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Présentation du guide des bonnes pratiques SFNDT pour une dialyse verte.
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00:00 [Musique]
00:10 On m'a demandé de venir vous présenter le guide des bonnes pratiques de la dialyse verte.
00:15 Donc c'est ce que je vais essayer de faire en le replaçant dans un contexte un petit peu plus large
00:21 pour justement expliquer un peu la nécessité de notre démarche.
00:25 Donc pourquoi verdir en fait, comme vous disiez, avant on se posait la question avec seul objectif de sauver les patients
00:33 sans forcément regarder un peu quelles étaient les externalités potentiellement négatives de nos pratiques sur l'environnement qui nous entoure.
00:41 Et puis depuis quelques années, voire quelques décennies, émerge en fait cette nécessité aussi pour les soignants
00:49 en dépit du projet noble qu'on poursuit, et bien de prendre en compte les externalités négatives de nos activités.
00:58 Alors je pense qu'aujourd'hui tout le monde est à peu près convaincu, en tout cas je l'espère, dans cette salle
01:03 de la nécessité d'intégrer ces enjeux-là dans nos réflexions et dans la construction des pratiques de soins.
01:09 Il y aurait mille et une choses à dire, énormément d'arguments possiblement à avancer pour justifier ça.
01:16 On parle souvent de réchauffement climatique, moi j'ai essayé là de vous amener un peu un autre paradigme,
01:22 un autre concept que probablement certains d'entre vous connaissent déjà, qui est celui des limites planétaires
01:27 qui a été théorisé par le Stockholm Resilience Centre en 2009 et puis réactualisé, la dernière réactualisation en 2023,
01:37 et qui définit l'espace sûr pour le fonctionnement de l'humanité à travers neuf limites qui sont des équilibres à la fois géo-écologiques,
01:50 des équilibres écosystémiques, qui fonctionnent avec une extrême complexité, mais qui jusque-là fonctionnaient avec une homéostasie à peu près respectée,
02:00 et que malheureusement les activités humaines sont venues un petit peu déséquilibrées.
02:07 Et donc sur ces neuf limites planétaires, aujourd'hui malheureusement on en a déjà dépassé six.
02:13 Donc le changement climatique évidemment en fait partie, mais il ne faut pas oublier l'érosion de la biodiversité dont on commence aussi à parler,
02:20 la perturbation des cycles géochimiques, notamment de l'azote et du phosphore de par l'activité de l'industrie agroalimentaire,
02:28 le changement d'usage des sols, la question de l'utilisation de l'eau douce, qui est aussi effectivement extrêmement importante en dialyse,
02:36 et puis l'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère.
02:40 Et par rapport à ça, ce qui nous intéresse, c'est notamment la production de déchets en dialyse,
02:45 et l'arrivée d'un certain nombre de plastiques et de matériaux chimiques non naturels, qui viennent perturber le fonctionnement normal des écosystèmes.
02:56 Donc voilà, aujourd'hui on en est là, six limites planétaires sur neuf dépassées,
03:00 qui menacent en fait la continuité du fonctionnement normal de l'humanité, et donc rien que ça, il est temps d'agir.
03:12 Alors ça peut paraître un peu loin de nous quand on parle de concepts qui peuvent très vite planétaires,
03:19 ça vient un peu nous peser de manière... ça parle pas énormément, et en fait il faut bien comprendre que tous ces problèmes sont là, maintenant, en France, en 2023.
03:33 Donc on est vraiment pas sur des choses qui sont lointaines pour les générations futures, ou pour des localités qui sont éloignées de nous,
03:42 et puis ça de toute façon, on l'a bien vu, chaque été vient battre des records par rapport aux précédents.
03:48 Donc vraiment quelques chiffres, pas forcément pour... enfin voilà, le constat il a déjà été fait, je pense que je fais que répéter ce qu'on entend de plus en plus dans les médias.
03:56 Mais voilà, l'année 2022 a été une des plus chaudes jamais enregistrée. Sur le sol français, on était en métropole, on était à plus 2,9 degrés par rapport aux températures enregistrées dans les décennies avant le début de l'ère industrielle.
