Christian Labit : "Si on veut être une équipe ambitieuse il faudra être plus discipliné"

Sud Radio

Entretien exclusif avec Christian Labit, l'entraineur des avants du Montpellier Hérault Rugby. Avec François Trillo, Alexandre Priam et Julien Tomas. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ##NOEPISODE##

Transcript

00:00 Il y a des victoires qui sonnent comme des cadeaux, c'est le cas de celle de Montpellier aujourd'hui,

00:05 face à Castre 30 à 21.

00:08 Pour en parler, l'un des entraîneurs du MHR, c'est Christian Labide qui est avec nous.

00:13 Salut Christian !

00:14 Salut François, bonjour à tous !

00:16 Salut Christian !

00:16 Merci d'être avec nous en direct.

00:18 On imagine et on l'a vu d'ailleurs, ce soulagement, cette joie, ces sourires.

00:22 On l'avait entreaperçu lors des deux matchs de challenge,

00:25 mais là on l'a vu contre Castre au prix d'un très beau match de rugby, Christian.

00:30 Oui, on essaye de leur apporter, depuis notre arrivée, un peu d'enthousiasme,

00:36 un peu de plaisir aussi, parce qu'il a manqué extrêmement dans cette équipe.

00:39 En tout cas, c'est le bilan qu'on a fait lorsqu'on est arrivés.

00:43 Bien sûr, il y a la manière de faire qui a changé par rapport à l'équipe que l'on a.

00:45 On fait beaucoup jouer de nouveaux joueurs ou des joueurs qui n'ont pas eu trop de temps de jeu.

00:51 On essaye de mettre en concurrence cette équipe.

00:54 Et puis finalement, c'est un groupe qui doit sortir la tête de l'eau.

00:58 Et quand ça réussit, forcément, c'est un groupe qui est heureux.

01:01 Donc oui, nous, on est ravis, parce que comme tout dernier, forcément,

01:04 chaque victoire, elle est importante.

01:06 Alexandre va te donner une stat qui n'est pas très positive.

01:10 Et moi, j'ai gardé une image positive, c'est cette séquence défensive des Montpellierains.

01:16 À un moment où je crois que Castre est à trois points en deuxième période.

01:20 C'est un temps fort, Castre.

01:22 La défense montpelliéraine arrive à sauver, après vraiment une longue séquence, son camp.

01:27 Et les joueurs qui se tapent dans la main, qui se congratulent.

01:30 Vous avez réussi à reconnecter les joueurs entre eux ?

01:33 Oui, forcément, ça fait partie de toute façon.

01:37 Dans ce sport, il y a la conquête et la défense.

01:40 Et puis essayer de marquer des points, le plus que l'adversaire.

01:43 Donc la défense est liée aussi à un état d'esprit.

01:47 Forcément, on n'est pas encore en un mois, on ne va pas révolutionner tout le fonctionnement.

01:52 On ne va pas non plus bannir ce qui s'est passé précédemment.

01:55 Mais il est vrai que pour nous, la défense, ça fait partie des choses qu'il faut améliorer.

02:01 Donc il faut se préoccuper.

02:03 En tout cas, ça a été une préoccupation principale.

02:06 Parce que cette équipe a marqué des points, mais elle en prenait beaucoup.

02:09 Et forcément, lorsque ça réussit, comme tu disais, sur ces temps forts,

02:14 à ne pas prendre de points, forcément, c'est une forme de réussite.

02:18 Et aujourd'hui, ça a été une image assez parlante.

02:22 Parce que tu fais bien de la souligner, c'est qu'on a regardé des vidéos d'il y a deux mois,

02:28 où les garçons marquaient des essais, ou quand ils faisaient des grosses séances,

02:31 séquences défensives, ils n'étaient pas forcément très heureux.

02:36 Ou en tout cas, c'était normal.

02:37 Aujourd'hui, ils le sont.

02:38 Donc voilà, encore une fois, je répète, cet état d'esprit,

02:41 cette joie de fonctionner ensemble, elle revient petit à petit.

02:45 Je crois que c'est dans ce sens qu'il faut bâtir l'avenir.

02:48 D'ailleurs, François a dit que je ne devais pas donner une stat très positive,

02:52 mais moi je la vois d'une autre façon.

