Le journaliste Frédéric Ploquin était l’invité de Punchline Week-End ce samedi 2 novembre sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de la nouvelle génération de dealers, qui se rajeunit : «Le vrai patron de la DZ Mafia est en fuite à l'étranger»
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00:00Dans une ville comme Poitiers ou Agnor, l'apparition de la cocaïne il y a 7-8 ans est liée à l'implantation de la filière guyanaise.
00:10C'est-à-dire qu'en gros, l'émule guyanaise quittait massivement Cayenne pour arriver à l'aéroport d'Orly, puis prenait le TGV.
00:19Et les policiers locaux dans cette région ont commencé à avoir arrivé sur le marché une cocaïne de bonne qualité,
00:25meilleure qualité que celle qu'il y avait auparavant et moins chère.
00:28Donc ces jeunes se sont appuyés évidemment sur les communautés, la communauté locale, le guyanais, forcément, c'est comme ça que ça se passe.
00:35Et à partir de là, ils ont cassé les prix et ça a créé naturellement des tensions avec ceux qui, traditionnellement,
00:44les petits parrains locaux, les petits Pablo Escobar de New York, d'Orléans, il y en a un, en tout cas, ils se prétendent comme ceux-là,
00:50ils se vivent comme ceux-là, ça les a bousculés parce qu'on a ces petits jeunes qui sont arrivés sur le marché en disant
00:55nous on fait les prix qu'on veut et ça génère des tensions.
00:59Et aujourd'hui, du coup, ça se traduit par tous ces tirs.
01:03Parce que là, on parle, il y a un certain nombre de tirs qui arrivent à nos oreilles.
01:06Mais moi, je peux vous dire qu'il y a des tirs, des tentatives d'homicide, etc.
01:11qui n'arrivent pas à nos oreilles, qui n'arrivent pas aux oreilles des médias.
01:14Moi, je le sais parce que je suis en contact avec la police.
01:17Mais donc, il y en a beaucoup plus qu'on ne croit.
01:19Et donc, la grande différence entre la génération des voyous dont vous parliez et les corses,
01:23les corses, ils ne tiraient pas sur les policiers pour rigoler.
01:26Ils ne tiraient jamais sur les policiers.
01:27Ils savaient très bien qu'ils allaient prendre perpète.
01:29Ils tiraient à la limite.
01:30Si, ils gardaient leurs balles pour éliminer leurs concurrents, leurs rivaux, etc.
01:35parce qu'il y avait des guerres de gang en permanence.
01:37Mais ce n'étaient pas des balles qu'on tirait à tort et à travers.
01:40Alors qu'aujourd'hui, ce qui nous attend demain, et d'ailleurs, il y a eu la PAP.
01:45Ce qui nous attend demain, c'est que cette génération qui, en plus, s'est aguerrie sur les émeutes post-Nahel.
01:50Je crois qu'on oublie, on a déjà oublié, mais elles étaient ultra violentes, les émeutes.
01:54On l'évoquait tout à l'heure.
01:55Et on a le sentiment qu'aucune...
01:57Ils crament les bus.
01:57C'est cette génération-là, ce sont ceux-là qui vont brûler les bus aujourd'hui.
02:01Et demain, après-demain, je ne sais pas quand, on n'est pas au Mexique.
02:04Moi, j'ai enquêté sur le Mexique et sur la Colombie.
02:06J'y suis allé. Il y a des chars niais partout.
02:08Donc, on n'y est pas.
02:09Mais il y a des indices.
02:09Mais on est en voie de mexicanisation, vous diriez, par rapport à ce que vous observez.
02:13Des indices.
02:14La corruption, l'ultra-violence, la jeunesse des acteurs sur place, l'arrivée...
02:20À Marseille, qui tient le milieu ?
02:23Justement, pas grand monde.
02:24Et c'est ça, le problème.
02:25Je ne sais pas, il y a des...
02:26On parle de la désède mafia.
02:28Justement, la désède mafia, moi, je les connais bien.
02:31Il suffit d'aller sur place pour les rencontrer.
02:33Moi, c'est ce que j'ai fait.
02:34Ils sont venus vers moi.
02:35On a causé un peu.
02:36Justement, Marseille, il y avait un ordre.
02:39Disons que le milieu, d'autrefois, instaurait un ordre.
02:42Et la police n'avait pas besoin de faire de boulot.
02:43En fait, c'est son vœu qui faisait la police d'une certaine manière.
02:47Et il tenait un peu les choses.
02:49Le milieu ayant explosé, cet ordre-là a explosé.
02:52Aujourd'hui, c'est le désordre.
02:53Et il n'y a pas, à Marseille, aujourd'hui, de patrons.
02:55Il y a des petits patrons.
02:56Il y a des jeunes qui sont en prison, d'ailleurs.
02:58Ils ne sont même pas en liberté et qui se battent le biftec.
03:01Et qui se prétendent tous incarner, diriger cette désède mafia
03:06qui n'est même pas...
03:07C'est avant tout une étiquette.
03:09C'est une franchise.
03:10Et donc, c'est à celui qui va se l'arracher.
03:11Il va être le patron de la désède mafia.
03:13Le vrai patron, celui qui l'a créée.
03:15Il en fut à l'étranger.