04:14 Et donc pour vous rappeler, l'objectif de l'accord de Paris, c'est de ne pas dépasser les +1,5 degrés, voire 2.
04:20 Donc en fait là c'est un pic, qui va probablement revenir à quelque chose d'un peu moins hors des normes, mais pour vous dire que voilà, ce réchauffement il est déjà là,
04:31 il est en France, et il s'accompagne d'un certain nombre d'événements climatiques extrêmes, et ce schéma essaye un peu de les résumer.
04:39 Donc vous avez évidemment les incendies, et puis tout ce qui est sécheresse, etc. Donc voilà, c'est vraiment une réalité qui est déjà palpable aujourd'hui, et qu'on peut plus permettre d'ignorer.
04:52 Pourquoi on peut encore plus ne pas se permettre de l'ignorer en tant que soignants ?
04:57 Eh bien parce que ce changement climatique, c'est pas juste des perturbations géologiques, écosystémiques, mais c'est en fait une menace pour la santé globale,
05:09 pour la santé de nos patients, et pour la continuité de nos activités de soins, par tout un tas de mécanismes qui ont aujourd'hui bien été démontrés dans la littérature.
05:19 Que ce soit via des mécanismes directs, et notamment tout ce qui est événements climatiques extrêmes, et notamment les canicules, auxquelles nos patients insuffisants rénaux sont particulièrement sensibles,
05:30 mais aussi par des mécanismes indirects, notamment via la perturbation de certains déterminants naturels de santé, comme la qualité de l'air, la qualité de l'eau,
05:40 la modification des épidémiologies de certaines maladies infectieuses, la perturbation de la sécurité alimentaire, et puis aussi par tout un tas d'effets négatifs sur les déterminants économiques et sociaux de santé,
05:58 comme la déstabilisation géopolitique de certains États. Et on est un peu au corps d'un paradoxe, puisque le secteur de la santé exerce une pression importante sur l'environnement,
06:10 de part des activités de soins qui sont aujourd'hui extrêmement consommatrices, à la fois d'énergie, de matières premières, et qui produisent un certain nombre de pollutions.
06:21 Vous voyez là, c'est un article qui est paru dans le Lancet Planetary Health en 2015, et les chiffres vont bientôt être réactualisés.
06:29 Mais voilà, le secteur de la santé à l'échelle globale était responsable de pratiquement 4% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale,
06:37 une consommation d'eau qui est aussi non négligeable, et puis l'émission dans l'atmosphère d'un certain nombre de particules et de polluants atmosphériques.
06:47 Tout ça va avoir des répercussions sur la santé de nos patients. Et puis il y a des données plus proches de nous, qui ont été produites par le Shift Project.
06:56 Il y a un think-tank qui réfléchit à la décarbonation du système de l'économie française, avec un groupe de travail spécifique sur le secteur de la santé.
07:05 Et donc les derniers chiffres qui ont été actualisés, c'est ça. La santé en France, c'est 8% des émissions de l'empreinte nationale,
07:12 et il y a pratiquement 50% de ces émissions qui sont issues de l'achat de médicaments et de dispositifs médicaux tout le long de la chaîne de production.
07:22 Et en fait, la néphrologie et la pratique de la dialyse sont au cœur de ce paradoxe que je vous ai montré.
07:32 Et pourquoi ? Parce que les pathologies néphrologiques sont particulièrement sensibles au spectre des conséquences du changement climatique,
07:41 et que pour prendre en charge ces patients qui arrivent en insuffisance rénale terminale, on a besoin de les dialyser.
07:48 Et comme je vais vous le montrer, la dialyse a un impact environnemental qui est lui aussi majeur.
07:55 Donc voilà, tous ces liens entre changement climatique et maladies néphrologiques ont déjà été démontrés,
08:02 avec tout un tas de liens, que ce soit avec l'impact, comme je vous ai parlé, des canicules, de la modification de l'épidémiologie des maladies infectieuses, etc.
08:10 On va avoir l'augmentation de l'incidence et de la prévalence de l'insuffisance rénale aiguë, comme chronique.
