Mardi 18 février 2025, SMART IMPACT reçoit Faustine Aussedat Bouvier (Cofondatrice, Jinko) , Thomas Parouty (fondateur, agence Mieux) , Théo Scubla (Cofondateur et PDG, Each One) et Anne-Laure Dano-Taquet (Directrice RSE, Groupe Maeva)
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00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:12Et voici notre sommaire.
00:15Mon invité, c'était Oscubla, le cofondateur d'H1 qui forme et accompagne des réfugiés, des immigrés vers un emploi durable.
00:22On fera le bilan 10 ans après la création de l'entreprise.
00:25Notre débat, il portera sur le tourisme de montagne, comment le rendre plus responsable,
00:30comment préparer nos stations à des hivers de moins en moins neigeux, réponse tout à l'heure.
00:36Et puis dans notre rubrique start-up, je vous présenterai Jinko qui propose un parcours personnalisé et pluridisciplinaire
00:43aux personnes touchées par le cancer. Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer, c'est parti.
00:48Générique
00:54L'invité de Smart Impact, c'était Oscubla, bonjour.
00:57Bonjour.
00:58Bienvenue, vous êtes le président d'H1 que vous avez créé en 2015. C'était quoi l'idée, quelle ambition vous aviez ?
01:04Alors en 2015, on s'est rendu compte d'un constat qu'on fait toujours aujourd'hui, c'est que la France est partagée en deux grands groupes de personnes.
01:12Quand on parle des personnes réfugiées, de nouveaux arrivants, ceux qui veulent les aider les pauvres et ceux qui n'en veulent pas, des pauvres gens.
01:20Or, moi j'ai une troisième conviction, en tout cas, ou plutôt je pense qu'il y a une troisième voix qui rassemble toutes les personnes comme nous,
01:26qui sommes convaincus que quelle que soit leur origine, quelle que soit leur qualification de départ, quel que soit leur âge,
01:31les personnes réfugiées, les nouveaux arrivants, ils représentent un potentiel duquel la société n'a pas encore pris la mesure.
01:36Notre volonté c'est de révéler ce potentiel et de montrer que d'un côté on peut redonner un emploi durable à des personnes qui parfois attendent jusqu'à 10 ans
01:44pour retrouver un emploi durable et à la fois permettre à l'économie de répondre à des besoins structurels, de tensions sur les recrutements et du coup de créer un système gagnant-gagnant.
01:53– Oui, ni dans le discours anxiogène, ni dans le discours misérabiliste, c'est ce que je comprends en fait, vous refusez, enfin, vous cherchez une troisième voix.
02:02Quel bilan vous faites 10 ans après ? Combien de personnes accompagnées ? Quel parcours vous avez croisé ?
02:07– Alors aujourd'hui, Itch.One, c'est plus de 4000 personnes accompagnées en emploi durable,
02:12juste cette année c'est près de 1000 personnes qui sont formées et accompagnées en emploi,
02:16sachant que notre rôle c'est de former de manière intensive les personnes,
02:19tant sur le plan du métier qu'ils vont exercer par la suite auprès d'entreprises partenaires qui recrutent chez Itch.One après nos formations,
02:26que effectivement sur le plan social parce que notre rôle c'est aussi de lever tout ce qu'on appelle les freins périphériques à l'emploi,
02:31c'est-à-dire les problèmes de logement, de garde d'enfants qui pourraient venir se mettre sur la route
02:37de la recherche de la stabilité dans la vie future des personnes qu'on accompagne.
02:40Donc aujourd'hui c'est des belles histoires, c'est des personnes qui nous disent rêver effectivement d'évoluer au milieu des livres,
02:48je pense à une personne qui s'appelle Bayokouba et qui a été embauchée dans un grand magasin
02:52pour s'occuper de tout l'étage effectivement des livres et qui revient nous voir et nous parle de sa passion qui est remplie,
02:59des personnes qui arrivent parfois avec aussi des bagages plus importants et qui font leur vie dans le domaine bancaire.
03:06Donc aujourd'hui on a une très grande diversité de personnes qu'on accompagne, c'est 6 métiers sur lesquels on accompagne dans 6 secteurs très différents,
03:12c'est 78 nationalités de personnes accompagnées et c'est des vies qui reprennent tout simplement leur cours.
03:18Oui, avec souvent, on s'est vu plusieurs fois et on avait fait une interview ensemble il y a quelques années,
03:23moi ce qui m'avait frappé, souvent on parle de talent sous-employé, il n'y a pas que ça mais il y a aussi souvent ça.
03:31Absolument oui, aujourd'hui d'ailleurs qu'on parle de personnes qui ont peu de qualifications ou de fortes qualifications,
03:38quand les personnes viennent nous voir en général, elles sont soit dans une situation extrêmement instable en termes d'emploi, soit dans un chômage de longue durée.
