Dans cette séquence devenue culte, Ludovic Chancel se livre sans détour sur ses problèmes de drogue et d'alcool qui l'ont mené au bord du gouffre. Fils de la célèbre Sheila, il raconte avec émotion les difficultés d'être l'enfant d'une star, tiraillé entre l'admiration pour sa mère et le besoin de s'en détacher. Il évoque ses premières expériences avec les drogues dures dès l'adolescence, qui l'ont rapidement entraîné dans une spirale infernale de dépendance. Son addiction l'a conduit à des comportements autodestructeurs, le menant à la rue et à la déchéance totale. Face à Thierry Ardisson, Ludovic Chancel se montre d'une honnêteté brute en décrivant ses phases de sevrage, de rechutes, et les conséquences dévastatrices sur sa santé mentale. Son récit glaçant illustre à quel point la célébrité peut être un fardeau pour les enfants de stars. Ce témoignage bouleversant marque les esprits par sa franchise crue sur un sujet tabou. Il dénonce aussi l'indifférence de l'entourage face à la souffrance d'un "gamin de star". Un moment de télévision rare et poignant.
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00:00 - Jusqu'à l'âge de 12 ans, vous ne savez pas ce que fait votre mère, Ludovic,
00:03 et vous allez découvrir ça un jour,
00:06 et aussi découvrir les dommages collatéraux de la célébrité,
00:09 lorsque Gérard Devilliers lance cette horrible affaire,
00:13 "Sheila est un homme, donc vous serez un enfant adopté", ce qui est terrible.
00:16 [Musique]
00:22 - Bonsoir, Ludo ! - Merci, bonsoir !
00:25 - Bonsoir, alors Ludovic Chancel, vous êtes le fils de Sheila,
00:29 et vous dites dans le livre que vous publiez chez Flammarion,
00:32 "Quoi que je fasse, quels que soient mes efforts pour tenter d'exister par moi-même,
00:37 je suis et je reste le fils de Sheila,
00:41 moi qui ne demandais rien d'autre que d'être celui d'Annie Chancel."
00:46 - Ça résume bien le livre. - Ouais.
00:47 - Eh bien, au revoir !
00:49 - Ça résume bien le livre. - Ouais.
00:51 - Ça résume bien le livre. - Ouais.
00:52 - Voilà, c'est un petit peu ça.
00:53 C'est difficile d'exister face à l'énorme Sheila... - Ouais.
00:58 - ...qui prend énormément d'importance. - Ouais.
01:00 - Voilà. - Alors c'est un livre d'une grande sincérité...
01:03 - Merci. - ...parfois même impudique,
01:05 mais en tous les cas très touchant, très très touchant.
01:08 Alors on va prendre les choses par le commencement.
01:10 [Musique]
01:24 - Alors, ça commence le 13 février 1973,
01:28 dans une église du 13e arrondissement,
01:30 quand Annie Chancel, dite Sheila, épouse Guybel, votre papa, Ringo Willicat.
01:37 Deux ans plus tard, le 7 avril 1975, vous naissez, Ludovic,
01:42 et deux ans plus tard encore, vos parents divorcent
01:46 et vous restez seule avec Sheila, donc, qui va vous élever, vous dites,
01:49 comme une fleur de cerf, c'est-à-dire complètement coupée du monde.
01:52 - Bah oui, on vit en vase huis clos, on est en complète autarcie,
01:56 on est... C'est comme un clan, on ne lâche pas.
01:59 On est sur... Enfin, moi, je suis surprotégé, personnellement.
02:02 Et c'est une vie assez spéciale, hein.
02:04 - C'est un peu comme le jeune Bouddha qui est protégé...
02:06 - Un peu, oui, tout à fait. - ...puis qu'un jour sort comme ça
02:08 et découvre le monde, d'une certaine façon. - Absolument.
02:10 - C'est exactement ça. - Ce jour-là, il pleut.
02:12 [Rires]
02:13 - Et là, c'est le drame. - C'est le drame.
02:16 Alors, Sheila, à l'époque, est cornaquée par Claude Carrère.
02:19 Elle est absorbée par ses réussites professionnelles.
02:22 Elle préfère l'amour du public, finalement, à votre amour.
02:26 - Elle travaille dur, déjà, pour nous...
02:28 Enfin, pour sa famille, pour moi, mais si tu veux,
02:31 c'est difficile à expliquer à un enfant,
02:33 même si je sais qu'elle travaille pour moi
02:35 et pour les bienfaits de la vie, enfin, pour son clan.
02:38 C'est dur à expliquer, de savoir que sa mère
02:41 est adulée par des millions de gens. - Oui.
02:44 - Et finalement, donne, à mon avis, à ce moment-là...
02:49 Donc, il faut se remettre un peu dans le contexte.