08:17 Et puis on a aussi un risque qui est particulièrement prégnant pour nous en dialyse, c'est l'interruption de la continuité des soins,
08:24 qui représente un danger pour nos patients. Et ça a déjà été vu et étudié lors d'événements climatiques extrêmes aux États-Unis, par exemple.
08:33 Et de l'autre côté du spectre, on a une pratique de soins qui, de la façon dont elle a été conçue et dont elle a évolué jusqu'à aujourd'hui,
08:41 a une empreinte environnementale majeure, que ce soit en termes d'émissions de gaz à effet de serre, de consommation d'énergie, de production de déchets ou de consommation d'eau.
08:52 Et cet impact, si on continue sans changer nos pratiques, va être fatalement amené à augmenter,
08:59 puisque le pool de patients insuffisants rhénochroniques, du fait du vieillissement de la population et de l'augmentation des facteurs de risque de maladie rénale,
09:10 va être amené à augmenter. Et on est sur des projections qui tablent sur plus de 5 millions de patients dialysés dans le monde en 2030,
09:18 dont une très grande, une écrasante majorité en hémodialyse.
09:22 Alors, je vais juste vous faire un petit tableau rapide de l'impact environnemental de l'hémodialyse, pour que vous compreniez un peu
09:29 où est-ce qu'on est allé chercher les éléments qu'on a voulu expliciter dans ce guide.
09:36 Donc, juste pour vous donner une idée, ça c'est des travaux, c'est un résumé des travaux qui ont été publiés dans la littérature,
09:42 et un travail qu'on commence à faire ici en France, d'évaluer spécifiquement l'impact environnemental de la dialyse.
09:48 Donc, sur une séance, on est entre 45 à 60 kilos de CO2 équivalent.
09:54 Donc, ça ne parle pas forcément à beaucoup de personnes dans la salle, mais c'est pour vous dire que c'est les émissions de CO2
10:00 qui sont nécessaires à la production entre 0,75 et 1 kilo de viande bovine.
10:07 Si on rapporte ça à l'année, on est à 7 à 9 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre par patient et par an.
10:14 Donc, c'est à peu près les émissions pour 7 allers-retours Paris-New York pour un passager,
10:20 où c'est à peu près équivalent aux émissions de gaz à effet de serre d'un Français en moyenne en 2022.
10:27 La consommation électrique aussi est très importante du fait du parc de générateurs et de traitements d'eau notamment qu'on utilise.
10:35 On est à pratiquement 2500 kWh par patient.
10:38 Pour vous donner une idée, la consommation électrique annuelle moyenne par foyer est d'un peu moins du double.
10:46 Si on rapporte ça à toutes les modalités en France, on est à plus de 100 millions de MWh par an.
10:56 Donc, c'est la consommation électrique annuelle de pratiquement 15 tours Eiffel.
11:01 Sur la production de déchets, quand on est dans un système qui fait du tri de déchets et qui fait attention à cette problématique,
11:11 même en optimisant tout ça, on est à pratiquement 200 kg annuellement par patient,
11:17 ce qui est un peu moins de la moitié de ce que produit un ménage français.
11:21 Et si on devait pouler l'ensemble de la production annuelle de déchets pour l'hémodialyse en France,
11:25 on est à peu près à l'équivalent du poids de 1500 éléphants mâles adultes, ce qui approche de 9000 tonnes.
11:33 Et puis sur l'eau, évidemment, c'est une question à laquelle vous n'êtes pas insensible,
11:37 on est à 60 à 80 m3 de consommation annuelle par an.
11:41 Donc là encore, on s'approche de la consommation annuelle, voire on dépasse la consommation annuelle d'eau potable par français annuellement.
11:48 Et si on devait pouler l'ensemble de la consommation annuelle d'eau pour l'hémodialyse en France,
11:53 on est à pratiquement 4 millions de m3.
11:56 Et donc c'est la consommation annuelle d'eau d'un demi-million de personnes en Afrique subsaharienne.
12:01 Donc voilà, pour rappeler que c'est une ressource rare qui va amener à se raréfier de plus en plus.