03:48Aujourd'hui c'est 75% des personnes que l'on accompagne qui sont des publics dits prioritaires, c'est-à-dire très éloignés de l'emploi.
03:54Donc aujourd'hui, peu importe le niveau de qualification des personnes, que les personnes aient fait beaucoup d'études ou non,
04:02on voit que les personnes sont dans des situations qui sont bien inférieures à celles qu'elles pourraient espérer,
04:07soit en termes de mobilité sociale, de pouvoir d'achat, et d'ailleurs il y a un indicateur qui est très important chez nous,
04:13c'est qu'une fois que les personnes sont passées par EachOne, elles gagnent en moyenne 44% de pouvoir d'achat.
04:18Et ça nous permet aussi de montrer à nos partenaires publics qu'ils y gagnent aussi dans ce système.
04:24Mais alors c'est quoi le modèle économique d'EachOne ? Vous avez des partenaires, des mécènes, des entreprises qui vous payent pour former ces gens, c'est quoi le modèle ?
04:33EachOne c'est une entreprise à mission, donc on a un modèle économique qui est autofinancé, dans lequel la principale source de nos revenus c'est la formation professionnelle.
04:41C'est-à-dire que d'un côté, on a des grands groupes qui s'engagent à recruter de manière annuelle plusieurs personnes.
04:48Ça peut aller de 5 à 10 personnes par petite touche, sur plusieurs classes de formation qu'on met en oeuvre dans l'année, à parfois plusieurs centaines de personnes.
04:58Et à côté, on a effectivement nos partenaires de la formation, France Travail, qui viennent à la demande de ces grands groupes financer une partie de la formation,
05:07ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir à la fois une démarche compétitive pour l'entreprise, qui a cotisé d'ailleurs pour ces formations,
05:13et de l'autre côté des personnes qui rentrent en formation, pour qui la formation est gratuite, qui sont rémunérées pendant la formation, donc qui n'ont rien à payer, et qui derrière retrouvent un emploi.
05:24Pour les entreprises, c'est parfois, souvent, je ne sais pas, un moyen de combler des vides, c'est-à-dire que des secteurs qui sont confrontés à la problématique des métiers en tension,
05:35qui n'arrivent pas à recruter, et qui se disent qu'il faut qu'on élargisse finalement le spectre de notre champ de recrutement.
05:42– Absolument, et particulièrement aujourd'hui, j'ai envie de dire qu'on parle beaucoup en ce moment de la remontée du chômage.
05:48Ce qui est important, c'est de souligner que dans le même temps, il y a encore énormément de difficultés de recrutement.
05:57– C'est le grand paradoxe français, ça.
05:58– Absolument, que ce soit sur les métiers de la vente dans le commerce, sur les métiers de la logistique, sur les métiers de l'hôtellerie, de la restauration,
06:05sur les métiers du service à la personne, des métiers sur lesquels, aujourd'hui, on travaille.
06:08Et donc, ce qui est important, effectivement, et c'est aussi notre conviction,
06:13c'est qu'on n'est pas en train juste d'engager des grandes entreprises dans un acte de charité.
06:20Notre rôle, c'est de répondre à leurs besoins, à leurs besoins, je dirais, de difficultés sur les recrutements,
06:26et d'avoir une réponse économique avant tout, parce que c'est en étant ancré dans l'économique
06:30qu'on peut avoir de l'ambition sur le plan social, et ça, c'est notre conviction.
06:32– Vous dites que vous leur proposez à ces entreprises un nouveau standard de l'inclusion.
06:37Qu'est-ce qu'il y a derrière ces mots-là ?
06:40– Je dirais qu'il y a plusieurs choses.
06:42La première chose, effectivement, ça recouvre un peu cette notion d'être très pragmatique dans l'approche.
06:47C'est-à-dire que souvent, quand on parle d'inclusion, on a, et je me permets de caricaturer,
06:52l'histoire de grands groupes qui peuvent se satisfaire d'avoir recruté quelques personnes issues d'une diversité,
07:00– Quelle qu'elle soit.
07:01– Quelle qu'elle soit, et donc on a, entre guillemets, des actions symboliques
07:04qui permettent, entre guillemets, de justifier la bonne action de la part du grand groupe.
07:10Moi, le sujet, ce n'est pas l'action symbolique.
07:12Pour moi, le sujet, c'est de dire, il y a des besoins d'un côté,
07:15il y a des besoins de l'autre aussi, au sein de l'économie,
07:18et il y a un grand potentiel si on arrive à faire converger les deux, à faire dialoguer les deux.
07:23Et donc, il faut le faire avec ambition, une ambition de chiffres,
07:26une ambition, effectivement, de qualité en termes d'emploi.
