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Avec Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU et auteur du livre “Ce qui nous attend” (Éditions Robert Laffont).

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2023-12-23##

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Transcription
00:00 Quelle est la situation sur le front en Ukraine au moment de l'hiver et des fêtes ?
00:05 On en parle avec notre invité de général Dominique Trinquant. Bonjour à vous.
00:07 - Bonjour.
00:09 - Soyez bienvenue sur Sud Radio, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'organisation des Nations Unies,
00:13 auteur de ce livre "Ce qui nous attend". On en parlait avec vous d'ailleurs il y a quelques semaines.
00:17 C'est publié aux éditions Robert Laffont. Situation difficile pour l'Ukraine sur à peu près l'ensemble du front ?
00:25 - Oui alors le front s'est stabilisé. L'offensive qui a été lancée au mois de juin n'a pas atteint ses objectifs.
00:32 Il y a eu quelques endroits grattés mais par ailleurs la Russie a relancé elle aussi ses offensives sans d'ailleurs progresser beaucoup plus.
00:43 Donc on a l'impression que le front s'est stabilisé, qu'à l'approche de l'hiver,
00:48 les Ukrainiens se sont rendus compte qu'ils n'arriveront pas à percer le système de défense russe qui a été fortifié pendant presque six mois,
00:57 l'hiver précédent en fait, entre le mois de janvier et le mois de juin.
01:02 Et donc c'est la situation opérationnelle sur le front entre le Dniepr et Kharkiv.
01:10 En revanche sur le plan stratégique, il faut aussi reconnaître deux choses.
01:16 D'abord c'est que l'Ukraine grâce à l'Europe a une perspective future,
01:20 alors qui est un peu loin, c'est 2030 mais la porte est ouverte, ça c'est le premier point.
01:26 - Ça c'est pour l'Union Européenne.
01:27 - Voilà. Du côté des Américains, beaucoup plus difficile parce que évidemment les Républicains lient tout financement à l'Ukraine,
01:36 un financement sur le mur pour empêcher l'immigration qui est forte actuellement aux Etats-Unis.
01:42 Et puis le troisième point, bien sûr, ça c'est concernant la Russie,
01:46 c'est le président Poutine qui s'installe dans la préparation de l'élection du mois de mars,
01:50 qui n'offrira pas de surprise à personne, mais sur lequel il veut s'imposer comme le chef incontesté de la Russie.
01:57 - Oui, alors on a retrouvé d'ailleurs les déclarations triomphalistes des responsables politiques russes
02:03 qui bombent le torse au moment où la situation semble plus difficile.
02:06 Vous parliez des Etats-Unis et de l'Europe, il y a eu quand même de mauvaises nouvelles en quelques mois pour les Ukrainiens,
02:11 c'est finalement le refus des Européens et des Américains d'aider financièrement l'Ukraine à court terme.
02:19 - Alors pour l'Europe, c'est pas à court terme.
02:22 Les financements de 2024 avaient été votés, donc il n'y a pas de problème pour 2024.
02:26 C'est pour 2025-2027 et ces financements 2025-2027 vont être étudiés au mois de janvier
02:33 et on sait que ça va être une discussion de marchand de tapis avec M. Orban en Ré,
02:37 parce que c'est le seul qui le refuse. - Oui, c'est lui qui met son plateau pour l'instant.
02:41 - Voilà, sur les 27, il y en a 26 qui sont d'accord.
02:45 Et donc ça va être, je ne veux pas 10 milliards, mais je veux 15 milliards,
02:50 ça va être des discussions de cet ordre-là.
02:53 Donc je ne suis pas très inquiet sur ce qui va se passer en Europe.
02:56 En revanche, aux États-Unis, c'est plus compliqué.
02:59 Ce que j'ai compris, c'est qu'à la veille de la fermeture pour les vacances du Parlement américain,
03:07 ils sont quasiment au bord de l'accord.
03:11 Donc ça devrait également se débloquer en janvier,
03:15 puisque les commissions vont continuer à travailler quand même pendant les fêtes.
03:18 - Exactement, donc comme ça on pourra suivre la situation.
03:20 Parlons maintenant de la situation militaire. On entend beaucoup une chose,
03:23 les Ukrainiens manquent d'obus. Est-ce que c'est vrai ?
03:26 - Oui, c'est vrai. C'est vrai pour une simple raison,
03:30 c'est que, si vous voulez, sans rentrer trop dans les techniques,
03:34 vous avez deux types d'obus. Les obus de type soviétique qui font 122 et 152 mm,
03:40 qui étaient sur les anciens matériels dont disposait l'Ukraine.
03:45 Et le problème, c'est qu'il n'y a pas de stocks là.
03:47 Les stocks sont de l'autre côté, ils sont du côté des Russes,
03:50 de l'Iran ou de la Corée du Nord. Donc là, ils ne peuvent plus avoir d'obus pour ça.
03:55 Et du côté occidental, ce sont des obus de 155 ou les mortiers de 120.
04:00 Or là, les stocks occidentaux ont été pas mal utilisés
04:07 et la production est relancée, certes, mais elle redémarre lentement.
04:12 Et donc il y a un déficit, effectivement.
04:16 Les Européens pensaient livrer pour le mois de mars 2 millions d'obus,
04:20 et en fait, ils en livrent actuellement 300 000.
04:22 Donc on est loin du compte.
04:24 Est-ce que c'est ça qui explique ce manque d'obus qui fait que l'artillerie ukrainienne
04:27 tire beaucoup, beaucoup, beaucoup moins que l'artillerie russe ?
04:30 Est-ce que c'est ça qui explique que les Ukrainiens semblent quand même
04:32 en fâcheuse posture à différents endroits du front, comme par exemple
04:35 autour de la ville d'Avdivka, que les Russes essayent désespérément d'encercler ?
04:39 Oui, il faut reconnaître aussi que ça fait plusieurs mois que les Russes
04:43 essayent désespérément, comme vous le dites, et qu'ils n'y arrivent pas.
04:46 Mais ceci étant, oui, le manque d'obus est un problème pour l'artillerie ukrainienne
04:52 qui ne peut pas tirer à hauteur de ce qu'elle voudrait.
04:56 Alors il faut bien faire une différence entre ce qui se passe du côté russe
05:00 où l'utilisation de l'artillerie à outrance,
05:02 et le fait de l'artillerie russe depuis le début de la guerre,
05:05 alors que l'Ukraine tire de façon beaucoup plus ciblée.
05:08 Mais ceci étant, elle a besoin d'obus quand même,
05:11 et actuellement elle en manque, c'est clair.
05:13 Et c'est la raison pour laquelle la situation sera difficile.
05:16 Merci beaucoup mon général.
05:18 Merci à vous pour cet éclairage, général Dominique Trinquant,
05:21 ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU,
05:23 auteur de ce livre "Ce qui nous attend" c'est publié
05:26 chez Robert Laffont, vous écoutez Sud Radio et vous faites bien d'écouter Sud Radio.
05:29 Joyeux Noël à vous mon général !

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