Category
😹
AmusantTranscription
00:00 [Générique]
00:07 Vous écoutez Arabelle, il est 19h, place à l'info.
00:10 [Générique]
00:13 19h20, place publique sur Arabelle.
00:17 [Générique]
00:21 Bonsoir, bonsoir à toutes et à tous, Nicolas Dewellens avec vous, heureux de vous retrouver.
00:26 Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter une heureuse année pleine d'amour, de joie, de bonheur
00:31 et évidemment la santé.
00:33 Soyez les bienvenus dans place publique chaque jeudi entre 19h et 20h.
00:37 Nous nous intéressons aux grandes questions politiques et sociétales.
00:41 98% des femmes en Belgique ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics.
00:47 Ce chiffre est révélé par la campagne Stand Up.
00:50 Agissons ensemble contre le harcèlement de rue organisé par l'association Touche pas à ma pote et L'Oréal.
00:58 Vous êtes une femme ou vous êtes un homme et vous avez été victime de harcèlement sexuel dans les lieux publics.
01:04 Dites-le-moi, racontez-moi votre histoire.
01:07 Comment éviter le harcèlement sexuel dans l'espace public ?
01:11 Comment s'en protéger ?
01:13 Je lis vos SMS au 0400 88 100 et 6 800 et je reçois vos appels au 078 077 088.
01:22 Sont avec nous place publique ce soir Béahir Collini, fondatrice et présidente de l'association Touche pas à ma pote.
01:29 Bonsoir.
01:31 Bonsoir. Je suis plus présidente, mais je suis toujours fondatrice.
01:34 Bonsoir Nicolas.
01:35 Et ravie à ce titre de vous avoir avec nous ce soir.
01:38 Bienvenue et heureuse année à vous aussi.
01:41 Alexandra Philippe, présidente des Filles XL et conseillère communale.
01:45 Bonsoir. Bonsoir. Leïla Agic, j'espère que je prononce bien.
01:49 Agic. PS, députée bruxelloise, ancienne conseillère communale à Molenbeek Saint-Jean.
01:55 Vous résidez désormais à Jette.
01:57 Vous êtes une des initiatrices de la création de la commission Égalité des chances et droits des femmes au Parlement bruxellois.
02:04 Bonsoir. Merci d'être avec nous.
02:06 Je suis également très heureux d'accueillir Siam Adioui, écolo-échvine, écolo de l'égalité des chances.
02:12 Askar Bek, bonsoir.
02:13 Bonsoir Nicolas.
02:14 Merci d'être avec nous. Soyez toutes les bienvenues.
02:17 Place publique commence maintenant.
02:19 Jusqu'à 20h, place publique sur Arabe.
02:28 En Belgique, 98% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics.
02:34 Béa R. Collini, je le disais, vous êtes la fondatrice de l'association Touche pas à ma pote.
02:40 Comment analysez-vous ce chiffre ?
02:43 C'est à peu près toujours le même chiffre depuis, j'ai envie de dire depuis 12 ans,
02:49 que Touche pas à ma pote, ça existe depuis 2012.
02:52 Et finalement, le chiffre n'a pas vraiment bougé.
02:54 Il y a des tas de gens qui ont fait des études, des questionnaires.
02:58 Il y a eu Féminine, il y a eu Jump. Nous aussi, il y a Touche pas à ma pote.
03:02 Aujourd'hui, on a demandé cette étude à l'agence Mutants à Anvers.
03:10 Elle a été menée sur 1000 femmes en Belgique.
03:13 Donc, ce n'est quand même pas rien.
03:15 Et c'est un peu toujours le même chiffre.
03:19 Alors, quand il bouge, les chiffres, en tout cas, ne bougent pas.
03:22 Ça ne veut pas dire pour autant que rien n'est fait,
03:25 que rien ne va mieux et certainement pas qu'il n'y a rien à faire.
03:32 Le harcèlement de rue, concrètement, c'est quoi ?
03:36 Le harcèlement de rue, c'est...
03:39 Alors, vous avez dit harcèlement sexuel, c'est harcèlement sexiste et sexuel.
03:45 Ça commence par, on va dire, beaucoup de verbal, des paroles, des demandes pressantes.
03:54 « Donnez-moi votre numéro de GSM, allons boire un verre. »
03:59 Simplement vouloir parler, imposer une conversation
04:02 alors que la personne en face n'en veut pas.
04:04 Il y a tout le côté, ce qu'on appelle le catcalling, les bruits de bouche,
04:08 les sifflements, les imitations de cris de chiens, de chats, etc.
04:14 Puis, on peut se diriger doucement vers des choses un peu plus physiques.
04:19 C'est suivre, être suivi.
04:22 On sait, dans les transports publics, ce qu'on appelle les frotteurs.
04:26 C'est les mains baladeuses, c'est, ligne de rien,
04:30 toucher le corps d'une personne qui n'a rien demandé.
04:34 Voilà, donc ça, c'est tout ce qu'on appelle,
04:37 tout ce que regroupe l'appellation harcèlement sexiste et sexuel dans l'espace public.
04:42 Alors, l'espace public, on peut peut-être lire un petit mot là-dessus.
04:45 L'espace public, oui, ce sont les trottoirs de la ville.
04:49 C'est aussi les transports publics, bien entendu,
04:52 par définition, et puis, depuis 2014,
04:57 et la loi sexisme qui a fait rentrer le sexisme dans le code pénal,
05:03 est définie comme espace public toute réunion qui compte plus de deux personnes.
05:07 Donc, une réunion au boulot, c'est un espace public.
05:13 Le simple fait de se voir à plusieurs, dans un bistrot, dans une boîte, etc.,
05:19 ça peut être considéré comme espace public.
05:20 Et donc, on peut, je ne suis pas juriste, mais après ce que j'ai bien compris,
05:25 on peut évoquer la loi sexisme s'il y a, comment,
05:31 si une personne contrevient à cette loi et tient des propos qui sont discriminants,
05:37 qui sont sexistes ou a des comportements, bien entendu.
05:40 – Béa Hercoglini, en préparant cette émission,
05:42 j'ai aussi appris que le harcèlement de rue,
05:45 ce harcèlement que vous expliquiez sexiste ou sexuel,
05:48 ne concerne pas que les femmes.
05:52 – Non, alors il concerne majoritairement les femmes,
05:55 et d'après l'étude qui vient d'être menée,
05:58 il concerne majoritairement les femmes de moins de 34 ans,
06:03 dans la grande majorité.