12:07 Et qu'il est de notre devoir de prendre en compte ces questions là.
12:12 Donc il est urgent de transformer nos pratiques vers plus de soutenabilité.
12:16 D'abord parce que, je viens de vous exposer un petit peu le pourquoi du comment.
12:24 La communauté scientifique et médicale commence vraiment à prendre en compte l'urgence de cette question là,
12:32 avec des appels qui se multiplient.
12:35 Il n'y a plus un congrès par exemple qui se déroule sans qu'il y ait justement une session dédiée à cette question.
12:41 Et puis au-delà de ça, la législation aussi elle évolue,
12:46 elle évolue vers plus de contraintes pour encadrer la nécessaire transition écologique des pratiques et des usages.
12:54 Donc il y a le décret tertiaire pour ce qui est de la consommation électrique.
13:00 Et on devra être d'ici 2050, pour un certain nombre de bâtiments, avoir diminué de près de 60% la consommation d'électricité.
13:07 Il y a le deuxième décret que je vous montre là, celui du 1er juillet 2022,
13:13 qui fixe les règles pour rapporter ces émissions de gaz à effet de serre.
13:19 Et puis il y a aussi toute une législation sur la gestion notamment des déchets.
13:26 Donc voilà, d'un côté il y a la réalité des faits, et puis de l'autre il y a de toute façon la réalité juridique qui va nous rattraper.
13:34 Donc il va falloir s'y mettre.
13:37 Et du coup c'est dans ce contexte là que la SFNDT s'est penchée sur la nécessité de produire ce guide
13:44 pour venir répondre à une demande aussi des acteurs sur le terrain,
13:49 qui prenaient conscience de la nécessité de faire face à ces problématiques,
13:53 mais pour qui ce n'était pas toujours évident, faute de formation, de temps, etc.
13:57 Et donc ce guide a pour vocation un petit peu à essayer de guider sur cette voie là.
14:03 Donc rapidement, la SFNDT a pour mission de former les néphrologues tout au long de leur carrière,
14:11 d'éclairer sur les pratiques et les parcours de soins grâce à des recommandations,
14:15 et ce guide en fait partie, et puis aussi d'innover en soutenant la recherche.
14:20 Et on est là aussi dans une forme d'innovation.
14:22 Et puis il y a le Fonds de dotation de santé rénale, dont un des objectifs est évidemment de travailler sur ces questions là.
14:30 Et donc c'est dans ce contexte qu'a vu le jour à la fois un groupe de travail de néphrologie verte,
14:37 sous l'impulsion de Marie Vanourman, qui a été créé en 2020.
14:41 Et donc ce guide a été un des premiers gros projets phares de ce groupe de néphrovertes.
14:47 Et donc en 2022, avec l'aide du cabinet In Extenso et une équipe de soignants et de soignantes motivées,
14:55 on s'est lancé dans l'élaboration de ce guide.
15:00 Alors pour qui il est ? Pour l'ensemble des centres de dialyse, public, privé et associatif.
15:05 Pourquoi ? Eh bien pour éclairer les professionnels sur ces enjeux de développement durable, sociaux et sociétaux associés à la dialyse.
15:12 Et comme je vous disais, les guider dans le développement de stratégies adaptées.
15:16 Et comment ? On va en parler.
15:18 Proposer un ensemble d'actions à mettre en place.
15:21 Et puis décrire des retours d'expérience tirés d'actions clés pour vous montrer que c'est possible.
15:27 Et pour vous donner aussi des clés de personnes potentiellement à les contacter pour savoir comment mettre tout ça en marche sur le terrain.
15:37 Donc le guide est structuré en deux parties.
15:40 Il y a une partie bonne pratique qui parle d'abord de comment réaliser son bilan d'émission de gaz à effet de serre.
15:47 Je vais passer assez rapidement là-dessus puisqu'on a eu l'occasion d'en parler à la session de l'année dernière.
15:52 Mais voilà, un bilan d'émission de gaz à effet de serre, c'est évaluer la quantité de gaz à effet de serre qui est produite par votre activité sur une année.