02:53 C'est qu'effectivement, elle n'est pas super positive à la base sur le papier.

02:55 Ce sont les 16 fautes aujourd'hui, les 3 ballons perdus en touche.

02:59 Ça montre aussi la marge, peut-être, de cette équipe du MHR,

03:04 qui, avec cette indiscipline, ces petits réglages en touche qu'il faut faire,

03:07 gagne quand même face à une équipe qui, pour l'instant, faisait un énorme début de saison.

03:11 Oui, alors, cette indiscipline, elle n'est pas...

03:15 On a des points de délit de voie, notamment dans le passé,

03:18 qu'il y avait beaucoup de discipline.

03:21 On avait réussi à maîtriser mieux notre discipline,

03:26 indiscipline notamment en Coupe d'Europe.

03:29 Et là, on est revenu un peu sur nos erreurs du passé.

03:35 Donc, on va analyser tout ça,

03:38 mais c'est aussi une volonté d'engagement et un état d'esprit.

03:43 Alors forcément, il va falloir le maîtriser parce qu'on ne pourra pas gagner à l'extérieur, notamment.

03:46 On l'a vu sur des moments de clé, cette équipe de Corsair,

03:50 donc on ne pourra pas le faire à l'extérieur.

03:52 Si on veut gagner les matchs à l'extérieur, il va falloir être plus discipliné

03:56 et un peu moins généreux.

03:58 Peut-être être autant généreux, mais avec un peu d'intelligence,

04:01 ce qui nous a manqué par moment, mais ce n'est pas un manque d'intelligence,

04:03 c'est juste un manque de réflexion dans les moments durs.

04:08 Il va falloir maîtriser ça, on va s'y appuyer.

04:11 De toute façon, il y a encore du boulot.

04:13 On sait que la tâche est encore longue et dure.

04:15 On ne va pas s'enfermer pendant les séances de match,

04:17 parce que ce soir, on a battu une belle équipe de Café aussi.

04:20 Et je crois que ces erreurs sont aussi dépendantes de cette équipe.

04:23 Il ne faut pas non plus galvoner le fait que cette équipe de Café a de la qualité,

04:27 elle est costaude, elle te met souvent à la faute

04:29 parce qu'elle joue un jeu simple, mais qu'elle affectionne et qu'elle sait faire.

04:33 Et forcément, les fautes sont dépendantes aussi de la mère-fère.

04:37 Donc voilà, à nous de maîtriser ça,

04:39 parce que si on veut être une équipe ambitieuse aujourd'hui,

04:44 il va falloir régler certaines disciplines.

04:48 - Christian, longtemps dans ta carrière de coach,

04:51 et notamment à Carcassonne, tu as fait des miracles avec très peu.

04:54 Là, il y a quand même de la matière à Montpellier.

04:58 Comment tu abordes ça en tant qu'entraîneur,

05:01 d'avoir "autant de moyens" en termes de joueurs, de qualité de joueurs ?

05:05 Est-ce que ça change ton approche ?

05:07 Est-ce que tu as l'impression quand même d'avoir du gros matériel à ta disposition

05:11 ou tu gardes le même spectre que tu avais à Carcassonne ?

05:14 - Ouais, non mais ça c'est sûr que lorsque je suis arrivé,

05:18 j'ai vu des joueurs qui n'étaient pas pour moi

05:22 des joueurs avec lesquels j'avais l'habitude de coacher.

05:26 Là aujourd'hui, on parle quasiment de stars avec lesquels

05:30 moi je ne change pas ma façon d'être sur la même, que ce soit des stars.

05:33 Moi j'ai eu l'avantage, comme beaucoup de nous entraîneurs,

05:38 de vivre ce genre de moment, c'est-à-dire en tant que joueur,

05:41 de vivre dans un grand club, de contourner des grands joueurs.

05:44 Donc moi, mon état d'esprit, ma façon de faire ne changera pas.

05:47 Bien sûr, il faut s'adapter et l'avantage que l'on a, c'est que

05:51 quand tu as des grands joueurs, il suffit surtout de les faire jouer ensemble

05:55 et de trouver le fonctionnement qui correspond à cette équipe.

05:57 Après, franchement, oui pour moi c'est quelque chose de différent

06:02 parce que, déjà les structures, j'en ai souvent parlé,

06:06 mais bon, forcément, là je me rends compte de ce que c'est que le niveau professionnel.