02:51 Peu d'importance à son garçon, finalement,
02:55 mais c'est ce que tu penses, tu vois.
02:57 Aujourd'hui, j'ai 30 ans, donc je le vois autrement.
02:59 Mais à l'époque, c'est moins ce que je pense, à ce moment-là.
03:02 C'est ça, il faut se remettre un petit peu dans le contexte, je pense.
03:05 - Alors, sans doute parce qu'elle culpabilise,
03:07 elle a beaucoup d'attention pour vous,
03:09 mais des attentions qui sont too much.
03:11 Par exemple, dans un hôtel particulier que vous habitez à l'époque,
03:13 rue de la Ferme, à Neuilly, un jour, elle achète un sapin pour Noël
03:16 qui fait 3 étages de haut. Donc, elle fait pas grand-chose,
03:18 mais quand elle le fait, c'est toujours un peu trop, quoi.
03:20 - Elle comble pas mal de choses, elle comble pas mal de choses.
03:22 C'est normal parce que, bon, elle est souvent absente,
03:24 donc elle essaie de faire le maximum quand elle est présente
03:27 pour que ce soit facile.
03:28 Et d'ailleurs, j'en garde des très, très bons souvenirs,
03:30 mais c'est vrai que c'est difficile de pallier le manque.
03:33 Et malgré toutes les attentions qu'elle peut avoir,
03:36 il y a un moment donné où il y a un fossé qui se creuse.
03:39 Je pense que c'est ça qu'il faut dire.
03:41 - Alors, c'est l'époque de Spacer. Elle est souvent à New York.
03:44 - Elle est numéro 1 partout. - Voilà.
03:46 - Alors, vous, quand vous allez à New York, vous y allez en Concorde.
03:48 - Tant qu'à faire, c'est bon, non ? - Oui, oui.
03:50 - C'est sympa. - Vous passez l'été à Saint-Tropez,
03:52 l'hiver à Mary-Belle. Enfin, vous avez une vie de rêve,
03:55 une vie de jeune prince.
03:56 - Oui, c'est une sorte de prison dorée, en fait.
03:58 On s'aperçoit pas, tu vois, comment est le monde à l'extérieur
04:01 et c'est un petit peu ça.
04:02 - Alors, jusqu'à l'âge de 12 ans, vous ne savez pas ce que fait
04:05 votre mère, Ludovic, et vous allez découvrir ça un jour
04:09 et aussi découvrir les dommages collatéraux de la célébrité
04:12 lorsque Gérard De Villiers lance cette horrible affaire
04:15 "Sheila est un homme", donc vous seriez un enfant adopté,
04:18 ce qui est terrible.
04:20 - Oui, c'est très, très dur. Oui, enfin, c'est vraiment un choc.
04:22 Mais si tu veux, c'est plus le fait que j'arrive à la maison
04:25 et que si tu veux, d'une histoire un peu anodine,
04:28 soit une bagarre de récréation... - Oui.
04:31 - J'en parle à ma mère et ma mère, tout de suite, se sent blessée.
04:36 Je pense... Je l'explique comme ça maintenant,
04:39 mais je pense le fait de s'expliquer vis-à-vis de moi
04:43 le fait que ce soit moi qui lui en parle le premier,
04:46 elle sait pas comment gérer une blessure qui, pour elle,
04:49 est restée béante, mais jusqu'à maintenant.
04:52 - Ce qui est terrible, c'est qu'elle est pas du tout sereine,
04:55 elle est déstabilisée. - Elle est maladroite.
04:57 Mais je peux comprendre.
04:59 Ça lui a causé tellement de dommages, ça lui a fait tellement mal,
05:03 elle en a tellement souffert, elle s'en est tellement...
05:06 Elle a tellement pris plein la gueule, puisqu'on a pris plein la gueule.
05:09 Elle sait pas comment l'expliquer.
05:11 Et comme ça vient de moi, ça prend une proportion et une dimension
05:15 dans lesquelles on peut pas... Enfin, j'arrive pas à comprendre.
05:18 - Alors, au lieu de vous calmer, à ce moment-là, elle se justifie,
05:21 elle vous dit "J'ai une cassette de ton accouchement que je te montrerai".
05:25 Elle vous la donne, cette cassette ? - Oui, elle me la donne,
05:27 mais un peu plus tard, elle me la donne pas tout de suite.
05:29 Elle me la donne à mon 17e anniversaire.
05:32 Une cassette que je n'ai pas regardée, je t'avoue sincèrement.
05:35 - T'es con, elle est bien, moi, je l'ai vue.
05:38 - Ouais.
05:40 Voilà, et c'est maladroit, parce que finalement, elle en devient presque...
05:45 - Oui, c'est troublant, parce qu'en fait, les gens qui accouchent naturellement,
05:48 n'ont pas besoin d'avoir une cassette. - C'est connu, tu vois, elle a pas besoin...
