Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00Ça va mal, très mal dans l'immobilier, et toutes les activités annexes liées à ce secteur souffrent de plus en plus.
00:06Alors on va en parler avec André Hiché, qui est écrivain, fondateur et ancien dirigeant du groupe CDC Habitat.
00:12Merci d'être avec nous. Vous avez été aussi contrôleur général des armées.
00:16Vous publiez beaucoup, beaucoup d'ouvrages pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la gravité de la situation dans l'immobilier.
00:23Crise durable, vous le dites.
00:26C'est une crise durable, c'est une crise structurelle, parce qu'en réalité, d'abord, elle revêt une multitude de champs.
00:32On imite excessivement cette crise en parlant, par exemple, de la crise du logement.
00:37Mais il y a aujourd'hui beaucoup d'autres secteurs qui souffrent, par exemple les bureaux.
00:42Vous savez qu'en Ile-de-France, sur, disons, 38 millions de mètres carrés de bureaux en location,
00:48il y en a aujourd'hui plus de 5 millions qui sont vides, et beaucoup d'observateurs pensent qu'on va vers 8 millions de bureaux.
00:54Mais vous le dites dans vos ouvrages, peut-être que l'État manque de vision ou de stratégie ?
00:58Il faut repenser la ville. Et donc ça, c'est une crise structurelle.
01:01Il faut voir que derrière tout ça, il y a évidemment le développement des technologies numériques, digitales,
01:07qui ont rendu possible à la fois le travail à distance, le commerce à distance, etc.
01:11Mais vous avez été en charge longtemps du logement social en France, avec la Caisse des dépôts habitats notamment.
01:16Oui, plus que social, social, intermédiaire, puisque j'avais lancé le logement intermédiaire justement pour faire face à la crise du logement social.
01:22Mais est-ce que c'est à l'État encore de construire des logements sociaux ? Est-ce qu'il a les moyens aujourd'hui ?
01:26L'État, de toute façon, aujourd'hui, la règle de base qu'il faut avoir en tête, c'est que nous n'avons plus ni les moyens d'avoir
01:32une politique budgétaire ni une politique fiscale déterminantes. En réalité, lorsqu'on travaille sur l'économie immobilière,
01:40ce qu'il faut privilégier, c'est la création de valeur dans tous les secteurs d'activité et l'expérience des grandes opérations d'urbanisme.
01:48Je pense par exemple aux travaux d'Osman, mais à la reconstruction d'après la guerre, aux villes nouvelles, etc.
01:54Ça passe toujours par un cycle qui est toujours le même. Destruction de valeurs d'actifs obsolètes, remombrement foncier, densification et recréation de valeurs.
02:03Donc ça veut dire démolir ce qui a été fait, parce qu'aujourd'hui, les grandes cités...
02:06Dans certains cas, mais pas tout le temps.
02:07Oui, mais les grandes cités, aujourd'hui, elles représentent, toutes bien sûr, mais certaines quand même, la violence et le trafic de drogue. C'est quand même un échec.
02:14Mais là, vous me parlez des grandes cités HLM. Moi, je vous parle aussi des tours et des immeubles de bureaux délaissés.
02:20Je le répète, c'est un sujet majeur. Et ce vers quoi il faut aller, si vous voulez, c'est du multifonctionnel, c'est-à-dire refaire du résidentiel, par exemple à La Défense, probablement.
02:30On pourrait transformer une tour de La Défense en immeuble d'habitation ?
02:33Il faudra faire, dans certaines tours, des usages multiples, c'est-à-dire par exemple de l'hôtellerie, abordable, bon marché, du logement, mais aussi de l'habitat pour les jeunes ou pour les seniors, etc. Et du flex-office.
02:48Donc une sorte de tour de Babel où il y aurait plein de... ?
02:51Alors une tour de Babel, bon, je récuse un peu ce modèle-là.
02:55Plein de services, plein d'origines diverses ?
02:57Il ne peut pas y avoir de tour de Babel puisque tout le monde parle anglais.
03:00Mais indépendamment de ça, si vous voulez, il faut aller vers effectivement du multifonctionnel pour que les gens puissent sortir de ce cycle de transport quotidien qui est épuisant.
03:10Et vous dites stopper les aides aussi parce qu'aujourd'hui... ?
03:13Alors l'expérience, si vous voulez, du Pinel et des aides un peu comparables, même si ce que je vais dire ne fera pas plaisir à tout le monde, mais il y a longtemps que c'est le cas,
03:23c'est que 80% de l'accompagnement public, en réalité, a profité à l'augmentation des prix du foncier. Voilà.
03:32Donc les aides, en fait, ont permis de faire monter les prix, c'est ça que vous venez de dire ?
03:34C'est un peu ça, voilà. C'est exactement ça.
03:37De Gaulle, qu'est-ce qu'il aurait fait le général De Gaulle devant une telle situation ?
03:41Je pense que le général De Gaulle aurait fait deux choses.
03:43D'une part, il se serait fait expliquer la situation d'ensemble, tel que je viens de la résumer en quelques minutes, mais il faudrait des heures pour l'aborder au fond.
03:51Et deuxièmement, il aurait certainement choisi, de nos jours, qui est-ce qui peut tenir le rôle de pôle de l'ouvrier, vous voyez, c'est-à-dire la personnalité,
04:02qui est à la fois une personnalité d'autorité, de compétence et qui est capable de s'engager personnellement à fond pour tenir une politique et une mission à laquelle il croit.
04:13Et sur la durée, c'est-à-dire ne pas remplacer le ministre du Logement tous les trois mois, puisqu'on a perdu Guillaume Casparian qui était parti sur une bonne piste ?
04:20Notre problème, si vous voulez, c'est que l'économie immobilière, c'est une économie longue.
04:25Donc effectivement, il faut avoir de la durée, de la continuité, de la persévérance.
04:29Sinon, l'habitude aujourd'hui, c'est de chercher ce qu'il est...
04:34J'ai honte de ce terme, mais enfin, on parle des quick wins, c'est-à-dire qu'il faut remporter une victoire rapide dès qu'on arrive en identifiant une ou deux mesures au choc.
04:43L'immobilier, ce n'est pas ça.
04:46L'immobilier, c'est effectivement une stratégie de longue durée qui inspire une politique.
04:51Merci André Hiché, qui était avec nous sur CNews.
04:54Restez avec nous, l'actualité continue.