Ce média indépendant de Montpellier est né en décembre 2013, à la faculté de droit de Montpellier.
Un numéro anniversaire, version papier, a d'ailleurs été imprimé pour l'occasion.
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00:00 La journée ensemble, il est 8h09, vous êtes sur France Bleu et Rond, et nous accueillons dans ce studio
00:04 Elian Barrascud, qui est journaliste au Point Média Indépendant de Montpellier, qui fête ses 10 ans.
00:08 Elisabeth.
00:09 Oui, bonjour Elian Barrascud.
00:10 Bonjour.
00:11 Alors le Poing, on a un peu envie de dire le Poing pour ne pas confondre avec le Point P-O-I-N-T, le Point P-O-I-N-G.
00:18 On voit bien la signification visuelle de ce média indépendant qui est donc créé en décembre 2013.
00:26 Comment est-il né ce Média Indépendant de Montpellier ?
00:30 Il est né, c'est un projet lancé par des étudiants de la fac de droit et de sciences politiques, qui était en sciences politiques,
00:36 avec l'idée, l'ambition de distiller des idées anticapitalistes et révolutionnaires dans une fac plutôt étiquetée à droite.
00:42 Et depuis, dix ans plus tard, cette ambition ne nous a pas perdu.
00:47 On en est toujours là, avec l'idée d'être un contre-pouvoir local, en informant les gens sur les luttes sociales principalement, et en faisant aussi de l'enquête.
00:57 Donc un média, qu'on trouve sur internet, qui est également bimestriel, c'est-à-dire que vous avez une version papier,
01:03 je montre le numéro des dix ans pour ceux qui nous regardent sur France 3, une version papier tous les deux mois.
01:09 Le média que vous représentez est-il un média engagé ?
01:16 Disons qu'on a la conviction que le capitalisme n'est pas réformable, qu'il faut l'abattre, ça oui.
01:24 Nous sommes anticapitalistes, on l'assume complètement.
01:27 Engagé peut-être, militant, je récuse cette appellation.
01:32 Pourquoi ?
01:33 Qui dit que qui est militant ?
01:34 Est-ce qu'on va questionner Léa Salamé pour dire est-ce qu'elle est militante ?
01:37 Léa Salamé, je le rappelle, décembre 2019, réforme des retraites, elle reçoit Philippe Martinez de la CGT.
01:43 On dirait un interrogatoire d'officier de police judiciaire, elle lui pose six fois la même question, elle essaye de le prendre au piège.
01:48 Philippe Martinez tient bon, quelques jours plus tard, elle reçoit Carlos Ghosn, et là c'est la complaisance absolue.
01:54 Alors est-ce que vous vous êtes échappé dans une malle ?
01:57 Donc on voit la différence de traitement.
01:59 Si Léa Salamé assume d'être une militante pour le pouvoir en place et pour que rien ne change,
02:03 j'accepte le qualificatif de militant, sinon je suis journaliste.
02:06 D'accord, et donc vous, vous couvrez essentiellement les luttes sociales, c'est votre fond de commerce j'ai envie de dire ?
02:13 Notre fond de commerce, disons que c'est notre raison d'être,
02:17 dans le sens où on considère que la presse dominante locale le fait mal ou le fait pas.
02:21 Et on a aussi l'ambition de faire de l'enquête, on a beaucoup documenté les faits et gestes de l'extrême droite locale,
02:27 notamment la Ligue du Midi, des enquêtes qui ont été reprises par la presse nationale.
02:31 J'en tiens pour exemple notre dernier papier en date sur une ancienne cadre de génération identitaire,
02:37 groupuscule d'Issou, qui a créé une association de parents d'élèves dans le petit village d'Agnane.
02:42 Donc on a sorti le papier et l'info a été reprise par Libération.
02:46 Donc on a quand même un impact sur ces sujets.
02:49 Vous voulez dire que vous êtes aussi lanceur d'alerte en quelque sorte ?
02:52 Lanceur d'alerte ? Non, on fait notre boulot de journaliste.
02:54 D'accord, alors vous êtes seulement un seul journaliste professionnel dans ce média,
02:59 quel est le modèle économique de ce média qu'on trouve et sur internet et en version papier ?