07:30Et cette ambition, c'est de considérer l'inclusion pas comme un sujet seulement social,
07:34mais comme un sujet social et économique, et ancrer dans le pragmatisme économique.
07:37C'est aussi ça, le standard de l'inclusion, c'est se donner les moyens d'investir
07:40quand on parle d'inclusion, et pas de faire juste un acte social.
07:43– Vous avez publié, c'était en mars 2023, un livre aux éditions de ChercheMidi,
07:49« Le grand rapprochement », voilà, on le voit s'afficher,
07:51« L'entreprise pour construire une histoire commune »,
07:53évidemment, le grand rapprochement, on voit bien à quoi vous faites référence,
07:58à ce grand remplacement théorie fumeuse, voilà, j'assume de le dire, prouvé par personne.
08:06C'est un engagement politique, quand vous choisissez un titre comme celui-là.
08:10– Au même titre que tous les engagements sont politiques.
08:14Il n'y a pas de neutralité dans notre démarche, elle n'est pas partisane.
08:16– Non, mais ça pose la question du rôle des chefs d'entreprise aussi.
08:19Ils doivent, d'une certaine façon, faire de la politique,
08:21au sens même noble du terme.
08:23– Absolument, ma conviction, c'est qu'à partir du moment
08:24où une entreprise emploie des personnes qui sont aussi des citoyens dans leur vie,
08:28qu'elle a un impact sur la vie des personnes qu'elle emploie,
08:30sur son écosystème de partenaire, sur le territoire sur lequel elle est implantée,
08:35alors de fait, elle ne peut pas être indépendante du politique avec un grand P.
08:39Le sujet de mon livre, « Le grand rapprochement », c'est de dire,
08:44justement, là où on observe parfois des idéologies qui sont en dehors du réel,
08:49l'entreprise, elle a une force, c'est qu'elle ne peut pas faire abstraction du réel.
08:52Elle fonctionne avec le réel, elle fonctionne avec la réalité de ses salariés,
08:58la réalité de ses partenaires et sa réalité économique.
09:00Et ça, c'est une force qui lui permet de trouver des solutions,
09:05de trouver des troisièmes voies pour parfois rapprocher des mondes
09:08qui ne se parlent pas dans la vie de tous les jours.
09:09– Alors, autant je ne crois pas aux grands emplacements,
09:12autant je suis convaincu qu'on a des problèmes d'intégration, de ghettoïsation.
09:16Et on ne peut pas les nier et elles ont des conséquences économiques.
09:20Est-ce que vous vous êtes confrontés à des entreprises qui se disent,
09:27« Moi, je ne vais pas travailler avec vous parce que c'est trop compliqué,
09:31c'est des gens qui sont trop éloignés de l'emploi,
09:33qui ont perdu l'habitude de travailler, qui rejettent le modèle français. »
09:37Enfin, je vous fais la liste de tous les a priori,
09:39parfois concrets, parfois réels, parfois fantasmés, qui existent.
09:44– Alors, aujourd'hui, on est confrontés à des entreprises
09:45qui sont en général volontaires dans la démarche,
09:48c'est-à-dire qu'elles voient dans l'idée le gain pragmatique.
09:52Elles n'ont besoin de personne, elles voient qu'il y a des personnes motivées,
09:54elles se disent, « Oui, moi aussi je veux en être. »
09:56Après, quand on rentre dans les discussions opérationnelles,
09:59sans que ce soit avoué, on sent toujours qu'il y a des préjugés,
10:02des préjugés qui sont ancrés, peu importe la conviction de la personne,
10:07sur est-ce que les personnes réfugiées ont le droit de travailler ?
10:09Donc oui, elles ont le droit de travailler,
10:11on explique effectivement qu'on accompagne des personnes
10:12qui ont le titre de séjour.
10:14Est-ce que dans mes équipes, ça va fonctionner ?
10:17Alors, en général, oui, ça fonctionne et on accompagne aussi les équipes,
10:20puisque nous, on forme les personnes,
10:22qu'on accompagne nos participants à des sujets de savoir-être,
10:26de soft skills, de découverte des codes du travail,
10:28mais aussi les équipes qui accueillent.
10:30Le sujet, c'est de dire…
10:31– Est-ce que si il est musulman, je mets les pieds dans le plat,
10:33est-ce que s'il est musulman, il va pouvoir faire la prière à l'usine ?
10:36– Le cas du fait religieux à l'entreprise,
10:39c'est un cas auquel on est parfois confrontés.
10:41Ce qu'on voit dans tous les cas, et ce qu'il faut retenir,
10:44c'est qu'il n'y a pas de barrière qu'on ne puisse pas lever.
