Alex Carera, l'agent de coureurs cyclistes dont Tadej Pogacar, Cian Uijtdebroeks... et un Français, Léo Bisiaux, au micro de Cyclism'Actu ! L'Italien nous raconte en Français comment il organise son métier et son agence A&J ALL SPORTS.
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00:00 Bonjour Alex, premièrement comment ça va ?
00:04 Bonsoir à toi, bonsoir à toutes les personnes qui vont regarder le programme, le podcast.
00:10 Est-ce que vous pouvez un peu vous présenter pour les gens qui ne vous connaissent pas ?
00:15 Je suis Alex Carrera, je suis un agent de cyclisme.
00:18 Je travaille dans le monde du cyclisme déjà depuis 1998,
00:25 beaucoup de années. Je suis le manager de beaucoup de bons coureurs professionnels
00:32 qui sont très jeunes, comme dans la catégorie junior et l'autre catégorie.
00:37 Et je suis le founder de mon compagnie qui s'appelle AIG Allsports.
00:42 On sait un peu à quoi consiste le rôle d'agent dans le football ou dans d'autres sports,
00:48 mais en cyclisme, en quoi ça consiste ?
00:51 C'est le même que dans le football. Je suis la personne qui travaille avec les coureurs,
00:58 qui va trouver le meilleur contrat possible, la meilleure solution pour tous les problèmes qu'ils aient.
01:04 C'est très facile de dire que notre travail, c'est seulement de trouver le meilleur contrat.
01:10 Ce n'est pas vrai. Mon travail, c'est de trouver, de soulever les problèmes qu'ils aient.
01:17 Les problèmes des coureurs, peut-être c'est les problèmes de chaussures,
01:22 les rapports avec la presse, les contrats, c'est beaucoup de choses.
01:28 Nous travaillons sept jours par semaine avec mon collaborateur.
01:35 Mon objectif, c'est de travailler très bien, très sérieusement pour mes coureurs.
01:41 Notre objectif, c'est de gagner les plus importants courses du monde avec les coureurs.
01:47 Vous faites partie du groupe ANG Allsport, qui est la plus grande agence au niveau du cyclisme.
01:57 Vous avez des coureurs comme Tadej Pogacar, Shane Hattobrooks, Pio Bilbao, Biniam Girmay et d'autres.
02:04 Est-ce que vous vous occupez personnellement de tous ces coureurs ou est-ce qu'il y a vraiment un groupe de personnes derrière vous ?
02:11 C'est impossible que je ne fasse toutes les couleurs avec moi.
02:17 Parce que c'est très important d'être avec les coureurs en relation très sérieuse, très directe avec les agents.
02:23 Oui, c'est le patron de la compagnie, mais il y a des personnes qui travaillent seulement pour la France,
02:32 seulement pour le nord d'Europe, seulement pour la Spagne, seulement pour les coureurs qui habitent en Italie, en Andorre.
02:39 Donc il y a dix personnes qui travaillent comme agents pour moi.
02:45 Et il y a des secrétaires d'assistance qui travaillent dans mon bureau en Suisse.
02:51 Justement, vous avez parlé des coureurs français. Peut-être que je me trompe, mais il me semble que vous n'avez pas beaucoup de coureurs français au sein de votre agence.
03:02 Comment ça se fait ?
03:03 Un coureur, c'est le futur de la cyclisme française.
03:07 Il s'appelle qui ? C'est Léo Biso.
03:12 Ah oui, il est connu.
03:14 Oui, je pense que c'est un coureur avec un grand talent, avec la possibilité de faire un grand progrès pour son futur, ses jeunes.
03:26 Mais j'adore son mentalité et la mentalité de ses parents.
03:31 Et je pense que j'ai déjà parlé avec lui beaucoup de fois.
03:36 C'est Christian qui avait un rapport direct avec lui, et aussi moi.
03:40 Quand je vais signer avec lui, nous allons faire un rendez-vous dans les 100 maisons, dans le centre de la France.
