaillé derrière ce projet alimentaire territorial,
00:21:46 c'est le projet de la coopération entre les acteurs.
00:21:49 Et ce projet-là n'a pas vraiment de fin.
00:21:52 Lui, pour le coup, il est inconditionnel et en permanence à travailler.
00:22:00 Il va venir alimenter, percuter, en fait, le projet,
00:22:04 là en l'occurrence, le projet alimentaire territorial.
00:22:07 Donc, le fait de prendre soin du projet coopératif,
00:22:11 c'est-à-dire des relations, de la prise en compte des signaux faibles,
00:22:14 de toutes les interactions dont j'ai pu parler,
00:22:17 et de prendre soin de cet ensemble-là, tout au long du temps où on va être ensemble,
00:22:22 va permettre de produire, de se concentrer aussi sur des projets opérationnels.
00:22:27 Donc là, en l'occurrence, le projet alimentaire territorial.
00:22:30 Mais ensuite, une fois que mon intervention a été terminée sur la concertation,
00:22:35 ça a donné naissance à tout un tas d'actions, en fait, tout un tas de projets entre les acteurs.
00:22:40 Certains se sont découverts et ont créé ensemble des actions,
00:22:43 d'autres se sont rapprochés.
00:22:45 Et ça a permis aussi des évolutions en termes, par exemple, de cahiers des charges.
00:22:49 Je repense aux cantines, notamment, qui se sont inspirées de certaines communes,
00:22:54 qui avaient réussi à faire évoluer les cahiers des charges pour que, dans les cantines,
00:22:57 on puisse avoir accès aux producteurs locaux qui étaient sur la même commune, en fait,
00:23:03 qui étaient voisins de l'école.
00:23:05 Comment on pouvait travailler la question des normes,
00:23:08 parce qu'on sait que dans les cahiers des charges, les cantines,
00:23:10 c'est quand même assez réglementé,
00:23:12 pour justement avoir accès aux agriculteurs locaux,
00:23:16 donc de pouvoir développer de nouveaux projets, en fait, là,
00:23:20 mais qui allaient toujours être dans,
00:23:23 s'appuyer, en fait, sur la prise en compte et le soin qu'on allait accorder aux relations
00:23:27 entre les personnes, qui allaient favoriser, du coup, la coopération.
00:23:31 Donc coopérer est un projet en soi, ça signifie que le projet, par exemple, là,
00:23:36 du projet alimentaire territorial, ça ne peut pas être qu'un dossier, en fait.
00:23:40 Ça ne peut pas être qu'un fichier dans un ordinateur ou des papiers qu'on rassemble.
00:23:45 Ce sont des humains derrière et donc il va falloir développer une ingénierie humaine,
00:23:49 quelque part, pour qu'il puisse y avoir coopération entre les acteurs.
00:23:53 Voilà donc les cinq fondamentaux.
00:23:56 Voilà, donc ensuite, il y a quelques diapos qui détaillent
00:23:59 tout ce que je viens de vous présenter là,
00:24:01 mais on pourra y revenir en fonction des questions que vous avez.
00:24:05 Et puis, ce que je voulais aussi vous présenter comme élément de repère,
00:24:11 on va dire, par rapport à la coopération,
00:24:14 donc ça va être la dernière diapo, Issa, si vous pouvez, du coup, merci.
00:24:21 Voilà, ce que je voulais vous proposer pour terminer cette présentation
00:24:28 avant de passer à vos questions et vos échanges,
00:24:31 c'était les quatre caractéristiques des collectifs à forte maturité coopérative.
00:24:36 Donc, c'est un peu des points de repère qui vont permettre aussi
00:24:39 de nous situer individuellement et collectivement
00:24:42 sur notre évolution, en fait, à notre apprentissage quant à la coopération.
00:24:49 Ce qu'on a constaté, c'est que les collectifs qui avaient développé
00:24:52 une maturité coopérative importante, souvent étaient des collectifs
00:24:56 qui montraient une capacité à être dans un écosystème apprenant,
00:25:00 c'est-à-dire qu'on va tous être apprenants les uns des autres.
00:25:04 Il n'y a pas un sachant et des étudiants ou des élèves d'un côté,
00:25:08 on va tous s'apprendre les uns des autres dans un collectif,
00:25:11 que ce soit un service, une entreprise, une association
00:25:14 ou un collectif de citoyens, peu importe.
00:25:17 Là, en l'occurrence, par rapport au projet alimentaire territorial,
00:25:20 on est parti de ce principe-là en se disant que tous les acteurs
00:25:24 avaient intérêt à se découvrir, en fait, et à apprendre
00:25:27 des réalités des uns des autres. Donc, on a permis des temps
00:25:30 qui étaient dans cette logique-là d'apprentissage mutuel.
00:25:35 Une deuxième caractéristique, c'est le leadership contextuel,
00:25:38 c'est-à-dire qu'il n'y a pas forcément un leader ou une leadeuse
00:25:42 permanente sur ce type de collectif, mais qu'on est plutôt
00:25:47 dans un leadership qui va pouvoir tourner en fonction du contexte,
00:25:52 en fonction des compétences, en fonction des besoins,
00:25:54 en fonction des projets sur lesquels on travaille.
00:25:57 Ça nécessite une clarification des rôles.
00:26:01 Ça veut dire aussi que là, on va pouvoir travailler
00:26:04 les signaux faibles, parce que quand le leadership
00:26:07 change de personne, on va devoir forcément aborder
00:26:11 la façon dont on considère le leadership, la façon dont
00:26:15 on souhaite l'investir, et puis les autres personnes
00:26:18 qui ne sont plus leadeuses à ce moment-là vont pouvoir
00:26:21 aussi faire des retours à ceux ou celles qui investissent
00:26:25 ce rôle-là à un instant T.
00:26:27 Donc là aussi, on va être dans un co-apprentissage
00:26:29 quelque part autour de cette fonction de leadership contextuel.
00:26:33 La troisième caractéristique, c'est la relation inconditionnelle,
00:26:37 c'est-à-dire qu'on va partir du principe que ce qui compte,
00:26:40 c'est qu'on soit en relation, c'est qu'on puisse se rencontrer
00:26:43 même si on n'est pas d'accord, même si on est sur des enjeux différents,
00:26:47 on a des objectifs différents.
00:26:49 Donc ça, ça fait partie des fondations de la coopération,
00:26:54 et c'est ce qu'on a constaté dans les collectifs qui arrivent
00:26:58 à développer une maturité coopérative et surtout à la faire vivre,
00:27:02 c'est de rester dans cette relation inconditionnelle,
00:27:04 c'est-à-dire de prioriser la relation.
00:27:07 Alors ça ne veut pas dire qu'on va forcément trouver
00:27:10 des terrains d'entente ou forcément trouver des accords entre nous,
00:27:16 c'est plutôt comment on fait avec les éléments qui nous séparent,
00:27:19 comment on fait avec le désaccord qu'on a,
00:27:21 comment on avance avec ce désaccord,
00:27:24 comment on va le travailler ensemble.
00:27:26 C'est plutôt ça cette question, et donc on voit bien que dans la question,
00:27:28 on sous-entend que la relation va se poursuivre.
00:27:32 Alors après, dans une certaine limite aussi,
00:27:35 parce que la coopération ne veut pas dire qu'on accepte tout, tout le temps.
00:27:38 On peut aussi, et c'est même recommandé,
00:27:41 exprimer les limites individuelles ou collectives qu'on peut avoir
00:27:44 pour dire les sujets sur lesquels on ne souhaite pas aller
00:27:47 ou les mises en scène ou les ambiances sur lesquelles on refuse aussi de contribuer.
