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Aujourd'hui dans le grand entretien, Marion L'Hour reçoit Laurent Saint-Martin, le directeur général de l'agence Business France et Éric Boudot, président de GCK, spécialisé dans les solutions technologiques pour accélérer la décarbonation des transports, pour évoquer le salon CES à Las Vegas. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-week-end-du-dimanche-07-janvier-2024-8823800

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Transcription
00:00 Le grand entretien de France Inter et la grande messe des technologies qui démarre
00:04 mardi, ça s'appelle le CES, le Consumer Electronics Show.
00:07 Il se tient à Las Vegas aux Etats-Unis avec une présence française importante, plus
00:11 de 150 entreprises.
00:13 Et pour les accompagner, le premier invité de ce plateau spécial, Laurent Saint-Martin,
00:18 vous dirigez Business France, agence de l'État chargée de promouvoir les entreprises françaises
00:22 à l'étranger.
00:23 Bonjour ! Et avec nous à distance aussi, Eric Boudot, directeur de GCK.
00:26 Plus vraiment une start-up puisque l'entreprise a grandi, elle propose de convertir les véhicules
00:31 thermiques classiques en véhicules moins émetteurs de carbone, hydrogène ou électrique.
00:35 Vous serez vous à Las Vegas également.
00:38 Bonjour Eric Boudot ! Bonjour !
00:39 Vos questions à nos invités chers auditeurs, 0145 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:46 Alors Laurent Martin, je disais 150 entreprises accompagnées à Las Vegas, c'est une présence
00:51 française importante ? Oui, 150 entreprises c'est évidemment conséquent.
00:55 Chaque année, le CES de Las Vegas attire beaucoup d'entreprises françaises et à Business
00:59 France, évidemment, on tient à ce que cet accompagnement soit le plus qualitatif possible
01:04 parce que ce n'est pas qu'un salon où on présente ces innovations, c'est aussi des
01:07 formidables opportunités de se connecter avec des acheteurs, avec des investisseurs américains
01:12 pour beaucoup bien sûr, mais pas que.
01:13 C'est une grande messe mondiale de l'innovation, de la technologie dans tous les secteurs d'activité.
01:19 Il va y avoir notamment un zoom particulier sur la mobilité, sur la transition écologique,
01:24 sur l'intelligence artificielle, sur la sport tech aussi, c'est-à-dire toutes les innovations
01:28 technologiques dans le secteur du sport, sur un marché américain qui va avoir beaucoup
01:31 de grands événements mondiaux sportifs.
01:34 Donc il y a beaucoup à faire et c'est pour ça que 150 entreprises françaises c'est
01:38 conséquent, mais c'est aussi représentatif de ce talent, de cette excellence à la française
01:42 qu'on a dans les nouvelles technologies depuis maintenant de nombreuses années.
01:45 Alors vous nous avez donné les secteurs dynamiques justement, les green tech, les technologies
01:48 vertes, le sport notamment.
01:50 Qu'est-ce qu'il y a comme innovation dans ces secteurs-là, bien concrètes ?
01:54 Alors sur l'intelligence artificielle, typiquement elle peut toucher un certain nombre de secteurs
01:59 très variés.
02:00 Ça peut à la fois toucher les problématiques de santé, les problématiques sociales.
02:04 Par exemple on a une entreprise assez formidable qui s'appelle Pulse Audition, moi que j'aime
02:08 beaucoup, qui permet aux personnes malentendantes de pouvoir améliorer leur conversation dans
02:13 des environnements bruyants.
02:14 Et bien ça c'est rendu possible par les technologies d'intelligence artificielle.
02:18 En France on parle beaucoup de Mistral, de Q-Tie.
02:22 Mistral donc LA grande startup française qui a fait une levée de fonds énorme l'année
02:26 dernière et qui est soutenue par Xavier Niel notamment, qui est vraiment le champion de
02:30 l'intelligence artificielle française.
02:31 Et le laboratoire de Xavier Niel, Q-Tie est aussi extrêmement important.
02:34 Toutes ces initiatives sont locomotives.
