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Dans cet épisode vous apprendrez que Vitaa roule très vite mais qu'elle n'arrive jamais à l'heure, qu'elle possède un coussin en cuir customisé et qu'elle a travaillé dans une célèbre (mais craignos) jeanerie lyonnaise.

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"Charlotte", le nouvel album de Vitaa est disponible partout.

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Musique
Transcription
00:00 Si tu devais sauver un seul raccourci clavier,
00:02 t'as fait un BTS en commerce international ?
00:05 T'étais quel genre de petite fille alors ?
00:06 Tu te souviens de profs qui t'ont marqué ?
00:08 Qu'est-ce que tu regardais à la télé ?
00:09 Qu'est-ce que tu penses de ton propre visage ?
00:11 Quelle horreur cette question !
00:15 On est obligés !
00:16 Vita, t'as dit il y a quelque temps, je crois,
00:22 que t'avais un défaut.
00:24 J'en ai pas mal.
00:24 Ouais, mais ton principal défaut, c'est que t'étais hors tard.
00:27 D'ailleurs, du coup, aujourd'hui,
00:28 vas-y, j'étais très hors tard.
00:30 Là, franchement, j'ai un peu une excuse quand même.
00:32 On est dans une journée un peu marathon
00:34 qui a commencé à 7h,
00:35 parce qu'on était sur des matinales.
00:37 Mais je travaille beaucoup là-dessus,
00:39 mais c'est pas facile.
00:40 Et promo toute la journée ?
00:42 Là, on est en pleine semaine de promo,
00:44 donc tout s'enchaîne.
00:46 Après, juste après ça, je pars à Valenciennes.
00:47 Donc c'est des journées qui sont très longues.
00:51 Mais sur Versus, c'était super dur
00:53 parce que moi, j'étais tout le temps en retard.
00:54 Et CYMAN, il est toujours à l'heure ou en avance.
00:57 Et qu'est-ce qu'on a rigolé ?
00:59 Donc j'ai essayé de faire le maximum
01:02 pour arriver à l'heure, mais c'est pas évident.
01:03 Et tu crois que ça vient d'où,
01:04 le fait qu'il y a des gens qui sont
01:05 genre comme Slimane, genre...
01:07 Non, non, en fait, de base,
01:09 je suis quelqu'un de ponctuel.
01:10 Justement, je suis très carrée,
01:11 je suis très rigoureuse sur l'organisation et tout.
01:14 En fait, je roule très vite
01:15 et je pars toujours du principe que genre,
01:17 je pars genre 15 minutes
01:18 avant n'importe quel rendez-vous.
01:19 Mais même si c'est à l'autre bout de Paris,
01:21 je crois toujours que je vais rattraper.
01:22 Et en fait, chaque fois que j'appelle les gens,
01:24 ils me disent "je suis sûre que là, tu viens de décoller".
01:26 Et je dis "non, c'est pas vrai, j'arrive".
01:27 Mais en fait, c'est vrai, je viens de décoller.
01:29 Ça vient de là.
01:29 T'as vu qu'on a des cadeaux ?
01:32 Regarde, alors parce que ça, c'est comme ça,
01:33 mais là, il y a carrément...
01:35 Ah, je la prends ?
01:36 Ton nom, c'est...
01:37 Je peux la prendre après ?
01:38 Mais c'est fait pour ça.
01:39 C'est fait pour cadeaux.
01:40 Et alors, j'imagine que t'as déjà eu des cadeaux...
01:44 T'as déjà eu des cadeaux mieux que ça dans ta carrière.
01:46 Euh...
01:47 Genre des trucs qu'on t'a fait...
01:48 Des cadeaux de fans ?
01:49 Non, des cadeaux qu'on t'a fait, genre spécialement pour toi,
01:51 genre customisés.
01:52 Ouais, bah c'est très dans l'air du temps.
01:54 Donc là, genre avant-hier, j'ai fait une dédicace et je suis arrivée
01:57 et ils avaient tout fait, tout customisé la pièce,
01:59 des coussins pour mes enfants, avec les prémiums de mes enfants.
02:01 Je trouvais ça trop mignon pour une dédicace.
02:03 Après, ça se fait beaucoup, tous les gâteaux et tout.
02:05 Et c'est quoi le truc...
02:06 T'as un souvenir d'un truc genre...
02:07 T'es fait genre "Wooow, le meilleur truc que t'as fait !"
02:10 Quelqu'un qui m'a offert un coussin d'une grande marque,
02:13 qu'on va pas citer,
02:15 d'un grand créateur,
02:16 et qui l'a fait customiser Vita.
02:18 D'ailleurs, le cousin est tellement beau,
02:20 j'aurais préféré qu'il y ait même pas mon nom dessus.
02:23 Et franchement, c'est quelqu'un que je connaissais pas beaucoup en plus.
02:25 Ça a dû lui coûter super cher, j'étais hyper touchée.
02:28 Et il m'avait offert ça à Marseille, je me rappelle.
02:31 Et je l'ai gardé, il est magnifique.
02:33 Un oreiller tout en cuir, marron et beige,
02:35 vous avez compris c'est quelle marque.
02:36 OK.
02:37 Bon voilà, nous on a...
02:38 Vas-y, nous on a un mug.
02:39 Non mais...
02:41 Non mais c'est génial parce que les mugs,
02:42 moi je bois beaucoup de café.
02:43 Oui, bah voilà.
02:44 Et en plus, c'est aux couleurs de Konbini, donc j'adore.
02:46 Couleur un peu enfantine, comme ça.
02:47 Je l'emmène au bureau.
02:49 Et donc Vita, c'est le nom de...
02:51 C'est le prénom de mon arrière-grand-mère sicilienne,
02:53 qui était sicilienne.
02:55 Mes cousines le portent quasiment toutes en deuxième prénom.
02:58 Il y a beaucoup de Vita.
02:59 Ma maman le porte en deuxième prénom.
03:01 Et moi, Vita, c'est le nom que j'avais choisi
03:03 pour un peu en faire mon armure en tant qu'artiste,
03:07 parce que c'est la vie en italien.
03:09 Et je voulais ce nom de scène-là,
03:10 j'ai rajouté un A, mais depuis très jeune,
03:13 je m'étais dit que ce sera mon nom de scène.
03:14 Et comment tu as eu l'idée de ce deuxième A, justement ?
03:18 Je trouve que c'était dans l'ère du temps.
03:19 Moi, je suis une grande fan des chanteuses soul, R&B,
03:22 des années 90, 2000, c'est les chanteuses avec qui j'ai grandi.
03:25 Et c'était dans l'ère du temps de faire ça.
03:26 Donc, c'était pour le personnaliser aussi,
03:28 parce qu'il y avait une rappeuse américaine
03:29 qui s'appelait Vita à l'époque.
03:31 Et je m'étais dit, c'est une catastrophe, on est deux.
03:34 Et du coup, j'ai rajouté un A.
03:37 C'était un drame à l'époque.
03:38 Non, mais en fait, le truc, c'est que du coup,
03:40 on le remarque beaucoup plus aussi.
03:41 Vita, c'est...
03:42 Il y en a qui s'appellent Vita.
03:44 J'ai pas compris le concept.
03:45 Oui, non, Vita.
03:48 Mais tu dis d'ailleurs,
03:49 tu dis que ton vrai prénom, c'est Charlotte.
03:52 Et alors, tu dis que c'est un prénom que tu as toujours détesté.
03:56 Enfin, jusqu'à il y a peu de temps, en tout cas.
03:57 Non, je n'aime toujours pas mon prénom.
03:59 Pourquoi ? C'est quoi ?
04:01 Je le tolère plus depuis qu'on a décidé d'adapter l'album comme ça
04:03 et que je le vois un peu partout.
04:05 Et puis, les gens, ça me touche parce que les gens,
04:08 j'ai l'impression que ça leur fait quelque chose
04:10 que je confie, mais complexe à ce point.
04:12 Parce que vraiment, dans cet album, je suis dans une introspection
04:15 au point où je n'ai pas réfléchi même en racontant tout ça.
04:17 Et là, je suis en dédicace.
04:18 Il y a des gens, il y a énormément de monde.
04:20 Il y a des petites mamies qui viennent me voir et qui m'ont fait pleurer.
04:23 Là, genre avant-hier, ça m'est arrivé.
04:25 Qui me disent "mais pourquoi vous vous aimez pas comme ça ?
04:27 Pourquoi vous aimez pas votre..."
04:28 Parce que moi, j'ai un vrai problème.
04:29 J'aime pas mon image, je m'aime pas.
04:31 C'est un truc dont j'ai peu parlé,
04:33 mais que tous les gens qui travaillent avec moi et vivent avec moi savent,
04:36 sont au courant.
04:37 Et le fait d'appeler cet album "Charlotte"
04:41 parce qu'il était tellement introspectif,
04:44 c'était au final une évidence.
04:45 Mais pour moi, c'était impensable.
04:47 Genre il y a trois mois, je me suis pris la tête avec mon équipe,
04:49 j'ai dit "je peux pas, non, on l'appellera autrement,
04:51 on l'appellera "Cha", mais on l'appellera pas "Charlotte".
04:53 - Mais est-ce que t'arrives à savoir
04:55 qu'est-ce qui te déplait autant dans le prénom "Charlotte" ?
04:57 - On m'a posé cette question, je saurais pas répondre.
04:59 J'aime pas mon prénom, je trouve que c'est pas un beau prénom.
05:01 Ma maman me tue quand elle m'entend.
05:03 Hier, elle m'a fait une note vocale, elle m'a dit "pourquoi tu...
05:05 Je comprends pas, c'est un beau prénom".
05:07 Voilà, ma mère aimait ce prénom.
05:08 Ma mère m'a appelée comme ça par rapport à Charlotte Rampling,
05:10 l'actrice.
05:12 Et c'était "Charlotte" ou "Joséphine".
05:14 Que... Voilà.
05:16 Et ma mère, elle adore la littérature d'époque.
05:20 - Après "Charlotte", c'est vrai que peut-être que c'est parce que
05:22 ça veut dire quelque chose, c'est les trucs qu'ont...
05:24 "Charlotte"... - Je sais pas, c'est quoi ?
05:25 - Bah je crois que c'est les...
05:26 Il y a les "Charlotte aux fraises", qui est un gâteau.
05:28 Tout le monde, enfin, je crois que ça fait partie des raisons
05:30 qui ont fait que j'ai détesté mon prénom.
05:32 Parce que quand même, en primaire,
05:33 voilà, cette blague revenait beaucoup.
05:35 - Et il y a les petits chapeaux qu'on se met pour la douche aussi.
05:37 - Les "Charlotte". - Ça s'appelle des "Charlotte" aussi.
05:39 Mais c'est pas ça qui t'a...
05:40 - C'est pas ça, je sais pas, j'aime pas ce prénom.
05:42 On choisit pas son prénom, après.
05:44 - Donc, Vita, bonjour.
05:46 - Bonjour.
05:46 - Enchanté.
05:49 Donc ce podcast, il s'appelle "Small Talk".
05:53 Le principe, c'est qu'on parle de tout,
05:55 sauf de ce pourquoi la personne est connue.
05:57 Sauf que, bien sûr, si on fait vraiment que ça,
06:00 les gens, ils disent "ben non, je viens pas,
06:02 parce que moi, j'ai des produits naturels,
06:04 je veux parler de mon album, etc."
06:06 Donc, évidemment qu'on fait toujours des inscriptions
06:09 et on va faire même un intermède,
06:11 on va parler que de ton album.
06:12 - D'accord.
06:13 - Donc voilà.
06:14 Tu es née à Mulhouse,
06:16 mais t'as pas passé hyper longtemps à Mulhouse.
06:18 - Non, je suis partie très...
06:19 - Il y a des gens en mauvaise langue qui diraient genre
06:20 "ouais, c'est bien de pas passer trop longtemps à Mulhouse".
06:23 - Non, parce que j'ai de la famille là-bas
06:24 et les Alsaciens, ils sont adorables.
06:25 Quand je vais là-bas, d'ailleurs, les gens m'accueillent...
06:27 Pour eux, je suis une Alsacienne.
06:29 Et je suis partie à deux ans
06:30 et on s'est installés dans la campagne lyonnaise.
06:33 Et ma vie, c'est toute mon enfance,
06:36 mon adolescence, c'est Lyon.
06:37 Lyon, c'est ma ville, je suis une vraie lyonnaise de cœur.
06:40 Voilà, c'est ma région.
06:42 Quand j'arrive à Lyon, j'ai mon cœur qui se relâche,
06:44 c'est-à-dire que j'ai un soulagement,
06:45 j'aime tellement cette ville.
06:47 Et voilà, mes premières expériences de scène musicales,
06:50 mes plus belles rencontres aussi sont à Lyon.
06:52 La première rencontre que j'ai faite
06:53 qui a été déterminante dans ma carrière avec Ako,
06:56 qui était un des compositeurs du label d'Aïam, l'Akoska,
06:59 c'était un Lyonnais, Olivier Casselli.
07:01 On s'est rencontrés, on a fait du son.
07:03 Donc en fait, vraiment, tout mon album "À fleur de toi",
07:05 je l'ai écrit dans mon petit appart à Lyon.
07:07 Je travaillais, j'étais vendeuse dans un centre commercial
07:09 en plein centre de Lyon.
07:10 Ma vie, mes souvenirs de jeunesse, c'est Lyon.