00:27:54 Ça fait partie aussi du positionnement qui est à développer
00:27:58 pour faire croître cette coopération,
00:28:01 de pouvoir aussi se positionner et exprimer clairement aussi ses limites.
00:28:04 Et puis la quatrième caractéristique,
00:28:07 c'est ce qu'on remarque aussi chez ces collectifs,
00:28:11 c'est qu'ils veulent exprimer une certaine sérénité,
00:28:14 une certaine joie,
00:28:17 le fait d'être épanouis à se retrouver et à travailler ensemble.
00:28:24 Parce qu'on va grandir ensemble, on va se développer ensemble,
00:28:28 et donc ça, ça va produire aussi pour les acteurs
00:28:31 un certain sentiment de satisfaction et de joie
00:28:34 à se retrouver et à créer ensemble.
00:28:38 Donc voilà pour les quatre caractéristiques qu'on retrouve généralement
00:28:42 dans les collectifs à forte maturité coopérative.
00:28:45 Je vais m'arrêter là sur la présentation
00:28:48 et puis je veux bien entendre vos retours, vos remarques,
00:28:51 vos questionnements pour qu'on puisse peut-être creuser certains aspects
00:28:54 ou voir aussi d'autres exemples peut-être à partir de ce que vous vivez
00:28:58 de façon à ce qu'on puisse approfondir les choses ensemble.
00:29:01 Ok, très bien. Merci Sophie, j'ai arrêté le partage.
00:29:07 Merci pour cette présentation très intéressante
00:29:09 qui nous montre de façon, je dirais, non trop exhaustive
00:29:13 les fondamentaux de la démarche coopérative entre acteurs
00:29:16 sur le même territoire.
00:29:17 Parce que la coopération en laitier, c'est un phénomène très complexe aussi.
00:29:20 Et alors du coup, la phase des questions est ouverte.
00:29:26 N'hésitez pas à poser vos questions.
00:29:28 Si vous avez des réactions, n'hésitez pas.
00:29:31 Alors Elsa.
00:29:33 Oui, bonjour. J'ai trouvé très intéressant en fait tout ce que vous avez dit.
00:29:41 Et ça éveille beaucoup de questions.
00:29:44 Bon, je vais démarrer par une.
00:29:47 Il me semble que derrière la coopération, il y a beaucoup une notion d'empathie,
00:29:53 de reconnaissance de l'autre, d'attention particulière à l'humain.
00:29:57 Je pense que c'est bien de se le dire.
00:30:03 Parce que dans le cas de montage de projet,
00:30:05 on dit souvent que c'est l'affaire des hommes qui font le projet.
00:30:08 C'est les hommes qui font le projet.
00:30:10 Et que sûrement, dans certains projets, peut-être pour de bonnes raisons,
00:30:14 de contraintes, etc., on néglige un petit peu la partie humaine.
00:30:18 Cela étant, on constate, moi je constate avec l'âge et l'expérience,
00:30:23 que quand même les projets réussis, c'est grâce aux personnes qui l'ont conduit.
00:30:28 Et je me demandais, dans ce que vous avez exposé,
00:30:31 cette démarche exemplaire sur cette commune via le PATH,
00:30:35 j'ai compris que derrière ce programme, sur plusieurs années,
00:30:40 il y avait vous, en tant qu'animateur, organisateur,
00:30:44 je présume, de ce processus de coopération via un projet PATH.
00:30:47 Est-ce que vous pourriez être un peu plus concrète
00:30:51 sur justement l'attention et la veille que vous avez pu
00:30:57 matérialiser en fait, de la phase du démarrage de l'idée du PATH,
00:31:03 et au fil des mois et des ans, comment concrètement vous avez fait
00:31:08 pour développer de la coopération humaine ?
00:31:13 Et est-ce que cela demande donc de la part de l'organisateur,
00:31:16 l'animateur de ce projet, l'accompagnateur de ce projet,
00:31:19 des compétences en sociologie, en ethnologie,
00:31:24 enfin, quelle formation vous avez pour amener tout le groupe
00:31:28 des porteurs de projet dans cette ambiance de coopération ?
00:31:31 C'était ma première question.
00:31:34 Ce n'est pas inné, je pense. Ce n'est pas forcément inné,
00:31:37 même si on est plus ou moins dans l'empathie,
00:31:39 c'est bien de se le dire.
00:31:41 Merci. Je vais répondre tout de suite.
00:31:48 C'est vrai que tout à l'heure, je me suis présentée un peu rapidement,
00:31:53 mais je peux développer davantage déjà.
00:31:55 Je vais commencer par ça, et puis ensuite,
00:31:57 je reprendrai les éléments que vous avez apportés.
00:31:59 Moi, j'ai plusieurs formations.
00:32:03 Mon premier métier, c'était assistante sociale, déjà.
00:32:07 Donc, sur la question de l'écoute et l'empathie,
00:32:09 voilà certainement qu'il y a une bonne base ici.
00:32:11 J'ai travaillé dix ans comme assistante sociale,
00:32:14 et puis ensuite, j'ai été responsable de structure socioculturelle.
00:32:18 J'ai ensuite repris mes études, j'ai fait un master au CNAM
00:32:21 sur le management de structure ESS.
00:32:25 Et après, je me suis formée au développement communautaire.
00:32:28 Donc, en fait, la prise en compte des groupes,
00:32:31 des communautés qui vont être sur un territoire,
00:32:33 notamment, c'est surtout ce type de communauté qui m'intéresse,
00:32:37 communauté territoriale, pour regarder
00:32:40 quelles sont leurs caractéristiques,
00:32:41 quelles sont leurs ressources, leurs compétences collectives,
00:32:45 et du coup, comment elles vont pouvoir traverser, justement,
00:32:48 des problématiques auxquelles elles sont confrontées.
00:32:51 Donc, j'ai pu mettre en place aussi, oui,
00:32:55 cette méthodologie de développement communautaire
00:32:57 à travers différents projets de développement territorial,
00:33:00 de réhabilitation de parcs, enfin, voilà,
00:33:04 tout un tas de projets autour de l'aménagement
00:33:06 et du développement territorial à partir de cette méthodologie-là.
00:33:09 Donc, c'est vrai que ce qui est nécessaire, en tout cas,
00:33:14 comme compétence, je ne dirais pas, ou comme discipline,
00:33:18 je ne parlerais pas que d'une seule compétence
00:33:20 ou d'une seule discipline, c'est plutôt la transdisciplinarité
00:33:23 qui va être nécessaire, c'est plutôt la capacité
00:33:26 à passer d'une discipline à l'autre,
00:33:28 à regarder les choses de façon à la fois très rationnelle
00:33:32 et à la fois très émotionnelle, à la fois sociologique
00:33:35 et à la fois psychologique.
00:33:37 Donc, il va falloir pouvoir développer cette capacité
00:33:41 à passer d'une compétence à l'autre.
00:33:43 C'est les récursions dont je parlais entre le jeu "nous" et "dans",
00:33:46 c'est cette capacité de prendre en compte plusieurs dimensions
00:33:50 pour regarder une réalité dans toute sa complexité.
00:33:53 Et là, pour repartir sur des choses plus opérationnelles
00:33:58 par rapport au projet alimentaire territorial
00:34:00 pour cette communauté de communes,
00:34:02 ça a nécessité beaucoup de discussions avec le porteur de projet,
00:34:06 donc les responsables, le service qui s'occupait
00:34:10 de ce projet-là, la communauté de communes,
00:34:12 et puis l'élu référent, de façon à ce qu'on puisse
00:34:15 - en fait, les discussions étaient autour de
00:34:18 quel espace on laisse aux personnes pour investir ce projet ?