10:46La seule barrière, elle est mentale.
10:49Et notre travail, c'est de montrer qu'à chaque préjugé,
10:52on peut avoir une réponse,
10:53du temps qu'on ne traite pas le sujet avec tabou,
10:56qu'on parle les choses frontalement,
10:58et qu'on se donne les moyens d'investir sur le sujet de l'accueil
11:02et de l'intégration, qui est en général un impensé depuis des années.
11:05Et notre échec, il est juste dû à notre absence de volonté
11:09d'être actif pour notre avenir.
11:11On est plutôt dans une posture de subir aujourd'hui.
11:13– Avec une dernière question, qui justement nous projette dans l'avenir,
11:16avec le réchauffement climatique,
11:18les migrations liées au réchauffement climatique
11:22font que ces questions qu'on se pose
11:24et auxquelles vous commencez à proposer des réponses,
11:28elles vont être exponentielles.
11:29C'est-à-dire que les portes de l'Europe
11:32ne vont pas rester fermées de toute façon.
11:33– Absolument, on est encore aujourd'hui dans la croyance
11:35qu'il pourrait y avoir un monde
11:36dans lequel on pourrait faire sans migration.
11:38Ce monde, il faut se le dire, il n'existe pas.
11:40Ce n'est pas réaliste.
11:41Donc la seule question qui est face à nous,
11:44c'est est-ce qu'on veut faire avec ou est-ce qu'on veut faire malgré ?
11:46Est-ce qu'on veut choisir notre avenir et en tirer le meilleur
11:49ou est-ce qu'on veut le subir ?
11:50On a choisi en tout cas de se donner les moyens,
11:52de réveiller le potentiel des personnes qui sont là,
11:54de réveiller le potentiel d'une intégration qui est possible
11:56et qu'on voit aujourd'hui au quotidien quand on s'en donne les moyens.
11:59– Merci beaucoup Théos Kubla, bon vent à Ichwan
12:02et à bientôt sur Bismarck's World Challenge.
12:04On passe tout de suite à notre débat,
12:05l'avenir du tourisme en montagne.
12:08Générique
12:14Smart Impact, notre débat porte sur l'avenir du tourisme en montagne
12:18avec Thomas Parouty, bonjour, le fondateur de l'agence Mieux,
12:21Anne-Laure Danoutaké, bonjour, directrice Impact de Maeva.
12:27La présentation de Maeva tient en quelques mots,
12:29filiale du groupe Pierre et Vacances, c'est ça ?
12:31– En effet, alors Maeva c'était historiquement des résidences de vacances.
12:34Depuis 2014, c'est une place de marché
12:36qui commercialise des locations de vacances,
12:39du camping, de la résidence de vacances
12:41et désormais, on a également développé d'autres activités
12:45et à la montagne, on est présent en tant que distributeur
12:47puisqu'on commercialise 12 000 locations de vacances,
12:50des grandes marques du tourisme
12:51et on a également notre propre réseau d'agences de location saisonnière
12:55puisqu'on gère aujourd'hui sur la montagne
12:582300 résidences secondaires, donc appartements, chalets de particuliers.
13:01– Il n'y a pas de camping en montagne ?
13:03– Non, aujourd'hui, on n'a pas de camping franchisé en montagne
13:06mais on a également une franchise dans le camping chez Maeva.
13:09Camping Maeva, on a 55 établissements affiliés à notre réseau.
13:12– Allez, l'agence mieux, mais vraiment en quelques mots, Thomas Parouty.
13:16– Agence de communication depuis 16 ans,
13:18au service des sujets RSE, des marques et des entreprises.
13:22– Je rentre dans le dur, le tourisme de montagne, il a encore un avenir ?
13:26– C'est une très bonne question parce qu'on voit bien
13:29qu'il y a un problème d'enneigement de plus en plus important
13:32qu'aujourd'hui, il y a un bilan carbone qui est élevé pour les skieurs
13:38qui dépend avant tout des transports, mais aussi du logement
13:42et c'est des sujets qu'on va essayer d'évoquer là maintenant.
13:46Mais c'est clair qu'aujourd'hui, les stations de montagne
13:51sont un peu dans le déni et doivent se poser des questions
13:53sur qu'est-ce qui va se passer dans 5 ans, en l'occurrence il y a les JO,
13:56mais on en parlera peut-être aussi dans 5 ans, dans 10 ans, voilà.
14:00– Alors ça commence, ce virage, ils ont commencé à le prendre,
14:04quand même l'idée de sortir du 100% ski, de toute façon il n'y a pas d'autre option.
14:08– Il faut absolument qu'elles diversifient leurs activités,
14:104% des investissements sont sur autre chose que le ski.
14:16– 4% seulement ?