03:04 Des dons, des abonnements, un peu d'éducation au média dans les collèges, lycées.
03:10 En fait on a pu me salarier grâce à un gros don à une campagne de...
03:15 Un salarié à mi-temps, je précise.
03:17 Bien sûr le graal de toute presse indépendante est de ne dépendre que de ses lecteurs lectrices.
03:23 Très peu y arrivent, donc on est en train de faire des dossiers de demande de subvention par l'État
03:29 pour pouvoir pérenniser notre modèle économique et à terme embaucher une deuxième personne.
03:33 D'accord, mais vous n'avez pas de publicité on le précise.
03:35 Non.
03:36 Vous êtes comme le canard enchaîné, on peut dire, vous êtes un média qui vit sans publicité.
03:39 Et c'est important de le souvenir parce que c'est quand même assez rare dans le monde des médias aujourd'hui,
03:43 ça vous rend invulnérable à la pression politique, c'est ça l'idée ?
03:48 Oui, il y a de ça bien sûr.
03:50 Et puis la publicité c'est contre les idées aussi qu'on défend.
03:55 On ne va pas faire la pub d'entreprises qui détruisent la planète, qui exploitent des gens, ça non.
04:02 On l'a dit, vous êtes le seul journaliste professionnel à travailler dans ce média, rémunéré à mi-temps en plus.
04:08 Qui sont les autres contributeurs ?
04:10 Alors je sais que vous n'aimez pas le terme militant, mais ce sont des militants qui viennent contribuer au site et qui font ce travail journalistique ?
04:16 Ce sont des universitaires, des précaires, est-ce que c'est des militants ?
04:22 Mais précaire c'est pas un statut ?
04:24 Ils viennent quand vous êtes au RSA, au chômage, vous êtes précaire.
04:28 D'accord.
04:28 Oui, ce sont des gens qui viennent des mouvements sociaux, oui.
04:32 Et qui sont des militants ? Pourquoi vous précusez ce terme ?
04:36 Parce que quand ils écrivent, il y a quand même une prétention à donner de l'info.
04:40 Evidemment, il y a une honnêteté intellectuelle, on dit où on parle, d'où on parle, le point de vue est situé,
04:46 on l'assume complètement, vous allez dans la page "Qui sommes nous" de notre site internet, c'est très clair.
04:49 Mais on fait quand même l'effort de penser contre nous-mêmes.
04:52 Et c'est ça, je pense qu'il vaut mieux adopter cette démarche que de se réfugier derrière une pseudo-neutralité-objectivité qui n'existe pas.
05:00 Penser contre vous-même, ça veut dire quoi ?
05:03 Ça veut dire, déjà le contradictoire, aller chercher la contradiction, même si souvent quand on envoie des mails à la mairie, ils ne nous répondent pas.
05:11 Ils ne vous répondent pas parce que vous n'êtes pas considéré comme un média à part entière, au même titre que Midi-Libre, La Gazette, France Bluero ?
05:19 Je ne sais pas, je n'ai pas d'élément de réponse à apporter là-dessus.
05:21 Parce que vous êtes trop engagé ?
05:23 Je ne sais pas, je n'ai pas d'élément de réponse à apporter là-dessus.
05:26 Votre travail consiste donc à beaucoup suivre les mouvements sociaux.
05:30 Bien sûr.
05:31 Vous avez été inservi ces dernières années, la réforme des retraites, la réforme contre les gilets jaunes, la loi immigration et j'en passe certainement.
05:40 Ça veut dire que vous travaillez tout le temps le soir devant la préfecture à suivre des manifestations ?
05:44 Absolument, oui.
05:45 On a des horaires un peu improbables, mais comme toute la profession.
05:48 J'ai travaillé dans d'autres journaux avant, pas indépendants, et on avait à peu près les mêmes horaires.
05:53 Mais oui, oui, c'est effectivement assez prenant.
05:56 D'ailleurs, puisqu'on parle de mouvements sociaux, je tiens à dire qu'on a quand même un rôle aussi d'investigation et d'impact.
06:04 Par exemple, en 2018, à la fin d'une manifestation gilets jaunes, on retrouve une cartouche en caoutchouc.
06:10 On mène l'enquête, on découvre qu'elle provient d'un fusil d'assaut.