05:51 Elle se met dans une situation où elle a pas besoin de se justifier.
05:53 - Ouais. - Tu vois, pour moi, c'est clair, c'est ma mère.
05:55 Voilà, pour le final, on arrête là, la conversation.
05:57 Et elle est en train d'amener des preuves alors que c'est pas la peine.
06:00 - En tout cas, entre vous, vous en parlez jamais, quoi, de ça.
06:02 - Non, c'est tabou, c'est un sujet assez tabou. - Oui.
06:05 - Alors là, vous vivez dans la maison de Föschroll,
06:07 qui est une espèce de villa hollywoodienne dans la banlieue verte.
06:10 Un château disneyien, 990 m2 habitables, un séjour de 300 m2.
06:17 Et puis aussi, le musée Schellach, vous racontez dans votre livre
06:20 que finalement, quand elle fait le clip de "Bang Bang",
06:22 elle garde tout, elle garde les costumes, elle garde le décor.
06:24 Enfin, c'est une espèce de mausolée.
06:26 - Je pense qu'elle garde ça pour sa légende, et c'est un petit peu,
06:29 si tu veux, une espèce de refuge. Quand elle se sent pas bien,
06:31 elle a besoin d'avoir tous ses vestiges un petit peu du passé.
06:35 Elle en a besoin pour son bien, donc je peux comprendre.
06:38 - Oui. Alors vous, vous êtes très beau, hein.
06:41 - C'est gentil, merci. - Les cheveux longs, roux, les yeux verts.
06:44 - Vous me le redirez une fois encore ? - Non, c'est vrai, vous êtes un beau garçon.
06:46 C'est clair, vous plaisez beaucoup, d'ailleurs.
06:48 Vous plaisez aux filles, vous plaisez aux garçons.
06:50 Et en fait, c'est l'époque où vous donnez votre premier baiser à un garçon.
06:54 - Oui, bah oui, bon, c'est une petite libération sexuelle.
06:57 C'est mes années hippie, si tu veux.
07:00 Voilà, bon, voilà, bon, je plais aux garçons, je plais aux filles.
07:02 Pour moi, ça a jamais été un tabou, mais bon...
07:04 - Oui, il y a un truc qui est très étonnant dans votre bouquin,
07:06 c'est que finalement, dès le départ, vous avouez votre bisexualité.
07:10 C'est jamais un problème pour vous. - Non, c'est jamais...
07:12 - Ça paraît en tous les cas. - Non, mais ça a jamais été un problème.
07:14 - Vous passez comme ça des filles aux garçons sans...
07:16 - Oui, enfin, oui, ça dépend, oui. - Alors que toi, tu voudras nous en parler.
07:18 Toi, t'as du mal.
07:20 T'as un blocage encore. - Oui, ça, c'est sûr.
07:22 - Artilaturel. - Ça, c'est sûr, oui.
07:24 - Non, mais c'est vrai que ça a jamais été un tabou, mais bon...
07:26 - Alors, vous découvrez le sexe à cette époque, hein,
07:28 et vous décidez de quitter le cocon familial.
07:30 Vous dites à votre mère "Maman, je veux partir à Paris."
07:34 Et la réaction de votre mère...
07:36 - Elle réagit, je pense, maladroitement,
07:38 parce que je pense que c'est pas...
07:40 Le fait est, une maman met pas son fils dehors, tu vois,
07:42 mais c'est plutôt sous l'emprise un petit peu.
07:44 Elle se dit "Écoute, très bien, il veut partir,
07:46 il y a pas de soucis. Voilà tes affaires, voilà ton sac.
07:48 Allez, je lui donne 3 semaines, 1 mois.
07:50 Dans 1 mois, il revient."
07:52 Mais bon, j'ai un caractère, on me met à la porte,
07:54 donc voilà, en avant, on roule.
07:56 - Là, vous avez 17 ans, vous vous retrouvez
07:58 avec 200 balles en poche et vous vous dites
08:00 "Je viens sans doute de faire la plus grosse connerie."
08:02 - Ah oui, pour moi, c'est horrible. Bah oui, c'est une grosse connerie.
08:04 Attends, moi, je m'attendais à du soutien.
08:06 Je me suis dit "Bon, ça y est, pas de soucis,
08:08 elle va me prendre un petit studio, y a pas de problème.
08:10 Elle va me sponsoriser un petit peu, donc y a pas de souci."
08:12 Mais là, je me retrouve, voilà, à la porte
08:14 avec un sac qui pèse 3 tonnes, et je suis comme ça,
08:16 avec les cheveux...
08:18 J'ai tous les malheurs du monde sur moi, tout d'un coup,
08:20 mais bon, c'est vrai que... C'est spécial.
08:22 - Et jamais, à ce moment-là, vous avez l'idée de retourner à un fushroll ?