02:36 Mais on a aussi des très belles pépites, des très belles startups qui s'appuient
02:39 sur l'intelligence artificielle pour avoir des applicatifs extrêmement utiles.
02:43 Voilà, Pulse Audition en est un bel exemple.
02:45 Et il y a aussi la Deep Tech, les technologies de rupture.
02:48 Qu'est-ce que c'est la Deep Tech ?
02:49 En fait, ça fait maintenant de nombreuses années que la France, notamment à travers
02:53 son opérateur de financement BPI France et avec France 2030, cette grande stratégie
02:58 sectorielle d'avenir, investit dans l'innovation de rupture.
03:02 C'est-à-dire celle qui va nous permettre dans plusieurs années d'avoir un vrai coup
03:06 d'avance sur les autres pays et aussi sur les autres continents.
03:10 Tout le monde compromet aujourd'hui que la nouvelle compétition économique mondiale
03:13 se joue continent à continent et qu'il faut que l'Europe et donc a fortiori la France
03:18 puisse être leader sur un certain nombre d'activités.
03:20 Pour ça, il faut investir.
03:21 Pour ça, il ne faut pas se cacher et il faut mettre les moyens.
03:24 France 2030, c'est 54 milliards d'euros d'investissement dont beaucoup sont faits
03:28 dans des grandes innovations de rupture avec BPI France, avec Business France, avec un
03:33 certain nombre d'opérateurs publics, mais aussi avec du financement privé.
03:36 On se donne aujourd'hui les moyens d'avoir des champions technologiques de demain.
03:40 Probablement ce qui nous manquait depuis tant d'années.
03:42 On va reparler du financement un tout petit peu plus tard parce que je voulais vous parler
03:45 des autres.
03:46 Tout ça va changer notre quotidien.
03:47 Je sais que les auditeurs le comprennent.
03:48 Vous nous avez donné l'exemple sur les personnes malentendantes, mais il y a aussi l'automobile
03:52 par exemple qui est représentée au CES avec un pavillon spécial, pas moins de 20 exposants,
03:58 des entreprises qui oeuvrent dans le secteur de l'IA, des radars, l'Internet, des objets.
04:02 C'est quoi les innovations spectaculaires dans ce secteur-là ?
04:04 Vous avez par exemple une très belle pépite française qui s'appelle Exwayz qui permet
04:09 d'améliorer par système embarqué dans les nouveaux véhicules autonomes de demain la
04:14 capacité à détecter les objets sur la route et ça c'est technologie française typiquement.
04:18 Il y en a d'autres, il y a Epic & Poc, il y a un certain nombre de solutions qui seront
04:23 présentées à Las Vegas.
04:25 Je précise aussi, le CES de Las Vegas a souvent été l'occasion pour des grandes nouvelles
04:31 technologies françaises de percer.
04:32 Souvenez-vous, il y a maintenant une dizaine d'années, vous vous souvenez peut-être des
04:37 entreprises comme Weezings, comme Netatmo.
04:39 Alors Weezings c'était des objets connectés ?
04:41 C'était la révolution de l'objet connecté, de l'IoT comme on dit en anglais, avec leur
04:46 montre connectée, leur balance connectée.
04:48 Et bien il y a dix ans, le monde a découvert, pour beaucoup d'entre eux effectivement,
04:52 les technologies Weezings grâce au CES de Las Vegas.
04:55 Et bien on espère que sur les mobilités connectées comme ça va être le cas d'Exwayz,
04:59 évidemment pour Jessica qui a déjà démontré son excellence et son savoir-faire, mais
05:04 que ça va aussi permettre d'être un tremplin de connaissances, de visibilité pour le reste
05:09 du monde parce que c'est peut-être là où le babelaisse en France.
05:11 À l'export, à l'international, on ne sait pas assez que la France excelle.
05:15 On a des forces, on a une recherche et développement excellente, publique et privée.
05:19 Maintenant il faut que ça se sache davantage.
05:21 Donc il faut profiter de ces moments-là.
05:23 En lien avec l'automobile, il y a aussi Vercors, le fabricant de batteries électriques,
05:27 qui a eu la plus grosse levée de fonds en France l'an dernier.