06:10 Le haut niveau professionnel d'une part, après les hommes forcément,

06:14 mais je crois que j'ai eu aussi pris beaucoup de plaisir avec des joueurs

06:20 qui avaient beaucoup moins de qualité, mais qui étaient à fond derrière un discours,

06:25 derrière mon discours notamment, et c'était aussi passionnant.

06:28 Là, c'est une forme différente, c'est-à-dire qu'il faut réussir à trouver l'équilibre avec les hommes

06:36 et juste les faire jouer ensemble, c'est ça le plus dur.

06:39 Parce qu'après, c'est plus facile quand tu as des joueurs comme on a,

06:45 les mêmes, la qualité dans les mêmes, ce que tu leur demandes,

06:49 bon voilà, ça va vite et ça comprend vite.

06:51 Et pas facile aussi, entre guillemets, d'intégrer un staff.

06:55 Tu étais numéro 1 pendant plusieurs années à Carcassonne,

06:59 là tu intègres un staff sous la direction de fortes personnalités,

07:04 Bernard Laporte, Patrice Colasso, il y a aussi Vincent Echeteau,

07:08 comment ça se passe quand même ?

07:09 Parce qu'on a lu et entendu plein de trucs sur ce staff,

07:13 moi je suis sûr que ça peut bien fonctionner.

07:15 On est devant parler justement, parce que c'est vrai qu'on entend beaucoup de choses qui ne sont pas forcément vraies.

07:20 Sachez juste qu'on a ce coin de staff qui s'entend déjà à merveille,

07:25 mais vraiment, je crois que même eux de leur part,

07:30 on en parle souvent, on s'entend vraiment à la perfection,

07:34 on collabore de manière fabuleuse, on rigole même vraiment,

07:39 voilà, on s'entend très très bien.

07:41 Même avec Patrice Colasso ?

07:43 Oui, mais Patrice, c'est un garçon qui est taiseux,

07:49 qui prend tout pour lui, mais je le connais par cœur.

07:54 J'ai évolué avec lui, j'ai joué avec lui, on a été champion d'Europe en sable,

07:57 on a vécu des histoires quand même assez fortes en sable,

07:59 et bien sûr qu'il a cette image du garçon qui est dur,

08:03 mais c'est quelqu'un d'exceptionnel, il faut le connaître, c'est tout.

08:07 Et savoir le prendre, bien sûr que c'est tirer un tour de front,

08:09 c'est compliqué, mais c'est aussi le format intelligent de ce staff,

08:14 de savoir prendre les hommes avec lesquels on bosse,

08:16 et de ne pas aller sur leurs points de faible,

08:19 ou en tout cas, si tu attaques leurs points de fort,

08:21 tu peux te mettre en difficulté.

08:22 Nous on arrive à s'adapter les uns avec les autres,

08:26 et ça fonctionne très très bien, je crois qu'il y a un respect entre nous,

08:29 il y a une forme de collaboration qui fonctionne très très bien,

08:33 chacun a son rôle et sa place,

08:35 chacun a son temps pour bosser dans les secteurs dans lesquels on doit bosser,

08:38 et pour le moment, franchement, on ne se marche pas sur les pieds,

08:41 et ça se passe très très bien.

08:43 Donc, franchement, l'ego d'être numéro 1, numéro 2, numéro 3,

08:46 on s'en fout, moi je m'en fous.

08:48 Moi je crois qu'on est numéro 1 quand on joue,

08:50 ça c'est la priorité, voilà,

08:52 mon rôle de numéro 1 a été, lorsque je jouais,

08:56 après entraîneur, c'est les autres qui doivent exister,

09:00 nous on est simplement là pour essayer de le faire jouer,

09:02 ça après, si le staff s'entend bien,

09:04 et que les garçons vont dans le même sens,

09:06 franchement ça fonctionne bien,

09:08 et puis nous on est juste là pour essayer de leur donner du plaisir.

09:12 Moi j'y tiens énormément,

09:13 et je pense que c'est un des endroits où on a insisté,

09:19 et je crois qu'il faut qu'ils retrouvent du plaisir,

09:21 et ça on est tous à la même philosophie,

09:23 et je crois qu'on est tous unanimes à dire que ça passe aussi par des bons moments,

09:27 nous, et avec eux, voilà.