08:24 - Bah attends, j'ai des couilles, je vais pas revenir.
08:26 Je suis parti, hein, je vais...
08:28 J'avance aussi, parce que...
08:30 Et puis quelque part, c'est le fait non plus de pas vivre dans son nom.
08:32 Je me dis "OK, j'y vais."
08:34 Et puis voilà, je vais m'assumer. Quelque part, c'est important.
08:36 - Vous commencez, il devait y que vous êtes
08:38 stagiaire chez Michel Drucker. - Ouais.
08:40 - Pour 1 200 francs par mois. - Un gros salut, Michel,
08:42 si je vous entends. - Encore un qui dit "merci" à Michel Drucker.
08:44 - Absolument. - Absolument.
08:46 - Voilà, mais rapidement, vous plongez dans le stupre et la luxure.
08:48 - Dans le ? - Le stupre et la luxure.
08:50 - J'expliquerai. Vas-y. - Oui, oui, oui.
08:52 - Parce que j'ai pas bien compris. Oui, la luxure, d'accord.
08:54 - C'est le cul. - Ah, le cul. - Le sexe.
08:56 Non, c'est vrai. - Heureusement, le chien de Michel Drucker
08:58 n'a pas bougé. - Excuse-moi, mais j'ai 18 ans,
09:00 j'ai envie de... Ouais, j'ai envie de m'amuser.
09:02 Attends, j'ai 18 ans, j'arrive à Paris...
09:04 Ouais, j'ai envie de m'amuser, j'ai envie de profiter.
09:06 Non, enfin, je sais pas... - D'accord, mais là, quand même,
09:08 je lui dis pas moi. - Vous vous tapez tout ce qui bouge, là, à cette époque-là,
09:10 quand même. - Mais qu'est-ce que t'appelles "tout ce qui bouge" ?
09:12 - Bah, même les couples. - Bon, j'ai des expériences, voilà.
09:15 - Non, mais c'est pas un reproche, hein. - Non, mais il y a pas...
09:17 - C'est pas un reproche. - Oui, non, mais j'en vois pas ça comme un reproche.
09:19 Voilà. - Mais bon, voilà, quoi. - Mais je suis libertin, voilà.
09:21 C'est ça que tu veux dire, je suis libertin. - Clairement.
09:23 - Oui, oui, j'assume. - Oui. - Pas de problème.
09:25 - Le mec vous demande de baiser sa femme devant lui, vous le faites, quoi.
09:28 - C'est normal. - C'est pas méchant, oui, c'est pas...
09:31 C'est pas très méchant, oui, c'est pas méchant.
09:33 - Non, mais ça...
09:35 - Si le mec demande poliment... - Oui, tu vois...
09:42 Tout dépend comment on demande, hein, oui, c'est vrai.
09:44 - Voilà, si il va baiser ma femme, tu dis "bah non, c'est un autre temps".
09:47 Si il vous plait, il vous laissera mal au guilleté de pénétrer mon épouse, bah tu...
09:51 - Tu le sais.
09:53 - Donc à l'époque, vous êtes complètement coupé de votre mère,
10:01 vous lui écrivez une lettre, pas de réponse.
10:04 Et puis au bout de 6 mois, elle vous répond.
10:05 La lettre est tellement pas affectueuse que vous vous dites
10:08 "mais c'est bien la peine de me faire attendre 6 mois pour m'avoir un truc pareil".
10:11 - Non, mais si tu veux, je pense qu'elle, elle est dans sa démarche
10:13 où j'ai décidé de partir.
10:15 Et si tu veux, elle arrive pas à revenir en arrière.
10:17 Elle se dit pas à un moment donné
10:19 "bon, allez, ça fait quand même, allez, 8 mois, là".
10:22 - Personne le cède, quoi.
10:23 - "Ça fait 8 mois".
10:24 Donc elle reste sur cette base-là.
10:26 Bon, il écrit, tu vois, et comme elle me dit sur la lettre
10:29 "bon, bah, voilà, je pensais pas que tu...
10:31 t'aurais dû appeler, pourquoi t'as écrit quelque part ?"
10:33 Parce que c'est vachement déstabilisant.
10:34 Elle arrive toujours à renverser le truc et c'est moi qui suis...
10:37 Mais bon, c'est son caractère, elle est comme ça, donc...
10:39 - Elle était meilleure comme chanteuse que comme maman, quand même, hein.
10:42 - Je pense qu'être une grande star, comme elle a été une icône,
10:45 ça doit être difficile.
10:47 - Ouais.
10:48 - C'est difficile.
10:49 - Oui, ça lui est arrivé très jeune, en plus.
10:50 - Ouais, donc elle a pas spécialement peut-être su s'armer pour plus tard.
10:54 Mais elle m'adore comme une maman qui a un fils unique.