05:29 850 millions d'euros pour sa giga-usine qui s'installe à Dunkerque, ça c'est un champion !
05:34 C'est même 2 milliards d'euros de montants levés au total pour Vercors.
05:38 850 millions c'est juste l'an dernier, oui.
05:40 Qui aurait cru qu'une start française puisse lever autant, surtout dans un contexte aussi
05:46 complexe qu'aujourd'hui ?
05:47 Vercors c'est d'abord un entrepreneur formidable, Benoît Le Mignon, qui a démontré justement
05:51 que la batterie, elle était aussi française.
05:53 Et que cette chaîne de valeur que nous reconstruisons en France, notamment dans la région de Dunkerque,
05:58 avec cette vallée de la batterie, où on fait venir le Taïwané Prologium, où on fait
06:01 venir évidemment des joint ventures, c'est-à-dire des fusions et des associations entre Orano,
06:09 un français, XTC, un chinois…
06:11 Oh là là, vous commencez à nous parler une langue un peu compliquée !
06:14 Non, ce sont des entreprises, tout ce que je vous cite.
06:16 Orano c'est évidemment français, chacun connaît.
06:18 Orano c'est le nucléaire, anciennement Areva.
06:21 Avec XTC, chinois.
06:22 Et Vercors, cette pépite et cette start-up française, qui justement dans le secteur
06:28 de la batterie, démontre que notre savoir-faire français a toute sa place dans une chaîne
06:32 de valeur extrêmement importante.
06:33 Parce que si en France on n'est pas souverain sur la batterie, si en France on ne produit
06:37 pas chez nous, si en France on ne relocalise pas chez nous, c'est toute l'industrie
06:41 du véhicule en général qui serait mise en danger.
06:43 Et puisqu'on parle de l'automobile, évidemment il y a Jessica, Eric Boudot, je le disais,
06:48 vous dirigez cette entreprise qui n'est pas, qui n'est plus une start-up mais un
06:51 groupe.
06:52 Vous avez 270 employés, 8 sociétés.
06:54 Votre innovation cette année, c'est de l'industriel, c'est le moteur à combustion
06:59 hydrogène.
07:00 Alors expliquez-nous un peu.
07:01 Oui, bonjour à tous.
07:03 Oui, effectivement, aujourd'hui on va se déplacer à Las Vegas avec quelques innovations.
07:07 On en a deux en fait.
07:08 Mais la plus marquante, c'est un véhicule puisque du coup on va présenter directement
07:12 un véhicule transformé avec un moteur à combustion hydrogène, avec un V8, un gros
07:16 moteur d'ailleurs, sur un Jeep Cherokee de 1976.
07:19 Donc on a fait un petit clin d'œil à l'Amérique en transformant et en remettant
07:23 à neuf une voiture de 1976 avec un moteur qui sera totalement équipé de la combustion
07:29 hydrogène.
07:30 Et donc c'est une vraie rupture.
07:32 C'est la capacité de démontrer qu'aujourd'hui il faut vraiment qu'on reste agnostique
07:36 sur les mobilités et puis qu'on aille chercher ce qui sera la meilleure technologie
07:41 pour le bon usage.
07:42 Et donc sur ces gros véhicules, aux Etats-Unis, il nous a paru intéressant d'aller présenter
07:47 cette innovation française.
07:48 Parce que jusqu'ici on parlait quand même plutôt sur l'électrique.
07:51 L'hydrogène c'est une énergie qui est plus durable que l'électrique ?
07:54 Non, en fait aujourd'hui, comme je disais, il y a plusieurs technologies qui sont sur
07:59 une ligne de départ.
08:00 On verra dans 10-15 ans la répartition, puisqu'en fait il n'y aura pas une qui
08:04 va gagner sur les autres.
08:06 Il y a plutôt une répartition des technologies en fonction des usages, en fonction des véhicules,
08:10 qui permettra d'aller vers une décarbonation totale de nos émissions sur l'automobile
08:18 et au-delà d'ailleurs sur les transports.