06:13 On publie l'info, l'info est republiée par Mediapart qui complémente l'enquête.
06:17 Un mois plus tard, ce fusil d'assaut est retiré du schéma de maintien de l'ordre.
06:20 Donc ça veut dire quoi ?
06:21 Ça veut dire que localement, on peut être un contre-pouvoir qui a un impact sur les luttes sociales.
06:26 Contre-pouvoir, c'est votre rôle ?
06:28 Bien sûr, le journal qui tape juste, c'est notre slogan.
06:30 Alors vous avez quand même une édition papier tous les deux mois.
06:33 Quand on connaît les difficultés de la presse écrite, est-ce que c'est encore bien raisonnable d'avoir cette diffusion papier ?
06:39 Si vous voulez, on découple le web pour de l'info chaude au quotidien du papier,
06:45 qui nous permet d'explorer des sujets sur le temps long,
06:49 qu'on juge nécessaires pour lutter contre l'instantanéité des réseaux sociaux.
06:54 Et le papier, c'est un objet qui se garde, c'est un objet qui se diffuse.
06:58 Donc on trouve que ça reste important en 2024 d'éditer du papier pour ces raisons-là.
07:03 Mais une longue enquête, même un travail de fonds sur internet,
07:06 Mediapart est un média en ligne uniquement, ça reste aussi, on le retrouve, on a des archives.
07:12 Internet permet de conserver quand même ?
07:14 Bien sûr, le papier aussi.
07:15 Et si vous voulez, il y a aussi ce truc de médias de proximité,
07:19 on est connu beaucoup pour nos ventes à la criée.
07:21 Les gens peuvent nous voir dans la rue, acheter le journal dans la rue, dans les manifestations.
07:25 C'est aussi le rôle, à mon sens, d'un média local, c'est la proximité.
07:30 La proximité s'établit par les ventes à la criée, on discute avec les gens.
07:33 "Vous avez fait du bon travail, là vous avez écrit des trucs qui nous plaisent pas,
07:37 pourquoi on discute ? Ils nous donnent des infos,
07:39 on peut avoir des idées de sujets en discutant avec les gens."
07:41 La vente à la criée permet ça, et c'est super important pour nous.
07:45 Vous avez donc 10 ans, c'est pour ça qu'on vous invite aujourd'hui.
07:48 Vous avez publié un numéro spécial pour ces 10 ans, qu'est-ce qu'on y trouve ?
07:52 On y trouve une rétrospective de tous les sujets, thèmes habituels que nous traitons depuis 10 ans.
07:58 L'extrême droite, le féminisme, l'écologie, les mouvements sociaux.
08:02 Un point d'étape aussi sur nos 10 ans, un peu avec les coulisses du point.
08:06 Qu'est-ce que c'est ? Comment ça se passe ?
08:09 On y trouve également un récit Gonzo, journalisme Gonzo,
08:13 donc à la première personne d'un journaliste au pays des faits divers,
08:17 qui dit qu'il déteste les faits divers.
08:19 Pourquoi vous détestez les faits divers ?
08:21 On déteste les faits divers parce que ça réduit des sujets de société au prisme du divers.
08:28 Donc par exemple, les violences conjugales qu'on voit tous les jours au tribunal en comparution immédiate,
08:33 les isoler dans une petite chronique fait divers,
08:35 ça empêche de voir un phénomène de société qui est celui du patriarcat pour nous, à notre sens.
08:40 Mais il faut bien qu'on en parle de cette manière-là pour pouvoir élargir le prisme sur les violences faites aux femmes.
08:45 Dans la presse quotidienne régionale, c'est quand même peu fait.
08:48 Moi j'aimerais voir plus de sociologues, plus d'experts,
08:51 plus de paroles à des gens qui connaissent le sujet à côté de cette rubrique faits divers.
08:56 Et c'est à notre sens trop rare.
08:58 Ensuite, qu'est-ce qu'on trouve dans ce journal ? On trouve des brèves, des dessins,
09:01 et notre horoscope, on est aussi connu pour notre horoscope qui est relativement scandaleux.
09:05 Ah, Vivian, l'horoscope.
