Après la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre, Anne Rosencher a comme tout le monde entendu parler de « grand tournant », de « chambardement », de « turbulation »…
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00 7h21 en toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express. Anne Rosancher, bonjour !
00:07 Bonjour Nicolas, bonjour à tous !
00:08 Anne, vous avez suivi le dernier remaniement et la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre.
00:14 Oui, j'ai comme tout le monde entendu parler de grands tournants, de chambardements, de turbulations.
00:20 Et je suis comme beaucoup de Français, désormais trop habituée aux mots et à la communication. J'attends de voir.
00:26 Cela faisait six mois que Gabriel Attal était arrivé au ministère de l'Éducation nationale.
00:30 J'ai dit ici même que je trouvais que ses premières décisions allaient dans le bon sens.
00:35 Mais les annonces ne peuvent bien sûr tenir mieux de bilan. Aussitôt dit, pas encore fait.
00:41 Nous étions encore dans l'interstice des mots. Nous verrons donc à Matignon.
00:45 Et c'est peu dire qu'il y aurait urgence à un vrai chambardement tant les signes préoccupants pour notre nation s'amoncèlent.
00:54 Attention, méfiez-vous Anne, on va dire que vous êtes sceptique ou pessimiste.
00:58 Oh Nicolas, on va dire bien pire.
01:02 Des clinistes, des fêtistes, populistes et j'en passe car c'est un fait.
01:07 Certains turiféraires macronistes et plus généralement certains tenants du fameux cercle de la raison
01:13 sont devenus aussi virulents que les extrêmes contre lesquels ils entendent lutter.
01:18 Comme l'écrivait Raymond Aron, l'intolérance est une maladie contagieuse car elle contamine toujours ceux qui la combattent.
01:26 Il suffit de jeter un coup d'œil aux réseaux sociaux pour s'en convaincre ou simplement de tendre l'oreille dans les conversations de tous les jours.
01:33 Les radicalisés du camp de la raison montent bien vite sur leurs ergos et prétendent débusquer dans chaque critique à l'égard de la politique au pouvoir,
01:41 dans chaque alerte quant au déclassement français, un tapis rouge déroulé au populisme.
01:48 C'est comme s'il n'y avait que deux camps, eux et les extrêmes.
01:51 Cette dichotomie est un piège pour le débat public.
01:55 L'absence d'opposition crédible que les français ont actée lors de la dernière présidentielle
02:00 ne suffit pas à faire de la politique au pouvoir la bonne politique.
02:04 C'est tout le drame de la crise dans laquelle nous sommes installés.
02:07 Et tant que j'aurai à cœur de remplir ma fonction d'éditorialiste, je continuerai de le dire.
02:12 Mais les médias, Anne, sont-ils exempts de critique ?
02:16 Non, bien sûr, et j'ai parlé ici déjà du fait que la conversation médiatique est trop souvent déconnectée des préoccupations des français.
02:23 Et j'ai pointé les problèmes démocratiques que ce décalage pose.
02:27 Mais là, il s'agit d'autre chose.
02:29 En l'occurrence, de l'incapacité d'une sociologie de français, globalement bien servi par le monde tel qu'il va,
02:36 à entendre les critiques contre la politique qu'elle préconise, qu'il préconise depuis des décennies,
02:41 et dont les ratés ne cessent de nourrir le rassemblement national.
02:45 Mais plutôt que d'entendre les critiques, il est plus facile de discréditer ceux qui les formulent.
02:51 C'est intimidant parfois, voire déroutant, mais pour ma part,
02:55 je continuerai de tenter de faire mon métier le plus sincèrement et le plus honnêtement possible.
03:00 Bonne journée !
03:01 Et bonne année à Drozancher !
03:03 Et bonne matinée sur Twitter !
03:05 A jeudi prochain !