06:04 Mais néanmoins, on sait très bien, parce qu'on a recueilli des témoignages,
06:10 que des tas de gens qui, j'ai envie de dire, dans leur attitude,
06:14 ou dans peut-être leur physique, etc.,
06:18 simplement n'expriment pas le genre masculin, hétérosexuel,
06:23 voire un peu macho,
06:25 peuvent être évidemment victimes de harcèlement sexiste dans l'espace public.
06:31 Donc ça peut être d'autres genres, d'autres préférences sexuelles,
06:34 on ne doit pas être une femme pour faire l'objet de harcèlement sexiste ou sexuel.
06:40 Et d'ailleurs, on a quand même entendu parfois,
06:42 c'est pas courant que des filles pouvaient avoir des mots injurieux vis-à-vis de garçons,
06:47 et qui étaient de l'ordre du sexisme.
06:49 Et puis après, il y a tout, et puis après, je ne vais pas dire "et puis après",
06:53 mais il faut tenir compte également de ce qu'on appelle tout l'aspect intersectionnel,
06:58 c'est-à-dire qu'on sait très bien qu'on a aussi beaucoup de "chances",
07:03 ou une probabilité élevée de subir des insultes sexistes.
07:08 C'est vrai que j'ai oublié les gros mots tout à l'heure dans la description,
07:11 les insultes.
07:12 Si on est, alors peut-être si on est une femme,
07:15 mais aussi si on n'est pas hétérosexuel,
07:18 et si on est, donc si on est homosexuel ou transgenre, bien entendu,
07:22 si en plus on est originaire peut-être d'un autre pays,
07:28 qu'on a une couleur de peau différente,
07:30 on a plus de probabilité de faire l'objet de harcèlement sexiste ou sexuel.
07:36 À Rockwerchter l'été dernier, on a, je suis presque en vie de dire,
07:40 recueilli, parce que cette jeune femme est arrivée chez nous pratiquement en pleurs,
07:44 c'est une jeune femme asiatique qui est arrivée avec son compagnon.
07:50 Vous m'arrêtez si je suis trop longue,
07:52 mais on est allé donner les fameux 5 D, dont on va parler peut-être tout à l'heure.
07:57 – On en parlera tout à l'heure, en effet.
08:00 On va devoir marquer une courte pause,
08:02 mais en bonne compagnie, vous ne direz pas le contraire,
08:04 on va retrouver Angèle, et puis juste après,
08:07 on continue de parler de cette problématique importante avec vous,
08:11 Béa Ercolini, mais aussi avec Alexandra Philippe, Leïla Hagic et Siam.
08:16 Adioui, à tout de suite sur Arabelle dans Place publique.
08:19 [Musique]
08:37 – Amour, haine et danger, c'était Angèle.
08:40 [Générique]
08:42 – Jusqu'à 20h, Place publique sur Arabelle.
08:45 [Générique]
08:48 – 98% des femmes en Belgique ont déjà été victimes
08:51 de harcèlement sexuel dans les lieux publics,
08:54 on en parle ce soir jusqu'à 20h avec Béa Ercolini,
08:58 fondatrice de l'association "Touche pas à ma pote",
09:00 mais également avec Alexandra Philippe,
09:02 présidente des FICS et conseillère communale.
09:05 Leïla Hagic, députée bruxelloise et Siam a dit oui,
09:09 "Esch finé que l'autre l'égalité des chances a scarbé".
09:12 Leïla Hagic, vous avez déjà vous-même été victime de harcèlement de rue ?
09:18 – Oui, malheureusement, moi j'ai été élue au Parlement, j'avais 24 ans,
09:22 donc c'était pleinement mon quotidien, le fait de se dire,
09:25 "Mais tiens, comment je vais m'habiller si je vais rentrer plus tard ce soir ?"
09:29 Les petits mots, les petites remarques en rue,
09:31 qui pour certaines personnes, pour les hommes en particulier,
09:34 n'ont l'air de rien, mais qui deviennent vraiment une charge mentale
09:38 quand on traverse les rues de Bruxelles.
09:41 Donc oui, je l'ai vécu et c'est pour ça aussi que j'ai souvent amené
09:44 ces thématiques au sein du Parlement, parce que c'est une thématique
09:47 malheureusement très présente au sein de ma génération.
09:50 – Siam a dit oui, vous aussi, ça vous est arrivé du harcèlement de rue ?
09:54 – Oui, malheureusement, comme les 98% des femmes qui ont témoigné,
09:59 j'en fais partie aussi, puis je me retrouve aussi dans l'expérience de Leïla,
10:04 cette stratégie de tous les instants, de quand sortir, comment s'habiller.
10:08 Et encore moi, je ne suis pas forcément la personne la plus ciblée,
10:12 je suis un peu plus masculine, donc je sais que je vais déjà être protégée
10:16 d'une certaine partie des remarques, qui vont moins m'être adressée
10:20 que des femmes qui, elles, vont recevoir d'autres types de remarques.
10:24 Donc oui, effectivement, une charge mentale, je trouve ça un bon résumé.
10:27 – Alexandra Philippe, présidente des Filles XL et conseillère communale,
10:30 ça vous est, à vous aussi, arrivé ?
10:32 – Malheureusement, je vais dire la même chose que mes collègues ici,
10:36 oui, ça m'est arrivé, et ce qui est absolument terrible,
10:40 déjà, pour moi, je voyais aussi une différence avant le #MeToo, etc.,
10:45 où il y a eu vraiment une reconnaissance que ces comportements
10:49 étaient plus difficiles à vivre pour les femmes,
10:52 et pourtant, Béa, quand même, explique que ça continue,
10:55 mais clairement, j'ai été victime de ça, et quand j'étais plus jeune,
10:59 quand Béa expliquait, énumérait tout ce qui pouvait se produire,
11:04 être suivie, moi, on m'a déjà mis la main aux fesses,
11:08 récemment, il y a un mois, on m'a insultée, on m'a traité de tous les noms,
11:12 c'est terrorisant, et en plus, ce que disaient mes collègues,
11:16 ça culpabilise les femmes, parce qu'au final, on se demande
11:19 comment on doit s'habiller, où est-ce qu'on peut traîner,
11:23 est-ce qu'on peut regarder un homme, est-ce qu'on peut regarder quelqu'un,
11:26 où est-ce qu'il va se demander et commencer à vouloir entreprendre quelque chose,
11:31 donc oui, évidemment, j'ai été victime d'harcèlement.