14:17– Donc en fait, c'est pour ça que je dis qu'il y a du déni,
14:21mais c'est vrai qu'il y a de plus en plus de ski de rando, de raquettes,
14:24de ski de fond ou d'autres activités, la montagne c'est extraordinaire,
14:28à chaque fois qu'on se retrouve au sommet d'une montagne
14:31et qu'on regarde autour, moi j'ai été au ski il y a quelques jours,
14:35au Grand Bornand, et en fait il y a une mer de nuages tout autour,
14:40avec des pics qui sortent à droite à gauche, c'est extraordinaire
14:43et on est obligé d'être émerveillé.
14:44Donc cet émerveillement, qu'est-ce qu'on en fait, nous aussi,
14:48communiquant pour créer un nouvel imaginaire de la montagne.
14:51– Alors justement, Dan Otakey, comment vous travaillez sur cette problématique
14:56dans un groupe comme Maéva, c'est-à-dire continuer de proposer
15:00des expériences touristiques en montagne tout en tenant compte
15:04de cet avenir, on va dire, compliqué ou cette équation compliquée ?
15:09– Alors nous, ce que j'aime bien, c'est aussi repartir des ordres de grandeur.
15:12Aujourd'hui, on sait que 50 à 70% de l'empreinte carbone
15:16des vacances à la montagne, c'est le transport.
15:19Et chez Maéva, on estime qu'aujourd'hui, on fait partir 200 000 vacanciers
15:23chaque année en station, et on estime que notre rôle,
15:26c'est d'accompagner finalement les nouveaux usages autour des vacances.
15:30Et on a lancé, il y a tout juste deux semaines, l'offre TrainKill.
15:34TrainKill, c'est un package qui vient agréger votre train,
15:38votre trajet en train, votre navette et votre hébergement.
15:43Alors ça peut paraître facile, c'est vrai que le package,
15:46on en voit beaucoup sur l'aérien, en fait, en réalité,
15:48c'est un vrai défi technologique de réussir à mettre…
15:50– Mais pourquoi c'est compliqué ?
15:52– Eh bien parce que c'est énormément de flux de données à agréger,
15:55et en fait, aujourd'hui, historiquement, le ferroviaire n'est pas packagé.
16:00Et donc là, c'était un vrai enjeu de pouvoir réussir à proposer ça.
16:05On sait qu'on est un peu en avance de phase,
16:06aujourd'hui, la demande, elle n'est pas forcément beaucoup là,
16:09mais notre idée, c'est vraiment de se dire,
16:11on va proposer finalement un autre récit des vacances
16:14qui commence finalement dès le départ depuis Paris, par exemple,
16:17ou depuis Lyon, je ne sais pas, mais en fait,
16:19commencez par jouer aux cartes avec vos enfants dans le train
16:23plutôt que faire 12 heures de bouche, 7 heures, 5 heures de bouche en…
16:26– De peste contre les gens du théâtre.
16:28– Voilà, en arrivant en Valais.
16:30– Mais l'idée, c'est d'inciter à changer de comportement, pourquoi ?
16:35Parce qu'aujourd'hui, il y a majoritairement des touristes
16:39qui partent en montagne en voiture ?
16:41– Principalement, et on a quand même 30% de clientèles étrangères en France
16:45qui viennent consommer la destination montagne et qui viennent en avion.
16:49Donc, le poids de l'avion est très important également.
16:51Mais effectivement, pour la clientèle domestique,
16:53la voiture, c'est le recours numéro 1.
16:56– Parce qu'on a plein de bagages, parce qu'on a les skis…
16:58– Oui, oui, il y a plein de bonnes raisons.
16:59– Parce qu'on va avec les gosses et tout, donc ça paraît…
17:01– Dit-il parce qu'il est parti en voiture au ski il y a peu de temps ?
17:04Ah, c'est bien.
17:05– Moi, je vais Bours-Saint-Maurice,
17:07et après, il y a Les Arcs, une Val d'Isère…
17:09– Donc, c'est faisable, malgré tous les bagages,
17:11de partir, évidemment, en train, on l'a tous fait.
17:13– Ils partent de Paris, ils partent en voiture.
17:15– Ça se fait bien.
17:16Mais aujourd'hui, ce qui est compliqué,
17:18c'est que finalement, vous réservez, par exemple,
17:20aujourd'hui, en juillet, votre chalet pour partir avec vos amis,
17:23mais les ouvertures de trains n'interviennent qu'en novembre.
17:26– D'accord.
17:26– Et avec ce qu'on en lance sur Trinquille,
17:28vous allez pouvoir réserver, d'ores et déjà,
17:31avant même l'ouverture des calendriers sur la SNCF ou sur Ouigo,
17:34votre trajet en train et votre hébergement.