07:13 - Oui.
07:13 Et alors, c'est une ville qui a une réputation de loin comme ça,
07:18 comme elle est très bourgeoise, très tradie, très...
07:22 Et puis les Lyonnais ne sont pas hyper sympathiques.
07:24 Quand je suis arrivée à Paris, ça m'a pas trop changé.
07:25 - Ouais.
07:26 Ils sont un peu... C'est des Parisiens...
07:29 - C'est un peu des... Ouais, c'est des sous-Parisiens.
07:31 - C'est des sous-Parisiens.
07:32 - Mais c'est une très belle ville.
07:33 - Âme dans vos visages, les Lyonnais.
07:35 - La prochaine fois que je vais à un concert là-bas,
07:36 ça va être très bien.
07:37 Non, mais à la fois, c'est une ville magnifique
07:40 et voilà, et tellement de beaux souvenirs.
07:42 - Ouais.
07:43 Et c'est quoi ton plus vieux souvenir,
07:48 quand tu vas le plus loin dans ta mémoire possible ?
07:50 - Dans l'enfance ?
07:51 - Ouais, dans l'enfance.
07:52 Le premier truc dont tu te souviens, tu te dis genre...
07:54 Je sais pas, peut-être que t'avais quelques années,
07:56 je sais pas, trois, quatre ans,
07:56 et tu dis "Ah, je sais pas, ça peut être rien, une vision, un truc."
07:58 - Moi, j'ai un vrai souvenir d'enfance,
08:00 j'en ai parlé à ma mère il y a pas longtemps,
08:01 et par exemple, je pense que c'est lié à ça,
08:04 je déteste la compétition
08:05 et j'ai des souvenirs de maternelle, première année.
08:08 C'est quand même long, hein ?
08:09 En plus, je suis rentrée à l'école, j'avais deux ans.
08:11 Et ils nous faisaient faire une compétition de cerceaux dans la cour.
08:15 Donc tu devais faire rouler ton cerceau.
08:17 - Oui.
08:18 - Et ça me terrorisait, donc on devait partir un contre un.
08:21 - Oui.
08:21 - Je m'en rappelle quand même, c'était genre il y a pas longtemps.
08:24 Et j'avais peur, en fait,
08:26 parce que je trouvais ça horrible d'être contre quelqu'un.
08:28 Et toute ma vie, j'ai détesté la compétition.
08:30 C'est un truc que j'aime pas.
08:32 Les chiffres, tu vois.
08:34 Et alors, je suis dans un métier où c'est horrible
08:35 parce que quand tu sors un disque, c'est que ça.
08:38 Et j'ai jamais aimé être en compétition avec quelqu'un,
08:40 être comparée à quelqu'un.
08:41 C'est un truc que je fais, je travaille pas comme ça.
08:44 Et toute ma vie, dans tous les secteurs possibles,
08:46 la compétition, c'est un truc que je déteste.
08:47 - Oui.
08:48 - Mais je crois que ça vient de là.
08:49 - Et tu te souviens qui c'est qui avait gagné la...
08:52 - Je m'en rappelle même pas, c'était du gars.
08:55 - Mais c'était pas toi.
08:56 - C'était pas moi, je pense pas.
08:56 - C'était pas toi.
08:58 Tu te souviens quand t'étais tout enfant,
09:01 qu'est-ce que tu regardais à la télé ?
09:02 Tu regardais ça en limet ?
09:03 - Moi, Génération Club Dorothée.
09:04 - Mais ouais.
09:05 - À mille, genre.
09:06 J'attendais mon nom à la fin, l'anniversaire et tout.
09:09 - Oui, c'est ça, parce qu'en fait, tu pouvais...
09:11 - Quand t'étais membre du club,
09:13 il y avait à chaque jour, à la fin, les prénoms.
09:15 Et ils avaient tellement de membres.
09:16 Et nous, on attendait...
09:17 Il y avait des milliers de prénoms.
09:18 Et t'attendais quand c'était ton anniversaire, tu vois.
09:20 Et tellement que j'étais fan du Club Dorothée,
09:23 j'étais fan et tout, j'envoyais des courriers.
09:25 Et c'était à la Plaine-Saint-Denis.
09:27 Et moi, petite lyonnaise dans ma campagne,
09:28 j'ai grandi vraiment dans la campagne et tout.
09:30 Quand je suis venue m'installer à Paris
09:32 et que j'étais chanteuse,
09:33 les premières émissions, je me souviens,
09:35 où je suis venue à la Plaine-Saint-Denis,
09:37 je croyais que la Plaine-Saint-Denis,
09:39 c'était une plaine, tu vois, avec des fleurs.
09:41 Je voyais ça comme un truc enchanté dans ma tête d'enfant.
09:44 Et je me suis dit, mais en fait, c'est ça la Plaine-Saint-Denis.
09:46 - Ouais. - C'est vrai, quoi.
09:47 - Et c'est un endroit, on pourrait dire, quand même,
09:49 pas top, quoi.
09:50 - C'est pas fou, quoi. C'est que des studios.
09:53 Et c'est fou comme tu idéalises quelque chose quand t'es gosse.
09:56 Mais vraiment, le Club Dorothée,
09:57 je peux te citer toutes les émissions du Club Dorothée.
10:00 - Mais c'est vrai que c'est ce truc où t'avais l'impression
10:01 d'être une espèce de micro-resta, parce qu'il y avait ton nom
10:04 qui était passé genre un huitième de seconde.
10:06 - Qui allait au dysarien à la fin.
10:07 C'était un super anniversaire à tous.
10:09 Et t'étais là, t'attendais.
10:11 - Et les dessins animés ?
10:12 - Les dessins animés, un dessin animé qui m'a marqué,
10:14 il y en a deux, "Olive et Tom".
10:16 - Bien sûr. - J'adore.
10:17 Ils couraient pendant 7 heures sur le terrain,
10:19 on leur a dit que le terrain...
10:20 - Pour ceux qui savent pas,
10:21 parce qu'il y a des gens qui sont un peu plus jeunes,
10:23 c'était un manga de foot.
10:25 - De foot, mais qui est encore coté un peu.
10:27 - Moi, mes enfants, ils ont 12 ans,
10:29 ils regardent encore "Olive et Tom".
10:30 Et les mangas sont revenus quand même.
10:31 "Dragon Ball", c'est encore dans l'air du temps.
10:33 - Complètement.
10:34 - Un dessin animé qui existe plus du tout, que j'adorais,
10:36 c'était "Denver, le dernier dinosaure".
10:37 Je sais pas si t'es connu.
10:39 - Mais bien sûr.
10:39 - "Denver, le dernier dinosaure,
10:42 c'est mon ami, rien plus, encore."
10:46 - Voilà, "Denver", j'adorais.
10:48 C'était le samedi soir et les mercredis,
10:49 nous, quand on était gosses vraiment,
10:50 où le club Dorothée, c'était vraiment quelque chose.
10:53 - Sur le truc de la Plaine-Saint-Denis,
10:56 ça me fait penser des fois au nom de cités,
10:59 tu sais, dans les...
11:00 Genre la cité des...
11:01 - Ouais, des noms de ouf.
11:02 - Voilà, la cité des marguerites et des machins.
11:04 Et tu fais "Oh, la cité des marguerites !"
11:06 - Ouais, quand t'arrives là, y'a pas de marguerite.
11:08 - Y'a pas de ouf de marguerite, quoi.
11:11 - Ouais, t'as raison.
11:13 - Et tu te souviens à quoi tu jouais ?
11:14 Moi, je me souviens que les...
11:16 On est, je pense, à peu près de la même génération.
11:18 Moi, les filles, dans la cour, elles jouaient à l'élastique.
11:21 - Ouais, moi aussi.
11:22 - Beaucoup à l'élastique.
11:22 J'avais trop compris, d'ailleurs, en quoi ça consistait.
11:25 - Ouais, fallait sauter entre c'est vrai que c'était pas hyper...
11:28 On adorait jouer à ça, d'ailleurs.
11:29 L'élastique corde à sauter.
11:32 Les billes, ça se fait plus.
11:34 - Je sais pas, les billes, j'ai l'impression que ça traverse un peu genre...
11:37 - Je crois pas.
11:37 - Non ? - Qu'est-ce qu'il y avait d'autre qui est revenu ?
11:40 Ouais, en tout cas, c'était ça.
11:41 - Tu te souviens pas des trucs...
11:42 Moi, y'avait un truc qui s'appelait les puces.
11:44 Et c'était des espèces de cônes en plastique,
11:47 comme ça, que tu retournais,
11:48 tu les posais...
11:49 - Et ça sautait ? - Et ça sautait.
11:50 - Si j'ai connu un peu, j'ai pas trop joué à ça.
11:52 Les trucs là, que tu fais ça, les scooby-doos.
11:55 - Ouais.
11:56 - Ouais, toutes ces choses qui n'existent plus,
11:57 parce qu'il n'y a que les raisons. - Les trucs où tu fais ça, c'est quoi ?
11:59 - Je sais, c'était comme un élastique à enfer, là.
12:02 - Les slinkys qui descendent l'escalier.
12:04 - Voilà.
12:05 - Ah ouais !
12:06 - Moi, je sais, j'ai jamais réussi à le faire.
12:07 - Ouais, ouais, ouais, non, c'était pas facile.
12:09 Et t'étais quel genre de petite fille, alors, à ce moment-là ?
12:12 - J'ai été une petite fille hyper...
12:14 Alors, ma mère me dit hyper rigolote, j'étais un peu un bout en train.
12:17 D'ailleurs, j'aurais dû peut-être...
12:18 Je pense que ma famille pensait que j'allais être humoriste,
12:20 parce que je faisais des spectacles devant mes tantes et tout,
12:24 dans le sud de la France, en été, tout le temps.
12:27 Après, j'étais très...
12:28 Plus tard, en primaire, j'étais très solo, en fait.
12:30 J'ai pas bien vécu ma primaire.
12:32 Je le raconte un peu, d'ailleurs, dans "Versus", la chanson où je dis
12:36 qu'à l'école, je me suis un peu sentimise de côté.
12:40 Moi, je pense que j'étais vraiment quelqu'un qui aimait pas
12:42 tout ce qui est les bandes de copines.
12:45 Je crois que je m'entendais mieux avec les garçons qu'avec les filles.
12:48 J'ai trouvé tout de suite le monde des enfants un peu cruel, quoi.
12:50 Donc, j'ai pas des super souvenirs de primaire.
12:53 J'ai des super souvenirs d'enfance, mais primaire, pas ouf.
12:55 Et à partir du collège, ça allait mieux.
12:57 - Et t'avais des bonnes notes quand t'étais...
12:59 - Ouais, ça, c'était ma force, c'est que j'avais des super bonnes notes.
13:02 J'ai sauté une classe.
13:03 Et du coup, vu que j'avais des bonnes notes,
13:05 arrivé au collège, j'ai basculé dans la rébellion totale.
13:09 - Ah oui ? - Ouais.
13:10 - T'as été forte à l'école trop tôt et ensuite...
13:12 - Eh ben en fait, je me la racontais, parce que j'avais des bonnes notes.
13:15 Donc, je traînais avec les mauvaises fréquentations du collège.
13:18 Mais vu que j'avais des bonnes notes, je me croyais tout permis.
13:21 Ce qui m'a valu quand même des exclusions.
13:23 C'était pas évident.
13:24 Mes profs de collège avaient dit à ma mère...
13:26 "On sait pas ce qu'elle va faire de sa vie, mais elle va faire quelque chose de..."
13:30 C'est qu'elle a beaucoup de caractère, quoi.
13:31 Et bon, heureusement qu'après, j'ai basculé du bon côté.
13:34 Mais ouais, j'ai vraiment eu une adolescence compliquée.
13:38 - T'aurais pu utiliser ton caractère à faire des trucs pas bien.
13:40 - J'aurais pu, ouais.
13:41 Si j'avais pas eu un père très autoritaire.
13:43 - Et tu te souviens, quand t'étais en primaire ou au collège,
13:47 genre tes camarades de classe de l'époque, tu te souviens encore de leurs noms ?
13:51 - Ouais, y en a, je m'en rappelle.
13:52 Je m'en rappelle même de certains de maternelle.
13:54 Mais je vais pas dire leurs noms, les pauvres.
13:55 - Bah pourquoi pas ? - Non...
13:57 - Leurs prénoms ?
13:58 - Non, non, non, je vais pas faire ça.
13:59 Après, on se retrouve sur les réseaux.
14:01 Mais y en a plein, oui, je me souviens très bien.
14:03 J'ai une bonne mémoire.
14:04 - Et tu t'en souviens pour des raisons particulières,
14:06 genre sympa ou pas sympa ?
14:07 - Franchement, y en a.
14:08 Tu sais, juste, tu regardes la photo de classe,
14:09 "Eh, Guillaume !"
14:11 Tu sais, t'as des peines.
14:13 Mais non, sinon...
14:15 Non, j'ai pas vécu d'épisodes qui m'ont traumatisé non plus.
14:19 Mais je m'en rappelle bien, ouais.
14:20 - Et t'avais des...
14:21 Parce que je sais que les bons élèves, souvent, ils ont ça,
14:22 ils ont genre, t'sais, une ou un rival qui est genre un peu meilleur
14:27 ou un peu moins bon, mais genre...
14:28 - Non, mais parce que moi, j'étais une bonne élève malgré moi.