11:34 – Merci en tout cas pour la confiance que vous nous accordez ce soir,
11:38 chacune a partagé ses expériences, ses témoignages et ses mauvais souvenirs,
11:42 je lis vos SMS au 0488 106 800, 0488 106 800,
11:50 Béa Ercolini, fondatrice de l'association "Touche pas à ma pote",
11:54 le harcèlement de rue n'est pas toujours facile à identifier,
11:57 pourtant dès qu'il s'agit d'un comportement verbal, non verbal,
12:01 ou physique de nature sexuelle non désirée, on a bien affaire à du harcèlement.
12:05 Béa Ercolini, vous êtes toujours avec nous ?
12:11 Je vous propose de marquer une courte pause et on se retrouve dans un instant.
12:20 A tout de suite.
12:21 [Générique]
12:37 – On parle ce soir du harcèlement sexuel dans les lieux publics.
12:41 En Belgique, 98% des femmes ont déjà été victimes
12:44 de harcèlement sexuel dans les lieux publics.
12:47 Béa Ercolini, fondatrice de l'association "Touche pas à ma pote"
12:50 est toujours avec nous.
12:51 Béa, le harcèlement de rue n'est pas toujours facile à identifier ?
12:55 – Non, c'est vrai qu'on s'est rendu compte il y a quelques années de ça
12:59 que parfois les personnes qui faisaient l'objet de harcèlement
13:07 ne savaient pas qu'elles l'étaient, c'est-à-dire,
13:11 elles ne savaient pas qu'être insultée en rue, être poursuivie en rue, etc.
13:17 ça s'appelle du harcèlement sexiste ou sexuel dans l'espace public.
13:21 Parmi les plus jeunes, ces personnes pensaient que c'était normal,
13:27 donc elles avaient un peu intégré le phénomène en disant
13:30 "pourquoi c'est comme ça quand on sort, c'est normal de se faire embêter".
13:36 Voilà, et puis il y a tout un travail à faire aussi pour faire savoir
13:43 que non seulement ce n'est pas normal, mais c'est aussi interdit par la loi.
13:48 Et ce n'est même pas cible de peine d'amende ou de peine de prison.
13:57 Maintenant, évidemment, on sait très bien que ces peines, jusqu'ici,
14:03 elles n'ont pas vraiment été appliquées.
14:06 Moi je dirais que ce n'est pas plus mal, c'est bien d'avoir une loi
14:08 de manière symbolique pour marquer le coup.
14:11 Mais en même temps, cette loi, elle n'est jamais appliquée.
14:15 À ma connaissance, on a annoncé un jour, un 8 mars,
14:19 qu'un homme avait été convoqué au tribunal parce qu'il avait eu une attitude sexiste,
14:27 mais manque de bol pour lui, il avait insulté une policière.
14:31 Donc évidemment, elle a pu constater le flagrant délit,
14:33 vu qu'elle était elle-même l'objet du délit.
14:38 – Vous dites que ce n'est pas plus mal que ces peines ne soient pas appliquées.
14:42 Alors concrètement, pour combattre ce harcèlement,
14:45 qu'est-ce qu'il faut mettre en place ?
14:47 – Moi ce que je veux dire par là, c'est que je ne suis pas de ceux ou de celles
14:52 qui disent "oh, il faut mettre tout le monde en prison, d'ailleurs ce n'est pas possible",
14:56 ou "il faut punir tout le monde", etc.
14:59 C'est important qu'une loi existe et qu'elle écrive noir sur blanc
15:04 que non, on ne harcèle pas dans l'espace public, non, on n'insulte pas, etc.
15:10 Mais on ne peut que constater que cette loi n'est que très pas ou peu appliquée.
15:18 Alors comment ça peut marcher ?
15:20 Ça peut marcher si le délit est constaté,
15:25 donc ça veut dire qu'il faut vraiment une politique volontariste
15:30 de la part des zones de police.
15:31 Et il y a des zones de police qui ont mis ces politiques en place,
15:34 ça a été d'abord à Liège et puis à Bruxelles,
15:36 ça a été très à la pointe la zone nord qui s'appelle Paul Bruno
15:42 et qui a mis sur les routes, sur les trottoirs en ville.
15:46 Donc la zone nord c'est quoi ?
15:48 C'est Hévère, Scarbée, j'espère que je ne dis pas de bêtises,
15:52 et en fait leur opération consistait à mettre des équipes de trois policiers,
15:59 en général une policière en civil et deux policiers ou policières derrière,
16:04 et de faire en sorte que si la policière qui était devant était harcelée ou insultée,
16:13 eh bien on ramassait le harceleur et on l'emmenait au commissariat.
16:19 Et alors à ce moment-là, le but n'était pas nécessairement de lui faire payer une amende,
16:25 des choses qu'on appelle des sanctions administratives communales,
16:28 des choses que certaines communes appliquent,
16:31 ce serait intéressant de savoir ce que c'est le cas à Scarbée,
16:33 ce que c'est le cas à XL.
16:35 Justement, Siam a dit oui, et Colau vous étiez chefine de l'égalité des chances à Scarbée,
16:39 comment ça se passe sur le territoire de votre commune ?
16:42 Tout à fait, effectivement la zone Bruxelles nord,
16:45 donc c'est Hévère, St-Geost et Scarbée,
16:48 on est donc trois communes et on a la chance d'avoir une zone de police
16:52 avec qui on travaille énormément sur les questions.
16:55 Béa Ercolini parlait de l'expérience qui a été menée par la zone Bruxelles nord,
17:01 mais il y en a d'autres en fait.
17:03 Et moi, à titre, en tant que chefine de l'égalité des chances,
17:07 c'est vrai qu'on mène souvent des projets avec la bourgmaistre qui est chef de police,
17:12 pour essayer d'endiguer un maximum, et surtout au niveau de la compréhension,
17:16 en tout cas ça me permet de faire le lien sur une chose qu'on n'a pas encore trop abordée,
17:21 c'est le profil de ces personnes qui agressent ou qui harcèlent.
17:24 Je pense qu'il est important de sortir de cette vision de l'agresseur, l'harcèleur,
17:31 qui est tapis dans l'ombre, qui attend avec sa petite lame rouillée au fond d'un parking.
17:36 Qui sont ces gens qui harcèlent, qui agressent ?
17:39 Il y en a beaucoup et je n'ai pas envie qu'on arrive dans un discours
17:44 qui parfois peut être un peu stigmatisant,
17:47 en se disant "oui, c'est les personnes, c'est les autres, c'est l'étranger, c'est l'autre,
17:51 c'est la personne qui ne respecte pas nos valeurs
17:56 ou qui ne s'inscrit pas dans cette volonté de faire société".
17:59 Je pense qu'on se trompe, c'est aussi ces personnes-là.