10:58 Elle est fou de son fils, y a pas de problème,
11:00 mais je pense qu'elle le montre mal.
11:02 - À l'époque, vous rencontrez Sylvia,
11:04 qui est la 1re fille pour qui vous ressentez vraiment de l'amour,
11:08 et dans sa famille, beaucoup de chaleur humaine.
11:10 C'est-à-dire qu'en fait, à ce moment-là, c'est la famille de Sylvia
11:12 qui devient un petit peu votre famille d'acteur, quoi.
11:14 - Mais je pense, en fait, que pour les gens simples, la vie est simple.
11:16 Nous, on est là à se prendre la tête, on a des maisons,
11:18 tout ce que tu veux, de l'argent.
11:20 Mais en fait, le concours familial, il est un petit peu exposé partout.
11:23 Moi, j'ai une parente divorcée.
11:25 Moi, j'ai une maman qui est comme elle est avec son caractère.
11:29 Et tu t'aperçois que, finalement, pour les gens simples,
11:32 il y a que l'amour qui compte, y a toujours à manger sur la table,
11:35 on s'occupe de sa famille, et ça devient tout de suite...
11:37 Y a plus de poids.
11:39 Et c'est ça qui est important.
11:40 Faut retenir ça, je pense.
11:41 - C'est une découverte.
11:42 - Ouais, c'est une grande découverte.
11:43 - Alors, vous rencontrez également à l'époque
11:45 un dénommé André qui devient votre employeur.
11:48 Il a une boutique de mode O.A.L.
11:50 Et votre amant.
11:52 - Ouais.
11:53 - Pendant des années.
11:54 - Ouais, ça m'équilibre, ouais, ça m'équilibre.
11:56 Ça m'équilibre parce que, si tu veux, en trouvant cette personne,
11:59 je découvre aussi quelqu'un qui est important
12:01 et qui a l'image du papa dont j'ai besoin.
12:03 Donc ça m'équilibre énormément.
12:04 Quelqu'un qui me fait confiance.
12:06 Quelqu'un qui me donne la possibilité d'exprimer dans mon travail,
12:08 qui me donne plein de possibilités.
12:10 Et j'ai, si tu veux, ces 2 piliers de ma vie.
12:13 - Vous passez de l'un à l'autre.
12:15 - Oui, oui, on peut dire ça comme ça.
12:18 - Et Sylvia sait que vous voyez André.
12:20 André sait que vous voyez Sylvia.
12:22 - Oui, André sait que je vois Sylvia.
12:24 Sylvia a des doutes sur André.
12:26 - Ouais.
12:27 - Mais c'est pas un ménage à 3, si tu veux savoir la réalité.
12:30 - D'accord, ouais. - Pas du tout.
12:31 - Et là, vous avez un terrible accident de scooter.
12:34 Une Renault 25, un soir.
12:37 Et vous êtes vraiment détruit.
12:39 Fracture ouverte de la mâchoire, les dents explosées,
12:42 les jambes coupées en 2, la rate éclatée, 7 côtes cassées.
12:45 - Oui, coma 15 jours.
12:47 Voilà, hémorragie interne, on a la rate absolument.
12:50 15 jours de coma, 1 mois et demi, 2 mois à l'hôpital
12:54 et 6-8 mois de rééducation intensive.
12:57 - La remontée sera longue.
12:58 - Ouais, ça a été dur.
12:59 Ça a été vraiment un passage assez difficile.
13:01 Ouais, c'est assez dur.
13:03 C'est assez dur parce que tu sors de l'hôpital,
13:05 je faisais 55 kg à peu près.
13:07 Alors que j'en fais 75 d'habitude.
13:09 Donc c'est un peu difficile.
13:11 Quand tu te vois dans la glace, tu vois un fantôme,
13:13 une espèce de zombie.
13:15 Donc il faut... Merci.
13:17 - Merci. T'es pour moi.
13:19 - Merci, c'est gentil.
13:21 Et il faut remonter, t'as pas le choix.
13:23 Donc on te dit en plus que t'es pas sûr
13:25 de retrouver 100% de tes capacités.
13:27 Donc finalement, tu dis, je vais pas arriver à 100,
13:30 je vais arriver à 130, histoire d'emmerder tout le monde.
13:33 Donc c'est...
13:34 - On va vous raconter la convalescence à Föschroll,
13:36 les vacances au Caraïbes avec Sylvia et votre maman.
13:40 Et là, vous décidez de faire connaissance
13:42 avec votre père, qui habite à Toulouse.
13:44 - Il est parti lorsque j'avais 2 ans.
13:46 J'ai dû le voir, je sais pas, une fois,
13:48 je m'en rappelle plus.
13:49 Quand j'avais 6 ans, j'ai pas un grand souvenir.
13:51 Et puis je l'ai eu 2, 3 fois au téléphone, et c'est tout.
