• l’année dernière
L’entreprise WYES construit des lunettes afin de contrôler les objets connectés grâce aux mouvements des yeux. La véritable innovation ? la précision et la flexibilité des capteurs intégrés dans les lunettes. Cette technologie permet aux personnes paralysées de garder contact avec leur entourage.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Donc on repart.
00:06 J'ai mis innovation pour l'impact, j'aurais pu mettre le combat pour l'innovation,
00:10 enfin j'en sais rien.
00:11 Sarah Mugarbel est avec nous.
00:13 Bonjour Sarah.
00:14 Bonjour.
00:15 Co-fondatrice de, alors on prononce Wise c'est ça ?
00:17 Nous on prononce Wise.
00:18 Voilà.
00:19 When your eyes speak.
00:20 Exactement.
00:21 W-Y-E-S.
00:22 On va les montrer tout de suite tes lunettes.
00:26 Alors c'est vrai qu'elles ont un peu changé de tête au fur et à mesure des années.
00:30 Ça c'est la dernière version de nos lunettes connectées après 8 ans d'innovation.
00:35 Donc on est plutôt fiers.
00:37 Alors ce sont, j'ai noté la phrase d'ailleurs, contrôler les objets connectés grâce au
00:42 mouvement des yeux.
00:43 Ton sujet, alors t'étais sans doute pas né, mais ceux qui ont mon âge se souviendront
00:52 de ce choc qu'on avait tous ressenti à la lecture d'un bouquin qui s'appelait "Le
00:59 scaphandre et le papillon".
01:00 Exactement.
01:01 Jean-Dominique Bobi, on découvrait le Locktyn syndrome et donc il ne pouvait bouger que
01:05 la paupière et il a écrit un bouquin en bougeant la paupière.
01:08 Oui, oui.
01:09 Alors toi c'est la grand-mère d'un de tes amis, c'est ça qui a été victime de
01:11 Creutzfeldt-Jakob et qui t'a donné le truc.
01:14 Et donc vas-y, raconte-nous ce que tu, ce que permettent de faire ces lunettes quand
01:18 justement on est totalement bloqué, quand seuls les yeux peuvent exprimer quelque chose.
01:23 Alors si je devais le résumer en une phrase c'est peut-être qu'on a automatisé le
01:27 scaphandre et le papillon en réalité.
01:30 Et puis tant qu'à faire on s'est dit on va pousser le truc un petit peu plus loin.
01:33 Donc grâce à nos lunettes on est capable de piloter un smartphone, une tablette ou
01:38 un ordinateur avec les yeux.
01:40 Tout ça pour permettre à des personnes qui sont entièrement paralysées et qui n'ont
01:44 pas la capacité de s'exprimer de retrouver la parole mais aussi de retrouver l'accès
01:48 à internet, de pouvoir être connectée avec le monde entier et finalement de contrôler
01:51 l'ensemble de l'interface de tous ces appareils et d'avoir accès à tout ce qu'ils permettent.
01:56 On va expliquer très rapidement comment ça marche.
01:58 Remonte tes boîtiers parce que le cœur en fait c'est pas les lunettes c'est le boîtier.
02:01 On sort d'une discussion sur Elon Musk, le cœur c'est pas l'automobile, c'est bien
02:05 l'ensemble de l'électronique embarquée et toi c'est la même chose.
02:07 En fait c'est un double boîtier.
02:09 Donc dans le premier petit boîtier, je l'explique vite Sarah, on enregistre ses données personnelles,
02:14 c'est-à-dire en gros, et tu l'expliques très bien d'ailleurs sur des vidéos qui
02:16 sont disponibles sur Youtube, un clignement d'œil, ce qu'on peut faire finalement.
02:20 Parce que tout dépend du niveau de blocage, c'est ça, de l'individu.
02:26 Et donc si vous pouvez cligner d'un œil, si tu parles aussi d'un sourire par exemple,
02:30 etc.
02:31 Bim ! C'est la porte d'entrée pour se connecter à un ensemble de devices mobiles, c'est ça.
02:37 Alors juste avant c'est vrai qu'on parlait de brevets.
02:40 Alors chez nous il y a pas mal de brevets sur la technologie.
02:42 J'ai quand même deux trois petits secrets que je peux dévoiler.