18:02 Mais moi, personnellement, j'ai porté plainte contre une personne,
18:05 il était élu, ce n'est pas du tout une personne qui était dans la rue, dans un métro,
18:08 ça ne veut pas dire que ça n'existe pas, ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas une violence par ailleurs.
18:12 Mais donc, je pense que le plus gros travail, en tout cas ce que j'essaie de faire à échelle locale,
18:17 avec la zone de police, c'est d'essayer de travailler sur,
18:21 essayer d'identifier en tout cas les mécanismes et aussi remettre toutes ces violences
18:25 dans un système patriarcal, essayer de bien comprendre.
18:29 Je pense que c'est aussi la clé, comprendre pour agir.
18:32 Vous rappelez toutes les deux qu'on peut être confronté au harcèlement
18:36 tant dans l'espace public que dans l'espace privé
18:39 ou dans d'autres espaces publics que la rue ou les transports en commun.
18:43 Leïla Hagich, vous êtes députée bruxelloise,
18:46 ancienne conseillère communale à Molenbeek-Saint-Jean.
18:49 Vous résidez désormais à Jette.
18:51 Est-ce que vous avez constaté des différences entre ces deux communes
18:54 au niveau du harcèlement vis-à-vis des femmes ou des hommes ?
18:57 Non, la seule chose que j'ai constatée, c'est que ces derniers temps,
19:01 souvent dans l'espace public, je suis avec ma fille.
19:04 Du coup, j'ai changé un peu de catégorie ces derniers mois.
19:08 Mais c'est vrai, c'est la réalité.
19:10 Je suis parfois moins sujette au harcèlement,
19:14 mais je pense que le harcèlement est présent partout.
19:16 Le harcèlement, c'est autant à Molenbeek qu'à Hucle,
19:20 parce que ça dépend face à qui on se retrouve,
19:23 qui est aussi présent dans cet espace public.
19:25 Comme le disait CM, on peut tout autant être harcelé
19:28 par quelqu'un qui a un haut niveau d'éducation,
19:32 qui a un haut poste dans notre société,
19:35 que par un jeune sorti de l'école.
19:38 Et l'importance pour moi, c'est vraiment que la honte change de quand,
19:42 que l'on réagisse, que quand on est témoin d'un fait de harcèlement
19:47 ou d'agression sexiste ou sexuelle dans l'espace public,
19:50 on réagisse parce que finalement, ce que souvent nous répètent
19:53 les personnes qui ont été victimes d'agressions,
19:56 notamment dans les transports en commun,
19:58 c'est que les témoins n'ont pas réagi.
20:00 Et ça, finalement, on en est tous responsables.
20:02 - Alexandra Philippe, présidente des filles XL et conseillère communale.
20:06 - Oui, non, je voulais, évidemment, je suis d'accord avec ce que vient de dire Léla.
20:11 Mais pour rapporter ce qui s'est passé à XL,
20:14 nous, on a eu ces atrocités qui se sont passées
20:17 dans les bars du cimetière d'XL,
20:20 où a été suivi le mouvement "Balance ton bar".
20:24 Et depuis la commune d'XL, vous savez que je ne suis pas dans la majorité XL-oise,
20:30 mais je dois quand même bien avouer que c'était une très bonne idée.
20:33 Il a été commandé une étude pour voir un peu comment faire évoluer la situation,
20:38 notamment dans le quartier.
20:40 Et ce qui m'a pas mal frappée en lisant les résultats de cette étude,
20:43 c'est que l'insécurité était ressentie par les femmes
20:48 beaucoup plus dans le trajet qu'elles faisaient de leur maison au bar.
20:51 Et le bar était considéré comme un lieu "safe".
20:54 Et donc, quand on dit que vraiment le harcèlement se produit partout,
20:58 et là, on était sur du harcèlement et du viol,
21:02 même dans des endroits où on a l'impression qu'on est en sécurité,
21:06 l'ennemi peut être partout.
21:09 Et je suis complètement d'accord avec toi, Léa.
21:12 C'est de notre devoir, de devoir aller porter...
21:16 Pour moi, il faut porter plainte.
21:18 Et peut-être que je m'éloigne un peu de ce que Béa a dit,
21:21 même si je comprends très bien qu'on ne peut pas mettre tout le monde en prison,
21:24 mais je crois qu'il est quand même nécessaire de porter plainte.
21:27 Oui, oui, oui, oui, oui, oui.
21:31 Ne fut-ce que... Voilà.
21:33 D'une manière punitive, évidemment, c'est quand même important,
21:36 parce qu'à un moment, ces gens doivent être quand même punis,
21:38 d'une manière ou d'une autre.
21:40 Mais aussi parce qu'à un moment, il faudra dresser des statistiques
21:42 de où sont les endroits dangereux,
21:45 et pouvoir apporter des solutions,
21:47 que ce soit dans le cadre préventif ou dans le cadre sécuritaire.
21:50 Mettre plus de policiers, mais aussi alerter les maisons de jeunesse,
21:54 commencer à faire des activités préventives autour de l'égalité
21:58 entre les hommes et les femmes, et contre le harcèlement dans les lieux publics.
22:01 Voilà.
22:02 Que l'on soit témoin ou victime de harcèlement de rue,
22:04 il faut réagir. De quelle manière ?
22:06 On continue d'en parler dans un instant avec vous, Béa Ercolini,
22:09 juste après cette courte pause musicale.
22:12 À tout de suite.
22:21 Bye là, c'était Soulking et Kenji.
22:24 Nous parlons ce soir du harcèlement sexuel,
22:35 du harcèlement de rue qu'ils visent les femmes ou les hommes.
22:39 98% des femmes se disent victimes de harcèlement sexuel en Belgique.
22:44 Béa Ercolini, fondatrice de l'association "Touche pas à ma pote",
22:48 seulement 25% des femmes déclarent avoir été aidées par quelqu'un.
22:52 Quelles sont les principales raisons qui expliquent que nous n'agissons pas ?
22:56 On n'agit pas parce que...
23:00 Il y en a plein.
23:01 Parce qu'on n'est pas sûr d'avoir bien compris ce qui se passait,
23:04 parce qu'on a peur, parfois, pour soi-même,
23:08 on a peur d'être agressé, on a peur, on est timide,
23:12 ou on est dans la sidération.
23:14 Pour nous, c'est vraiment important, justement, de bien comprendre ça,
23:20 mais aussi de proposer des outils pour permettre à tout le monde,
23:24 qu'on soit un homme, une femme, quelle que soit la préférence de genre,
23:30 ou l'âge, ou le gabarit,
23:33 c'est important d'apprendre qu'il y a moyen d'utiliser des techniques
23:40 et d'intervenir, soit pour détourner la tension,
23:44 pour faire descendre la pression,
23:46 pour interrompre une relation de force qui se met en place.