09:29 - Julien Thomas est avec nous, notre consultant Sud Radio,

09:32 il connaît bien la maison Montpellier-Rennes.

09:34 - Oui, oui, je crois qu'il connaît pas mal.

09:36 - Eh oui, Christian !

09:37 - Je le vois tous les matins dans les couloirs,

09:39 les civs là, ils viennent pour le tour,

09:41 donc je les emplave et moi tous les jours.

09:43 - Ah mais c'est sympa, merci !

09:46 Non mais Christian, juste une petite question,

09:48 c'était par rapport, maintenant que vous êtes en place,

09:50 le nouveau staff, et qui s'est francisé d'ailleurs,

09:53 donc je pense que c'est une bonne chose,

09:55 avec beaucoup de compétences,

09:57 quelle est la clé un peu,

09:59 et toi qui remets aussi de l'humain au milieu du vestiaire,

10:02 quelle est la clé pour retrouver le chemin de la victoire,

10:05 de la confiance que n'avait plus l'équipe,

10:08 et est-ce que c'est le projet de jour ?

10:10 Est-ce que c'est les soirées ?

10:11 Est-ce que ça voit l'éclat ?

10:13 - Non mais est-ce que c'est le projet de jeu qui change ?

10:15 Est-ce que c'est les discours ?

10:17 - Ouais, en fait, tu me prends pour un organisateur de soirées !

10:21 Je m'écoute.

10:22 - Non, non, non, justement, je te demande si c'est le projet de jeu !

10:26 - Non, non, déjà au sein des entraînements,

10:28 on avait remarqué qu'il y avait un peu de...

10:33 voilà, on trouvait que c'était assez lent,

10:35 il y avait pas des transitions rapides,

10:36 donc on finit les entraînements plus courts,

10:38 mais avec beaucoup de transitions rapides,

10:40 parce qu'on veut que les garçons soient revus sur le terrain

10:42 et qu'ils travaillent sur le terrain,

10:44 donc ça passe aussi par des entraînements de qualité à ce niveau-là.

10:47 Ensuite, oui, à portée de l'humain, quoi.

10:49 Moi, je veux qu'à la fin du match, les garçons soient heureux,

10:52 qu'ils soient heureux et surtout qu'ils aient pris du plaisir.

10:56 Et ça, cette notion de plaisir, elle avait disparu.

10:59 L'exemple, je crois qu'ils étaient partis à un stage en Corse,

11:01 ils avaient fait un match, en tout cas, sur l'Amical,

11:02 ils avaient gagné,

11:04 ils avaient été interdits de boire une bière à la fin du match,

11:08 moi, je sais pas, mais on gagne pas les matchs en allant boire des bières,

11:11 mais on les perd pas, quoi.

11:12 Voilà.

11:13 Et je crois que, de temps en temps,

11:15 dans ce monde un peu aseptisé quand même,

11:17 parce qu'il faut pas...

11:18 on rentre dans un fonctionnement un peu aseptisé,

11:20 le professionnalisme,

11:22 ça fait du bien de revivre des valeurs

11:24 qu'on a quand même appréciées dans le passé.

11:26 Je dis pas qu'on bute les garçons à se...

11:30 à boire 3 litres de bière tous les soirs,

11:32 mais de temps en temps, quand ils méritent,

11:34 qu'ils aillent boire 2 bières ensemble et qu'ils parlent,

11:36 et qu'ils se disent les choses,

11:37 c'est pas plus mal non plus, quoi.

11:38 Je crois qu'on a essayé d'adapter ça.

11:40 Ce soir, on leur a autorisé d'aller boire une paire de bières,

11:43 donc tu vois, on est quand même...

11:45 quand même assez laxistes par moments,

11:47 quand ça réussit,

11:48 il suffit simplement que quand ils reviennent dans le train,

11:51 ils aient l'habitude de reprendre le plaisir

11:53 afin de traîner et de vouloir gagner le week-end après.

11:55 - Et la banane.

11:56 Merci, Christian Lhabitte,

11:57 on était un petit peu en retard,

11:58 mais c'était un plaisir de t'avoir avec nous sur ce Radio,

12:02 bravo pour cette victoire,

12:03 et on se retrouve tout au long de la saison.

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