09:06 L'horoscope, Sagittaire, vous êtes encore à chercher des réponses à l'horoscope,
09:10 et vous vous étonnez que votre existence soit merdique.
09:13 Ça fait 10 ans qu'on est sur cette ligne dans l'horoscope et ça plaît beaucoup aux gens.
09:16 C'est tout par ironie.
09:17 Et l'humour bien sûr.
09:18 Oui, c'est très important.
09:19 Donc on peut rigoler aussi même quand on est dans la lutte sociale.
09:22 Il vaut mieux.
09:23 Il vaut mieux parce que sinon on déprime.
09:25 Vous tirez à combien d'exemplaires votre journal papier ?
09:28 Entre 1000 et 3000, celui-là on l'a tiré à 1000.
09:31 1000 alors que c'est le numéro anniversaire ?
09:33 Alors que c'est le numéro anniversaire parce que on n'est pas encore en kiosque,
09:37 c'est le projet de 2024.
09:39 Et quand on sera en kiosque, on va tirer plus.
09:40 Comment ça se passe pour être vendu en kiosque ?
09:43 J'imagine que c'est non négociation ?
09:46 C'est des documents à remplir.
09:49 On est en train de le faire.
09:50 En attendant, vous pouvez nous trouver dans plusieurs lieux partenaires.
09:53 Je pense au cinéma Le Diagonal, au cinéma Utopia,
09:56 dans des locaux associatifs comme La Base, 15 rue Chaptal,
10:00 le Quartier Généreux, 2 quais des Tanners, le barricade 5 rue Bonny.
10:04 La liste est encore longue et vous pouvez la trouver sur notre site internet le.net.
10:08 Merci beaucoup Elian Barrascud.
10:10 Vous êtes journaliste au média indépendant Le Poing.
10:13 Pardonnez-moi, je précise pour que les gens comprennent bien
10:16 qu'on s'adresse à un journal local et un média local
10:20 qui n'a rien à voir avec Le Poing.
10:22 On vous souhaite bonne chance pour la suite.
10:24 Merci beaucoup.
10:25 Et merci d'avoir été avec nous ce matin.
10:26 Avec plaisir.
10:27 Vous êtes quel signe Elisabeth ?
10:28 Lion.
10:29 Lion, alors les lions.
10:30 Non, la masturbation n'est pas une discipline olympique.
10:33 Vous ne brillerez pas cet été.
10:35 Et ben voilà.
10:35 C'est tombé sur vous.
10:36 Ah, c'est tombé sur moi.
10:37 Sébastien Scorpion, la télécommande de votre télé tombera en panne
10:40 et vous resterez bloqué sur ces news.
10:42 Voilà.
10:43 Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe.
10:45 Du Poing.
10:45 Vous retrouvez tout ça sur francebleu.fr
10:47 et vous pourrez réécouter cette interview en allant sur notre site internet.
10:50 Un petit coup d'œil sur la circulation.
10:52 À 8h20.
10:53 Ne soyez pas surpris si les embouteillages sont plus importants que d'habitude.
10:56 Côté Est de Montpellier, à la sortie Montpellier Est,
10:59 c'est peut-être l'opération escargot des VTC ce matin qui provoque ça.
11:03 En tout cas, c'est bien chargé d'une manière générale, où que vous soyez.
11:06 Et surtout lorsque vous arrivez par Saint-Gélie-du-Fesque,
11:09 pour ceux qui arrivent de Gange, par la route de Gange en direction de Montpellier.
11:12 L'arrivée par la National 109 après la 750 à hauteur de Juviniac aussi,
11:16 ça bouchonne bien ce matin, ça c'est pour Montpellier.
11:19 Et puis du côté de Béziers, c'est toujours le côté Ouest qui pose le plus de problèmes
11:22 autour de la route de Marosan.
11:24 04-67-58-6000, si vous avez des infos à partager, surtout il ne faut pas hésiter.
11:29 Dans un instant, la petite histoire du jour avec Léopoldine Dufour.
11:33 On va parler de vannes.
11:34 Vannes qu'ont pratiquées autrefois pour critiquer un petit peu les Parisiens.
11:38 Nous qui sommes dans le Sud, c'est juste après Stevie Wonder, part-time lover.
11:42 [Musique]