03:47 Et je suis sûr qu'il avait de grandes possibilités pour arriver à des grands cours pour son futur.
03:57 C'est important qu'il reste avec la même mentalité.
04:01 Je suis vraiment optimiste pour lui.
04:05 Bien sûr, la star de votre agence, c'est Tadej Pogacar, qui a annoncé récemment qu'il allait tenter le doublé Giro Tour de France.
04:14 Est-ce que, pour rester dans l'actualité, vous pensez que ce doublé est possible ?
04:20 Ce ne sera pas facile. C'est très, très difficile.
04:25 Mais s'il y a un coureur dans les pelotons qui peut gagner le double, c'est seulement aujourd'hui Tadej Pogacar.
04:34 Je ne peux pas couper mon rôle des courses et des programmes sportifs.
04:42 C'est l'équipe UAE Emirates qui m'a offert ça.
04:45 Elle fait très bien.
04:47 Donc, ce ne sera pas tous les jours que je parlerai avec Tadej, parce que je suis l'agent qui avait une relation directe avec lui.
04:56 C'est un grand projet.
04:58 Mais comme je vous l'ai dit, demain, nous reviendrons. S'il y a un coureur dans les pelotons qui peut faire le double, c'est lui.
05:07 Vous avez aussi évoqué le fait qu'il y ait beaucoup de jeunes coureurs dans votre agence.
05:13 Il y en a un qui a un peu fait la une ces derniers temps, c'est Albert Witten-Philippsen, qui était champion du monde junior sur route et en VTT.
05:25 De l'extérieur, on a entendu dire que toutes les grosses équipes voulaient se l'offrir, mais il a finalement signé chez Lidl Trek.
05:33 Qu'est-ce qui a fait justement qu'il signe chez Lidl Trek ?
05:37 Le premier choix, c'est vrai qu'il a fait la proposition pour lui.
05:47 Nous avons parlé avec toute l'équipe, parce que nous sommes une grande agencie très sérieuse, et nous avons donné l'opportunité à toute l'équipe de parler avec lui pour connaître ses projets.
06:00 Parce que ce n'est pas seulement une question d'argent, c'est une question de projets.
06:05 Avec son famille, il a pris la décision de signer un contrat entre 2025, 2026 et 2027 avec Lidl Trek.
06:19 Parce que Lidl Trek avait non seulement une équipe de développement, une équipe de WorldTour, mais aussi une équipe de VTT.
06:32 Donc c'est important pour lui d'avoir une équipe qui peut faire des progressions sur le VTT et sur la route.
06:43 Parce que son objectif, dans un temps de 28 ans, c'est beaucoup.
06:50 Il doit encore comprendre quels sont ses objectifs pour le futur, parce qu'il est jeune.
06:56 La prochaine année, il doit rester dans la catégorie junior.
07:00 Bien sûr, on va parler aussi du dossier chaud du moment, qui est celui de Sean et de Brooks.
07:06 C'est normal que cette situation ne soit pas facile, dans le dernier bonjour.
07:13 Mais cette semaine, nous allons faire un rendez-vous, un grand rendez-vous entre les deux parties, entre l'équipe Visma et l'équipe Bora,
07:25 et les avocats des deux parties, et moi, à tout un moment.
07:29 Nous avons parlé beaucoup deux jours avant, aussi hier matin.
07:34 Hier matin, c'est un train pour tard jour pour l'équipe Visma, parce qu'il y a des réorganisations de l'équipe.
07:40 Mais monsieur Dink, le manager de l'équipe Bora, et monsieur Richard Plouck et moi, nous avons fait un autre rendez-vous.
07:50 À la fin, aussi l'UCI a fait son part. Nous avons trouvé le prix correct pour les deux parties.
08:01 Je pense que c'est la meilleure chose pour tout le monde, qu'il parte de l'équipe Bora, parce qu'il veut faire un nouveau accord avec l'équipe Visma.
08:14 C'est aussi bien pour la Bora, parce que c'est difficile de travailler avec un coureur qui n'est pas content.