17:37– Il y a aussi une question d'accessibilité de prix.
17:42On parle de tourisme bas carbone.
17:43C'est faire en sorte qu'il y ait des offres
17:45qui soient accessibles à tous, Thomas Parouty.
17:47– Alors, le pourcentage de Français qui vont au ski,
17:49c'est entre 5 et 7%.
17:52Donc, c'est CSP++.
17:54Donc, effectivement, le train peut coûter plus cher.
17:57– Ce n'est pas leur première priorité de se dire,
18:02ça me coûte trop cher.
18:03– Ils ne raisonnent pas par rapport à ça.
18:04– D'accord.
18:05– Et c'est tellement simple d'aller au ski en train.
18:08Il y a tellement…
18:10La SNCF est présente partout dans les Alpes.
18:12Après, il y a quelques navettes.
18:13Donc, c'est quand même hyper facile.
18:15– Je voudrais qu'on parle des Jeux olympiques 2030 dans les Alpes.
18:20C'est une bonne nouvelle.
18:22Mais est-ce que ce n'est pas le vieux modèle
18:24qu'on est en train de continuer de vendre ?
18:27Vous voyez ce que je veux dire ?
18:28– C'est peut-être pour ça que Fourcade a refusé d'y aller,
18:30en disant que les conditions ne sont pas remplies.
18:32Il y a aujourd'hui une institution comme Résilence Montagne
18:35qui milite contre ces JO.
18:38Je rappelle que le domaine skiable, l'empreinte carbone du skieur,
18:42le domaine skiable, les remontées mécaniques, la neige artificielle,
18:45ce n'est que 2-3% du bilan carbone.
18:47– Oui, c'est le transport qui pèse le plus, on l'a bien compris.
18:50– Les JO, ils ont été signés.
18:52Économiquement, je ne sais pas comment ça va se passer.
18:54En tout cas, c'est une opportunité extraordinaire
18:57pour rénover le parc immobilier,
18:59pour changer l'accessibilité des stations.
19:02Il faut que ce soit une opportunité environnementale, sociale,
19:06pour transformer ce secteur d'activité qui est le sport à la montagne.
19:12– Justement, ce levier du parc immobilier,
19:15puisque le levier de transport, on a bien compris que vous aviez une offre,
19:18mais c'est vrai que les immeubles qui sont dans les stations,
19:22ils ont souvent été construits il y a longtemps
19:23et ce sont souvent des passoires thermiques.
19:26Sauf que ça coûte très cher de les rénover.
19:27Est-ce que vous avez un plan en la matière, avec vos partenaires évidemment ?
19:31Est-ce que ça fait partie de vos préoccupations ?
19:33– Alors, ça fait vraiment partie de nos préoccupations.
19:35Pour vous dire, aujourd'hui, il y a deux choses.
19:38Il y a effectivement le fait que ces immeubles soient vieillissants,
19:40mais il y a aussi très simplement la réalité de ce qu'on appelle les lits froids.
19:44Alors, qu'est-ce qu'un lit froid ?
19:45C'est votre appartement de famille que vous occupez une semaine par an.
19:52Et puis, vu qu'il est un petit peu désuet,
19:53justement, vous y allez de moins en moins,
19:55parce que finalement, vous allez louer ailleurs.
19:58Et donc aujourd'hui, on a des stations sur lesquelles
20:00ça va représenter près de 60% des lits, ce qui est énorme,
20:05et sur lesquels…
20:05– Donc, ils sont vides 90 ou 95% de l'année, c'est ça, c'est ça dont on parle.
20:11– Tout à fait, et alors nous, notre rôle chez Maéva,
20:13avec 23 agences réparties en station de montagne,
20:16c'est de proposer à ses propriétaires de louer leurs biens
20:20pour pouvoir accueillir des vacanciers et aussi, quelque part,
20:22leur permettre de générer un revenu qui pourra financer demain de la rénovation.
20:26Et nous, tout particulièrement sur ce sujet-là,
20:28on est là pour… c'est la force d'avoir un maillage territorial
20:32pour une plateforme de distribution,
20:35c'est de pouvoir être là en conseil vis-à-vis de nos partenaires propriétaires particuliers
20:40et de dire, voilà, votre chalet, il faudrait quand même changer les radiateurs.
20:44Ces radiateurs-là, ça consomme énormément.
20:47Nous, en fait, vu qu'on est présents en station,
20:48on va s'occuper de venir pouvoir accueillir l'électricien qui installera le radiateur.
20:55Ça, c'est un vrai service.
20:56Donc ça, c'est les petites choses.
20:57Par exemple, chez nous aussi, quand vous signez un mandat,
20:59vous avez systématiquement des mousseurs, des pommeaux de douche bas débit.