23:51 On travaille sur un outil qui s'appelle les 5 D.
23:55 C'est quelque chose qu'on fait depuis un an et demi.
23:59 Nos formatrices, nos formateurs ont été formés pour ça.
24:03 C'est une formation assez sérieuse.
24:05 C'est une série de bons réflexes pour agir face au harcèlement sexuel dans l'espace public.
24:09 Concrètement, c'est quoi ces 5 D ?
24:12 Les 5 D, c'est un moyen mnémotechnique puisqu'il commence tous les trois par un D.
24:17 Il y a D comme distraire, D comme déléguer, D comme documenter,
24:22 D comme dialoguer et D comme diriger ou agir directement.
24:27 L'idée, c'est que si on apprend ces 5 manières de réagir,
24:34 je vous donne un exemple, distraire, c'est très simple.
24:37 Vous êtes dans les transports publics et vous voyez une personne
24:41 qui se fait manifestement embêter par une femme,
24:46 qui se fait par exemple toucher la main, elle tient la barre dans le bus,
24:50 et il y a quelqu'un qui touche sa main, elle recule, la personne avance vers elle, etc.
24:55 Vous pouvez arriver de manière tout à fait apparemment innocente
25:01 et laisser tomber votre portefeuille, le ramasser, etc.
25:05 en faisant quelques pas, vous interposer entre les deux personnes.
25:08 Ça s'appelle distraire et c'est un outil qui est assez malin
25:14 parce qu'il permet d'interrompre quelque chose qui est en train de se passer
25:17 sans devoir confronter le harceleur.
25:20 Moi par exemple, je suis fan du D comme diriger ou agir directement,
25:24 je fais des scandales, ça m'énerve tellement que quand je vois quelqu'un
25:28 harceler une autre personne, j'ai un peu tendance à crier très fort
25:32 et dire "Mais enfin, est-ce que vous feriez ça avec votre fille ?"
25:35 - On a exactement le même comportement.
25:38 Trois dames sont avec moi en studio.
25:40 Quelle est la méthode que vous préférez pour dénoncer ce harcèlement
25:44 dont vous pouvez être témoin ou dont vous pouvez être victime ?
25:48 - Moi je trouve que l'exemple de dire, ce qui revient aussi souvent,
25:55 d'aller vers la victime, de faire comme si on la connaissait,
25:59 de partir de la station de métro ou du bus avec elle
26:03 et d'en reprendre un autre en étant certain que la personne
26:07 qui l'agressait, la suivait, l'embêtait, n'est plus présente.
26:11 Je pense que c'est un élément assez facile que l'on peut toutes et tous mettre en oeuvre,
26:15 qui ne nous met pas en danger.
26:17 Mais quand même, je suis interpellée par le fait que l'on ait peur d'agir
26:21 et je pense que c'est un vrai problème.
26:23 Mais c'est aussi parce que l'on sait que les autres ne vont pas nous aider,
26:26 nous aussi, lorsque l'on va réagir.
26:28 Et donc c'est un travail collectif que l'on doit vraiment faire dans notre société
26:32 parce que c'est vraiment très égoïste.
26:34 Et moi je n'ai pas envie de vivre, d'élever ma fille dans une société aussi égoïste.
26:38 On laisse des femmes comme ça se faire agresser et on détourne le regard
26:42 et on regarde plutôt notre dernier message WhatsApp que de lui venir en aide.
26:46 - Voilà qui est dit, Leila Aguiche PS.
26:49 Siam a dit oui, est-ce que l'écolo de l'égalité des chances à Scarbeck,
26:52 une méthode préférée ?
26:54 - Oui, moi je n'arrive pas à crier.
26:57 J'adorerais, à mon avis je vais appeler Béa.
27:00 Non mais c'est vrai, je suis en sidération, je n'y arrive pas.
27:03 Moi ma méthode c'est d'abord d'essayer de capter le regard de la personne
27:06 qui se fait harceler pour essayer de voir si...
27:08 et de lui faire un petit "ça va, tu vas bien ?" mais avec mes yeux.
27:11 Et ça marche parce que les gens comprennent.
27:13 Et de me rapprocher un peu d'elle et puis après,
27:15 c'est vrai que les personnes ont tendance à partir.
27:18 Donc voilà, parfois c'est vrai qu'on n'est pas obligé,
27:21 je veux dire que c'est à la portée de tous.
27:23 Même pour une timide comme moi qui n'arrive pas forcément à crier.
27:28 On peut intervenir gentiment, juste près de la victime.
27:32 - Alexandra Philippe, présidente des FIXL et conseillère communale.
27:35 - Oui alors il y a quand même des cas effectivement de harcèlement
27:40 où on peut agir, je crois.
27:42 Maintenant, il y a des situations de plus grande violence
27:47 qui ont été difficiles.
27:49 Il y a un mois, on m'a hurlé dessus, traité de tous les noms.
27:52 Et je me suis retournée à gauche, à droite.
27:56 Il y avait des hommes, des femmes, des grands, des petits.
27:59 Il n'y a personne qui n'a rien fait.
28:01 J'ai dû baisser le regard parce que le type était à un mètre de moi.
28:06 - La sécheresse a anéanti les récoltes.
28:09 Décimer le bétail.
28:11 Les gens fuient.
28:12 Des familles entières d'Afrique de l'Est sont touchées par ce drame.
28:16 - En tant que maman, c'est un vrai challenge de se rappeler des goûts de chacun.
28:21 - Moi, j'achète les sauces Belzina.
28:23 - Toutes nos excuses pour ce petit problème technique
28:39 qui a coupé votre intervention.
28:41 Alexandra Philippe, présidente des Fixel et conseillère communale,
28:45 vous nous expliquiez la mésaventure qui vous était arrivée récemment.
28:48 - En gros, je voulais arriver au fait que parfois,
28:52 la violence est tellement extrême qu'il est dangereux d'agir.
28:57 Alors moi, personnellement, ce que j'ai fait,
29:00 d'attendre d'être en sécurité et d'appeler directement la police
29:03 pour dire qu'il y avait un individu dangereux,
29:06 parce qu'il y avait quand même des jeunes filles,
29:09 beaucoup plus jeunes que moi, qui étaient à côté.
29:11 Je ne sais pas ce qu'il aurait pu faire.
29:13 Et d'appeler la police et qu'il soit intervenu le plus rapidement possible.
29:17 - Leïla Aguiche ?