00:34:22 Comment on fait pour que les personnes puissent s'approprier ce projet ?
00:34:26 Et évidemment, tous ce type de questions
00:34:29 viennent forcément percuter aussi la place des élus,
00:34:33 parce que les élus, eux, ont une idée très claire, généralement,
00:34:36 du projet qu'ils souhaitent voir déployé sur leur territoire.
00:34:39 Et donc, quel espace de discussion ils vont ouvrir
00:34:43 avec les acteurs concernés par ce projet ?
00:34:46 Donc, on a eu beaucoup de discussions sur les modalités d'échange.
00:34:50 Au début, pour vous dire les choses,
00:34:53 en plus je ne dis pas de quelle communauté de communes il s'agit,
00:34:56 donc ça tombe très bien, je peux vous expliquer les choses
00:34:58 vraiment sur l'envers du décor.
00:35:01 Au début, les axes stratégiques étaient déjà rédigés
00:35:05 par le service, validés par l'élu, avant qu'on démarre.
00:35:09 Donc, ça nous a beaucoup interrogés, on s'est dit,
00:35:12 du coup, à quoi ça sert qu'on ouvre ?
00:35:15 Donc là aussi, signal faible, du coup, qu'est-ce que ça signifie ?
00:35:19 Est-ce que ça signifie une crainte ?
00:35:22 Est-ce que ça re-questionne la concertation qui va s'ouvrir ?
00:35:25 Donc, on a pu questionner en confiance, tranquillement,
00:35:29 le porteur de projet sur ses intentions.
00:35:32 Et ça aussi, ça me permet de compléter votre question,
00:35:35 en fait, à compléter ce que j'ai dit,
00:35:38 la question des intentions, elle est primordiale.
00:35:41 On peut prendre le temps, au démarrage d'un projet,
00:35:44 à questionner nos intentions, individuelles et collectives,
00:35:47 sur l'investissement de ce projet.
00:35:50 En fait, pourquoi ? Qu'est-ce qu'on cherche à travers ce projet ?
00:35:52 Qu'est-ce qui nous anime dans la mise en place de ce projet ?
00:35:55 Et de questionner les intentions, ça va nous permettre
00:35:58 de redescendre au niveau humain, justement, le niveau dont vous parliez
00:36:01 tout à l'heure, c'est-à-dire qu'on ne va plus être uniquement
00:36:04 dans un rôle, ou plus être uniquement dans la représentation
00:36:07 d'une structure, d'un service, d'une collectivité,
00:36:10 on va être aussi sur ce qui nous anime en tant qu'être humain.
00:36:13 Et sur cette question alimentaire, il y a des valeurs, en fait,
00:36:17 il y a des choses très sensibles qui sont touchées sur cette question alimentaire.
00:36:20 Et donc, de pouvoir les exprimer à ce moment-là,
00:36:23 ça permet déjà de resituer le projet et de voir,
00:36:27 là, en l'occurrence, on a pu mettre de côté
00:36:30 les axes stratégiques qui avaient déjà été rédigés,
00:36:33 en disant que c'était un travail préparatoire
00:36:36 qui était utile, mais que justement,
00:36:39 on allait pouvoir les remettre en discussion, ces axes,
00:36:42 qu'on allait s'autoriser à les définir,
00:36:45 à les réécrire à l'aune des échanges qu'on allait avoir
00:36:48 avec les acteurs. Donc déjà, dès le démarrage,
00:36:51 il a fallu poser ce questionnement,
00:36:54 de façon à ce que le porteur lui-même puisse
00:36:57 accepter de créer cet espace,
00:37:00 cet espace de discussion. Et au final,
00:37:03 les axes stratégiques ont été en effet revus,
00:37:06 alors pas en totalité, parce qu'il y avait des choses
00:37:09 sur lesquelles on se retrouvait, en fait, collectivement,
00:37:12 mais d'autres points sur lesquels il a fallu le réécrire.
00:37:15 Et la façon dont on a pensé les temps de concertation
00:37:18 était intimement liée aux acteurs eux-mêmes,
00:37:21 qui étaient invités,
00:37:24 au profil de ces acteurs. Est-ce qu'ils étaient,
00:37:27 la plupart d'entre eux ne se connaissaient pas,
00:37:30 étaient sur des réalités différentes ?
00:37:33 Donc on a soigné la rencontre,
00:37:36 on a mis en scène des temps d'échange
00:37:39 en petits groupes. Même si on était une centaine,
00:37:42 on a fait en sorte de prendre le temps d'échanger
00:37:45 en sous-groupe, et qu'il y ait des questionnements aussi
00:37:48 en sous-groupe, qui engagent les personnes, et pas uniquement
00:37:51 les rôles, en fait, des individus.
00:37:54 Qu'on soit sur un, là aussi, un engagement personnel.
00:37:57 Il y a une des réunions, je me souviens,
00:38:00 les participants ont pu proposer
00:38:03 aussi des idées de projets opérationnels.
00:38:06 Ça permettait d'alimenter la stratégie de façon un peu
00:38:09 opérationnelle. Et il y a des acteurs qui étaient
00:38:12 issus de structures complètement
00:38:15 différentes, comme je vous en ai parlé tout à l'heure,
00:38:18 qui ensemble ont imaginé comment
00:38:21 les repas distribués dans les maisons de retraite
00:38:24 pouvaient être presque thérapeutiques,
00:38:27 c'est-à-dire pouvaient être des recettes
00:38:30 qui émanaient des résidents de la maison de retraite,
00:38:33 et donc des recettes que les personnes connaissaient depuis
00:38:36 longtemps, et qui étaient des recettes aussi de valorisation
00:38:39 territoriale, quelque part, et qui allaient pouvoir être
00:38:42 travaillées avec les cantines de la maison de retraite.
00:38:45 C'était un projet un peu utopiste,
00:38:48 j'ai envie de dire, mais en tout cas, le fait de pouvoir
00:38:51 ensemble s'engager sur un projet qui nous touche,
00:38:54 quelque part, qui fait sens pour nous, pour nos aînés,
00:38:57 la façon dont on a envie aussi que ces personnes soient bien
00:39:00 sur leur fin de vie et puissent manger des choses qu'elles aiment
00:39:03 et qui ont du sens pour elles, forcément
00:39:06 on est dans un engagement personnel, en fait, on dépasse
00:39:09 là le cadre uniquement professionnel
00:39:12 ou de représentation de notre structure. Donc c'est ça aussi
00:39:15 l'enjeu.
00:39:18 Est-ce que j'ai répondu ? Je ne sais pas, est-ce qu'il manque des choses
00:39:21 pour vous ? Oui, merci.
00:39:24 Alors d'autres questions peut-être ? Émilie ?
00:39:29 Oui, c'est dans le même sens d'Elsa, moi c'était pour rebondir
00:39:32 sur la partie leadership contextuelle.
00:39:35 J'ai bien compris l'importance
00:39:38 de clarifier les rôles au fur et à mesure, le lien
00:39:41 très important avec le commanditaire
00:39:44 de se dire les choses, de voir quelles sont les intentions
00:39:47 derrière, mais j'avais un peu
00:39:50 la même question d'Elsa, de très concrètement, là je retiens
00:39:53 l'idée des petits groupes, l'idée des réunions
00:39:56 territoriales. Je me disais
00:39:59 quelle valeur ajouter ?
00:40:02 Vous l'avez dit, de donner la place aux communes
00:40:05 en prenant en compte les points de vue territoriaux, mais
00:40:08 parce que moi ça fait beaucoup
00:40:11 de lien avec ce qu'on met en place dans notre réseau national.