08:19 Et aujourd'hui chez GSEKA, ça a été quand même le vrai marqueur chez nous.
08:22 On a huit sociétés et on développe à peu près dans toutes les technologies.
08:26 C'est-à-dire qu'on fait des batteries lithium.
08:28 C'est un des gros acteurs français de la fabrication de packs batteries lithium.
08:32 On présentera d'ailleurs avec notre partenaire Motul, puisqu'on est associé avec Motul
08:36 sur l'opération CES, en plus du véhicule une batterie à immersion, qui est une nouveauté
08:42 aussi sur la technologie batterie.
08:44 Et puis on est capable de faire des véhicules avec des piles à combustible à hydrogène,
08:47 mais aussi avec de la combustion directe de l'hydrogène, qui permet de conserver les
08:51 moteurs tels qu'on les connaît.
08:53 Et ces moteurs à combustion à hydrogène, c'est pour quand ? Dans la vraie vie, dans
08:56 les concessions automobiles ?
08:57 Alors ça c'est une bonne question, puisque ça touche deux aspects.
09:02 Il y a l'aspect technologique des moteurs.
09:04 Je pense qu'on est quelques-uns aujourd'hui sur la planète à commencer à avoir une
09:07 compétence forte sur la capacité de faire des moteurs et de transformer des moteurs
09:11 existants et donc d'aller les mettre dans des véhicules.
09:13 On a la chance aussi d'avoir un cadre réglementaire qui a évolué cette année.
09:17 Le gouvernement a poussé pour ce caractère agnostique et donc a permis maintenant l'homologation
09:23 de véhicules, en tout cas rétrofit avec la combustion.
09:26 Le deuxième élément, c'est de transformer un véhicule thermique en véhicule dit propre,
09:33 en tout cas un véhicule hydrogène ou électrique.
09:35 Exactement, c'est l'économie circulaire sur le véhicule, c'est-à-dire on garde
09:39 les anciens véhicules et ceux qui sont encore en bon état, on leur permet de repartir avec
09:43 une énergie propre.
09:44 Et puis le deuxième aspect pour aller vite, et c'est peut-être celui-là le plus important
09:48 aujourd'hui, c'est pour déployer des moteurs à combustion à hydrogène ou de l'hydrogène,
09:52 il faut des pompes à hydrogène.
09:53 Et donc ça c'est l'enjeu des prochaines années, de réussir à accélérer la disponibilité
09:58 de l'hydrogène pour tout le monde à la pompe.
10:00 Et on attend ça évidemment pour pouvoir acheter, commercialiser des voitures avec
10:04 ce moteur à combustion à hydrogène.
10:06 Juste un mot sur le rétrofit dont vous parliez, vous développez un kit qui existe déjà
10:10 pour le coup, avec une solution pour transformer ces véhicules en véhicules électriques.
10:16 Il y a un marché en France, il y a 7 millions de véhicules classés critères 3 et puis
10:20 vous allez bénéficier des mesures du budget de cette année, le durcissement du malus
10:25 sur les voitures thermiques, la fin des exemptions fiscales sur les hybrides.
10:29 Alors oui, on a un vrai sujet, ça c'est un sujet qui va être lancé en 2024, d'abord
10:36 sur le territoire français, puisqu'on a tout un parcours réglementaire et mis sur
10:40 le marché qui va débuter en 2024, avec un système de kit d'hybridation légère, qui
10:45 va permettre de transformer à peu près n'importe quel véhicule léger progressivement, puisqu'on
10:49 va devoir homologuer les véhicules, en un hybride plug-in rechargeable, avec une particularité
10:54 d'ailleurs, c'est qu'en dessous de 50 km/h, le véhicule se comportera 100% en mode électrique
10:58 et au-dessus de 50 km/h, on gardera la capacité de rouler avec son moteur thermique pour faire
11:03 des longues distances.