13:53 Donc j'ai pas eu de son de cloche à côté.
13:55 Donc je veux avoir, si tu veux, ma propre opinion
13:57 sur le bonhomme, quoi.
13:59 Alors ce sera jamais un père, mais je me suis dit
14:01 peut-être que je peux trouver un ami.
14:03 - Vous dites "j'vais y aller".
14:04 Alors vous arrivez dans une cité pavillonnaire
14:06 un peu défraîchie, un peu années 60.
14:08 Vous voyez une vieille dame qui est votre grand-mère
14:11 et qui l'appelle.
14:12 Et là, vous voyez arriver un mec en short, en marcel,
14:15 en thong, qui vous dit "qu'est-ce que tu fous là, toi ?"
14:19 - Ouais, mais qui me dit mieux.
14:20 Il me dit "putain, tu ressembles à ta mère.
14:22 Je comprends même pourquoi t'es venu.
14:24 Je suis même pas sûr que tu sois mon fils."
14:26 - "J'ai rien à te dire."
14:27 - "Voilà, quand je vois, je vois ta mère.
14:29 Bref, qu'est-ce que tu fais là, quoi."
14:31 - Ouais.
14:32 - "Bon, OK. Bon, bah, écoute, ça a duré,
14:34 je sais pas, une minute et demie."
14:36 - "Ouais, quand vous lui dites 'je crois que je vais y aller',
14:38 il vous répond 'je crois que c'est ce que t'as mis à faire'."
14:40 - "T'as mis à faire, ouais. T'as mis à faire."
14:41 Et si tu veux, il y a des photos, un peu dans le pavillon.
14:43 Puis je lui dis "mais quand même, tu vois,
14:45 il y a quand même quelques photos de moi, donc...
14:47 Ah non, mais je suis pas chez moi, ici."
14:49 - Ouais.
14:50 - "Donc, bah, je sors, je fais 10 mètres.
14:52 Et si tu veux, comme je suis pas du tout à 100 % à cette époque-là,
14:56 je pleure au bout de 10 mètres, mais...
14:58 Comme un bébé, mais finalement, en pleurant,
15:00 une espèce de poids qui s'en va comme ça.
15:03 Et je me perçois que finalement, les liens du sang,
15:05 malgré ce qu'on peut dire...
15:07 Bon, bah, voilà, je suis tombé sur un mec,
15:09 bah, c'est mon géniteur, il s'appelle Guy.
15:11 - Ouais.
15:12 - On peut dire il s'appelle Willy-Kat, exprès.
15:15 - En fait, ce que vous dites,
15:16 c'est qu'il a jamais vraiment aimé votre mère.
15:18 - Ah non, non, ouais, pour moi, voilà, c'est ça.
15:20 C'était plus un coup de pub,
15:21 dont elle, qui a vraiment été meurtrie par ça,
15:24 parce qu'elle a voulu avoir un enfant avec lui.
15:26 - Elle était amoureuse de lui ?
15:27 - Bah oui, je pense qu'elle s'est mariée.
15:29 Elle a voulu avoir un...
15:30 - Mais il était assez beau, hein.
15:31 Il y a des photos dans "Télé 7 jours",
15:32 il y a un papier sur vous dans "Télé 7 jours".
15:34 Il y a des photos, il est assez beau, le...
15:36 - Par rapport à moi, il est plus beau ou moins beau ?
15:38 - Non, j'ai plus beau que lui.
15:39 - Ah, c'est gentil, c'est gentil.
15:41 - Non, c'est vrai.
15:42 - Non, c'est vrai.
15:43 - Voilà, alors là, vous vous mariez
15:46 pour faire plaisir à Sylvia, en fait.
15:48 Au départ, vous avez pas vraiment envie de vous marier,
15:50 mais quand elle vous le propose, vous vous faisez pas dire non, quoi.
15:53 - Si tu veux, je me remets un petit peu dans le contexte de l'époque.
15:56 J'ai voulu me marier à 20 ans, 22 ans.
15:58 Bon, j'ai toujours eu des non-nons.
15:59 J'arrive à un âge où j'ai 25 ans, où, bon, je sors de plein d'histoires.
16:03 J'ai pas vraiment la tête à me marier, mais...
16:06 Je suis dans un clan.
16:08 Elle a toujours été là pour moi,
16:09 donc j'ai envie de lui faire partager ce bonheur.
16:12 J'ai envie qu'elle soit dans le clan chanson, tu vois.
16:14 Et j'ai envie de faire plaisir à mes grands-parents,
16:16 j'ai envie que ma maman soit fière de moi.
16:17 Et donc, je me dis, allez, pourquoi pas ?
16:19 En avant, allons nous marier.
16:21 Allons à l'église.
16:22 - Ce qui est terrible, c'est que...