14:30 C'est-à-dire que moi, je travaillais pas à outrance et tout.
14:35 En fait, j'aimais bien l'école.
14:36 Donc, c'était facile parce que j'ai toujours aimé écrire.
14:39 Et d'ailleurs, c'est pour ça que j'en ai fait mon métier.
14:41 Mais mon tempérament, il voulait s'amuser.
14:45 Donc, en fait, j'étais un mélange des deux.
14:47 C'était bizarre parce que je traînais pas avec les bonnes personnes.
14:49 Et du coup, j'aidais tous ceux qui bossaient pas.
14:53 Et j'avais des bonnes notes.
14:54 - Ouais.
14:55 - C'est ça qui m'aidait, quoi.
14:56 - Tu te souviens de ce que tu faisais,
14:57 genre le mercredi, tu faisais des activités...
15:02 - Oui, j'ai fait beaucoup de sport, moi, quand j'étais jeune.
15:03 - Et tu fais quoi ?
15:04 - J'ai fait de la gym pendant 7 ans, en agré, tu vois, en salle et tout.
15:07 - Ah, genre le ballon, les rubans ?
15:09 - Non, c'est la GRS.
15:10 - Pardon.
15:11 - C'est pour les filles plus féminines.
15:12 - Ouais.
15:13 - Non, non, la gym en agré, c'est les barres asymétriques, là.
15:16 - Ah, pardon !
15:17 - Le cheval de garçon, exactement.
15:18 - Le cheval de garçon, exactement.
15:19 Ce que t'as de filmé, c'est pour les garçons.
15:20 C'est le saut de cheval pour les filles.
15:22 - Ah oui, sur les garçons, tu te mets pas avec les poignets, là.
15:25 - Non, ça, c'est des garçons.
15:26 - D'accord, d'accord.
15:27 - C'est hyper physique.
15:28 Et ça m'a donné une bonne base, d'ailleurs, je pense, par la suite, même pour mon corps.
15:33 Après, je suis passée au handball, à l'adolescence.
15:36 Et vu que je suis grande et tout, j'étais en ligue et tout, genre j'ai joué longtemps.
15:39 - Genre t'as fait de la compète de handball, quoi.
15:41 - Ouais, j'étais en ligue.
15:43 Et après, j'ai complètement arrêté le sport.
15:45 Ça a été un drame à ma 18 ans.
15:48 J'ai pris beaucoup de poids.
15:49 Et c'est pour ça que je dis toujours aux gens que moi, je suis une ancienne ronde.
15:51 Donc, je me vois encore comme ça.
15:53 Je faisais 14-15 kilos de plus comme je suis là.
15:55 Et après, je suis allée voir un nutritionniste qui m'a appris à m'alimenter, réappris,
16:00 et qui m'a aidée à perdre du poids.
16:01 Et j'ai gardé ma ligne à près à partir de là.
16:03 Mais en fait, j'en ai beaucoup souffert.
16:04 C'était au moment du lycée, parce que j'étais plus ronde.
16:06 Et forcément, t'entends des phrases qui te marquent.
16:09 - Et quelles phrases t'entendais ?
16:11 - On m'appelait Golgothe.
16:12 Ça m'est arrivé.
16:13 Je rigole, mais c'était dur.
16:16 À 18-20 ans, t'es une jeune fille.
16:18 Moi, j'ai pas aimé ma vingtaine.
16:20 Moi, je suis hyper à l'aise dans mes baskets aujourd'hui.
16:23 Je crois que j'ai jamais été aussi bien qu'aujourd'hui.
16:24 Dans ma trentaine, j'ai commencé vraiment à m'accepter.
16:27 Aujourd'hui, je me sens bien.
16:28 Mais ma vingtaine était difficile.
16:31 Et en plus, j'ai été propulsée sur le devant de la scène à 20 ans.
16:33 Quand t'es une jeune femme, que tu t'aimes pas, c'est pas facile.
16:36 Et tous ces souvenirs-là, je les ai gardés.
16:38 Et je pense qu'il y a plein de gens qui me disent "Ah, t'abuses".
16:40 Mais moi, je me vois encore comme ça.
16:42 Donc, je suis un enfer parce que je m'aime jamais.
16:44 Quand je regarde un truc, j'ai toujours un truc à dire.
16:46 - C'est le...
16:48 Alors, moi, j'étais un petit peu gros aussi.
16:50 Et moi, je m'appelle David Castello Lopez.
16:52 Et on m'appelait David Castello "Lobèze".
16:55 - Ah ouais, voilà. C'est sympa.
16:56 - Mais après, c'est bien trouvé quand même.
16:57 - C'est pas assez proche.
16:59 - C'est ultra méchant.
17:00 - Ils sont durs, les enfants. Ils se font pas de cadeaux.
17:02 - Et toi, d'ailleurs, t'étais...
17:04 Donc, il y avait des gens qui étaient méchants avec toi et qui t'appelaient Golgoth.
17:06 Est-ce que toi, t'as été méchante avec des gens ?
17:09 - Non, moi, je... - Au collège, en tout cas.
17:10 - Non, moi, vraiment.
17:11 Je pense que c'est pas...
17:11 - Parce que t'étais quand même dans les populaires.
17:13 Donc, souvent, les populaires, ils sont pas sympas.
17:14 - Je t'aimais avec ceux qui étaient méchants avec les autres.
17:16 Mais moi, j'étais pas comme ça.
17:17 J'ai jamais su faire ça.
17:18 C'est pas ma nature.
17:19 Je crois que je suis vraiment pas une quelqu'un de méchant.
17:22 Et je déteste ça, la méchance.
17:24 C'est gratuit, de l'injustice.
17:25 Genre, je peux intervenir, quoi.
17:26 Genre, j'étais comme ça, j'aime pas.
17:28 Non, moi, je suis pas comme ça.
17:29 Et j'avais plein de copines comme ça.
17:31 Et je trouvais ça dégueulasse.
17:32 Et je leur disais, "Ouais, ça se fait pas."
17:33 Et tout. Bon, après, c'est le collège.
17:34 C'est comme ça, c'est cruel, un peu.
17:36 Et mes enfants, je leur inclue vachement ça.
17:38 Je leur dis, "Faut pas faire ça, en fait."
17:39 Parce qu'en plus, on est dans l'ère du harcèlement.
17:41 C'est dur, eux, ce qu'ils vivent.
17:42 Donc, vraiment, j'essaye de les éduquer
17:44 pour justement qu'ils n'aient pas cette fibre-là
17:46 et que même s'ils traînent avec des gens comme ça,
17:48 qu'ils réagissent...
17:49 Et mon fils, le plus petit, qui a huit ans,
17:51 il a une âme de justicier.
17:52 J'aime trop.
17:53 Parce que dès qu'il voit un truc comme ça,
17:54 Edem, lui, il va dire, "Pourquoi t'as fait ça ?"
17:56 Il rentre au milieu, bagarre et tout, direct.
17:58 Il rentre dans... J'aime bien.
18:00 Je trouve que c'est important d'être comme ça
18:02 parce qu'on est tellement dans une ère
18:03 où tu vois des trucs de fous, tous les jours,
18:05 qu'il faut pas laisser faire.
18:07 Mais moi, non, j'étais pas cette fille-là, justement.
18:09 Je regardais, je me mettais sur le côté
18:11 et après, je lui disais, "Pourquoi t'as fait ça ?"
18:13 Donc, voilà.
18:14 - Et tu dis que t'étais en rébellion
18:16 quand t'étais au collège.
18:18 T'as fait quoi, par exemple ?
18:18 - Avec les profs.
18:20 C'est pas bien de donner cet exemple-là.
18:21 - Mais non, mais justement, c'est pas un exemple.
18:24 - Ils regardent tous les trucs qu'on bine, ils adorent.
18:25 - Bah tu dis, on dit, il faut pas faire ça.
18:28 - Oui, bien sûr, fais ce que je dis,
18:30 fais pas ce que je fais.
18:31 - Oui, voilà.
18:31 Exactement.
18:32 Fais ce que je dis, fais pas ce que j'ai fait.
18:36 - Non, bah des exclusions,
18:38 rater ou ne pas venir à l'école.
18:40 - Tu te souviens d'une raison pour laquelle
18:41 t'es exclue au collège ?
18:43 - Ouais, pour...
18:44 Comment ils appellent ça ?
18:46 Quand tu réponds ?
18:48 - Insolence ?
18:48 - Oui, voilà.
18:49 - Et t'avais répondu quoi ?
18:50 - Insolence avec une prof.
18:51 Ouais, aller loin, à se lever, à crier et tout.
18:54 Donc, exclue de la classe plusieurs fois
18:56 jusqu'à ce que le CPE t'exclue trois jours.
18:59 - Ouais.
19:00 - Voilà, après, des plus grosses bêtises
19:03 un peu plus tard
19:04 parce que t'es pas des bonnes fréquentations.
19:06 Mais je suis pas fière de cette période-là.
19:08 Et à la fois, j'ai l'impression qu'en fait,
19:11 un peu comme dans la vie,
19:12 quand il faut se planter
19:13 pour comprendre qu'on s'est planté,
19:16 je pense qu'il faut aussi parfois...
19:18 Et je pense qu'un enfant, il a besoin de ça.
19:19 Pas de faire des énormes bêtises,
19:20 mais je veux dire, des fois,
19:21 il faut le laisser, en fait,
19:23 comprendre tout seul qu'il sort du bon chemin
19:25 pour qu'il revienne.
19:26 Je pense qu'on peut pas préserver quelqu'un,
19:28 empêcher quelqu'un de faire des conneries.
19:30 Et j'en ai fait, ouais, pas mal.
19:32 Je partais de la nuit de chez mes parents
19:35 parce que nous, on vivait dans une maison à la campagne
19:36 et j'avais une porte, en fait, dans ma chambre
19:38 et je racontais ça à mon père il y a pas longtemps
19:39 parce que je prépare un documentaire
19:41 et dedans, mes parents interviennent.
19:43 Et en fait, nous, on avait des scooters
19:44 parce qu'on vivait à la campagne,
19:45 moi, très vite, parce que nous, on habitait dans un endroit,
19:47 il y avait pas de transport en commun.
19:49 Et en fait, la nuit, on s'échappait.
19:50 Mon frère, il faisait pareil.
19:52 On poussait nos scooters dans la descente
19:54 pour pas que mon père, il l'entende.
19:55 Et on partait et après, on allait rejoindre nos potes.
19:58 Bref, mon père, il m'a dit "Faisiez ça".
19:59 - Ah parce qu'il était pas... Il a jamais su, quoi.
20:01 - Il dormait et on attendait d'être en bas du virage
20:03 pour démarrer parce qu'on savait qu'il allait entendre.
20:05 Tu vois, des bêtises de...
20:07 - Et tu dis que c'est grâce à ton père strict
20:11 que c'est pas allé plus loin que juste des conneries d'adolescent, quoi.
20:14 - Ah oui, c'est sûr que si...
20:16 Si je pense que si ma mère avait été mère célibataire,
20:19 moi, je pense que j'aurais pu avoir une vraie période
20:22 où je pars en live.
20:24 Ouais, moi, j'avais un père.
20:26 Moi, je trouve qu'on est dans une ère qui est un peu compliquée
20:28 parce qu'aujourd'hui, on dit "Oui, les enfants,
20:29 il faut pas les disputer,
20:31 il faut pas de fessées, pas de..."
20:34 Moi, j'ai pas eu une éducation comme ça.
20:35 Moi, j'ai une éducation à la dure.
20:37 Moi, mon père, il était pas content, il me mettait une tarte.
20:40 Oui, il y a eu...
20:41 Physiquement, voilà, c'est quelqu'un qui me corrigeait.
20:43 Et très honnêtement, je pense que j'en avais besoin
20:46 parce que je répondais, j'étais hyper insolente.
20:48 Je répondais à ma mère.
20:50 Et quand il rentrait le soir,
20:51 ma mère, la pauvre, elle faisait ce qu'elle pouvait,
20:52 mais ma mère, c'est quelqu'un d'adorable.
20:54 Et en fait, à l'adolescence, il faut avoir du répondant.
20:59 Donc moi, quand mon père rentrait le soir,
21:00 je savais qu'il allait rentrer
21:01 et que j'allais lui rendre des comptes.
21:03 Donc moi, je craignais mon père et je lui en remercie.
21:05 Si j'avais pas eu un père comme ça,
21:06 qui était la figure autoritaire,
21:09 moi, j'avais besoin de ça.
21:10 Et je pense qu'il y a des enfants,
21:12 que tu leur dis une fois, ils comprennent.
21:13 Il y a des enfants, ils ont besoin de sentir.
21:15 En fait, calme-toi là,
21:16 parce que toi, tu redescends, t'es un enfant.
21:19 Je dis ça, j'avais 15, 14, 15 ans.
21:21 - Oui, c'était pas huit ans. - J'avais pas huit ans.
21:24 - Donc t'as passé ton bac ?
21:26 - Oui, j'ai eu un bac éco.
21:29 Option européenne, bilingue anglais.
21:31 - ES option. - ES à l'époque, oui.
21:34 - Mention ? Pas de mention. - Non, pas de mention du tout.
21:36 J'ai été au rattrapage pour cinq points.
21:37 J'étais en pleine vacances,
21:38 ils m'ont fait revenir pour cinq points,
21:39 j'étais au bout de ma vie.
