Le journaliste écrivain Frédéric Ploquin : «A Marseille, ça fait un demi-siècle que la drogue sévit».
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00:00 À Marseille, ça fait un demi-siècle que la drogue sévit.
00:04 Il y a un certain nombre de ministres qui se sont mis à la tâche
00:08 et qui ont annoncé à grand cri, à grand renfort de communication
00:13 qu'ils allaient mettre à mal le trafic de stupéfiants.
00:17 Force est de constater qu'aux 12, 13, 14e ministres de l'intérieur que je vois passer,
00:22 le trafic de stupéfiants continue à prospérer
00:25 parce qu'il y a une clientèle qui est là pour consommer ces produits.
00:29 Mais néanmoins, j'ai lu l'interview de Gérald Darmanin dans La Provence
00:34 et je salue sa ténacité, s'il vous plaît, il y va.
00:40 Je pense qu'il a l'air d'y croire d'ailleurs, il a l'air sincère, il y va,
00:45 il envoie des renforts policiers, il a des idées,
00:49 il n'a pas tort lorsqu'il dit que la police a mis des coups aux trafiquants de stupéfiants.
00:53 Donc voilà, on peut louer cette nouvelle assaut en mode 2024
00:58 après une année record en termes de règlement de compte.
01:02 Maintenant, il n'est pas dit que la partie,
01:07 en tout cas la partie n'est pas gagnée d'avance, c'est clair.
01:10 Comme le disait une habitante des quartiers,
01:12 en plus la police ne peut pas être sur tous les fronts systématiquement.
01:16 Et donc quand elle se concentre totalement sur le deal, le trafic de stupéfiants,
01:20 quand elle essaie d'occuper le territoire, ce qui est une tâche immense,
01:23 il faut y être 24 heures sur 24 sur ces lieux de deal.
01:25 Quand elle fait ça, elle n'est pas forcément justement
01:28 sur la petite et moyenne délinquance, sur les cambriolages.
01:30 Il y a un moment donné où la population va, disons, faire pression
01:35 et que dans les sourdages, on va voir qu'il y a une hausse du sentiment,
01:39 de l'insécurité, de ce type d'insécurité,
01:41 qu'il va falloir rebasculer les efforts ailleurs.
01:43 Donc la police, elle fait ce qu'elle peut.
01:46 Les renforts existent, mais j'ai vu qu'en matière de police judiciaire,
01:50 là où la guerre se joue, il y avait eu simplement cette année à Marseille,
01:53 21 fonctionnaires de plus, ce qui signifie à l'instant T dans la rue,
01:57 environ 15-16-17 personnes.
02:00 Je crois que Grégory Geron pourra vous le confirmer tout à l'heure,
02:02 mais pas plus que ça.
02:04 Est-ce que ça suffit, sachant qu'avec 48 règlements de comptes dans l'année,
02:09 je ne sais pas, je vais juste rappeler aux téléspectateurs,
02:10 ça signifie 48 enquêtes criminelles en cours pour résoudre ces assassinats
02:14 et pour trouver qui sont les tueurs.
02:17 Ce n'est pas un policier tout seul qui mène une enquête criminelle de ce type-là.
02:21 Donc la guerre, elle se jouera là-dessus beaucoup plus
02:26 qu'évidemment le fait d'inaugurer une nouvelle CRS,
02:30 d'envoyer du renfort en bleu, c'est très bien,
02:32 ça va rassurer peut-être un petit peu les gens.
02:34 Mais la véritable guerre, elle se joue à tous les niveaux,
02:37 au niveau des organisations criminelles au sommet,
02:40 comme le rappelait le directeur de la police judiciaire de Marseille
02:43 il n'y a pas longtemps, elle se joue à Dubaï,
02:45 elle se joue à Casablanca, elle se joue à Alger,
02:49 et là c'est une autre paire de manches.
02:51 [Musique]
02:54 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]