08:21 Et la meilleure chose possible, c'est qu'il va partir.
08:25 Le contrat a été signé hier jeudi 21 décembre à 14h, c'est ça ?
08:31 Oui, hier, 14h, oui peut-être. Je ne sais pas, c'est 14h30, plus au mois.
08:40 Hier, avant, nous avons signé la fermeture du contrat avec la Bora.
08:46 Bora a envoyé la termination du contrat à l'UCI.
08:51 Et après, l'UCI a donné l'autorisation de faire l'annoncement de Kyan à l'équipe Visma.
09:01 Et toutes les choses se sont passées bien.
09:04 C'est votre plus joli coup ?
09:07 Oui, pour moi c'est un grand jour, parce que beaucoup de la presse internationale a dit
09:16 « Pourquoi M. Carré a fait ces choses, il n'a pas accepté ? »
09:21 Mais je pense que mon travail, c'est de faire le mieux possible pour les montreurs.
09:27 La tête, c'est très important, les particuliers c'est très important.
09:32 Je suis très content que je puisse faire l'accord avec deux équipes.
09:39 Et que toutes les trois parties soient vraiment félices de faire ces choses.
09:46 On voit justement de plus en plus de coureurs qui cassent leur contrat, qui n'arrivent pas à terme de celui-ci.
09:52 Pour vous, est-ce que c'est plutôt quelque chose de bien ou quelque chose qui vous inquiète ?
09:58 C'est difficile, parce que tu ne peux pas faire un rôle.
10:02 C'est important que toutes les personnes qui travaillent dans le monde du cyclisme soient professionnelles.
10:10 Pour un coureur, c'est mieux qu'il arrête le contrat.
10:15 C'est important que les trois parties soient d'accord.
10:19 Aujourd'hui, mon coureur Lorenzo Milesi va partir de son équipe DSM, et il vient de l'équipe Movistar.
10:27 Aussi, Binyan Girmaï, il va partir de son équipe Delco, et il va être pendant la saison à l'équipe Intermarché.
10:37 Je pense que l'UCI a donné la possibilité d'arrêter le contrat.
10:42 Pour un coureur, c'est une bonne chose, pour d'autres coureurs, ce ne sera pas une bonne chose.
10:47 La chose la plus importante, c'est que les coureurs ne doivent pas penser seulement à l'argent.
10:53 Si tu veux arriver à gagner des grandes courses, tu dois penser à les projets.
10:59 Parce qu'à la fin de ta carrière, si tu avais 20 millions d'euros dans ta banque, en 2019, c'est la même chose.
11:09 Mais si tu veux gagner en Tour de France, et arriver à la deuxième, c'est une grande différence.
11:18 Par exemple, si on suit cette logique qui existe de plus en plus, est-ce que ce serait possible de voir un jour Tadej Pogacar quitter l'UAE Team Emirates avant la fin de son contrat ?
11:31 Ou ça reste quand même quelque chose de peu probable ?
11:35 Tadej est très content dans son équipe.
11:39 Je sais que dans le 2028, il y a les championnats du monde sur la route dans le pays d'Abu Dhabi.
11:51 Son contrat est fini un an avant.
11:56 Je ne sais pas s'il va faire un nouveau contrat, parce que je l'ai déjà parlé avec son manager de l'équipe.
12:06 Peut-être. C'est difficile car l'équipe UAE est une des plus riches équipes du monde.
12:15 Il veut perdre non seulement son coureur, mais le plus important de l'histoire de l'équipe.
12:24 Dans ce moment, c'est difficile que les gens pensent qu'ils peuvent aller dans notre équipe.
12:29 Mais c'est la vie, je ne sais pas. Peut-être oui, peut-être non.
12:34 Dans le monde du cyclisme, on a l'impression qu'il y a 3 ou 4 équipes qui sont au-dessus du lot,
12:43 qui ont tout l'argent, tous les meilleurs coureurs, tous les meilleurs talents.
12:48 Est-ce que c'est une bonne chose pour vous qu'il y ait ce système-là qui est en train de s'installer ?