29:19 - Oui, je voulais juste rebondir sur ton expérience
29:21 pour bien dire aux victimes, aux personnes qui ont été victimes
29:24 et qui n'ont pas réagi, que ce n'est pas grave, c'est tout à fait normal.
29:28 Quand on est victime, c'est compliqué d'agir soi-même.
29:31 Donc il ne faut pas se sentir honteux ou honteuse quand on ne réagit pas,
29:35 quand on ne répond pas moi-même à technique en rue.
29:38 C'est de regarder en bas, de foncer, d'aller d'un point A à un point B.
29:42 Mais c'est pour ça que je place plutôt l'importance au niveau des victimes.
29:45 Je pense que c'est important aussi de dire ça, au niveau des témoins,
29:49 et c'est important de dire ça aux victimes,
29:51 qu'elles ne sont absolument pas responsables de la situation dans laquelle elles se trouvent.
29:55 - Merci pour votre confiance, merci pour vos témoignages.
29:58 Merci aussi à Béa Ercolini, fondatrice de l'association "Touche pas à ma pote"
30:02 d'avoir été avec nous ce soir dans Place Publique.
30:05 Merci beaucoup Béa, et belle soirée à vous.
30:07 - Merci, merci, bonne soirée.
30:09 - Merci, on se retrouve dans un instant, juste après.
30:12 Angèle, "Je veux tes yeux", j'accueillerai l'une d'entre vous, à tout de suite.
30:17 - Je veux tes yeux, seulement en photo, je veux les deux.
30:25 Je veux les deux, sans sentir ta peau.
30:32 - "Je veux tes yeux", c'était Angèle.
30:34 - Jusqu'à 20h, Place Publique, sur Arabe.
30:42 - On parle ce soir du harcèlement sexuel dans l'espace public.
30:46 Par téléphone, j'accueille l'un ou l'une d'entre vous. Bonsoir.
30:49 - Bonsoir.
30:51 - Puis-je connaître votre prénom ?
30:53 - Oui, c'est Julie.
30:55 - Merci d'être avec nous Julie.
30:57 Vous avez un témoignage que vous souhaitez partager avec nous
31:00 concernant la thématique de ce soir.
31:02 - Oui, exactement.
31:04 En fait, je pense que le harcèlement de rume a poursuivi vraiment toute ma vie.
31:09 Et ça avait démarré à mes 16 ans.
31:12 C'est vraiment une expérience qui m'a beaucoup marquée.
31:14 J'étais pas très féminine à l'époque, j'avais acheté une jupe.
31:18 J'avais mis ma jupe et c'était rien de provocant, bien sûr,
31:23 mais j'ai eu la mauvaise idée d'aller au centre-ville.
31:27 Et tout le long de la renoeuvre, je me suis fait insulter au moins trois fois.
31:31 Ça m'a tellement choquée que je n'ai plus jamais voulu remettre cette jupe.
31:36 Et je pense que ça m'a même été plus loin que ça,
31:39 c'est qu'à mes 18 ans, ça a participé au fait que je me dépêche vers mon permis de conduire
31:42 pour ne plus prendre les transports, pour ne plus être confrontée à ça.
31:46 Et à ce que je déménage aussi de la ville
31:50 pour ne pas élever mes enfants dans cet environnement-là.
31:53 Voilà, malheureusement.
31:54 - Ça traumatise, ça laisse des traces ?
31:57 - Je pense en fait que c'est...
32:00 Malheureusement, c'est tellement fréquent que ça rentre un peu en nous.
32:05 Et je ne sais pas si c'est traumatisant, mais on vit avec en tout cas.
32:09 Mais ça laisse des traces, bien sûr.
32:12 - Est-ce que vous avez déjà des enfants ?
32:15 - Oui, exact.
32:17 - Vous serez attentive à l'éducation que vous leur donnerez, évidemment,
32:21 pour que ça n'arrive pas, ou pour faire en sorte de les protéger de ce harcèlement de rue ?
32:27 - C'est certain.
32:29 Les protéger, ce sera en m'éloignant des villes, déjà,
32:32 et lui inculquer le respect, le respect des femmes, des gens, de tout le monde,
32:37 de chaque être humain et vivant.
32:39 - Merci d'être avec nous.
32:40 Restez avec nous.
32:41 Je vois que Leïla Aguiche, PS, députée bruxelloise,
32:44 souhaitait réagir à votre témoignage.
32:46 - Oui, mais moi j'ai un peu la même expérience.
32:49 J'ai passé mon permis de conduire clairement dans la même optique.
32:53 C'est que quand j'ai commencé mon engagement politique,
32:55 c'est aussi beaucoup de réunions tard le soir dans toute la région bruxelloise.
32:58 Et honnêtement, ça me permettait de ne pas avoir cette charge mentale
33:01 de me demander comment je vais rentrer,
33:03 comment ça va se passer sur le chemin du retour.
33:06 Et c'est aussi ce que je dis très souvent à la ministre de la Mobilité,
33:09 on ne peut pas demander aux bruxelloises et aux bruxellois
33:12 de délaisser leur voiture quand 50% de la population
33:16 se sent en insécurité dans l'espace public.
33:18 C'est impossible.
33:19 Il faut que notre espace public, que sont les transports en commun,
33:22 soit accueillant pour les femmes,
33:24 avant d'avoir des politiques punitives par rapport à la voiture.
33:29 Parce que c'est une réalité.
33:31 Moi, mes parents n'avaient pas de voiture.
33:32 J'ai toujours pris les transports en commun.
33:34 Donc je n'ai pas passé mon permis de conduire dans cette idéologie pro-voiture,
33:39 qu'on caricature parfois,
33:41 mais parce que c'était la réalité de ce sentiment
33:43 et de cette réalité d'insécurité dans nos transports en commun.
33:47 Alexandra Philippe, présidente des filles et conseillère communale,
33:52 je vous souhaitais aussi réagir à ce qui s'était dit,
33:55 et notamment au témoignage de notre auditrice.
33:58 Tout d'abord, je voulais vous remercier pour ce témoignage,
34:01 parce que je trouve que ça demande beaucoup de courage
34:04 de s'exprimer à la radio.
34:06 J'ai trouvé ça terrible, en fait, et même touchant,
34:10 que vous disiez que c'est une mauvaise idée de mettre une jupe,
34:13 que c'est une mauvaise idée de se balader en ville,
34:16 parce que vous avez été victime d'harcèlement.
34:19 Je trouve ça terrible qu'on en soit arrivé à un point,
34:22 et c'est là vraiment où il faut s'attaquer à ce problème,
34:25 et se dire comment ça se fait que les hommes se permettent ça, en fait.