16:24 En enterrant votre vie de garçon, vous tombez sur une Nathalie
16:27 dont vous faites la connaissance dans les toilettes, on peut dire.
16:29 - Ouais.
16:30 - Et cette Nathalie...
16:32 - Tu résumes vite les choses, mais bon...
16:34 Je trouve que tu résumes vite les choses, mais bon.
16:36 - C'est ce qui est dans le bouquin.
16:37 Et cette Nathalie, non, ce qui est terrible,
16:38 c'est que cette Nathalie, vous la reverrez après,
16:40 une fois que vous serez mariés.
16:41 - Voilà, va beau.
16:42 - Et elle vous fera...
16:43 Et elle vous fera un enfant dans le dos.
16:45 - Ouais.
16:46 Ouais.
16:47 Ouais.
16:48 Bon, donc, on se voit un petit peu.
16:51 Puis très vite, je me dis, attends, je suis con, je viens de me marier,
16:53 je vais pas commencer à avoir une relation extra-conjugale,
16:56 c'est vraiment stupide, donc je mets fin assez rapidement.
16:58 Et au bout d'un an et demi, j'ai la mère, donc, de Nathalie,
17:01 qui m'appelle et qui me dit, bah, écoutez, félicitations,
17:04 ma fille vient d'accoucher, très belle petite fille,
17:07 je suis ravi pour elle, et vous êtes le papa.
17:09 - Ouais.
17:10 - Pardon.
17:11 - C'est ça.
17:12 - Et donc, là, j'ai mon monde, mon château de cartes,
17:14 qui fait clac, clac, clac, clac, clac.
17:16 - Ça veut dire que le mariage n'arrange rien, vous dites,
17:19 en parlant de Sylvia, ce mariage a tué notre amour.
17:22 - Bah, ça arrive sur beaucoup de mariages, je suis pas...
17:24 Y a pas que moi, je suis pas le seul exemple,
17:26 mais ça arrive de se marier, et puis, tu sais,
17:28 on s'est connus assez jeunes, donc il y a un moment donné
17:31 où, bah, nos routes se séparent, parce qu'elle a d'autres envies,
17:34 que moi, j'ai peut-être d'autres envies aussi, et puis voilà.
17:36 Ça nous empêche pas qu'on s'ait énormément aimé
17:38 et qu'on a vécu une très belle histoire d'amour.
17:40 - Là, c'est le début, Ludovic, de votre descente aux enfers,
17:43 beaucoup de cocaïne.
17:45 - Ouais, beaucoup, c'est peu dire aussi.
17:47 - Jusqu'à 20 g par semaine, c'est beaucoup, quand même.
17:49 - Ouais, ouais, non, mais 20 g, c'était le minimum.
17:51 - Tu faisais des gâteaux, là. - C'était... Ouais, 20 g...
17:54 Je pense que... 20 g, c'est le minimum, hein.
17:57 Il m'arrive d'ailleurs de faire des 72 heures avec 40 g.
18:00 Mais c'est la totale destruction.
18:02 Comme j'explique dans le livre, y a un passage où, si tu veux,
18:04 Sylvia s'en va, parce que je lui dis tout, je lui dis toute la vérité.
18:08 Et puis, bon, tu vois, elle a pas trop le choix.
18:10 Elle s'en va et je ferme toutes les portes.
18:12 Le 10h arrive, je paye, il arrive, il m'apporte un sachet,
18:15 oui, je rappelle, 35-40 g.
18:18 Et si tu veux, là, je m'enferme, j'arrache le téléphone,
18:21 je commence à me mutiler.
18:23 Ouais, c'est totale destruction.
18:25 J'assume pas du tout le fait que je suis une merde, quoi.
18:28 - Vous vous aimez pas du tout, à ce moment-là.
18:30 - Non, mais je suis pas prêt du tout. Je me déteste, je veux me détruire.
18:33 Le but, c'est totale destruction, je veux m'anéantir.
18:36 - Y a la drogue et puis y a le sexe aussi, ce que vous appelez vos nuits fauves.
18:40 En fait, tout, hein. Les boîtes échangistes, les bacs au momo,
18:43 le bois de boulogne, la totale, quoi.
18:45 - La prostitution, tu peux le dire aussi.
18:48 Mais c'est pour le fait de pas se regarder dans la glace.
18:50 Moi, à un moment donné, je me dis, je vais y passer,
18:52 parce que vu les quantités de drogue que je prends,
18:55 j'ai pas le courage, si tu veux faire la démarche d'aller acheter un flingue
18:57 et me mettre une balle dans la tête, ça aurait peut-être été plus simple,
18:59 mais j'y arrive pas, j'ai pas cette démarche-là.
19:01 Mais avec les quantités que je prends, je me dis, à un moment donné, je vais partir.
19:04 Et pour me salir encore plus, autant me détruire au maximum.