16:00 Et tout ce que vous faites nécessite la mobilisation de flux physiques.
16:05 Et donc tous ces flux physiques, d'une manière ou d'une autre, comme on est dans une économie et un système industriel qui dépend des énergies fossiles,
16:13 va fatalement émettre des gaz à effet de serre.
16:18 Donc il y a des émissions directes auxquelles on pense de manière un peu naturelle.
16:23 C'est quand les voitures vont se déplacer, elles vont brûler du carburant, donc ça va émettre des gaz à effet de serre.
16:28 La production d'énergie, de chauffage, etc.
16:31 Mais il y a aussi toutes les émissions indirectes qui sont ce qu'on appelle des émissions cachées.
16:35 Et notamment tout ce qui sert à la production, à l'acheminement des dispositifs médicaux et des médicaments dont on dépend en dialyse.
16:45 Et donc il y a différentes approches pour réaliser son bilan d'émission de gaz à effet de serre.
16:49 Soit vous pouvez faire ça avec un prestataire spécialisé, ça demande un peu d'argent, ça demande aussi un peu de temps.
16:56 Soit capitalisé sur l'existant, il commence à y avoir une certaine littérature, à la fois internationale et puis française.
17:04 Et on essaye justement d'alimenter un petit peu ces données-là au fur et à mesure pour pouvoir se extrapoler à partir de données existantes
17:13 sans avoir à refaire tout ce travail-là qui peut parfois être fastidieux dans certaines structures qui ont des moyens limités.
17:21 Ou réaliser son bilan d'émission de gaz à effet de serre en interne.
17:24 Donc ça c'est le must, mais il faut avoir des gens qui sont formés en interne pour ce genre de pratiques.
17:29 Le deuxième élément qui est développé c'est comment élaborer une stratégie RSE et embarquer en interne.
17:37 Je laisserai à Noor vous en parler tout à l'heure.
17:41 Mais voilà, c'est défini par la Commission européenne comme l'intégration volontaire par les acteurs de préoccupations sociales et environnementales à leur activité
17:49 et leur relation avec les parties prenantes.
17:51 Et donc c'est une démarche qui est développée en cinq points.
17:55 Assurer un engagement de l'établissement, de la direction, du personnel.
17:59 Et pour travailler avec un certain nombre de centres sur le terrain, je peux vous assurer que c'est essentiel
18:04 et qu'on voit très vite la différence sur la vitesse et l'efficience avec laquelle on va avancer dans la démarche.
18:11 Il faut évidemment un diagnostic de l'état initial pour savoir où on va, où sont en fait les éléments sur lesquels on va se concentrer.
18:17 Elaborer un plan d'action et une feuille de route.
18:20 Et puis déployer des actions et motiver ces équipes.
18:24 Et puis ensuite suivre ces indicateurs clés pour être sûr qu'on est sur le bon chemin et s'il y a des choses à améliorer, le cas échéant.
18:32 Et puis ensuite le gros du guide, c'est ces leviers d'action.
18:39 Donc évidemment je ne vais pas tous vous les détailler ici, mais je vais vous montrer un peu comment est organisée,
18:46 comment est construite cette partie-là.
18:48 Et puis vous donner quelques exemples pour que vous ayez à voir un peu la façon dont on a réfléchi.
18:53 Donc en fait ces leviers d'action, c'est la partie 3.
18:56 Vous voyez là ce sont l'ensemble des questions qui vont être abordées.
19:00 Donc la question de la consommation d'eau, de la consommation d'énergie, de la qualité de l'air, de la gestion des déchets,
19:07 des achats durables, de la mobilité durable, la sobriété numérique, la préservation de la biodiversité,
19:14 optimiser les relations avec son écosystème et ses partenaires et optimiser les conditions sociales internes.
19:20 Pour chacune de ces thématiques, vous trouverez une introduction générale qui vient poser un petit peu le cadre,
19:25 une liste des actions à mettre en œuvre en fonction du temps nécessaire à leur application,
19:32 puisque évidemment ce n'est pas la même chose que de mettre en place une stratégie de tri des déchets
19:37 et puis d'acquérir un banalisateur pour pouvoir optimiser la gestion des dâcheries.