21:40 Pourquoi ? Parce que j'étais comme ça,
21:41 ce phénomène de "je me repose sur mes acquis,
21:43 c'est bon, le bac".
21:45 Et en fait, il me manquait cinq points
21:46 à cause du bac de français,
21:47 parce que j'avais fait l'impasse sur certains textes.
21:49 J'étais partie avec une mauvaise note au bac de français.
21:51 Je suis revenue de vacances
21:52 pour faire mon rattrapage de cinq points.
21:54 - Et t'as passé quoi ? - J'en ai rattrapé cinq ans.
21:56 - Et t'as passé quoi comme matière ? - Maths.
21:57 - Maths ? - Ouais.
21:58 Et j'ai tombé sur un prof très sympa.
22:00 - Et à l'instant, t'as parlé de ton frère.
22:02 - Ouais, mon grand frère.
22:03 - T'as un grand frère,
22:04 et c'était quoi ton rapport avec ton frère ?
22:06 - Très jeune, très compliqué.
22:08 Enfin, à l'adolescence, compliqué.
22:10 On était très différents.
22:11 Aujourd'hui, on s'entend hyper bien,
22:12 on est beaucoup plus proches.
22:13 - Il fait quoi, lui, aujourd'hui ?
22:14 - Il est commercial dans une grosse boîte de sons.
22:18 Et aujourd'hui, on est très proches,
22:20 peut-être parce que la vie aussi,
22:21 le fait qu'il soit papa,
22:22 qu'on partage les mêmes choses.
22:23 Mais quand on était plus jeunes,
22:24 on était diamétralement opposés.
22:27 Pas du tout les mêmes fréquentations,
22:28 pas du tout les mêmes amis.
22:30 Et lui, il me racontait justement
22:31 qu'il avait mal vécu le collège.
22:32 Et je lui disais, "Ah, c'est marrant,
22:33 moi, le collège, j'ai adoré."
22:34 Et on s'est vraiment éloignés,
22:36 je crois, entre 18 et 20 ans,
22:37 et on s'est retrouvés par la suite.
22:38 - Ouais.
22:39 Et maintenant, vous êtes reproches.
22:40 - Maintenant, on est vraiment très proches.
22:42 - T'as fait un BTS en commerce international ?
22:45 - Ouais, juste après.
22:46 Enfin, pas juste après.
22:47 J'ai fait une pause de un an et demi.
22:50 Où, là, tout commençait un peu
22:51 à se mettre en place dans la musique.
22:56 C'est-à-dire que c'est là où j'ai fait
22:57 toutes les collaborations que j'ai pu faire.
23:00 Pas le Jams, mais le Synic,
23:02 le Dadou, les Double Face,
23:04 Double Face 4, etc.
23:06 Je commence à me faire un nom,
23:06 en fait, à ce moment-là,
23:07 et les gens commencent à me dire,
23:08 "Non, mais attends,
23:09 il y a un truc à faire."
23:09 Et tout, moi, parallèlement,
23:11 je suis à Lyon, je suis vendeuse,
23:12 donc entre-temps, dans un centre commercial,
23:14 enfin, dans un magasin,
23:15 dans un centre commercial de vêtements.
23:17 Et puis, je fais mes maquettes le week-end
23:19 avec mon compositeur de l'époque,
23:21 qui s'appelle Mounir.
23:22 Et on compose et on écrit
23:23 tout l'album "A fleur de toi".
23:25 Et les gens nous disent,
23:27 "Il y a un truc à faire."
23:28 Mais à la fois, je monte à Paris,
23:29 rendez-vous sur rendez-vous,
23:30 on n'essuie que des échecs
23:31 et que des portes qui se ferment.
23:33 Je rencontre mon manager de l'époque
23:35 qui démarche partout.
23:37 Et puis, ça n'avance pas, en fait, la musique.
23:39 Donc, je reprends mes études.
23:41 Je fais un BTS commerce international.
23:43 Et je me dis, t'as deux ans pour signer.
23:46 Moi, je suis comme ça,
23:46 j'adore me fixer des objectifs.
23:48 Je suis toujours pessimiste,
23:49 ça n'a pas marché.
23:51 Et au bout des deux ans,
23:52 ça n'a pas marché.
23:53 Et là, moi, je voulais partir vivre aux États-Unis.
23:55 Je me dis, de toute façon,
23:56 ça ne marchera jamais.
23:57 Mon manager continue à démarcher, démarcher.
23:59 Et on fait "Confession nocturne" avec James,
24:01 qui sort en 2006, en plein été.
24:03 Et le titre devient
24:04 un espèce de raz-de-marée,
24:05 on l'entend partout,
24:06 tout le monde met ça dans sa voiture.
24:07 À l'époque, c'était un truc de fou.
24:09 Et là, tous les gens
24:11 qui nous avaient claqué la porte au nez,
24:12 alors qu'ils avaient écouté tout l'album
24:13 qui était fini,
24:15 nous rappellent et disent,
24:16 "Non, mais on a écouté, c'est du génie,
24:18 il faut qu'on la rencontre."
24:19 Alors qu'on avait tout sorti.
24:21 Et en fait, question de timing,
24:23 c'est un métier aussi où on le comprend très vite,
24:25 c'est un métier d'hypocrite.
24:27 On comprend qu'il y a des opportunités,
24:28 il y a des moments pour tout.
24:29 Et que, voilà, quand les gens n'ont pas envie,
24:31 les gens n'ont pas envie,
24:32 qu'il faut enfoncer les portes,
24:33 encore plus quand tu es une femme,
24:34 encore plus quand tu es auteur.
24:36 Et là, la situation va s'inverser.
24:38 - Ouais.
24:39 Alors, on peut revenir un petit peu en arrière.
24:40 Tu as été vendeuse dans un centre commercial.
24:44 - J'ai été vendeuse longtemps.
24:46 - Et tu vendais quoi ?
24:47 - Je vendais des jeans,
24:48 des baskets,
24:50 je ne vais pas dire les marques,
24:52 mais c'était des bottes
24:52 avec plein de trucs en fer dessus.
24:54 Je ne sais pas si tu vois
24:55 des grosses bottes classiques.
24:56 Ça revient un peu d'ailleurs.
24:57 C'est un peu gothique dans l'esprit.
24:58 Voilà, j'en ai cette marque-là.
25:00 Et c'était une jeannerie, en fait,
25:01 qui était dans le plus gros
25:01 centre commercial de Lyon.
25:02 Et ouais, j'ai fait ça pendant deux ans.
25:05 Officiellement, après,
25:06 je continuais les week-ends.
25:07 Je gagnais bien ma vie.
25:08 Ça me permettait de payer mon appart
25:09 parce que je suis partie à 17 ans
25:10 de chez mes parents.
25:11 Et je pense que ça m'a donné
25:13 tout de suite une rigueur aussi
25:14 dans ma vie, de ma gestion
25:16 de mes économies, mes finances.
25:19 Moi, je suis quelqu'un de très raisonnable.
25:21 - Et tu as un souvenir,
25:22 je sais pas, quelque chose de précis
25:24 de quand tu étais vendeuse de jeans
25:27 au centre commercial de Lyon,
25:28 quelque chose qui t'a marquée ?
25:29 - Il y avait des bagarres.
25:30 - Ah ouais ?
25:30 - Ah bah oui, parce que c'était
25:31 le centre commercial de Lyon
25:32 à l'époque où les mecs
25:34 venaient en bande le samedi.
25:35 - Ouais.
25:35 - Et nous, on était la jeannerie
25:37 hyper branchée du centre.
25:39 Donc, ça venait chez nous
25:41 et ça essayait de voler.
25:43 Moi, combien de fois j'ai pris
25:43 des filles qui volaient et tout.
25:45 Et souvent, ça se disputait
25:46 avec les vendeurs.
25:47 Il y avait des...
25:47 Ça se regardait bizarrement.
25:49 Et il y a eu...
25:50 Un jour, on a dû fermer le rideau.
25:51 C'était bagarre générale.
25:53 Ah non, c'était quelque chose
25:54 ces années-là.
25:54 - Genre, bataille rangée, quoi.
25:55 - Ouais, ouais, grosse bataille.
25:56 Tout le monde est venu de la sécurité
25:58 et tout.
25:59 On s'embêtait pas à ça à l'époque.
26:02 - Mais c'est fou.
26:02 Donc, en fait, t'avais déjà du succès
26:04 et t'as fait un...
26:05 Enfin, c'était pas encore...
26:05 - Bah, du succès.
26:06 Les gens savaient pas que c'était moi.
26:07 Mais je commençais à me faire un nom
26:09 dans le milieu, en tout cas.
26:10 - Ouais.
26:11 Et là, pendant deux ans,
26:12 tu vas en cours
26:14 pour apprendre
26:15 le commerce international.
26:16 - Voilà.
26:17 Et le plus dur, ça a été après le BTS.
26:18 Parce que j'ai mon BTS,
26:19 ça n'a toujours pas...
26:20 Rien qui s'est déclenché.
26:22 Et là, en fait,
26:24 j'ai toujours mon loyer à payer.
26:25 Qu'est-ce que je fais ?
26:26 Et je m'étais dit, ce sera le plus...
26:28 Enfin, pour moi, je l'ai vécu
26:29 comme un échec.
26:31 Qu'est-ce que je fais ?
26:32 Soit je pars aux États-Unis,
26:32 je laisse tomber mon rêve, en fait.
26:34 Soit je me donne encore quelques mois.
26:37 Je retourne travailler
26:38 dans le centre commercial.
26:39 C'était...
26:40 Franchement, ça paraît bête à raconter,
26:42 mais pour moi,
26:43 je l'ai vécu tellement comme un échec.
26:44 Et les gens repassaient me voir.
26:46 Puis moi, il y avait quand même des morceaux
26:47 qui commençaient à tourner en radio.
26:48 Et ils me disaient,
26:49 "Qu'est-ce que tu fais là ?
26:50 T'es revenu ?
26:51 Et toi, t'es là.
26:52 Qu'est-ce que tu veux leur dire ?"
26:53 "Bah ouais, ça marche pas, en fait,
26:54 pour l'instant.
26:55 Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?"
26:56 "Mais toi, tu peux pas dire ça.
26:57 T'as ton petit égo, tu vois."
26:58 "Bah ouais, mais..."
27:00 Je croyais que tu devais pas s'ignorer.
27:02 Tu vois, c'est horrible.
27:02 Les gens, ils connaissent rien à ta vie.
27:03 Ils savent pas que toi, t'as tout fait.
27:04 T'as démarché partout.
27:05 Et c'est pas le moment, en fait.
27:07 C'est pour ça qu'il y a plein d'artistes
27:08 avec qui je bosse, en développement,
27:09 avec qui je dis,
27:10 il y a un moment pour tout.
27:11 Vraiment.
27:11 Et parfois, c'est ces moments-là
27:12 qui vont te donner...
27:13 Moi, c'est ces moments-là
27:14 qui m'ont permis de me construire après.
27:15 Parce qu'après, j'ai compris que
27:17 il faut y aller, quoi, quand en fait,
27:18 ça va être compliqué.
27:19 C'est pas comme ça.
27:19 C'est pas t'arrives...
27:20 - Mais juste avant "Confession nocturne",
27:22 vraiment juste avant,
27:23 t'étais encore...
27:24 Tu vendais encore des jeans...
27:25 - Juste avant...
27:25 Ah oui, oui.
27:26 Juste avant "Confession",
27:26 j'étais retournée travailler
27:28 dans ce magasin.
27:29 Et puis, ensuite,
27:32 on a terminé l'album.
27:34 Au moment où "Confession"
27:35 rentre en radio,
27:36 on commence à nous faire des propositions.
27:38 Et là, il y a eu à peu près
27:38 six mois de négo.
27:39 - Ouais.
27:40 - Là, j'ai arrêté de travailler.
27:41 - Ouais, d'accord.
27:42 Ben oui.
27:42 Et parce que ton idée,
27:43 quand t'allais aller aux États-Unis,
27:44 c'était d'arrêter la musique ?
27:46 - Ben, j'avais mon diplôme de BDS,
27:47 commerce international.
27:48 J'avais fait ça pour ça.
27:49 J'ai regardé les langues.
27:50 Mon oncle vivait aux États-Unis,
27:51 donc j'allais quasiment
27:52 tous les étés chez lui.
27:53 J'aimais trop quand j'étais
27:54 un peu plus jeune.
27:55 Et je suis tombée amoureuse
27:56 des États-Unis.
27:57 Je m'étais dit,
27:57 je chercherais dans une boîte,
27:59 là-bas, d'import-export.
27:59 - Ouais, c'est ça.
28:00 - Un truc qui n'a rien à voir.
28:01 Puis la musique restera
28:02 une passion, tu vois.
28:03 - Tu te souviens de choses
28:04 que t'as apprises dans ton BDS
28:05 de commerce international ?
28:06 - Ouais, les incothermes.
28:08 - C'est quoi, ça ?
28:09 - Ex-worth.
28:09 Alors, quand tu vends à l'export
28:10 ou à l'import,
28:11 c'est des termes dans la vente
28:13 qui te...
28:15 qui t'expliquent,
28:17 enfin, qui disent
28:18 qui, en fait,
28:19 telle charge était à la charge
28:20 soit du vendeur, soit de l'acheteur.
28:22 Donc, il y en a...