02:45 En fait tout démarre dans les capteurs qu'on a à l'intérieur de nos montures, alors
02:49 ils sont très très discrets.
02:50 Qui ne se voient absolument pas.
02:51 Et ça nous permet de détecter n'importe quel mouvement autour ou dans les yeux de
02:56 la personne qui les porte.
02:57 Ce qui fait qu'on va pouvoir s'adapter au degré de paralysie faciale de l'utilisateur
03:01 et donc pouvoir détecter aussi bien un clin d'œil qu'un haussement de sourcils, que
03:06 le mouvement des pupilles, de la paupière, et venir vraiment chercher un mouvement qui
03:10 soit facile à faire pour l'utilisateur.
03:12 Et ensuite, alors grâce à ce boîtier qui un jour disparaîtra, on va pouvoir se connecter
03:18 aux appareils et enregistrer les mouvements de la personne pour lui permettre de simuler
03:22 des clics de souris et vraiment simuler comme une souris pour venir faire tout ce que nous
03:26 on fait de nos dix doigts mais juste un tout petit peu plus lentement.
03:29 Et tout ça dans n'importe quelle condition.
03:31 Donc nos lunettes elles s'utilisent de jour, de nuit, en intérieur, en extérieur.
03:34 Tu dis que tu te connectes à tous les devices aujourd'hui.
03:36 Alors aujourd'hui surtout smartphone, tablette, ordinateur.
03:39 On n'a pas encore essayé les montres connectés.
03:41 Non mais c'est bon.
03:42 Et oui, quelle que soit la marque en effet.
03:47 Et petit secret aussi, bientôt des fauteuils électriques grâce à nos lunettes.
03:51 Donc nous voilà, on est en train de faire tous nos essais là-dessus.
03:54 Mais l'objectif c'est d'en faire un outil évolutif.
03:58 On part d'un outil qui permet de communiquer, on en arrive à un outil qui permet d'avoir
04:04 accès au numérique.
04:05 Et puis demain c'est vraiment un outil pour l'autonomie.
04:07 Donc contrôler sa domotique chez soi, piloter son fauteuil électrique et pouvoir se déplacer
04:11 et en fait regagner un maximum d'autonomie à partir du même objet.
04:15 Et surtout à partir d'un simple mouvement des yeux, mais même pas des yeux, ça peut
04:21 être un sourire.
04:22 Ça peut être un sourire.
04:23 Ce qui me passionne évidemment c'est le cheminement de l'innovation.
04:27 Donc encore une fois, il y a une chaîne YouTube WYES, il y a toutes les vidéos de Sarah,
04:32 c'est vraiment passionnant.
04:34 Et pour certaines d'entre elles bouleversantes, parce que vous donnez la parole à des gens
04:39 qui pensaient être fermés pour l'éternité.
04:41 Ce qui est passionnant c'est le cheminement de l'innovation.
04:43 Tu as lancé la boîte et puis tu l'as plantée et t'es partie au Japon, c'est ce que j'ai
04:47 compris, c'est ça ? Non non mais il faut raconter ça, il faut raconter ça !
04:50 À plus de chose près oui.
04:51 En fait l'idée c'était de lancer le projet en stage de fin d'études.
04:56 En fait de se dire mais on a une idée, on a un projet qui marche, on a des gens qui
05:01 attendent les lunettes.
05:02 Aujourd'hui, enfin à l'époque, elles étaient au stade de prototype.
05:06 Et en fait on s'est dit tant qu'à faire ce stage de fin d'études, autant le faire
05:09 dans notre propre boîte et de se donner les moyens de développer ce projet.
05:12 Et donc pendant cette période, on a eu la chance de pouvoir se présenter au concours
05:17 l'épine et on a eu la médaille d'or.
05:19 Donc on était ravis.
05:20 Puis ça a été le premier moment où on a rencontré le grand public, où on a eu des
05:23 personnes qui nous ont dit mais attendez, vos lunettes elles répondent à beaucoup plus
05:27 de pathologies que ce que vous ambitionniez au départ.
05:32 Et puis en effet, c'est difficile de lancer une entreprise.
05:40 Je pense qu'à l'époque, on était convaincu que lancer la boîte c'était le plus difficile.