19:43 Donc voilà, on a essayé quand même de les classer pour que, aussi, vous commencez par des choses qui paraissent simples,
19:48 qui motivent les équipes et puis ensuite aller vers du plus en plus complexe.
19:52 Donc il y a ce code couleur-là.
19:54 Vous y trouverez aussi des fiches focus pour certaines actions qui nous paraissaient emblématiques
20:00 et qui sont un bon point de départ et puis un récapitulatif, comme je vous le disais,
20:04 d'un certain nombre de retours d'expériences sourcées qui vous permettront d'avoir des contacts vers qui aller.
20:10 Alors moi, je vais vous parler de trois éléments, l'eau, l'énergie et les déchets, pour vous donner un peu un aperçu.
20:17 Sur la consommation d'eau, les grands principes qui sous-tendent les actions, c'est d'abord on réduit,
20:22 ensuite on réutilise ce qu'on peut et puis dans un second temps, dans un troisième temps, on recycle.
20:28 Donc il y a un ensemble d'actions transverses dont vous pourrez aller prendre connaissance dans le guide,
20:32 qui sont quand même assez faciles à mettre en place.
20:35 Et puis c'est ce qu'on disait, il y a ces questions de suivi de consommation,
20:39 avec notamment des compteurs divisionnaires qui permettent d'identifier la consommation d'eau spécifique à la dialyse.
20:46 Plus loin, on va retrouver la nécessité de renouveler, la possibilité de renouveler certains traitements d'eau
20:53 d'optimiser leur maintenance et ça c'est des questions sur lesquelles on reviendra et c'est pas non plus ma spécialité,
21:00 donc je vais pas entrer dans le détail là-dedans.
21:02 Mais voilà, pour vous dire un petit peu comment, enfin pour vous donner une idée de comment ça a été construit,
21:06 limiter la perte d'eau rejetée par osmose inverse et ça c'est des choses sur lesquelles on travaille,
21:13 réduire le débit de dialysa avec toutes les questions que ça pose en concertation avec les néphrologues
21:19 sur les résultats qui ont été publiés dans la littérature, réutiliser l'eau de rejet de l'osmoser,
21:25 donc ça, ça obéit aussi à certaines, enfin c'est contraint aussi par certaines règles, certaines normes,
21:29 et on essaie de travailler là-dessus en faisant de la recherche à l'UTC pour proposer des solutions à l'avenir.
21:35 Et puis réutiliser le dialysa rejeté qui serait idéal pour boucler la boucle mais ça pose un certain nombre de problèmes.
21:41 Donc comme vous voyez, c'est en orange, c'est-à-dire que c'est pas des questions faciles à résoudre,
21:46 mais on se doit de réfléchir là-dessus. Et je vous montre un exemple d'un retour d'expérience,
21:53 c'est le retour d'expérience de la clinique de Saint-Exupéry à Toulouse qui a mis en place une cuve tampon de 3 m3
21:59 qui permet de récupérer une partie des eaux rejetées par osmose inverse et donc en 10 mois,
22:05 ils ont économisé pratiquement un peu plus de 1000 m3 d'eau. Et cette eau-là, en fait, elle est ensuite redirigée
22:12 pour soit alimenter les chasses d'eau, soit pour arroser, soit pour être utilisée dans le nettoyage des surfaces.
22:23 Donc voilà, ça donne des idées que c'est tout à fait possible. Sur la consommation d'énergie,
22:28 on est aussi un peu sur le même principe et le même raisonnement. Réduire d'abord sa consommation d'énergie
22:37 et puis utiliser de l'énergie bas carbone et quand c'est possible, avoir des bâtiments de haute qualité environnementale.
22:45 Donc ça commence toujours par suivre sa consommation énergétique. Puis ensuite, on a divisé ça par les différents postes de consommation.
22:54 Donc il y a le bâtiment et notamment sur l'énergie liée au bâtiment, l'utilisation de sources bas carbone,
23:00 de sources d'énergie passive avec une isolation primordiale et puis sensibiliser aux gécosestes et communiquer les bonnes pratiques.