28:24 Je crois qu'il y en a 12 d'incotherme.
28:25 Et en fait, tu as 12 façons
28:27 de vendre un produit
28:28 où il y a soit le dédonnement
28:30 à la charge de l'acheteur,
28:31 soit le...
28:31 Enfin, c'est hyper complexe.
28:32 Mais moi, je faisais ça.
28:33 Je faisais des stages
28:33 dans le transport et tout.
28:34 J'y étais trop.
28:35 Ça ne m'a pas trop servi.
28:36 Par contre, l'anglais m'a servi.
28:38 Parce que franchement,
28:38 je suis quasiment bilingue.
28:40 Et quand j'ai la chance
28:41 de rencontrer des artistes internationaux,
28:42 ou même, je suis trop contente
28:43 de pouvoir échanger.
28:44 J'ai des copines et tout
28:45 qui ne parlent pas un mot d'anglais.
28:46 Juste pour ça, ça m'a servi.
28:48 - Et ça, ça vient de tes cours d'anglais
28:49 au BTS de commerce international.
28:50 - Ça vient de mes voyages aux États-Unis.
28:51 - Ah oui, aussi.
28:52 - Parce que la première fois
28:53 que je suis arrivée aux États-Unis,
28:53 je croyais que je parlais anglais.
28:55 Le douanier m'a posé sept fois
28:56 la même question,
28:57 genre en anglais,
28:58 "Est-ce que vous avez récupéré
28:58 votre valise ?"
28:59 Et je suis restée comme ça.
29:00 Et je dis, "Mais dans quelle langue
29:01 il parle ?"
29:02 Et en fait, ça n'a rien à voir.
29:04 Il faut aller sur place.
29:04 Tu vois, c'est là que tu comprends
29:05 que ça n'a rien à voir
29:06 avec l'école, en fait.
29:07 - Tu te souviens de profs
29:08 qui t'ont marqué,
29:09 que ce soit dans le BTS ou avant ?
29:11 - Ouais, je me souviens
29:12 de ma prof de français
29:14 de sixième, cinquième.
29:16 Comment elle s'appelait ?
29:19 Madame Desania ou Designia,
29:20 un nom comme ça.
29:21 Elle avait convoqué ma mère
29:23 quand j'étais en pleine crise
29:24 de rébellion où je me faisais virer
29:26 de chaque cours, quasiment.
29:28 Et c'est au lycée,
29:30 je dis des bêtises,
29:31 c'est en seconde, ma prof de français.
29:32 Et donc, ma mère était ravie
29:35 d'être convoquée.
29:36 Et elle avait dit à ma mère,
29:38 "Écoutez,
29:39 voilà, c'est pas facile.
29:42 Elle se rebelle beaucoup.
29:44 Voilà, c'est quelqu'un
29:45 qui répond énormément,
29:46 mais elle est brillante."
29:47 C'est-à-dire qu'elle a une façon
29:48 d'écrire qui est particulière
29:50 et il faut pas la lâcher là-dessus
29:51 tout parce que je crois
29:52 qu'elle a vraiment un don.
29:53 Elle lui avait dit ça.
29:54 Et à la fin du rendez-vous,
29:56 ce que ma mère avait retenu,
29:56 elle lui avait dit, "Voilà,
29:58 en tout cas, je sais pas
29:59 ce qu'elle va faire de sa vie,
30:00 mais vous faites pas de soucis
30:01 pour elle parce qu'elle a un tempérament."
30:03 Et ma mère, ça l'a marqué.
30:04 Elle m'a toujours raconté
30:05 cette histoire.
30:06 Et je remercie cette prof
30:07 parce qu'elle me poussait
30:08 dans l'écrit, quoi.
30:11 - Dans la crasse, dans le truc de crasse.
30:12 - Dans la crasse, vraiment.
30:13 - L'expression artistique,
30:15 l'expression écrite,
30:16 vraiment à prendre des risques,
30:18 à essayer des choses.
30:18 Et je pense que ma passion
30:20 pour l'écriture, elle est née là,
30:21 au niveau du lycée.
30:22 - Oui.
30:23 Quand ensuite, t'as signé ton contrat
30:26 après six mois de négociation,
30:27 et là, tu t'es installée à Paris.
30:29 - Alors, je me suis installée
30:30 à Paris très tard.
30:30 Il y a eu l'album "Soir".
30:32 C'est un espèce de tourbillon,
30:33 l'album cartonne,
30:34 je m'attendais pas à ça.
30:36 Et moi, tous les week-ends,
30:37 donc ma maison de disques
30:38 me prenait comme des appart'hôtel
30:40 la semaine.
30:40 Tous les vendredis soirs,
30:41 je prenais ma voiture,
30:42 je tapais mes 400 km
30:44 et je rentrais à Lyon.
30:45 J'aimais pas Paris.
30:46 J'ai toujours détesté Paris.
30:47 Je me sentais malheureuse à Paris.
30:48 Je connaissais personne.
30:50 Pendant les deux premières années
30:52 de l'exploitation de l'album
30:53 "A front de toi",
30:54 je rentrais tous les week-ends.
30:55 - Et t'étais dans des trucs
30:56 genre sans charme ?
30:57 - Ouais, c'est les petits studs,
31:00 t'as une petite kitchenette,
31:01 un petit canapé, etc.
31:03 Mais j'étais toute seule, en fait.
31:04 Et donc, moi, j'ai vraiment...
31:06 Je vivais ça comme un up and down
31:07 en permanence.
31:09 Le passé de l'euphorie,
31:10 des plateaux télé,
31:11 tout est artificiel,
31:13 la lumière, les trucs.
31:14 On y va.
31:15 Les gens...
31:16 Et en rentrant chez toi,
31:17 t'es toute seule.
31:17 Tu manges une petite soupe,
31:19 t'envoies ton truc.
31:19 Puis moi, j'étais très solitaire.
31:21 C'était dur, franchement,
31:22 j'ai pas aimé.
31:23 Et dès que j'ai gagné des sous,
31:25 je me suis acheté un appartement
31:26 à Lyon, dans la campagne lyonnaise.
31:28 Et donc, je redescendais
31:29 encore après.
31:30 Et je me suis installée à Paris
31:31 seulement en 2010, 2011.
31:34 - Ah oui ? - Ouais.
31:35 Quand j'ai rencontré mon mari,
31:37 après, on s'est installés à Paris.
31:38 - Ça pouvait être n'importe où,
31:39 ces petits appartotages.
31:39 - Ah ouais, j'en ai plein.
31:40 J'ai habité dans plein de quartiers.
31:42 D'ailleurs, l'autre jour,
31:42 je roulais dans Paris.
31:43 Par exemple, le centre-centre,
31:44 là où vous êtes,
31:45 j'ai trop de mal.
31:46 Surtout maintenant,
31:47 on peut plus rouler.
31:48 Moi, je suis quand même beaucoup en voiture.
31:49 Et l'autre jour,
31:50 je passe dans une rue
31:51 et j'avais oublié
31:52 que j'avais habité longtemps
31:53 dans cette rue à l'époque
31:54 de mon premier album.
31:55 J'avais un petit appart meublé.
31:56 Donc, je faisais tout à pied et tout.
31:58 Et ça m'a replongée dans des souvenirs.
32:00 Donc, j'ai habité dans le centre,
32:01 dans le 9e.
32:02 J'ai habité près de la tour Eiffel
32:04 longtemps aussi.
32:06 J'ai habité en banlieue
32:07 près de Montrouge.
32:09 Et voilà.
32:10 Et j'ai fait un petit peu
32:11 tous les quartiers.
32:11 Donc, je connais quand même
32:12 très bien Paris.
32:13 - Ouais.
32:13 Et donc, ça, c'était un moment
32:14 où du jour au lendemain,
32:15 en fait, on a commencé
32:17 à te reconnaître dans la rue,
32:18 alors qu'en fait, pas avant.
32:20 - Ouais, alors ça, ça a été vraiment...
32:21 - Et ça, c'est quoi ?
32:22 Tu te souviens de la première fois
32:23 où t'es sortie, t'as fait genre
32:24 "Ouh là, y a un truc à..."
32:25 Je m'en doutais, mais ça a changé.
32:26 - Non, je ne me rappelle pas de la première fois.
32:27 J'ai senti vraiment
32:28 que c'était radical
32:29 à partir du moment
32:29 où tu fais des télés.
32:30 - Ouais.
32:30 - Tu sens tout de suite.
32:31 La puissance de la télé,
32:32 c'est quelque chose.
32:33 Donc, à partir d'À fleur de toi,
32:35 l'album, voilà,
32:36 ça a été un espèce de raz de marée.
32:38 J'ai fait beaucoup, beaucoup de télé.
32:40 C'est l'année 2007
32:41 où vraiment, j'ai senti, oui,
32:42 qu'il y avait un avant-après.
32:45 Et c'était difficile pour moi
32:47 parce que vraiment,
32:47 j'ai fait ce métier
32:48 parce que j'étais passionnée
32:49 et que je voulais chanter,
32:50 faire de la musique,
32:51 écrire des chansons,
32:52 raconter aux gens mon histoire.
32:53 Et puis en fait, d'un coup,
32:55 il y a plein de trucs
32:55 que tu peux plus faire tout seul.
32:57 Moi, c'est un truc bête,
32:58 mais d'aller aux Galeries Lafayette
32:59 toute seule un dimanche
33:00 où il y avait plein de monde,
33:01 un jour, des mecs me sont tombés dessus
33:03 parce que c'était en plein Confession Nocturne.
33:05 Et il y a un mec qui vient me voir
33:06 et qui me dit "c'est toi, Vita ?"
33:08 Et moi, je suis là "ouais,
33:09 je croyais qu'il fallait une photo".
33:11 Et il me dit "ouais,
33:11 pourquoi t'as fait cette chanson ?
33:13 À cause de toi, ma meuf,
33:13 elle est rentrée dans mon tel."
33:14 Donc, je comprends que là,
33:16 je lui dis "non mais attends,
33:17 tranquille, c'est une chanson."
33:18 Et le mec hyper agressif et tout,
33:20 ça, ça a été un truc qui m'a marquée.
33:23 À partir de là,
33:23 après, je sortais quasiment plus
33:24 parce que je me suis dit
33:25 "en fait, voilà,
33:27 tu racontes des choses dans tes chansons,
33:29 les gens te perçoivent d'une façon,
33:32 c'est plus comme avant, en fait,
33:33 t'as pas la même liberté."
33:36 C'est un truc que j'ai appris à gérer sur le tas
33:38 et moi, vraiment,
33:39 j'ai pas fait ce métier de base
33:41 en cherchant la lumière.
33:42 Après, il a fallu...
33:43 Et aujourd'hui, j'ai un public incroyable
33:45 et qui est adorable
33:46 et qui est super bienveillant.
33:47 Mais il m'a fallu un temps d'adaptation
33:49 pour comprendre "voilà, en fait,
33:50 fais attention à ce que tu dis aussi."
33:53 Voilà, c'est pas...
33:55 En fait, quand on commence ce métier-là,
33:57 on s'en rend pas compte.
33:58 -Et donc, toi, tu préférais peut-être
34:00 être un peu moins connu
34:01 qu'un peu plus connu ?
34:03 -Moi, vraiment,
34:04 le paramètre de la notoriété
34:06 qui va avec le fait de faire ce métier,
34:08 c'est pas ce que je préfère
34:09 et c'est pas pour ça que je l'ai fait.
34:11 Attention, quand je dis ça,
34:12 je crache pas sur les gens.
34:12 Au contraire, moi,
34:13 ce que j'aime dans mon métier,
34:14 c'est que les gens, quand ils m'arrêtent,
34:15 ils me disent "telle chanson, c'est mon histoire."
34:17 "Quand tu racontes ça, c'est ma vie."
34:19 Là, je suis en train de le vivre
34:20 avec mon nouvel album,
34:21 je fais des dédicaces un peu partout
34:22 là depuis une semaine.
34:23 Et j'ai des gens qui me font pleurer en dédicaces
34:25 parce qu'ils me disent
34:25 "quand tu racontes cette chanson-là,
34:26 voilà, c'est ma vie, c'est mon histoire."
34:29 Ce pouvoir-là de pouvoir retranscrire ta vie
34:31 dans une chanson et de toucher les gens,
34:33 quand t'entends un zénith entier
34:34 qui chante une chanson
34:34 que t'as écrite à un moment de ta vie
34:35 où t'étais pas bien,
34:36 c'est hyper fort.
34:38 C'est ce qu'il y a de plus beau,
34:38 c'est ce que j'adore.
34:40 Mais à la fois,
34:41 le fait de pouvoir maintenant
34:43 vouloir aller dans un parc d'attractions
34:44 avec mes gosses,
34:45 tu vois, comme tout le monde et tout,
34:46 mais il y a une troupe qui te suit,
34:48 tu peux pas marcher tout seul et tout,
34:50 ça fait partie aussi du jeu.
34:51 Donc en fait, les deux vont ensemble.
34:53 Il faut l'accepter.
34:54 Mais c'est vrai que
34:55 c'est pas évident des fois.
34:57 Surtout quand t'as une vie de famille.
34:58 - Ouais.
34:59 Tu disais que ça avait été
35:01 particulièrement difficile pour toi
35:03 dans le milieu,
35:04 parce que t'étais...
35:06 En partie parce que t'étais une femme.
35:07 - Ouais.
35:08 - Est-ce que t'as...