11:04 Ça s'adresse essentiellement à ces millions de personnes qui n'ont pas forcément les
11:10 moyens de passer aux véhicules électriques, puisqu'on est sur un kit qui, avant aide
11:15 de l'Etat, sera distribué à environ 7500 euros TTC par des grands réseaux de distribution
11:21 français qui sont prêts, et donc qui permettra pour quelques 80-100 euros par mois, qui est
11:26 l'équivalent de l'économie de carburant, de transformer son véhicule et de rentrer
11:31 dans les fameuses ZF.
11:32 Vous dites Eric Boudot avant aide de l'Etat, parce que c'est vrai que le ministre Roland
11:37 Lescure avait dit en juin dernier qu'il travaillait à une prise en charge totale,
11:40 c'est-à-dire que ça serait quasiment gratuit.
11:42 Est-ce que vous avez des nouvelles sur ce plan-là ?
11:43 Quasiment gratuit, je ne pense pas à la gratuité d'ailleurs, je ne suis pas sûr
11:47 que ce soit la bonne chose.
11:48 Une prise en charge totale, c'est ça que ça veut dire ?
11:51 Oui, on a quelques éléments, on attend avec impatience, comme beaucoup de monde je pense,
11:56 les sorties de décrets sur les primes à la conversion et autres, qui devraient, je
12:00 l'espère, permettre de clarifier la position finale du ministre.
12:04 Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que Roland Lescure a soutenu très fortement
12:07 tout ce dispositif, mais au plus large, cette activité de transformation des véhicules
12:13 et qu'en 2024, on devrait pouvoir passer à l'échelle sur cette activité.
12:17 Laurent Samartin, vous êtes le patron de Business France, au CES, quelle stratégie
12:22 vous déployez-vous pour séduire les investisseurs étrangers ?
12:25 Je m'explique, est-ce que la France est attractive aujourd'hui ?
12:28 Elle a perdu son image de pays avec une fiscalité lourde, avec une administration complexe ?
12:32 La France est le pays le plus attractif d'Europe depuis 4 ans de façon consécutive.
12:38 En nombre de projets d'investissement internationaux, la France est leader européen.
12:42 Il y a 10 ans, c'était inimaginable.
12:45 Tout le monde pensait, dans le monde, que la France était un enfer fiscal, dans lequel
12:49 on ne pouvait pas créer d'entreprise, dans lequel il y avait toujours des grèves, dans
12:52 lequel on ne pouvait absolument pas prospérer économiquement.
12:54 Tout ça a radicalement changé.
12:56 Alors évidemment, vous avez raison, les réformes fiscales, réglementaires, qui ont été portées
13:00 au début du premier quinquennat du président de la République, ont beaucoup joué.
13:04 C'est le premier appel d'attractivité qui, évidemment, a permis beaucoup d'investissements internationaux.
13:09 Mais ce sont aussi des réformes structurelles.
13:11 Et puis, l'investissement international, c'est aussi, finalement, un cercle vertueux.
13:16 Plus vous avez d'entreprises qui viennent, plus les autres commencent à se demander
13:19 « Pourquoi il y a autant d'entreprises dans le monde qui s'intéressent à la France
13:22 désormais quand on veut pénétrer le marché européen ? »
13:25 Et donc, effectivement, aujourd'hui, ça continue.
13:27 Je vais citer la vallée de la Batterie à Dunkerque.
13:30 Mais de manière générale, la revitalisation de nos territoires français passe par les
13:35 investisseurs issus du monde entier.
13:37 Je vais juste vous citer un chiffre que je trouve extrêmement parlant.
13:39 Les trois quarts des investissements étrangers industriels dans notre pays se font dans des
13:44 villes de moins de 20 000 habitants.
13:45 Donc, l'attractivité, « Choose France », ce grand événement que l'on fait une fois
13:50 par an autour du président de la République et des grands chefs d'entreprises mondiaux,
13:54 ce n'est pas pour les grandes métropoles.
13:56 C'est d'abord pour les territoires qui ont été désindustrialisés pendant tant
14:00 de décennies dans notre pays et qui sont en train de se retourner, qui sont en train
14:03 de recréer des usines.
14:04 Depuis 2017, on est en création nette d'usines.
