Allons voir ce qu’il s’y passe pour les droits des femmes depuis l’élection de Javier Milei en novembre dernier. L’albicéleste du drapeau argentin, qui avait chaviré ces dernières années pour le vert et le violet, est-il en train de sombrer kaki? Autrement dit, le président est-il le backlash ou retour de bâton tant redouté des féministes?
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:02 Bonjour à toutes et tous.
00:04 Ce matin, Anne-Cécile, vous nous emmenez en Argentine.
00:06 Allons voir ce qu'il s'y passe pour les droits des femmes depuis l'élection de Javier Millei en novembre dernier.
00:11 L'albi céleste du drapeau argentin qui avait viré ces dernières années pour le vert et les violets serait-il en train de sombrer Kaki ?
00:18 Le vert, ce sont les foulards que brandissaient les centaines de milliers de manifestantes pour le droit à l'avortement.
00:24 Le violet, c'est la couleur du mouvement Ni Una Menos, pas une de moins, qui dénonce les féminicides et les violences faites aux femmes.
00:31 Mais c'est aujourd'hui le Kaki, la couleur des voitures Ford Falcon utilisées par la police pendant la dictature des colonels pour enlever les opposants qui flottent sur l'Argentine.
00:41 La photo de ce symbole menaçant est utilisée par certains fans de ce président, un machiste revendiqué,
00:46 élu en promettant entre autres d'abroger la loi qui garantit l'IVG.
00:51 Et que va faire vraiment Javier Meley à ce sujet ?
00:55 La loi qui garantit l'IVG votée il y a trois ans ne pourra pas être abrogée par un simple décret présidentiel.
01:00 Javier Meley est un candidat anti-système qui ne connaît pas le système, ou fin de ne pas le connaître.
01:05 Il aurait besoin en réalité d'au moins les deux tiers des deux chambres dans lesquelles il n'a même pas la majorité.
01:10 Car la victoire de Javier Meley n'a pas été un chèque en blanc.
01:13 Les institutions résistent.
01:15 Si Meley a remporté la magistrature suprême, ce sont ses opposants qui ont le plus de sièges au Parlement.
01:20 Les Argentins ont donc un fou et quelques garde-fous.
01:22 Et est-ce qu'on peut dire pour autant que les droits des femmes sont saufs ?
01:25 Le problème des présidents autoritaires, c'est qu'ils essayent toujours de tenir leurs promesses.
01:30 Et Javier Meley tient à contrer les féministes.
01:32 Il a d'autres cartes en main contre l'avortement, en rendant difficile son accès
01:36 ou en laissant libre cours aux intimidations de médecins qui ont déjà eu lieu.
01:40 Il a déjà tenu une promesse.
01:41 Dans son gouvernement resserré, le ministère des droits des femmes a tout bonnement disparu.
01:46 Il cible d'autres avancées, à commencer par l'éducation à l'égalité et à la sexualité,
01:50 qu'il appelle l'endoctrinement du genre.
01:52 Il veut en finir avec la circonstance pénale aggravante de féminicide,
01:56 car pour lui ça n'existe pas, comme il dit ne pas croire aux inégalités salariales.
02:00 Finalement, le backlash ou retour de bâton temps redouté commence toujours par là, des mots.
02:06 La parole d'un président compte, elle est performative.
02:09 Meley réactive les clichés anti-féministes et ne cesse de perorer qu'il ne doit pas s'excuser d'avoir un pénis.
02:16 Ce faisant, elle déverrouille le machisme d'hommes en quête de revanche,
02:19 et particulièrement les plus jeunes d'entre eux, une catégorie qui a voté à 70% pour lui.
02:25 Depuis son élection, ses supporters n'hésitent plus à menacer de mort ou de viol les leaders féministes du pays.
02:30 L'autrice du livre à succès "La révolution des filles", Luciana Pecker,
02:34 a ainsi été contrainte de fuir le pays et parle d'une chasse aux sorcières.
02:38 Elle n'est pas la seule.
02:39 En Argentine, comme dans beaucoup d'autres pays du monde,
02:41 c'est l'autoritarisme qui s'attaque au féminisme et nous sommes loin d'avoir gagné.
02:45 Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes.
02:49 On vous retrouve vendredi prochain.