35:08 - Pas parce que j'étais une femme.
35:09 - En partie, hein.
35:10 Je trouve que ça rendait les choses
35:11 encore peut-être plus dures.
35:12 - Je trouve que c'est encore plus dur
35:14 d'être crédible.
35:16 - Ouais.
35:16 - D'être entendu,
35:18 d'être pris au sérieux
35:20 quand toi, tu veux pas du tout
35:23 être mis en avant pour ton physique.
35:26 Pour...
35:27 - Te ramener à ton physique, c'est ça ?
35:28 - Ouais, moi, j'ai été beaucoup
35:29 ramenée à mon physique,
35:30 beaucoup ramenée à ce que j'étais,
35:31 une blanche qui voulait faire
35:32 de la soul, du R&B.
35:34 Je parle vraiment plus du métier
35:37 et des médias que du public.
35:38 Franchement, le public, moi,
35:39 j'ai le sentiment qu'ils m'ont comprise
35:40 très vite parce que justement,
35:41 ils ont vu que je trichais pas
35:42 et que je racontais ma vie.
35:43 Mais je parle du métier, en fait,
35:44 des maisons de disques,
35:46 des gens que j'ai tout entendus,
35:48 qui m'ont tout sorti.
35:50 Ça marchera jamais.
35:51 C'est entre la variété.
35:52 Faut choisir un camp.
35:53 Et c'était un peu, c'est vrai,
35:56 particulier à mon histoire
35:58 et à ma musique.
35:59 Et c'est une force pour moi.
36:01 Et puis, j'ai compris très vite
36:02 que finalement, pour eux,
36:02 c'était pas une force
36:03 et qu'il fallait absolument
36:04 rentrer dans une case.
36:05 Alors, qu'est-ce qu'on choisit ?
36:06 Laquelle on choisit ?
36:07 T'es une femme,
36:09 t'as un physique, OK,
36:10 il faut jouer la carte sexy,
36:11 il faut te mettre avec des danseurs.
36:12 Il faut que...
36:13 Tout ce que je voulais pas renvoyer.
36:15 Moi, je voulais faire
36:15 des clips cinématographiques,
36:16 raconter mon histoire
36:17 comme un journal intime.
36:19 Bon, j'ai compris très vite
36:20 qu'ils avaient pas compris
36:21 le projet et qu'il allait
36:23 falloir se battre.
36:26 - Est-ce que ça vient pas du fait aussi ?
36:28 En gros, ils sont dans une économie
36:29 et ils essayent de dire,
36:30 "attends, qu'est-ce qui marche ?"
36:32 En fait, il fallait que tu crées
36:34 ta propre case.
36:35 - Exactement.
36:36 Et aussi, je pense que c'est propre
36:37 à la musique,
36:38 à la musicalité française.
36:39 Je pense que vraiment,
36:41 la musique française est comme ça.
36:43 On a l'habitude,
36:44 c'est l'amour de la chanson française
36:45 que j'adore.
36:45 Moi, ma mère écoutait que ça
36:46 et c'est ce qui m'a donné
36:47 aussi envie d'écrire.
36:48 Mais je pense qu'on a l'habitude
36:50 en France d'écouter
36:51 soit de la variété,
36:52 il y a la musique urbaine,
36:53 il y a la variété.
36:54 Finalement, entre les deux,
36:56 il n'y a pas de case qui existe.
36:58 Et d'ailleurs, on est sur un retour
36:59 de la musique urbaine hyper fort
37:00 et je trouve ça génial.
37:02 Mais quand tu es entre les deux,
37:03 moi, c'était mon histoire à l'époque.
37:04 J'étais une des premières à faire
37:06 cette musique un peu entre...
37:08 C'était un peu de la pop urbaine,
37:10 à fleur de toit, le format du morceau.
37:12 Il n'y a rien en radio
37:12 qui ressemble à ça.
37:13 À ce moment-là, ma sœur encore pire.
37:15 Donc, les médias, il n'y avait pas
37:16 de radio pour jouer ça, finalement.
37:18 Skyrock, c'était rap.
37:19 Energy, c'était pop.
37:20 Donc, c'était compliqué.
37:22 Et oui, bien sûr que c'est une économie.
37:23 Bien sûr que c'est une industrie.
37:24 Donc, eux, ils se disent
37:25 "OK, qu'est-ce qu'on va en faire ?"
37:26 Mais il y a des gens quand même
37:28 en maison de disque,
37:29 pour moi, ils sont là pour ça,
37:30 pour écouter le talent,
37:31 pour aller innover aussi,
37:32 pour aller créer des choses.
37:33 C'est quand même,
37:34 je trouve plus facile aujourd'hui
37:35 parce qu'il y a les réseaux
37:36 et qu'en vérité,
37:36 quand quelqu'un a du talent,
37:37 on en entend parler.
37:38 Mais à l'époque, c'était pas facile.
37:41 - Ton album ?
37:43 - Mon album Charlotte.
37:43 - Oui.
37:44 Est-ce que tu peux en dire un mot ?
37:47 - Comme je disais tout à l'heure,
37:48 je pense qu'il m'a fallu 15 ans
37:50 pour me regarder dans une glace
37:54 et me dire "OK,
37:56 est-ce que ce n'est pas le moment
37:56 de tout leur dire ?
37:57 Est-ce que ce n'est pas le moment
37:58 de même ce que tu cachais
38:00 derrière le masque, Vita ?
38:02 Parce que c'est vrai que moi,
38:03 je me suis tuée à construire
38:04 cette image d'une femme forte.
38:06 Ce que je suis quand je suis une artiste,
38:08 mais derrière cette image-là,
38:10 il y a une femme remplie de doutes,
38:12 remplie de failles, de craintes,
38:16 qui est tout le temps angoissée,
38:18 qui a toujours peur que ça ne marche pas
38:20 et de toute façon,
38:21 qui voit toujours tout en noir.
38:23 Et voilà.
38:24 Et quand je monte sur scène,
38:26 on ne le voit pas, ça.
38:27 Et je prépare un documentaire
38:28 qui raconte ça, en fait,
38:29 qui va avec cet album.
38:30 Et dans cet album,
38:31 dans l'intro Charlotte,
38:32 que j'envoie en premier sur cet album,
38:34 même si ce n'est pas un single,
38:35 je raconte tout ça.
38:36 Je raconte ce que ça m'a coûté.
38:38 De me battre
38:42 pour réaliser ce que j'avais envie de faire
38:44 depuis le début,
38:46 les épreuves et puis le reste.
38:48 Mes doutes, mes angoisses de femme,
38:50 comment je vois les choses aussi,
38:52 mais ma famille, ce que je construis,
38:53 comment j'essaye de tout gérer en même temps.
38:55 Mais en vérité, je n'y arrive jamais.
38:56 Je ne suis jamais contente de moi.
38:58 - Moi, j'aime bien poser des questions
39:02 techniques et précises aux artistes
39:04 sur comment ils fabriquent,
39:06 en fait, comment ils font.
39:07 Et je me disais qu'on pouvait faire ça
39:08 avec ta chanson "Les choses qu'on fait".
39:10 Est-ce que tu peux raconter
39:16 comment t'as créé ce morceau ?
39:18 - C'est un des premiers morceaux
39:18 qu'on a créé sur l'album.
39:19 - Depuis le tout début, c'est-à-dire genre,
39:21 c'est quoi la première idée que t'as ?
39:22 Est-ce que c'est une phrase musicale ?
39:23 Est-ce que c'est des mots ?
39:24 Est-ce que c'est...
39:25 - Il faut que je me replonge un peu.
39:26 Parce que c'est vrai que j'ai un album
39:27 sur lequel je bosse depuis plus d'un an.
39:28 J'ai énormément travaillé avec Renaud Robillaud
39:31 à la Compo, qui est mon ami
39:33 et qui est quelqu'un
39:34 en qui j'ai entièrement confiance.
39:35 Et on se comprend tellement.
39:37 Et c'est quelqu'un qui me pousse
39:38 dans mes retranchements.
39:39 Et quand on rentre en studio sur l'album,
39:40 il me dit en fait, là,
39:41 c'est cet album-là, il faut...
39:44 innover.
39:45 Il faut aller plus loin encore
39:46 dans le processus de création.
39:48 On sort d'un album
39:49 qui a énormément marché avec Slimane,
39:51 mon solo d'avant
39:52 qui m'avait fait Renaud avec le succès.
39:54 Il faut que cet album-là
39:56 fasse le lien entre ta musique,
39:58 entre Versus
39:59 et entre ce que tu as envie de faire là.
40:01 On ne s'interdit rien,
40:02 on y va, on essaye.
40:02 Et c'est pour ça que dans cet album,
40:03 il y a plein de choses.
40:04 Il y a des couleurs musicales,
40:05 il y a de la bachata,
40:05 il y a du hip-hop,
40:07 il y a de la chanson française.
40:09 Il y a toutes ces influences que j'aime.
40:10 Et les choses qu'on fait,
40:11 c'est un des premiers titres qu'on fait.
40:12 Et moi, j'adore la vibe 80.
40:15 The Weeknd l'a beaucoup exploité,
40:16 Bruno Mars aussi.
40:17 Je trouve que c'est...
40:18 En énergie, c'est super fort.
40:20 Je trouve qu'en France,
40:21 à ce moment-là,
40:21 il n'y a pas beaucoup de sons comme ça.
40:23 Donc, on a envie de faire un son comme ça.
40:24 Et en même temps, dans le morceau,
40:26 il y a la couleur un peu Goldman.
40:27 Je ne sais pas si tu l'as ressenti.
40:29 Parce que moi, je suis une grande fan
40:30 de l'école Goldman.
40:31 Et donc, en fait, il y a la mélancolie.
40:33 Et à la fois, il y a le côté 80
40:34 comme ça dans l'énergie, très puissant.
40:37 Donc, l'idée, c'était de faire un morceau
40:41 "up", 80 dans la couleur
40:43 et à la fois dans le texte,
40:45 touchant, dans la mélancolie.
40:47 Donc, je raconte un peu
40:48 comment moi,
40:50 j'ai traversé le temps,
40:52 comment je me suis servi aussi
40:53 de mes failles dans mon passé
40:54 pour avancer
40:55 et comment l'être humain,
40:57 on est comme ça,
40:57 on est rempli de paradoxes.
41:00 - Et c'est Renaud qui te propose
41:01 des suites d'accords avec une mélodie ?
41:03 - Alors nous, comme on crie,
41:04 en fait, on se met à la guitare toujours
41:05 ou au piano, parfois.
41:06 Et en fait, on essaye des mélos,
41:09 des riffs à la grave.
41:09 - C'est toi et lui.
41:10 - Oui, c'est lui qui se met à la guitare.
41:12 Moi, souvent, j'arrive avec des mélodies.
41:13 J'ai plein dans mon dictaphone,
41:15 j'en ai plein.
41:16 Et j'arrive avec une idée de mélodie.
41:19 Il prend sa guitare,
41:20 il pose deux, trois accords.
41:21 Et en fait, de là,
41:22 on part sur quelque chose
41:23 qui n'a rien à voir.
41:24 Il y a plein de morceaux,
41:25 ça aussi, on le voit dans mon docu.
41:26 On part d'une chanson.
41:28 On fait quatre chansons
41:29 avant d'arriver à la chanson finale.
41:30 Ça, c'est un peu l'histoire
41:31 d'une chanson qui s'appelle
41:32 "Ça fait mal",
41:33 qui est dans l'album
41:33 où j'ai filmé toute la créa,
41:35 justement, par rapport à ce que tu dis,
41:36 de A à Z,
41:37 où tu commences à la guitare sur...
41:39 Et en fait, dans la vidéo
41:40 qui dure à peu près 25 minutes,
41:41 tu vois qu'on passe d'une chanson
41:43 à une autre, on fait quatre chansons
41:45 pour au final arriver sur une autre.
41:46 C'est génial de le voir,
41:48 parce qu'en fait, les gens pensent que
41:49 moi, je ne suis pas une artiste
41:50 où j'arrive en studio,
41:51 on me fait écouter une chanson.
41:52 Je crée toutes mes chansons
41:53 et j'écris et j'adore composer.
41:55 Et en fait, on essaye.
41:57 Et là, sur ce titre là, on essaye
41:58 et puis on trouve cette mélodie de refrain
42:00 et on a commencé comme ça.
42:02 On dit souvent que c'est ça sur les chansons,
42:03 c'est qu'en fait,
42:04 on m'a déjà dit ça, moi,
42:06 en gros, quand tu as trouvé un refrain
42:08 et qu'il est bien,
42:09 en gros, la plus grosse partie
42:11 de ta chanson est faite.
42:12 Est-ce que tu es d'accord avec ça?
42:13 Le refrain, je pense que c'est
42:15 un peu essentiel quand même.
42:16 En tout cas, sur un morceau
42:18 qu'on veut format,
42:19 c'est à dire qu'il va aller en radio.
42:21 Oui,
42:21 contre exemple, Charlotte dans l'album,
42:25 c'est un morceau qui n'est pas un single.
42:26 Moi, je veux vider mon sac à ce moment là.
42:28 Je fais appel à Dajou,
42:29 on co-écrit ensemble
42:30 parce que je veux que
42:30 il y ait des punchlines
42:31 et je veux que ce soit hyper incisif.
42:33 Le morceau, il n'a rien de...
