Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV.
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00:00 On va rester Roselyne dans le domaine scientifique, mais avec une vraie avancée.
00:03 Ah oui, moi je trouve ça bluffant. C'est Caroline qui nous a écrit
00:06 "Est-il vrai qu'un nouvel antibiotique a été découvert grâce à l'intelligence artificielle ?"
00:11 Vous vous rendez compte ? On en parle avec vous, docteur Philippe Glazer, chercheur à l'Institut Pasteur.
00:15 On savait que l'intelligence artificielle avait des possibilités incroyables.
00:18 Là, on parle de choisir deux composés parmi 12 millions
00:22 et c'est la première fois qu'on découvre une nouvelle classe d'antibiotiques depuis 60 ans.
00:27 Oui, effectivement, c'est assez bluffant.
00:31 Le principe, c'est d'apprendre sur un certain nombre de molécules qui ont été testées
00:38 pour être efficaces ou non comme antibiotiques sur une bactérie qu'on connaît bien,
00:43 qui est le staphylococque doré et qui est très dangereuse.
00:46 Et à partir de plus de 30 000 molécules, ils ont identifié environ 500 molécules
00:52 qui avaient une activité antibiotique et ça, ça a été la base d'apprentissage.
00:56 Et donc, l'intelligence artificielle va utiliser ce qui est efficace
00:59 ou ce qui n'est pas efficace comme antibiotiques,
01:02 finalement, pour essayer de discriminer entre ces deux groupes de molécules.
01:06 Mais comment elle le sait ? Comment elle fait le tri de l'intelligence artificielle ?
01:08 Alors, en fait, ce qui se passe, c'est que d'abord, il y a eu une activité au laboratoire
01:12 pour tester ces plus de 30 000 molécules,
01:15 pour savoir s'ils avaient une activité qui bloquait la multiplication du staphylococque doré.
01:19 Et ensuite, sur cette base-là, on a dit à la machine,
01:22 cette molécule-là, elle est efficace, cette molécule-là, elle n'est pas efficace.
01:26 Et ensuite, c'est un peu comme on va discriminer un chien et un chat.
01:29 L'intelligence artificielle va dire, cette molécule-là,
01:32 je dirais plutôt qu'elle aura une efficacité antibiotique
01:34 et cette molécule-là, a priori, elle n'en aura pas.
01:36 C'est la force brute de l'intelligence artificielle qui est capable de faire des calculs colossaux
01:41 là où, nous, ça nous prendrait des mois, voire des années.
01:44 Voilà, exactement.
01:45 Mais en fait, ce qui est nouveau dans cet article,
01:46 c'est qu'il y a déjà eu des travaux qui ont été réalisés de cette façon-là.
01:49 Mais c'est que l'intelligence artificielle, comme on le sait, c'est un peu une boîte noire.
01:53 Et on ne sait pas exactement pourquoi la machine va dire
01:56 c'est un antibiotique ou ce n'est pas un antibiotique.
01:58 En fait, ce qui a été fait dans ce travail, c'est finalement, ensuite,
02:01 d'analyser les molécules avec des méthodes de type graphe,
02:04 donc des relations entre les atomes,
02:07 pour finalement identifier quelle pourrait être une sous-structure dans la molécule
02:12 qui explique qu'elle soit ou non un antibiotique.
02:16 Ils ont pu, comme ça, organiser ces 500 molécules candidats en différents groupes
02:21 et sur cette base-là, avoir une priorité pour tester quels seront leurs meilleurs candidats
02:27 et surtout des candidats qui constituent des nouvelles structures
02:30 par rapport aux antibiotiques qui existent déjà.
02:33 Alors le staphy et le coq doré, on avait déjà des antibiotiques aujourd'hui pour lutter contre.
02:36 Le problème, et c'est votre domaine de compétence,
02:38 c'est qu'aujourd'hui, on les a peut-être un peu trop utilisés
02:41 et que ces médicaments sont de moins en moins efficaces.
02:43 Exactement, c'est ce qu'on appelle l'antibioresistance.
02:45 Les bactéries, finalement, ne sont plus tuées par ces médicaments.
02:49 Alors, pour les bactéries, il y a deux problèmes.
02:51 Il y a un problème qui est leur virulence,
02:52 leur capacité à provoquer des infections,
02:54 ce qui est très fort pour le staphylocoque doré,
02:56 et leur capacité à être résistante aux antibiotiques,
02:59 et donc aux antibiotiques qu'on va utiliser en premier.
03:01 Connue, oui, voilà.
03:02 Voilà, mais dans le cas du staphylocoque doré,
03:03 en fait, on a maintenant quelques nouvelles molécules.
03:06 Et ça, c'est une des faiblesses de cette étude,
03:09 c'est que ça cible le staphylocoque doré, pour lequel on a des molécules déjà.
03:13 Par contre, ça ne cible pas des bactéries que les auditeurs doivent connaître,
03:16 comme Echerichia coli, qui est responsable d'infections urinaires.
03:19 Et ça, c'est une nouvelle...
03:21 Avec de la nourriture contaminée.
03:22 Voilà, par exemple.
03:23 Mais ce nouvel antibiotique ne va pas cibler Echerichia coli.
03:27 Donc maintenant, il faut se remettre au travail pour d'autres bactéries, en fait.
03:30 Voilà, en utilisant...
03:31 Cibler d'autres bactéries.
03:32 Exactement.
03:33 Elle est en train de vous dire au boulot, Roselyne Dubois.
03:35 C'est un peu ça.
03:36 Non, mais je trouve ça incroyable les progrès de la science,
03:38 et je suis ravie qu'on puisse expliquer tout ça en plateau.
03:41 Merci beaucoup, docteur, d'être venu sur le plateau.
03:43 Merci, docteur.