00:40:14 On est sur des rencontres thématiques transversales,
00:40:17 on s'interroge justement sur la mise en place
00:40:20 de rencontres locales qui n'auraient strictement rien à voir.
00:40:23 Et donc, ça m'intéresse
00:40:26 de savoir comment vous avez fait, voilà, concrètement
00:40:29 encore de manière opérationnelle, comment vous avez basculé
00:40:32 et comment vous vous dites les choses.
00:40:35 Ça paraît très simple quand vous le dites et en même temps
00:40:38 d'admettre
00:40:41 qu'on n'est pas d'accord et qu'il faut faire avec
00:40:44 et comment on en sort une solution.
00:40:47 Comment vous faites ? C'est par l'animation
00:40:50 des réunions, c'est par la facilitation, mais vous mettez quoi
00:40:53 en place ? Vous vous mettez d'accord avec le commanditaire ?
00:40:56 Est-ce que c'est le commanditaire qui parle ? Vous voyez ce que je veux dire ?
00:40:59 Peut-être de manière encore plus concrète,
00:41:02 vous faites comment ?
00:41:05 Oui, alors par rapport
00:41:08 à cet exemple des réunions territorialisées,
00:41:11 concrètement, ça passe d'abord
00:41:14 par une écoute individuelle
00:41:17 des signaux faibles. Donc c'est déjà
00:41:20 notre capacité à chacun, à chacune,
00:41:23 de se dire, tiens, là, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose
00:41:26 on ne va pas au bout, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose
00:41:29 qui ne va pas. Donc c'est juste, voilà, c'est quelque chose de très
00:41:32 modeste, ça démarque par quelque chose de très modeste.
00:41:35 C'est donc cette prise en compte d'abord
00:41:38 qui va, quelque part, me mettre de la puce à l'oreille, me faire dire
00:41:41 que, tiens, j'ai l'impression que, en fait,
00:41:44 j'entendais de façon très opérationnelle
00:41:47 sur les réunions territorialisées, les communes
00:41:50 très rurales ou un peu rurales ou un peu moins rurales
00:41:53 avoir des discours assez différents et du coup,
00:41:56 quelque part, ça empêchait la relation.
00:41:59 C'est-à-dire qu'il y avait des personnes qui disaient, bah oui, non mais forcément
00:42:02 chez vous, là, c'est pas possible de faire comme ça,
00:42:05 c'est complètement différent. Donc là, la différence devenait
00:42:08 un frein dans la relation et non pas une richesse.
00:42:11 C'est ça qui m'a mis la puce à l'oreille par rapport aux réunions territorialisées
00:42:14 où là, je me suis dit, tiens, j'ai le sentiment que, du coup,
00:42:17 il y a besoin d'un temps entre pairs. Alors,
00:42:20 pairs, là, pour le coup, c'était le bassin de vie.
00:42:23 Ça peut être après différents groupes de pairs,
00:42:26 mais là, en l'occurrence, c'était ça qui faisait sens pour les personnes
00:42:29 qui s'exprimaient, de façon à partager des problématiques
00:42:32 ou des visions communes.
00:42:35 Donc, une fois que moi, j'ai identifié ce signal faible,
00:42:38 effectivement, je l'ai partagé avec mes collègues,
00:42:42 avec le porteur de projet.
00:42:45 Je l'ai partagé aussi sous la forme de questionnements.
00:42:48 Le questionnement est capital dans la croissance
00:42:51 de notre capacité à coopérer.
00:42:54 Pouvoir se questionner soi-même
00:42:57 et les autres, ça permet aussi de laisser la place à l'autre.
00:43:00 C'est ce qu'on disait tout à l'heure sur l'empathie
00:43:03 et la reconnaissance de l'autre. C'est partir du principe que l'autre
00:43:06 va m'apprendre, en fait. Donc, moi, je ressens
00:43:09 là cet enjeu, cette chose qui est en jeu,
00:43:12 clairement, dans le processus de coopération qu'on a mis
00:43:15 en place. Je vois bien que là, il y a cet enjeu-là
00:43:18 qui se joue, qui a lieu. Et donc, je vais questionner,
00:43:21 là, en l'occurrence, les porteurs, sur cet enjeu.
00:43:24 Qu'est-ce qu'ils en pensent ? Est-ce qu'ils ont ressenti
00:43:27 le même signal faible que moi ou pas ?
00:43:30 Et qu'est-ce qu'ils ont à en dire, en fait ?
00:43:33 Et effectivement, le porteur de projet,
00:43:36 c'est venu résonner très fort avec une réalité
00:43:39 sur le territoire, que oui, en fait, les communes,
00:43:42 en fonction de leur positionnement, vallées, montagnes,
00:43:45 hautes montagnes, etc., ont du mal à se parler,
00:43:48 ont du mal à faire commun.
00:43:51 Et donc, peut-être, on s'est dit que c'était nécessaire de passer
00:43:54 par cette étape intermédiaire de réunion territorialisée
00:43:57 qui allait valoriser des positionnements particuliers
00:44:00 avant de les relier, parce que ce n'est pas le tout de valoriser
00:44:03 les singularités, il faut aussi pouvoir, après, les relier à l'ensemble
00:44:06 et pas uniquement rester sur « ah bah oui, chez vous, c'est différent,
00:44:09 donc on ne peut pas vous inclure quelque part dans la démarche ».
00:44:12 Non, chez vous, c'est différent, oui, et regardons ensemble,
00:44:15 du coup, qu'est-ce qu'on peut faire ? C'était plutôt ça,
00:44:18 l'intention qu'il y avait derrière ces réunions territorialisées.
00:44:21 Donc, en parler avec le commanditaire et puis ensuite concevoir
00:44:24 ces réunions territorialisées pour les relier, ouvrir l'espace singulier
00:44:29 qui était nécessaire pour les acteurs en question,
00:44:32 mais aussi relier cet espace à l'ensemble de la démarche.
00:44:35 Et donc, on a réfléchi à comment ce qui allait être produit
00:44:38 dans ces réunions territorialisées allait venir enrichir
00:44:41 l'ensemble du projet alimentaire territorial.
00:44:46 Et donc, ça, on a pu le travailler ensemble
00:44:49 avec le porteur de projet et du coup, avoir une conception,
00:44:54 une animation particulière de ces réunions.
00:44:56 Donc, pour ces réunions, on s'est déplacés sur site,
00:44:59 en fait, sur les communes qui souhaitaient nous recevoir.
00:45:02 Et c'est comme ça qu'on a eu beaucoup plus d'éléments,
00:45:05 en fait, beaucoup plus d'informations.
00:45:07 La centrale d'achat dont je vous parlais tout à l'heure,
00:45:09 c'est parce qu'on est arrivé en avance à la réunion.
00:45:12 L'élu en question nous a ouvert la salle et nous a expliqué
00:45:14 tout un tas de choses, en fait, nous a fait visiter,
00:45:16 quelque part, sa commune.
00:45:18 Et donc, on a eu accès à tout un tas d'initiatives
00:45:21 qui n'avaient pas émergé lors des réunions plus classiques,
00:45:26 on va dire, ou des séminaires ou des ateliers,
00:45:29 où on était là en grand nombre et on était dans la ville-centre.
00:45:31 Là, il y avait une valorisation, aussi une prise en compte
00:45:34 des savoir-faire locaux, en fait, et des initiatives locales
00:45:38 qui, en fait, s'apparentent complètement à de l'économie sociale
00:45:40 et solidaire, mais qui s'ignorent.
00:45:42 L'élu en question, elle ne nous a pas dit,
00:45:44 on a monté une initiative ESS, quoi.