14:07 On a traversé la crise Covid, on a traversé les problématiques de chaînes d'approvisionnement
14:12 liées à la guerre en Ukraine en créant des emplois industriels, en créant des usines
14:16 industrielles.
14:17 Et donc, vous voyez ça, c'est devenu la grande spécificité mondiale.
14:19 Et j'ajouterai une chose, c'est que cette réindustrialisation française, elle se fait
14:23 avec une grande spécificité.
14:25 C'est sa décarbonation.
14:26 Aujourd'hui, la France redevient une grande nation industrielle, mais elle devient une
14:31 grande nation industrielle décarbonée.
14:32 Et ça, c'est vu et su dans le monde.
14:34 Donc, vous me posez la question comment est-ce que la France se positionne à l'étranger
14:37 quand on va au CES de Las Vegas ou dans de grands événements comme ça.
14:41 C'est une grande puissance industrielle décarbonée de demain.
14:44 Et pour parler précisément des nouvelles technologies, le label French Tech, il date
14:48 de 2013.
14:49 Aujourd'hui, ça représente 13 000 entreprises, soit un peu plus d'un million d'emplois
14:52 en France.
14:53 Ça se situe comment ça au niveau international ? Est-ce que ça fait de nous ce qu'Emmanuel
14:58 Macron appelait une "startup nation" ?
14:59 Oui, et ça continue.
15:01 Le travail que fait la mission French Tech est colossal et remarquable.
15:06 Clara Chapa, sa directrice, déploie des communautés French Tech dans de très nombreuses villes
15:13 dans le monde.
15:14 Évidemment, aux États-Unis, là où la tech sont pleines, mais aussi dans beaucoup
15:18 d'autres pays où j'ai eu l'occasion de les rencontrer.
15:21 Ce sont des communautés qui permettent finalement de s'entraider entre entrepreneurs français
15:26 de la tech à l'étranger, d'avoir les bons réseaux, de savoir lever de l'argent peut-être
15:30 ensemble, de connaître les bons partenariats technologiques.
15:32 Et là, évidemment, Business France travaille main dans la main avec la French Tech là-dessus.
15:35 Donc c'est plus qu'un label, c'est impactant, c'est très efficace pour nos entrepreneurs.
15:39 À propos de lever de l'argent, Laurent Saint-Martin, il y a quand même une conjoncture, 8 milliards
15:43 et demi de levées de fonds l'an dernier contre près de 14 en 2022 d'après BPI France,
15:47 avec la remontée des taux d'intérêt notamment.
15:50 Est-ce qu'il y a une bulle technologique qui a éclaté ou qui est en train d'éclater ?
15:54 Je ne sais pas si on peut parler de bulle qui a éclaté, mais oui, il y a eu un ralentissement
15:59 des levées de fonds propres pour les startups, ce qu'on appelle en anglais le « venture
16:05 capital », c'est-à-dire effectivement cette capital risk, c'est-à-dire les investisseurs
16:10 dans les startups les plus à risque, celles qui ne font pas encore de chiffre d'affaires
16:13 à ralenti dans le monde, mais la France n'a pas perdu son rang.
16:17 Et ça c'est important, parce que quand nous sommes dans une compétition mondiale
16:20 comme nous l'avons dit, ce qui compte c'est de ne pas perdre du terrain par rapport aux
16:24 autres.
16:25 Et la France, en termes de levées de fonds, notamment pour les startups mais pas que,
16:28 reste le deuxième pays européen en termes de levées, et donc ça c'est aussi à mettre
16:32 au crédit de la robustesse de nos entreprises, de la robustesse de nos industries et donc
16:36 de plus en plus de la robustesse de nos startups.
16:38 Mais ça veut dire, parce que là on parle de chiffres, mais ça veut dire quelque chose,
16:41 ça veut dire est-ce qu'on arrive à faire grandir nos petites entreprises et à les
16:44 garder chez nous ? Est-ce que Mistral par exemple, on va réussir à le garder comme
16:49 un champion français ou est-ce qu'il va être racheté par des Américains, des Chinois
16:52 ou que sais-je ?
16:53 À cette question je réponds toujours à nous, en France et en Europe, de nous donner
16:58 les moyens de garder ces entreprises-là.