42:34 Je le sais, c'est pas un single,
42:35 mais je sais que ça, c'est des morceaux
42:36 qui sont souvent viraux,
42:38 que les gens écoutent et réécoutent
42:41 parce qu'il y a du texte,
42:42 il y a du fond en fait.
42:43 Et à la fois, oui,
42:44 quand on veut qu'une chanson
42:45 soit format aujourd'hui en radio,
42:46 on sait qu'il ne faut pas
42:47 qu'elle fasse plus de 3 minutes,
42:48 3 minutes 30, c'est très long maintenant.
42:50 Il faut que le refrain soit fort.
42:51 Et oui, quand tu as ton refrain,
42:53 c'est plus dur d'avoir un bon refrain
42:56 que d'avoir un bon couplet.
42:58 C'est plus important d'avoir un bon refrain
42:59 qu'un bon couplet.
43:00 Oui, c'est vrai que c'est vraiment ça.
43:01 En fait, c'est l'écrin,
43:03 toute la chanson, c'est l'écrin du refrain.
43:05 Exactement.
43:06 C'est l'écrin du refrain.
43:07 Et en fait, si c'est le couplet
43:08 qui est mieux que le refrain,
43:10 c'est un peu relou.
43:10 Ça décolle.
43:12 Maintenant, je vais bien finir
43:13 par plein de questions en vrac
43:15 qui sont très différentes les unes des autres.
43:16 J'ai une réponse courte ou je développe ?
43:18 Ah, tu développes exactement autant que tu veux.
43:19 Si tu veux faire courte, tu fais courte,
43:20 si tu veux long, tu fais long.
43:21 Est-ce que tu passes beaucoup de temps
43:22 sur les réseaux sociaux ?
43:24 Ouais.
43:25 Genre sur Instagram ?
43:26 Beaucoup Instagram, ouais.
43:27 Beaucoup moins Snap un peu.
43:29 Ouais.
43:29 TikTok, j'y arrive pas.
43:31 Je crois que c'est pas ma génération.
43:32 Ouais, j'ai un peu la même sensation.
43:33 Mes enfants, ils me disent
43:34 "Oh, mais elles sont à fond dans TikTok" et tout.
43:36 Je sais pas.
43:36 Je crois que c'est pas ma génération.
43:38 Instagram, c'est un fléau.
43:40 C'est-à-dire que des fois, je suis fatiguée,
43:41 je ne comprends pas, j'arrive pas.
43:43 J'arrive pas, je regarde plein de choses.
43:45 J'en vois tellement de choses à tout le monde.
43:47 Il y a de tout, mais de tout.
43:48 Franchement, c'est...
43:49 Ouais, c'est un fléau.
43:50 Et si tu vas dans ton explorer,
43:53 dans ce qu'on te propose sur Instagram,
43:54 tu sais, genre par défaut,
43:55 il y a quoi ?
43:56 Ah, il y a plein de trucs.
43:58 Il y a...
43:59 beaucoup de bouffe.
44:02 Non, il y a plein de choses.
44:03 C'est marrant, comme on sait que...
44:05 Enfin, le moteur de recherche,
44:07 c'est ce qu'on aime, quoi.
44:08 Il propose des choses, des fois.
44:10 Mais franchement, il y a beaucoup de choses.
44:12 Il y a...
44:13 Oh, il y a plein de chanteurs, beaucoup.
44:14 Beaucoup de chanteurs US, souvent,
44:15 des prestations.
44:16 Là, il y avait beaucoup de Fashion Week,
44:17 là, dans mon film.
44:18 Plein de choses.
44:21 Beaucoup de voyages aussi.
44:22 J'adore voyager.
44:23 J'adore regarder des Insta de...
44:26 de gens qui vont à l'étranger.
44:28 Les animaux, beaucoup aussi.
44:29 Ouais, j'aime bien.
44:30 Les lions.
44:31 Il y a plein de trucs comme ça
44:32 qui me fascinent.
44:32 Moi, j'aime beaucoup, surtout,
44:35 les vidéos où tu vois des animaux
44:36 qui sont gentils les uns avec les autres.
44:38 Ouais.
44:39 Un petit lion, il sauve une chèvre.
44:41 Ouais, hyper gentil.
44:42 Non, moi, ça, je regarde pas.
44:44 Mais...
44:45 Non, c'est plein de choses.
44:46 Et plein de...
44:47 sport mécanique aussi,
44:48 parce que moi, j'adore.
44:49 Beaucoup de motos.
44:50 Donc, des fois, je tombe sur des Insta de...
44:52 Oui, parce que tu fais de la moto,
44:53 mais genre...
44:53 Je suis motarde, ouais.
44:54 Vraiment, quoi.
44:54 Ouais.
44:55 Enfin, je suis motarde.
44:56 Mais je suis tombée sur une fille
44:58 qui est incroyable,
44:59 qui est hyper connue, je me rappelle plus de son nom.
45:01 Mais c'est incroyable ce qu'elle fait.
45:03 Genre, bon, elle est...
45:04 Voilà, quoi.
45:05 Elle fait des acrobaties avec sa moto.
45:07 Elle est incroyable.
45:08 Et l'autre jour, j'ai passé, je crois, 45 minutes,
45:10 t'as regardé tous ses réels.
45:12 Elle me fascine.
45:13 Et est-ce que ça t'arrive de répondre
45:15 à des gens qui t'écrivent sur Instagram
45:16 ou genre, il y en a trop ?
45:17 Ah non, bien sûr.
45:18 Moi, déjà, ne serait-ce que dans mes posts.
45:20 Oui, bien sûr.
45:21 J'y réponds beaucoup, quand même.
45:22 Oui, oui.
45:23 Et après, en fait, il y a les classements, là.
45:25 Général et principal.
45:27 Et en fait, je fais beaucoup le premier
45:29 et ça m'arrive de passer dans l'autre.
45:30 Après, il y en a beaucoup.
45:31 Mais je réponds beaucoup, beaucoup.
45:33 Après, les gens me disent "oui, tu m'appelles",
45:34 mais il y en a tellement, je me rends compte.
45:36 Mais je le fais, je le fais.
45:37 On va dire que si tu répondais,
45:38 tu ne ferais que ça, en fait, de ton existence.
45:41 Ce n'est pas possible.
45:42 Qu'est-ce que...
45:42 Alors là, c'est une question
45:44 que je pose, je pense, à pas mal de gens.
45:46 Je ne pense pas forcément piège,
45:48 mais tu as déjà partiellement répondu tout à l'heure.
45:50 Qu'est-ce que tu penses de ton propre visage ?
45:53 Quelle horreur, cette question.
45:55 C'est obligé.
45:57 Bon, je ne sais pas, c'est dur de répondre à ça.
45:58 C'est dur.
45:59 En fait, au-delà de qu'est-ce que je pense,
46:01 je...
46:03 Je ne sais pas, j'en parlais tout à l'heure dans la voiture.
46:05 J'ai des copines à moi qui se trouvent trop belles.
46:08 Non, j'ai des copines à moi, on en parlait,
46:10 qui me disaient, voilà, moi,
46:11 qui a hyper confiance en elles,
46:13 eh bien, j'aurais aimé être comme ça.
46:15 Parce que quand tu fais un métier d'image
46:17 et que tu ne t'aimes pas,
46:18 c'est trop dur, en fait.
46:20 Parce que par exemple, ce matin,
46:21 je fais une matinale à 8h du matin.
46:23 J'ai une tête de comme tout le monde à 8h du matin.
46:25 J'ai eu une galère, ma maquilleuse n'allait pas arriver à l'heure,
46:27 j'ai dû me maquiller toute seule.
46:28 C'est un truc France 2 et tout.
46:30 J'étais...
46:31 Bon, après, j'ai dit, c'est pas grave, on y va et tout.
46:32 Mais je veux dire,
46:33 t'as pas envie, toi, de te voir sur des écrans comme ça à 8h.
46:36 Enfin, tu vois, les gens normaux, ils sont pas...
46:39 Enfin, je sais pas, pour moi, la normalité,
46:40 on n'est pas fait pour tout le temps être...
46:43 se voir, en fait.
46:44 C'est un métier,
46:45 quoi que...
46:46 Encore plus aujourd'hui, dans l'ère virale dans laquelle on est,
46:48 t'es tout le temps confronté à ton image partout,
46:51 sur une télé, sur un truc,
46:52 et en fonction de comment ils te filment.
46:54 Donc, disons que j'ai mis des années à accepter.
46:58 Voilà, maintenant, je commence à me dire, OK,
47:01 voilà, t'es comme ça et tout.
47:02 Il y a des fois, j'arrive même à bien aimer certains trucs.
47:05 Mais dans l'absolu, c'est dur.
47:06 Je suis pas quelqu'un qui m'aime beaucoup, quoi.
47:09 - Mais alors qu'on se dit que tu dois recevoir énormément de gens...
47:13 - Oui, les gens sont tellement gentils.
47:13 - ... qui te disent que t'es super belle et que tu...
47:15 - Bien sûr, et je me dis que les gens,
47:16 ils doivent même parfois se dire que je suis une mytho,
47:18 que je dis ça parce que j'ai des gens qui me disent ça.
47:20 Ah, c'est dans mon entourage qui me disent,
47:22 "Ah, c'est bon, t'abuses."
47:23 Ce que je disais tout à l'heure, la dysmorphophobie,
47:25 c'est-à-dire que je me vois comme j'étais.
47:27 En fait, je crois que...
47:28 Bon, j'ai rien changé sur ma tête, mais...
47:31 Voilà, je pense que vraiment, le reflet commun, on se voit,
47:36 et la perception que les gens, ils ont de nous,
47:38 c'est deux choses différentes.
47:40 Donc, peut-être que les gens me voient et me trouvent très jolie,
47:42 et moi, je me vois d'une autre façon.
47:43 Donc, ça n'a rien à voir avec...
47:44 C'est subjectif, la beauté, t'es belle, t'es pas belle.
47:46 Il y en a qui me trouvent horrible, il y en a qui me trouvent belle.
47:48 Mais c'est dur de faire des métiers comme ça
47:50 quand on a ce rapport-là.
47:52 -Ce truc, en fait, c'est que le monde entier pourrait dire
47:54 de façon unanime, "T'es trop belle", tu dirais...
47:56 -Que toi, tu vas pas t'aimer dans un sens où tu t'aimes pas.
47:58 -Ouais, c'est ça.
47:59 -Et c'est relou d'en parler
48:00 parce que ça peut même te faire passer pour une mytho.
48:03 Mais bref, je vais lui prendre le chien.
48:04 -Est-ce que t'as fait des choses dans ta vie
48:08 que tu regrettes un peu fort et tu y penses un peu souvent ?
48:11 -Alors moi, je fais vraiment partie des gens
48:13 qui regardent pas dans le rétro, déjà,
48:15 parce que je suis croyante.
48:17 Je parle du principe que quand on fait une erreur
48:19 et qu'on se demande pardon, on est pardonné.
48:22 Comme tout le monde, on a tous fait des erreurs.
48:24 Mais alors vraiment, je crois que moi, comment j'avance ?
48:26 Je suis un peu comme un taureau, j'avance.
48:28 Et c'est comme s'il y a un efface.
48:31 Je repense jamais à des choses que j'ai pas aimées dans ma vie.
48:34 Et parfois même, je me rends compte,
48:35 j'ai fait des blackouts de certaines périodes de ma vie
48:37 où je vais recroiser quelqu'un, ça m'est arrivé ce matin,
48:40 et qui me dit "Ah, tu te rappelles ?"
48:42 Et en fait, ça m'a rappelé une période.
48:43 Ah ouais, cette période-là,
48:44 j'y avais pas repointé depuis, je sais pas, 10 ans.
48:46 Je suis comme ça.
48:47 -Et c'était de quelle période qu'il s'agissait ?
48:48 Tu peux nous dire ? -Pardon ?
48:49 -Tu peux nous dire de quelle période il s'agissait ?
48:51 -Non, c'était ma période avant mon premier album.
48:54 Juste au niveau de mon premier album,
48:56 quelqu'un que j'ai croisé qui m'a rappelé une période...
48:58 Mais ça veut pas dire que c'était une mauvaise période,
48:59 mais qui m'a rappelé une anecdote de ma vie
49:00 que j'avais, moi, effacée de ma mémoire.
49:03 Et en fait, je trouve que c'est pas intéressant
49:06 de sombrer dans la nostalgie, la mélancolie.
49:08 Je pense que c'est une énergie qui peut même te tirer vers le bas.
49:11 Je pense qu'il faut positiver, en fait.
49:12 Même si, attention, quand on a fait une connerie,
49:14 il faut se dire "OK, je vais pas le refaire."
49:16 Mais je suis pas dans le truc de regretter quelle erreur...
49:20 Ça y est, c'est fait, en fait.
49:21 Qu'est-ce qu'on fait ? On avance.
49:22 -Mais tu dis aussi que tu demandes pardon
49:25 et ensuite, tu passes à autre chose.
49:27 Et donc, ça t'arrive de demander pardon ?
49:29 -Moi, je devais demander pardon cinq fois par jour,
49:31 pour ceux qui comprennent.
49:34 Bien sûr.
49:35 Pour moi, en tout cas, je me sens comme quelqu'un
49:38 qui fait constamment des erreurs.
49:39 Et j'essaye d'inculquer ça à mes enfants aussi.