34:29 Et que, vous, votre solution, ça a été de partir des villes.
34:33 Moi, j'espère qu'on va trouver des solutions concrètes
34:37 pour que ça ne se produise plus en ville.
34:39 Alors, sur tout ce qui est la voiture, je comprends très bien,
34:44 effectivement, qu'on doit se sentir d'abord en sécurité
34:47 dans les transports en commun,
34:49 mais je trouve qu'il y a quand même un sexisme systémique
34:52 qu'il faut dénoncer et qu'il faut arrêter,
34:55 parce que les hommes ne peuvent pas se permettre de se comporter comme ça.
34:59 Et ce n'est pas aux femmes de se culpabiliser,
35:03 de porter des jupes, et d'arrêter de porter des jupes
35:06 juste parce qu'on les a insultées.
35:09 Et je peux comprendre, c'est de l'autodéfense, en fait, au final.
35:13 Merci pour votre témoignage.
35:16 - Siyam a dit oui, et je suis Nicolas de l'Égalité des chances,
35:20 à Skerbey, que vous disiez tout à l'heure,
35:23 "Pourtant, je ne suis pas très féminine, féminine ou pas."
35:26 Quand on est une femme, on peut être confronté au harcèlement.
35:30 - Oui, évidemment.
35:32 Oui, bien sûr, évidemment, d'abord, réagir également au témoignage.
35:36 C'est vrai que ça fend le cœur d'entendre ça,
35:39 d'entendre qu'on est obligé de partir, de quitter des lieux.
35:42 Et c'est souvent les victimes qui doivent quitter les lieux,
35:45 et ça, c'est tout, c'est systématique.
35:47 Des personnes qui arrêtent de travailler, qui quittent la ville,
35:50 comme le témoignage de cette auditrice.
35:52 Et c'est évidemment insupportable.
35:54 Moi, je rejoins ma collègue Alexandra,
35:56 qui parle d'un problème qui est systémique, en fait.
36:00 Et bien sûr que la voiture, ça peut être considéré
36:03 comme une solution à court terme,
36:05 mais on doit proposer mieux, on doit proposer plus.
36:08 Une ville qui partage l'espace avec des vélos, avec des piétons,
36:13 c'est aussi une ville où on partage l'espace,
36:16 donc mettre tout le monde dans sa voiture,
36:19 c'est pas ça qui va régler le problème non plus.
36:24 Je sais plus c'était quoi votre question à la base ?
36:27 - Je disais, féminine ou pas,
36:29 quand on est une femme à Bruxelles ou ailleurs,
36:32 on peut être confronté au harcèlement.
36:34 - Mais bien sûr, et je rajouterais même qu'on soit dans la rue,
36:37 qu'on soit dans son bureau, en fait.
36:39 Je pense qu'il y a vraiment un problème de mentalité.
36:42 On a peu parlé finalement de la responsabilité
36:45 d'une certaine culture qu'on voit à la télé,
36:47 que ce soit les films ou les médias
36:49 qui ont une responsabilité colossale aussi en ce qu'ils véhiculent.
36:52 Ils sont vecteurs d'un certain discours d'ancien temps.
36:56 Je vois les débats autour du documentaire,
37:00 avec des extraits de truc,
37:03 comment il s'appelle le comédien français ?
37:05 - Gérard Depardieu.
37:06 - Gérard Depardieu, et je vois les réactions de soutien.
37:09 Je me dis, mais comment est-ce qu'on peut encore être
37:12 dans un monde où on peut tolérer ce genre de discours ?
37:15 Je pense que c'est une responsabilité qui est partagée
37:18 et qui voilà à sa regence que ma toute première intervention,
37:21 de comprendre ces mécanismes, c'est déjà les régler.
37:24 Moi, je vous conseille vraiment la lecture
37:27 de "Déferler les discours sexistes dans les médias" de Rose Lamy,
37:30 qui est un essai facile à lire et très accessible,
37:34 qui explique vraiment bien justement ces impacts
37:37 des discours sexistes véhiculés par les médias, par la culture,
37:41 et pourquoi est-ce qu'on doit travailler aussi sur ça.
37:44 - Merci Siam Adioui, merci aussi à notre auditrice Julie.
37:49 Merci Julie pour votre témoignage, votre confiance,
37:52 et merci d'écouter Place Publique, le Jeu d'Histoire, sur Arabelle.
37:55 - Avec plaisir.
37:57 - Belle soirée à vous, on se quitte quelques secondes
38:00 et on revient pour poursuivre ce débat. À tout de suite.
38:03 - Choisir Casablanca.
38:06 - Marrakech.
38:07 - A gagner au point BE.
38:10 - De retour dans Place Publique sur Arabelle.
38:13 Ce soir, on parle du harcèlement sexuel des femmes.
38:17 L'une de nos auditrices est avec nous,
38:21 une auditrice ou un auditeur que je tente d'accueillir dans un instant.
38:26 Mais parlons aussi des propositions pour combattre ce harcèlement
38:32 vis-à-vis des femmes ou vis-à-vis des hommes.
38:35 Leïla Hagich, PS, députée bruxelloise.
38:37 Que propose le PS ou quelles sont vos idées pour le combattre ?
38:41 - Alors effectivement, ce sera un point important dans notre programme mobilité
38:46 parce qu'évidemment, on considère que les femmes doivent pouvoir avoir ce droit
38:50 parce que c'est un droit de circuler librement dans notre espace public
38:53 en se sentant en sécurité.
38:55 Alors j'ai parlé du fait de forme, d'inciter les témoins à réagir.
38:59 Je pense qu'il faut vraiment des campagnes de sensibilisation là-dessus,
39:02 notamment au sein de nos transports en commun.
39:04 Ensuite, former également les personnes présentes dans notre espace public
39:09 afin qu'elles sachent réagir lorsqu'elles sont aussi témoins des violences.
39:13 Et puis, je voudrais revenir sur un point qu'on n'a pas encore abordé.
39:17 C'est en fait, comment est construit notre espace public ?
39:20 L'espace public a été construit en réalité par des hommes, pour des hommes.
39:25 Pendant des décennies, on voyait surtout des hommes au pouvoir,
39:28 des hommes qui initiaient les projets, des architectes, des ingénieurs hommes
39:33 qui les réalisaient.
39:35 Et donc, évidemment, ils ne pensaient pas, et c'est humain finalement,
39:38 à comment les femmes, les personnes à mobilité réduite, les parents
39:42 allaient utiliser cet espace public.
39:45 Et donc, je pense qu'il faut vraiment travailler là-dessus.
