• il y a 3 mois
Avec Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU et auteur de livre « Ce qui nous attend » aux éditions Robert Laffont

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##LE_COUP_DE_FIL_DU_MATIN-2024-08-12##

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Transcription
00:00Tout de suite, on accueille notre invité, le Général Trinquant.
00:07Bonjour Dominique Trinquant.
00:08Bonjour.
00:09Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
00:11Je le disais, opération très surprenante depuis quelques jours.
00:15Ça se passe non pas en Ukraine, mais en Russie, une offensive, une incursion de l'armée ukrainienne
00:21dans le Blast de Kursk, un nom d'ailleurs qui résonne dans l'histoire militaire des
00:25deux pays.
00:26C'est une énorme bataille de la seconde guerre mondiale entre les soviétiques et
00:29les nazis.
00:30Que se passe-t-il dans le Blast de Kursk qu'on croyait que c'était un raid ukrainien au
00:34début et il semble cinq jours après que les Ukrainiens soient en train de s'installer.
00:39Écoutez, il faut d'abord remarquer que les Ukrainiens ont mis les moyens.
00:44Ils ont envoyé deux brigades blindées extrêmement bien équipées avec une grosse protection
00:48antiaérienne.
00:49Donc pour moi, ça n'est pas une diversion, c'est une véritable offensive.
00:54C'est tout l'opposé de l'offensive que nous attendions il y a un an, qui s'attaquait
01:01à des défenses bien établies en Ukraine et bien établies par les Russes, bien sûr.
01:06Là, il s'agit d'une attaque en Russie, là où il y a très peu de défense.
01:11Donc c'est l'effet de surprise qui joue et qui pour l'instant, alors je dis bien pour
01:16l'instant, il faudra voir ce qui se passe dans les jours à venir, n'arrive pas à être
01:19contrôlé par les Russes.
01:20Donc c'est une belle victoire opérationnelle temporaire pour les Ukrainiens.
01:25À ce stade, en tout cas, c'est symbolique aussi la guerre qui arrive sur le territoire
01:29russe, en tout cas le territoire russe reconnu internationalement.
01:33Concrètement, d'abord, est-ce que ça peut aller beaucoup plus loin compte tenu des moyens
01:37qui sont engagés actuellement ?
01:39Écoutez, du côté des Ukrainiens, je le répète, ils ont consacré de gros moyens.
01:44Donc oui, à mon avis, ils veulent absolument détenir des cartes de négociations.
01:50Il ne s'agit pas pour l'Ukraine, bien sûr, d'annexer une partie du territoire russe comme
01:54les Russes le font pour l'Ukraine.
01:56Il s'agit de détenir des cartes probablement pour une négociation ultérieure.
02:00Mais ce qui est très intéressant aussi, c'est de voir la réaction américaine qui
02:04au départ se posait des questions sur cette offensive et qui maintenant considère que
02:08l'Ukraine doit être soutenue puisqu'elle fait ça dans le cadre de sa défense.
02:12Et ça, c'est un changement majeur de la position américaine.
02:16Alors malgré tout, le front, la situation sur le reste du front reste difficile pour
02:21les Ukrainiens, notamment dans le Donbass.
02:22Est-ce qu'on sait si ça peut permettre de relâcher la pression ?
02:26Je pense que c'est un des objectifs des Ukrainiens en tout cas.
02:30C'est de faire une telle pression en territoire russe que les Russes sont obligés de distraire
02:36des forces qui actuellement sont dans le Donbass.
02:37Parce que depuis plusieurs mois, c'est l'Ukraine qui est à la peine dans le Donbass.
02:42Et là, il s'agit d'infliger des pertes aux Russes pour leur faire changer d'attitude.
02:47Effectivement, leur faire en tout cas ralentir leurs assauts.
02:51Est-ce que l'Ukraine peut tenir longtemps dans une situation pareille ?
02:55Alors, c'est là où c'est extrêmement difficile de le voir.
03:00Parce que d'abord, il faut noter que ça rallonge de 100 kilomètres à peu près la
03:05ligne de front.
03:06Est-ce que les Ukrainiens ont les moyens de tenir sur 100 kilomètres de plus ?
03:11C'est rien moins que sûr.
03:12Donc, il va falloir voir surtout quelle est la réaction russe qui, pour l'instant, je
03:18ne dis pas qu'elle panique, mais est dans la difficulté.
03:20En annonçant d'abord que c'est une guerre contre le terrorisme, donc ça passe au FSB,
03:25c'est le FSB qui doit combattre.
03:26Et maintenant, en annonçant que c'est un problème fédéral, c'est-à-dire que ce
03:30n'est pas seulement un problème de la région de Kursk, c'est un problème de la Russie
03:34elle-même.
03:35Donc, je crois qu'il faut bien regarder dans les jours qui viennent, à la fois la capacité
03:40des Ukrainiens à renforcer le dispositif, voire à tenir sur cette zone-là, et aux
03:46Russes, leur capacité de contrer ça qui, pour l'instant, n'a pas été montrée.
03:50Un mot malgré tout sur les fameuses lignes rouges de la Russie, le Kremlin a passé son
03:55temps depuis deux ans à dire que s'il se passait quoi que ce soit, l'arme atomique
03:59pourrait être utilisée un jour, par exemple sur des frappes contre la Crimée ou d'autres.
04:03Là, on voit des Ukrainiens envahir des bouts de territoire russe et malgré tout, il n'y
04:09a pas de lignes rouges.
04:10Mais bien sûr, mais les lignes rouges, c'est une vaste fumisterie, pardonnez-moi l'expression.
04:16Monsieur Poutine est fort de nos faiblesses et donc nous, nous avons toujours peur de
04:21notre petit doigt et il faut faire ci, il ne faut pas faire ça, etc.
04:24Mais on s'aperçoit qu'au fur et à mesure de l'avancée depuis deux ans et demi, il
04:28n'y a pas de réaction russe.
04:29Et quant à l'utilisation de l'arme nucléaire, à quoi cela servirait-il ? Si quelqu'un
04:35peut me l'expliquer, je serais heureux de le savoir.
04:38Et puis sachant que ça fait une humiliation de plus pour le Kremlin, rappelons que Kiev
04:42devait tomber en une semaine, deux ans après, le Kremlin se retrouve à faire la guerre
04:46sur son propre territoire.
04:47Merci mon général Dominique Trinquant, ancien chef de la mission militaire française auprès
04:51de l'Organisation des Nations Unies.

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