05:45 En réalité, on était surtout des ingénieurs et la partie business était moins naturelle
05:52 pour nous.
05:53 Pour nous, on se concentrait sur le développement du produit et la recherche et le développement.
05:57 Et puis il a fallu avoir en fait cette maturité de se dire ouais mais si on ne gagne pas d'argent,
06:03 on ne développe pas de solution.
06:04 Si on ne développe pas de solution, on n'aide personne finalement.
06:06 Et en fait, le départ au Japon était prévu avant de lancer la start-up.
06:11 J'avais déjà signé pour partir au Japon, je savais que j'y allais, je m'étais dit
06:14 allez 5 mois, on peut lancer la boîte.
06:17 Et évidemment, c'était très ambitieux et je ne regrette à aucun moment cette décision.
06:24 Mais c'est vrai que le Japon, ça a été un moment où j'ai pu apprendre à reconstruire
06:33 pas mal de choses, à réfléchir différemment et à revenir avec un petit peu plus d'humilité.
06:37 Et à faire rentrer l'innovation dans un business plan parce que c'est ça le sujet.
06:42 Exactement.
06:43 Et c'est ça que les Japonais ont remarquablement su faire et savent peut-être toujours aujourd'hui
06:46 enseigner, j'en sais rien, mais c'est ça en partie que tu as appris.
06:52 Oui, oui, tout à fait.
06:54 Au Japon, j'ai eu la chance de faire un stage en intelligence artificielle appliquée à
06:59 la détection d'émotions, donc aussi avec des caméras au niveau des yeux.
07:02 Ça permettait de pousser un peu plus loin la technologie.
07:05 Mais aussi, au Japon, il y a cette manière d'écouter ses mentors, cette manière de
07:13 se positionner dans une équipe.
07:15 Là où en France, on est plus dans une société individualiste.
07:19 Alors, collectiviste ou individualiste, il y a du positif partout.
07:22 Je comprends ce que tu dis.
07:24 Mais cette idée de s'inscrire dans un groupe et on écoute surtout ses mentors.
07:29 Et donc, je pense que j'ai appris à faire là-bas.
07:32 On en disait d'un mot dans l'interview précédente.
07:35 L'innovation ne vient jamais de nulle part.
07:37 Elle est toujours la fille de très, très nombreuses mères et c'est un chemin itératif
07:43 qui continue.
07:44 Qu'est-ce que tu as pris sur étagère, si j'ose dire comme ça, dans l'ensemble
07:48 de tes devices ?
07:49 Qu'est-ce que tu as réellement inventé ?
07:51 Je ne sais pas s'il fallait faire un pourcentage.
07:53 C'est une très bonne question.
07:55 C'est vrai qu'on ne la pose jamais.
07:56 En fait, ce qu'on a réinventé, c'est la manière de détecter les mouvements.
08:01 Jusqu'à présent, il y a des choses qui existent avec des caméras, par exemple, pour
08:07 détecter le mouvement de la pupille.
08:09 C'est très précis et c'est même très rapide.
08:11 Par contre, ça ne s'adapte pas aux particularités de paralysie qu'il peut y avoir au niveau
08:17 du visage.
08:18 De se dire que la personne n'est plus capable de fermer les paupières de manière autonome,
08:23 elle va avoir besoin d'assistance pour ça.
08:24 De se dire que, par exemple, la personne peut avoir une diplopie, un strabisme ou plein
08:29 de choses à ce niveau-là.
08:30 Ou encore plus, la maladie peut évoluer et la personne peut devenir de plus en plus
08:35 fatigable ou de plus en plus paralysée.
08:37 Et nous, on vient s'adapter à toutes ces subtilités.
08:41 A chacune de ces particularités.
08:45 C'est passionnant.
08:46 Donc tu récupères finalement des technos qui, certaines d'ailleurs, ont été développées
08:49 pour le marketing.
08:50 Notamment, essayer de suivre vos yeux sur un écran d'ordinateur, etc.
08:55 Tu récupères ça, tu l'affines et tu intègres tout ça dans un nouveau procédé.
09:01 Sur l'électronique, j'ai remarqué sur les lunettes, c'est un point important quand
09:04 même.
09:05 Je crois qu'il y a moins de 3 grammes d'électronique embarquée.
09:07 Ce qui est fondamental.