39:48 Je sais que, par exemple, l'architecture des gens propose
39:52 de continuer à avoir des rails de chaussée habité.
39:55 C'est un détail, on n'y pense pas forcément,
39:58 mais en fait, quand on a un rail de chaussée habité,
40:00 on a de la lumière dans la rue quand on marche.
40:02 Et depuis ces dernières années, finalement, on ne met que des parkings
40:06 en rail de chaussée, et ça ne permet pas aux femmes de se sentir en sécurité.
40:10 Donc, il y a plein de petites choses comme ça que l'on peut faire
40:12 pour que les femmes puissent se sentir plus en sécurité dans notre espace public.
40:15 Siam a dit oui.
40:16 Et Colau, quelles sont vos propositions pour combattre le harcèlement ?
40:20 Je pense qu'il faut effectivement... On parlait de l'espace public,
40:22 mais il y a aussi toute la question de la féminisation de cet espace public.
40:25 Je sais qu'au Parlement, il y a des avancées qui vont dans ce sens.
40:29 Et donc pour suivre cette féminisation de l'espace public,
40:32 il y a aussi des choses qui existent, qui ont été mises en place,
40:35 comme les centres de prise en charge des violences sexuelles.
40:37 Je pense qu'il faut continuer à les développer.
40:39 On a l'ambition, une ambition fédérale d'en mettre un à une heure de toutes les femmes.
40:45 Je pense que c'est quelque chose qu'il faut continuer à faire.
40:49 Et dans le volet plus préventif, continuer à éduquer,
40:52 et ce dès le plus jeune âge, éduquer, former les professionnels,
40:55 former peut-être effectivement les témoins,
40:59 permettre la méthode des 5D, par exemple, moi je la trouve géniale.
41:03 Donc je pense qu'il faut poursuivre.
41:05 Alexandra Philippe, présidente des Fixelles et conseillère communale.
41:09 Vos propositions ?
41:10 Évidemment, je rejoins mes collègues.
41:12 Intégrer la dimension des ordres dans l'espace public, c'est fondamental.
41:16 On parle souvent des éclairages aussi, on le disait.
41:19 On fait des routes tard le soir.
41:21 On fait de la route tard le soir.
41:22 C'est important d'avoir un éclairage adéquat.
41:24 Augmenter la formation, aussi améliorer la formation des policiers,
41:29 recevoir des plaintes, etc.
41:32 Et à prendre en compte des plaintes qui parfois semblent un peu anodines.
41:34 Un sifflement, c'est peut-être pas important.
41:36 Non, c'est fondamental.
41:37 Puis je crois qu'évidemment, toutes les propositions qui vont en faveur
41:42 de l'égalité entre les hommes et les femmes,
41:44 et qui adressent ce sexisme systémique qu'il y a dans notre société,
41:47 et qui existe malheureusement toujours, est hyper importante.
41:51 Éduquer, éduquer, éduquer, ça c'est fondamental.
41:55 Et surtout, on parle souvent d'éduquer les jeunes,
41:58 mais je trouve qu'il faut aussi éduquer les plus anciennes générations.
42:02 Parce qu'après c'est ces gens, les grands-mères, les grands-pères,
42:06 qui vont parler aux petits-enfants, et qui vont peut-être continuer
42:10 à propager des choses qui ne sont pas réelles,
42:14 et il faut absolument attaquer ce phénomène-là.
42:17 Donc voilà.
42:18 Voilà qui est dit, avant de se quitter par téléphone,
42:21 l'un ou l'une d'entre vous. Bonsoir.
42:23 Bonsoir Nicolas, c'est Marix Radio de Handicap Attendant Final.
42:29 Bonjour, bienvenue.
42:31 Vous souhaitiez réagir à ce qui se dit ce soir sur antenne
42:34 par rapport au harcèlement.
42:36 Vous avez peut-être été témoin de harcèlement dans votre quotidien.
42:40 Oui, mais je ne sais pas si tu me reconnais Nicolas.
42:44 Je suis une personne autiste qui est venue chez Handicap Attendant Final
42:49 à une conférence de presse qu'elle a eue chez Handicap Attendant Final.
42:54 Je ne sais pas si tu me reconnais.
42:56 Nous nous sommes en effet déjà rencontrés.
42:58 Merci d'écouter Place Publique et d'être fidèle à Arabelle régulièrement.
43:03 Vous souhaitiez réagir au débat de ce soir ?
43:06 Oui, je vais réagir.
43:08 Oui, je trouve que c'est malheureux.
43:10 Tant personne handicapée, j'ai peur dans les villes.
43:14 C'était très tard la nuit.
43:16 Même mes professeurs ont un handicap aussi.
43:19 J'ai peur que ça leur arrive aussi.
43:21 C'est vraiment un sujet tabou.
43:24 Je suis un maturadeux moi-même.
43:26 Je sais bien.
43:28 Il y a des auditeurs qui ont eu des plaintes par moi.
43:32 Pas par moi, mais par des amis à moi.
43:35 C'était des gens un peu incroyables.
43:38 J'en parlerai pas.
43:40 La problématique c'est surtout que vous avez été confronté vous-même dans votre quotidien
43:44 à du harcèlement de rue si je comprends bien.
43:46 C'est ça.
43:48 Avec mon handicap.
43:50 Par exemple, on me traite de sale handicap.
43:52 Quelques jeunes m'ont fait de l'autre jour.
43:54 Par exemple, on me traitait de plein de choses.
43:58 Même avec mon autisme, je souffre avec ça en plus.
44:03 Il y a des jeunes qui rigolent en voyant ma tête.
44:06 J'ai une tête un peu bizarre avec mon handicap.
44:09 Mais ça, il ne faut pas dire.
44:11 J'ai des piliers joints en plus.
44:13 À Liège, c'est encore pire.
44:15 Merci en tout cas, Emre Yîz, d'avoir partagé ce témoignage.
44:18 De rien. Mais on va se revoir très bientôt Nicolas.
44:20 Avec nous. Merci beaucoup.
44:22 Belle soirée à vous.
44:23 Merci aussi à chacun et à chacune pour la confiance que vous nous accordez chaque semaine.
44:28 Mais particulièrement ce soir, soyons tous attentifs les uns aux autres dans notre quotidien.
44:35 Merci aussi à toutes mes invités.
44:38 C'était Place Publique, une émission à retrouver sur arabelle.fm et sur les plateformes habituelles.
44:43 Merci d'avoir été avec nous.
44:44 Votre émission revient jeudi prochain à 19h.
44:47 Je vous souhaite une excellente fin de semaine et un très très beau week-end.
44:51 *Générique de fin*