19:08 Et c'est le but, voilà. Maintenant, je sais pas si c'est bien ou pas bien.
19:11 Ce que j'ai vraiment voulu, enfin, faire ressortir du bouquin,
19:14 c'est les 30 dernières pages, c'est vraiment 7 descentes aux enfers.
19:17 Vivre une vraie descente aux enfers.
19:19 Tu vois, c'est pas, ouais, je prends un peu de drogue, je sors un petit peu,
19:22 on sait pas trop ce que je fais. Non, voilà, voilà ce que j'ai fait.
19:25 Voilà, maintenant, bien ou pas bien, c'est pas la question.
19:28 Mais c'est une vraie descente. Et c'est ce que je veux expliquer dans le livre.
19:31 - Votre seule ambition, à ce moment-là, c'est de vous salir, de vous aviler.
19:34 - Oui, de me punir, oui. Je veux plus me réveiller dans la glace,
19:37 je veux voir un cadavre, c'est le but. C'est le but.
19:40 Mais j'y arrive très bien.
19:41 - Vous avez besoin, à un moment, dans des boîtes, disons, de sexe,
19:44 et vous vous laissez posséder par tout le monde.
19:47 - Oui, mais voilà, j'ai envie de vendre mon âme, vendre mon corps,
19:49 vendre ce que je suis, vendre ce que je représente, c'est-à-dire me salir.
19:53 Toute, je sais pas, l'honnêteté, toute la pudeur que j'ai, j'ai envie de la...
19:59 Ouais, j'ai envie de la détruire. C'est dur, c'est...
20:02 Tu sais que c'est un procédé difficile de se dire, à un moment donné,
20:05 quand toi, tu décides de te faire du mal, il y a plus de limites, si tu veux.
20:09 Si tu es un adversaire, à un moment donné, vous vous battez.
20:12 Si le choc est violent, il y a un moment donné où tu te mets en retrait
20:15 parce que tu dis, je vais pas trop l'abîmer.
20:17 Là, c'est dans la démarche que toi, t'as envie de te salir, il y a plus de limites.
20:20 Et c'est ce que je voulais dire.
20:21 - Oui, l'adversaire, il est dans ta tête, à ce moment-là.
20:23 - Voilà, exactement, tout à fait.
20:24 - Alors, à un moment, vous commencez à choisir vos clients sur Internet
20:27 parce que vous découvrez que c'est plus facile, finalement, que la porte dauphine.
20:31 Et là, vous tapez jusqu'à 6 clients par jour, quoi.
20:34 Dans un appartement qui est dégueulasse.
20:36 - C'est pas un appartement, mais c'est un dépotoir.
20:39 - Un dépotoir, oui.
20:40 - Bon, c'est un passage.
20:42 J'essaie de l'expliquer.
20:43 J'espère que ça choquera pas trop, trop de gens.
20:45 J'essaie en tout cas de l'expliquer avec mes mots.
20:47 - En tout cas, c'est sincère.
20:48 - Oui, c'est sincère.
20:49 - C'est touchant.
20:50 - C'est gentil.
20:51 - Merci beaucoup.
20:52 - Très courageux aussi de rentrer dans le détail à ce point
20:54 et de tout raconter comme ça.
20:55 - Merci, merci, Laurent.
20:56 Merci.
20:57 Bonne journée, en tout cas.
21:01 - Ludovic Chancel, fils de...
21:03 C'est publié chez Flammarion.
21:05 Et là, comment ça va ?
21:13 Vous vous aimez mieux, maintenant ?
21:15 - Ça commence à aller mieux.
21:16 - Oui.
21:17 - Ça commence à aller mieux.
21:19 - Dernière question.
21:20 Ludovic.
21:25 Si vous aviez Annie Chancel en face de vous, vous lui diriez quoi, là ?
21:29 - Là, tout de suite, là ?
21:30 - Ouais.
21:31 - Que je l'aime.
21:32 D'ailleurs, j'ai pas changé mon optique depuis le début du livre.
21:35 J'arrête pas de lui dire que je l'aime.
21:37 C'est ma maman, c'est la femme de ma vie.
21:39 Et malgré...
21:40 Il peut y avoir des erreurs dans un parcours, et c'est pas grave.
21:42 Moi, je lui en veux pas du tout.
21:43 - Ouais.
21:44 - Moi, à sa place, je pense pas que j'aurais pu faire mieux.
21:46 Donc voilà.
21:47 - C'est la femme de votre vie, chez elle ?
21:49 - Non.
21:50 Chez elle, non.
21:51 Mais Annie, c'est la femme de ma vie, c'est sûr.
21:52 - Voilà Ludovic Chancel, fils de...
21:56 - Et pour être sûr de ne rien rater de Inalarditube, abonnez-vous et mettez un pouce bleu.
22:01 Blue.
22:03 Merci à tous !