00:45:47 Elle ne nous a pas du tout présenté les choses comme ça,
00:45:49 elle nous a présenté les choses de façon, voilà, modeste
00:45:52 et puis avec du bon sens.
00:45:53 Il y avait une question sur l'accès à l'alimentation,
00:45:56 voilà ce qu'on a imaginé faire et puis voilà comment on l'anime
00:45:59 et puis voilà comment on le fait.
00:46:00 Et de pouvoir valoriser cette action-là, au même titre que les autres,
00:46:05 et de la relier, en fait, à l'ensemble du projet alimentaire territorial,
00:46:08 c'est une façon aussi de refaire du lien avec l'ensemble de la démarche.
00:46:12 Donc, voilà, pouvoir écouter les signaux faibles,
00:46:16 pouvoir aussi formaliser les enjeux.
00:46:18 Et les enjeux...
00:46:19 Je peux vous interrompre ?
00:46:21 Oui, bien sûr.
00:46:22 Parce qu'on est peu nombreux.
00:46:23 Expliquez-nous comment vous êtes repassés des réunions territoriales
00:46:27 au global, au grain de plénière, en fait.
00:46:30 Expliquez-nous comment vous avez, en termes d'animation,
00:46:33 concrètement valorisé ce que vous aviez découvert
00:46:35 dans les petites communes.
00:46:37 Comment ?
00:46:40 Eh bien, de façon très concrète, en fait, ensuite,
00:46:43 on a fait en sorte que les réunions territorialisées s'insèrent
00:46:46 dans le calendrier global.
00:46:48 Et donc ensuite, il y a eu des groupes de travail.
00:46:50 Après les réunions territorialisées, il y avait des groupes de travail,
00:46:53 donc là, qui étaient plus opérationnels,
00:46:55 avec les acteurs plus techniques,
00:46:57 sur des thématiques qui venaient rencontrer
00:47:01 à la fois les thématiques des réunions thématisées précédentes
00:47:04 et à la fois les thématiques abordées par les réunions territorialisées.
00:47:08 Donc, en fait, on a revu les thématiques initiales
00:47:11 à l'aune des réunions territorialisées.
00:47:13 On a redéfini les sujets, quelque part,
00:47:16 une fois qu'on avait écouté les communes.
00:47:19 Et ici, on a invité les communes,
00:47:22 et notamment les services, à venir sur les groupes de travail
00:47:25 pour être dans l'opérationnel.
00:47:27 Une fois qu'elles ont pu exprimer leurs besoins,
00:47:30 leurs ressources très locales,
00:47:32 on les a invitées à venir sur des petits espaces,
00:47:35 puisque là, les groupes de travail, on était sur des invitations
00:47:39 autour de, on va dire, 20 ou 30 personnes.
00:47:43 Donc, on était vraiment sur des modèles plus réduits,
00:47:46 où là, on a pris le temps de creuser un sujet en particulier
00:47:50 qui faisait écho à ce qui avait été abordé
00:47:53 dans les réunions territorialisées,
00:47:55 pour être là dans l'opérationnel et dans des propositions concrètes,
00:47:58 ce qu'on pourrait travailler concrètement.
00:48:00 Par exemple, sur les cahiers des charges des cantines,
00:48:02 que vous avez parlé tout à l'heure, c'est à ce moment-là
00:48:04 que ça a pu se travailler.
00:48:05 Et à ce moment-là, on n'était plus dans le discours de
00:48:08 « chez vous, c'est différent, donc chez moi, c'est différent,
00:48:11 je ne pourrais pas faire ce que vous dites ».
00:48:12 Là, non, au contraire, c'était « Ah, vous faites comme ça ?
00:48:14 Mais alors, comment vous faites concrètement ?
00:48:16 Et comment je pourrais m'inspirer de ce que vous faites ? »
00:48:19 Donc, c'est comme ça qu'on a pu refaire le lien.
00:48:22 Merci.
00:48:25 Merci.
00:48:31 Ah, Issa, le micro est coupé.
00:48:33 Oui, merci Sophie.
00:48:34 En fait, j'ai une question, mais en fait,
00:48:37 elle rentre dans le cadre de la question de Sophie et aussi d'Émilie.
00:48:41 En fait, vous avez déjà répondu.
00:48:43 Du coup, je n'ai plus d'autres questions.
00:48:45 Je ne sais pas trop si parmi les autres,
00:48:48 est-ce qu'il y en a qui veulent intervenir,
00:48:50 il y en a qui veulent réagir ou compléter.
00:48:53 Je ne sais pas.
00:48:54 Question ?
00:48:55 Oui, merci Issa.
00:48:58 En fait, c'est une réaction par rapport à la présentation que vous avez faite au départ
00:49:02 et les fondamentaux que vous avez présentés,
00:49:04 où je m'interrogeais.
00:49:06 Pour moi, il manquait un élément,
00:49:08 mais que vous avez présenté après de façon beaucoup plus détaillée.
00:49:11 Et du coup, c'est la question du pourquoi que vous avez ramené.
00:49:16 Parce qu'effectivement, comme vous avez précisé,
00:49:19 on a eu, lors de la réunion de lancement,
00:49:21 une centaine de personnes qui étaient présentes.
00:49:23 Pour chaque personne, la question se pose de « Qu'est-ce qu'elle fait là ?
00:49:26 Pourquoi elle est venue en fait ?
00:49:28 Pourquoi elle est là et pas ailleurs ce jour-là ? »
00:49:30 Et donc, qu'est-ce qui fait qu'on a réussi à la convaincre
00:49:34 qu'au moins pour aujourd'hui, c'était important qu'elle soit là ?
00:49:37 Et ça, je dirais que si on n'y arrive pas,
00:49:40 la suite va être beaucoup plus compliquée.
00:49:43 Moi, j'aimerais éventuellement que vous reveniez sur cet aspect-là de la question,
00:49:51 parce que du coup, avant même de constituer ce collectif
00:49:55 et de le faire travailler ensemble,
00:49:58 il y a cette espèce de promotion qui est au départ un avant-projet,
00:50:04 une idée, une envie, une ambition, un problème à régler.
00:50:09 Et du coup, comment on fait pour arriver à identifier ?
00:50:13 Puisque, comme vous l'avez dit, les gens ne sont pas là pour les mêmes raisons.
00:50:17 Donc, la bonne raison bienveillante qui fait que ce projet est génial,
00:50:21 ça ne suffit pas.
00:50:23 On voit aujourd'hui les problèmes d'environnement et d'écologie.
00:50:26 Tout le monde est d'accord pour dire, oui, il faut faire des efforts.
00:50:29 Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut faire des choses.
00:50:32 Il ne se passe pas grand-chose derrière,
00:50:34 parce que les gens n'ont pas un intérêt direct et individuel.
00:50:37 Voilà, j'arrête là.
00:50:38 Donc, qu'est-ce qui a fait ?
00:50:39 Comment vous avez travaillé cette question-là ?
00:50:42 Oui, merci de revenir sur cet élément.
00:50:45 C'est vrai qu'il est vraiment capital.
00:50:47 Parce que quand on pose la question du pourquoi,
00:50:50 déjà, on est dans la mise à jour de certains signaux faibles.
00:50:55 Parce que des fois, on n'a pas forcément conscience.
00:50:57 On fait les choses là aussi de façon un peu automatique.
00:50:59 Il y a une réunion, tac, j'y vais, sans me poser la question.
00:51:02 Mais se poser et se demander, mais en fait, c'est vrai,
00:51:04 qu'est-ce qui m'anime ?
00:51:05 Quel élan ?