17:00 Mais on les a pas là, parce qu'il y a les taux d'intérêt qui sont élevés, donc
17:02 les gens investissent moins, on vient de le dire.
17:04 Il n'y a pas qu'en France que les taux d'intérêt ont remonté depuis quelques
17:07 mois et encore une fois, il faut bien regarder cela en économie ouverte, c'est-à-dire
17:12 comment est-ce que la France et l'Europe se comportent par rapport au reste du monde.
17:15 Sur un certain nombre d'aspects nous avons des points faibles et nous les connaissons,
17:18 il faut y travailler, notamment en Européen, mais nous avons aussi de nombreux points forts.
17:22 Et ne croyons pas que la France se déclasse dans la période que nous vivons actuellement,
17:25 c'est pas vrai du tout.
17:26 Je l'ai dit, leader européen en termes d'investissement internationaux, c'est
17:30 un symbole extrêmement fort, ça veut dire beaucoup.
17:32 Et les startups françaises, elles sont nombreuses, elles lèvent des fonds, malgré une conjoncture
17:36 complète, et elles réussissent à l'international.
17:38 Mais pour ne pas se faire racheter, comme vous l'avez dit, par des fonds internationaux,
17:43 il faut que nos propres fonds, publics et privés, eux-mêmes puissent gagner en robustesse,
17:47 en montant de financement et qu'on puisse continuer à accompagner ces entreprises
17:51 dans la durée avec des marchés aussi locaux et internationaux qui puissent perdurer.
17:55 Et c'est là où Business France prend aussi tout son rôle.
17:57 Une entreprise française qui performe à l'export partout dans le monde, c'est
18:00 une entreprise qui restera française, puisque nous la mettrons justement dans les meilleures
18:04 conditions sur ses bases en France de réussir à l'international.
18:07 Donc Laurent Saint-Martin, dites-nous, est-ce que c'est crédible qu'on garde Mistral
18:10 chez nous et qu'il devienne le Chateau Juppéty français ?
18:12 Il le faut, il le faut.
18:15 L'intelligence artificielle est un enjeu beaucoup trop important pour que sa souveraineté,
18:20 d'abord française et européenne, ne soit pas en jeu, ne soit pas stratégiquement questionnée
18:26 par tous nos gouvernants.
18:27 Et effectivement, il faut que nous ayons un champion français et européen dans la matière.
18:31 Eric Boudot, on parle du financement, directeur de GCK.
18:34 Vous, vous n'êtes plus une start-up, on le disait, mais vous rencontrez en ce moment
18:37 avec les taux d'intérêt des difficultés à trouver de l'argent, à passer peut-être
18:41 à l'échelle supérieure ?
18:42 Alors, je ne dirais pas que GCK aujourd'hui a des difficultés.
18:47 En fait, je rebondis sur ce que disait Monsieur Saint-Martin, c'est vrai que le marché s'est
18:50 un petit peu ready, ça c'est une évidence sur la partie financement, avec peut-être
18:55 aussi des signaux qui sont importants.
18:57 C'est que les marchés attendent de plus en plus des passages à l'industrie et des
19:01 passages à la rentabilité un peu plus rapide et ça c'est extrêmement important pour
19:05 la solidité des entreprises.
19:06 Nous, GCK, on a la chance d'avoir été créé il y a trois ans et demi et d'avoir
19:11 une équipe, j'ai envie de dire, d'actionnaires qui y croient et qui ont fait du financement
19:16 direct.
19:17 C'est-à-dire que pour l'instant, on ne s'est financé que par les actionnaires
19:21 quasiment et on va ouvrir et commencer à travailler des financements externes à partir
19:24 de cette année, voire de l'année prochaine, justement dans le cadre de l'internationalisation
19:28 des activités.
19:29 Vous avez des aides publiques, elles sont suffisantes d'après vous ?