09:09 Oui, mais ça, l'électronique, elle vient forcément d'Asie.
09:13 Les composants, forcément.
09:15 Puisque ces capteurs qu'on utilise et le circuit ne sont produits dans le monde qu'en
09:22 Chine.
09:23 Il n'y a pas d'autre endroit où on pourrait faire le sourcing.
09:25 Par contre, on est ravi de tout produire en France, de tout assembler nous-mêmes.
09:30 Alors pardon, en France et en Belgique.
09:32 Mais oui, bien sûr, quand on parle d'impact, c'est à tous les niveaux.
09:38 On essaye de réfléchir à limiter notre impact, y compris dans notre production, sans pour
09:43 autant en faire un outil qui deviendra onéreux pour les passants.
09:47 Oui, mais ça te permet de la contrôler aussi ta production.
09:49 Bien sûr.
09:50 Quand on est à ce point innovateur, il ne faut pas laisser filer ça partout.
09:54 Tu le sais, tu le sais évidemment mieux que moi.
09:57 Il nous reste deux minutes.
09:58 À qui tu vas vendre ?
09:59 Parce qu'à un moment, il faut...
10:01 J'imagine que vous n'êtes pas payée une seconde depuis le lancement de cette aventure ?
10:05 Depuis un an.
10:06 Depuis un an.
10:07 Bravo ! Grâce à des levées de fonds ?
10:09 Pas encore.
10:10 Mais c'est fondamental, c'est super important.
10:12 Un entrepreneur ne peut pas tenir s'il est affamé.
10:14 Ce n'est pas possible.
10:15 Oui, on a eu énormément de chance.
10:16 C'est les moments où on est ravis d'entreprendre en France.
10:19 C'est de se dire qu'on est énormément soutenu par BPI France, par les subventions publiques,
10:25 de pouvoir faire autant de concours, d'appels à projets où on encourage l'innovation en
10:28 France.
10:29 On s'est financé jusqu'à présent, on a pu faire un prix d'honneur.
10:32 Et là, on arrive enfin à la période de levée de fonds.
10:34 Puisqu'on est sur un projet où on a autant de R&D, il y a beaucoup de choses qu'on tenait
10:41 à faire en autonomie, en contrôle de notre capital, de pouvoir prendre les décisions
10:46 telles qu'on les voulait, de mettre les priorités sur ce qu'on voulait.
10:49 Maintenant qu'on a un produit qui marche, que nos brevets sont pratiquement sur le point
10:53 d'être déposés, c'est une question de mois.
10:55 Et puis qu'on a lancé la commercialisation, maintenant on est prêt à lever des fonds.
11:01 - 1000 heures de R&D ?
11:03 - Bien plus que 1000 aujourd'hui.
11:05 - C'est une vieille vidéo que j'ai vue, tu disais 1000 heures de R&D.
11:09 - Oui, aujourd'hui il y a plus de 8 ans de R&D sur ces lunettes, même si la start-up
11:14 a tout juste 3 ans, elle vient de souffler une troisième bougie.
11:16 - Et le client c'est quoi en fait ? Les hôpitaux ?
11:18 - Le client c'est nos utilisateurs, c'est les patients en particulier.
11:24 Et puis les hôpitaux, on est ravis de commencer des projets au sein d'hôpitaux pour équiper
11:29 leurs services de réanimation notamment, de pouvoir équiper des personnes qui sont
11:34 sous assistance respiratoire, trop faibles pour écrire sur une ardoise.
11:37 C'est un besoin qui est dans tous les hôpitaux équipés de réa.
11:41 Donc en fait de pouvoir faire un projet sur mesure où on allume les lunettes, elles viennent
11:45 se calibrer sur le visage du patient et ils peuvent communiquer et exprimer leurs besoins.
11:49 Ça fait gagner un temps fou aux professionnels de santé et ça soulage les patients beaucoup
11:54 plus rapidement.
11:55 Donc on est ravis de commencer à travailler là-dessus.
11:58 - Je suis ravi de t'avoir reçu.
12:00 Allez voir donc YYES et nous on se retrouve la semaine prochaine.
12:05 - Merci.
12:06 - Au revoir.
12:06 - Au revoir.
12:11 ♪ ♪ ♪

Recommandations