00:51:06 De quelle façon je suis arrivée jusqu'à cette réunion ?
00:51:09 Qu'est-ce qui m'a mis en mouvement sur ce sujet-là ?
00:51:12 Et de se poser la question déjà à soi-même,
00:51:14 et ensuite de partager ces réponses avec les autres personnes,
00:51:19 ça permet tout de suite de conscientiser ce qui va nous tenir,
00:51:25 ce qui nous motive sur ce sujet-là.
00:51:28 Et donc, ce qu'on a fait, c'est que dès le séminaire de lancement,
00:51:31 on a axé déjà la présentation de l'élu lui-même,
00:51:36 alors qu'il était tout à fait partant, je veux dire,
00:51:40 pour travailler de cette façon-là.
00:51:41 Et il était convaincu de porter cette démarche de PAT.
00:51:46 Il était très engagé sur le portage.
00:51:48 C'est un élément quand même important à souligner,
00:51:50 parce que ce n'est pas toujours le cas à ce point-là.
00:51:53 Et donc, il a été tout à fait d'accord pour, lui aussi,
00:51:56 dès le séminaire de lancement, se positionner bien sûr en tant qu'élu,
00:52:01 mais aussi en tant qu'habitant du territoire, en tant que personne.
00:52:04 Qu'est-ce qui le motivait ?
00:52:05 Qu'est-ce qui était important pour lui ?
00:52:07 Qu'est-ce qui avait de la valeur à ses yeux dans ce projet ?
00:52:10 Alors évidemment, ça se relie à une vision politique
00:52:12 et à un engagement politique, mais ce n'est pas incompatible,
00:52:16 je n'ai pas envie de dire,
00:52:17 mais de pouvoir le faire vivre de façon humaine.
00:52:20 Et donc, de lui-même se positionner de cette façon-là,
00:52:22 on a ensuite, dans les temps de rencontre en sous-groupe,
00:52:26 sur le séminaire de lancement,
00:52:27 on a démarré par ce questionnement-là pour que chacun, chacune,
00:52:30 dans le petit groupe, puisse se dire
00:52:32 qu'est-ce qui le motivait à être là.
00:52:34 Une fois qu'on avait dit l'entreprise ou le service
00:52:37 ou la collectivité que je représente, etc.,
00:52:40 on parlait après en tant que personne.
00:52:42 Alors, on ne l'a pas verbalisé de cette façon-là,
00:52:43 parce que si on dit aux gens « parler en tant que personne »,
00:52:45 ça ne veut rien dire, c'est compliqué de l'investir,
00:52:48 mais avec des questions autour de
00:52:51 « qu'est-ce qui fait que je suis venue à ce séminaire de lancement ? »
00:52:55 « qu'est-ce qui me motive profondément dans ce projet alimentaire territorial ? »
00:52:59 Par exemple, ce type de questionnement,
00:53:00 qui vont être des questions qui vont obliger à aller un peu plus en profondeur
00:53:05 sur les motivations et sur l'élan intérieur
00:53:08 qui nous amène à nous mobiliser sur ce sujet.
00:53:11 Alors, on arrive à des réponses qui sont plus engagées,
00:53:14 plus personnelles,
00:53:15 et le fait que la première ou la deuxième personne commence à oser s'exposer davantage,
00:53:20 ça engage aussi les autres,
00:53:22 parce qu'il y a un effet de résonance
00:53:24 entre ce que les personnes vont dire,
00:53:26 entre les valeurs qui sont exprimées aussi derrière,
00:53:31 les motivations profondes qui sont exprimées derrière,
00:53:33 vont faire que « moi aussi, je me sens concernée par cette motivation-là,
00:53:39 moi aussi, c'est ça qui m'a mis en mouvement sur ce sujet. »
00:53:41 Donc, de le faire de façon très concrète, très opérationnelle,
00:53:46 et je le travaille aussi, je pense à un autre exemple,
00:53:48 j'accompagne aussi une coopérative d'activité et d'emploi en milieu rural
00:53:53 qui accompagne des agriculteurs à monter leur activité,
00:53:56 et j'accompagne l'équipe de Permanent sur le développement de la coopération entre eux.
00:54:01 Eh bien, on a travaillé aussi à partir de ce questionnement-là.
00:54:05 Qu'est-ce qui fait aujourd'hui que je souhaite travailler,
00:54:08 enfin, je suis dans une réunion ou une formation pour travailler la coopération au sein de cette équipe ?
00:54:12 Qu'est-ce qui me motive derrière cet objectif-là ?
00:54:17 Et c'est là qu'on voit bien la différence aussi entre objectif, intention et enjeu.
00:54:22 Et c'est tous ces niveaux-là qui sont importants à prendre en compte
00:54:26 pour travailler la coopération et qui nous aident à concevoir le processus,
00:54:32 à concevoir les temps d'échange entre les personnes.
00:54:34 Comment on va les faire se rencontrer ?
00:54:37 Quelles questions on va leur poser ?
00:54:38 Parce qu'en fait, c'est tout ça qui va permettre de nous amener à réfléchir un peu différemment
00:54:44 ou à regarder les choses un peu différemment.
00:54:46 Ok, très bien. Merci, Sophie.
00:54:54 Et moi, je ne sais pas trop, il y a un mot que je ne peux pas trouver dedans, en fait, si vous voulez.
00:54:59 C'est « qu'est-ce que j'ai à gagner ? ».
00:55:03 Peut-être que ça va dans le sens de ce qui me motive,
00:55:06 mais « qu'est-ce que j'ai à gagner ? ». Est-ce que j'ai assez de raisons ?
00:55:09 Quelles sont les raisons qui me poussent à venir aujourd'hui ?
00:55:11 La question des raisons, en fait, si on a assez de raisons,
00:55:14 je pense qu'on va prendre part à ces temps de rencontre.
00:55:18 C'est juste ce que je me rajoute, en fait, dans ce que vous avez dit,
00:55:21 ce qui me motive.
00:55:22 Moi, à côté de ça, je vois qu'est-ce que j'ai à gagner, en fait.
00:55:25 Qu'est-ce que j'ai à gagner dans cette coopération ?
00:55:27 Pourquoi je viens dans cette coopération ?
00:55:29 Pourquoi je me trouve ici ?
00:55:30 C'est parce que j'ai quand même quelque chose à gagner.
00:55:32 Ça peut être de la maturité coopérative, ça peut aussi être autre chose.
00:55:35 Mais voilà, quand même, il faut avoir assez de raisons.
00:55:37 Je trouve que quand on a assez de raisons pour venir, on vient.
00:55:42 Oui, tout à fait.
00:55:43 Et c'est vrai que par le questionnement, on va aussi conscientiser les raisons.
00:55:46 Parce que des fois, on n'a pas forcément conscience, en fait,
00:55:49 de ce qui nous pousse tout au fond à venir sur des temps de rencontre,
00:55:54 où on reste à des raisons justement très rationnelles ou très professionnelles.
00:56:00 Et en fait, les places qu'on occupe, on ne les occupe pas par hasard.
00:56:04 On n'est pas par hasard dans le poste qu'on a,
00:56:08 on n'est pas par hasard sur les thématiques sur lesquelles on travaille.
00:56:11 Donc, de pouvoir conscientiser ça et le partager,
00:56:14 ça permet d'accéder justement à ce niveau plus implicite.
00:56:19 D'accord. Et du coup, Sophie, vous pourrez venir un peu.
00:56:22 Moi, je me laisse avoir.
00:56:23 C'est lors des échanges, lors des rencontres,
00:56:25 c'est la première question qu'on pose aux gens, en fait.