21:06Voilà, en fait, la transition écologique, c'est souvent une affaire de petits détails
21:10qui font toute la différence in fine sur les factures.
21:13Mais ça, on se parle de petites choses.
21:14Nous, on travaille également sur le sujet de la rénovation.
21:16Et donc, on travaille depuis déjà 2020 avec un partenaire
21:20sur proposer une offre un peu clé en main
21:23pour ces propriétaires de résidences secondaires, de chalets.
21:26Vous êtes loin, vous êtes parisiens, lyonnais, je ne sais pas.
21:30Eh bien, nous, en fait, on va pouvoir gérer pour vous la rénovation.
21:35Et ça, c'est quand même une sacrée clé de sérénité pour un milieu.
21:40Évidemment, oui.
21:41Je voudrais qu'on parle du partage de l'eau, cette question-là, Thomas Parouty.
21:44Parce que même si les canons à neige,
21:46ce n'est pas ce qui pèse le plus dans le bilan carbone d'une station,
21:49il y a quand même un enjeu.
21:50C'est-à-dire que si on utilise l'eau pour faire de la neige artificielle,
21:55cette eau, elle ne va pas aller dans les campings qui sont en Valais
21:59ou chez les particuliers.
22:03C'est un enjeu majeur, ça ?
22:06Évidemment, parce qu'il y a des stations qui volent l'eau du voisin.
22:11Et donc, en fait, on détourne les courants.
22:13Et donc, du coup, après, ça fait des éboulements de gros rochers,
22:17comme on a vu il y a quelques jours.
22:19Et ça participe à la destruction de la biodiversité.
22:22Donc, tout à l'heure, je disais 3% le bilan carbone du domaine skiable
22:28avec les remontées et l'eau.
22:30Mais derrière la neige artificielle, il y a un enjeu eau.
22:34Et on voit bien qu'aujourd'hui, la Clusaz a piqué de la flotte au Grand Bornand
22:40en allant pomper de l'eau.
22:42Et donc, ça veut dire que la rivière n'a plus le même cours
22:44que celle qu'elle avait depuis des milliers d'années.
22:46Dernier mot très vite, 30 secondes.
22:47Est-ce qu'il y a des stations qui communiquent sur leur virage environnemental ?
22:52Oui, il y en a quelques-unes.
22:53Serre Chevalier est toujours à la pointe.
22:56À peu près 30 à 50% de l'électricité demain à Serre Chevalier
23:00sera produite en autoproduction.
23:03Il y a des stations qui font des super trucs.
23:06À Sainte-Foy-Tarentaise, il y a des parcours ludiques pour les enfants.
23:10La Rosière fait des réduits si vous venez à plusieurs en voiture.
23:13Il y a plusieurs petites initiatives.
23:16Aujourd'hui, le monde de la montagne ne s'exprime pas d'une seule voie.
23:19Il y a beaucoup de dénis.
23:20Il y a beaucoup de progrès à faire sur ce sujet-là aussi.
23:23Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur BeSmart4Chain.
23:26J'en passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
23:35Smart Ideas avec Faustine Hosdabouvier, bonjour.
23:39Bonjour Thomas.
23:39Bienvenue, vous êtes la co-fondatrice de Jinko créée en août 2023
23:44avec Anthony Miossec.
23:45Avec quelle idée ? Racontez-nous.
23:47Figurez-vous qu'il y a trois ans, ma meilleure amie est tombée malade d'un cancer.
23:52Elle a eu un cancer du sang qui a été vraiment très intense, très foudroyant.
23:57J'ai une soeur oncologue, je viens d'une famille de médecins,
24:00donc je n'ai pas tant découvert le traitement curatif, le parcours curatif,
24:03mais tout l'à côté de la maladie et l'impact que ça pouvait avoir sur sa vie.
24:07Elle a mis des mots dessus en me disant « Faustine, je perds mes cheveux,
24:10je ne dors plus, je ne peux plus faire l'amour, j'ai mal quand je mange, j'ai peur. »
24:14Et tous ces sujets-là sont adressés en oncologie par ce qu'on appelle les soins de support
24:19qui sont devenus obligatoires.
24:21La nutrition, la psychologie, le sport adapté, la sophrologie.
24:25Et j'ai décidé de monter Jinko avec cette idée ferme de réinventer l'accompagnement
24:30et le suivi en soins de support pour les personnes touchées par le cancer.
24:33Et alors ça passe par quoi ? Qu'est-ce que vous proposez comme service ? Comment ça marche ?
24:38Oui, bien sûr.
24:39Alors, le principe est assez simple.
24:42Le patient est accompagné par une infirmière qui va démarrer par un bilan en soins de support
24:46pour comprendre les besoins du patient.
