• l’année dernière
Avec Anne-Cécile Mailfert, fondatrice de la Fondation des femmes, ancienne Porte-parole d’Osez le féminisme.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 *Le 6/9 sur France Inter*
00:04 7h20, toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert
00:07 Bonjour Alibadou
00:08 Ce matin vous nous parlez d'Europe Anne-Cécile
00:10 Il est difficile d'imaginer depuis notre quotidien, là ce matin devant notre café,
00:15 que l'Europe puisse être d'un quelconque secours quand il nous arrive d'être victime
00:18 et particulièrement de violences en ligne.
00:20 Pourtant, l'Europe peut aider Johanna en Allemagne qui découvre que les photos intimes
00:25 envoyées à son amoureux ont été partagées dans un groupe privé de 40 000 hommes.
00:29 Ou Olga en Pologne dont le viol a été filmé puis partagé sur un réseau social payant.
00:34 Ou Georgie en Italie qui a été cyber-surveillée par son ex-conjoint violent.
00:38 Ou Sophie en France, victime de l'industrie pornographique.
00:41 Et plus généralement, toutes les femmes et les filles d'Europe et du monde qui subissent
00:44 les conséquences de la diffusion à grande échelle d'images érotisant la violence
00:48 faite aux femmes, humiliante pour toutes, dégradante pour toutes.
00:51 Oui, l'Europe a la possibilité de les protéger toutes.
00:54 *Comment cela Anne-Cécile ?*
00:56 C'était en tout cas son ambition quand en mars 2022, la Commission a proposé une directive
01:00 pour harmoniser les infractions en matière de violences faites aux femmes ou qu'elles
01:03 habitent en Europe.
01:04 Un texte qui permettrait entre autres de combler le vide juridique de ces nouvelles formes
01:08 de violences et de haine en ligne.
01:09 Mais elle est en train de louper le coche.
01:11 Au fur et à mesure des allers-retours institutionnels européens et des pressions des lobbyistes
01:15 de certaines plateformes, quelques articles, au lieu de combattre la haine des femmes,
01:20 viennent maintenant la protéger.
01:21 Tout d'abord, les victimes devront être de bonnes victimes.
01:25 Elles devront prouver que ces violences en ligne ont eu des conséquences graves sur
01:28 leur vie.
01:29 Pour que cette haine en ligne soit pénalisée ensuite, il faudrait qu'elle ait eu lieu
01:32 publiquement.
01:33 C'est-à-dire ni sur des groupes privés, ni sur des plateformes sur abonnement type
01:37 OnlyFans qui pourront continuer à prospérer.
01:39 Pourtant, on sait bien que sur internet, il n'y a jamais rien de privé et que ces
01:43 sites vivent justement de la vente de contenus violents érotisés.
01:46 Les féministes le disent depuis de nombreuses années, lorsqu'on parle des droits des
01:50 femmes, le privé est toujours politique.
01:52 Et du coup, vous vous inquiète que cette directive soit paradoxalement et au bout du
01:55 compte un recul ? Oui, car cerise sur le gâteau, pour que la
01:59 haine des femmes en ligne soit considérée comme telle, il ne faudrait pas qu'elle
02:02 se fasse au détriment de la liberté d'expression.
02:05 Comme si la haine des femmes pouvait être une opinion.
02:07 Pourtant, la Cour européenne des droits de l'homme est claire, la liberté d'expression
02:11 s'arrête là où commence la haine.
02:13 Ici, ce n'est pas les Etats-Unis, toute expression ne se vaut pas.
02:16 Cette directive, si elle est votée dans ces termes, les Etats devront la transposer.
02:19 Alors qu'il y avait un vide juridique, en posant ces définitions mal ficelées, l'Europe
02:24 vient légaliser certaines situations de violence en ligne, de partage de vidéos intimes sans
02:28 consentement ou de haine pornographique.
02:30 Il vient dire que la liberté d'expression est supérieure à la vie des filles et des
02:34 femmes.
02:35 A quelques mois des élections européennes, cette directive doit nous servir de leçon.
02:37 Si les femmes pensent qu'elles peuvent déléguer la protection de leur liberté, elles se
02:41 la feront confisquer par quelques lobbies bien intéressés.
02:43 C'est une leçon pour toutes les femmes.
02:45 A nous de nous en mêler.
02:46 Merci.

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