23:08 Il y a la consommation d'énergie liée à la dialyse. Donc ça, c'est l'optimisation des usages des appareils électroniques
23:15 et puis renouveler quand c'est possible et nécessaire les parcs de générateurs qui maintenant prennent en compte ces questions-là
23:21 et sont optimisés d'un point de vue de consommation énergétique. Et puis pour réduire la consommation liée au bâtiment
23:31 avec un confort hygrothermique, favoriser la bioclimatisation des bâtiments et récupérer, si c'est possible, les calories et frigories
23:41 par des dispositifs de double flux. Mais vous voyez que là encore, on est sur des actions qui sont un peu plus complexes à mettre en œuvre.
23:49 Il y a toutes les questions liées à l'éclairage des bâtiments, notamment l'utilisation de luminaires en LED.
23:55 Et puis la pensée en amont, ces questions-là, évidemment, quand on construit un bâtiment de dialyse.
24:03 Et l'article 42 en est un très bon exemple avec un de leurs centres qui est le premier bâtiment de soins avec un label passif.
24:15 Et donc ça nécessite évidemment une discussion en amont avec les architectes, les ingénieurs, pour adapter ces éléments-là aux exigences
24:23 d'un bâtiment de santé et d'un bâtiment de dialyse. Et donc tous ces éléments, il y a encore l'expérience de Nefroquer qui est rapportée,
24:30 qui a mis en place entre 2005 et 2013 tout un ensemble de mesures sur ces différents postes que je vous ai évoqués
24:37 et qui a pu diminuer de pratiquement 30% sa consommation d'énergie dans ce contexte.
24:44 Et puis pour finir, je vous parlerai de l'optimisation de la gestion des déchets. Donc là encore, on est dans une démarche qui consiste d'abord à réduire,
24:51 puisque le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne produit pas, pour être dans les petites phrases qui collent dans la tête.
24:57 Trier, réutiliser et le recyclage ne vient qu'à la fin et il n'a de sens que s'il arrive au terme de cette réflexion.
25:07 Donc encore une fois, comme vous le voyez, réaliser un audit, savoir ce qu'on produit, comment on le produit et dans les actions,
25:14 une fois qu'on sait quelles sont les origines de nos déchets et leur nature, on peut réduire les quantités d'emballages générées,
25:22 notamment en discutant avec les pharmaciens et avec les industriels et les fournisseurs.
25:28 Il y a la question des dasseries qui est extrêmement importante en dialyse.
25:33 Réduire cette quantité de dasseries, elle peut passer par une meilleure définition de ce qu'est un dasserie à l'échelle de votre centre,
25:40 en accord avec les services d'hygiène. Mais juste pour vous rappeler qu'un dasserie, selon le code de la santé,
25:50 c'est des déchets qui présentent un risque infectieux du fait qu'ils contiennent des micro-organismes viables ou leurs toxines,
25:56 dont on sait ou dont on a de bonnes raisons de croire qu'en raison de leur nature, de leur quantité et de leur métabolisme,
26:02 ils causent la maladie chez l'homme ou chez d'autres organismes vivants.
26:06 Donc comme on connaît un peu le statut de nos patients, il y a très peu de déchets de soins qui correspondent réellement à cette définition.
26:14 La présence de sang dans un déchet de santé n'en fait pas spécifiquement un dasserie.
26:20 Alors là encore, ça nécessite évidemment d'en discuter avec les équipes d'hygiène, ce n'est pas quelque chose qu'on fait du jour au lendemain en claquant des doigts.
26:28 Mais donc voilà, il y a un objectif possible qui est en accord avec la loi.
26:32 Évidemment, il y a plein de barrières sur le terrain qu'on peut entendre, qu'on peut comprendre, mais il faut savoir qu'on n'est pas en dehors des clous
26:38 si on va vers une politique beaucoup plus stringente de gestion des dasseries.
26:44 Évidemment, même en l'absence de risque infectieux, les piquants, coupants, tranchants restent des dasseries.