49:42 Pour moi, l'essentiel, c'est de se sentir...
49:45 Pour moi, il y a un créateur au-dessus, en fait.
49:47 On n'est que des êtres humains.
49:48 On est tous au même rang.
49:49 Et quand je vois des gens qui viennent me voir en pleurs,
49:51 je lui dis "Arrête de pleurer, on est pareil."
49:53 Et je prends le temps de leur expliquer.
49:54 Après, ils se calment et tout.
49:55 J'ai un vrai problème avec ce truc de...
49:58 Et c'est pour ça que j'ai un vrai problème avec ce métier,
49:59 parce que t'as des gens qui se prennent pour je sais pas qui.
50:01 Tu le comprends et tu te dis "OK, bon, c'est comme ça."
50:04 Quand t'arrives à Paris, que tu vois tout le monde...
50:07 Moi, j'ai fait toutes les Maison d'Isq à l'époque.
50:08 Je voyais des gens qui me parlaient de haut et tout.
50:11 Et moi, je suis vraiment pas quelqu'un qui a une grande gueule
50:14 et tout comme ça, au premier abord.
50:15 J'ai compris que voilà, c'est un métier qui est comme ça.
50:18 Aussi, c'est l'ego qui va faire le truc.
50:20 Et j'aimais pas ça, moi, le concours d'ego,
50:22 encore une fois, la compétition et tout, c'était pas mon truc.
50:24 Donc, j'ai pris mon temps pour faire mon chemin.
50:26 Ouais.
50:27 Pendant la Seconde Guerre mondiale,
50:29 est-ce que tu aurais été résistante, à ton avis,
50:31 en 1940, en 1942, en 1944...
50:36 ou en 1955 ?
50:38 Parce que moi, comme je te disais tout à l'heure,
50:39 ce truc de "je supporte pas l'injustice",
50:41 je pense que j'aurais...
50:43 Tu serais allée à Londres avec deux coches.
50:44 Est-ce que c'est une forme de résistance ?
50:45 Je crois, j'aurais caché des gens, j'aurais voulu aider des gens.
50:47 J'aurais pas supporté de voir...
50:49 C'est horrible, quand même, ce qui s'est passé.
50:51 Donc oui, moi, je pense que...
50:52 Ah ouais, moi, ça, c'est mon truc, de faire des...
50:55 Enfin, de le faire sans que ce soit... Sans le dire.
50:58 Je pense que j'aurais, ouais, très certainement
51:00 essayé de cacher des gens, d'aider des gens.
51:02 Est-ce que ça t'est arrivé d'être jalouse
51:04 du succès de quelqu'un d'autre ?
51:05 Alors, c'est une super question.
51:08 Bon alors, ça peut faire bloc de boîte de le dire comme ça.
51:10 Très honnêtement, moi, en fait, j'ai eu cette chance
51:12 d'évoluer aux côtés des plus grands.
51:15 C'est-à-dire...
51:16 James, c'était mon ami, c'est ma sœur encore aujourd'hui.
51:18 À l'époque, avant "Confession nocturne",
51:20 on était très, très amis.
51:21 On s'est rencontrés sur une compil'
51:23 cinq ans avant "Confession nocturne".
51:24 Entre-temps, on devient hyper copines.
51:26 Je passe tellement de temps avec elle.
51:28 Elle m'emmène avec elle partout.
51:30 Elle m'emmène en vacances avec elle.
51:31 Elle va faire un concert à La Réunion.
51:32 Elle m'emmène avec elle, mais moi, en tant que copine,
51:34 pas en tant que Vita.
51:35 Personne me connaît, à l'époque.
51:37 Et je la vois, en fait, elle devenir grande
51:40 parce que c'était à l'époque de "Brutes de femmes",
51:41 avant dans ma bulle.
51:43 Et je l'observe.
51:44 J'ai énormément appris en la regardant.
51:46 Elle sur scène, elle avec ses équipes.
51:49 Et en fait, je me suis servi de ça pour grandir.
51:52 Et à ce moment-là, moi, j'ai écrit mes chansons.
51:55 Elle le sait.
51:56 Elle trouve que c'est incroyable.
51:57 Elle me dit "Tu verras, on va y arriver.
51:59 Moi, je vais t'aider".
52:01 Bon, ça a mis cinq, six ans, mais elle m'a aidée.
52:02 C'est elle qui m'a signé, après, par la suite,
52:04 chez Motown France.
52:05 Mais j'avais toutes les raisons de l'envier.
52:08 Et je le sais parce qu'il y a plein de gens
52:10 qui me disaient "Mais attends, pourquoi le faire ?"
52:12 Les gens sont comme ça,
52:13 ils viennent parler dans tes oreilles, ils adorent.
52:15 Et en fait, moi, c'était ma sœur pour moi.
52:17 Je la regardais, je la regardais sur scène,
52:19 je l'admirais, en fait.
52:20 Et j'ai appris en étant dans son ombre.
52:22 Et puis par la suite, plein de gens que j'ai croisés
52:24 dans ma carrière avec qui j'ai eu la chance de collaborer,
52:27 j'ai pas cette fibre, moi.
52:29 Et je la supporte pas chez les gens.
52:30 Et nous, on a un label aujourd'hui,
52:32 on a la chance de bosser avec plein de gens.
52:33 Quand je sens ça chez quelqu'un
52:36 qui fait des réflexions, je supporte pas.
52:38 En fait, pour moi, déjà, il y a un destin, il est écrit.
52:40 Après, il y a les causes, il faut se bouger dans la vie,
52:42 il faut faire les choses et tout.
52:43 Mais si t'es entouré de gens qui sont bienveillants
52:45 et j'ai le sentiment que nous, on est une équipe,
52:47 on est comme ça,
52:48 les gens qui regardent comme ça
52:50 ce qu'il y a dans leur assiette et tout,
52:51 et mes enfants, quand ils ont tendance à faire des trucs comme ça,
52:53 comment je m'embrouille avec eux ?
52:54 J'aime pas.
52:55 Ça, c'est un truc, chez l'être humain,
52:56 je trouve que c'est un des pires trucs, d'être en vieux.
52:59 Ça a dû m'arriver dans ma vie peut-être pour des trucs
53:01 quand j'étais plus jeune, j'en sais rien.
53:03 Mais dans l'absolu, dans ma carrière,
53:05 j'ai jamais ressenti ça.
53:06 J'aime pas.
53:06 - J'ai l'impression qu'il y a un peu deux tempéraments.
53:08 C'est que tu peux voir le succès des autres comme un truc genre
53:11 "Moi, j'ai pas ça", ou alors tu peux dire genre...
53:13 Et tu peux te dire genre "En fait, c'est possible".
53:16 - Bien sûr.
53:16 - De voir comme une info de ce qui peut arriver, en fait.
53:19 - Et c'est ce que je pense, ça revient à ce que je disais.
53:22 Je trouve que malheureusement,
53:23 c'est assez français comme façon de penser que de dire
53:27 "Ah, il a ça, il a réussi, il a gagné ça".
53:31 Et au lieu de se dire à l'américaine,
53:34 tu vois, à l'anglo-saxonne,
53:35 "Waouh, il a ça".
53:37 - Anything is possible.
53:38 - Ah bien sûr.
53:39 - Moi, quand je vois des gens qui réussissent
53:41 et qui font des choses que je ne ferais sûrement pas,
53:44 je suis comme une enfant, je dis "Waouh, c'est un truc de ouf".
53:46 T'as vu, les zoos ?
53:47 Bon voilà, moi je préfère ça.
53:49 En fait, sinon on rêve plus.
53:50 Et en fait, si t'es dans cette énergie-là d'être en vieux,
53:53 t'avances pas.
53:55 - Est-ce que ça t'est déjà arrivé de sortir d'un concert
53:58 et de dire "Ah, j'ai un peu raté mon concert".
54:00 - Non mais en fait, c'est moi...
54:03 C'est toi qu'on ne se connaît pas.
54:04 C'est sûr que là, s'il y a des gens qui travaillent avec moi...
54:06 En fait, moi, je suis comme ça tout le temps.
54:07 Je suis jamais contente de moi.
54:09 Même quand je fais une super presto...
54:11 - Mais est-ce que tu vois qu'il y avait des différences ?
54:13 Genre là, tu dis "Bon, là, oui, bon, c'était pas top, mais ça va".
54:16 Et à des fois, tu fais genre "Ah..."
54:17 - Oui, bien sûr.
54:18 Je suis quand même...
54:20 Je suis hyper dure avec moi-même,
54:22 mais je sais quand c'était bien, quand c'était correct, on va dire.
54:25 Et voilà, et même quand c'est correct,
54:27 je fais pas des saltos arrière en sortant de scène.
54:30 - Et c'est quoi, du coup, rater un concert ?
54:32 - Ah, rater un concert, c'est quand t'as pas de voix.
54:35 - Ouais, c'est un peu ta chose.
54:36 - Je peux pas donner...
54:37 Ouais, sur la tournée Versus, on a fait 110 dates de tournées.
54:40 Il y a eu plein de fois où on avait plus de voix.
54:42 Un jour, Slimane Le Pauvre, il en a pleuré sur scène.
54:44 Il avait, je crois, une pharyngite ou un truc.
54:46 Et c'était vocal.
54:47 C'était qu'un concert où on voyait.
54:49 Bon, ça arrive.
54:50 Et sauf qu'il faut tenir 1h45.
54:53 Tu peux faire aucune note en haut.
54:54 Tu changes toutes les mélodies.
54:55 Bah, c'est rater un concert.
54:56 Parce que moi, j'ai le sentiment que les gens, ils sont gentils.
54:59 Parfois, ils se rendent pas compte.
55:00 Parfois, ils se rendent compte, mais ils sont gentils.
55:01 Ils sont dans l'empathie, ils sont contents.
55:02 Mais toi, tu leur as pas donné ce que tu voulais donner.
55:05 Bah, c'est ça, rater un concert.
55:06 Quand physiquement, t'es pas capable.
55:08 Ça arrive.
55:09 - Après, oui, c'est vrai.
55:11 Mais c'est pas...
55:12 Comment dire ?
55:13 Tu peux pas...
55:13 C'est dur de s'en vouloir à soi-même pour ça.
55:15 C'est pas de ta faute.
55:16 - Oui, mais bon, quand même, t'es dégoûtée parce que...
55:19 Au final, quand tu regardes après...
55:20 Parce que moi, je regarde beaucoup les vidéos, les trucs.
55:21 Après, tu te dis...
55:24 Après, oui, c'est pas de ta faute.
55:25 C'est ça pour moi, rater.
55:27 - Si tu devais sauver un seul raccourci clavier,
55:31 tu sauverais lequel ?
55:32 - Ah, donc les raccourcis qu'on a dans nos téléphones ?
55:35 - Plutôt sur l'ordinateur,
55:37 Pomme C, Pomme V, Pomme Z, Pomme A.
55:39 - Ouais, bah les deux, hein.
55:39 Pomme C, c'est Pomme C, Pomme V.
55:41 - Pomme C, Pomme V, ouais.
55:42 - C'est qu'on gagne tellement de temps à faire ça.
55:44 Moi, c'est ceux-là.
55:45 - Pomme Z, c'est pas mal aussi.
55:46 - C'est effacé.
55:47 - Effacé, ouais.
55:48 C'est genre...
55:48 Ah, merde !
55:49 C'est pas grave, t'as fait un truc...
55:50 Imagine, t'as fait un truc dans ta vie, tu fais...
55:53 J'enlève.
55:54 - Non, mais Pomme C, Pomme V...
55:54 - Même pas besoin de me demander pardon.
55:56 Hop, tu fais Pomme Z.
55:57 - Ça va.
55:58 Mais moi, j'aime bien garder...
55:59 J'aime bien avancer avec les erreurs.
56:01 Je suis pas dans le... Justement.
56:02 Mais copier-coller.
56:03 - Copier-coller.
56:04 - Parce que je passe tellement d'heures à écrire mes textes
56:06 et à les envoyer à tout le monde.
56:07 Je recopie tout.
56:08 Ça m'évite des heures de travail.
56:11 - Vita, merci beaucoup.
56:12 - Merci, hein.
56:13 - C'était trop bien.
56:13 - On a beaucoup parlé, hein.
56:14 - On a perlé.
56:15 Une heure, exactement.
56:17 Du coup, on a trois heures de retard dans la gueule.
56:19 Merci.
56:20 - Merci à toi.
56:20 Bon, ben cet épisode, il est fini.
56:22 Va y avoir plein d'autres épisodes.
56:24 Et si vous voulez être sûr d'en manquer aucun,
56:26 eh bien, cliquez.
56:28 Cliquez sur le bouton qui permet de vous abonner à Smalltalk.
56:31 Après, je sais que s'abonner, c'est un choix personnel.
56:33 Donc, je vais pas vous forcer.
56:34 Mais si j'étais vous, je le ferais.
56:36 C'est tout ce que je dis.
56:37 À dans deux semaines.
56:38 Parce que c'est tous les 15 jours.
56:40 OK ?
56:46 Laisse-moi zoom zoom zel
56:48 Dans ta benz benz benz
56:51 Laisse-moi zoom zoom zel
56:54 Dans ta benz benz benz
56:57 Laisse-moi zoom zoom zel
56:59 Dans ta benz benz zel
57:03 - Bonjour !
57:06 - Bonjour Vita !
57:07 Ça va ? Très bien et toi ?

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