19:31 Alors on a des aides publiques, l'État nous accompagne sur certains dossiers spécifiques
19:36 d'innovation, suffisantes, on pourrait dire qu'elles ne sont jamais suffisantes,
19:40 mais c'est peut-être même pas la question de l'importance des aides qui est en question,
19:46 c'est plutôt le processus administratif et la difficulté aujourd'hui de passer
19:50 au travers des rouages administratifs pour obtenir ces aides.
19:54 Et c'est vrai que les entreprises intermédiaires comme nous, c'est-à-dire les sociétés
19:58 qui sont des PME et qui espèrent devenir des ETI, ne sont pas forcément celles aujourd'hui
20:02 qui sont dans le centre de toutes les aides.
20:06 Je sais qu'il y a des initiatives pour ça en cours au niveau du gouvernement, mais
20:11 il faut qu'on soit plus agile parce qu'en fait à l'étranger, et c'est un peu ce
20:14 qu'on voit notamment aux États-Unis sur nos technologies, aux États-Unis, en Asie,
20:17 un petit peu partout, il y a un soutien très très fort à la demande et donc il y a une
20:22 accélération naturelle avec des processus administratifs beaucoup plus rapides pour
20:26 accompagner les entreprises dans nos secteurs.
20:28 - Laurence Samartin, il y a la question des talents.
20:31 C'est vrai qu'il y a beaucoup de champions, beaucoup de grosses têtes de l'intelligence
20:35 artificielle qui sont françaises mais qui partent à l'étranger.
20:38 Comment on fait pour les retenir ces gens-là et comment on fait pour avoir les talents
20:43 à la maison ?
20:44 - Oui, vous touchez un point extrêmement stratégique.
20:46 On dit souvent à Business France que pour réussir l'attractivité de notre pays, il
20:49 faut être bon sur le foncier, notamment industriel.
20:52 Il faut du terrain, c'est normal.
20:53 Il faut aussi des financements.
20:55 Louis de Boudot l'a bien dit, les entreprises en ont besoin de financement public à côté
20:58 du financement privé.
20:59 Et il faut de la formation, il faut des talents.
21:01 Et il faut commencer par garder les siens avant de vouloir en attirer d'autres.
21:05 Et donc là, oui, c'est vrai qu'il y a un enjeu mais là encore, c'est un cercle qui
21:09 est soit vertueux, soit vicieux.
21:11 Et nous observons que ce que nous avons connu pendant des années avec la fuite d'un certain
21:15 nombre de cerveaux, de chercheurs notamment, mais pas seulement d'ingénieurs, de commerciaux
21:20 dans un certain nombre de pays étrangers, et bien, peut avoir tendance à s'arrêter,
21:24 à se renverser et à se retourner parce que plus il y a de production dans notre pays,
21:29 plus vous avez d'innovation.
21:30 Plus vous avez d'innovation, plus vous avez besoin de recherche et développement.
21:33 On a le fait d'y avoir...
21:34 - Mais dans ce cadre là, est-ce que le message d'une loi immigration, par exemple, il n'est
21:36 pas délétère ?
21:37 - Écoutez, dans la loi immigration, il y a eu aussi des débats qui ont permis de se
21:41 poser la question de comment est-ce qu'on attirait un certain nombre de talents internationaux
21:45 pour venir ? C'est probablement pas ce qui a été le plus répercuté dans le débat
21:50 et dans son écho médiatique.
21:52 Mais oui, vous avez raison, nous devons d'abord garder nos talents, savoir attirer les talents
21:58 internationaux parce qu'à la fin, c'est quand même le capital humain qui fait une
22:01 grande nation industrielle et une grande nation technologique.
22:04 - Une question rapide, réponse rapide.
22:05 Cédric O, ex-secrétaire d'État au numérique, conseiller devenu, conseiller fondateur de
22:09 Mistral, c'est un conflit d'intérêts ?
22:10 - Je ne crois pas, je ne crois pas que ça ait été présenté comme tel.
22:13 - Laurent Saint-Martin, directeur de Business France, merci d'être venu sur France Inter.
22:17 Merci aussi à vous, Eric Boudot, directeur de GCK, merci à tous les deux d'être venus
22:21 et bon voyage à Las Vegas ! - Merci à vous !

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