24:49Comment vous dormez ? Comment vous mangez ? Comment vous allez ?
24:51Racontez-moi un peu votre vie, votre vie perso, le boulot, etc.
24:54Et à partir de cet échange et à partir de la technologie qu'on a mise en place,
24:59l'infirmière va être capable de personnaliser un parcours de soins aux patients.
25:04Deux femmes du même âge avec le même cancer ne vont pas du tout avoir le même parcours.
25:07Et cette personnalisation, elle est fondamentale et elle est aussi adaptable.
25:10C'est-à-dire que si au mois 1, le patient a des nausées, on va agir là-dessus.
25:14Mais si au mois 2, c'est plutôt les insomnies, on va ajuster les soins de support en conséquence.
25:19Le patient, il a une infirmière dès le début qui va rester la même tout du long,
25:24par tchat, par téléphone pour accompagner le patient.
25:27Et elle va lui coordonner son parcours de soins autour de chez lui.
25:30On n'a pas de lieu.
25:31D'accord. Et c'est forcément pluridisciplinaire, c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
25:35Exactement. Et c'est accessible à tout le monde, quel que soit votre adresse géographique.
25:40Les soins, ils vont être en présentiel, au cabinet de nos praticiens partenaires ou en visio.
25:46Donc ça, c'est au choix du patient.
25:47Et tout au long de son parcours, le patient, il a une application avec des exercices à faire
25:51en lien avec ce qu'il a vu en séance, avec des contenus, le tchat avec son infirmière, etc.
25:56Ça vous semble clair ?
25:57Oui, c'est très clair.
25:58Et alors, j'ai une question sur le modèle économique.
26:00Est-ce que ce sont les malades qui payent ?
26:02Est-ce que ce sont les praticiens partenaires qui participent ?
26:05C'est quoi le modèle ?
26:06Alors, effectivement, on a des partenariats avec des établissements de soins
26:11qui ont des subventions ou qui ont du budget pour financer les soins de support de Ginkgo.
26:15Ça, c'est un petit bout, parce qu'évidemment, notre objectif, nous, c'est que les patients ne payent pas.
26:20Et l'autre grosse partie, l'autre gros projet de Ginkgo, c'est de faire financer ces parcours
26:27qui ont une valeur incroyable pour les patients, notamment auprès des laboratoires pharmaceutiques.
26:34Beaucoup de labos ont à cœur de réinventer les parcours patients,
26:39d'améliorer l'observance des patients.
26:42Et un patient qui fait un parcours Ginkgo, il a une meilleure qualité de vie,
26:45il est dans de meilleures conditions.
26:47Et, accessoirement, on rend les médecins super contents,
26:51parce que le médecin, il a 15 minutes pour s'occuper de son patient.
26:53Sa formation, c'est la tumeur.
26:55Et il ne peut pas aborder les insomnies, les douleurs, les problèmes de sexualité, etc.
27:00Et donc, nous, on met aussi le patient, pour lui, dans de bonnes conditions.
27:02Et donc, pour toutes ces raisons, on travaille avec les laboratoires pharmaceutiques
27:06pour faire financer ces parcours.
27:08Et le troisième chantier que j'ai, c'est les assureurs, les mutuelles,
27:12pour que les soins de support puissent être intégrés,
27:15notamment sur un volet très important pour eux, qui est le retour à l'emploi.
27:18Donc là, je me concentre plutôt sur les actifs.
27:20Mais un cancer, c'est un arrêt longue durée.
27:22On a du mal à se remettre dans l'emploi et on a besoin d'aide là-dessus.
27:25Avec une toute dernière question sur cette levée de fonds
27:27que vous avez annoncée de 2 millions d'euros, c'était en octobre dernier.
27:30Est-ce que ça va vous permettre de grandir, évidemment ?
27:33Oui. Alors, effectivement, les poches budgétaires principales, c'est les salaires.
27:39On a une super équipe grâce à ça.
27:42La deuxième poche, c'est la tech.
27:45Je vous ai parlé de l'application patient,
27:47mais il y a également un énorme volet technologique en interne
27:50pour coordonner tous les praticiens sur le territoire.
27:53On a de l'IA pour nous aider, pour personnaliser les parcours, etc.
27:57Et puis, une troisième enveloppe, qui est notre notoriété,
28:01pouvoir aller visiter les médecins et nous faire connaître.
28:05Merci beaucoup d'être venue nous présenter.
28:07Ginko Bonvent, Faustine Osdabouvier, à bientôt sur Bismarck for Change.
28:12On passe tout de suite à la fin de l'émission parce que je vous dis au revoir.
28:16Salut et à bientôt.
28:17Merci d'être fidèle à la chaîne des Audacieuses et des Audacieux.
28:20Salut.