C’est un coup dur pour les ostréiculteurs à quelques jours du Nouvel An. La vente d’huîtres du bassin d’Arcachon a été interdite jusqu’à nouvel ordre mercredi par le préfet de Gironde, après que plusieurs cas de toxi-infections alimentaires collectives ont été détectés. Maxime Kheloufi, ostréiculteur, explique au Parisien les conséquences pour sa profession.
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00:00 C'est un coup de massue pour la profession,
00:02 parce qu'une fermeture pour cause de norovirus,
00:05 systématiquement c'est 28 jours minimum d'interruption de la commercialisation.
00:09 Donc ça va courir aussi sur tout le mois de janvier.
00:11 En pleine fête de fin d'année, pour nous c'est une période de vente très importante.
00:17 Il y a un norovirus qui a été détecté dans l'eau et dans les huîtres
00:21 pour des raisons de sécurité alimentaire.
00:24 Il a été pris la décision d'interrompre la commercialisation
00:26 et la consommation des huîtres du bassin d'Arcachon.
00:28 Voilà, elles sont là les petites huîtres.
00:30 Elles vont retourner au parc à la marée dès demain.
00:34 Tous les coquillages sont interdits à la commercialisation.
00:37 Alors ça ne veut pas dire qu'ils sont forcément tous contaminés.
00:40 En fait après, naturellement l'huître, au bout de quelques jours,
00:43 va éliminer le virus et donc on n'aura pas de mortalité dans nos coquillages.
00:50 Simplement en fait on va perdre les ventes.
00:52 On est sur des saisons où l'huître est particulièrement belle,
00:55 c'est la bonne saison pour manger des huîtres.
00:57 Donc c'est vrai que c'est assez frustrant de travailler un produit
01:01 pour l'amener vers la plus d'excellence possible
01:03 et puis ne pas pouvoir le vendre à cette période phare.
01:05 Voilà, les bassins austricoles sont vides.
01:09 On n'est jamais préparé à ça, évidemment, c'est toujours difficile.
01:13 Le signal d'alerte qu'on pouvait avoir,
01:16 ce sont les fortes précipitations qu'on a connues ces dernières semaines et ces derniers mois.
01:20 Clairement le norovirus, il est le résultat de ces fortes précipitations
01:25 et donc de la saturation des réseaux d'assainissement et d'eau pluviale.
01:30 Naturellement le norovirus n'est pas présent dans l'eau ni dans les huîtres.
01:34 C'est une contamination extérieure qui fait qu'aujourd'hui nos huîtres se retrouvent contaminées.
01:39 Vous voyez, elles sont mises en poche pour pouvoir ensuite être fixées sur nos tables dans les parcs.
01:46 C'est la deuxième fois seulement que ça arrive sur le bassin d'Arcachon.
01:49 C'est la première fois que ça arrive dans cette période délicate des fêtes de fin d'année.
01:53 Nous on n'a aucun protocole qui, sur le norovirus, nous permette de protéger nos huîtres.
01:58 Là aujourd'hui, la seule solution qu'on a, c'est d'aller chercher des huîtres sur d'autres bassins austréicoles
02:03 qui ne sont pas contaminés.
02:04 C'est de trouver aussi de l'eau qui ne soit pas contaminée pour alimenter nos viviers.
02:09 Donc c'est extrêmement compliqué.
02:10 On ne peut pas vraiment avoir de stock protégé comme ça peut être le cas
02:13 pour des phénomènes de phytoplankton toxiques que l'on connaît
02:17 et que l'on sait gérer pour de courtes durées par exemple.
02:20 Les huîtres sont dans les viviers de stockage avant expédition.
02:24 Là il en reste encore quelques-unes qui, pareil, vont retourner sur les parcs des deux mains que je vais sortir.
02:29 On ne rattrapera jamais la perte du nouvel an.
02:32 Et pour certaines entreprises, ça va être très difficile.
02:35 On a connu il y a tout juste deux mois les épisodes de tempête
02:39 qui sont venus détruire une bonne partie des parcs qu'on avait au banc d'Arguin.
02:44 Plusieurs tonnages d'huîtres qui ont été ensevelis.
02:48 Des collègues qui ont perdu des huîtres maintenant qui ne peuvent plus les vendre.
02:52 Ça fait quand même en l'espace de deux mois beaucoup de mauvaise nouvelle.
02:56 Ça va avoir de fortes conséquences sur l'austriculture du bassin d'Arcachon.
02:59 Ici nous avons les réservoirs d'eau qu'on appelle Malines
03:02 qui nous permettent de stocker de l'eau pour alimenter nos réservoirs et nos bassins
03:07 et qui nous permettent aussi d'avoir une eau qui décante pour qu'elle soit de bonne qualité.
03:11 J'ai 30 ans, j'ai connu énormément de bouleversements sur le bassin d'Arcachon.
03:16 Les plages que je connaissais il y a à peine 20 ans ont disparu du fait de l'érosion.
03:20 La forêt a brûlé l'été dernier.
03:23 Aujourd'hui on est à la deuxième contamination de notre plan d'eau
03:27 pour des virus liés à des phénomènes climatiques extrêmes.
03:30 On élève des huîtres pour que les gens puissent savourer ce produit
03:34 et non pas pour qu'ils tombent malades.
03:36 Donc il y a des mesures à prendre à court terme pour aider la profession,
03:40 à moyen terme pour adapter nos réseaux pluviaux d'assainissement
03:43 et puis à plus long terme pour limiter le plus possible les règlements climatiques
03:47 pour éviter que ces phénomènes extrêmes ne se développent davantage.
03:50 Merci.
03:51 [Bruit de moteur]