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Anne Rosencher revient sur une polémique née sur X dimanche dernier, qui continue de susciter beaucoup d’émotion…

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00:00Il est 7h21, en toute subjectivité, avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express, Anne Rosancher.
00:08Anne, vous revenez sur une polémique née sur X dimanche dernier et qui continue de susciter beaucoup d'émotions.
00:15Oui, c'est une polémique partie d'un tweet de Pascal Bonifaz, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques,
00:22qui fut naguère aussi membre des instances dirigeante du parti socialiste.
00:27Son tweet concernait le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, qui avait déploré dans une interview
00:33les instrumentalisations politiques de la guerre au Moyen-Orient, venant notamment de la France insoumise.
00:40Et voici donc ce que Pascal Bonifaz écrivait en réaction.
00:43« Sincèrement, je m'interroge sur cet homme que je ne connais pas personnellement.
00:48Est-il un exemple de la méritocratie alors bravo ou instrumentalisé façon muslime d'apparence qui ne critique pas Netanyahou
00:56et donc bénéficie d'une grosse promotion médiatique ? J'attends de voir. »
01:01Je ne m'étendrai pas sur ce tweet que l'auteur Fasso Tollé a fini par retirer.
01:05Je ne m'étendrai pas sur la soi-disant complaisance de Karim Bouamrane envers Netanyahou, qui est fausse,
01:11ni sur les faveurs que vaudrait une telle complaisance dans les médias.
01:15On sait les préjugés que cela peut charrier.
01:18Mais penchons-nous sur l'expression de « muslim d'apparence », qui veut dire donc
01:22« quelqu'un qui a l'aspect d'un musulman, peut-être par le nom, le prénom ou le physique, comprend-on,
01:28mais qui est un traître à sa religion ou à sa culture.
01:31Traître, car il n'aurait pas le discours qu'on attend de lui.
01:34Traître, parce que son message serait en contradiction avec son enveloppe. »
01:39Voilà ce que dit « muslim d'apparence ».
01:41Honnêtement, si ce tweet n'était que le dérapage d'un homme, il ne vaudrait pas qu'on lui consacre tant d'attention.
01:47Le problème est qu'il est symptomatique, je pense, d'un poison de l'époque.
01:50Et dites-nous, Anne, quel est ce poison ?
01:53D'abord, le rappel à l'ordre identitaire.
01:55Les insultes du type « arabe de service », « caution couscous » ou encore « bountie »
02:00pour qualifier les Français qui seraient « noirs à l'extérieur et blancs à l'intérieur »
02:04ont fleuri ces dernières années dans les rangs des militants décoloniaux et désormais à l'extrême gauche.
02:10Ce rappel à l'ordre, oui, est un poison.
02:13L'écrivaine franco-sénégalaise Fatou Diom a une formule très forte pour dénoncer l'injonction identitaire.
02:19Elle dit que cette injonction « invalide l'aptitude de l'autre à se définir ».
02:25Or, l'autodétermination des individus est à la base de la citoyenneté.
02:29L'invalider, c'est assigner l'autre à résidence et c'est lui refuser tout esprit critique.
02:35Ensuite, quel est le but de ces insultes ?
02:38Disqualifier, disqualifier moralement.
02:41Ne pas débattre des arguments mais invalider l'émetteur en dénonçant sa traîtrise.
02:46Ce passage par la disqualification morale est désormais monnaie courante dans le débat public.
02:51L'agora qui est pourtant censé être le lieu de la démocratie est devenu un balle-trappe
02:56qui offre un spectacle de plus en plus intimidant et consternant.

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