00:56:27 Qu'est-ce qui vous motive ?
00:56:28 Ou bien, c'est quoi votre conseil ?
00:56:30 C'est quoi le conseil que vous donnez, en fait ?
00:56:32 Alors, tout dépend de la mise en scène des rencontres.
00:56:35 Ça dépend si les personnes se connaissent déjà ou pas, combien on est.
00:56:39 Et puis là, encore une fois, c'est aussi quels sont les enjeux
00:56:43 de la démarche dans son ensemble, mais aussi de ce premier temps de rencontre.
00:56:46 En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'à un moment donné,
00:56:48 il va falloir faire connaissance et faire connaissance de façon personnelle,
00:56:51 j'ai envie de dire, engageante.
00:56:54 Donc, il va falloir passer par cette étape-là
00:56:57 où on s'engage en tant que personne et on verbalise son engagement.
00:57:01 Après, à quel moment ça doit se faire ?
00:57:05 C'est pertinent que ça se fasse ?
00:57:07 Ça, c'est à réfléchir au cas par cas.
00:57:09 C'est vrai que c'est aussi la particularité de tout ce que je vous présente là,
00:57:13 c'est qu'il n'y a pas une seule recette.
00:57:15 Du coup, la recette, c'est de suivre aussi ce qu'on comprend du moment,
00:57:20 ce qu'on interroge du moment, ce que les autres en disent.
00:57:23 Voilà, c'est notre capacité à conscientiser les choses
00:57:26 et à pouvoir les verbaliser, les partager.
00:57:28 Et ensuite, qu'est-ce qu'on en fait ?
00:57:30 S'il y a une recette, c'est ça.
00:57:32 Mais du coup, ça ne nous dit pas concrètement ce qu'il faut faire,
00:57:35 puisqu'à chaque fois, il faudra faire des choses à priori différentes,
00:57:38 différemment, en fonction des acteurs en présence, des enjeux,
00:57:41 de la réalité qu'on est en train de traverser.
00:57:43 Donc, ça veut dire, là aussi, on crée.
00:57:46 Là aussi, on est obligé de coopérer.
00:57:48 Moi aussi, j'ai été obligé de coopérer avec le porteur de projet,
00:57:51 avec les acteurs qui étaient là, que je ne connaissais pas non plus,
00:57:54 avant de les rencontrer à ce premier séminaire de lancement.
00:57:57 Il a fallu que j'apprenne d'eux.
00:57:59 Je ne pouvais pas être uniquement dans une posture, moi aussi,
00:58:02 de sachante en disant, on va faire comme ça, on va faire comme ça.
00:58:05 Maintenant, au début, je ne sais pas, je propose quelque chose,
00:58:07 et puis je vois comment les personnes se l'approprient, réagissent.
00:58:11 Et c'est cet apprentissage qui m'a permis ensuite d'ajuster,
00:58:15 de reproposer d'autres choses, de retester d'autres formats.
00:58:18 Donc, c'est vrai que pour ça, ce n'est pas toujours confortable.
00:58:23 Ça, par contre, je ne l'ai pas dit, mais ce n'est pas toujours confortable
00:58:26 parce qu'on est un peu déséquilibré, en fait, à des moments.
00:58:30 Comme je parlais de l'élu tout à l'heure, qui avait déjà,
00:58:33 sur son bureau, les objectifs stratégiques.
00:58:36 On a questionné pour se dire, tiens, en fait,
00:58:39 et si on les revisitait un peu, ce n'est pas confortable, clairement.
00:58:43 Tout à fait.
00:58:46 Alors, Émilie ?
00:58:50 Ce que je retiens, c'est que toutes les occasions sont bonnes
00:58:53 pour faire coopération.
00:58:54 Hier, j'ai eu la chance de participer à une journée d'immersion
00:58:57 dans le cadre du programme Inclusion et ruralité
00:59:00 que porte une de nos associations, Laser Emploi.
00:59:02 Et il y avait plusieurs personnes qui étaient venues visiter,
00:59:06 des lauréats, et ils en sont arrivés à parler du Pâte,
00:59:09 par exemple, local.
00:59:11 Donc, ça faisait beaucoup de lien, parce que j'avais eu la chance
00:59:14 de préparer cet atelier avec Sophie, et donc, je n'étais pas
00:59:17 complètement neuve sur ce qu'était un Pâte.
00:59:20 Et ils se sont transmis des informations sur le PAT local,
00:59:24 sur quelle place pourrait prendre tel acteur, justement,
00:59:27 qui n'était pas encore dedans.
00:59:29 Et je me dis que cette action de coopération au sein de Laser Emploi,
00:59:33 qui n'avait rien à voir avec le PAT, a permis d'alimenter,
00:59:40 de nourrir un autre projet en parallèle, et que donc,
00:59:43 toutes ces actions de coopération, parfois asynchrones, parallèles,
00:59:48 se croisent, parce que c'était évidemment des sujets,
00:59:52 des porteurs de projets qui portaient du maraîchage,
00:59:55 une légumerie, donc il y avait forcément du lien
00:59:57 avec l'alimentation.
00:59:59 Et donc, indirectement, ça venait alimenter
01:00:01 d'autres projets locaux.
01:00:03 Donc, voilà, c'est plus un témoignage pour dire que l'important,
01:00:07 c'est de coopérer, quels que soient les projets,
01:00:09 et qu'à un moment donné, ça va peut-être se...
01:00:16 Oui, très bien. Et Billy, on t'a perdu, on n'a pas entendu tes derniers mots.
01:00:20 Ah, j'avais un problème de réseau.
01:00:23 Là, ça va, là, ça va, c'est génial.
01:00:25 Que l'important, c'était de coopérer, et que ça se croisait
01:00:28 avec d'autres projets, souvent.
01:00:30 Tout à fait.
01:00:32 Oui, c'est ça, c'est la prise en compte des relations, en fait,
01:00:36 à tout moment. C'est exactement ça.
01:00:40 Prise en compte des relations, d'accord, très bien.
01:00:44 Et du coup, est-ce qu'il y a d'autres réactions ?
01:00:46 À quel moment vous vous êtes éclipsé de cette démarche
01:00:52 qui a duré plusieurs années ?
01:00:54 Est-ce que vous pensez que...
01:00:56 Est-ce que vous avez quitté la démarche, la méthode, l'accompagnement ?
01:01:00 Et comment le groupe, le porteur de projet, s'est approprié,
01:01:04 finalement, peut-être, cette...
01:01:07 Voilà, cette conscientisation de la coopération,
01:01:10 et que ça en était, qu'il fallait continuer à marcher ainsi ?
01:01:13 Quel est votre recul, vous, maintenant, par rapport à cet exemple
01:01:16 ou à un autre exemple ?
01:01:18 Est-ce que ça s'éduque ? Est-ce que ça s'apprend,
01:01:20 travailler en coopération, ou est-ce qu'il faut être toujours
01:01:22 là derrière pour guider, en fait ?
01:01:24 C'est ce que je veux dire.
01:01:25 Est-ce qu'il y a quand même une posture qui a évolué en trois ans,
01:01:29 et que maintenant, peut-être, c'est plus fluide et spontané,
01:01:31 et que les porteurs de projet fonctionnent en coopération ?
01:01:36 Oui, complètement. Ça s'apprend, et tout le monde peut l'apprendre,
01:01:39 en fait. D'ailleurs, on l'apprend tous, parce que c'est grâce à la coopération
01:01:42 que l'espèce humaine survit.
01:01:44 Donc, on en est tous capables et on a tous besoin de coopérer.
01:01:48 Donc, sur cet exemple-là, oui, complètement.
