• l’année dernière
Avec Anne-Cécile Mailfert, fondatrice de la Fondation des femmes, ancienne Porte-parole d’Osez le féminisme.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Toute subjectivité ce vendredi avec la présidente de la Fondation des femmes.
00:04 Bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:05 Bonjour.
00:06 Vous voulez nous parler d'une autre guerre que mène la Russie.
00:09 Cette fois-ci la guerre est interne et c'est une guerre contre les féministes.
00:12 Il y a quelques jours, un blogueur propagandiste du Kremlin, Vladlen Tatarski, était victime
00:18 d'un attentat suite au dépôt d'une statuette piégée par une jeune femme dans un bar de
00:21 Saint-Pétersbourg.
00:22 Probablement une lutte intestine entre ultranationalistes russes mais c'était une femme.
00:27 L'occasion était trop belle pour ne pas s'en prendre aux féministes.
00:29 Immédiatement, une proposition de loi était déposée par un député à la Douma visant
00:34 à faire reconnaître le féminisme comme une idéologie extrémiste.
00:37 Elle n'est pas encore votée mais son simple dépôt fait partie de la stratégie de matraquage
00:42 anti-féministe du Kremlin.
00:44 Le féminisme, l'égalité des droits, notamment l'LGBTQI, sont les adversaires déclarés
00:49 de Poutine et de ses alliés à la Douma depuis des années.
00:51 C'est le point nodal d'une guerre présentée comme une guerre de civilisation contre des
00:55 valeurs prétendument occidentales.
00:56 Pour ne citer que quelques-unes des lois votées récemment, la dépénalisation des violences
01:01 conjugales en 2017, l'obligation de visionner le fœtus lors d'un IVG et le texte plus
01:05 récent d'ailleurs visant à le restreindre, ou encore la loi visant à interdire la propagande
01:10 LGBT en 2013 et depuis constamment renforcée.
01:13 Mais c'est le contexte de l'invasion de l'Ukraine qui démultiplie la violence du
01:17 régime contre les mouvements féministes et les mouvements de femmes.
01:19 Pourquoi cette concentration du régime sur les féministes ?
01:22 En Russie, l'opposition à la guerre a un visage de femme.
01:26 Daria Serenko, féministe exilée en Géorgie et en visite en France ces derniers jours,
01:30 témoigne du rôle central que jouent en ce moment les mouvements de femmes contre la
01:34 guerre.
01:35 Les féministes russes savent que tout se tient.
01:36 La lutte contre les violences conjugales ou la défense de l'avortement, c'est le refus
01:40 de la société viriliste, autocratique et militarisée de Poutine.
01:44 Elle rapportait dans une interview à FP qu'une des dernières campagnes anti-IVG diffusées
01:48 faisait un lien direct entre l'enfantement et la guerre, avec ce slogan apposé sur
01:53 un fœtus "sauve-moi aujourd'hui et je te défendrai des fascistes de demain".
01:57 C'est ce qu'elle appelle la militarisation de l'utérus.
02:00 Et depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, elle serait des centaines à se rebeller.
02:04 On se souvient de la présentatrice russe Marina Ovsiannikova, de la grand-mère peintre
02:09 de Saint-Pétersbourg Elena Ossipova ou dans les provinces éloignées et pauvres, des
02:14 épouses et des mères qui tentent de protéger leur mari et leur fils.
02:17 Si les hommes qui se rebellent risquent le front, les femmes elles risquent la prison.
02:21 Sacha Shkoshchenko, actuellement incarcérée, est accusée d'avoir remplacé les étiquettes
02:26 de prix dans les supermarchés par des informations sur la réalité des exactions en Ukraine.
02:30 Elle risque 10 ans de prison pour opposition à la guerre.
02:33 Le verdict est attendu le 20 avril.
02:35 En défendant leurs droits, ces femmes portent le projet d'une Russie pacifique, émancipée
02:40 et libérée.
02:41 Elles méritent notre urgent soutien et nous rappellent, si c'était nécessaire, qu'ici
02:45 comme là-bas, se battre pour la liberté des femmes est autrement plus compliqué que
02:49 que de poser en première page d'un magazine misogyne à l'esthétique datée.

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