26:49 Les produits sanguins à usage thérapeutique, mais donc ça c'est la poche de sang que vous n'avez pas pu passer en entier.
26:55 Et les déchets anatomiques, ça ne nous concerne pas spécialement en dialyse, en tout cas j'espère.
27:00 Et du coup, il y a des centres qui sont aujourd'hui pratiquement zéro dasserie en dehors des piquants, coupants, tranchants.
27:07 Donc voilà, ça donne matière à réfléchir.
27:11 La possibilité pour gérer ces dasseries, s'il en reste, d'acquérir un dispositif de déshydratation, compactation et banalisation.
27:20 Mais donc voilà, ça aussi, ça demande tout un ensemble d'actions à mettre en œuvre en amont.
27:26 Économiser, trier, recycler et valoriser les déchets en mettant en place des filières de tri en fonction de ce qui est possible de faire dans votre centre.
27:36 Réduire l'utilisation de produits à usage unique, et ça c'est une vraie question.
27:41 Et on est en train de travailler sur la pertinence de la réutilisation des membranes de dialyses.
27:46 Donc voilà, c'est un travail de recherche qui est en cours.
27:49 Réduire la quantité de papier généré.
27:52 Et donc voilà, encore une fois, vous voyez, il y a la possibilité en mettant en place un certain nombre de mesures,
27:57 et c'est rapporté par des centres de leur expérience sur le terrain, de diminuer de 30 à 40% les dasseries,
28:03 et de pouvoir passer à pratiquement zéro dasserie en fonction de la définition qu'on en fait.
28:10 Comment passer de la théorie à la pratique ?
28:12 Donc il y a ce guide, la SFNDT met en place un ensemble de webinaires pour expliciter son contenu, thématique par thématique.
28:20 Il y a eu déjà un certain nombre de sessions qui sont disponibles en replay.
28:23 La prochaine est prévue en mai 2024.
28:26 Il y a aussi une foire aux questions sur le site, et une adresse mail à laquelle vous pouvez envoyer des mails,
28:32 où vous serez mis en contact avec des gens qui sont spécialisés sur ces questions en fonction du sujet.
28:38 Et puis on organise aussi des réunions régionales pour présenter et débattre du contenu.
28:43 On avait organisé il y a un mois à peu près une première réunion à Nantes qui était un vrai succès.
28:50 La NAP met à la disposition des acteurs de santé 150 conseillers en transition énergétique et écologique en santé.
28:57 Donc il faut se rapprocher de la NAP si vous en avez la possibilité et les moyens pour avoir un conseil et un accompagnement si possible.
29:07 Et puis il y a des centres qui ont déjà une vraie expertise, une expérience sur le sujet.
29:12 Je citerai juste à ce propos l'article 42, qui sur son site a déjà tout un nombre d'actions et de fiches que vous pouvez aller consulter.
29:20 J'en ai bientôt fini. Si je devais vous laisser partir avec un message, c'est d'aller regarder ce guide, évidemment,
29:29 mais c'est aussi d'intégrer ces questions-là dans la pratique. On ne peut plus les dissocier.
29:34 On ne peut plus penser à la santé de nos patients sans penser à la santé de l'ensemble des écosystèmes qui fait que la vie sur Terre est possible.
29:43 Donc voilà, ça c'est des éditoriaux qui commencent à être publiés de plus en plus.
29:48 "Time to treat the climate and nature crisis as one indivisible global health emergency".
29:53 L'urgence sanitaire et l'urgence écologique, c'est une seule et même question et ça, il ne faut pas l'oublier.
29:58 Et donc il y avait cet article qui avait été publié en 2020, "Ecodialise, est-ce que c'est un phénomène de mode ou une nécessité ?"
30:08 Je pense qu'aujourd'hui la réponse est claire. Je voudrais juste finir en remerciant l'ASF NDT, le groupe de Nefrovert, le cabinet In Extenso
30:17 et toutes les personnes qui ont participé à ce guide qui sont là. Et je vous remercie pour votre attention.
30:23 (Applaudissements)

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