12:54 Pour mon travail, c'est mieux qu'il y ait 10 équipes qui ont beaucoup d'argent et qui font de bons investissements.
13:03 Mais le problème, c'est clair, c'est que ce n'est pas seulement l'argent.
13:11 C'est très important d'avoir de bons managers.
13:15 Si tu as vu un coureur 6 mois avant, tu peux prendre un loi.
13:32 Donc c'est mieux pour mon travail qu'il y ait non seulement 4 ou 5 équipes qui avaient un grand budget,
13:40 mais c'est mieux 10 équipes.
13:42 Pour vous, on se dirige quand même un peu vers un système comme au football,
13:47 avec des transferts, des contrats, des grâchetés ?
13:53 Non, parce qu'il y a une grande différence.
13:57 Une différence très importante.
14:00 La différence est claire.
14:02 L'équipe du football, il y a déjà 100 ans.
14:08 L'équipe du cyclisme, non.
14:10 Parce que si tu as perdu ton sponsor, tu ne peux pas acheter un coureur.
14:17 Tu n'as pas sûr que tu aies un contrat avec ton sponsor pour 4, 5, 6 années.
14:22 Donc c'est différent.
14:24 Si tu sais que la meilleure équipe du monde, le Visma,
14:30 dans le septembre, après la Vuelta, avait des problèmes.
14:34 Et c'est la meilleure équipe du monde.
14:36 Et à la fin, il a trouvé un nouveau sponsor.
14:38 Donc tout le monde a compris que le cyclisme était différent du football.
14:42 Du coup, ça veut aussi dire que l'économie dans le cyclisme est assez fragile.
14:49 Pour l'avenir, on se dit que c'est fragile.
14:52 Oui, c'est vrai.
14:54 C'est fragile parce que l'équipe,
14:57 90% de l'argent qu'elle peut se prendre pour le coureur,
15:07 c'est pour se faire acheter pour les sponsors.
15:11 C'est différent de l'équipe du football,
15:13 qui avait aussi la possibilité de faire du merchandising.
15:16 Ou elle avait la possibilité de prendre de l'argent pour la télévision.
15:20 Parce que l'organisateur, il va prendre de l'argent.
15:23 Donc c'est fragile, oui.
15:26 Ce mercato a été agité avec le projet de fusion entre Jumbo-Visma et Sudal Quickstep.
15:34 De l'intérieur, de votre point de vue d'agent,
15:38 comment est-ce que ça s'est passé ?
15:40 Est-ce que c'était vraiment la panique ?
15:42 C'était une situation très difficile.
15:45 C'était difficile parce qu'il y a beaucoup de coureurs qui avaient des problèmes.
15:49 Les deux équipes vont ensemble.
15:51 Il a perdu son travail.
15:53 Notre problème, ce n'est pas dans les mois de juillet,
15:58 mais c'est qu'on est à la fin de la saison.
16:01 Et il n'y a pas deux petites équipes qui vont ensemble.
16:06 Parce que deux grandes équipes,
16:08 deux des premières cinq équipes du monde,
16:10 donc c'est un cas sostique pour le cyclisme.
16:13 Je veux trois coureurs de l'équipe Sudal.
16:19 Je travaille immédiatement.
16:21 Je vais trouver des solutions dans trois jours.
16:25 Pour Fausto Maznada, pour William Le Cerf, par exemple.
16:30 Mais à la fin, je suis très content que les deux équipes restent.
16:35 Que Patrick va continuer avec ses sponsors.
16:40 Et que Richard Blügel va continuer avec nos sponsors.
16:43 C'est le meilleur pour les coureurs,
16:45 c'est le meilleur pour les aînés mécaniques,
16:47 pour ma soeur, pour les managers,
16:49 et aussi pour les gens, naturellement.
16:52 Très bien. Merci beaucoup Alex pour cette interview accordée à Cyclisme Actu.
16:56 Et on vous souhaite une bonne fin de journée et une bonne saison.
17:00 Ok. A bientôt. Ciao.