01:01:51 Moi, en fait, j'étais missionnée pour travailler sur la coécriture,
01:01:56 comment on coécrit les axes stratégiques du PAT.
01:01:59 Donc, du coup, il y avait un début et une fin.
01:02:01 Pour le coup, on était sur un projet très opérationnel.
01:02:04 Donc, je me suis arrêtée. On a travaillé pendant une grosse année,
01:02:07 ensemble, et une fois qu'on avait suffisamment de matière,
01:02:11 en fait, pour écrire ces axes stratégiques, la mission s'est arrêtée.
01:02:15 Donc, on a travaillé depuis le démarrage, parce que ça fait partie aussi des enjeux
01:02:19 quand on est intervenant extérieur, c'est de quelle façon les porteurs de projet
01:02:26 vont pouvoir, eux aussi, s'approprier cette façon de travailler,
01:02:31 ces outils, cette posture.
01:02:33 Donc, sans être dans un format de formation, parce que ce n'est pas du tout l'intention,
01:02:39 on va être dans une...
01:02:42 Ah, je crois qu'elle est partie.
01:02:45 Oui, elle s'est arrêtée.
01:02:46 Elle est déconnectée, peut-être.
01:02:47 Non, non, c'est juste qu'elle a coupé sa caméra.
01:02:49 Ah, OK. J'ai coupé parce que j'ai des interruptions de réseau,
01:02:52 alors je fais des essais.
01:02:54 OK, pas de souci. J'étais juste perturbée de ne plus vous voir tout d'un coup.
01:02:57 Oui, c'est ce que j'ai eu.
01:02:59 On va être donc dans cette préoccupation, dans ce souci-là,
01:03:03 de voir comment le porteur de projet va se sentir, en fait, dans cette posture.
01:03:08 Ce que j'expliquais tout à l'heure sur l'élu qui avait déjà rédigé,
01:03:13 qui avait déjà sur son bureau les axes stratégiques,
01:03:16 eh bien, on y va doucement, en fait.
01:03:18 Le but, ce n'est pas de mettre les gens à mal,
01:03:21 c'est plutôt de partir de là où en sont les personnes.
01:03:23 C'est-à-dire que, moi, c'est aussi cette posture-là,
01:03:27 et quelque part, en l'incarnant, ça permet aussi aux autres de l'incarner à leur tour,
01:03:32 c'est de se dire qu'on va partir de là où en sont les personnes,
01:03:36 de ce qu'elles ont compris et de ce qu'elles sont en capacité de faire.
01:03:40 Donc, une fois qu'on part de ce constat-là, c'est de pouvoir questionner ce constat.
01:03:45 Ah, les axes stratégiques sont déjà rédigés ?
01:03:47 OK, mais alors du coup, la concertation, quelle est sa fonction ?
01:03:51 À quoi ça va servir ? Comment ?
01:03:52 Mais de façon naïve, je veux dire sans être dans l'accusation,
01:03:57 c'est des sujets compliqués quand même,
01:03:59 donc je comprends qu'on ait besoin de rédiger au préalable,
01:04:02 il n'y a pas de souci avec ça, mais du coup, comment on le travaille ?
01:04:05 Donc, d'être dans ce questionnement, ça aide ensuite,
01:04:09 notamment là, je pense aux services en question, aux agents techniques,
01:04:14 d'être eux aussi dans le questionnement,
01:04:16 même s'ils peuvent être agacés au fond d'eux ou dans l'incompréhension,
01:04:20 eh bien, passons dans le questionnement.
01:04:23 Ça, ça va être une posture qui se développe, s'apprend
01:04:26 et continue de s'apprendre tout le temps, en fait.
01:04:29 C'est un chemin, la coopération, c'est clairement un cheminement
01:04:33 avec lequel on va évoluer, mais on n'est jamais une bonne fois pour toutes
01:04:36 bien installés, quoi, en fait.
01:04:38 On est toujours en train d'apprendre et de grandir par rapport à ça.
01:04:42 Et donc, suite à cette intervention,
01:04:45 eh bien, ensuite, l'équipe technique a continué d'animer des temps.
01:04:50 En fait, ils se sont pris au jeu.
01:04:51 Au début, ils étaient plutôt mal à l'aise à l'idée de prendre le micro,
01:04:55 déjà, devant une centaine de personnes, à l'idée d'animer des temps de rencontre,
01:04:59 ce n'était pas évident pour eux.
01:05:01 Et puis, au fur et à mesure que je le faisais, en fait,
01:05:05 eh bien, au fur et à mesure, ils ont pu eux-mêmes s'y essayer
01:05:09 et ils ont eux-mêmes mis en place des réunions d'information à la population.
01:05:13 Ce n'était pas prévu initialement parce que c'était un PAT vraiment technique
01:05:16 et professionnel, en tout cas, l'intention était celle-ci.
01:05:19 Et en fait, au fil de nos échanges, ils se sont dit,
01:05:23 oui, il faudrait quand même qu'on informe, peut-être pas qu'on consulte,
01:05:26 mais au moins qu'on informe la population sur les axes
01:05:28 qu'on est en train de travailler. Eh bien, on les a soutenus dans la mise en œuvre,
01:05:32 c'est-à-dire dans la réflexion, dans l'ingénierie, en fait,
01:05:35 de l'animation de ces réunions publiques, mais c'est l'équipe technique
01:05:38 qui s'en est occupée. Donc, ça a montré aussi leur capacité à faire,
01:05:44 à prendre en main et voilà, ils étaient tout…
01:05:47 En même temps contents d'eux et en même temps tout excité,
01:05:50 ils avaient un peu de pression, en fait, à l'idée d'animer…
01:05:53 Ils en ont en plus animé six, des réunions publiques,
01:05:55 donc c'était pas rien. Voilà, mais c'est une bonne illustration
01:05:58 de ce passage, en fait, entre le pilotage qu'on avait
01:06:03 et puis l'intérêt, c'est qu'évidemment, qu'ils puissent le faire eux-mêmes.
01:06:07 C'est évidemment ça l'objectif.
01:06:09 Très bien, je pense qu'il est déjà… On a moins de trois minutes,
01:06:18 du coup, on ne va pas déborder. S'il y a d'autres réactions,
01:06:24 n'hésitez pas, on laisse encore une personne réagir, sinon…
01:06:28 Elsa, vous voulez dire quelque chose ?
01:06:30 Alors, n'hésitez pas, Émilie a mis un petit sondage rapide
01:06:37 et n'hésitez pas à répondre.
01:06:39 Ah oui, il y a une fenêtre pop-up, là, c'est ça qui apparaît.
01:06:44 Oui, tout à fait.
01:06:45 Pour les participants.
01:06:52 Bon, sinon, je pense que s'il n'y a pas de réaction,
01:06:54 on va conclure.
01:06:55 Ok.
01:06:57 Merci.
01:06:58 Allez-y, Sophie, vous voulez rajouter quelque chose ?
01:07:01 Oui, je veux juste vous remercier parce que ce n'est pas un format
01:07:04 forcément évident. On pourrait s'interroger aussi sur le format.
01:07:08 Est-il coopératif ? Le webinaire, enfin, ça questionne aussi.
01:07:12 Et c'est aussi ça, la coopération, c'est de la mettre à l'épreuve,
01:07:16 quelque part, des réalités. Là, on est aux quatre coins de la France,
01:07:19 on fait avec et on se parle quand même et on avance quand même
01:07:24 et on réfléchit quand même ensemble.
01:07:25 Donc, voilà, ça prouve que les choses sont possibles.
01:07:28 Donc, je vous remercie.
01:07:29 Merci beaucoup.

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